Texte intégral
Ce débat, vous avez été nombreux à le dire, est bienvenu, nécessaire, tombe à pic. Bienvenu, parce que le sentiment largement partagé, que la CFDT n'a pas connu beaucoup de répit depuis Lille, renforce à vos yeux la nécessité de lever le nez du guidon, pour prendre un peu de temps et, du coup, un peu de recul utile à l'analyse, au retour sur image.
La rigueur de ce débat, sa richesse, sa sérénité, montre la large adhésion des organisations à la stratégie définie à Lille.
Vous avez enrichi l'analyse proposée par le BN, avec laquelle vous avez très majoritairement dit votre accord. Vous l'avez enrichie de votre expérience locale et régionale.
Vous avez soulevé toute une série de questions, avec plus ou moins d'impertinence, mais toujours avec pertinence. Vous avez posé des jalons.
Vous avez exprimé la volonté de garder le cap. Vous avez dit qu'il n'y a pas d'alternative à nos choix. Même si disant cela, je ne veux en rien gommer la perplexité, l'inquiétude, voire le doute, exprimés avec conviction, autant qu'avec nuance, par certains d'entre vous.
Vous avez dit aussi que la charge est souvent lourde, l'isolement pesant. Mais que l'Organisation, à tous les niveaux, est prête à assumer cette charge, cet isolement non voulu, pour le temps qu'il faudra.
La place de la CFDT sur l'échiquier social lui donne d'énormes responsabilités avez-vous dit, et vous avez lucidement fait le point de nos atouts et de nos limites ; des limites imposées par l'extérieur, des limites venant de nous mêmes. Celles-là, il ne dépend que de nous de les dépasser si nous voulons " gérer au mieux les défis à venir ", si nous voulons porter et faire partager la nécessité d'un nouveau contrat social, fil rouge de notre stratégie et de notre action revendicative.
Plusieurs de vos interventions me permettent de rebondir sur l'analyse des acteurs et sur quelques questions que celle-ci a suscitées.
Pour relever d'abord que la question de l'évolution de la CGT structure dans les faits, comme dans vos interventions, l'analyse du paysage syndical. A la SNCF, mais aussi à la Sécu et dans les cafés, hôtels, restaurants, la démarche contractuelle de la CGT s'affine, s'affirme même, et cela y change la donne du rapport de force.
Mais, globalement, l'idée que les signes de changement, en tout cas dans les comportements et actes concrets, tardent à venir et que même certaines organisations -comme dans les fonctions publiques- s'y refusent, domine.
Peut-on, doit-on aider la CGT ? Aider, est-ce le bon mot ? Nous savons d'expérience que le changement de la CGT sera le résultat de sa propre volonté, des moyens qu'elle se donnera à cet effet, ou ne sera pas. Il n'est de surcroît pas sûr qu'elle attende de nous qu'on lui fasse la courte échelle, pas sûr non plus que çà l'aide !
Mais ce qui est sûr, c'est que là où elle affiche volonté de changement, volonté d'entrer dans le jeu, alors nous ne devons louper aucune occasion pour lui permettre de s'y inscrire avec des chances de succès. Ceci dit, dans tous les cas, c'est elle qui, in fine, détient la clé de ce succès. C'est ainsi que nous avons, dans la négo santé au travail, beaucoup misé sur la signature de la CGT, nous avons fait beaucoup pour lui faciliter la tâche en vain.
A l'évidence, la mise en mouvement et le passage à l'acte, dans l'exercice de la négo, est difficile, et nous ne pouvons qu'en prendre acte. En prendre acte, sans tirer un trait définitif. C'est pourquoi je vous invite à maintenir les relations, à les entretenir, à les approfondir quand c'est possible, officiellement ou plus discrètement. C'est le comportement que nous nous imposons au niveau confédéral.
JL Villeneuve a, fort à propos, nuancé le clivage entre conservateurs et réformateurs. Les deux logiques peuvent cohabiter dans une même organisation et tout n'est heureusement pas statique partout.
La SNCF est, à cet égard, un bon observatoire. Elle démontre comment une certaine dialectique entre des éléments de l'environnement - dont un ministre communiste - et la volonté de l'organisation peuvent produire mouvement et changement. La négociation sur la réduction du temps de travail en a été le signe fort.
Et, si C. DEBONS a raison de dire que les agents de conduite sont pris de poussée catégorielle, qu'ils ont rompu le pacte selon lequel leur position stratégique servait jusqu'alors l'avancée des revendications de tous les cheminots, au nom d'une certaine idée du service public, il n'est pas sûr qu'ils ne se disent pas, eux, que c'est la CGT - avec d'ailleurs la CFDT - qui, en changeant opportunément de stratégie, les ont placés dans une nouvelle donne, et bousculé leur position établie de longue date. Du même coup, l'usage de la surenchère, ou de l'épreuve de force d'hier, au service de tous les cheminots, s'est appliqué à leurs seuls intérêts particuliers.
C'est en ce sens que J. MURGIA a raison de relever que ce sont dans leurs interactions que les acteurs s'influencent, se positionnent et influent sur le contexte.
C'est naturellement la refondation sociale qui a été au centre des questions liées au patronat, et vous n'avez pas manqué de pointer le brouillage que le bras de fer Medef-Gouvernement provoque sur la clarté et la bonne compréhension des objectifs de la refondation. C'est évident.
Evident aussi que la négo " voies et moyens de la négociation collective " constituera un test de la volonté patronale réelle de reconnaître l'interlocuteur syndical et de s'engager vers la généralisation de la représentation et de la négociation collectives.
Sur cet aspect, au moins dans son principe, le Medef, la CGPME et l'UPA -car là les trois comptent - ne peuvent pas se réfugier derrière qui que ce soit.
Je relève toutefois du débat que, si en l'état, une seule fédération (la FGMM) a fait état d'une négo de branche, dans la foulée de la négo assurance chômage, si aucune ne semble engagée dans la déclinaison santé au travail, c'est dans les régions que s'amorce et prend forme un partenariat social. Vous avez été plusieurs à faire état de contacts ou de travaux engagés, de textes en préparation, c'est là un résultat qu'il faut relever et qu'il faudra exploiter et valoriser.
En tout cas, dans la foulée des espaces de négociations ouverts par le réduction du temps de travail, les thèmes de la refondation sont autant de nouvelles opportunités à saisir pour donner corps à de nouvelles et concrètes avancées pour les salariés, y compris pour ceux que Jean-Paul a appelé les " oubliés du contractuel ".
