Déclaration de M. Maurice Leroy, ministre de la ville, sur la rénovation urbaine dans les quartiers et banlieues et les contrats urbains de cohésions sociale (CUCS), Vénissieux le 1er décembre 2011.

Prononcé le 1er décembre 2011

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Circonstance : Visite du quartier des Minguettes à Vénissieux le 1er décembre 2011

Texte intégral


La ville est un être vivant. Vivante d’urbanité partagée et disputée. Elle est animée et en mouvement.
Anticiper, accompagner les changements, prendre en compte les aspirations des citoyens, adapter les politiques : Vénissieux qui est le berceau de la politique de la ville, incarne le rôle que doit jouer la cité.
Celui d’être le lieu de l’innovation, de la connaissance, de la qualification et de la créativité mais aussi le lieu de la mise en oeuvre de la cohésion territoriale et de la réinvention du vivre-ensemble, qui est au coeur de la cohésion sociale.
C’est pourquoi je remercie madame le maire de Vénissieux de m’accueillir dans cette ville qui a marqué l’histoire urbaine, et pas seulement avec les secousses de l’été 1981. Aujourd’hui, Vénissieux illustre la capacité d’une ville à se remettre en question.
En accomplissant une formidable mutation urbaine et sociale au profit de tous ses habitants, Vénissieux est devenue une référence, un laboratoire de la politique de la ville. Elle a fait voler en éclats les préjugés, les clichés… et changé le regard porté sur les banlieues.
C’est aussi ma mission de ministre de la ville, d’être à vos côtés aujourd’hui pour poursuivre ce que vous avez entrepris voilà maintenant trente ans.
Vénissieux est à elle seule un concentré de la politique de la ville. C’est l’exemple de l’articulation de l’humain et de l’urbain que Vénissieux conjugue à tous les temps. J’étais tout à l’heure sur le plateau des Minguettes, quartier emblématique de l’histoire de la politique de la ville.
Ce quartier, construit dans les années soixante, a fait l’objet d’un projet de rénovation urbaine réussi qui s’inscrit dans la continuité des dispositifs antérieurs et notamment du Grand Projet de Ville. Aujourd’hui, plus de 90% de la subvention totale est engagée et le projet est réalisé à près de 70% !
Je tiens à souligner le caractère remarquable de ce projet à travers notamment son programme d’équipements publics qui, avec la mise en service du tramway en 2009, permet d’insuffler une nouvelle attractivité au quartier. Je salue la cohérence de la démarche du projet urbain conduit par la ville dans le cadre du Grand projet de ville et du Plan de rénovation urbaine.
Le Grand Lyon a été, ici, précurseur pour réguler la reconstitution de l’offre de logements sociaux à l’échelle de l’agglomération. Je tiens à vous dire que ce déplacement me sera très utile, dans le cadre des réflexions que je mène à la demande du Premier ministre François Fillon pour un acte 2 du Plan National de Rénovation Urbaine.
C’est pourquoi, j’attacherai une attention particulière à vos propositions qui s’inscrivent dans la démarche prospective conduite par l’agglomération.
Malgré un contexte social particulièrement difficile, l’ensemble des acteurs -en charge de la gestion urbaine et sociale de proximité- se sont mobilisés avec détermination. C’est un point essentiel de votre projet et je vous en félicite.
Vous le savez tous, on ne peut réussir dans la durée que si l’on entraine tous les acteurs autour d’un véritable projet pour la ville. Et je tiens à saluer ici celles et ceux, qui au quotidien, s’investissent dans les quartiers auprès des habitants, avant, pendant et après les travaux de rénovation.
Mesdames et messieurs, je vous l’ai dit tout à l’heure, Vénissieux, c’est là que tout a commencé. C’est également ici que la politique de la ville va marquer son renouveau.
Vous le savez, la politique de la ville est interministérielle, partenariale et contractuelle. La question du droit commun est au coeur de mon action.
Aujourd’hui, la mobilisation du droit commun dans les quartiers n’est pas suffisante. Or, vous le savez tous, la mobilisation du droit commun est une condition essentielle à l’amélioration de l’action publique en faveur des habitants des quartiers.
La politique de la ville doit, pour sa part, venir en appui ou en complément des politiques de droit commun qui représentent pour l’Etat environ 2 milliards d’euros.
Dans un contexte très contraint pour les finances publiques, il est pertinent de prioriser les territoires et les publics qui en ont le plus besoin. Nous devons mettre en oeuvre des actions encore plus pertinentes et efficaces. Des actions construites « sur mesure » pour répondre aux besoins des populations et aux spécificités des territoires.
C’est dans ce cadre que le Comité interministériel des villes du 18 février dernier, présidé par le Premier ministre François Fillon, a décidé de lancer une expérimentation sur les contrats urbains de cohésion sociale (CUCS), pour cibler davantage les moyens de « droit commun ».
Cette expérimentation sera menée sur 33 sites les plus représentatifs possibles de la grande diversité des quartiers politique de la ville.
Et je me réjouis aujourd’hui d’apporter ma pierre à l’édifice pour construire la ville de demain, celle qui concilie vivre-ensemble, cohésion sociale et attractivité.
Nous allons signer dans quelques instants le deuxième avenant, en France, de ces CUCS expérimentaux, dans ce quartier de Vénissieux.
Je salue la mobilisation exceptionnelle de l’ensemble des acteurs pour produire un avenant dont la qualité est reconnue par tous. Des acteurs qui ont perçu l’opportunité exceptionnelle qu’offre cette expérimentation.
Le CUCS expérimental de Vénissieux porte sur les trois thématiques prioritaires décidées lors du dernier CIV, l’éducation, l’emploi, la prévention et la sécurité. Et vous avez décidé d’y ajouter le cadre de vie, la santé, la culture et la citoyenneté. C’est bien la démonstration que la politique de la ville est une politique propre à chaque territoire, qui s’adapte aux besoins de chacun des territoires concernés.
Notre responsabilité à nous tous qui sommes réunis aujourd’hui est de donner aux habitants des quartiers en difficulté des outils pour prendre leur place, s’émanciper, et construire leur avenir.
Et cela ne passera que par l’éducation qui permet d’agir sur les causes des inégalités sociales et de l’exclusion, par la formation et l’apprentissage, par le travail pour permettre une insertion durable dans l’emploi des habitants des quartiers et dans un cadre de vie agréable et sécurisé car la sécurité est le premier droit de nos concitoyens.
Mesdames et messieurs, la contractualisation, c’est aussi l’évaluation. Pour agir encore mieux, il faut désormais faire évoluer à la fois nos méthodes, nos outils et nos modes d’action. Cette expérimentation donnera lieu à une évaluation et permettra de dégager les pratiques susceptibles d’être généralisées à l’ensemble des CUCS.
L’objectif est de mesurer la mise en oeuvre des programmes d’actions développés dans le cadre des CUCS, leurs résultats ainsi que le fonctionnement et l’impact des CUCS.
Je compte sur votre sens des responsabilités comme sur votre détermination. Je reste moi-même à l’écoute de toutes vos propositions pour améliorer notre action au service de nos concitoyens, pour, comme le disait Aristide Briand, concilier le désirable avec le possible, qui est le fondement de la politique.
Je vous remercie.
Source http://www.ville.gouv.fr, le 8 décembre 2011