Texte intégral
52EME ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS UNIES
POINT DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. HUBERT VEDRINE
(New York, 22 septembre 1997)
Je n'ai pas grand chose à vous dire. Pour le moment, cela commence juste. J'ai eu peu d'entretiens, j'en aurai beaucoup. Je vous raconterai les choses au fur et à mesure. J'ai écouté peu de discours pour le moment, j'ai eu peu de déjeuners. Donc, je vais plutôt répondre à vos questions si vous le voulez bien.
Q - Le discours du président Clinton ?
R - C'était bien, c'était intéressant. Sa vision générale avait un certain souffle. Compte tenu du contexte que l'on connaît, j'ai trouvé qu'il avait une façon positive de parler des Nations unies, de l'action de l'ONU.
Q - La question de la dette ?
R - De toute façon, c'est une discussion qui ne fait que commencer, la question de la dette et la question plus générale de la réforme du financement. C'est une session qui s'ouvre juste, alors il me semble qu'il faut garder des commentaires en réserve.
Q - Il y a moins de surprises dans ce que Clinton a dit, dans la tonalité ou dans les choses qu'il aurait voulu dire ?
R - Non, je ne sais pas, il faudrait vérifier avec nos spécialistes, mais c'est la tonalité qui m'a frappé. Une tonalité assez engageante, assez allante, une révision sur le rôle de l'ONU.
Q - A votre avis, sur la dette, ce n'est pas nécessairement le dernier mot des Etats-Unis ? Si des choses pouvaient être obtenues en matière de réduction des contributions, le paiement d'arriérés pourrait devenir plus important ?
R - Nous savons tous que l'essentiel de la condition américaine est déterminé par une négociation intra-américaine en vérité. L'essentiel, mais peut-être pas tout, donc il y a des conditions qui sont arrêtées par une discussion entre l'administration et le Congrès, on voit bien que l'on à faire à une administration qui essaie d'obtenir un accord avec le Congrès qui lui permette d'honorer une partie de ses engagements par rapport à l'ONU et qui lui permette d'avoir une vraie politique par rapport à l'ONU. C'est vrai qu'il y a là une élément de rigidité, mais en même temps, je ne dirais pas que c'est une position qui ne peut pas bouger du tout.
Q - Est-ce que les Européens, la France et les Européens ont une position commune par rapport à ces requêtes américaines, de changement de la quote-part et du rejet d'une partie de la dette et des autres conditionnalités ?
R - Il y a une position européenne de toute façon qui a été définie il y a deux ans avec quatre volets : un volet de paiement des arriérés, un volet de changement de barème, un volet de rigueur budgétaire et il y a un volet de sanctions/incitations pour ceux qui ne payent pas à l'heure. Même si les chiffres ne sont plus les mêmes, cela forme un cadre conceptuel auquel les Quinze se tiennent.
Pour l'instant les Européens en restent à la position commune, c'est-à-dire l'inconditionnalité, le paiement des arriérés.
Q - Si les choses s'éternisaient sur ce problème, est-ce qu'il y aurait des risques de voir d'autres projets, sur la réforme, souffrir beaucoup de cette question ?
R - Ecoutez, tout est un peu lié mais enfin à quel projet précis pensez-vous ?
Q - En fait, sur chacun des volets de la réforme, il y a malgré tout quelques problèmes, il y a toujours quelques pays, grands ou petits, qui ne sont pas tout à fait d'accord, y compris d'ailleurs, si j'ai bien compris, les Européens ne sont pas d'accord sur tout, sur certains des projets de réforme, notamment tout ce qui touche à la création d'un gros pôle désarmement.
R - Tout est lié d'une certaine façon mais à mon avis, cela n'empêche pas qu'il y ait la réflexion sur le financement de l'ONU à l'avenir, y compris sur le volet dettes/arriérés. Il ne faut pas aborder cela uniquement sous l'angle des arriérés. Il s'agit d'arriver à un financement qui soit efficace, qui soit stable, qui soit admis par tout le monde. Il faut voir le financement le l'ONU dans le long terme. Bon, il y a ce volet, puis il y a le volet restructuration, puis il y a le volet Conseil de sécurité. Evidemment il y a des liens, mais le lien n'est pas complètement rigide, ce ne sont pas les mêmes terrains, mais comme ce sont les mêmes pays qui discutent entre eux, cela forme un contexte global un peu compliqué. On verra, c'est difficile à dire parce que cela dépend en fait si l'ensemble des pays jouent le jeu, même s'il y a des liens à la tête des responsables, ce ne sont pas des liens formels, c'est-à-dire qu'ils ne bloqueront pas le progrès de tel ou tel dossier en fonction du sujet. Les discussions ne sont pas vraiment rentrées dans la phase la plus aiguë. Aucun blocage ne viendra de nous, aucun lien de ce type ne viendra de nous. Nous avons des positions claires sur chacun des chapitres.
Q - Au niveau bilatéral, quels sont les points importants pour la France ?
R - Cette semaine ? C'est une occasion formidable de rencontrer un maximum de gens sur un maximum de sujets. Donc je ne peux pas vous dire un point, cela les couvre quasiment tous. J'ai déjà eu entre hier soir et ce matin une douzaine de conversations.
Q - Et les priorités ?
