Texte intégral
Q - Une étude publiée hier par un centre détudes, appelé le «Lisbonne Institut», a estimé que la situation économique de la France était difficilement compatible avec le triple A sur sa dette, selon cette étude qui prend en compte notamment la croissance, la compétitivité et la «soutenabilité» de la dette, la santé générale de la France se placerait entre lEspagne, qui est en douzième position, et lItalie en quatorzième ; est-ce que la France est en sursis avant sa prochaine dégradation ?
R - Tous les matins, quelquun nous dit que la France va mal. Je constate néanmoins quelle conserve son triple A et continue davoir une signature crédible. Elle continuera donc à emprunter à un taux qui est lun des bas depuis vingt ans.
Il faut tout de même rappeler que dans les années 90, on empruntait à 10 %, et personne ne venait faire ce type de commentaires. La France bénéficie donc dune note triple A, comme lAllemagne. Si la France emprunte à un taux supérieur à celui de lAllemagne, cest parce que sa situation économique est évaluée comme légèrement moins favorable que celle de cette dernière. Cest la raison pour laquelle il faut tendre à une convergence vers les pays vertueux, comme lAllemagne.
Q - Est-ce quil faut mieux encadrer les agences de notation, la presse, en effet, ce matin, est un peu déçue que le projet, présenté par le commissaire Michel Barnier, naille pas assez loin dans ce domaine, et que les propositions les plus fortes, comme notamment linterdiction pour les agences de noter un pays qui bénéficie dun plan daide, ait été retiré ; vous-même, vous trouvez que, il aurait fallu être plus ferme ?
R - Il ne faut pas donner aux agences de notation plus dinfluence et de pouvoir quelles nen ont. Leurs notations sont des indicateurs, mais cest tout. Quand on surestime leur pouvoir, on donne à penser quelles font et défont les démocraties. Mais quand on examine objectivement les agences de notations, elles ont deux défauts : dune part, elles manquent parfois dobjectivité, et dautre part elles commettent parfois aussi des erreurs manifestes. Lorsquelles dégradent par exemple la note financière de la France suite à une erreur technique et que dans le même temps elles viennent sen excuser.
Tout cela manque de transparence. Je crois donc quil faut les regarder avec un peu de distance, tout en en tenant compte comme un indicateur économique.
Q - Les premières dissensions sont apparues dès hier au sein du gouvernement grec de coalition. Les députés du parti Nouvelle Démocratie ont refusé de signer lengagement écrit de respecter les modalités du dernier plan de sauvetage de la Grèce ; les diktats de Bruxelles, disent-ils, ne peuvent pas constituer une politique légitime ; cela risque-t-il de relancer la crise ?
R - La Grèce vit une période très difficile. Le peuple grec souffre, cela est évident. Néanmoins, rappelons que ce nest pas une crise de leuro, ce nest pas une crise de lEurope, cest une crise des dettes. Et la dette de la Grèce est une dette qui est évidemment insoutenable pour le peuple grec. LEurope est venue à son aide : il y a un plan qui est mis en place. Il est mis en place à linitiative de Nicolas Sarkozy, le président de la République et dAngela Merkel, la chancelière allemande, qui ont proposé un plan voté par les dix-sept États membres de la zone euro. Ce plan signifie : solidarité - on vous apporte des moyens financiers pour sortir de la crise - mais il veut dire aussi : discipline budgétaire. Il ne peut pas y avoir de solidarité sans discipline budgétaire.
Il ne peut pas y avoir, de la part des États membres de lUnion européenne qui, eux-mêmes, ont subi, subissent ou pourraient subir des plans de rigueur, de la solidarité sans de la rigueur.
Nous expliquons donc simplement aux Grecs quil ne sagit pas dun diktat, mais dun plan pour les aider. Il leur appartient dès lors, de manière démocratique, de choisir sils veulent dun plan qui va leur permettre de sortir de la situation dans laquelle ils se trouvent ou sils veulent sortir de lEurope. Lintérêt du peuple grec, et le souhait de lEurope, est que la Grèce reste dans leuro et reste dans lEurope.
LIrlande, par exemple, était dans la même situation que la Grèce. Aujourdhui lIrlande reprend pied après avoir bénéficié dun plan à la fois daide et de rigueur. Dès lors, la solidarité sans la rigueur est impensable. A contrario, la rigueur sans la solidarité ne peut quamener les peuples à plus de misère et plus de difficultés.
Q - Larrivée de lextrême droite dans le gouvernement grec ne semble pas gêner grand monde, tout le monde sest félicité de la formation de ce cabinet dunion nationale, cest tout de même un peu surprenant, non ?
R - Il sagit là dun gouvernement de techniciens. Il y aura plus tard des élections. Or, je constate quen Europe, à chaque élection, même dans des situations de grandes tensions et de grandes difficultés, les peuples choisissent des pro-européens et des gens qui affichent avec sincérité et honnêteté la nécessité de faire des efforts.
Les peuples européens ont donc compris quil y a une période difficile à traverser, mais que cest le prix à payer pour que nous conservions notre modèle social, sans hypothéquer dans le même temps lavenir de nos enfants.
Q - Larrivée de lextrême droite nest donc pas un problème, alors quen France, on a ce discours : on ne pactise jamais par exemple avec le Front national
R - En ma qualité de membre du gouvernement français, je me garderais bien de porter des jugements sur les dirigeants européens ou sur la façon dont les peuples européens les choisissent. On ne peut pas à la fois défendre lidée que tous ces peuples de lUnion européenne vivent en démocratie, quils sont souverains - ce qui est indubitable - et dans le même temps leur indiquer pour qui ils doivent voter.
