Texte intégral
Monsieur le Membre du Conseil constitutionnel, Monsieur le Président du Conseil Economique Social et Environnemental, Messieurs les Préfets, Madame la Directrice générale, Monsieur le Président, Messieurs les Directeurs généraux, Monsieur le Secrétaire général, Mesdames, Messieurs, en écoutant Christian Leyrit, je pensais parodier ces vers de Victor Hugo : « Ce corps avait deux ans. Les IPEF remplaçaient
». Je ne suis pas parvenue à faire des alexandrins. Jy renonce donc. Néanmoins, un petit poème aurait été utile pour vous remercier davoir pris linitiative de ce colloque et pour vous remercier tous davoir répondu aussi nombreux à linvitation. Le moment est parfaitement choisi et cette réflexion nétait pas inutile. Je suis très sensible au choix du jour : ce sujet de réflexion me semble être une question pour chaque instant de la vie quotidienne du ministre que je suis. Cest une question qui est aussi au coeur de lavenir et du métier exercé par les IPEF.
Je souhaite apporter quelques commentaires de conclusions sur les deux thèmes successivement abordés.
* Le corps des IPEF
Dans Le Monde daujourd'hui figure un article du Français Jules Hoffman, prix Nobel de médecine 2011, qui ne souhaite passer quun message : la réhabilitation de la science. Ce message doit rencontrer un écho important chez nous tous qui avons une formation scientifique. Je suis moi-même ingénieure des ponts, des eaux et de forêts.
Jai considéré avec un intérêt particulier le questionnaire adressé en juillet dernier à tous les IPEF : le premier enseignement est quune majorité dentre eux pense que le corps nest pas assez connu. Ne serait-ce que pour cela, cette journée avait du sens.
Le taux de réponse élevé, plus de 50 %, démontre lengagement et la motivation des IPEF. Nous avons la responsabilité de transformer cette énergie. Nous disposons dun matériau considérable, avec plus de 200 pages dobservations, qui seront utiles pour la suite et pourront alimenter les réflexions qui devront se poursuivre après cette journée.
Les IPEF se montrent très attachés à leur corps, quelle que soit leur position, quils exercent au service de lEtat, dans le privé ou dans les collectivités territoriales. Ce résultat peut paraître étonnant compte-tenu du caractère récent de ce corps.
Un grand nombre de questions ont été posées sur lavenir des ingénieurs. A ce propos, le rapport remis au Premier ministre par Messieurs Canepa et Folz en 2009 avait bien mis en évidence que lEtat avait besoin de cadres supérieurs à formation scientifique et technique pour garantir son indépendance de jugement. Cela est dautant plus vrai dans un environnement complexe et dans des secteurs qui ne cessent dintégrer de nouvelles technologies.
Lexistence dune filière technique qui ne serait pas séparée artificiellement, dans son encadrement supérieur, des autres filières, représente bien un atout majeur de la fonction publique française et un levier de modernisation de lEtat, à lheure où cela est plus que jamais dactualité. Dans cet esprit, la notion de corps na rien de figé : on doit pouvoir échanger avec son environnement et évoluer.
Lévolution, cest aussi louverture. Avec la fusion, il y a deux ans, les deux corps ont su pratiquer cette ouverture. Il faut féliciter les Secrétariats généraux des deux Ministères qui ont mis en oeuvre cette fusion. Il était déjà question de cette fusion lorsque jétais moi-même à lENGREF. Ce travail a été fastidieux. Il a fallu inventer une structure de gestion biministérielle. Cest aujourd'hui une réussite. Le rapprochement des deux cultures est un atout à faire fructifier. Cest également un atout dans la mise en oeuvre du Grenelle de lenvironnement, au niveau central et aux niveaux déconcentrés, mais aussi au sein des collectivités territoriales ou de lensemble des entreprises. Notre corps est vu dabord comme un corps dingénieurs de haut niveau, mais aussi un corps de généralistes et de managers. Cest la multiplicité de ces facettes qui en fait tout lintérêt.
Il importe davoir de solides racines lorsque son titre sachève sur le mot « forêt ». Vous souhaitez augmenter le nombre dIPEF titulaires dun doctorat. Cela a un coût, mais cest un investissement pour lavenir et pour lensemble de la formation du corps, ainsi quun sésame pour nous faire connaître auprès de tous les interlocuteurs étrangers. Je suis très disposée à ce quune réflexion approfondie puisse être menée par les deux Ministères sur cette question.