R - Non, il n'y a pas de priorités. C'est un mot que l'on emploie souvent abusivement. On en met tellement, ce ne sont plus des priorités. Non, c'est tout à la fois, cela nous permet de traiter tous les sujets du moment, aussi bien des sujets entre Européens bien que les Européens se voient tout le temps, on se revoit et puis on fait le point, que des bribes de conversation sur la question de la réforme institutionnelle préalable à l'élargissement, ce n'est pas l'objet de l'Assemblée générale. Dans les bilatéraux connexes, c'est naturellement intéressant. J'ai des conversations sur l'Afrique, j'aurai beaucoup de conversations sur le Proche-Orient, j'aurai beaucoup de rencontres concernant Amérique latine, beaucoup de rencontres asiatiques. Donc l'idée de priorité, c'est l'inverse. C'est plutôt l'idée d'une semaine qui permet d'avoir plusieurs dizaines de contacts touchant à tous les sujets. Il n'y a pas de priorité spéciale ici sauf les questions de l'ONU, la réforme de l'ONU et la réforme du Conseil de sécurité. C'est l'objectif sur l'ONU. Les contacts de la semaine, c'est d'en avoir le plus possible sur le plus grand nombre de sujets. C'est fait pour cela d'ailleurs.
Q - Quelle est votre réaction au cadeau de Turner à l'ONU ?
R - On ne va pas empêcher les mécènes de donner de l'argent à l'ONU. Vous trouvez cela fâcheux ? J'espère qu'il aura des émules. Si cela crée un heureux effet sur ces consciences, il faut que le mouvement se généralise ! Cela dit, tant mieux pour l'ONU mais cela ne change rien à la situation de départ. Cela ne change rien à la situation des arriérés, à ce que doivent certains Etats et à la réflexion sur le financement à l'avenir.
Q - Vous avez vu le ministre indien ?
R - Oui, on a parlé du Conseil de sécurité.
Q - Donc, ils sont candidats ?
R - Oui. Les Pakistanais aussi ?
R - Non pas encore. Les Brésiliens non plus. J'ai vu le ministre mexicain. Les Mexicains ne sont pas satisfaits des projets qui circulent.
Q - Est-ce que sur cette question du Conseil de sécurité, la "bronca" italienne est contracteur d'inquiétude pour la France en tant que pays européen, puisque c'est une bagarre italo-germanique ?
R - Ce n'est pas un facteur d'inquiétude, pourquoi serait-on inquiet ? Tout à l'heure au déjeuner, j'ai vu MM. Kinkel et Dini bavarder aimablement. Ce n'est pas ridicule. Simplement on voit bien qu'il y a des positions qui ne sont pas compatibles.
Q - Le ministre mexicain par exemple. Quelle est sa logique pour ne pas élargir le Conseil ?
R - Sa logique, c'est qu'il pense que le Mexique devrait avoir une position plus forte que celle qui lui est proposée par les réformes annoncées.
Q - C'est-à-dire un siège permanent ?
R - Il faut leur demander pour voir sous quelle forme ils veulent l'exprimer, en tous cas, ce qui est prévu ne les satisfait pas. C'est peut-être un hasard mais les premiers contacts ont lieu avec des pays qui ne sont pas très satisfaits de ce qui s'annonce.
Q - Trois sièges pour l'Europe ? ce n'est pas un peu disproportionné ? R - Par rapport à quoi ? Q - Je ne sais pas, par rapport à l'Afrique ? R - Il y a deux choses, il y a une donnée de l'Histoire qui a fait que le Conseil de sécurité était bâti sur la base que vous connaissez. Le Conseil de sécurité, c'est une institution très importante, c'est l'essentiel de la différence entre la SDN et l'ONU, plus le chapitre VII. Donc il y a un héritage qui est très important. Aujourd'hui, ce qu'il s'agit de réussir, c'est la synthèse entre l'élargissement du Conseil de sécurité pour qu'il soit plus représentatif du monde actuel qu'il ne l'est aujourd'hui. C'est un produit d'une situation historique donnée à un moment donné. Les pays du monde avaient compris qu'il ne fallait pas simplement une organisation mais également un organe qui ait un pouvoir véritable pour pouvoir être utile dans le sens du maintien de la paix etc...Donc il y a ce legs de l'Histoire et aujourd'hui, comment est-ce que l'on peut élargir pour que ce soit plus représentatif tout en demeurant efficace ? C'est cela la donnée. Ce n'est pas un problème pour nous. Nous, la France, ne créons aucun problème à qui que ce soit. Distinguez-le, je vous invite à le distinguer dans vos analyses. Nous sommes ouverts, nous ne sommes pas crispés sur nos privilèges. Nous comprenons tout à fait l'idée qu'il faut une adaptation, mais il faut que cela soit bien fait. La représentativité, il faut que cela veuille dire quelque chose. Cela veut dire qu'il y a quelques grands pays qui sans doute s'imposent, mais en même temps on ne peut pas avoir un Conseil de sécurité qui n'ait que des puissants de l'hémisphère nord. Mais si l'on veut que cela soit représentatif, il faut que cela soit représentatif. On ne change pas de Conseil de sécurité tous les six mois, donc il faut trouver une formule qui soit vraiment convaincante. Et puis il faut garder l'efficacité. Je ne suis pas chargé de réformer le Conseil de sécurité, je ne suis pas l'auteur d'une des propositions. La France n'a pas un problème particulier dans cette affaire. Nous sommes aussi ouverts et pleins de bonne volonté que l'on peut l'être.
Q - On est plutôt intéressés par le projet Razali, par le projet Richardson, par les projets italiens.... d'autres que je ne connais pas....
R - On a dit que la proposition du président de l'Assemblée générale précédent était une bonne proposition, une très bonne base de travail. A partir de là, il faut que les discussions aient lieu mais nous ne sommes pas une entrave empêchant, donc ce n'est pas nous seuls qui allons trancher dans un sens ou dans l'autre.
