Texte intégral
(
)
Q - Est-ce que vous trouvez que laffaire turque, ou plutôt laffaire qui concerne les Arméniens et les Turcs doive vraiment faire lobjet dune loi ou dun projet de loi à lAssemblée nationale ? Est-ce quon na pas autre chose à faire que de soccuper aujourdhui du génocide arménien ?
R - Écoutez, jétais aux côtés de Bernard Accoyer quand on a évoqué la première loi, celle qui reconnait le génocide arménien, et on sest posé cette question.
Q - Avec des répercussions qui peuvent vous concerner, même si la Turquie est à lextérieur, parce quils menacent de représailles à tous niveaux (économique, culture).
R - Guillaume Durand, sur le fond, est-ce que cest au législateur ou à lhistorien de dire lhistoire ? Et dun autre côté, est-ce que les grands peuples ne shonorent pas lorsquils regardent leur passé avec lucidité ?
Vous croyez que cétait facile pour Schmidt darriver au ghetto de Varsovie et de reconnaître la responsabilité de lAllemagne ? Vous croyez que cétait facile pour Jacques Chirac daller au Vel dHiv et de reconnaître la responsabilité de lÉtat français ?
Q - Et donc, cela concerne Erdogan, mais en quoi cela nous concerne, nous, la pénalisation de cette affaire-là ?
R - Moi, je crois que la France, il faut le rappeler, cest aussi le pays des droits de lHomme et cest aussi le pays qui essaie de porter
Q - donc, on va sétriper entre nous sur un sujet qui nous concerne simplement via la communauté arménienne ? Alors, cest pourquoi ? Cest pour les faire voter ?
R - Si cétait électoraliste, je pense que lopposition ne la voterait pas. Or, vous avez constaté que les socialistes vont voter cette proposition de loi. Je rappelle aussi que cest une proposition de loi, cela émane dun député, cela némane pas du gouvernement. Je rappelle que cela ne vise pas directement la Turquie puisque cest lensemble des génocides qui est concerné. En même temps cela pose un problème quil me paraît essentiel dévoquer aujourdhui, à savoir que lensemble des peuples doivent être lucides et courageux et regarder leur histoire. Le génocide arménien, je vous le rappelle, a eu lieu il y a presque cent ans. Donc, les responsables sont morts. Il sagit là simplement dune reconnaissance dun fait historique.
( )
R - Tous les peuples européens votent la règle dor. On décide darrêter les déficits parce que cela génère de la dette et que celle-ci étrangle léconomie ; en même temps celle-ci se reporte sur les générations futures. Les Français lont bien compris et on va faire la règle dor en France. Elle a été faite en Espagne avec les socialistes, elle a été faite en Allemagne avec les socialistes ( )
Q - Il y avait quand même une petite règle dor qui était Maastricht, que personne na vraiment tenue, il ny a pas que la France.
R - Ce nest pas une règle dor Maastricht.
Q - Cétait quand même une règle.
R - Ce sont des règles qui nont pas été respectées. Maintenant, il faut passer à des règles contraignantes. Lorsque vous avez mis en place des règles dissuasives qui ne marchent pas, il faut arriver à un système dans lequel la règle est que, si vous nacceptez pas la règle dor, il y a des sanctions. Cest cela quon est en train de mettre en place.
Q - Ca, ce serait prêt au mois de mars, vous le confirmez ce matin ?
R - Oui, ce sera prêt au mois de mars.
Q - Vous travaillez sur ces questions en ce moment ?
R - Oui, je pense même quil devrait y avoir une ébauche du traité à la fin du mois de janvier, qui pourrait ensuite tourner
Q - qui sera rendu public dès fin janvier ?
R - Je pense que les grandes lignes seront rendues publiques fin janvier.
Q - Est-ce que vous considérez, comme Jacques Attali, quil existe un risque que leuro disparaisse, alors lui il avait dit dici la fin de lannée, mais disons dans les semaines qui viennent, parce que, semble-t-il, il y a de plus en plus, on a lu ça dans les journaux avec Gilles, dentreprises qui commencent même maintenant, à lintérieur dentreprises privées, à imaginer des scénarios de la sortie de leuro et donc à adapter leur politique commerciale.
Q - Et anticiper, en fait, la dégradation.
R - On peut toujours imaginer le pire, cela fait partie des hypothèses. Sauf que la responsabilité des politiques, cest que le pire narrive pas.