Sagissant de la formation initiale et du tronc commun, nous sommes encore dans une période de rodage du nouveau système. Ils représentent un élément important pour lattractivité du corps. Nous devons poursuivre ces travaux dans ce monde où règne la concurrence, y compris avec les universités étrangères les plus prestigieuses. Nous devons offrir une formation de qualité bien identifiée, qui prépare à lavenir mais permette aussi des parcours alternatifs à ce cursus de base lorsque cela est justifié. Cest aussi parce que le corps laisse une certaine liberté quil conserve tout son intérêt.
Vous voulez un corps plus ouvert sur lextérieur, avec davantage dallers-retours entre le public et le privé. Ce sujet est ancien et na jamais été totalement révolu. Je partage ce souci douverture, pour avoir fait moi-même un début de carrières avec des allers-retours entre public et privé et avoir été alors assez mal comprise par les gestionnaires du corps.
* La place et le rôle de lingénieur dans laction publique
Je suis très convaincue que, moyennant ces quelques adaptations à la façon dont les ingénieurs sont gérés, ceux-ci ont un grand avenir partout mais aussi à lintérieur de la structure. Nous avons besoin dune expertise indépendante, dune expertise opposable, dune expertise maison, qui soit à la fois pointue dans tous les domaines et transversale. Nous avons besoin de spécialistes des interactions complexes. Ainsi, linteraction entre urbanisme et transports est aujourd'hui au coeur du quotidien de nos concitoyens ; nous devons trouver, dans notre corps, ces compétences croisées qui font toute la richesse des ingénieurs du corps.
On a lhabitude de déplorer une crise de lexpertise, imputée aux erreurs de communication de certaines politiques publiques dépassées ou déchecs avérés. Un certain nombre dévénements déstabilisateurs sont certes survenus, mais ils ont contribué à faire émerger un nouveau modèle de gouvernance dont le MEDDTL se veut le fer de lance, le pilote et lexemple. Ces crises ont renforcé des attentes légitimes de nos concitoyens par rapport à une multitude de réseaux, qui sont autant de sources dinformations. Lexpertise nest pas déconsidérée. Elle appelle toujours plus dexigence et est toujours plus demandée, dans la plus grande qualité. Le Grenelle de lEnvironnement affirme le droit daccès à linformation environnementale et lexigence dune expertise pluraliste pour le développement durable. La vocation de lexpertise publique et singulièrement des IPEF se trouve ici renforcée. Je reprends à dessein les termes de la Commission dorientation et de suivi : « expertise publique vivante et sociale, impliquant souvent le recours à une analyse systémique ».
Dans mon esprit, nous parlons bien à lensemble des IPEF, à lintérieur, dans les organismes déconcentrés, dans les collectivités, dans le privé, dans des organismes scientifiques et techniques, etc. Ils sont tous des membres vivants de ce corps. Chacun participe de cette richesse et de cette image que je crois forte et que je voudrais toujours plus forte dans les années à venir, dun corps dexcellence qui a beaucoup à apporter à la modernité. Cest tout le mal que je vous souhaite.
Source http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr, le 27 décembre 2011
Je souhaite apporter quelques commentaires de conclusions sur les deux thèmes successivement abordés.
* Le corps des IPEF
Dans Le Monde daujourd'hui figure un article du Français Jules Hoffman, prix Nobel de médecine 2011, qui ne souhaite passer quun message : la réhabilitation de la science. Ce message doit rencontrer un écho important chez nous tous qui avons une formation scientifique. Je suis moi-même ingénieure des ponts, des eaux et de forêts.
Jai considéré avec un intérêt particulier le questionnaire adressé en juillet dernier à tous les IPEF : le premier enseignement est quune majorité dentre eux pense que le corps nest pas assez connu. Ne serait-ce que pour cela, cette journée avait du sens.
Le taux de réponse élevé, plus de 50 %, démontre lengagement et la motivation des IPEF. Nous avons la responsabilité de transformer cette énergie. Nous disposons dun matériau considérable, avec plus de 200 pages dobservations, qui seront utiles pour la suite et pourront alimenter les réflexions qui devront se poursuivre après cette journée.
Les IPEF se montrent très attachés à leur corps, quelle que soit leur position, quils exercent au service de lEtat, dans le privé ou dans les collectivités territoriales. Ce résultat peut paraître étonnant compte-tenu du caractère récent de ce corps.
Un grand nombre de questions ont été posées sur lavenir des ingénieurs. A ce propos, le rapport remis au Premier ministre par Messieurs Canepa et Folz en 2009 avait bien mis en évidence que lEtat avait besoin de cadres supérieurs à formation scientifique et technique pour garantir son indépendance de jugement. Cela est dautant plus vrai dans un environnement complexe et dans des secteurs qui ne cessent dintégrer de nouvelles technologies.
