Texte intégral
Madame la Présidente de la Conférence générale,
Madame la Présidente du Conseil exécutif,
Madame la Directrice générale,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Tous les deux ans, les Nations du monde se retrouvent dans cette enceinte pour réaffirmer une conviction commune : le savoir et la culture sont le propre de l'Homme. Leur protection, leur transmission et leur partage constituent pour nous tous un devoir supérieur et l'UNESCO est précisément l'instance qui témoigne de cet engagement commun.
Il y a deux ans, pour la première fois, une femme accédait à la direction générale de l'UNESCO. Vingt ans après la chute du mur de Berlin, elle était la première ressortissante de ce que l'on appelait autrefois le bloc de l'Est à accéder à cette fonction.
Aujourd'hui, je veux saluer le travail accompli en deux ans par Irina Bokova, car il est remarquable. Je pense notamment à la réforme interne de l'organisation, à la restauration de sa visibilité, à son intégration accrue dans le système des Nations-Unies ou encore à la refonte de ses programmes afin d'intervenir au plus près de l'agenda international. Dans tous ces domaines, les résultats sont tangibles et la France s'en félicite.
La France s'en félicite en effet car en ces temps troublés, marqués aussi par de formidables espérances je pense en particulier au printemps arabe - les défis auxquels fait face l'UNESCO sont immenses.
Vous permettrez d'abord de rappeler l'attachement de la France à la convention sur la protection et promotion de la diversité des expressions culturelles adoptée en 2005. Notre pays plaide aujourd'hui pour le renforcement de ses moyens car les principes que porte ce texte sont essentiels pour enrichir la relation entre culture et développement, pour soutenir la création d'industries culturelles dans les pays en voie de développement, pour faire vivre l'idée qu'un accès facilité à la culture est partout une victoire de l'humanité.
La France attache également une importance toute particulière à la numérisation des contenus culturels qui contribue précisément à leur universalité. Préserver, diffuser et partager, voilà ce que permettent les technologies contemporaines. La France s'est d'ailleurs résolument engagée dans cette voie, avec, dans le cadre des investissements d'avenir, 750 M consacrés au financement de la numérisation des contenus culturels, scientifiques et éducatifs. Le ministère dont j'ai la charge veille d'ailleurs à ce que les jeunes générations soient les premières bénéficiaires de ce bouleversement majeur de notre rapport à la culture.
Si les innovations technologiques sont désormais matures, si le monde entier a pris conscience de leur intérêt, je crois qu'il est à présent souhaitable de formuler les orientations et les principes qui permettront de définir les lignes directrices d'une numérisation cohérente, bénéfique pour l'ensemble de l'humanité. C'est-à-dire aussi une numérisation qui conduise à résorber la fracture entre les Nords et les Suds. Et il me semble que l'UNESCO est précisément l'enceinte dans laquelle ces lignes de forces devraient émerger et la France fera tout son possible pour qu'il en soit ainsi.
Mais s'il est un défi qui doit nous rassembler, car il se confond avec tous les autres, c'est bien celui de l'éducation, de l'éducation de chacun de nos enfants. En effet, nos légitimes ambitions culturelles auraient-elles la même signification sans espoir d'en transmettre la signification et le goût aux jeunes générations ? Je ne le crois pas et, dans les fonctions qui sont les miennes depuis 2009 au sein du gouvernement du Président Nicolas Sarkozy, j'ai acquis la conviction que l'éducation était la meilleure réponse à opposer à tous les obscurantismes, à tous les fanatismes, à toutes les crises, qu'elles soient économiques, sociales ou morales.
Depuis son origine, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'UNESCO n'a cessé d'affirmer et de démontrer que l'éducation est la condition du progrès de l'homme, la clé de diffusion de la culture de paix. Cette constance inspire le respect et fonde la crédibilité de l'institution qui nous rassemble aujourd'hui. Les objectifs d'éducation pour tous, dont l'UNESCO est chef de file, s'inscrivent précisément dans cette tradition et la France s'en réjouit. Pourtant, aujourd'hui, à mesure que se rapproche l'année 2015, nous mesurons le chemin qui reste à parcourir : au rythme actuel, 56 millions d'enfants ne seront pas scolarisés en 2015. Nous mesurons aussi la pluralité, la complexité et l'ampleur des défis à relever sur la voie de l'éducation pour tous.
Aussi, la France invite l'UNESCO à promouvoir les formes innovantes de financement qui sont ô combien nécessaire pour soutenir l'action engagée. Elle invite aussi l'organisation à dessiner dès à présent ce que devraient être, en matière d'éducation comme de culture, les objectifs de développement pour l'après 2015.