J. GIRAUD a parlé des arrières pensées du Medef pour une économie libérale non régulée. Le Medef favorable à une économie libérale, ça c'est évident, je dirais même que c'est dans l'ordre des choses. La question de sa régulation, elle, c'est justement l'objet de l'exercice contractuel et de la confrontation des intérêts en présence. Ce dont on est sûr, Jacqueline, c'est que l'absence de négociation, en tout cas l'absence d'accords, laisse le champ libre aux règles et au jeu du marché. Et je suis sûre que ceux qui comptent sur la seule régulation étatique, nécessaire mais insuffisante face au marché, sont en la matière les alliés complices des libéraux purs et durs.
Mais, tu n'en es pas là ! Alors, il n'y a pas d'autre choix que d'assumer, sans naïveté bien sûr, quelles que puissent être les limites et les arrières pensées de tel acteur, , la fonction naturelle, qu'est pour un syndicat, la négociation et la production du contrat collectif.
L'employeur Etat n'a pas été épargné. A juste titre.
Et Philippe LEPEU nous a rappelé qu'il n'y avait aucune raison que le conflit des logiques ne s'exprime pas aussi entre l'Etat employeur et ses agents. C'est vrai. Mais, ce qui est préoccupant, c'est l'absence de volonté pour que la confrontation des logiques débouche sur des compromis négociés.
Ce qui est préoccupant, c'est que l'échec de négociations successives renvoie aux calendes grecques, en tout cas rend peu crédible, l'ouverture du chantier évoqué par le ministre de la Fonction Publique en novembre, sur la modernisation de la politique contractuelle dans ces secteurs.
La " refondation sociale " appliquée aux fonctions publiques, définissant son propre programme, les lieux et les règles du jeu de la négociation, la force juridique des accords, sont des questions qui, faute d'être traitées, laissent les agents de l'Etat sans pouvoir réel d'intervention sur leur propres conditions d'emploi, de travail et de salaires.
Et, à ce titre, c'est bien la stratégie syndicale CFDT qui se voit privée de débouchés et de développement.
L'absence d'accord pose, Marie-Claude et Alexis l'ont pointé avec force, la question de l'avenir de l'unité du statut des fonctionnaires. L'éclatement des négociations - quand négo il y a - induit en effet l'éclatement des situations et l'inégalité de traitement, surtout pour ceux qui restent à l'écart des négociations.
Mais, il nous faut aussi, peut-être, analyser les limites actuelles de la négociation globale comme moyen de répondre à des réalités diversifiées entre fonctions publiques et au sein de chaque fonction publique.
Comment, en effet, prendre en compte les demandes fortes d'identités professionnelles, ou encore les conditions concrètes de l'activité professionnelle, dans un système de masse - la grille indiciaire unique - où le seul critère de classification est le niveau de diplôme requis pour le recrutement
On sait que c'est en grande partie une fiction avec l'existence et le développement des primes qui apportent les souplesses nécessaires. Mais, du coup, de façon non transparente et sans que la négociation soit organisée et surtout généralisée à tous les secteurs.
A la sécurité sociale, nous avons connu une situation semblable de blocage. La décentralisation de la négociation RTT a permis d'y remédier, avec de bons résultats comme l'a dit la PSTE.
Le pire serait de laisser les choses se déliter, de ne pas faire l'effort de réflexion nécessaire à un repositionnement de notre stratégie dans les fonctions publiques, permettant de faire du développement maîtrisé de la négo, le réel levier de modernisation sociale.
Le Bureau National a déjà exprimé sa volonté de s'impliquer dans cette réflexion, il nous reste à l'engager.
Parallèlement à cela, vous avez été nombreux à exprimer la demande d'une réflexion, d'un positionnement plus poussé sur le rôle et la responsabilité de l'Etat puissance publique, et Jean-Paul nous a invité à ne pas prêter le flanc à une remise en cause de l'Etat à la mode libérale. Evidemment.
En la matière, nos réflexions s'affinent, le Congrès de Lille a posé les bases, le colloque UCC/UFFA nous a fourni de la matière, il nous faut la mettre en forme, la situer dans une problématique identique à celle que nous avons engagée sur l'assurance maladie ou les retraites.
" Les réformer pour les sauver, pour qu'ils restent fidèles à leur mission ", c'est avec cette logique là que nous en appelons à la modernisation des services publics comme des modes d'organisation et de décisions publiques.
Mais Marie-Pierre a raison de dire qu'il nous faut rendre cette ambition plus explicite et plus lisible.
J'en viens aux restructurations. Vous avez été nombreux à en parler.
Vous l'avez fait en vous interrogeant sur leurs causes, en souhaitant établir le diagnostic le plus juste possible, en recherchant les pistes de l'action efficace.
Loin des réponses toutes faites et de l'air du temps, c'est bien dans ce domaine, comme dans d'autres, ce qui doit fonder notre démarche.
Ce que l'actualité nous rappelle rudement, c'est vrai et à quel prix pour ceux et celles qui sont touchés, c'est que la croissance retrouvée ne signifie pas évidemment la fin des restructurations et des réductions d'effectifs.
Le croire, le faire croire, c'est se comporter en semeur d'illusions.
En revanche, toutes les restructurations ne découlent pas des mêmes causes, moins encore d'une cause unique, qu'il s'agisse de la main invisible de la mondialisation, de la dérégulation européenne ou encore de la recherche systématique de la valorisation boursière.
Nos équipes d'entreprises, élus de CE et de Comités de Groupe savent en général, avec une maîtrise remarquable, analyser ce qui relève des erreurs de stratégie ou de manques d'anticipation des dirigeants ou des actionnaires.
Et il savent dans ce cas pointer et dénoncer les responsabilités, mais ils savent aussi analyser ce qui peut relever de la concurrence ou de l'instabilité, de la demande ou encore d'une réorganisation des modes de production, les causes sont multiples.
Bien les analyser, avec les moyens, si nécessaire, de la contre expertise, c'est le premier élément du rapport de force. Ainsi Claude, on ne peut pas - pour mieux accuser la dérégulation européenne - exonérer les erreurs stratégiques de Swiss Air, dans son incapacité à construire le pôle européen qui était son objectif de départ.
Il faut ensuite bien sûr éviter les impasses dans les actions engagées.
Les licenciements boursiers existent sûrement, mais sûrement pas autant qu'on le dit, et les distinguer des licenciements économiques et industriels reviendrait à expliquer à certains salariés - la grande majorité - que certains sont acceptables, d'autres non.