Q - Sauf que Nicolas Sarkozy lui-même a évoqué la question.
R - Tout le monde est à peu près daccord sur le fait que la disparition de leuro, lexplosion de lEurope serait une catastrophe pour tous les peuples européens. Non pas seulement pour les banques ou pour les entreprises, mais pour tous les peuples européens, y compris pour la France.
Donc, la question nest pas de se dire : cela narrivera pas et cela ne peut pas arriver, mais la responsabilité politique nous impose de dire : on va mettre en uvre les moyens pour que cela narrive pas.
Q - Sauf que Nicolas Sarkozy lui-même en a parlé en faisant déjà un petit peu de pédagogie, comme si en fait effectivement cela pouvait arriver dans les semaines qui viennent. Est-ce que cela ne contribue pas à inquiéter un peu les citoyens et les Français ?
R - Non, je ne crois pas ! Le président de la République à Toulon, devant le PPE, le Parti populaire européen, a dit certaines choses : oui lEurope peut se défaire et oui leuro peut disparaître, et cela serait une catastrophe sur le plan économique, sur le plan financier et sur le plan du pouvoir dachat de lensemble des peuples. Vous navez quà regarder ce qui sest passé en Argentine ou ailleurs.
Donc il faut que nous soyons en capacité au niveau européen de mettre en place à la fois la discipline budgétaire et la solidarité. Cest le projet de traité qui est en train de sélaborer.
Q - Mais, Jean Leonetti, vous savez bien, puisque vous connaissez bien la vie politique depuis des années, que cest justement sur cet angle là, la gauche la dabord beaucoup attaqué sur les questions quon évoquait tout à lheure, sa personnalité, son style, etc. Maintenant, ces derniers temps
( )
R - Cest un ridicule accompli. Je veux dire, dabord parce que la France quand elle signe un traité, par un chef dÉtat, sa signature engage lavenir ( )
( )
Q - Mais vous savez, sur tous ces sujets-là, par exemple les agences de notation sont extrêmement sceptiques, elles considèrent jusquà présent que tous les sommets qui ont eu lieu nont rien réglé sur le fond, doù la menace de la fameuse dégradation qui plane sur nos têtes, même si finalement ça commence à exaspérer les Français.
R - Oui, cela exaspère les politiques, cela exaspère les Français. Tous les matins, en se rasant, on ne pense pas à la note de la France
Q - enfin, ce nest pas une bonne nouvelle pour le président et le gouvernement, et pour vous-même, si on apprend dans les huit jours que la note de la France est dégradée.
R - Il y a des pays qui ne vont pas si mal que ça dont la note est dégradées. Les États-Unis par exemple, on na pas très bien compris pourquoi on leur avait dégradé la note ; et puis, il y a dautres pays qui ont un triple A, comme la Grande-Bretagne, et qui vont plutôt mal, avec une augmentation de leur dette qui est le double de ce qui sest passé en France et avec une diminution des salaires. Donc, arrêtons de vivre en se posant la question chaque matin quest-ce que vont faire les agences de notation.
Q - Oui, mais on a cru pendant très longtemps que cétait justement la ligne de crête, la ligne de bataille du président de la République.
R - Ce nest pas une ligne de crête ou une bataille, cest un indicateur. Cela nest pas un objectif. Quand on fait des réformes, on ne les fait pas pour avoir le triple A, on fait des réformes parce que cest lintérêt de notre pays. En faisant ces réformes, on va retrouver la croissance et lemploi.
Q - À propos de la Grande-Bretagne
Q - Les ponts sont définitivement coupés avec David Cameron et les Anglais ?
R - Oh non, pas du tout !
Q - Vous continuez à discuter avec eux ?
R - Il y a une divergence de points de vue. La Grande-Bretagne dit «nous, on veut moins dEurope», et nous disons «on veut plus dEurope» ; et puis, la Grande-Bretagne dit «nous on ne veut pas de régulation des marchés financiers parce quon veut protéger la City», et nous disons «on veut une régulation des marchés financiers». Donc, cest bien que de manière claire
Q - cest un vrai clivage quand même, ce nest pas ça ne marchera pas.
R - Non, cela prouve bien quil y a deux visions de lEurope et quà la fois nous navons pas à obliger les Britanniques à rentrer dans notre projet, mais les Britanniques ne peuvent pas non plus nous empêcher davancer plus loin.