Dans ce cadre, notre pays ne peut que se féliciter que l'objectif quantitatif de scolarisation primaire universelle s'enrichisse progressivement d'ambitions qualitatives qui touchent à la nature de l'enseignement dispensé, au niveau de formation de professeurs ou encore à l'inclusion de l'enseignement secondaire et universitaire susceptible de créer des filières de recherche.
La France est d'autant plus soucieuse d'accompagner l'UNESCO dans cette définition des objectifs pour l'après 2015 que nous sommes nous-mêmes engagés dans une rénovation en profondeur de notre enseignement, dont je veux vous faire part.
En effet, en moins de 150 ans, l'école française a connu trois grandes révolutions. Après la première révolution, celle de l'école gratuite et obligatoire menée à la fin du XIXe siècle, notre pays a attendu la seconde moitié du XXe siècle pour engager la révolution de la démocratisation et de la massification avec l'accès de tous nos enfants aux mêmes établissements de l'enseignement secondaire. Aujourd'hui, la troisième révolution qui s'engage, le défi qu'il nous faut relever, c'est celui de la personnalisation. Personnaliser c'est d'abord porter une attention spécifique à chaque élève, lui proposer un parcours adapté à ses talents, à ses besoins, à ses ambitions. Car l'uniformité est l'ennemie de l'excellence. Il nous faut au contraire diversifier les voies de l'excellence pour permettre à chacun de nos élèves d'aller au plus loin de ses capacités, de construire son parcours vers la réussite.
Et pour atteindre cet objectif, il nous faut oser. Face aux habitudes de pensée, il nous faut innover. Face aux conservatismes, il nous faut changer l'école avec les professeurs. Le chemin est difficile, mais la conviction que l'éducation est source d'avenir suffit à renforcer la détermination de chacun des acteurs de cette troisième révolution de l'école. Et cette conviction, je suis certain que beaucoup la partagent ici.
Monsieur le Président,
Madame la Directrice générale,
Mesdames et messieurs,
L'avenir de l'humanité repose sur sa capacité à transmettre, à éduquer, à partager le savoir et la culture. Depuis sa création, l'UNESCO incarne la volonté des Nations de faire de la transmission et du partage un programme politique. Aujourd'hui comme hier, elle peut compter sur la présence et le soutien constant de la France pour mener cette mission à bien.
Je vous remercie.Source http://www.unesco.org, le 9 décembre 2011
Madame la Présidente du Conseil exécutif,
Madame la Directrice générale,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Tous les deux ans, les Nations du monde se retrouvent dans cette enceinte pour réaffirmer une conviction commune : le savoir et la culture sont le propre de l'Homme. Leur protection, leur transmission et leur partage constituent pour nous tous un devoir supérieur et l'UNESCO est précisément l'instance qui témoigne de cet engagement commun.
Il y a deux ans, pour la première fois, une femme accédait à la direction générale de l'UNESCO. Vingt ans après la chute du mur de Berlin, elle était la première ressortissante de ce que l'on appelait autrefois le bloc de l'Est à accéder à cette fonction.
Aujourd'hui, je veux saluer le travail accompli en deux ans par Irina Bokova, car il est remarquable. Je pense notamment à la réforme interne de l'organisation, à la restauration de sa visibilité, à son intégration accrue dans le système des Nations-Unies ou encore à la refonte de ses programmes afin d'intervenir au plus près de l'agenda international. Dans tous ces domaines, les résultats sont tangibles et la France s'en félicite.
La France s'en félicite en effet car en ces temps troublés, marqués aussi par de formidables espérances je pense en particulier au printemps arabe - les défis auxquels fait face l'UNESCO sont immenses.
Vous permettrez d'abord de rappeler l'attachement de la France à la convention sur la protection et promotion de la diversité des expressions culturelles adoptée en 2005. Notre pays plaide aujourd'hui pour le renforcement de ses moyens car les principes que porte ce texte sont essentiels pour enrichir la relation entre culture et développement, pour soutenir la création d'industries culturelles dans les pays en voie de développement, pour faire vivre l'idée qu'un accès facilité à la culture est partout une victoire de l'humanité.
La France attache également une importance toute particulière à la numérisation des contenus culturels qui contribue précisément à leur universalité. Préserver, diffuser et partager, voilà ce que permettent les technologies contemporaines. La France s'est d'ailleurs résolument engagée dans cette voie, avec, dans le cadre des investissements d'avenir, 750 M consacrés au financement de la numérisation des contenus culturels, scientifiques et éducatifs. Le ministère dont j'ai la charge veille d'ailleurs à ce que les jeunes générations soient les premières bénéficiaires de ce bouleversement majeur de notre rapport à la culture.