Q - Est-ce que l'on s'attend à un vote sur un accord cadre avant la fin de l'année ?
R - Je crois que tout le monde dit que ce serait bien de régler le problème vite parce qu'à partir du moment où il est posé, cela pèse un petit peu sur tout. On a cette idée en tête. Donc, je crois que le président Clinton a exprimé un souhait assez général. Mais cela ne donne pas automatiquement la solution pour arriver à une représentation qui soit encore une fois admise par tout le monde, qui soit représentative. Il y a toutes sortes de pays importants qui ont vocation à l'être et qui marchent quand même.
Q - Vous avez dit tout à l'heure que parmi les discussions importantes que vous auriez, il y aurait l'Afrique et le Proche-Orient, je crois que les Gabonais...
R - Oui, j'ai eu des discussions avec le ministre gabonais et le ministre togolais pour le moment.
Q - Sur le Congo ?
R - Oui.
Q - Est-ce que vous pouvez m'en dire un petit plus ? La situation ne vas pas très bien.
R - La situation ne va pas bien, sinon on n'aurait pas besoin de s'en occuper. Mais oui le ministre gabonais m'a fait le point des efforts de médiation. On m'a expliqué pourquoi le président Bongo a accepté de continuer à la demande de la plupart des chefs d'Etat intéressés. Voilà, il a fait un très bon travail, même s'il n'a pas abouti encore. La France le soutient depuis le début et nous sommes convaincus que s'il n'y avait pas eu cette médiation, cette négociation permanente, les affrontements auraient été plus loin qu'ils n'ont été.
Q - Sur l'autre Congo, comment voyez-vous ce qui se passe par rapport à l'enquête des Nations unies ? Est-ce que vous pensez qu'à un moment donné pendant cette session, quelqu'un va mettre la pression ou bien que les choses seront tellement verrouillées que l'on va continuer à attendre ?
R - Vous savez , si vous me demandez un pronostic sur ce que vont faire l'ensemble des autres pays sur le sujet, je n'en sais rien.
Q - Et la France ?
R - On l'a déjà dit trois ou quatre fois. Nous désapprouvons les entraves mises devant le travail de la Commission d'enquête.
Q - Y a-t-il eu des changements de la part de nos partenaires ou des autres pays ?
R - Non il me semble que tous les pays ici sont engagés dans ce projet de Commission d'enquête, il le disent plus ou moins fort, ils le répètent plus ou moins. J'ai vu que Mme Robinson en avait parlé même, sur un plan un peu différent.
Q - Pour en revenir au Congo et une force d'interposition.
R - La force d'interposition que nous souhaitons, que nous estimons utile est en fait subordonnée par le Conseil de sécurité, malgré notre souhait, au fait qu'il y ait un accord en bonne et due forme. Donc malheureusement, on n'a pas la force qui pourrait jouer un rôle précisément pacificateur. Le Conseil de sécurité n'accepte pas une force d'interposition qui pourrait jouer un rôle pour que les combats cessent d'intensité, on n'a pas cet outil pour une solution politique. Le Conseil de sécurité accepterait peut-être une force de contrôle d'accord ou de la supervision de l'accord, une fois l'accord signé. Nous gardons de toutes façons notre demande, notre position. C'est un peu dommage, mais à partir du moment où l'on estime qu'il faut que ce soit des forces acceptées par le Conseil de sécurité, il faut jouer le jeu, il faut un accord.
Q - Sur la décision de la Ligue arabe vis-à-vis de la Libye ?
R - Pas de commentaire particulier, c'est une décision qui les engage eux. La décision qu'ils ont prise n'a pas le pouvoir d'alléger les mesures qui ont été prises par le Conseil de sécurité. Pour que les mesures prises par le Conseil de sécurité soient allégées, il faudrait qu'il y ait un élément nouveau, du point de vue du Conseil de Sécurité. Cela engage la Ligue arabe, les pays entre eux.
Q - Sur le Conseil ministériel de jeudi sur l'Afrique ? R - Ce sera à vous de juger ! Mais on est toujours contents si d'autres pays s'intéressent à l'Afrique. Nous qui nous sommes intéressés à l'Afrique depuis des décennies à toutes les époques, même quand c'était moins facile et moins profitable, on est très contents si d'autres si intéressent, utilement.
Q - Est-ce que la France est sur le principe d'accord pour un droit de veto accordé à des pays en développement au Conseil de sécurité ?
R - Je ne peux pas vous répondre par morceaux. Je vous ai dit notre position de principe générale. Je ne peux pas découper la position en petits morceaux parce que cela dépend de l'ensemble, de la taille des pays, de plein de choses.
Q - C'est ni oui ni non ?
R - Oui, mais je ne vous dis pas non a priori non plus. Il n'y a pas de raison de dire non a priori, mais il n'y a pas de raison de monter en épingle cet aspect-là, pour que vous alliez dire "La France est pour un droit de veto donné à tel pays..."
Q - Sur le principe, la France serait d'accord ....
R - Non, mais c'est ni oui ni non. C'est-à-dire qu'à ce stade-là, en dehors du fait que l'on a considéré que les propositions du président de l'Assemblée générale étaient une très bonne base pour travailler et en dehors des quelques principes généraux que j'ai rappelés, on n'a pas de raisons de devancer la préparation de la réforme. On prendra position au fur et à mesure à chaque étape quand cela prendra corps. On n'en est pas là ! Pour l'instant, tout le monde dit qu'il faut faire la réforme.
Q - Sur un système de rotation pour la désignation des pays en développement ?