Or, quand cette décision tombe, elle est toujours insupportable pour ceux qu'elle touche, la question est de savoir, si c'est évitable ou partiellement évitable.
L'autorisation administrative de licencier, elle n'a jamais interdit les licenciements, et le boycott relève de l'action virtuelle quant à ses effets réels, contrairement à une action comme " éthique sur l'étiquette " qui a de vrais effets sur les comportements des consommateurs.
C'est donc bien sur la question de la responsabilité sociale des entreprises dans le reclassement, la formation et la reconversion qu'il faut " mettre le paquet ", en sachant que toutes n'ont pas les mêmes moyens à cet effet, en sachant aussi que les résultats sont contrastés, selon l'âge, selon la nature des postes occupés.
C'est aussi, comme vous l'avez relevé, l'action préventive. On retrouve ici l'enjeu de la formation, la question de la gestion de la mobilité professionnelle, celle de l'intervention en amont sur les stratégies des entreprises et des groupes, dans les instances d'info et de consultation.
C'est l'investissement socialement responsable avec tout ce que cela comporte et que le Bureau National a mis en chantier. C'est l'action visant à réduire le dumping fiscal et social.
Nous ne sommes pas démunis, nous avons à mieux utiliser, à mieux exploiter la masse d'informations et d'expériences que nous avons accumulées, à évaluer les résultats de nos actions. De ce point de vue, être attentifs au sort des femmes dans les actions proposées est une bonne proposition.
Mais, nous devons outiller nos militantes et militants quand la polémique gronde, quand la symbolique médiatico-politique les percute.
Sans attendre, et en plus de ce qui est engagé dans les secteurs concernés, et de ce que Syndicalisme-Hebdo a déjà fait, un modèle de tract grand public sera mis à disposition des organisations, de même qu'un argumentaire sera diffusé par l'Hebdo.
Contrat social
De nombreuses interventions ont portées sur le nouveau contrat social. Des interventions qui confirment qu'il est le fil rouge de notre action. Parce que c'est lui qui donne un sens à nos interventions quotidiennes, un sens collectif à nos actions dans leur diversité, mais ces interventions sont aussi des demandes : demandes d'une plus grande visibilité, d'une meilleure lisibilité, non pas d'un projet que nous aurions à inventer, mais de tout ce que nous avons déjà capitalisé sur ce thème et que nous devrions savoir dire à un large public.
Savoir dire à un large public qu'un nouveau contrat social est nécessaire parce que les nouvelles réalités d'une économie mondialisée nécessitent de nouvelles régulations. Qu'elles nécessitent aussi des institutions internationales renouvelées, plus démocratiques, plus efficaces en capacité d'énoncer le droit.
Parce que les nouvelles réalités du capitalisme et des entreprises nous imposent de trouver les formes appropriées de contrepoids et de contrepouvoir dans un monde où de nouvelles frontières se dessinent entre capital et travail.
Parce que les nouvelles réalités du travail et du salariat, la réalité d'une société pluraliste, pas seulement sur le plan politique ou idéologique, mais dans sa composition sociale, nous impose de produire du sens collectif avec cette diversité, avec cette revendication croissante d'autonomie.
Est-ce à dire que tous ces changements, tous ces rappels de la réalité, tous ces défis à relever, nous laissent sans perspective, nous réduisent à l'impuissance avec, comme seule solution, la résistance ?
Il est vrai que le réformisme se fraye aujourd'hui difficilement sa voie entre résignation à l'impuissance et radicalité sans prise sur le cours des choses.
Notre choix, notre objectif est de construire la cohésion sociale par le choix de la solidarité. Il s'agit de faire prévaloir l'égale dignité des personnes et des groupes. Il s'agit de construire le droit à la reconnaissance sociale de chacun, quelque soit ses aptitudes, le droit à l'autonomie. Il s'agit pour cela de construire de nouvelles solidarités, de nouvelles sécurités, de nouvelles garanties, de rééquilibrer la répartition des richesses entre capital et travail.
Si l'objectif est là ; le moyen de l'atteindre, pour le syndicalisme de transformation sociale, c'est que les individus et les groupes sociaux soient invités à participer aux transformations qui les concernent. Et cela induit une certaine forme de démocratie : celle où les contre pouvoirs trouvent des espaces d'expression et d'intervention où le contrat social à bâtir ne peut résulter du seul lien entre le citoyen et l'Etat, où les règles et les droits sont produits, et par l'Etat, et par les acteurs sociaux reconnus. Des acteurs sociaux pour lesquels la démarche contractuelle est au cur du contrat social. On l'aura compris, c'est de démocratie participative dont il s'agit et l'enjeu est majeur.
Il ne s'agit pas d'un programme pour demain, il ne s'agit pas d'un projet pour la société d'après-demain, mais d'une exigence d'aujourd'hui, de tous les instants. A faire prévaloir, à mettre en uvre avec les interlocuteurs d'aujourd'hui. Sans attendre le patronat de nos rêves ou le gouvernement idéal. C'est pour cela qu'il fallait relever le défi de la refondation sociale sans attendre, même si la refondation sociale n'épuise pas, loin de là, notre conception du contrat social.
Vous nous avez demandé de donner à ce contrat social plus de visibilité, de lisibilité. Nous vous proposons de nous atteler à ce travail, sous le contrôle et la vigilance du Bureau national. Et si le congrès pouvait constituer un moment fort de sa communication, ça aurait de l'allure.
Ceci dit et fait, nous n'aurons pas épuisé le sujet de ce CN. Comment créer les conditions d'un plus grand rapport de force dans la durée ?
Vous l'avez confirmé, la question de savoir comment faire fructifier notre capital revendicatif, comment l'enrichir est posée. C'est un travail de mûrissement et de construction d'une identité revendicative CFDT renouvelée auquel il faut s'atteler.
Vous l'avez dit, les enquêtes TEQ sont un instrument privilégié. Une identité revendicative qui doit coller à la diversité du salariat. Des ouvriers aux cadres comme à des spécificités professionnelles, comme à des situations sociales typées. Le travail engagé sur les saisonniers, les jeunes en emploi jeunes, le rassemblement des TPE- PME à venir avec les mandatés comme cur de cible, mais aussi l'attention portée à la vie au travail au féminin, indique le chemin pour y parvenir.
Une identité revendicative qui se fait l'écho des attentes et des préoccupations qui naissent ou se transforment, se télescopent parfois. Sur la protection sociale, les conditions de travail et de vie, comme le plein emploi, il y a de quoi faire. En fait, notre arsenal revendicatif illustre et décline les termes et les thèmes du contrat social.
