Interview de M. Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants, à RMC le 22 novembre 2011, notamment sur la justice des mineurs et sur la durée légale du temps de travail.

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Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN Gérard LONGUET, d’abord réaction à la mort de Danielle MITTERRAND. Vous l’avez connue, bien sûr.
 
GERARD LONGUET Je l’ai connue, j’ai eu l’occasion de la rencontrer dans des voyages officiels, dans des gouvernements de cohabitation. C’était une femme de conviction, très engagée, très différente sur le plan du caractère de son mari, peut-être plus directe, plus militante, avec un fil conducteur qui était à gauche mais qui a toujours été à gauche.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Gérard LONGUET, question sur ce qui s’est passé au Chambon sur Lignon, le drame, la mort d’Agnès. Alors, j’ai une question toute simple : est-ce qu’il faut aujourd’hui faire de la justice des mineurs un thème de la campagne présidentielle ?
 
GERARD LONGUET C’est un thème de société, et les thèmes de société se retrouvent nécessairement dans la campagne présidentielle. Pourquoi est-ce un thème de société ? Parce que nous avons une société qui cherche à juste titre la sécurité, la perfection dans l’application de la loi.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et le risque zéro.
 
GERARD LONGUET Et le risque zéro, elle le recherche dans tous les domaines. Pour l’automobile, pour l’industrie, pour les relations interindividuelles, pour la protection des citoyens, on recherche le risque zéro. Ca ne veut pas dire qu’on l’obtiendra, mais on a le droit de le rechercher, on a le devoir de le rechercher. Et manifestement, dans cette affaire, comme l’a indiqué Claude GUÉANT, le ministre de l’Intérieur, il y aurait eu des dysfonctionnements. Cela étant, je me garderai bien de porter un jugement péremptoire parce que le magistrat d’un côté, ou le spécialiste, le psychiatre de l’autre, les parents naturellement, s’efforcent toujours à l’égard d’un adolescent, dont la personnalité peut changer en un semestre, de tirer ce qu’il y a de mieux. Et donc, nous sommes dans une…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …à juste titre ?
 
GERARD LONGUET …à juste titre. Et nous sommes dans une situation qui exige, je dirais une très grande prudence, une très grande modestie dans les affirmations définitives.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, pourquoi faut-il faire de la justice des mineurs un thème de campagne électorale ?
 
GERARD LONGUET Parce que c’est un problème de société.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien.
 
GERARD LONGUET Parce que nous ne supportons plus qu’une jeune fille, ou ça aurait pu être un jeune homme, puisse être privée de la vie alors qu’on a le sentiment qu’avec un peu plus d’attention, un peu plus de coordination, un peu plus de conciliation entre les différents acteurs, on aurait peut-être évité cela.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pourquoi cherche-t-on…
 
GERARD LONGUET …songeons d’ailleurs, permettez-moi de le dire, songeons à tous les drames qui ont été évités, parce qu’il y a un drame qui n’a pas été évité, d’autres l’ont été, évidemment on ne les voit pas.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pourquoi cherche-t-on toujours des coupables ? Pourquoi cherche-t-on toujours des boucs émissaires : le psychiatre, le magistrat, parfois le policier ? Pourquoi ?
 
GERARD LONGUET Moi, je n’ai pas la culture du coupable…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …vous n’avez pas cette sensation-là, oui.
 
GERARD LONGUET Peut-être parce que je connais bien la justice et que j’en ai à titre personnel souffert.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais bien sûr, bien sûr.
 
GERARD LONGUET Je cherche des explications, je ne cherche pas…et les explications peuvent parfois déboucher sur un coupable.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, aujourd’hui, pour des raisons budgétaires, on supprime des postes dans la fonction publique. Est-ce qu’il ne faut pas un moratoire justement sur la suppression de ces postes dans le domaine judiciaire, dans le domaine de la protection des mineurs, et dans le domaine de la délinquance des mineurs ? Est-ce qu’il ne faut pas un moratoire, là ?
 
GERARD LONGUET Alors, le budget de la Justice est un budget qui est préservé. Au regard d’autres budgets, c’est un budget qui est préservé, c’est un budget dont les effectifs sont maintenus, voire je crois augmentés. La protection judiciaire de la jeunesse est un budget important, qui est en même temps préservé. On pourrait se poser la question cependant, je dirais de la performance du budget de la protection judiciaire de la jeunesse. Il faut savoir que toutes les solutions dont on parle, qui existent, notamment les centres d’éducation fermés, sont coûteuses. Quand on voit ce que l’on donne à des personnes âgées qui ont travaillé toute leur vie… ! Il faut savoir que ces places coûtent des dizaines de milliers d’euros par an, parfois plus de 100 000.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, mais n’est-ce pas l’honneur de la République justement…
 
GERARD LONGUET …oui, c’est l’honneur de la République.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …que de protéger les citoyens.
 
