Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur le développement des échanges commerciaux et de la coopération universitaire et scientifique entre la France et le Brésil, à Brasilia le 15 décembre 2011.

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Circonstance : Voyage au Brésil du 14 au 17 novembre - point de presse à l'issue de la cérémonie de signature de contrats, au palais du Panalto, à Brasilia le 15 décembre 2011

Texte intégral

Je voudrais remercier la Présidente Dilma Rousseff pour l’accueil chaleureux qu’elle vient de me réserver à moi-même et à la délégation qui m’accompagne et pour la qualité des échanges que nous avons eus. J’avais essayé d’organiser mon voyage pour pouvoir lui souhaiter son anniversaire, je l’ai fait simplement avec une journée de retard mais avec beaucoup de sincérité et d’amitié.
La France a beaucoup d’admiration pour ce que les autorités et la population brésiliennes ont réussi, et notamment ce qu’ils ont réussi depuis la dernière décennie : un très fort leadership, incarné par des Chefs d’Etat visionnaires ; une politique de développement économique et social ambitieuse ; une influence nouvelle et légitime du Brésil sur la scène internationale. Et je voudrais que vous me permettiez de dire, en particulier aussi, toute l’estime qui est la mienne pour l’histoire personnelle de Dilma Rousseff, pour son parcours, pour son courage et pour les combats qu’elle a conduits tout au long de sa vie.
Je suis venu au Brésil pour rappeler notre totale détermination à poursuivre le partenariat stratégique qui avait été lancé en 2008 par les Présidents Sarkozy et Lula. Aujourd'hui, nous avons non seulement pu constater combien ce partenariat était vivant, dynamique, diversifié mais surtout nous sommes convenus de l’accélérer et de le densifier encore autour de projets très concrets dans le domaine économique, dans le domaine scientifique et technologique.
Madame la Présidente Rousseff a évoqué des chiffres que je n’ai pas besoin de rappeler : nous avons doublé nos échanges commerciaux en moins de dix ans, il y a aujourd’hui plus de 500 entreprises françaises installées au Brésil qui représentent plus de 500 000 emplois. Et nous sommes au tout premier rang des investisseurs étrangers au Brésil.
Je veux insister sur le fait que nos relations ne sont pas simplement des relations de producteurs à consommateurs, ce sont des partenariats industriels, des partenariats industriels qui impliquent notamment des transferts de technologie et une véritable volonté de produire et de concevoir ensemble. Je veux souligner l’un des exemples les plus emblématiques de ce partenariat technologique qui est la réalisation des grands contrats dans le domaine de la défense, notamment ceux de la construction d’hélicoptères et de sous-marins. Je sais que madame Rousseff est allée découper la première tôle du premier sous-marin réalisé dans le cadre de ce partenariat et je me réjouis de pouvoir samedi aller visiter ce chantier.
Nous avons naturellement évoqué ensemble les grands programmes brésiliens dans le domaine du renforcement des capacités navales comme des capacités aériennes de l’armée ainsi que l’enjeu essentiel de la sécurisation des frontières du pays. J’ai redit à madame Rousseff que sur tous ces sujets, le Brésil doit savoir qu’il peut compter sur les propositions françaises. Et j’ai retenu de notre entretien que nous pouvions être confiants sur le développement de nos coopérations dans tous ces secteurs.
Nos hommes d'affaires travaillent en toute confiance ensemble et en témoigne la très importante délégation qui m’accompagne. Je veux remercier toutes celles et tous ceux qui, au sein du Groupe de Haut Niveau franco-brésilien, ont travaillé depuis 2009 et qui viennent de nous remettre un rapport très riche en propositions concrètes pour dynamiser les investissements croisés entre nos deux pays.
Ces propositions s'inscrivent dans la droite ligne des grands projets de coopération franco-brésiliens, dans les secteurs prioritaires que avons ensemble identifiés : l’aéronautique, le spatial, le nucléaire civil – et nous avons beaucoup insisté l’un et l’autre sur la nécessité d’approfondir notre coopération dans ce domaine- le transport à grande vitesse, la puissance de calcul, ou encore le domaine de la santé.
Nous avons d'ailleurs, dès aujourd'hui, accompli l'une des recommandations de ce rapport en signant une convention en matière de sécurité sociale, qui va grandement faciliter la mobilité professionnelle entre la France et le Brésil.
