Texte intégral
Permettez-moi tout d'abord de saluer l'événement que représente cette session extraordinaire : longtemps considéré comme un problème de santé relevant des enceintes spécialisées, le Sida est enfin pris pour ce qu'il est : un fléau terrible, un obstacle majeur au développement démographique, social, économique et, dans les régions les plus touchées, une menace pour la stabilité politique. Bref un problème politique majeur nécessitant des réponses adaptées, globales et une mobilisation de tous. Cette prise de conscience est une première victoire.
Une seconde victoire nous attend à la fin de cette session : nous allons reconnaître que l'articulation entre prévention et accès aux soins est indispensable, qu'il ne peut y avoir de prévention efficace sans accès aux soins, à tous les soins, y compris aux anti-rétroviraux.
La France, depuis 1997, est à la pointe de ce combat, notamment par la création du Fonds de Solidarité thérapeutique internationale. Je suis heureux qu'un consensus se dégage aujourd'hui sur ce point.
Il nous reste beaucoup à faire.
Et d'abord soutenir les systèmes de soins, durement frappés et désorganisés par la pandémie.
La France, avec plusieurs autres pays européens, propose en ce sens, en plus de notre action de coopération bilatérale, une initiative de solidarité thérapeutique hospitalière. Par le jumelage entre hôpitaux d'Europe et hôpitaux des pays qui le souhaitent, notamment en Afrique, les professionnels de santé du Nord aideront leurs collègues du Sud à combattre le fléau.
Il faut aussi que le prix des médicaments et des réactifs baisse encore, pour être accessibles au plus grand nombre.
Les fabricants doivent s'engager résolument dans une politique de prix différenciés. L'Europe est prête à les y aider. De plus, il devrait être possible d'autoriser la fabrication de génériques dans un pays tiers pour donner ainsi une vraie portée aux souplesses offertes par les accords sur les droits de propriété intellectuelle.
Enfin, le développement de la prévention et du traitement doit se faire partout, dans les communautés, sur les lieux de travail. Faisons toutefois attention à assurer un accès équitable à tous, qu'ils appartiennent aux secteurs formel ou informel.
Alors que la France consacre déjà à la lutte contre le Sida plus de 100 millions de francs par an de son aide bilatérale, le Premier ministre Lionel Jospin a annoncé, il y a quelques jours, un effort supplémentaire très important. 10 % de l'annulation de la dette des pays les plus pauvres seront consacrés à la lutte contre le Sida, ce qui représentera un milliard d'euros sur les dix prochaines années. La France contribuera en outre à hauteur de 150 millions d'euros, sur trois ans, à la constitution du Fonds mondial pour la santé et contre le SIDA, fonds proposé par le Secrétaire général et qui devra également financer des actions de lutte contre le paludisme et la tuberculose. Nous voulons que ce fonds puisse financer des actions de prévention et l'accès aux soins des personnes malades. Enfin nous plaidons pour qu'une partie de l'AID soit consacrée à la lutte contre le Sida sous forme de dons.
Aujourd'hui, tous les éléments sont en place pour que la lutte entre dans une nouvelle phase : la mobilisation politique, la baisse des prix des médicaments, les financements nécessaires au renforcement des politiques de prévention et de traitement.
Il reste à gagner cette guerre.
Au Nord, nous disposons de tout un arsenal pour contenir la maladie, mais nous ne savons pas comment traiter plusieurs milliers de personnes, comment prendre en charge plusieurs centaines de milliers de femmes enceintes, comment atteindre les zones rurales des pays les moins avancés. Nous avons jusqu'à présent transposé dans quelques hôpitaux universitaires de capitales africaines les modes de prise en charge utilisés par les économies riches du Nord. Mais ces prises en charge demeurent inadaptées au regard du nombre de malades à traiter.
C'est pourquoi le gouvernement français propose la tenue à Dakar, les 30 novembre et 1er décembre prochains, d'une réunion internationale sur le thème : "de l'engagement à l'action". Le but de cette réunion est de dégager un consensus politique sur les méthodes à utiliser. Rien ne serait plus désespérant pour des millions de personnes malades de savoir que de l'argent est disponible et de constater en même temps que rien ne change.
Je tiens à remercier le Secrétaire général et le Président Wade du Sénégal pour avoir personnellement appuyé cette initiative. Je remercie aussi Mme Brundtland ainsi que le Docteur Peter Piot pour le soutien qu'ils apportent dans la préparation de la réunion.