GERARD LONGUET C’est l’honneur de la République, mais le devoir de la République c’est de se poser la question de l’adaptation des moyens, et surtout de l’action en amont, c’est-à-dire c’est en amont du centre d’éducation fermé qu’il faut agir. Moyennant quoi, nous sommes 64 millions, la probabilité statistique qu’il y ait des tragédies existe.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais la délinquance des mineurs, plus généralement, beaucoup nous disent, « mais il y a qu’à mettre l’armée dans les cités ». Vous, vous êtes ministre de la Défense, que répondez-vous à ceux qui disent cela ?
 
GERARD LONGUET Ce n’est absolument pas le moyen. L’armée a un métier tout à fait différent, le rôle de l’armée c’est de détruire des adversaires identifiés.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous y êtes formellement opposé.
 
GERARD LONGUET Je suis formellement opposé parce que ce n’est pas la formule. En revanche, quelle est la force de l’armée ? C’est par exemple le respect de soi-même, le respect des autres à travers la discipline. La discipline de l’armée ce n’est pas du tout une satisfaction pour les défilés, c’est un devoir pour travailler ensemble. Si l’on découvre que dans la vie collective, et une cité c’est une vie collective, il faut se respecter et qu’il y a des codes de politesse au lieu d’avoir des codes de violence, on progressera beaucoup. L’armée apprend dans le savoir-vivre ensemble.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Gérard LONGUET, pourquoi voulons-nous, et là j’englobe les journalistes et les responsables politiques, et l’opinion publique, pourquoi voulons-nous des réponses, des réponses urgentes et immédiates, à un drame comme celui du Chambon-sur-Lignon ? Pourquoi ?
 
GERARD LONGUET Parce que nous sommes dans une société de l’instantané. On y contribue tous. On veut… tout est en direct, tout est en temps réel, en live, comme on dit à la télévision, et le sentiment de chaque acteur, qu’il soit politique ou journaliste, c’est d’apporter la réponse immédiate, ce que l’opinion ne demande pas nécessairement. Parce que les familles comprennent parfaitement, quand on a eu des enfants, on sait très bien qu’ils peuvent évoluer, que le moins beau peut côtoyer à quelques heures, voire à quelques instants près, le meilleur, mais nous sommes dans une société de l’instantané. C’est les taux d’intérêt en direct, la bourse en direct, la guerre en direct, c’est l’annonce économique, AREVA, les suppressions d’emplois en direct, alors qu’en réalité il y a une épaisseur de l’information qui mériterait d’avancer et de progresser. Mais nous sommes dans cette société de l’instantané.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors pourquoi, par exemple, nous dire, le gouvernement, qu’il faut réformer encore une fois le code pénal ? On en est à combien, 20, 30 réformes du code pénal en 10 ou 20 ans, Gérard LONGUET.
 
GERARD LONGUET C’est parce qu’il y a…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Tout de suite il faut répondre ? Vous êtes obligés, vous les politiques, d’apporter une réponse immédiate à l’opinion publique ?
 
GERARD LONGUET Je crois qu’il y a deux choses différentes. Il faut analyser immédiatement, c’est de ne pas accepter… la caractéristique du président de la République, Nicolas SARKOZY, j’ai bien regardé sa personnalité depuis que je suis ministre et que je travaille pour lui, et avec lui, c’est un homme qui ne se résigne pas. Il n’accepte pas la fatalité, il n’accepte pas le fait accompli.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais on l’a vu, lors de phénomènes précédents, surgir comme ça, recevoir les familles. Là, il est plus discret dans cette affaire-là.
 
GERARD LONGUET Oui, il est en effet plus discret, mais je crois que profondément c’est quelqu’un qui n’accepte pas la fatalité, qui ne se résigne pas. Je le dis d’ailleurs d’autant plus librement que j’appartiens à une autre école de caractère, et que ma connaissance historique, ma culture un peu traditionnelle, fait que de temps en temps je… assez la vie, on n’y peut rien, lui considère qu’on y peut toujours quelque chose. Je trouve qu’il a raison. Je trouve qu’il a raison parce qu’il n’accepte pas, il ne se résigne pas, il ne renonce pas. Ensuite, quel est le bon dispositif ? Alors là il faut que les ministres, et que les parlementaires, prennent un petit peu leur temps, mais que le signal de réactivité soit donné, plutôt rassurant, c’est en revanche dans la maturité de la décision de prendre son temps.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors c’est du zèle de la part des ministres ? D’annoncer tout de suite une nouvelle réforme ou… ?
 
GERARD LONGUET Il faut « mâturer » la décision.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il faut « mâturer » la décision. Ne nous précipitons pas, c’est ce que vous dites ?
 