Le propos va de soi, la pratique mérite d'être systématisée via des formules et des slogans clairs et percutants. L'exposition d'affiches pour la syndicalisation, dans le hall, montre la voie. C'est dans ce sens que nous travaillerons la proposition de F. CHEREQUE pour mettre à disposition de nos équipes le matériel et l'outillage que l'actualité exige.
Et puisque l'actualité va remettre le niveau du SMIC en débat, je vous propose de profiter de l'occasion pour faire un exercice pratique en lien avec les Fédérations plus particulièrement concernées.
L'analyse et les propositions d'HACUITEX sont bonnes. Face à l'existence d'un SMIC d'ores et déjà à trois vitesses, où sont pénalisés ceux qui sont passés le plus vite à 35 heures, c'est sur la réduction des écarts qu'il faut pousser notre revendication d'ici début juillet. Les services Communication et TEF feront ensemble preuve de créativité et de propositions.
Je m'étendrai peu sur l'enjeu des pratiques participatives à généraliser et à amplifier dans nos fonctionnements internes, tant vous y avez insisté vous mêmes (référendum, RTT). Je relèverai davantage sur le registre de l'amélioration de notre efficacité organisationnelle, vos réflexions en matière d'articulation des interventions professionnelles et territoriales. Un sujet sur lequel la sensibilité, la demande des régions est forte.
Philippe PERRAULT sait combien je crois illusoire une définition théorique des compétences fédérales et régionales car la réalité n'est ni homogène, ni exportable d'un endroit à l'autre. Je crois plus prometteur d'avancer de manière pragmatique, dans des relations de partenariat formalisées ou non dans des contrats explicites ou implicites.
Ce qui est sûr, c'est que notre identité revendicative intègre la dimension territoriale qui constitue elle-même un cadre à l'action des syndicats et sections d'entreprise. Il nous faut sur ces sujets progresser dans notre compréhension des réalités et des pratiques.
Nous pourrions confier à R. CAYZELLE, dans le cadre d'une mission qui lui a déjà été confiée sur l'évolution de nos modes de d'organisation interprofessionnelle, de procéder à une mise à plat et à une évaluation des pratiques d'articulation entre les logiques et actions professionnelles et territoriales, des terrains sur lesquels elles se réalisent, ceux sur lesquels elle fait à l'évidence défaut. Le BN se saisira, bien sûr, des conclusions et ne manquera pas d'en tirer les enseignements utiles.
Enfin, je ne voudrais pas éluder l'impact de brouillage que pourrait avoir sur l'image de la CFDT les effets répétés de mise en accusation qu'elle subit où des déformations dont elle est l'objet ; il faut être attentif à cela et le cas échéant, en corriger les effets négatifs.
Nous aurons d'ailleurs, dans le cadre de la préparation de la campagne prud'hommes à apprécier au plus près, l'image réelle de l'organisation pour bâtir et ajuster nos interventions. Ce qui est préoccupant, c'est moins qu'existent des formes de radicalisme et de populisme amplifiés par les médias, que l'espace qui leur est laissé libre. Libre à cause du vide politique qu'on constate lorsqu'il s'agit de porter des politiques de réformes assumées.
Les gouvernement, et le PS, n'ont cessé de faire des concessions -faut-il dire doctrinales ?- à ce qui subsiste de l'orthodoxie de gauche et justifié les mesures prises par "réalisme", ce qui ne pouvait apparaître que comme autant de renoncements et sans que soit, en quoi que ce soit, conforté un pôle réformiste. Politiquement comme idéologiquement, rien n'a été construit ni capitalisé. Le parti de la réforme est inexistant en tant que courant politique.
Dans ces conditions, la CFDT porte la charge, avec quelques uns, d'oser affirmer des choix réformistes en conformité avec ses actes. Il y a carence de débats politiques de fond, ce qui renvoie d'autant plus sur nous-mêmes l'exigence de grande visibilité sur le sens et le bien fondé de nos prises de positions. Ainsi donc, nous avons bien des raisons de consolider et d'amplifier par tous les moyens les rapports de force en faveur des orientations que nous portons.
Mais la détermination et l'enthousiasme que vous semblez d'ores et déjà afficher pour mener une campagne Prud'hommes dynamique et audacieuse, pour faire gagner la CFDT, sont des signes qui ne trompent pas. Nul doute que ce débat nous a placé sur la ligne de départ, nul doute que nous avons de l'énergie en réserve et que nous la mobiliserons à bon escient, que nous saurons tirer profit de ce débat.
En conclusion, 15 congrès d'organisations au programme cette année, plus 2 congrès statutaires. Trois sont derrière nous, les autres à venir. Bravo à vous qui avez tenu ces congrès avec succès. Nous souhaitons aux autres de s'inscrire dans leur sillage. Que ces congrès constituent pour chaque organisation un nouveau temps fort, l'occasion d'un bond en avant dans leur développement et leur structuration.
Et, très logiquement, très sainement, certains d'entre eux sont l'occasion d'un renouvellement large des exécutifs, du départ de certains secrétaires généraux, vers des cieux qui, nous le leur souhaitons, seront non pas meilleurs, - ce n'est pas possible n'est-ce pas ? - mais aussi beaux, bien que différents.
Ce renouvellement, c'est le signe de la vitalité, de la santé de la CFDT, et nous nous en réjouissons, mais, c'est aussi aujourd'hui l'occasion de dire à ceux qui partent, brièvement parce que l'émotion nous gagnerait vite, mais fortement, combien l'organisation sait ce qu'elle leur doit, après que certains nous aient dit hier ce qu'ils lui devaient.
Ainsi, après Marie-Odile, nous le disons aujourd'hui à Marie-Pierre, à Jean, à Roger.
A Marie-Pierre, dont la rigueur, la pugnacité, la lucidité a marqué nos assemblées autant que sa Fédération. Vous vous êtes sûrement, un jour ou l'autre, accroché avec elle, mais vous savez aussi, après toutes ces années, ce que cette rugosité masque de sensibilité et de timidité intense.
A Jean, dont Michel a dit hier le travail accompli ces dernières années, mais dont la fougue et la passion communicatives nous bousculent depuis bien plus longtemps.
A Roger, que les confédéraux lorrains continueront à surveiller du coin de l'il -qu'il ne se fasse aucune illusion-. Mon Dieu, il n'a pas si mal géré la maison au total. Son humour, qui savait masquer avec finesse sa détermination et faire passer quelques vérités bien senties, nous manquera.