( ).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 novembre 2011
R - Tous les matins, quelquun nous dit que la France va mal. Je constate néanmoins quelle conserve son triple A et continue davoir une signature crédible. Elle continuera donc à emprunter à un taux qui est lun des bas depuis vingt ans.
Il faut tout de même rappeler que dans les années 90, on empruntait à 10 %, et personne ne venait faire ce type de commentaires. La France bénéficie donc dune note triple A, comme lAllemagne. Si la France emprunte à un taux supérieur à celui de lAllemagne, cest parce que sa situation économique est évaluée comme légèrement moins favorable que celle de cette dernière. Cest la raison pour laquelle il faut tendre à une convergence vers les pays vertueux, comme lAllemagne.
Q - Est-ce quil faut mieux encadrer les agences de notation, la presse, en effet, ce matin, est un peu déçue que le projet, présenté par le commissaire Michel Barnier, naille pas assez loin dans ce domaine, et que les propositions les plus fortes, comme notamment linterdiction pour les agences de noter un pays qui bénéficie dun plan daide, ait été retiré ; vous-même, vous trouvez que, il aurait fallu être plus ferme ?
R - Il ne faut pas donner aux agences de notation plus dinfluence et de pouvoir quelles nen ont. Leurs notations sont des indicateurs, mais cest tout. Quand on surestime leur pouvoir, on donne à penser quelles font et défont les démocraties. Mais quand on examine objectivement les agences de notations, elles ont deux défauts : dune part, elles manquent parfois dobjectivité, et dautre part elles commettent parfois aussi des erreurs manifestes. Lorsquelles dégradent par exemple la note financière de la France suite à une erreur technique et que dans le même temps elles viennent sen excuser.
Tout cela manque de transparence. Je crois donc quil faut les regarder avec un peu de distance, tout en en tenant compte comme un indicateur économique.
Q - Les premières dissensions sont apparues dès hier au sein du gouvernement grec de coalition. Les députés du parti Nouvelle Démocratie ont refusé de signer lengagement écrit de respecter les modalités du dernier plan de sauvetage de la Grèce ; les diktats de Bruxelles, disent-ils, ne peuvent pas constituer une politique légitime ; cela risque-t-il de relancer la crise ?
R - La Grèce vit une période très difficile. Le peuple grec souffre, cela est évident. Néanmoins, rappelons que ce nest pas une crise de leuro, ce nest pas une crise de lEurope, cest une crise des dettes. Et la dette de la Grèce est une dette qui est évidemment insoutenable pour le peuple grec. LEurope est venue à son aide : il y a un plan qui est mis en place. Il est mis en place à linitiative de Nicolas Sarkozy, le président de la République et dAngela Merkel, la chancelière allemande, qui ont proposé un plan voté par les dix-sept États membres de la zone euro. Ce plan signifie : solidarité - on vous apporte des moyens financiers pour sortir de la crise - mais il veut dire aussi : discipline budgétaire. Il ne peut pas y avoir de solidarité sans discipline budgétaire.
Il ne peut pas y avoir, de la part des États membres de lUnion européenne qui, eux-mêmes, ont subi, subissent ou pourraient subir des plans de rigueur, de la solidarité sans de la rigueur.
Nous expliquons donc simplement aux Grecs quil ne sagit pas dun diktat, mais dun plan pour les aider. Il leur appartient dès lors, de manière démocratique, de choisir sils veulent dun plan qui va leur permettre de sortir de la situation dans laquelle ils se trouvent ou sils veulent sortir de lEurope. Lintérêt du peuple grec, et le souhait de lEurope, est que la Grèce reste dans leuro et reste dans lEurope.
LIrlande, par exemple, était dans la même situation que la Grèce. Aujourdhui lIrlande reprend pied après avoir bénéficié dun plan à la fois daide et de rigueur. Dès lors, la solidarité sans la rigueur est impensable. A contrario, la rigueur sans la solidarité ne peut quamener les peuples à plus de misère et plus de difficultés.
Q - Larrivée de lextrême droite dans le gouvernement grec ne semble pas gêner grand monde, tout le monde sest félicité de la formation de ce cabinet dunion nationale, cest tout de même un peu surprenant, non ?
R - Il sagit là dun gouvernement de techniciens. Il y aura plus tard des élections. Or, je constate quen Europe, à chaque élection, même dans des situations de grandes tensions et de grandes difficultés, les peuples choisissent des pro-européens et des gens qui affichent avec sincérité et honnêteté la nécessité de faire des efforts.
Les peuples européens ont donc compris quil y a une période difficile à traverser, mais que cest le prix à payer pour que nous conservions notre modèle social, sans hypothéquer dans le même temps lavenir de nos enfants.
Q - Larrivée de lextrême droite nest donc pas un problème, alors quen France, on a ce discours : on ne pactise jamais par exemple avec le Front national
R - En ma qualité de membre du gouvernement français, je me garderais bien de porter des jugements sur les dirigeants européens ou sur la façon dont les peuples européens les choisissent. On ne peut pas à la fois défendre lidée que tous ces peuples de lUnion européenne vivent en démocratie, quils sont souverains - ce qui est indubitable - et dans le même temps leur indiquer pour qui ils doivent voter.
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source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 novembre 2011