Déclaration de M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche, sur la qualité des produits, notamment la certification par la notion d'indication géographique protégée (IGP) pour le jambon de Bayonne, le 2 avril 1999.

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Circonstance : Certification IGP (Indication géographique protégée) du jambon de Bayonne le 2 avril 1999

Texte intégral

LE SUD OUEST RESOLUMENT TOURNE VERS LA QUALITE
Le Sud Ouest s'est résolument tourné vers une politique de la qualité. Je ne m'étendrai pas sur la qualité incontestée des appellations viticoles qui constituent un des fleurons de notre économie.
Ainsi, dans le domaine des productions animales la région Aquitaine qui nous accueille a été la première à avoir obtenu le label rouge en 1965, pour le "Poulet jaune des Landes". La production de volailles sous label avec plus de 20 millions de têtes, y tient une place très importante. Les démarches qualité dans le domaine des viandes d'animaux de boucherie ne sont pas négligeables non plus. Enfin plusieurs identifications géographiques protégées (IGP) sont déjà enregistrés tels que le célèbre" Boeuf de Chalosse, les volailles des Landes, du Béarn ou de Gascogne sans oublier la Tomme des Pyrénées, d'autres sont en projet tel que le buf de Bazas ou le l'irremplaçable Pruneau d'Agen.
Par affection je ne peux m'empêcher de citer enfin deux productions qui est se situe aux confins des deux régions, l'AOC OSSAU IRATY et le label blonde d'aquitaine.
La région Midi Pyrénées n'est pas en retard pour autant. Elle rassemble elle aussi, de nombreuses démarches à forte notoriété : les volailles du Gers, le Veau d'Aveyron, l'Agneau du Quercy, Ail rose de Lautrec. La démarche d'IGP " haricot tarbais " associée au label rouge est presque finalisée. J'espère voir bientôt voir aboutir le a demande d'AOC du piment d'Espelette.
Autant de noms évocateurs de nos beaux paysages et de la qualité des produits de nos terroirs.
Le sud ouest s'est engagé dans deux démarches de grande ampleur, qui uniront davantage encore ces deux régions : l'IGP Jambon de Bayonne qui me vaut le plaisir d'être parmi vous, et l'IGP des " produits du canard à foie gras du Sud Ouest ", démarche qui est bien engagée déjà.
Démarche engagée il y a maintenant un peu plus de quatre ans, le dossier du jambon de Bayonne a été construit sur la base d'une concertation et d'une mobilisation régionales exemplaires sous la présidence de Bernard Dupont. Celui ci a su, grâce à ses qualités d'écoute, à sa forte implication et à ses convictions, conduire le dossier vers le succès.
Ce dossier illustre parfaitement l'enjeu des démarches qualité et ses conséquences positives sur l'économie régionale, enjeu que je souhaite développer devant vous.
PRODUITS AGRICOLES, UNE EXIGENCE DE QUALITE
La qualité et la sécurité, on l'a vue récemment avec la crise de la vache folle, sont des enjeux majeurs pour la filière agricole et alimentaire. Les interrogations actuelles sur l'utilisation de génie génétique ont donné une nouvelle dimension aux attentes des consommateurs en matière de transparence et d'attente concernant la traçabilité des produits.
Qualité et sécurité se construisent tout au long de la filière tout d'abord par le choix des matières premières, puis des procédés de transformation, des conditions de stockage ou de maturation, et le développement de la traçabilité
Il y a maintenant d'ailleurs plusieurs années que l'on assiste à un relèvement des exigences des consommateurs en la matière, ainsi qu'à un renforcement des moyens d'observation des toxi-infections alimentaires. De fait, l'apparition d'un foyer épidémique de listériose ou de salmonellose, qui autrefois n'aurait vraisemblablement pas été détecté, voire la seule présence d'une contamination du produits par ces germes, fait aujourd'hui la une des journaux et peuvent condamner un producteur ou un type de produits à des difficultés importantes .
Il est également nécessaire de présenter des garanties sanitaires très élevées pour prétendre exporter sur de nombreux marchés ; toute présence d'organisme pathogène, même en très faible quantité, fournissant l'alibi nécessaire pour protéger les marchés nationaux.
La qualité et la sécurité sont parfois perçues comme des valeurs distinctes voire antagonistes. On cite souvent l'exemple des fromages au lait cru pour suggérer que l'hygiène tue la qualité. Bien évidemment cela est faux.
La qualité est définie au niveau international comme l'aptitude ou les caractéristiques d'un produit à satisfaire les besoins exprimés ou implicites du consommateur. La sécurité constitue la qualité première à laquelle tous les produits doivent répondre. Le consommateur exprime de plus en plus souvent des attentes complémentaires tel le souhait de consommer des produits correspondant également aux fruits d'une agriculture plus respectueuse de l'environnement, issus du terroir avec de techniques traditionnelles de production ou d'élevage.
Il est vital pour l'agriculture d'aujourd'hui d'apporter une réponse à ces attentes.
Ainsi la politique en matière de garantie officielle de la qualité constitue un élément essentiel des politiques agricoles et alimentaires de mon ministère.
L'Etat s'est fortement impliqué en développant des signes d'identification officiels de la qualité que sont le label, la certification de conformité, l'appellation d'origine contrôlée, l'appellation montagne et bien sûr l'indication géographique protégée.
Les objectifs d'une politique de qualité des produits agricoles et alimentaires sont multiples :
