Déclaration de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, sur le travail des personnes handicapées mentales, Paris le 4 novembre 2011.

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Circonstance : Colloque de l'Unapei sur le thème "Travail et handicap mental" à Paris le 4 novembre 2011

Texte intégral

C'est avec joie que je vous retrouve, trois mois après votre congrès à Besançon, pour échanger sur un sujet qui vous tient à coeur, et qui est pour moi tout à fait essentiel : « travail et handicap mental »
Je voudrais en premier lieu saluer le travail colossal que vous avez effectué, pendant 18 mois, interrogeant plus d'une centaine de personnes pour définir, à travers votre livre blanc, des principes fondamentaux, une vision stratégique et des préconisations d'actions en faveur du travail des personnes handicapées mentales.
Aujourd'hui, alors que s'ouvre cette journée de travail, vous me remettez le fruit de vos réflexions.
Ce n'est pas pour le mettre sous le boisseau, mais parce que vous comptez sur moi pour relever avec vous ce défi.
Je vous remercie, chère Christel Prado, de votre confiance. En réponse, je voudrais partager avec vous des convictions profondes que je porte depuis longtemps et qui sont à la base de mon engagement politique. Ma première conviction c'est que le travail est un espace essentiel de la vie
Il soutient l'identité, contribue à la réalisation personnelle, Au-delà d'être source de revenus, c'est un vecteur d'épanouissement, par la participation à la vie sociale et par la reconnaissance d'autrui.
Le droit au travail est une composante fondamentale des droits de l'homme. C'est la raison pour laquelle tout système social doit veiller à protéger le droit au travail, le droit de tous à s'y réaliser.
Vous l'avez rappelé, la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées de 2006 inscrit le droit au travail dans les normes minimales qui visent à garantir pour les personnes handicapées le bénéfice effectif de l'éventail complet des droits civils, politiques, sociaux et économiques dont chaque personne humaine est titulaire.
Le travail est au coeur de la loi du 11 février 2005 pour l'égalité des chances, la citoyenneté et la participation sociale.
C'est un défi considérable que nous devons relever et vous pouvez compter sur ma détermination et celle de l'ensemble du Gouvernement.
Vous le savez, des engagements forts ont été pris lors de la dernière conférence nationale du handicap :
* Les conventions d'objectifs qui seront signées avec le service public de l'orientation incluront une mission spécifique en matière d'insertion professionnelle auprès des jeunes handicapés, notamment auprès de ceux accueillis en établissements spécialisés pour jeunes handicapés (IMPro, ITEP) ;
* Le chantier de la modernisation des ESAT permettra aux ESAT de s'adapter à l'évolution du public qu'ils accueillent, de réformer leur mode de tarification et d'améliorer leur insertion dans le monde économique.
* Sans oublier le pacte pour l'emploi dans les entreprises adaptées qui permettra de créer 3000 places d'ici à 2013
Ma deuxième conviction, c'est qu'en dépit de tous les préjugés, le handicap n'interdit pas le plein exercice de ce droit au travail.
Les personnes handicapées ont des capacités réelles qui peuvent et doivent être valorisées.
A cet égard, je me réjouis que 79 % des dirigeants d'entreprises françaises considèrent que l'emploi d'une personne handicapée dans leur entreprise n'a pas posé de problème particulier et que parmi les 68 % des entreprises françaises qui ont eu recours au secteur protégé ou adapté en 2010 - soit deux fois plus qu'en 2008
* 95 % d'entre elles se déclarent satisfaites !
J'ai eu la joie de participer au jury du concours de l'assiette gourm'hand, à Bailleul, il y a trois semaines Ce concours de cuisine de haut niveau met en concurrence des jeunes cuisiniers en situation de handicap mental et je peux témoigner de la qualité des réalisations.
Je garde un souvenir ému du « lieu en Aube d'andouillette, amandes de mer en Chaourcine en choux de Brienne et jus de coteaux rouge des Riceys » de l'ESAT La Fontaine de Troyes.
Au-delà de son seul aspect festif, l'assiette Gourm'hand nous invite aussi à faire évoluer le regard que, collectivement, nous portons sur les personnes différentes qui, la preuve en est faite, ont beaucoup à nous apporter !
C'est un enjeu majeur.
La création d'une journée de sensibilisation dans les écoles, le 2 décembre prochain, et le lancement du premier festival de longs métrages sur le handicap, à Saint Gilles Croix de vie, en mars prochain, témoignent de notre volonté de progresser sur ce chantier.
Ma troisième conviction, c'est que faire progresser les droits des personnes handicapées c'est faire progresser les droits de tous.
L'accessibilité en est un exemple frappant : lorsque l'on fait évoluer les transports en commun, cela profite à toutes et à tous. En matière d'emploi, la dynamique est la même. Une entreprise qui s'ouvre à la différence, c'est une entreprise qui donne finalement sa place à chacun : les femmes, les jeunes, les séniors, les personnes issues de minorité… la majorité de la population finalement !
La politique du handicap n'est pas une politique catégorielle ; c'est un projet de société. Chacun d'entre nous doit donc s'y atteler, dans le respect de l'autre et de son existence singulière.
C'est pourquoi, j'ai veillé à ce que la politique du handicap ne soit pas la variable d'ajustement de la crise et je ferai en sorte que le handicap soit un sujet majeur de la campagne électorale à venir.
Car j'en suis convaincue : il n'est pas de développement économique harmonieux sans justice sociale ni de société qui progresse si l'homme n'est au coeur de son projet !Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 18 novembre 2011