Déclaration de M. Maurice Leroy, ministre de la ville, sur la politique urbaine dans les banlieues et la rénovation urbaine, Evry le 19 décembre 2011.

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Circonstance : Déplacement à Evry le 19 décembre 2011

Texte intégral


Je tiens d’abord à remercier Manuel Valls, le maire d’Evry, de m’avoir accueilli si chaleureusement.
Je tiens à vous dire aussi que je suis très heureux d’être parmi vous aujourd’hui dans cette ville qui a marqué l’histoire urbaine et qui incarne le symbole de mon engagement, de notre engagement au service de nos concitoyens.
Peu s’en souviennent, mais il y a près de 40 ans Evry n’était qu’un petit bourg charmant en bord de Seine qui, depuis, a connu une extraordinaire aventure urbaine et humaine.
Mais aujourd’hui, Evry comme toutes les grandes cités n’échappe pas aux réalités de ces fractures territoriales et sociales que nous n’avons pas su, depuis trente ans, anticiper et qui fragilisent notre cohésion et le bien vivre ensemble.
Reconnaître à tous ceux qui résident sur le territoire national le droit d’avoir un cadre de vie décent, c’est aussi une composante de notre modèle social.
Sans cela, pas de véritable insertion dans la société, pas de véritable avenir pour nos enfants et donc pas de vie collective possible.
Evry comme beaucoup d’autres communes, s’est engagée sur cette voie et illustre la capacité d’une ville à se remettre en question, à faire voler en éclats les préjugés, les clichés… et à changer le regard porté sur les banlieues.
Dans son discours du 8 février 2008, le Président de la République, Nicolas Sarkozy, qualifiait même d’enjeu de civilisation le fait de réinventer la ville.
C’est aussi ma mission de ministre de la ville, d’être à vos côtés aujourd’hui pour accompagner ce que vous mettez en oeuvre pour articuler de l’humain et de l’urbain, pour corriger les inégalités et recoudre le tissu social et territorial !
Cela fait très longtemps que nous travaillons ensemble, malgré nos différences politiques, mais en exprimant clairement nos convictions et en construisant des projets communs. C’est ce qui explique le grand succès de la rénovation urbaine, lancée par Jean-Louis Borloo en 2003.
Le PNRU, ce sont 12 milliards d’euros de subvention qui génèrent près de 43 milliards d’euro de travaux, et 45.000 emplois chaque année. C’est un instrument déterminant pour transformer durablement les conditions de vie de près de 4 millions d’habitants dans 485 quartiers populaires concernés.
J’étais tout à l’heure aux Pyramides et au Bois sauvage, quartiers emblématiques de la politique de la ville. Ces quartiers imaginés par de grands architectes, Michel Andrault et Pierre Parat et construits dans les années soixante dix, ont fait l’objet de projets de rénovation urbaine réussis.
Je tiens à souligner le caractère remarquable et la cohérence du projet urbain conduit par la ville dans le cadre de son plan de rénovation urbaine.
Je tiens à saluer aussi, la démarche partenariale que vous avez initié monsieur le Maire. Vous le savez tous, on ne peut réussir dans la durée que si l’on entraine tous les acteurs autour d’un véritable projet.
Aujourd’hui, plus de 32 millions d’€ ont été investis par l’Anru aux Pyramides pour un projet qui mobilise plus 101 millions d’€. tandis qu’au Bois Sauvage, la première tranche de projets est estimée à 39 millions d’€ (dont 11 de l’Anru) !
Il reste encore à faire je le sais, et j’entends l’appel des maires de toutes tendances confondues qui souhaitent une nouvelle phase du programme national de rénovation urbaine.
Je tiens à vous dire que ce déplacement, comme tous ceux que j’ai déjà effectués sur le terrain, me sera très utile, dans le cadre des réflexions que je mène à la demande du Premier ministre François Fillon pour un acte 2 du Plan National de Rénovation Urbaine.
Mesdames et Messieurs, vous le savez, la politique de la ville est interministérielle, partenariale et contractuelle. La question du droit commun est au coeur de mon action. Aujourd’hui, la mobilisation du droit commun dans et pour les quartiers n’est pas suffisante.
Or, la mobilisation du droit commun est une condition essentielle à l’amélioration de l’action publique en faveur des habitants des quartiers. La politique de la ville doit, pour sa part, venir en appui ou en complément de ces politiques.
Dans un contexte très contraint pour les finances publiques, il est nécessaire de prioriser les territoires et les publics qui en ont le plus besoin. Nous devons mettre en oeuvre des actions encore plus pertinentes et efficaces. Des actions construites « sur mesure » pour répondre aux besoins des populations et aux spécificités des territoires.
C’est dans ce cadre que le Comité interministériel des villes du 18 février dernier, présidé par le Premier ministre François Fillon, a décidé de lancer une expérimentation sur les contrats urbains de cohésion sociale, pour cibler davantage les moyens de « droit commun ».
Cette expérimentation est menée sur 33 sites les plus représentatifs possibles de la grande diversité des quartiers politique de la ville. Et je me réjouis aujourd’hui d’apporter ma pierre à l’édifice pour construire la ville de demain.
Nous avons signé il y a quelques instants le troisième avenant en France, de ces Cucs expérimentaux, dans ce quartier des Pyramides.
Le Cucs expérimental d’Evry porte sur les trois thématiques prioritaires décidées lors du dernier CIV, l’éducation, l’emploi et le développement économique, la prévention de la délinquance et la sécurité.
Je salue la mobilisation exceptionnelle de l’ensemble des acteurs pour produire un avenant dont la qualité est reconnue par tous. Des acteurs qui ont perçu l’opportunité exceptionnelle qu’offre cette expérimentation.
Notre responsabilité à nous tous qui sommes réunis aujourd’hui est de donner aux habitants des quartiers en difficulté des outils pour s’émanciper, et construire leur avenir.
Cela passera par l’emploi pour permettre une insertion durable. Face à la crise, l’emploi reste la première de nos priorités, comme celle du Gouvernement. La première mesure prise par le CIV du 18 février 2011 est de renforcer la territorialisation des politiques de l’emploi au bénéfice des quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Vous en avez fait aussi une priorité, j’ai pu le constater à travers les actions que vous menez et que mon ministère soutient, que ce soit au Point de Développement Economique (PDE) ou à travers les actions de coaching.
Cela passera par l’éducation pour lutter contre les inégalités sociales. L’éducation est très liée à l’emploi car sans formation, comment prétendre à un emploi ?
La consolidation du programme de réussite éducative est une de mes priorités. Nous devons poursuivre nos efforts pour individualiser et améliorer sa coordination avec les dispositifs relevant du Ministère de l’éducation nationale.
Cela passera aussi par la sécurité, car la sécurité est le premier droit fondamental que l’Etat doit assurer à ces concitoyens. C’est pourquoi il est important de développer les actions de prévention de la délinquance et de lutte contre la récidive. C’est aussi notre devoir pour une République apaisée.
La contractualisation, c’est aussi l’évaluation. Pour agir encore mieux, il faut désormais faire évoluer à la fois nos méthodes, nos outils et nos modes d’action. Cette expérimentation donnera lieu à une évaluation et permettra de dégager les pratiques susceptibles d’être généralisées à l’ensemble des Cucs.
Je compte sur votre sens des responsabilités comme sur votre détermination. Je reste moi-même à l’écoute de toutes vos propositions pour améliorer notre action au service de nos concitoyens.
Je vous remercie.
Source http://www.ville.gouv.fr, le 27 décembre 2011