A vous trois, chers amis, bon vent pour de nouvelles aventures.
(source http://www.cfdt.fr, le 11 mai 2001)
La rigueur de ce débat, sa richesse, sa sérénité, montre la large adhésion des organisations à la stratégie définie à Lille.
Vous avez enrichi l'analyse proposée par le BN, avec laquelle vous avez très majoritairement dit votre accord. Vous l'avez enrichie de votre expérience locale et régionale.
Vous avez soulevé toute une série de questions, avec plus ou moins d'impertinence, mais toujours avec pertinence. Vous avez posé des jalons.
Vous avez exprimé la volonté de garder le cap. Vous avez dit qu'il n'y a pas d'alternative à nos choix. Même si disant cela, je ne veux en rien gommer la perplexité, l'inquiétude, voire le doute, exprimés avec conviction, autant qu'avec nuance, par certains d'entre vous.
Vous avez dit aussi que la charge est souvent lourde, l'isolement pesant. Mais que l'Organisation, à tous les niveaux, est prête à assumer cette charge, cet isolement non voulu, pour le temps qu'il faudra.
La place de la CFDT sur l'échiquier social lui donne d'énormes responsabilités avez-vous dit, et vous avez lucidement fait le point de nos atouts et de nos limites ; des limites imposées par l'extérieur, des limites venant de nous mêmes. Celles-là, il ne dépend que de nous de les dépasser si nous voulons " gérer au mieux les défis à venir ", si nous voulons porter et faire partager la nécessité d'un nouveau contrat social, fil rouge de notre stratégie et de notre action revendicative.
Plusieurs de vos interventions me permettent de rebondir sur l'analyse des acteurs et sur quelques questions que celle-ci a suscitées.
Pour relever d'abord que la question de l'évolution de la CGT structure dans les faits, comme dans vos interventions, l'analyse du paysage syndical. A la SNCF, mais aussi à la Sécu et dans les cafés, hôtels, restaurants, la démarche contractuelle de la CGT s'affine, s'affirme même, et cela y change la donne du rapport de force.
Mais, globalement, l'idée que les signes de changement, en tout cas dans les comportements et actes concrets, tardent à venir et que même certaines organisations -comme dans les fonctions publiques- s'y refusent, domine.
Peut-on, doit-on aider la CGT ? Aider, est-ce le bon mot ? Nous savons d'expérience que le changement de la CGT sera le résultat de sa propre volonté, des moyens qu'elle se donnera à cet effet, ou ne sera pas. Il n'est de surcroît pas sûr qu'elle attende de nous qu'on lui fasse la courte échelle, pas sûr non plus que çà l'aide !
Mais ce qui est sûr, c'est que là où elle affiche volonté de changement, volonté d'entrer dans le jeu, alors nous ne devons louper aucune occasion pour lui permettre de s'y inscrire avec des chances de succès. Ceci dit, dans tous les cas, c'est elle qui, in fine, détient la clé de ce succès. C'est ainsi que nous avons, dans la négo santé au travail, beaucoup misé sur la signature de la CGT, nous avons fait beaucoup pour lui faciliter la tâche en vain.
A l'évidence, la mise en mouvement et le passage à l'acte, dans l'exercice de la négo, est difficile, et nous ne pouvons qu'en prendre acte. En prendre acte, sans tirer un trait définitif. C'est pourquoi je vous invite à maintenir les relations, à les entretenir, à les approfondir quand c'est possible, officiellement ou plus discrètement. C'est le comportement que nous nous imposons au niveau confédéral.
JL Villeneuve a, fort à propos, nuancé le clivage entre conservateurs et réformateurs. Les deux logiques peuvent cohabiter dans une même organisation et tout n'est heureusement pas statique partout.
La SNCF est, à cet égard, un bon observatoire. Elle démontre comment une certaine dialectique entre des éléments de l'environnement - dont un ministre communiste - et la volonté de l'organisation peuvent produire mouvement et changement. La négociation sur la réduction du temps de travail en a été le signe fort.
Et, si C. DEBONS a raison de dire que les agents de conduite sont pris de poussée catégorielle, qu'ils ont rompu le pacte selon lequel leur position stratégique servait jusqu'alors l'avancée des revendications de tous les cheminots, au nom d'une certaine idée du service public, il n'est pas sûr qu'ils ne se disent pas, eux, que c'est la CGT - avec d'ailleurs la CFDT - qui, en changeant opportunément de stratégie, les ont placés dans une nouvelle donne, et bousculé leur position établie de longue date. Du même coup, l'usage de la surenchère, ou de l'épreuve de force d'hier, au service de tous les cheminots, s'est appliqué à leurs seuls intérêts particuliers.
C'est en ce sens que J. MURGIA a raison de relever que ce sont dans leurs interactions que les acteurs s'influencent, se positionnent et influent sur le contexte.
C'est naturellement la refondation sociale qui a été au centre des questions liées au patronat, et vous n'avez pas manqué de pointer le brouillage que le bras de fer Medef-Gouvernement provoque sur la clarté et la bonne compréhension des objectifs de la refondation. C'est évident.
Evident aussi que la négo " voies et moyens de la négociation collective " constituera un test de la volonté patronale réelle de reconnaître l'interlocuteur syndical et de s'engager vers la généralisation de la représentation et de la négociation collectives.
Sur cet aspect, au moins dans son principe, le Medef, la CGPME et l'UPA -car là les trois comptent - ne peuvent pas se réfugier derrière qui que ce soit.
Je relève toutefois du débat que, si en l'état, une seule fédération (la FGMM) a fait état d'une négo de branche, dans la foulée de la négo assurance chômage, si aucune ne semble engagée dans la déclinaison santé au travail, c'est dans les régions que s'amorce et prend forme un partenariat social. Vous avez été plusieurs à faire état de contacts ou de travaux engagés, de textes en préparation, c'est là un résultat qu'il faut relever et qu'il faudra exploiter et valoriser.
En tout cas, dans la foulée des espaces de négociations ouverts par le réduction du temps de travail, les thèmes de la refondation sont autant de nouvelles opportunités à saisir pour donner corps à de nouvelles et concrètes avancées pour les salariés, y compris pour ceux que Jean-Paul a appelé les " oubliés du contractuel ".