R - Rotation, même chose, je ferai les mêmes réponses. Imaginez, on n'est pas en première ligne sur le sujet, ce n'est pas la France qui a demandé ceci ou cela, ce n'est pas la France qui empêche ceci ou cela. Ce n'est pas un problème dans cette affaire, mais imaginez qu'il y ait un accord général, à commencer par les intéressés, si on parle d'un système de rotation, c'est-à-dire de rotation régionale, si on voyait un accord entre les pays concernés sur les rotations, je ne vois pas pourquoi on serait contre, mais on ne va non plus d'emblée trancher comme cela en disant on est pour ou contre, il faut que cela commence par des négociations, des délibérations entre eux.
Q - Donc la France, pour autant qu'il y aura un consensus des autres, acceptera n'importe quelle condition ?
R - Je ne dis pas n'importe quelle position et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. C'était sur une question précise de la rotation. J'estime que s'il y avait un arrangement qui satisfasse tout le monde sur les rotations, il n'y a pas d'argument théorique que l'on pourrait utiliser, nous la France. Mais je ne sais pas si c'est le meilleur système non plus. Encore une fois, je crois qu'il faut que vous reconnaissiez que nous avons le droit de garder notre pouvoir d'appréciation global. Nous avons quelques principes généraux, nous sommes à la base de départ de ces réflexions, puis cela va avancer, se décanter, plus ou moins vite. Nous verrons.
Q - La France est plus pour 24 que pour 20/21 comme les Américains ?
R - Nous avons considéré que la base de départ pour notre réflexion c'était la proposition du président de l'Assemblée générale, qui était la première chronologiquement, la proposition américaine était après.
Q - Je dis peut-être une bêtise mais dans la dernière version de la proposition Razali, n'y a-t-il pas également le rappel que le droit de veto, y compris des permanents, devait -être allégé ? Est-ce une mesure à laquelle la France souscrit ?
R - Je n'ai jamais dit qu'on souscrivait, mais j'ai dit que la proposition en question était une bonne base de travail, une réflexion de négociation, donc en effet, il faut garder notre pouvoir d'appréciation. Je vous ai dit tout à l'heure que le principe général devait être un Conseil de sécurité plus représentatif, c'est-à-dire élargi, et qui demeure efficace.
Q - Au niveau des relations bilatérales ? Vous voyez le ministre comorien ce soir ou pas ?
R - Je vois le ministre comorien tout à l'heure.
Q - La France a toujours une position mesurée si je puis dire.
R - Pour les Comores, depuis le début, nous recommandons de régler le problème pacifiquement et en s'appuyant sur la médiation de l'OUA, qui est faite pour cela.
Q - Pensez-vous que les choses vont un peu mieux maintenant ?.
R - Je ne sais pas. Nous allons voir. Nous le souhaitons. Il est évident qu'il faut qu'ils règlent cela par la négociation, entre Comoriens.
Q - Sinon, on avait parlé pour essayer de régler ce problème qu'il y ait une confédération. Est-ce une solution que vous préconisez ?
R - Mais ce n'est pas une offre diplomatique. Nous ne sommes pas impliqués à ce point. Beaucoup de bons spécialistes disent que cela les aiderait dans leurs négociations s'ils arrivaient à bâtir une structure, enfin c'est leur affaire....
Q - Oui, mais la France aide les Comores et l'aide financière de la France compte pour une grande part dans les ressources des Comores.
(Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/actu/bulletin.asp, le 22 juillet 2002)
52EME ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS UNIES
POINT DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. HUBERT VEDRINE, AVEC LES RADIOS
(New York, 22 septembre 1997)
Q - Sur le discours du président américain ?
R - J'ai trouvé que c'était un discours intéressant et qui surtout était marqué par une vision forte du rôle que peuvent jouer les Nations unies dans le monde de demain et je crois que c'était important pour des tas de raisons que le président des Etats-Unis rappelle cette vision.
Q - Vous avez l'impression que le sujet du financement a été évoqué avec satisfaction de la part du président américain ?
R - Il y a plusieurs aspects dans l'affaire du financement. Il y a la question de savoir comment à l'avenir nous allons réussir à financer de façon correcte, stable et durable, les Nations unies. D'autre part, il y a des discussions sur les arriérés de paiements de certains pays, comme justement les Etats-Unis, qui doivent beaucoup d'argent aux Nations unies, et puis, d'autre part, il y a l'épiphénomène de ce don.
Q - Est-ce que la philanthropie peut pallier les lacunes de la politique ?
R - Je ne dirais pas cela de cette façon. Je dirais que je ne vois pas au nom de quoi on empêcherait à un mécène idéaliste qui a une certaine idée du progrès de l'humanité de faire des dons à l'ONU comme on peut faire des dons à l'UNICEF ou à d'autres organisations. Il n'y a aucune raison, ni de l'en empêcher, ni de le regretter. Mais j'ajouterais que cela ne change rien au problème tel qu'il se pose, qui est de savoir de savoir comment l'ONU doit être normalement financé pour déployer les activités que l'on attend de cette organisation. Ce sont deux choses différentes.
Q - Sur la décision de la Ligue arabe ?
R - La Ligue arabe a pris une décision qui ne concerne et qui n'engage que les Etats membres de la Ligue arabe. Cela ne peut pas changer la situation au regard du Conseil de sécurité.
Q - Vous n'avez pas peur que cela agisse comme pression sur les membres du Conseil justement ?
R - Non, les membres du Conseil gardent tout à fait leur libre arbitre./.
(Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/actu/bulletin.asp, le 22 juillet 2002)
POINT DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. HUBERT VEDRINE
(New York, 22 septembre 1997)
Je n'ai pas grand chose à vous dire. Pour le moment, cela commence juste. J'ai eu peu d'entretiens, j'en aurai beaucoup. Je vous raconterai les choses au fur et à mesure. J'ai écouté peu de discours pour le moment, j'ai eu peu de déjeuners. Donc, je vais plutôt répondre à vos questions si vous le voulez bien.
Q - Le discours du président Clinton ?
R - C'était bien, c'était intéressant. Sa vision générale avait un certain souffle. Compte tenu du contexte que l'on connaît, j'ai trouvé qu'il avait une façon positive de parler des Nations unies, de l'action de l'ONU.
Q - La question de la dette ?
R - De toute façon, c'est une discussion qui ne fait que commencer, la question de la dette et la question plus générale de la réforme du financement. C'est une session qui s'ouvre juste, alors il me semble qu'il faut garder des commentaires en réserve.
Q - Il y a moins de surprises dans ce que Clinton a dit, dans la tonalité ou dans les choses qu'il aurait voulu dire ?
R - Non, je ne sais pas, il faudrait vérifier avec nos spécialistes, mais c'est la tonalité qui m'a frappé. Une tonalité assez engageante, assez allante, une révision sur le rôle de l'ONU.
Q - A votre avis, sur la dette, ce n'est pas nécessairement le dernier mot des Etats-Unis ? Si des choses pouvaient être obtenues en matière de réduction des contributions, le paiement d'arriérés pourrait devenir plus important ?
R - Nous savons tous que l'essentiel de la condition américaine est déterminé par une négociation intra-américaine en vérité. L'essentiel, mais peut-être pas tout, donc il y a des conditions qui sont arrêtées par une discussion entre l'administration et le Congrès, on voit bien que l'on à faire à une administration qui essaie d'obtenir un accord avec le Congrès qui lui permette d'honorer une partie de ses engagements par rapport à l'ONU et qui lui permette d'avoir une vraie politique par rapport à l'ONU. C'est vrai qu'il y a là une élément de rigidité, mais en même temps, je ne dirais pas que c'est une position qui ne peut pas bouger du tout.
Q - Est-ce que les Européens, la France et les Européens ont une position commune par rapport à ces requêtes américaines, de changement de la quote-part et du rejet d'une partie de la dette et des autres conditionnalités ?
R - Il y a une position européenne de toute façon qui a été définie il y a deux ans avec quatre volets : un volet de paiement des arriérés, un volet de changement de barème, un volet de rigueur budgétaire et il y a un volet de sanctions/incitations pour ceux qui ne payent pas à l'heure. Même si les chiffres ne sont plus les mêmes, cela forme un cadre conceptuel auquel les Quinze se tiennent.
Pour l'instant les Européens en restent à la position commune, c'est-à-dire l'inconditionnalité, le paiement des arriérés.
Q - Si les choses s'éternisaient sur ce problème, est-ce qu'il y aurait des risques de voir d'autres projets, sur la réforme, souffrir beaucoup de cette question ?
R - Ecoutez, tout est un peu lié mais enfin à quel projet précis pensez-vous ?
Q - En fait, sur chacun des volets de la réforme, il y a malgré tout quelques problèmes, il y a toujours quelques pays, grands ou petits, qui ne sont pas tout à fait d'accord, y compris d'ailleurs, si j'ai bien compris, les Européens ne sont pas d'accord sur tout, sur certains des projets de réforme, notamment tout ce qui touche à la création d'un gros pôle désarmement.
R - Tout est lié d'une certaine façon mais à mon avis, cela n'empêche pas qu'il y ait la réflexion sur le financement de l'ONU à l'avenir, y compris sur le volet dettes/arriérés. Il ne faut pas aborder cela uniquement sous l'angle des arriérés. Il s'agit d'arriver à un financement qui soit efficace, qui soit stable, qui soit admis par tout le monde. Il faut voir le financement le l'ONU dans le long terme. Bon, il y a ce volet, puis il y a le volet restructuration, puis il y a le volet Conseil de sécurité. Evidemment il y a des liens, mais le lien n'est pas complètement rigide, ce ne sont pas les mêmes terrains, mais comme ce sont les mêmes pays qui discutent entre eux, cela forme un contexte global un peu compliqué. On verra, c'est difficile à dire parce que cela dépend en fait si l'ensemble des pays jouent le jeu, même s'il y a des liens à la tête des responsables, ce ne sont pas des liens formels, c'est-à-dire qu'ils ne bloqueront pas le progrès de tel ou tel dossier en fonction du sujet. Les discussions ne sont pas vraiment rentrées dans la phase la plus aiguë. Aucun blocage ne viendra de nous, aucun lien de ce type ne viendra de nous. Nous avons des positions claires sur chacun des chapitres.
Q - Au niveau bilatéral, quels sont les points importants pour la France ?
R - Cette semaine ? C'est une occasion formidable de rencontrer un maximum de gens sur un maximum de sujets. Donc je ne peux pas vous dire un point, cela les couvre quasiment tous. J'ai déjà eu entre hier soir et ce matin une douzaine de conversations.
Q - Et les priorités ?