Si les innovations technologiques sont désormais matures, si le monde entier a pris conscience de leur intérêt, je crois qu'il est à présent souhaitable de formuler les orientations et les principes qui permettront de définir les lignes directrices d'une numérisation cohérente, bénéfique pour l'ensemble de l'humanité. C'est-à-dire aussi une numérisation qui conduise à résorber la fracture entre les Nords et les Suds. Et il me semble que l'UNESCO est précisément l'enceinte dans laquelle ces lignes de forces devraient émerger et la France fera tout son possible pour qu'il en soit ainsi.
Mais s'il est un défi qui doit nous rassembler, car il se confond avec tous les autres, c'est bien celui de l'éducation, de l'éducation de chacun de nos enfants. En effet, nos légitimes ambitions culturelles auraient-elles la même signification sans espoir d'en transmettre la signification et le goût aux jeunes générations ? Je ne le crois pas et, dans les fonctions qui sont les miennes depuis 2009 au sein du gouvernement du Président Nicolas Sarkozy, j'ai acquis la conviction que l'éducation était la meilleure réponse à opposer à tous les obscurantismes, à tous les fanatismes, à toutes les crises, qu'elles soient économiques, sociales ou morales.
Depuis son origine, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'UNESCO n'a cessé d'affirmer et de démontrer que l'éducation est la condition du progrès de l'homme, la clé de diffusion de la culture de paix. Cette constance inspire le respect et fonde la crédibilité de l'institution qui nous rassemble aujourd'hui. Les objectifs d'éducation pour tous, dont l'UNESCO est chef de file, s'inscrivent précisément dans cette tradition et la France s'en réjouit. Pourtant, aujourd'hui, à mesure que se rapproche l'année 2015, nous mesurons le chemin qui reste à parcourir : au rythme actuel, 56 millions d'enfants ne seront pas scolarisés en 2015. Nous mesurons aussi la pluralité, la complexité et l'ampleur des défis à relever sur la voie de l'éducation pour tous.
Aussi, la France invite l'UNESCO à promouvoir les formes innovantes de financement qui sont ô combien nécessaire pour soutenir l'action engagée. Elle invite aussi l'organisation à dessiner dès à présent ce que devraient être, en matière d'éducation comme de culture, les objectifs de développement pour l'après 2015.
Dans ce cadre, notre pays ne peut que se féliciter que l'objectif quantitatif de scolarisation primaire universelle s'enrichisse progressivement d'ambitions qualitatives qui touchent à la nature de l'enseignement dispensé, au niveau de formation de professeurs ou encore à l'inclusion de l'enseignement secondaire et universitaire susceptible de créer des filières de recherche.
La France est d'autant plus soucieuse d'accompagner l'UNESCO dans cette définition des objectifs pour l'après 2015 que nous sommes nous-mêmes engagés dans une rénovation en profondeur de notre enseignement, dont je veux vous faire part.
En effet, en moins de 150 ans, l'école française a connu trois grandes révolutions. Après la première révolution, celle de l'école gratuite et obligatoire menée à la fin du XIXe siècle, notre pays a attendu la seconde moitié du XXe siècle pour engager la révolution de la démocratisation et de la massification avec l'accès de tous nos enfants aux mêmes établissements de l'enseignement secondaire. Aujourd'hui, la troisième révolution qui s'engage, le défi qu'il nous faut relever, c'est celui de la personnalisation. Personnaliser c'est d'abord porter une attention spécifique à chaque élève, lui proposer un parcours adapté à ses talents, à ses besoins, à ses ambitions. Car l'uniformité est l'ennemie de l'excellence. Il nous faut au contraire diversifier les voies de l'excellence pour permettre à chacun de nos élèves d'aller au plus loin de ses capacités, de construire son parcours vers la réussite.
Et pour atteindre cet objectif, il nous faut oser. Face aux habitudes de pensée, il nous faut innover. Face aux conservatismes, il nous faut changer l'école avec les professeurs. Le chemin est difficile, mais la conviction que l'éducation est source d'avenir suffit à renforcer la détermination de chacun des acteurs de cette troisième révolution de l'école. Et cette conviction, je suis certain que beaucoup la partagent ici.
Monsieur le Président,
Madame la Directrice générale,
Mesdames et messieurs,
L'avenir de l'humanité repose sur sa capacité à transmettre, à éduquer, à partager le savoir et la culture. Depuis sa création, l'UNESCO incarne la volonté des Nations de faire de la transmission et du partage un programme politique. Aujourd'hui comme hier, elle peut compter sur la présence et le soutien constant de la France pour mener cette mission à bien.
Je vous remercie.Source http://www.unesco.org, le 9 décembre 2011