Déclaration de Mme Marie-Anne Montchamp, secrétaire d'Etat aux solidarités et à la cohésion sociale, sur l'emploi des personnes handicapées, Paris le 14 novembre 2011.

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Circonstance : Colloque "Une semaine pour l'emploi des handicapés" à Paris le 14 novembre 2011

Texte intégral

Je voudrais d'abord vous remercier de m'avoir fait l'honneur d'ouvrir cette 15ème semaine de l'emploi des personnes handicapées. Honneur, le mot est juste, tant cette date est importante pour moi, qui eus l'honneur justement de porter la grande loi de 2005 sur le handicap. Chaque année, depuis 7 ans, elle est un moment fort inscrite à mon agenda politique.
Moment fort pour moi, moment fort pour nous tous, acteurs associatifs, économiques ou politiques du Handicap. Cet événement, car c'en est un, nous le devons à l'Adapt et je tiens à la saluer, Cher Emmanuel Constants. Vous avez su faire de cette semaine de l'emploi des personnes handicapées un rendez-vous remarqué. Bravo à l'Adapt ! Vous avez su rallier les grands acteurs institutionnels que sont l'AGEFIPH et le FIPH-FP à cette initiative devenue commune. Bravo et merci à vous tous d'ainsi vous mobiliser tous les ans pour faire progresser la perception que nos compatriotes ont de l'emploi des travailleurs handicapés.
Votre colloque est mis sous le signe d'une question : « Emploi et handicap : la question d'une seule semaine ? »
Ma réponse, vous la connaissez déjà, c'est bien évidemment NON !
1/ NON, car, sur l'emploi des personnes handicapées, une dynamique est clairement enclenchée !
Depuis 2005, la part des établissements employant directement au moins un travailleur handicapé n'a cessé de croitre. Aujourd'hui, ce sont près de 787 000 personnes handicapées qui sont en situation d'emploi.
Le nombre de travailleurs handicapés relevant de l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés et occupant un emploi continue d'augmenter pour atteindre 322 300 personnes en 2009.
En outre, 49 % des entreprises dépassent aujourd'hui l'objectif de 6 % de personnes handicapées employées. Un mouvement de fond est d'ailleurs engagé, puisque les accords collectifs portant sur cette question ont crû de 16%. Enfin, élément particulièrement positif à mes yeux, le nombre d'entreprises dites « à quota zéro » (n'employant aucun travailleur handicapé) a chuté de 93% entre 2008 et 2010. Je sais que cela a d'ailleurs entraîné, pour la première année, une baisse du montant des contributions versées à l'Agefiph. Monsieur Faure me pardonnera sans aucun doute, si je vous avoue que je m'en félicite ! Ces chiffres révèlent nettement l'implication croissante de l'ensemble du tissu économique sur cette question de l'emploi des personnes handicapées.
2/ NON, car l'engagement constant et tenace du Président de la République et du Gouvernement soutiennent cette dynamique !
Cette réalité encourageante que je viens d'esquisser à l'aide de quelques chiffres, - toujours abrupts, toujours réducteurs - ne doivent pas cacher les difficultés et freins persistants, ni la nécessité de toujours rappeler l'exigence, maintenir la pression, entretenir et alimenter la motivation.
Lorsque le Gouvernement et le Président de la République s'engagent dans cette question de l'emploi, c'est en toute connaissance du chemin qu'il reste à parcourir. C'est avec la volonté d'apporter leur contribution à un défi collectif qui nous concerne tous, salariés, entreprises, administrations publiques, société toute entière.
Parce qu'en cette période de crise, plus que jamais, notre société ne peut se passer de la richesse et de la capacité de production d'aucun de nos compatriotes, le Président de la République a fait le choix déterminé de l'insertion par l'emploi.
C'est ce qui a guidé notre travail lors de première Conférence nationale du handicap et permis par exemple de proposer systématiquement l'évaluation de l'employabilité des bénéficiaires de l'AAH.
Toutefois, parallèlement et symétriquement, devrais-je dire, Nicolas Sarkozy a décidé de l'augmentation de l'Allocation Adulte Handicapé de 25% entre 2007 et 2012, dont bénéficient ceux qui ne peuvent travailleur comme ceux qui cumulent l'AAH avec un revenu d'activité.
Pour nos compatriotes les plus fragiles, c'est la création de près de 10 000 places de travail en milieu protégé (ESAT) qui ont été créées. Fin 2012, 6400 auront ainsi déjà été financées.
Pour améliorer la formation et ouvrir de nouveaux postes aux travailleurs handicapés (83% d'entre eux ont un niveau inférieur ou égal au BEP), l'Agefiph a quant à elle augmenté ses interventions de 80% entre 2005 et 2010.