( ).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 décembre 2011
Q - Est-ce que vous trouvez que laffaire turque, ou plutôt laffaire qui concerne les Arméniens et les Turcs doive vraiment faire lobjet dune loi ou dun projet de loi à lAssemblée nationale ? Est-ce quon na pas autre chose à faire que de soccuper aujourdhui du génocide arménien ?
R - Écoutez, jétais aux côtés de Bernard Accoyer quand on a évoqué la première loi, celle qui reconnait le génocide arménien, et on sest posé cette question.
Q - Avec des répercussions qui peuvent vous concerner, même si la Turquie est à lextérieur, parce quils menacent de représailles à tous niveaux (économique, culture).
R - Guillaume Durand, sur le fond, est-ce que cest au législateur ou à lhistorien de dire lhistoire ? Et dun autre côté, est-ce que les grands peuples ne shonorent pas lorsquils regardent leur passé avec lucidité ?
Vous croyez que cétait facile pour Schmidt darriver au ghetto de Varsovie et de reconnaître la responsabilité de lAllemagne ? Vous croyez que cétait facile pour Jacques Chirac daller au Vel dHiv et de reconnaître la responsabilité de lÉtat français ?
Q - Et donc, cela concerne Erdogan, mais en quoi cela nous concerne, nous, la pénalisation de cette affaire-là ?
R - Moi, je crois que la France, il faut le rappeler, cest aussi le pays des droits de lHomme et cest aussi le pays qui essaie de porter
Q - donc, on va sétriper entre nous sur un sujet qui nous concerne simplement via la communauté arménienne ? Alors, cest pourquoi ? Cest pour les faire voter ?
R - Si cétait électoraliste, je pense que lopposition ne la voterait pas. Or, vous avez constaté que les socialistes vont voter cette proposition de loi. Je rappelle aussi que cest une proposition de loi, cela émane dun député, cela némane pas du gouvernement. Je rappelle que cela ne vise pas directement la Turquie puisque cest lensemble des génocides qui est concerné. En même temps cela pose un problème quil me paraît essentiel dévoquer aujourdhui, à savoir que lensemble des peuples doivent être lucides et courageux et regarder leur histoire. Le génocide arménien, je vous le rappelle, a eu lieu il y a presque cent ans. Donc, les responsables sont morts. Il sagit là simplement dune reconnaissance dun fait historique.
( )
R - Tous les peuples européens votent la règle dor. On décide darrêter les déficits parce que cela génère de la dette et que celle-ci étrangle léconomie ; en même temps celle-ci se reporte sur les générations futures. Les Français lont bien compris et on va faire la règle dor en France. Elle a été faite en Espagne avec les socialistes, elle a été faite en Allemagne avec les socialistes ( )
Q - Il y avait quand même une petite règle dor qui était Maastricht, que personne na vraiment tenue, il ny a pas que la France.
R - Ce nest pas une règle dor Maastricht.
Q - Cétait quand même une règle.
R - Ce sont des règles qui nont pas été respectées. Maintenant, il faut passer à des règles contraignantes. Lorsque vous avez mis en place des règles dissuasives qui ne marchent pas, il faut arriver à un système dans lequel la règle est que, si vous nacceptez pas la règle dor, il y a des sanctions. Cest cela quon est en train de mettre en place.
Q - Ca, ce serait prêt au mois de mars, vous le confirmez ce matin ?
R - Oui, ce sera prêt au mois de mars.
Q - Vous travaillez sur ces questions en ce moment ?
R - Oui, je pense même quil devrait y avoir une ébauche du traité à la fin du mois de janvier, qui pourrait ensuite tourner
Q - qui sera rendu public dès fin janvier ?
R - Je pense que les grandes lignes seront rendues publiques fin janvier.
Q - Est-ce que vous considérez, comme Jacques Attali, quil existe un risque que leuro disparaisse, alors lui il avait dit dici la fin de lannée, mais disons dans les semaines qui viennent, parce que, semble-t-il, il y a de plus en plus, on a lu ça dans les journaux avec Gilles, dentreprises qui commencent même maintenant, à lintérieur dentreprises privées, à imaginer des scénarios de la sortie de leuro et donc à adapter leur politique commerciale.
Q - Et anticiper, en fait, la dégradation.
R - On peut toujours imaginer le pire, cela fait partie des hypothèses. Sauf que la responsabilité des politiques, cest que le pire narrive pas.
