Texte intégral
Permettez-moi dabord de vous dire combien je suis heureuse dêtre ici, avec vous, pour le 20ème anniversaire de laccord de branche relatif à lobligation demploi des travailleurs handicapés.
Cest en effet il y a 20 ans, en 1991 que la Fédération des Etablissements Hospitaliers et dAide à la Personne Privés Non Lucratifs (FEHAP) a négocié avec les partenaires sociaux du secteur (Fédérations CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO) le premier accord de branche. Depuis, cet accord a été rejoint par la Croix-Rouge française et le Syndicat des employeurs associatifs action sociale et santé (Syneas).
Nous en sommes aujourdhui au 5ème renouvellement de laccord de branche, pour la période 2011-2015. Le champ sanitaire, social et médico-social sans but lucratif marque ainsi la continuité de son action en faveur de lemploi des personnes handicapées.
Cette action, elle est denvergure, puisque ce sont près de 10 000 établissements et services, représentant 440 000 salariés, qui sont concernés.
Cette action, elle porte déjà ses fruits, puisque vous affichez un taux demploi des travailleurs handicapés à 4,85%, bien au-delà de la moyenne du secteur privé qui est à 2,6%.
Cette action, elle est emblématique du partenariat social entre des employeurs et des organisations syndicales dun secteur dont le caractère non lucratif résume parfaitement lesprit.
Cette action, elle est ambitieuse pour lavenir. Ce 5ème renouvellement marque sans conteste une nouvelle étape de lengagement de votre secteur.
Sous le regard aiguisé du Comité paritaire de laccord, Chère Janine Cayet, les signataires sengagent en effet à intensifier leurs efforts pour atteindre les 6% de travailleurs handicapés fin 2015. Pour bien mesurer lampleur de cet objectif, je souligne que cela passe par lembauche de 1300 travailleurs handicapés supplémentaires.
Au-delà même de ces chiffres, votre accord met laccent de manière très pertinente sur la formation et la professionnalisation des travailleurs handicapés. Il sintéresse tout particulièrement à lapprentissage et à laccès à la formation des demandeurs demploi. Cest là, sans nul doute, une clef de linsertion et de la mobilité professionnelles des personnes handicapées. Cest dailleurs plus largement, comme ma collègue Nadine Morano le répète souvent, un vecteur essentiel de lamélioration de la situation de lemploi et de la compétitivité dans notre pays. Je ne métonne pas quun acteur économique de premier plan, comme votre secteur, se soit saisi de cette problématique.
Enfin, vous navez pas oublié les thèmes de la prévention du handicap et du maintien dans lemploi des personnes devenues handicapées, qui mapparaissent absolument incontournables puisque lâge dentrée dans le handicap est souvent tardif. Je vous le dis comme je le pense : la prévention et la lutte contre la désinsertion professionnelle, ce sont des théâtres majeurs de la bataille que nous menons, tous ensemble, pour lemploi des personnes handicapées. Formation professionnelle, lutte contre la désinsertion professionnelle, voilà dailleurs deux des objectifs des mesures présentées à loccasion de la Conférence nationale du handicap du 8 juin dernier.
La prévention dabord, car elle peut permettre déviter le glissement dans la situation de handicap. Cest dire combien votre Table ronde sur « la prévention des Risques Psychosociaux (RPS) » me semble pertinente. Par ce biais, vous touchez aux questions si importantes du handicap psychique et de la santé mentale. Vous savez combien, depuis la loi du 11 février 2005 que jeus lhonneur de porter, ce sujet mimporte. Je pilote dailleurs actuellement, avec Xavier Bertrand et Nora Berra, lélaboration du plan de santé mentale qui sortira à la fin de lannée.
La lutte contre la désinsertion professionnelle ensuite, à laquelle vous avez consacré une Table ronde ce matin, car en privilégiant laménagement du poste de travail ou la reconversion fonctionnelle, elle naccepte pas le fatalisme conjuguant handicap et non emploi.
Ce fatalisme, vous le savez, jen suis totalement exempte.
Ce fatalisme, cest tout ce contre quoi la loi du 11 février 2005 se dressait.
Ce fatalisme, cest ce que nous avons réussi, avec cette loi, à combattre.
Les résultats sont là : 787 000 personnes handicapées en emploi ; 49% des entreprises dépassant le taux de 6% ; diminution de 93%, entre 2008 et 2011, des entreprises à quota zéro (employant, ni directement ni par la voie de la sous-traitance, aucun travailleur handicapé).
Les outils de la loi de 2005, notamment laugmentation des sanctions financières, ont donc produit leurs effets. Croyez bien que son auteur sen réjouisse !
Cependant, je sais que la coercition ne peut pas tout. Il nous faut aujourdhui nous attaquer au plus dur : le manque de qualification des travailleurs handicapés, encore trop important, dun côté, les représentations et les stéréotypes de lautre. Parmi ceux-ci, lun des plus tenaces est la perception du handicap comme forcément lourd, ce qui nest bien heureusement pas toujours le cas, et comme intrinsèquement invalidant pour le travail, ce qui est encore moins le cas.
Cest là que nous devons faire porter notre effort principal car cest la clef de la participation sociale pour tous nos compatriotes handicapés, mais aussi parce que notre société française ne peut plus se passer de la force de travail et de linventivité de citoyens qui ne désirent pourtant quune chose : travailler ! Que ce soit dans le milieu ordinaire, dans les entreprises adaptées ou en ESAT, peu importe, mais travailler, voilà leur ambition !
Cette ambition, cest la nôtre, cest celle dune France qui affronte la crise, se modernise, se renforce dans la compétition internationale, par le travail et leffort.
Cest cette France là, ces valeurs là, que je retrouve dans votre Accord et cest pourquoi je vous souhaite, très amicalement, un excellent 20ème anniversaire. Je vous remercie.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 16 novembre 2011