Texte intégral
Dix années de négociation du cycle de Doha à lOrganisation mondiale du commerce (OMC) ont abouti, le 17 décembre, à un constat déchec, que la France a été seule à reconnaître. Malgré les efforts de lEurope, les États-Unis, déjà tournés vers la prochaine campagne présidentielle, ont une fois de plus fait la sourde oreille et les grands pays émergents ont refusé de prendre leurs responsabilités. Au final, les pays les plus pauvres sont les principales victimes de cette impasse.
Pour lheure, la question est devenue très politique : faut-il tenter de sauver les règles du commerce international ou se résigner à une montée du protectionnisme ? Lidée est aussi ancienne quelle est funeste par ses résultats. Que les tenants de cette théorie expliquent ce quils comptent faire des sept millions de Français salariés dentreprises exportatrices. Quils convainquent nos 91 000 entreprises qui se battent pour vendre à létranger que la solution est de fermer les frontières. Quils nous racontent, enfin, comment ils comptent «démondialiser» sept milliards dêtres humains... Ils ne feront quaccentuer la «deuxième vague» de protectionnisme, venue de ces pays qui manipulent leur monnaie, ou de ceux qui, comme le Brésil, lArgentine ou lInde, interdisent laccès de leurs marchés à certains produits étrangers...
Malgré les critiques, lOMC reste une institution précieuse et il nappartient quà nous den faire bon usage. Loccasion nous en est donnée chaque jour au sein de lOrgane de règlement des différends (ORD), véritable tribunal du commerce international. Un grand pays émergent coupe laccès à ses matières premières ? Un autre subventionne ses entreprises exportatrices de façon abusive ? Nous avons le moyen de dénoncer ces pratiques à lOMC et de les faire cesser. Il est donc dans notre intérêt de renforcer cet organe créateur de droit. Parce que sa crédibilité en dépend, la France a demandé que ce tribunal soit composé de juges professionnels et permanents. Parce quil nest pas tolérable que des produits inondent nos marchés, alors quils ont été fabriqués au mépris des droits essentiels du travailleur, nous avons en outre souhaité que lOMC renforce ses liens avec lOrganisation internationale du travail.
Le 17 décembre, nous avons remporté une bataille majeure qui, bien que passée inaperçue dans la presse, nest pas anodine pour autant. Grâce à la fermeté de la France, la négociation avec le Japon a abouti à une ouverture de ses marchés publics à hauteur de 10 milliards deuros par an : nos entreprises vont ainsi pouvoir participer à la reconstruction post-tsunami.
Cette réussite illustre le fait quune Europe unie peut imposer le principe de réciprocité à ses partenaires, convaincue que louverture des marchés, lorsquelle est régulée, est source de nouveaux débouchés pour nos entreprises et lemploi. Il existe donc dautres voies que l«indignation», dautres solutions que lemmurement. Ainsi, depuis 1999, lAllemagne se tourne vers lOrient : ses exportations vers la Chine ont progressé de 600 %, alors que la part de son commerce avec la zone euro est tombée de 48 % à 41 % entre 2008 et 2011. Est-ce un hasard si notre voisin connaît un taux de chômage modéré et prévoit un excédent commercial de 116 milliards deuros cette année ?
LAllemagne, lAutriche ou les pays scandinaves ont mené il y a dix ans les réformes de structure pour arrimer leur croissance à celle des pays émergents. Ne les érigeons pas en modèles ; reconnaissons quils ont vu juste. Le véritable défi est en effet celui de la compétitivité. Exporter plus, cest dabord produire en France et nous donner les moyens dune vraie politique industrielle pour la première fois depuis de Gaulle et Pompidou.
Cest dans cette perspective que le président de la République a lancé les grands chantiers à même de remettre le navire France dans la bonne direction. Avec le Fonds stratégique dinvestissement, Oséo, la banque publique des PME, ou encore Ubifrance, notre pays sest donné les moyens de mener une véritable politique industrielle. Pour que la France reste une terre de production, nous avons soutenu la recherche et linnovation avec les investissements davenir et le crédit impôt recherche et nous avons pris des mesures qui compensent limpact des 35 heures sur le coût du travail. En parallèle, je mène une action dans chaque région française pour mieux aider nos PME à profiter de la demande des pays émergents car, beaucoup loublient, la Chine, lInde et le Brésil ne sont pas seulement des concurrents mais aussi des clients avec des besoins considérables en équipements et en biens de consommation...