Lexistence dune filière technique qui ne serait pas séparée artificiellement, dans son encadrement supérieur, des autres filières, représente bien un atout majeur de la fonction publique française et un levier de modernisation de lEtat, à lheure où cela est plus que jamais dactualité. Dans cet esprit, la notion de corps na rien de figé : on doit pouvoir échanger avec son environnement et évoluer.
Lévolution, cest aussi louverture. Avec la fusion, il y a deux ans, les deux corps ont su pratiquer cette ouverture. Il faut féliciter les Secrétariats généraux des deux Ministères qui ont mis en oeuvre cette fusion. Il était déjà question de cette fusion lorsque jétais moi-même à lENGREF. Ce travail a été fastidieux. Il a fallu inventer une structure de gestion biministérielle. Cest aujourd'hui une réussite. Le rapprochement des deux cultures est un atout à faire fructifier. Cest également un atout dans la mise en oeuvre du Grenelle de lenvironnement, au niveau central et aux niveaux déconcentrés, mais aussi au sein des collectivités territoriales ou de lensemble des entreprises. Notre corps est vu dabord comme un corps dingénieurs de haut niveau, mais aussi un corps de généralistes et de managers. Cest la multiplicité de ces facettes qui en fait tout lintérêt.
Il importe davoir de solides racines lorsque son titre sachève sur le mot « forêt ». Vous souhaitez augmenter le nombre dIPEF titulaires dun doctorat. Cela a un coût, mais cest un investissement pour lavenir et pour lensemble de la formation du corps, ainsi quun sésame pour nous faire connaître auprès de tous les interlocuteurs étrangers. Je suis très disposée à ce quune réflexion approfondie puisse être menée par les deux Ministères sur cette question.
Sagissant de la formation initiale et du tronc commun, nous sommes encore dans une période de rodage du nouveau système. Ils représentent un élément important pour lattractivité du corps. Nous devons poursuivre ces travaux dans ce monde où règne la concurrence, y compris avec les universités étrangères les plus prestigieuses. Nous devons offrir une formation de qualité bien identifiée, qui prépare à lavenir mais permette aussi des parcours alternatifs à ce cursus de base lorsque cela est justifié. Cest aussi parce que le corps laisse une certaine liberté quil conserve tout son intérêt.
Vous voulez un corps plus ouvert sur lextérieur, avec davantage dallers-retours entre le public et le privé. Ce sujet est ancien et na jamais été totalement révolu. Je partage ce souci douverture, pour avoir fait moi-même un début de carrières avec des allers-retours entre public et privé et avoir été alors assez mal comprise par les gestionnaires du corps.
* La place et le rôle de lingénieur dans laction publique
Je suis très convaincue que, moyennant ces quelques adaptations à la façon dont les ingénieurs sont gérés, ceux-ci ont un grand avenir partout mais aussi à lintérieur de la structure. Nous avons besoin dune expertise indépendante, dune expertise opposable, dune expertise maison, qui soit à la fois pointue dans tous les domaines et transversale. Nous avons besoin de spécialistes des interactions complexes. Ainsi, linteraction entre urbanisme et transports est aujourd'hui au coeur du quotidien de nos concitoyens ; nous devons trouver, dans notre corps, ces compétences croisées qui font toute la richesse des ingénieurs du corps.
On a lhabitude de déplorer une crise de lexpertise, imputée aux erreurs de communication de certaines politiques publiques dépassées ou déchecs avérés. Un certain nombre dévénements déstabilisateurs sont certes survenus, mais ils ont contribué à faire émerger un nouveau modèle de gouvernance dont le MEDDTL se veut le fer de lance, le pilote et lexemple. Ces crises ont renforcé des attentes légitimes de nos concitoyens par rapport à une multitude de réseaux, qui sont autant de sources dinformations. Lexpertise nest pas déconsidérée. Elle appelle toujours plus dexigence et est toujours plus demandée, dans la plus grande qualité. Le Grenelle de lEnvironnement affirme le droit daccès à linformation environnementale et lexigence dune expertise pluraliste pour le développement durable. La vocation de lexpertise publique et singulièrement des IPEF se trouve ici renforcée. Je reprends à dessein les termes de la Commission dorientation et de suivi : « expertise publique vivante et sociale, impliquant souvent le recours à une analyse systémique ».
Dans mon esprit, nous parlons bien à lensemble des IPEF, à lintérieur, dans les organismes déconcentrés, dans les collectivités, dans le privé, dans des organismes scientifiques et techniques, etc. Ils sont tous des membres vivants de ce corps. Chacun participe de cette richesse et de cette image que je crois forte et que je voudrais toujours plus forte dans les années à venir, dun corps dexcellence qui a beaucoup à apporter à la modernité. Cest tout le mal que je vous souhaite.
Source http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr, le 27 décembre 2011