Enfin je tiens à souligner que les droits de certaines catégories de personnes, malades ou non, et plus particulièrement vulnérables - je parle des femmes et des enfants, des homosexuels, des prostituées, des migrants - sont encore ignorés. Or, même dans les pays où la maladie est contenue comme dans le mien, ces populations continuent d'être contaminées, en dépit des politiques de prévention. Ne pas reconnaître aujourd'hui cette réalité est inacceptable sur un plan de santé publique.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2001)
Une seconde victoire nous attend à la fin de cette session : nous allons reconnaître que l'articulation entre prévention et accès aux soins est indispensable, qu'il ne peut y avoir de prévention efficace sans accès aux soins, à tous les soins, y compris aux anti-rétroviraux.
La France, depuis 1997, est à la pointe de ce combat, notamment par la création du Fonds de Solidarité thérapeutique internationale. Je suis heureux qu'un consensus se dégage aujourd'hui sur ce point.
Il nous reste beaucoup à faire.
Et d'abord soutenir les systèmes de soins, durement frappés et désorganisés par la pandémie.
La France, avec plusieurs autres pays européens, propose en ce sens, en plus de notre action de coopération bilatérale, une initiative de solidarité thérapeutique hospitalière. Par le jumelage entre hôpitaux d'Europe et hôpitaux des pays qui le souhaitent, notamment en Afrique, les professionnels de santé du Nord aideront leurs collègues du Sud à combattre le fléau.
Il faut aussi que le prix des médicaments et des réactifs baisse encore, pour être accessibles au plus grand nombre.
Les fabricants doivent s'engager résolument dans une politique de prix différenciés. L'Europe est prête à les y aider. De plus, il devrait être possible d'autoriser la fabrication de génériques dans un pays tiers pour donner ainsi une vraie portée aux souplesses offertes par les accords sur les droits de propriété intellectuelle.
Enfin, le développement de la prévention et du traitement doit se faire partout, dans les communautés, sur les lieux de travail. Faisons toutefois attention à assurer un accès équitable à tous, qu'ils appartiennent aux secteurs formel ou informel.
Alors que la France consacre déjà à la lutte contre le Sida plus de 100 millions de francs par an de son aide bilatérale, le Premier ministre Lionel Jospin a annoncé, il y a quelques jours, un effort supplémentaire très important. 10 % de l'annulation de la dette des pays les plus pauvres seront consacrés à la lutte contre le Sida, ce qui représentera un milliard d'euros sur les dix prochaines années. La France contribuera en outre à hauteur de 150 millions d'euros, sur trois ans, à la constitution du Fonds mondial pour la santé et contre le SIDA, fonds proposé par le Secrétaire général et qui devra également financer des actions de lutte contre le paludisme et la tuberculose. Nous voulons que ce fonds puisse financer des actions de prévention et l'accès aux soins des personnes malades. Enfin nous plaidons pour qu'une partie de l'AID soit consacrée à la lutte contre le Sida sous forme de dons.
Aujourd'hui, tous les éléments sont en place pour que la lutte entre dans une nouvelle phase : la mobilisation politique, la baisse des prix des médicaments, les financements nécessaires au renforcement des politiques de prévention et de traitement.
Il reste à gagner cette guerre.
Au Nord, nous disposons de tout un arsenal pour contenir la maladie, mais nous ne savons pas comment traiter plusieurs milliers de personnes, comment prendre en charge plusieurs centaines de milliers de femmes enceintes, comment atteindre les zones rurales des pays les moins avancés. Nous avons jusqu'à présent transposé dans quelques hôpitaux universitaires de capitales africaines les modes de prise en charge utilisés par les économies riches du Nord. Mais ces prises en charge demeurent inadaptées au regard du nombre de malades à traiter.
C'est pourquoi le gouvernement français propose la tenue à Dakar, les 30 novembre et 1er décembre prochains, d'une réunion internationale sur le thème : "de l'engagement à l'action". Le but de cette réunion est de dégager un consensus politique sur les méthodes à utiliser. Rien ne serait plus désespérant pour des millions de personnes malades de savoir que de l'argent est disponible et de constater en même temps que rien ne change.
Je tiens à remercier le Secrétaire général et le Président Wade du Sénégal pour avoir personnellement appuyé cette initiative. Je remercie aussi Mme Brundtland ainsi que le Docteur Peter Piot pour le soutien qu'ils apportent dans la préparation de la réunion.
Enfin je tiens à souligner que les droits de certaines catégories de personnes, malades ou non, et plus particulièrement vulnérables - je parle des femmes et des enfants, des homosexuels, des prostituées, des migrants - sont encore ignorés. Or, même dans les pays où la maladie est contenue comme dans le mien, ces populations continuent d'être contaminées, en dépit des politiques de prévention. Ne pas reconnaître aujourd'hui cette réalité est inacceptable sur un plan de santé publique.
Je vous remercie de votre attention.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 juin 2001)