J. GIRAUD a parlé des arrières pensées du Medef pour une économie libérale non régulée. Le Medef favorable à une économie libérale, ça c'est évident, je dirais même que c'est dans l'ordre des choses. La question de sa régulation, elle, c'est justement l'objet de l'exercice contractuel et de la confrontation des intérêts en présence. Ce dont on est sûr, Jacqueline, c'est que l'absence de négociation, en tout cas l'absence d'accords, laisse le champ libre aux règles et au jeu du marché. Et je suis sûre que ceux qui comptent sur la seule régulation étatique, nécessaire mais insuffisante face au marché, sont en la matière les alliés complices des libéraux purs et durs.
Mais, tu n'en es pas là ! Alors, il n'y a pas d'autre choix que d'assumer, sans naïveté bien sûr, quelles que puissent être les limites et les arrières pensées de tel acteur, , la fonction naturelle, qu'est pour un syndicat, la négociation et la production du contrat collectif.
L'employeur Etat n'a pas été épargné. A juste titre.
Et Philippe LEPEU nous a rappelé qu'il n'y avait aucune raison que le conflit des logiques ne s'exprime pas aussi entre l'Etat employeur et ses agents. C'est vrai. Mais, ce qui est préoccupant, c'est l'absence de volonté pour que la confrontation des logiques débouche sur des compromis négociés.
Ce qui est préoccupant, c'est que l'échec de négociations successives renvoie aux calendes grecques, en tout cas rend peu crédible, l'ouverture du chantier évoqué par le ministre de la Fonction Publique en novembre, sur la modernisation de la politique contractuelle dans ces secteurs.
La " refondation sociale " appliquée aux fonctions publiques, définissant son propre programme, les lieux et les règles du jeu de la négociation, la force juridique des accords, sont des questions qui, faute d'être traitées, laissent les agents de l'Etat sans pouvoir réel d'intervention sur leur propres conditions d'emploi, de travail et de salaires.
Et, à ce titre, c'est bien la stratégie syndicale CFDT qui se voit privée de débouchés et de développement.
L'absence d'accord pose, Marie-Claude et Alexis l'ont pointé avec force, la question de l'avenir de l'unité du statut des fonctionnaires. L'éclatement des négociations - quand négo il y a - induit en effet l'éclatement des situations et l'inégalité de traitement, surtout pour ceux qui restent à l'écart des négociations.
Mais, il nous faut aussi, peut-être, analyser les limites actuelles de la négociation globale comme moyen de répondre à des réalités diversifiées entre fonctions publiques et au sein de chaque fonction publique.
Comment, en effet, prendre en compte les demandes fortes d'identités professionnelles, ou encore les conditions concrètes de l'activité professionnelle, dans un système de masse - la grille indiciaire unique - où le seul critère de classification est le niveau de diplôme requis pour le recrutement
On sait que c'est en grande partie une fiction avec l'existence et le développement des primes qui apportent les souplesses nécessaires. Mais, du coup, de façon non transparente et sans que la négociation soit organisée et surtout généralisée à tous les secteurs.
A la sécurité sociale, nous avons connu une situation semblable de blocage. La décentralisation de la négociation RTT a permis d'y remédier, avec de bons résultats comme l'a dit la PSTE.
Le pire serait de laisser les choses se déliter, de ne pas faire l'effort de réflexion nécessaire à un repositionnement de notre stratégie dans les fonctions publiques, permettant de faire du développement maîtrisé de la négo, le réel levier de modernisation sociale.
Le Bureau National a déjà exprimé sa volonté de s'impliquer dans cette réflexion, il nous reste à l'engager.
Parallèlement à cela, vous avez été nombreux à exprimer la demande d'une réflexion, d'un positionnement plus poussé sur le rôle et la responsabilité de l'Etat puissance publique, et Jean-Paul nous a invité à ne pas prêter le flanc à une remise en cause de l'Etat à la mode libérale. Evidemment.
En la matière, nos réflexions s'affinent, le Congrès de Lille a posé les bases, le colloque UCC/UFFA nous a fourni de la matière, il nous faut la mettre en forme, la situer dans une problématique identique à celle que nous avons engagée sur l'assurance maladie ou les retraites.
" Les réformer pour les sauver, pour qu'ils restent fidèles à leur mission ", c'est avec cette logique là que nous en appelons à la modernisation des services publics comme des modes d'organisation et de décisions publiques.
Mais Marie-Pierre a raison de dire qu'il nous faut rendre cette ambition plus explicite et plus lisible.
J'en viens aux restructurations. Vous avez été nombreux à en parler.
Vous l'avez fait en vous interrogeant sur leurs causes, en souhaitant établir le diagnostic le plus juste possible, en recherchant les pistes de l'action efficace.
Loin des réponses toutes faites et de l'air du temps, c'est bien dans ce domaine, comme dans d'autres, ce qui doit fonder notre démarche.
Ce que l'actualité nous rappelle rudement, c'est vrai et à quel prix pour ceux et celles qui sont touchés, c'est que la croissance retrouvée ne signifie pas évidemment la fin des restructurations et des réductions d'effectifs.
Le croire, le faire croire, c'est se comporter en semeur d'illusions.
En revanche, toutes les restructurations ne découlent pas des mêmes causes, moins encore d'une cause unique, qu'il s'agisse de la main invisible de la mondialisation, de la dérégulation européenne ou encore de la recherche systématique de la valorisation boursière.
Nos équipes d'entreprises, élus de CE et de Comités de Groupe savent en général, avec une maîtrise remarquable, analyser ce qui relève des erreurs de stratégie ou de manques d'anticipation des dirigeants ou des actionnaires.
Et il savent dans ce cas pointer et dénoncer les responsabilités, mais ils savent aussi analyser ce qui peut relever de la concurrence ou de l'instabilité, de la demande ou encore d'une réorganisation des modes de production, les causes sont multiples.
Bien les analyser, avec les moyens, si nécessaire, de la contre expertise, c'est le premier élément du rapport de force. Ainsi Claude, on ne peut pas - pour mieux accuser la dérégulation européenne - exonérer les erreurs stratégiques de Swiss Air, dans son incapacité à construire le pôle européen qui était son objectif de départ.
Il faut ensuite bien sûr éviter les impasses dans les actions engagées.
Les licenciements boursiers existent sûrement, mais sûrement pas autant qu'on le dit, et les distinguer des licenciements économiques et industriels reviendrait à expliquer à certains salariés - la grande majorité - que certains sont acceptables, d'autres non.
Or, quand cette décision tombe, elle est toujours insupportable pour ceux qu'elle touche, la question est de savoir, si c'est évitable ou partiellement évitable.