Q - Sauf que Nicolas Sarkozy lui-même a évoqué la question.
R - Tout le monde est à peu près daccord sur le fait que la disparition de leuro, lexplosion de lEurope serait une catastrophe pour tous les peuples européens. Non pas seulement pour les banques ou pour les entreprises, mais pour tous les peuples européens, y compris pour la France.
Donc, la question nest pas de se dire : cela narrivera pas et cela ne peut pas arriver, mais la responsabilité politique nous impose de dire : on va mettre en uvre les moyens pour que cela narrive pas.
Q - Sauf que Nicolas Sarkozy lui-même en a parlé en faisant déjà un petit peu de pédagogie, comme si en fait effectivement cela pouvait arriver dans les semaines qui viennent. Est-ce que cela ne contribue pas à inquiéter un peu les citoyens et les Français ?
R - Non, je ne crois pas ! Le président de la République à Toulon, devant le PPE, le Parti populaire européen, a dit certaines choses : oui lEurope peut se défaire et oui leuro peut disparaître, et cela serait une catastrophe sur le plan économique, sur le plan financier et sur le plan du pouvoir dachat de lensemble des peuples. Vous navez quà regarder ce qui sest passé en Argentine ou ailleurs.
Donc il faut que nous soyons en capacité au niveau européen de mettre en place à la fois la discipline budgétaire et la solidarité. Cest le projet de traité qui est en train de sélaborer.
Q - Mais, Jean Leonetti, vous savez bien, puisque vous connaissez bien la vie politique depuis des années, que cest justement sur cet angle là, la gauche la dabord beaucoup attaqué sur les questions quon évoquait tout à lheure, sa personnalité, son style, etc. Maintenant, ces derniers temps
( )
R - Cest un ridicule accompli. Je veux dire, dabord parce que la France quand elle signe un traité, par un chef dÉtat, sa signature engage lavenir ( )
( )
Q - Mais vous savez, sur tous ces sujets-là, par exemple les agences de notation sont extrêmement sceptiques, elles considèrent jusquà présent que tous les sommets qui ont eu lieu nont rien réglé sur le fond, doù la menace de la fameuse dégradation qui plane sur nos têtes, même si finalement ça commence à exaspérer les Français.
R - Oui, cela exaspère les politiques, cela exaspère les Français. Tous les matins, en se rasant, on ne pense pas à la note de la France
Q - enfin, ce nest pas une bonne nouvelle pour le président et le gouvernement, et pour vous-même, si on apprend dans les huit jours que la note de la France est dégradée.
R - Il y a des pays qui ne vont pas si mal que ça dont la note est dégradées. Les États-Unis par exemple, on na pas très bien compris pourquoi on leur avait dégradé la note ; et puis, il y a dautres pays qui ont un triple A, comme la Grande-Bretagne, et qui vont plutôt mal, avec une augmentation de leur dette qui est le double de ce qui sest passé en France et avec une diminution des salaires. Donc, arrêtons de vivre en se posant la question chaque matin quest-ce que vont faire les agences de notation.
Q - Oui, mais on a cru pendant très longtemps que cétait justement la ligne de crête, la ligne de bataille du président de la République.
R - Ce nest pas une ligne de crête ou une bataille, cest un indicateur. Cela nest pas un objectif. Quand on fait des réformes, on ne les fait pas pour avoir le triple A, on fait des réformes parce que cest lintérêt de notre pays. En faisant ces réformes, on va retrouver la croissance et lemploi.
Q - À propos de la Grande-Bretagne
Q - Les ponts sont définitivement coupés avec David Cameron et les Anglais ?
R - Oh non, pas du tout !
Q - Vous continuez à discuter avec eux ?
R - Il y a une divergence de points de vue. La Grande-Bretagne dit «nous, on veut moins dEurope», et nous disons «on veut plus dEurope» ; et puis, la Grande-Bretagne dit «nous on ne veut pas de régulation des marchés financiers parce quon veut protéger la City», et nous disons «on veut une régulation des marchés financiers». Donc, cest bien que de manière claire
Q - cest un vrai clivage quand même, ce nest pas ça ne marchera pas.
R - Non, cela prouve bien quil y a deux visions de lEurope et quà la fois nous navons pas à obliger les Britanniques à rentrer dans notre projet, mais les Britanniques ne peuvent pas non plus nous empêcher davancer plus loin.
( ).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 décembre 2011