Il s'agit de répondre à l'attente du consommateur qui exprime des exigences de plus en plus fortes en matière de santé et de sécurité alimentaire d'une part, mais recherche également à travers l'alimentation des repères sociaux et culturels. Ces instruments permettent de garantir la traçabilité des produits, les modes de production ou d'élaboration et dans certains cas l'origine.
Ils permettent le renforcement du développement du secteur agroalimentaire. Ils constituent une réponse alternative à l'augmentation de la productivité à tout prix. Ils constituent une réponse à un marché de produits agricoles saturé, ou la concurrence internationale, parfois déloyale, est grande.
Il est nécessaire de sortir d'une logique d'offre et de rentrer dans une logique de réponse à la demande c'est à dire une démarche de qualité. A contrario, il ne s'agit pas de fournir un produit standard ou la différence se fait par le prix, mais de segmenter le marché par des produits dont la qualité est identifiée, garantie et répond aux attentes des consommateurs.
Cette démarche permet aux producteurs désireux de valoriser leur produits de s'inscrire dans une démarche collective. Elle favorise la mise en uvre de démarches contractuelles qui doivent offrir une meilleure valorisation des résultats de chacun des opérateurs et un retour de la valeur ajoutée à chacun des échelons de production ("éleveurs, transformateurs, distributeurs).
Ils permettent une plus grande valorisation de notre savoir-faire, de la diversité et de la richesse de nos productions nationales.
Ils favorisent l'ancrage au terroir d'une agriculture durable.
LA QUALITE , UN THEME CLE DE LA FUTURE LOI D'ORIENTATION AGRICOLE
Les travaux préparatoires à l'adoption du projet de loi d'orientation agricole sur les signes de la qualité ont donné lieu à des discussions passionnées.
Les débats à l'Assemblée nationale et au Sénat ont montré à la fois l'importance qu'il y avait à préciser certains dénominations évocatrices de qualité mais aussi à réformer les modalités d'accès à l'IGP. Ainsi la loi d'orientation agricole permettra de mieux définir l'usage du terme "fermier."
Il parait également hautement souhaitable, dans un souci de cohérence, de regrouper la gestion des signes d'identification de l'origine que sont les AOC et les IGP au sein d'un même organisme chargé de l'instruction des dossiers. L'Institut national des appellations d'origine est l'organisme naturellement désigné pour assurer cette mission.
Pour autant, une IGP ne doit pas être déconnectée d'une qualité reconnue et bien identifiée, comme celle que confère les démarches label ou certification de conformité si elle veut répondre aux attentes fortes des consommateurs.
Je souhaite vivement que le texte qui résultera de travaux des deux assemblées permettront à l'IGP de prendre son plein essor. Il permettra en effet un ancrage au territoire de productions qui ne répondraient pas aux critères de typicité, de notoriété et d'historicité requis pour bénéficier de l'appellation d'origine contrôlée. L'IGP préserve ainsi la valeur ajoutée aux bassins de production porteurs de cette démarche.
L'IGP, UNE DEMARCHE COLLECTIVE EXIGEANTE
Il est nécessaire de rappeler que ces démarches sont exigeantes et que l'IGP n'est ni un aboutissement ni une fin en soi. Elle donne le départ de nouvelles règles du jeu et sans doute pour le jambon de Bayonne d'une nouvelle vie.
C'est une énorme satisfaction de voir ce dossier aboutir, de contempler et gouter bientôt les premiers jambons "IGP Bayonne " élaborés dans le respect du strict cahier des charges, au terme d'une longue procédure faite de consultations publiques, d'expertises, d'examens de commissions en commissions. Il a fallu presque quatre ans entre le dépôt du dossier et la reconnaissance communautaire de l'IGP.
Mais comme on dit au rugby, il reste à transformer l'essai.
Le jambon de Bayonne bénéficie d'une incontestable notoriété dépassant largement nos frontières. Sa production a pu être relocalisée, le Danemark ne pourra bientôt plus utiliser le nom de Bayonne pour qualifier sa propre production et nous ne pouvons que nous en réjouir. Le développement de la production de porcs dans la zone de localisation de l'IGP, dans le respect des normes environnementales constitue un enjeu important pour l'avenir de l'IGP.
Je fais confiance au dynamisme dont nos deux régions ont témoigné jusqu'à présent pour trouver et développer les solutions adéquates pour le développement raisonné et équilibré de la filière porcine, afin de concilier de manière réaliste et durable la protection de l'environnement et une agriculture durable, diversifiée et citoyenne.
Sa qualité doit désormais être irréprochable, elle doit même pouvoir progresser encore.
La crédibilité du système et sa pérennité reposent en grande partie sur la rigueur du contrôle et donc sur les garanties apportées jusqu'au consommateur sur le respect par toute la filière des règles de production.
L'organisme certificateur a un rôle majeur et une grande responsabilité en lien étroit bien sûr avec le consortium du jambon de Bayonne et avec chacun des opérateurs individuellement.
Je conclurai en souhaitant bon vent et succès à l'IGP jambon de Bayonne. Je gage qu'il constituera pour la grande région sud ouest, un exemple à suivre. Je vous encourage, à poursuivre sur d'autres produits locaux cette démarche collective de relocalisation de nos productions régionales, source de valeur ajoutée et d'emplois.
Le ministère de l'agriculture et de la pêche sera toujours à vos cotés pour favoriser en l'émergence .
(Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 19 avril 1999)