Est-ce une coïncidence si le nombre de nos PME exportant pour la première fois a augmenté de 10 % ? Ceux qui critiquent la lenteur des progrès ont beau jeu de promettre lemploi en un claquement de doigts protectionniste. Contrairement à ce quils voudraient nous faire croire, il ny a pas de miracles, mais du travail. Amplifier les réformes de compétitivité engagées depuis 2007 nest pas une question didéologie, mais une nécessité historique : celle de ne pas sacrifier aux intérêts partisans lavenir de notre pays.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 janvier 2012
Pour lheure, la question est devenue très politique : faut-il tenter de sauver les règles du commerce international ou se résigner à une montée du protectionnisme ? Lidée est aussi ancienne quelle est funeste par ses résultats. Que les tenants de cette théorie expliquent ce quils comptent faire des sept millions de Français salariés dentreprises exportatrices. Quils convainquent nos 91 000 entreprises qui se battent pour vendre à létranger que la solution est de fermer les frontières. Quils nous racontent, enfin, comment ils comptent «démondialiser» sept milliards dêtres humains... Ils ne feront quaccentuer la «deuxième vague» de protectionnisme, venue de ces pays qui manipulent leur monnaie, ou de ceux qui, comme le Brésil, lArgentine ou lInde, interdisent laccès de leurs marchés à certains produits étrangers...
Malgré les critiques, lOMC reste une institution précieuse et il nappartient quà nous den faire bon usage. Loccasion nous en est donnée chaque jour au sein de lOrgane de règlement des différends (ORD), véritable tribunal du commerce international. Un grand pays émergent coupe laccès à ses matières premières ? Un autre subventionne ses entreprises exportatrices de façon abusive ? Nous avons le moyen de dénoncer ces pratiques à lOMC et de les faire cesser. Il est donc dans notre intérêt de renforcer cet organe créateur de droit. Parce que sa crédibilité en dépend, la France a demandé que ce tribunal soit composé de juges professionnels et permanents. Parce quil nest pas tolérable que des produits inondent nos marchés, alors quils ont été fabriqués au mépris des droits essentiels du travailleur, nous avons en outre souhaité que lOMC renforce ses liens avec lOrganisation internationale du travail.
Le 17 décembre, nous avons remporté une bataille majeure qui, bien que passée inaperçue dans la presse, nest pas anodine pour autant. Grâce à la fermeté de la France, la négociation avec le Japon a abouti à une ouverture de ses marchés publics à hauteur de 10 milliards deuros par an : nos entreprises vont ainsi pouvoir participer à la reconstruction post-tsunami.
Cette réussite illustre le fait quune Europe unie peut imposer le principe de réciprocité à ses partenaires, convaincue que louverture des marchés, lorsquelle est régulée, est source de nouveaux débouchés pour nos entreprises et lemploi. Il existe donc dautres voies que l«indignation», dautres solutions que lemmurement. Ainsi, depuis 1999, lAllemagne se tourne vers lOrient : ses exportations vers la Chine ont progressé de 600 %, alors que la part de son commerce avec la zone euro est tombée de 48 % à 41 % entre 2008 et 2011. Est-ce un hasard si notre voisin connaît un taux de chômage modéré et prévoit un excédent commercial de 116 milliards deuros cette année ?
LAllemagne, lAutriche ou les pays scandinaves ont mené il y a dix ans les réformes de structure pour arrimer leur croissance à celle des pays émergents. Ne les érigeons pas en modèles ; reconnaissons quils ont vu juste. Le véritable défi est en effet celui de la compétitivité. Exporter plus, cest dabord produire en France et nous donner les moyens dune vraie politique industrielle pour la première fois depuis de Gaulle et Pompidou.
Cest dans cette perspective que le président de la République a lancé les grands chantiers à même de remettre le navire France dans la bonne direction. Avec le Fonds stratégique dinvestissement, Oséo, la banque publique des PME, ou encore Ubifrance, notre pays sest donné les moyens de mener une véritable politique industrielle. Pour que la France reste une terre de production, nous avons soutenu la recherche et linnovation avec les investissements davenir et le crédit impôt recherche et nous avons pris des mesures qui compensent limpact des 35 heures sur le coût du travail. En parallèle, je mène une action dans chaque région française pour mieux aider nos PME à profiter de la demande des pays émergents car, beaucoup loublient, la Chine, lInde et le Brésil ne sont pas seulement des concurrents mais aussi des clients avec des besoins considérables en équipements et en biens de consommation...
Est-ce une coïncidence si le nombre de nos PME exportant pour la première fois a augmenté de 10 % ? Ceux qui critiquent la lenteur des progrès ont beau jeu de promettre lemploi en un claquement de doigts protectionniste. Contrairement à ce quils voudraient nous faire croire, il ny a pas de miracles, mais du travail. Amplifier les réformes de compétitivité engagées depuis 2007 nest pas une question didéologie, mais une nécessité historique : celle de ne pas sacrifier aux intérêts partisans lavenir de notre pays.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 janvier 2012