Interview de Mme Nadine Morano, ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle à RMC le 5 janvier 2012, sur la TVA sociale et les mesures en faveur de l'apprentissage.

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Texte intégral


 
 
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, Nadine MORANO, on va évoquer rapidement cette histoire de polémique autour des propos de François HOLLANDE…
 
NADINE MORANO Merci.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, mais enfin vous l’avez propagée…
 
NADINE MORANO Non, c'est-à-dire qu’ont dénonce des propos qui sont inacceptables quand on est candidat à l’élection présidentielle. Je crois que chacun doit savoir se tenir et monsieur HOLLANDE en premier chef, c’est lui qui est candidat à l’élection présidentielle.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vais y revenir, on va parler du chômage, c’est quand même plus important. Est-ce que, franchement, les Français n’ont pas envie qu’on parle d’autre chose que de ces polémiques-là ?
 
NADINE MORANO Bien sûr, et d’ailleurs, lorsqu’on est candidat à l’élection présidentielle, la première mission c’est de présenter un programme, d’expliquer ce qu’on propose aux Français, et pour l’instant, comme le disait d’ailleurs Martine AUBRY, monsieur HOLLANDE est très flou et il n’apporte pas de propositions concrètes, si ce n’est de dire le mot « changement. »
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, programme de François HOLLANDE le 22, programme de Nicolas SARKOZY quand ?
 
NADINE MORANO Mais, Nicolas SARKOZY est président en exercice, il n’est pas en campagne, il est au travail, donc nous ne sommes pas dans la même configuration, mais en même temps les seules propositions que nous avons entendues en matière de changement chez François HOLLANDE, pardon de le dire, mais c’est un retour en arrière, avec la création de 60 000 postes d’enseignants, avec la création de 300 000 emplois-jeunes formule 1997, avec la suppression de notre filière nucléaire…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Un million de chômeurs en plus en 5 ans, avec la France en récession…
 
NADINE MORANO Non non, monsieur BOURDIN, là je vous parlais du changement…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah pardon.
 
NADINE MORANO Le mot « changement » utilisé par François HOLLANDE. Je crois que les Français attendent de la sécurité et de la protection, et du travail de la part de leurs élus.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nadine MORANO, on va venir sur la… je voudrais clore cette histoire de polémique une bonne fois pour toute, est-ce que vous pensez franchement, et vous maintenez, que François HOLLANDE a insulté Nicolas SARKOZY hier ?
 
NADINE MORANO Oui, je le maintiens.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il a insulté Nicolas SARKOZY ?
 
NADINE MORANO Oui, après je vous laisserai faire l’analyse psychologique de son comportement, mais lorsqu’il se glisse dans la peau du président de la République en exercice...
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Voilà ce qu’il a dit…
 
NADINE MORANO Mais j’ai vu, monsieur BOURDIN.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, non mais je le rappelle.
 
NADINE MORANO Je l’ai lu.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il a dit, il s’est mis dans la peau de Nicolas SARKOZY et il a dit : « je suis le président de l’échec, je suis un sale mec, mais dans cette période difficile je suis le seul capable, j’ai le courage, bref, le Capitaine courage recherchant l’impopularité. » Donc il dit…
 
NADINE MORANO Je vous laisse faire l’analyse psychologique…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais vous pensez qu’il y a matière à polémique, franchement ?
 
NADINE MORANO …La courtoisie et le respect de se glisser dans la peau du président en exercice, et de s’imaginer que Nicolas SARKOZY pourrait penser de lui-même qu’il est un président en échec, un président qui n’a pas travaillé, et un président qui est un sale mec. Moi je trouve que c’est indigne d’une campagne électorale, je le dis et je le confirme. Je crois que François HOLLANDE, avec cette erreur de langage, devant des journalistes, aurait mieux fait de s’excuser en disant qu’il avait voulu faire un trait d’humour, je crois que ça l’aurait grandi, il ne l’a pas fait, je le regrette, et je pense qu’il est dans la même configuration que Lionel JOSPIN lorsqu’il parlait dans l’avion avec des journalistes, de Jacques CHIRAC, c’est tout. Et ce n’est pas bien. Nous attendrions…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous savez bien qu’il y a une différence entre ce qu’ont dit Lionel JOSPIN et François HOLLANDE. François HOLLANDE se mettait…
 
NADINE MORANO Non, c’est pareil.
 
