Déclaration de Mme Claude Greff, secrétaire d'Etat à la famille, sur la violence des jeux vidéos et la nécessité d'installer un contrôle parental et les éditeurs de jeux vidéos pour la protection de l'enfance, Paris le 13 décembre 2011.

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Circonstance : Signature de la Charte PédagoJeux sur les jeux vidéos à Paris le 13 décembre 2011

Texte intégral


Je voudrai commencer mon propos par ces chiffres : 52 % des adolescents ont déjà joué à des jeux déconseillés pour leur âge, 6 jeunes sur 10 se sont déjà sentis gênés du contenu d’un jeu vidéo et seulement moins d’1 famille sur 8 a installé un logiciel de contrôle parental sur une console de jeu.
Le rôle de l’Etat, mais aussi des éditeurs de jeux vidéo et de la distribution est de protéger nos enfants et d’informer les familles, surtout à cette période de l’année où les jeux vidéo sont dans le peloton de tête des cadeaux offerts aux enfants !
C’est pourquoi je suis très heureuse de vous accueillir aujourd’hui pour matérialiser, par la signature de cette charte, un engagement collectif fort : rendre acteurs les parents dans l’usage des jeux vidéo et ainsi agir en faveur de la protection de l’enfance.
Cet engagement s’inscrit dans une politique d’éducation aux médias innovante que je soutiens vivement depuis ma nomination.
Je tiens à remercier, comme il se doit, tous les signataires de la charte qui se sont engagés dans cette démarche citoyenne et responsable et qui participe à la protection de l’enfance :
- Pour l’industrie du jeu vidéo : le Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs (SELL) représenté par Monsieur Jean-Claude LARUE grâce à qui j’ai découvert le salon Gamesweek, le grand rendez du jeu-vidéo à Paris,
- Pour le secteur de la distribution : Fnac, Auchan, Carrefour, Games, Boulanger,
- Et le Collectif PédaGoJeux représenté par Monsieur François Fondard, Président de l’Union Nationale des Associations Familiales.
Un mot sur le collectif PédaGoJeux animé par dix membres fondateurs, venus d’horizons différents : sphère publique, acteurs industriels et associations.
Je rejoins pleinement la philosophie de ce collectif qui ne tend pas à diaboliser le jeu vidéo, ni à donner une vision angélique mais bien à transmettre les clés de compréhension permettant aux parents de se saisir de la question des jeux vidéo au sein de la famille.
Sur Internet, PédaGoJeux délivre aussi un contenu pédagogique indispensable aux parents et décrypte l’univers du jeu vidéo.
Tous ensemble, en signant cette charte, vous témoignez de votre grand sens des responsabilités et je suis convaincue que cette signature marque l’amorce d’une démarche vertueuse.
En effet, cette signature est la première pierre à l’édifice. Et j’invite tous les autres acteurs, notamment les sites Internet spécialisés dans la vente de jeux vidéo à nous rejoindre dans cette démarche.
La France est le 1er marché en Europe pour l’industrie du jeu vidéo, avec près de 28 millions de clients réguliers.
Je n’ignore pas que l’industrie du jeu vidéo est aujourd’hui l’un des secteurs culturels les plus dynamiques dans le monde, séduisant un public croissant par la variété de son offre.
Les 38,8 millions de jeux écoulés en 2009 en France traduisent cet engouement.
Les Français sont parmi les Européens les plus adeptes de ce loisir : 38 % déclarent s’y être adonnés lors des six derniers mois.
Il est important que la dimension culturelle du jeu soit reconnue, c’est essentiel !
Le jeu vidéo est une véritable industrie, un terrain d’expression pour des créateurs qui rivalisent de talent.
C’est ainsi devenu, en l’espace de quelques décennies, un phénomène de société, offrant des perspectives prometteuses dans nombre de domaines.
Mais ce loisir suscite des inquiétudes de la part des parents.
La pratique de certains jeux, jugés violents ou choquants, par des jeunes - publics sensibles et fragiles - nous obligent à agir.
L’enjeu aujourd’hui pour les familles, est de mieux connaitre ces jeux vidéo pour pouvoir accompagner et parfois même protéger les enfants.
Comment les parents peuvent-ils poser et faire respecter des limites ?
Il faut, c’est essentiel à mes yeux, qu’existe au sein de la famille un véritable dialogue sur ce qu’est le jeu vidéo, ses usages, ses codes…
L’enfant acceptera d’autant mieux les limites qui lui sont posées s’il a le sentiment qu’elles émanent de parents qui savent de quoi ils parlent et qui connaissent les jeux auxquels il joue.
Les chiffres le confirment :
Selon l’enquête IPSOS/DIF de décembre 2008, alors que la quasi totalité des enfants de 6 à 17 ans (96 %) jouent régulièrement aux jeux vidéo, plus d’un parent sur deux (54 %) n’en parlent « jamais » ou seulement « parfois » avec leurs enfants.
D’ailleurs, bien qu’étant les principaux acheteurs de jeux vidéo pour leurs enfants, 86 % des parents disent ignorer la signalétique (PEGI) qui classe les différents jeux en fonction de la sensibilité de leur contenu, et selon l’âge minimum pour lequel le jeu est adapté.