L'autorisation administrative de licencier, elle n'a jamais interdit les licenciements, et le boycott relève de l'action virtuelle quant à ses effets réels, contrairement à une action comme " éthique sur l'étiquette " qui a de vrais effets sur les comportements des consommateurs.
C'est donc bien sur la question de la responsabilité sociale des entreprises dans le reclassement, la formation et la reconversion qu'il faut " mettre le paquet ", en sachant que toutes n'ont pas les mêmes moyens à cet effet, en sachant aussi que les résultats sont contrastés, selon l'âge, selon la nature des postes occupés.
C'est aussi, comme vous l'avez relevé, l'action préventive. On retrouve ici l'enjeu de la formation, la question de la gestion de la mobilité professionnelle, celle de l'intervention en amont sur les stratégies des entreprises et des groupes, dans les instances d'info et de consultation.
C'est l'investissement socialement responsable avec tout ce que cela comporte et que le Bureau National a mis en chantier. C'est l'action visant à réduire le dumping fiscal et social.
Nous ne sommes pas démunis, nous avons à mieux utiliser, à mieux exploiter la masse d'informations et d'expériences que nous avons accumulées, à évaluer les résultats de nos actions. De ce point de vue, être attentifs au sort des femmes dans les actions proposées est une bonne proposition.
Mais, nous devons outiller nos militantes et militants quand la polémique gronde, quand la symbolique médiatico-politique les percute.
Sans attendre, et en plus de ce qui est engagé dans les secteurs concernés, et de ce que Syndicalisme-Hebdo a déjà fait, un modèle de tract grand public sera mis à disposition des organisations, de même qu'un argumentaire sera diffusé par l'Hebdo.
Contrat social
De nombreuses interventions ont portées sur le nouveau contrat social. Des interventions qui confirment qu'il est le fil rouge de notre action. Parce que c'est lui qui donne un sens à nos interventions quotidiennes, un sens collectif à nos actions dans leur diversité, mais ces interventions sont aussi des demandes : demandes d'une plus grande visibilité, d'une meilleure lisibilité, non pas d'un projet que nous aurions à inventer, mais de tout ce que nous avons déjà capitalisé sur ce thème et que nous devrions savoir dire à un large public.
Savoir dire à un large public qu'un nouveau contrat social est nécessaire parce que les nouvelles réalités d'une économie mondialisée nécessitent de nouvelles régulations. Qu'elles nécessitent aussi des institutions internationales renouvelées, plus démocratiques, plus efficaces en capacité d'énoncer le droit.
Parce que les nouvelles réalités du capitalisme et des entreprises nous imposent de trouver les formes appropriées de contrepoids et de contrepouvoir dans un monde où de nouvelles frontières se dessinent entre capital et travail.
Parce que les nouvelles réalités du travail et du salariat, la réalité d'une société pluraliste, pas seulement sur le plan politique ou idéologique, mais dans sa composition sociale, nous impose de produire du sens collectif avec cette diversité, avec cette revendication croissante d'autonomie.
Est-ce à dire que tous ces changements, tous ces rappels de la réalité, tous ces défis à relever, nous laissent sans perspective, nous réduisent à l'impuissance avec, comme seule solution, la résistance ?
Il est vrai que le réformisme se fraye aujourd'hui difficilement sa voie entre résignation à l'impuissance et radicalité sans prise sur le cours des choses.
Notre choix, notre objectif est de construire la cohésion sociale par le choix de la solidarité. Il s'agit de faire prévaloir l'égale dignité des personnes et des groupes. Il s'agit de construire le droit à la reconnaissance sociale de chacun, quelque soit ses aptitudes, le droit à l'autonomie. Il s'agit pour cela de construire de nouvelles solidarités, de nouvelles sécurités, de nouvelles garanties, de rééquilibrer la répartition des richesses entre capital et travail.
Si l'objectif est là ; le moyen de l'atteindre, pour le syndicalisme de transformation sociale, c'est que les individus et les groupes sociaux soient invités à participer aux transformations qui les concernent. Et cela induit une certaine forme de démocratie : celle où les contre pouvoirs trouvent des espaces d'expression et d'intervention où le contrat social à bâtir ne peut résulter du seul lien entre le citoyen et l'Etat, où les règles et les droits sont produits, et par l'Etat, et par les acteurs sociaux reconnus. Des acteurs sociaux pour lesquels la démarche contractuelle est au cur du contrat social. On l'aura compris, c'est de démocratie participative dont il s'agit et l'enjeu est majeur.
Il ne s'agit pas d'un programme pour demain, il ne s'agit pas d'un projet pour la société d'après-demain, mais d'une exigence d'aujourd'hui, de tous les instants. A faire prévaloir, à mettre en uvre avec les interlocuteurs d'aujourd'hui. Sans attendre le patronat de nos rêves ou le gouvernement idéal. C'est pour cela qu'il fallait relever le défi de la refondation sociale sans attendre, même si la refondation sociale n'épuise pas, loin de là, notre conception du contrat social.
Vous nous avez demandé de donner à ce contrat social plus de visibilité, de lisibilité. Nous vous proposons de nous atteler à ce travail, sous le contrôle et la vigilance du Bureau national. Et si le congrès pouvait constituer un moment fort de sa communication, ça aurait de l'allure.
Ceci dit et fait, nous n'aurons pas épuisé le sujet de ce CN. Comment créer les conditions d'un plus grand rapport de force dans la durée ?
Vous l'avez confirmé, la question de savoir comment faire fructifier notre capital revendicatif, comment l'enrichir est posée. C'est un travail de mûrissement et de construction d'une identité revendicative CFDT renouvelée auquel il faut s'atteler.
Vous l'avez dit, les enquêtes TEQ sont un instrument privilégié. Une identité revendicative qui doit coller à la diversité du salariat. Des ouvriers aux cadres comme à des spécificités professionnelles, comme à des situations sociales typées. Le travail engagé sur les saisonniers, les jeunes en emploi jeunes, le rassemblement des TPE- PME à venir avec les mandatés comme cur de cible, mais aussi l'attention portée à la vie au travail au féminin, indique le chemin pour y parvenir.
Une identité revendicative qui se fait l'écho des attentes et des préoccupations qui naissent ou se transforment, se télescopent parfois. Sur la protection sociale, les conditions de travail et de vie, comme le plein emploi, il y a de quoi faire. En fait, notre arsenal revendicatif illustre et décline les termes et les thèmes du contrat social.