Cependant, en cette période économique difficile, nous devons veiller à ce que les travailleurs handicapés ne soient pas la variable d'ajustement des entreprises et que le taux de chômage soit maîtrisé. Si entre 2008 et 2009, le chômage des travailleurs handicapés a augmenté deux fois moins vite que celui de l'ensemble de la population active (+10,5% contre 20,5%), il reste encore fort. Il était ainsi de 19,3% en 2009.
Le Gouvernement mène une lutte de tous les instants, pour faciliter l'accès à l'emploi des personnes handicapées, en s'attachant notamment à déverrouiller tous ces verrous qui empêchent encore l'insertion sur le marché du travail.
C'est ce qui l'a conduit à soutenir la simplification et l'adaptation de l'offre de service des cap emploi.
C'est ce qui le conduit à faire aujourd'hui de la formation et la professionnalisation des travailleurs handicapés une priorité. En attendant que l'effort réalisé en faveur de la scolarisation des enfants handicapés commence à inverser la donne, si je puis dire, sur le marché du travail, il est nécessaire de remédier au constat d'une moindre qualification des travailleurs handicapés sur le marché du travail.
C'est en ce sens notamment que l'impulsion a été donnée par le Président de la République lors de seconde conférence nationale du handicap, le 8 juin dernier. Je pense notamment aux mesures destinées à favoriser l'accès à des travailleurs handicapés à l'apprentissage, portées par Nadine Morano, ministre délégué à la formation professionnelle. C'est la suppression de la limite d'âge de 30 ou encore l'inscription des jeunes handicapés comme publics prioritaires des contrats Etat/régions pour l'apprentissage.
Le développement de l'apprentissage doit également pouvoir s'appuyer sur les compétences du secteur médico-social afin de concerner toutes les personnes handicapées qui peuvent y trouver le moyen du développement de leurs qualifications. C'est la raison pour laquelle je me rendrai cet après-midi, à Pessac en Gironde, afin de prendre connaissance des dispositifs très innovants développés par l'ADAPEI 33 avec ses partenaires locaux.
C'est aussi une attention particulière aux personnes les plus éloignées de l'emploi, que Xavier Bertrand, ministre du travail, a à cœur de défendre. Une enveloppe de contrats aidés est ainsi définie chaque année par le préfet au niveau régional. L'annonce de 3 000 places supplémentaires dans les entreprises sur trois ans, trouve actuellement, quant à elle, sa traduction financière en loi de finances. Le Pacte pour l'Emploi des Personnes Handicapées en entreprises adaptées sera prochainement signé entre l'Etat et les grands acteurs de ce qui doit être considéré comme une véritable filière économique.
Que ce soit en milieu ordinaire ou protégé, l'amélioration de l'emploi des travailleurs handicapés doit s'inscrire comme une priorité de nos politiques de l'emploi. Croyez bien que Roselyne Bachelot et moi-même y veillons, auprès de nos collègues du ministère du travail.
3/ NON, décidément, l'emploi des travailleurs handicapés, ne peut être l'affaire d'une seule semaine ! Car nous devons mettre à profit tous les jours de l'année pour faire prendre à nos politiques de l'emploi le tournant de la diversité.
Les outils de la loi de 2005, notamment l'augmentation des sanctions financières, ont certes produit leurs effets. Croyez bien que son auteur s'en réjouisse !
Cependant, je sais que la coercition ne peut pas tout. Il nous faut aujourd'hui nous attaquer au plus dur : les représentations et les stéréotypes. Parmi ceux-ci, l'un des plus tenaces est la perception du handicap comme forcément lourd, ce qui n'est bien heureusement pas toujours le cas, et comme intrinsèquement invalidant pour le travail, ce qui est encore moins le cas.
Comment expliquer, sinon, les difficultés qu'éprouvent encore les jeunes diplômés handicapés à trouver un emploi. Plus encore que les autres jeunes. C'est une préoccupation du Gouvernement.
L'enjeu est désormais l'appropriation fine et sensible de cette question par l'ensemble des acteurs économiques.
L'enjeu est désormais la compréhension de la responsabilité collective afin de faire un vivre un marché de l'emploi inclusif et accessible à tous les types de handicap.
C'est là que nous devons faire porter notre effort principal car c'est la clef de la participation sociale pour tous nos compatriotes handicapés, mais aussi parce que notre société française ne peut plus se passer de la force de travail et de l'inventivité de citoyens qui ne désirent pourtant qu'une chose : travailler ! Que ce soit dans le milieu ordinaire, dans les entreprises adaptées ou en ESAT, peu importe, mais travailler, voilà leur ambition !
Cette ambition, c'est la nôtre, c'est celle d'une France qui affronte la crise, se modernise, se renforce dans la compétition internationale, par le travail et l'effort.Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 16 novembre 2011