GERARD LONGUET Je crois qu’il faut aller au fond des choses, il y a des gens qui sont très compétents, prenons le temps de les écouter, mais ne nous résignons pas.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Parlons d’économie, Gérard LONGUET, et puis nous parlerons de la Syrie. La durée légale du temps de travail, c’est terminé ou pas ? Je vous dis ça parce que Jean-François COPE va en parler ce soir, l’UMP.
 
GERARD LONGUET Il l’a dit, et moi j’appartiens à un courant d’idées réformatrices, qui considèrent en effet que la durée du travail doit être négociée…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN La durée légale du travail doit être supprimée ?
 
GERARD LONGUET La durée légale doit être négociée par branche. C'est-à-dire que les plafonds doivent être européens, car nous avons la même monnaie, nous devons avoir les mêmes plafonds. A l’intérieur de ces plafonds, qui sont très au-delà des 35 heures, il faut que la durée soit négociée par branche.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc il faut supprimer la durée légale du travail ?
 
GERARD LONGUET C’est la conséquence juridique.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Supprimer la durée légale du travail…
 
GERARD LONGUET Avec les plafonds et les planchers.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça veut dire, si on augmente le travail…
 
GERARD LONGUET C’est très encadré.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça veut dire qu’on supprime aussi les heures supplémentaires défiscalisées.
 
GERARD LONGUET C’est une des conséquences. On diminue globalement le coût du travail, le coût du travail est un obstacle au maintien d’emplois dans notre pays.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors comment fait-on ? On diminue le coût du travail, on fait travailler plus… mais il va bien falloir les augmenter s’ils travaillent plus, les salariés, Gérard LONGUET.
 
GERARD LONGUET Il faut plus de travail, globalement. A partir du moment où vous avez plus de travail, vous avez plus de gens qui dépensent, plus de gens payés, plus de gens qui dépensent, une relance de l’économie. Les 35 heures ont été malthusiennes. Les journées de RTT sont formidablement sympathiques, j’en ai bénéficié comme salarié dans le secteur privé, c’est formidablement sympathique, simplement, un pays qui organise du déficit, du commerce extérieur, tous les ans, qui s’endette parce qu’il ne peut pas payer ses charges, doit se poser des questions. Nous avons le devoir de se poser cette question. Si nous ne nous posons pas cette question, ce n’est pas 1730 milliards que nous aurons de dette à la fin de l’année 2012, ce sera 1800 et pire encore. Nous sommes en train d’asphyxier. Les Allemands, que nous observons, et dont les résultats sont positifs, ont fait depuis 10 ans cet effort-là.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Même si la dette est importante aussi.
 
GERARD LONGUET Oui, mais ils ont intégré les länder de l’Est, ce qui n’est pas si facile que ça.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, c’est vrai.
 
GERARD LONGUET Et ils ont contenu, ils n’ont pas diminué le pouvoir d’achat, ils ont contenu le coût du travail pendant 10 ans, nous, nous l’avons augmenté. Eh bien aujourd’hui, on perd des marchés, et on a moins de travail, on a moins de travail, moins d’argent, ce qui fait que… dans les familles, le revenu c’est très simple, ceux qui travaillent payent pour ceux qui ne travaillent pas, eh bien moi je préfère que dans une famille tout le monde travaille. Il y aura peut-être moins de progression du revenu par tête, mais il y aura plus de têtes qui travailleront, il y aura plus de revenus dans la famille.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais comment fait-on ? On baisse le coût du travail, on augmente la TVA…
 
GERARD LONGUET On fait en sorte… on renvoie branches… Alors, c’est un autre sujet, mais je termine sur le premier, on renvoie aux branches professionnelles la durée opérationnelle hebdomadaire et annuelle.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN 37, 39 heures, en fonction des branches…
 
GERARD LONGUET Voilà, en fonction des branches, et deuxièmement, sur la TVA…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les salariés feront moins d’heures supplémentaires, on est d’accord ?
 
GERARD LONGUET Ça veut dire notamment que les heures supplémentaires démarreront après, mais ça, ça peut se négocier par branche. Vous avez des branches où on n’a pas besoin…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça coûtera moins cher à l’Etat au passage, les heures supplémentaires défiscalisées.
 
GERARD LONGUET Enfin oui, ça coûtera moins cher à l’Etat…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, parce que ça coûte très cher, contrairement à tout ce que vous avez dit.
 
GERARD LONGUET Vous avez des branches qui sont des situations très, très différentes. Vous avez des branches où c’est la machine qui commande le travail, et vous avez des branches comme l’hôtellerie ou la restauration, où c’est la présence effective du salarié qui déclenche la richesse. C’est la raison pour laquelle il faut discuter par branche.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais le salarié sera mieux payé ?
 
GERARD LONGUET Dans certaines branches forcément, oui, parce qu’à partir du moment où il est apporte plus…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce qu’il faut conditionner la baisse du coût du travail à des augmentations de salaires ?
 