Le propos va de soi, la pratique mérite d'être systématisée via des formules et des slogans clairs et percutants. L'exposition d'affiches pour la syndicalisation, dans le hall, montre la voie. C'est dans ce sens que nous travaillerons la proposition de F. CHEREQUE pour mettre à disposition de nos équipes le matériel et l'outillage que l'actualité exige.
Et puisque l'actualité va remettre le niveau du SMIC en débat, je vous propose de profiter de l'occasion pour faire un exercice pratique en lien avec les Fédérations plus particulièrement concernées.
L'analyse et les propositions d'HACUITEX sont bonnes. Face à l'existence d'un SMIC d'ores et déjà à trois vitesses, où sont pénalisés ceux qui sont passés le plus vite à 35 heures, c'est sur la réduction des écarts qu'il faut pousser notre revendication d'ici début juillet. Les services Communication et TEF feront ensemble preuve de créativité et de propositions.
Je m'étendrai peu sur l'enjeu des pratiques participatives à généraliser et à amplifier dans nos fonctionnements internes, tant vous y avez insisté vous mêmes (référendum, RTT). Je relèverai davantage sur le registre de l'amélioration de notre efficacité organisationnelle, vos réflexions en matière d'articulation des interventions professionnelles et territoriales. Un sujet sur lequel la sensibilité, la demande des régions est forte.
Philippe PERRAULT sait combien je crois illusoire une définition théorique des compétences fédérales et régionales car la réalité n'est ni homogène, ni exportable d'un endroit à l'autre. Je crois plus prometteur d'avancer de manière pragmatique, dans des relations de partenariat formalisées ou non dans des contrats explicites ou implicites.
Ce qui est sûr, c'est que notre identité revendicative intègre la dimension territoriale qui constitue elle-même un cadre à l'action des syndicats et sections d'entreprise. Il nous faut sur ces sujets progresser dans notre compréhension des réalités et des pratiques.
Nous pourrions confier à R. CAYZELLE, dans le cadre d'une mission qui lui a déjà été confiée sur l'évolution de nos modes de d'organisation interprofessionnelle, de procéder à une mise à plat et à une évaluation des pratiques d'articulation entre les logiques et actions professionnelles et territoriales, des terrains sur lesquels elles se réalisent, ceux sur lesquels elle fait à l'évidence défaut. Le BN se saisira, bien sûr, des conclusions et ne manquera pas d'en tirer les enseignements utiles.
Enfin, je ne voudrais pas éluder l'impact de brouillage que pourrait avoir sur l'image de la CFDT les effets répétés de mise en accusation qu'elle subit où des déformations dont elle est l'objet ; il faut être attentif à cela et le cas échéant, en corriger les effets négatifs.
Nous aurons d'ailleurs, dans le cadre de la préparation de la campagne prud'hommes à apprécier au plus près, l'image réelle de l'organisation pour bâtir et ajuster nos interventions. Ce qui est préoccupant, c'est moins qu'existent des formes de radicalisme et de populisme amplifiés par les médias, que l'espace qui leur est laissé libre. Libre à cause du vide politique qu'on constate lorsqu'il s'agit de porter des politiques de réformes assumées.
Les gouvernement, et le PS, n'ont cessé de faire des concessions -faut-il dire doctrinales ?- à ce qui subsiste de l'orthodoxie de gauche et justifié les mesures prises par "réalisme", ce qui ne pouvait apparaître que comme autant de renoncements et sans que soit, en quoi que ce soit, conforté un pôle réformiste. Politiquement comme idéologiquement, rien n'a été construit ni capitalisé. Le parti de la réforme est inexistant en tant que courant politique.
Dans ces conditions, la CFDT porte la charge, avec quelques uns, d'oser affirmer des choix réformistes en conformité avec ses actes. Il y a carence de débats politiques de fond, ce qui renvoie d'autant plus sur nous-mêmes l'exigence de grande visibilité sur le sens et le bien fondé de nos prises de positions. Ainsi donc, nous avons bien des raisons de consolider et d'amplifier par tous les moyens les rapports de force en faveur des orientations que nous portons.
Mais la détermination et l'enthousiasme que vous semblez d'ores et déjà afficher pour mener une campagne Prud'hommes dynamique et audacieuse, pour faire gagner la CFDT, sont des signes qui ne trompent pas. Nul doute que ce débat nous a placé sur la ligne de départ, nul doute que nous avons de l'énergie en réserve et que nous la mobiliserons à bon escient, que nous saurons tirer profit de ce débat.
En conclusion, 15 congrès d'organisations au programme cette année, plus 2 congrès statutaires. Trois sont derrière nous, les autres à venir. Bravo à vous qui avez tenu ces congrès avec succès. Nous souhaitons aux autres de s'inscrire dans leur sillage. Que ces congrès constituent pour chaque organisation un nouveau temps fort, l'occasion d'un bond en avant dans leur développement et leur structuration.
Et, très logiquement, très sainement, certains d'entre eux sont l'occasion d'un renouvellement large des exécutifs, du départ de certains secrétaires généraux, vers des cieux qui, nous le leur souhaitons, seront non pas meilleurs, - ce n'est pas possible n'est-ce pas ? - mais aussi beaux, bien que différents.
Ce renouvellement, c'est le signe de la vitalité, de la santé de la CFDT, et nous nous en réjouissons, mais, c'est aussi aujourd'hui l'occasion de dire à ceux qui partent, brièvement parce que l'émotion nous gagnerait vite, mais fortement, combien l'organisation sait ce qu'elle leur doit, après que certains nous aient dit hier ce qu'ils lui devaient.
Ainsi, après Marie-Odile, nous le disons aujourd'hui à Marie-Pierre, à Jean, à Roger.
A Marie-Pierre, dont la rigueur, la pugnacité, la lucidité a marqué nos assemblées autant que sa Fédération. Vous vous êtes sûrement, un jour ou l'autre, accroché avec elle, mais vous savez aussi, après toutes ces années, ce que cette rugosité masque de sensibilité et de timidité intense.
A Jean, dont Michel a dit hier le travail accompli ces dernières années, mais dont la fougue et la passion communicatives nous bousculent depuis bien plus longtemps.
A Roger, que les confédéraux lorrains continueront à surveiller du coin de l'il -qu'il ne se fasse aucune illusion-. Mon Dieu, il n'a pas si mal géré la maison au total. Son humour, qui savait masquer avec finesse sa détermination et faire passer quelques vérités bien senties, nous manquera.
A vous trois, chers amis, bon vent pour de nouvelles aventures.
(source http://www.cfdt.fr, le 11 mai 2001)