R - Non, il n'y a pas de priorités. C'est un mot que l'on emploie souvent abusivement. On en met tellement, ce ne sont plus des priorités. Non, c'est tout à la fois, cela nous permet de traiter tous les sujets du moment, aussi bien des sujets entre Européens bien que les Européens se voient tout le temps, on se revoit et puis on fait le point, que des bribes de conversation sur la question de la réforme institutionnelle préalable à l'élargissement, ce n'est pas l'objet de l'Assemblée générale. Dans les bilatéraux connexes, c'est naturellement intéressant. J'ai des conversations sur l'Afrique, j'aurai beaucoup de conversations sur le Proche-Orient, j'aurai beaucoup de rencontres concernant Amérique latine, beaucoup de rencontres asiatiques. Donc l'idée de priorité, c'est l'inverse. C'est plutôt l'idée d'une semaine qui permet d'avoir plusieurs dizaines de contacts touchant à tous les sujets. Il n'y a pas de priorité spéciale ici sauf les questions de l'ONU, la réforme de l'ONU et la réforme du Conseil de sécurité. C'est l'objectif sur l'ONU. Les contacts de la semaine, c'est d'en avoir le plus possible sur le plus grand nombre de sujets. C'est fait pour cela d'ailleurs.
Q - Quelle est votre réaction au cadeau de Turner à l'ONU ?
R - On ne va pas empêcher les mécènes de donner de l'argent à l'ONU. Vous trouvez cela fâcheux ? J'espère qu'il aura des émules. Si cela crée un heureux effet sur ces consciences, il faut que le mouvement se généralise ! Cela dit, tant mieux pour l'ONU mais cela ne change rien à la situation de départ. Cela ne change rien à la situation des arriérés, à ce que doivent certains Etats et à la réflexion sur le financement à l'avenir.
Q - Vous avez vu le ministre indien ?
R - Oui, on a parlé du Conseil de sécurité.
Q - Donc, ils sont candidats ?
R - Oui. Les Pakistanais aussi ?
R - Non pas encore. Les Brésiliens non plus. J'ai vu le ministre mexicain. Les Mexicains ne sont pas satisfaits des projets qui circulent.
Q - Est-ce que sur cette question du Conseil de sécurité, la "bronca" italienne est contracteur d'inquiétude pour la France en tant que pays européen, puisque c'est une bagarre italo-germanique ?
R - Ce n'est pas un facteur d'inquiétude, pourquoi serait-on inquiet ? Tout à l'heure au déjeuner, j'ai vu MM. Kinkel et Dini bavarder aimablement. Ce n'est pas ridicule. Simplement on voit bien qu'il y a des positions qui ne sont pas compatibles.
Q - Le ministre mexicain par exemple. Quelle est sa logique pour ne pas élargir le Conseil ?
R - Sa logique, c'est qu'il pense que le Mexique devrait avoir une position plus forte que celle qui lui est proposée par les réformes annoncées.
Q - C'est-à-dire un siège permanent ?
R - Il faut leur demander pour voir sous quelle forme ils veulent l'exprimer, en tous cas, ce qui est prévu ne les satisfait pas. C'est peut-être un hasard mais les premiers contacts ont lieu avec des pays qui ne sont pas très satisfaits de ce qui s'annonce.
Q - Trois sièges pour l'Europe ? ce n'est pas un peu disproportionné ? R - Par rapport à quoi ? Q - Je ne sais pas, par rapport à l'Afrique ? R - Il y a deux choses, il y a une donnée de l'Histoire qui a fait que le Conseil de sécurité était bâti sur la base que vous connaissez. Le Conseil de sécurité, c'est une institution très importante, c'est l'essentiel de la différence entre la SDN et l'ONU, plus le chapitre VII. Donc il y a un héritage qui est très important. Aujourd'hui, ce qu'il s'agit de réussir, c'est la synthèse entre l'élargissement du Conseil de sécurité pour qu'il soit plus représentatif du monde actuel qu'il ne l'est aujourd'hui. C'est un produit d'une situation historique donnée à un moment donné. Les pays du monde avaient compris qu'il ne fallait pas simplement une organisation mais également un organe qui ait un pouvoir véritable pour pouvoir être utile dans le sens du maintien de la paix etc...Donc il y a ce legs de l'Histoire et aujourd'hui, comment est-ce que l'on peut élargir pour que ce soit plus représentatif tout en demeurant efficace ? C'est cela la donnée. Ce n'est pas un problème pour nous. Nous, la France, ne créons aucun problème à qui que ce soit. Distinguez-le, je vous invite à le distinguer dans vos analyses. Nous sommes ouverts, nous ne sommes pas crispés sur nos privilèges. Nous comprenons tout à fait l'idée qu'il faut une adaptation, mais il faut que cela soit bien fait. La représentativité, il faut que cela veuille dire quelque chose. Cela veut dire qu'il y a quelques grands pays qui sans doute s'imposent, mais en même temps on ne peut pas avoir un Conseil de sécurité qui n'ait que des puissants de l'hémisphère nord. Mais si l'on veut que cela soit représentatif, il faut que cela soit représentatif. On ne change pas de Conseil de sécurité tous les six mois, donc il faut trouver une formule qui soit vraiment convaincante. Et puis il faut garder l'efficacité. Je ne suis pas chargé de réformer le Conseil de sécurité, je ne suis pas l'auteur d'une des propositions. La France n'a pas un problème particulier dans cette affaire. Nous sommes aussi ouverts et pleins de bonne volonté que l'on peut l'être.
Q - On est plutôt intéressés par le projet Razali, par le projet Richardson, par les projets italiens.... d'autres que je ne connais pas....
R - On a dit que la proposition du président de l'Assemblée générale précédent était une bonne proposition, une très bonne base de travail. A partir de là, il faut que les discussions aient lieu mais nous ne sommes pas une entrave empêchant, donc ce n'est pas nous seuls qui allons trancher dans un sens ou dans l'autre.