Nous avons également décidé de renforcer notre partenariat dans le domaine universitaire et scientifique. La France est fière d’être le premier partenaire européen du Brésil en matière de coopération scientifique. Elle est fière également d’être le pays qui accueille le plus d’étudiants brésiliens boursiers dans le monde, il y a aujourd’hui 4 000 étudiants brésiliens boursiers en France, et j’ai eu beaucoup de plaisir à annoncer à madame la Présidente notre plein soutien au programme quelle a lancé, le programme « Sciences sans frontière ». Dans le cadre de ce programme nous nous sommes engagés sur une première période de quatre ans à accueillir 10 000 étudiants brésiliens supplémentaires dans les universités françaises.
Nous créerons également les conditions pour intensifier la relation entre les universités et les entreprises grâce au financement de centres de formation et au financement de thèses. Et c’est dans cet esprit que j’attache beaucoup de prix au projet de Fondation franco-brésilienne pour la science et la technologie, qui devrait bientôt voir le jour, avec la participation de l’Académie des Sciences et de nos entreprises. Je veux dire que c’est un magnifique projet que le Gouvernement français appuie pleinement.
Nous avons évidemment évoqué la situation internationale, et en particulier la crise de la dette souveraine que traversent aujourd'hui certains pays de la Zone Euro, attaqués par les marchés, alors même que bien souvent leur situation objective est plus favorable que celle d’autres pays dans le monde. J’ai redit à cette occasion à madame Rousseff que - comme je l’ai fait ce matin à Sao Paulo - la détermination totale de la France non seulement à maîtriser ses finances publiques, mais à relancer en même temps la croissance dans le cadre européen. Après le sommet de Bruxelles du 9 décembre dernier, je suis venu délivrer auprès d’un grand pays émergent, qui est un pays ami et partenaire de la France et de l’Europe, un message de confiance dans la construction européenne. Et je crois que madame Rousseff a bien compris que, quelles que soient les difficultés que nous traversons, nous ne transigerons jamais sur la question de la monnaie européenne qui est pour nous le symbole même de la réconciliation européenne et de la construction de cet ensemble européen qui est nécessaire à la protection de notre civilisation européenne.
Nous avons, enfin, constaté notre très large identité de vue sur les grands rendez-vous multilatéraux et en particulier sur celui de Rio+20. Cette identité de vue s’inscrit dans le cadre du combat que nous menons ensemble pour la réforme de la gouvernance mondiale. Cette gouvernance mondiale doit donner toute sa place à un pays comme le Brésil, notamment au Conseil de sécurité. Chacun reconnaitre que depuis quatre ans le président Sarkozy ne manque jamais une occasion de rappeler dans toutes les instances internationales, dans tous les forums, la nécessité de réformer le Conseil de sécurité des Nations Unies et d’y donner une place de membre permanent au Brésil, à l’Allemagne, au Japon, à l’Inde, ainsi qu’à un pays qui pourrait représenter le continent africain.
Enfin, nous avons abordé les crises qui menacent actuellement la paix et la sécurité internationale, et j’ai redit à la Présidente Rousseff l’horreur que nous inspire, jour après jour, les massacres de populations civiles en Syrie. Les Nations Unies évoquent désormais le chiffre de plus 5 000 morts. Je me réjouis qu’une très large majorité d’états, dont la France et le Brésil aient récemment condamné aux Nations Unies les exactions commises par le régime de Bachar Al-Assad. Et je forme le vœu que la communauté internationale soit en mesure prochainement de mettre un terme aux souffrances endurées par le peuple syrien.
Voilà mesdames et messieurs il existe entre la France et le Brésil une très ancienne amitié, une amitié fondée sur des éléments qui tiennent à notre culture partagée, mais qui tiennent aussi à notre conception de l’organisation du monde, notre conception de l’avenir du monde. Je rappelais à madame Rousseff que la France a été le premier pays dans les années 60 à reconnaître la Chine. Ceci pour dire que nous avons toujours été les défenseurs acharnés du multilatéralisme, nous nous sommes toujours opposés à ce que monde soit dominé par une, deux, trois grandes puissances. Nous avons toujours souhaité que chaque continent puisse se faire entendre et c’est un combat commun que nous conduisons avec le Brésil et j’espère que ce combat pourra se symboliser de façon éclatante par l’inauguration dans quelques semaines ou quelques mois du pont qui va relier le Brésil à la France en enjambant l’Oiapoque.
Source http://www.gouvernement.fr, le 2 janvier 2012