GERARD LONGUET Ça se négociera par branche, mais quand vous avez une machine, une machine-outil, numérique, très performante, qui coûte très cher, si elle travaille 7/7 jours, je puis vous dire… le salarié, il y en aura plusieurs, ce seront des équipes, mais si les équipes ont des horaires un petit peu plus longs, je peux vous dire que les recettes seront beaucoup plus importantes. En revanche, c’est vrai, il y a d’autres métiers, la coiffure ou la restauration, où c’est un petit peu plus compliqué, parce que la richesse c’est le temps de travail de chaque opérateur, et ce sera plus difficile de dégager, il faudra négocier par branche. Deuxième question que vous posiez…
 
 JEAN-JACQUES BOURDIN La TVA sociale, voilà.
 
GERARD LONGUET La TVA sociale, ça veut dire très simplement que, les avantages sociaux ce sont des avantages pour nous, quand a un hôpital de qualité, c’est pour nous, quand on a des prestations familiales, c’est du pouvoir d’achat, quand on a de la retraite, c’est du pouvoir d’achat, pas pour nous mais pour nos parents, eh bien ce pouvoir d’achat il doit être, en effet, très largement supporté par l’ensemble des revenus, je dis bien l’ensemble des revenus, et qu’est-ce qui pompe l’ensemble des revenus, c’est bien la TVA.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc vous êtes favorable à une augmentation de la TVA ?
 
GERARD LONGUET Je suis favorable à un basculement, en sachant que ce basculement modeste…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN De 19,6 à 21 ?
 
GERARD LONGUET Non, je n’ai pas la compétence pour donner le chiffre exact, mais tendanciellement, comme le propose Jean-François COPE, il faut que la consommation, et notamment la consommation de produits étrangers, supporte une partie des charges sociales.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais la TVA, d’accord, va concerner les produits étrangers, mais aussi les produits français.
 
GERARD LONGUET Absolument.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Aussi tout ce que nous produisons en France.
 
GERARD LONGUET Absolument. Mais il faut bien voir que ce que nous perdrons, c’est vrai, en pouvoir d’achat, parce que la TVA sera un peu plus haute, on le gagne en avantages sociaux. Les avantages sociaux, c’est du pouvoir d’achat.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors j’ai une question plus générale à vous poser. Comment relancer l’économie avec plus de rigueur ?
 
GERARD LONGUET On relance l’économie avec plus de travail…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est la question de fond.
 
GERARD LONGUET On ne la recommence pas avec plus de rigueur, vous avez tout à fait raison. Que les finances publiques soient raisonnables, c’est un devoir absolu pour elles, parce que si les finances publiques affichent des ambitions délirantes, la sanction est immédiate, ce sont les taux d’intérêt qui montent, donc les finances publiques doivent afficher des orientations raisonnables. Et la relance elle se fait par l’investissement, et elle se fait par le travail, et elle se fait par la consommation, mais nous avons trop reposé sur la consommation, et pas assez sur l’investissement, et pas assez sur le travail. La France est un pays qui épargne, et cette épargne doit être orientée vers l’investissement productif. Aujourd’hui l’épargne est orientée vers les dettes de l’Etat, qui ne sont pas les plus productives, reconnaissons-le.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors deux questions étrangères. La première concerne l’Egypte. Faut-il que ces élections de la semaine prochaine se tiennent absolument ?
 
GERARD LONGUET Ah oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est indispensable ?
 
GERARD LONGUET Ah oui, et je crois que les Egyptiens ont le droit de savoir où ils vont, et ils ont le droit de déterminer eux-mêmes leurs dirigeants. Actuellement il y a une situation de transition, elle ne peut pas s’éterniser.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que l’arrivée d’islamistes au pouvoir doit nous inquiéter ou pas, Gérard LONGUET ?
 
GERARD LONGUET On découvre que le monde arabo-musulman est aussi musulman qu’arabe, ce n’est pas franchement une surprise…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Pas une découverte, oui.
 
GERARD LONGUET Et tous les pays dont on parle, avaient toujours fait référence à cette culture, on dit la charia, c’est extraordinairement ouvert, extraordinairement diversifié, et heureusement l’Egypte n’est pas un pays d’un islam intégriste rébarbatif. J’ajoute qu’il y a une vieille tradition chrétienne copte qui doit être préservée. Donc je pense que l’Egypte doit être, pour le monde arabe – c’est le plus grand pays arabo-musulman – doit être exemplaire, et je le souhaite profondément. Les frères musulmans se sont retirés des manifestations, tant mieux, je souhaite vraiment… qu’il y ait des religieux, qu’il y ait des gens qui ont des convictions, je ne vais pas leur retirer, je souhaite simplement qu’ils n’imposent pas aux autres les mêmes règles.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 22 novembre 2011