Q - Est-ce que l'on s'attend à un vote sur un accord cadre avant la fin de l'année ?
R - Je crois que tout le monde dit que ce serait bien de régler le problème vite parce qu'à partir du moment où il est posé, cela pèse un petit peu sur tout. On a cette idée en tête. Donc, je crois que le président Clinton a exprimé un souhait assez général. Mais cela ne donne pas automatiquement la solution pour arriver à une représentation qui soit encore une fois admise par tout le monde, qui soit représentative. Il y a toutes sortes de pays importants qui ont vocation à l'être et qui marchent quand même.
Q - Vous avez dit tout à l'heure que parmi les discussions importantes que vous auriez, il y aurait l'Afrique et le Proche-Orient, je crois que les Gabonais...
R - Oui, j'ai eu des discussions avec le ministre gabonais et le ministre togolais pour le moment.
Q - Sur le Congo ?
R - Oui.
Q - Est-ce que vous pouvez m'en dire un petit plus ? La situation ne vas pas très bien.
R - La situation ne va pas bien, sinon on n'aurait pas besoin de s'en occuper. Mais oui le ministre gabonais m'a fait le point des efforts de médiation. On m'a expliqué pourquoi le président Bongo a accepté de continuer à la demande de la plupart des chefs d'Etat intéressés. Voilà, il a fait un très bon travail, même s'il n'a pas abouti encore. La France le soutient depuis le début et nous sommes convaincus que s'il n'y avait pas eu cette médiation, cette négociation permanente, les affrontements auraient été plus loin qu'ils n'ont été.
Q - Sur l'autre Congo, comment voyez-vous ce qui se passe par rapport à l'enquête des Nations unies ? Est-ce que vous pensez qu'à un moment donné pendant cette session, quelqu'un va mettre la pression ou bien que les choses seront tellement verrouillées que l'on va continuer à attendre ?
R - Vous savez , si vous me demandez un pronostic sur ce que vont faire l'ensemble des autres pays sur le sujet, je n'en sais rien.
Q - Et la France ?
R - On l'a déjà dit trois ou quatre fois. Nous désapprouvons les entraves mises devant le travail de la Commission d'enquête.
Q - Y a-t-il eu des changements de la part de nos partenaires ou des autres pays ?
R - Non il me semble que tous les pays ici sont engagés dans ce projet de Commission d'enquête, il le disent plus ou moins fort, ils le répètent plus ou moins. J'ai vu que Mme Robinson en avait parlé même, sur un plan un peu différent.
Q - Pour en revenir au Congo et une force d'interposition.
R - La force d'interposition que nous souhaitons, que nous estimons utile est en fait subordonnée par le Conseil de sécurité, malgré notre souhait, au fait qu'il y ait un accord en bonne et due forme. Donc malheureusement, on n'a pas la force qui pourrait jouer un rôle précisément pacificateur. Le Conseil de sécurité n'accepte pas une force d'interposition qui pourrait jouer un rôle pour que les combats cessent d'intensité, on n'a pas cet outil pour une solution politique. Le Conseil de sécurité accepterait peut-être une force de contrôle d'accord ou de la supervision de l'accord, une fois l'accord signé. Nous gardons de toutes façons notre demande, notre position. C'est un peu dommage, mais à partir du moment où l'on estime qu'il faut que ce soit des forces acceptées par le Conseil de sécurité, il faut jouer le jeu, il faut un accord.
Q - Sur la décision de la Ligue arabe vis-à-vis de la Libye ?
R - Pas de commentaire particulier, c'est une décision qui les engage eux. La décision qu'ils ont prise n'a pas le pouvoir d'alléger les mesures qui ont été prises par le Conseil de sécurité. Pour que les mesures prises par le Conseil de sécurité soient allégées, il faudrait qu'il y ait un élément nouveau, du point de vue du Conseil de Sécurité. Cela engage la Ligue arabe, les pays entre eux.
Q - Sur le Conseil ministériel de jeudi sur l'Afrique ? R - Ce sera à vous de juger ! Mais on est toujours contents si d'autres pays s'intéressent à l'Afrique. Nous qui nous sommes intéressés à l'Afrique depuis des décennies à toutes les époques, même quand c'était moins facile et moins profitable, on est très contents si d'autres si intéressent, utilement.
Q - Est-ce que la France est sur le principe d'accord pour un droit de veto accordé à des pays en développement au Conseil de sécurité ?
R - Je ne peux pas vous répondre par morceaux. Je vous ai dit notre position de principe générale. Je ne peux pas découper la position en petits morceaux parce que cela dépend de l'ensemble, de la taille des pays, de plein de choses.
Q - C'est ni oui ni non ?
R - Oui, mais je ne vous dis pas non a priori non plus. Il n'y a pas de raison de dire non a priori, mais il n'y a pas de raison de monter en épingle cet aspect-là, pour que vous alliez dire "La France est pour un droit de veto donné à tel pays..."
Q - Sur le principe, la France serait d'accord ....
R - Non, mais c'est ni oui ni non. C'est-à-dire qu'à ce stade-là, en dehors du fait que l'on a considéré que les propositions du président de l'Assemblée générale étaient une très bonne base pour travailler et en dehors des quelques principes généraux que j'ai rappelés, on n'a pas de raisons de devancer la préparation de la réforme. On prendra position au fur et à mesure à chaque étape quand cela prendra corps. On n'en est pas là ! Pour l'instant, tout le monde dit qu'il faut faire la réforme.
Q - Sur un système de rotation pour la désignation des pays en développement ?