Les contenus des jeux vidéo sont d’autant plus problématiques qu’ils font souvent l’objet d’une consommation solitaire, répétée et active, qui favorise les comportements agressifs et entraine des formes d’addiction. La question qui se pose donc ici est celle de la capacité des parents à émettre et faire respecter des limites, à condition qu’ils soient en mesure de le faire.
Vous l’aurez compris : le jeu vidéo est très clairement un nouvel enjeu d’autorité parentale.
C’ est pourquoi j’ai voulu qu’un effort particulier sur l’information des parents et des enfants en matière de jeux vidéo soit mené par les acteurs de l’industrie du jeu vidéo et de la distribution.
Des actions allant dans ce sens ont déjà été réalisées, de manière isolée, mais la signature de cette charte va plus loin parce-que c’est un véritable engagement collectif !
1/ Chacun à votre niveau, vous allez notamment renforcer l’information des parents sur la signalétique PEGI.
Avant d’acheter un jeu vidéo pour leurs enfants, les parents auront accès à une explication claire et détaillée de la signalétique PEGI, notamment la classification par âge.
Cette sensibilisation sera présente dans les rayons mais aussi lors du passage en caisse, où par exemple, un signal sonore pourra mettre en alerte les parents sur la limitation d’âge.
Vous allez également promouvoir, sur vos points de vente, le site Internet dédié aux parents: www.pedagojeux.fr
2/ Pour être en capacité de renseigner au mieux les parents, les vendeurs seront formés sur la classification PEGI retenue pour chaque jeu, sur les systèmes de contrôle parental adaptés les consoles et les ordinateurs et souvent méconnus par les parents et inviteront les parents à aller sur le site PedaGoJeux.fr, véritable lieu ressources où ils trouveront tout sur l’univers du jeu vidéo.
3/ Information mais aussi vigilance. Les signataires de la charte s’engagent à faire respecter les recommandations d’âge de la signalétique PEGI et faire des efforts pour s’assurer que les jeux vidéo ne soient pas vendus à des personnes en dessous de l’âge spécifié.
4/ Les signataires veilleront à ce que les éléments visuels de la signalétique PEGI restent visibles en permanence sur les boîtes de jeu et ne soient pas cachés par leur conditionnement ou l’étiquette du prix.
5/ Les distributeurs afficheront clairement et en évidence les logos des âges PEGI et, dans la mesure du possible, les descripteurs de contenu et le site Internet PédaGoJeux dans toute publicité, marketing et promotion des jeux vidéo.
Les signataires veilleront à ce qu’aucun contenu susceptible de heurter la sensibilité d’un public jeune ne soit diffusé et accessible sur les points de vente.
6/ Dès la signature de la charte, un message publicitaire PEGI – PédaGoJeux sera diffusé, sur les points de vente notamment, pour sensibiliser les parents sur les problématiques liées aux jeux vidéo (jeu vidéo en réseau, temps de jeu, impact du contenu du jeu sur le joueur, droits et devoirs au sein d’un jeu…)
7/ Une sensibilisation présente aussi sur la toile puisqu’une rubrique destinée aux parents sera crée sur les sites internet des signataires.
8/ Les contestations de consommateurs relatives au non-respect de cette Charte seront systématiquement prises en compte et transmises au collectif PédaGoJeux ainsi que l’ensemble des remarques, suggestions et propositions d’amélioration des usagers.
9/ Pour qu’un engagement soit efficace, il doit être évalué et faire l’objet d’un suivi régulier. Chacun des signataires évaluera ses politiques internes, ses pratiques et les procédures existantes sur l’éducation aux classifications PEGI et mettra en oeuvre, s’il le faut, les améliorations nécessaires pour maintenir la conformité avec cette Charte.
Une évolution des engagements de la Charte pourra être proposée par le collectif PédaGoJeux sur la base des bilans annuels, des bonnes pratiques, des contestations et des évolutions des pratiques d’achats des consommateurs.
10/ Enfin, le collectif PédaGoJeux s’engage à réunir une fois par an les signataires de la Charte afin de dresser un bilan et si nécessaire, définir les ajustements.
Vous voyez, notre objectif à tous est de permettre aux parents de mieux accompagner leurs enfants dans la pratique des jeux vidéo.
La signature de la Charte vient renforcer la politique d’éducation aux médias engagée par le Secrétariat d’Etat chargé de la famille.
J’en profite pour rappeler que j’ai lancé en octobre un numéro national, entièrement gratuit, dédié aux familles : «Net écoute 0800 200 000 info familles » qui répond à toutes les questions que se posent les parents ou les adolescents sur l’usage d’Internet, du mobile et des jeux vidéo.
Ainsi qu’un espace internet « Info familles net écoute », sous forme de Foire aux Questions (FAQ), pour tous les membres de la famille qui se préoccupent de l’utilisation d’Internet et des nouveaux média.
Cet engagement aujourd’hui, nous le prenons ensemble.
Bien entendu, toute la valeur de cette Charte repose sur le respect des engagements qu’elle comporte.
Sur ce point, je sais pouvoir vous faire confiance.
Source http://www.prevention-delinquance.interieur.gouv.fr, le 28 décembre 2011