R - Rotation, même chose, je ferai les mêmes réponses. Imaginez, on n'est pas en première ligne sur le sujet, ce n'est pas la France qui a demandé ceci ou cela, ce n'est pas la France qui empêche ceci ou cela. Ce n'est pas un problème dans cette affaire, mais imaginez qu'il y ait un accord général, à commencer par les intéressés, si on parle d'un système de rotation, c'est-à-dire de rotation régionale, si on voyait un accord entre les pays concernés sur les rotations, je ne vois pas pourquoi on serait contre, mais on ne va non plus d'emblée trancher comme cela en disant on est pour ou contre, il faut que cela commence par des négociations, des délibérations entre eux.
Q - Donc la France, pour autant qu'il y aura un consensus des autres, acceptera n'importe quelle condition ?
R - Je ne dis pas n'importe quelle position et ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. C'était sur une question précise de la rotation. J'estime que s'il y avait un arrangement qui satisfasse tout le monde sur les rotations, il n'y a pas d'argument théorique que l'on pourrait utiliser, nous la France. Mais je ne sais pas si c'est le meilleur système non plus. Encore une fois, je crois qu'il faut que vous reconnaissiez que nous avons le droit de garder notre pouvoir d'appréciation global. Nous avons quelques principes généraux, nous sommes à la base de départ de ces réflexions, puis cela va avancer, se décanter, plus ou moins vite. Nous verrons.
Q - La France est plus pour 24 que pour 20/21 comme les Américains ?
R - Nous avons considéré que la base de départ pour notre réflexion c'était la proposition du président de l'Assemblée générale, qui était la première chronologiquement, la proposition américaine était après.
Q - Je dis peut-être une bêtise mais dans la dernière version de la proposition Razali, n'y a-t-il pas également le rappel que le droit de veto, y compris des permanents, devait -être allégé ? Est-ce une mesure à laquelle la France souscrit ?
R - Je n'ai jamais dit qu'on souscrivait, mais j'ai dit que la proposition en question était une bonne base de travail, une réflexion de négociation, donc en effet, il faut garder notre pouvoir d'appréciation. Je vous ai dit tout à l'heure que le principe général devait être un Conseil de sécurité plus représentatif, c'est-à-dire élargi, et qui demeure efficace.
Q - Au niveau des relations bilatérales ? Vous voyez le ministre comorien ce soir ou pas ?
R - Je vois le ministre comorien tout à l'heure.
Q - La France a toujours une position mesurée si je puis dire.
R - Pour les Comores, depuis le début, nous recommandons de régler le problème pacifiquement et en s'appuyant sur la médiation de l'OUA, qui est faite pour cela.
Q - Pensez-vous que les choses vont un peu mieux maintenant ?.
R - Je ne sais pas. Nous allons voir. Nous le souhaitons. Il est évident qu'il faut qu'ils règlent cela par la négociation, entre Comoriens.
Q - Sinon, on avait parlé pour essayer de régler ce problème qu'il y ait une confédération. Est-ce une solution que vous préconisez ?
R - Mais ce n'est pas une offre diplomatique. Nous ne sommes pas impliqués à ce point. Beaucoup de bons spécialistes disent que cela les aiderait dans leurs négociations s'ils arrivaient à bâtir une structure, enfin c'est leur affaire....
Q - Oui, mais la France aide les Comores et l'aide financière de la France compte pour une grande part dans les ressources des Comores.
(Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/actu/bulletin.asp, le 22 juillet 2002)
52EME ASSEMBLEE GENERALE DES NATIONS UNIES
POINT DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES, M. HUBERT VEDRINE, AVEC LES RADIOS
(New York, 22 septembre 1997)
Q - Sur le discours du président américain ?
R - J'ai trouvé que c'était un discours intéressant et qui surtout était marqué par une vision forte du rôle que peuvent jouer les Nations unies dans le monde de demain et je crois que c'était important pour des tas de raisons que le président des Etats-Unis rappelle cette vision.
Q - Vous avez l'impression que le sujet du financement a été évoqué avec satisfaction de la part du président américain ?
R - Il y a plusieurs aspects dans l'affaire du financement. Il y a la question de savoir comment à l'avenir nous allons réussir à financer de façon correcte, stable et durable, les Nations unies. D'autre part, il y a des discussions sur les arriérés de paiements de certains pays, comme justement les Etats-Unis, qui doivent beaucoup d'argent aux Nations unies, et puis, d'autre part, il y a l'épiphénomène de ce don.
Q - Est-ce que la philanthropie peut pallier les lacunes de la politique ?
R - Je ne dirais pas cela de cette façon. Je dirais que je ne vois pas au nom de quoi on empêcherait à un mécène idéaliste qui a une certaine idée du progrès de l'humanité de faire des dons à l'ONU comme on peut faire des dons à l'UNICEF ou à d'autres organisations. Il n'y a aucune raison, ni de l'en empêcher, ni de le regretter. Mais j'ajouterais que cela ne change rien au problème tel qu'il se pose, qui est de savoir de savoir comment l'ONU doit être normalement financé pour déployer les activités que l'on attend de cette organisation. Ce sont deux choses différentes.
Q - Sur la décision de la Ligue arabe ?
R - La Ligue arabe a pris une décision qui ne concerne et qui n'engage que les Etats membres de la Ligue arabe. Cela ne peut pas changer la situation au regard du Conseil de sécurité.
Q - Vous n'avez pas peur que cela agisse comme pression sur les membres du Conseil justement ?
R - Non, les membres du Conseil gardent tout à fait leur libre arbitre./.
(Source : http://www.diplomatie.gouv.fr/actu/bulletin.asp, le 22 juillet 2002)