 JEAN-JACQUES BOURDIN Non, parce que Lionel JOSPIN s’est adressé directement à Jacques CHIRAC, là en l’occurrence…
 
NADINE MORANO Monsieur BOURDIN, on fait de la psychologie, je ne vais pas passer mon temps à faire de la psychologie de François HOLLANDE, c’est son problème et ça le regarde…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Moi non plus, moi non plus, et les Français…
 
NADINE MORANO En revanche j’aimerai mieux que vous m’interrogiez sur pourquoi il veut supprimer la filière nucléaire dans notre pays par exemple.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nadine MORANO, ce qui m’intéresse c’est, on va oublier la polémique, je suis d’accord avec vous.
 
NADINE MORANO Eh bien oublions, parlons du fond et donc des propositions de François HOLLANDE. Parlons-en.
 
 JEAN-JACQUES BOURDIN Un mot quand même, un mot, est-il vrai que le président de FRANCE INTER vous a téléphoné pour s’excuser après les propos de Sophia ARAM ?
 
NADINE MORANO Bien sûr. Je l’ai dit hier à la télé…
 
 JEAN-JACQUES BOURDIN Il vous a téléphoné pour s’excuser ?
 
NADINE MORANO Il m’a téléphoné pour s’excuser, évidemment, et pour me dire que cette chronique n’était pas du tout une chronique humoristique et qu’elle n’était pas…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc il s’est excusé, ce qu’il dément d’ailleurs, mais enfin bon !
 
NADINE MORANO Et qu’elle n’était pas… qu’elle était blessante, que cette chronique était vulgaire, et qu’il s’en excusait, qu’il l’avait dit d’ailleurs à cette personne.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien.
 
NADINE MORANO Point.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors parlons du chômage, et parlons de la TVA sociale…
 
NADINE MORANO  Parlons du chômage, voilà.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Puisque ça c’est un gros sujet.
 
NADINE MORANO Bien sûr.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors TVA sociale, oui. Collectif budgétaire, nous dit Valérie PECRESSE, oui. TVA qui va être augmentée, qui va augmenter forcément.
 
NADINE MORANO Mais monsieur BOURDIN, je ne vais pas vous laisser simplifier la réflexion…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais je ne simplifie pas.
 
NADINE MORANO Si, parce que vous dites…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous demande… moi je vous pose une question claire.
 
NADINE MORANO Alors je vais vous répondre.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui ou non, est-ce que la TVA va augmenter ?
 
NADINE MORANO Non, je ne le dirai pas de cette manière, parce que monsieur BOURDIN, il s’agit d’une réflexion très profonde d’un système qui existe, dans notre système français…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors vous savez ce qu’on va faire, je vais vous poser la question sur la TVA, vous allez dire me dire oui ou non…
 
NADINE MORANO Non. Non.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et ensuite je vais vous reposer la question…
 
NADINE MORANO Non, eh bien je ne répondrai pas de manière aussi simple, parce que si c’était simple comme ça…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et je vais vous demander comment vous allez utiliser l’argent ? Ça me paraît logique, non ?
 
NADINE MORANO Non.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, ah bon ?
 
NADINE MORANO Parce que si c’était si simple que ça, sur la façon dont vous en faites l’analyse, je serai ce matin en capacité de vous dire, écoutez monsieur BOURDIN, nous avons décidé, dès ce matin avec le président de la République, d’augmenter la TVA de 3 points – il faut savoir qu’un point d’augmentation de TVA rapporte 6 à 7 milliards d’euros – donc nous avons décidé, dès ce matin, d’augmenter la TVA. Ce n’est pas la réflexion qui est la nôtre. La réflexion qui est la nôtre c’est le basculement, et donc de trouver un dispositif qui fait que les charges sociales, et donc le coût du travail, qui pèse lourdement en France, je vais vous prendre un exemple, très précis, par rapport à l’Allemagne. Prenons un salaire et une tranche de 100 euros sur ce salaire, les charges…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN 100 euros. 100 euros.
 
NADINE MORANO Oui pardon, 100 euros sur le salaire, pardon pour cette liaison…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça arrive.
 
NADINE MORANO 100 euros pour le salaire. Prenons cet exemple. Sur ces 100 euros sur le salaire, les charges sociales qui pèsent en France sont de 50 euros, en Allemagne elles sont de 39 euros. Ce qui veut dire que le coût du travail est très élevé en France, ça pèse évidemment sur la compétitivité de nos entreprises, et donc, par définition, sur la possibilité d’employer en France, et par définition, également, sur nos possibilités d’exportation de nos produits, par définition également, avec la TVA, avec les produits d’importation, qui n’ont pas la même…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN A combien est la TVA en Allemagne ?
 
NADINE MORANO Mais la TVA en Allemagne est plus élevée que la nôtre.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Elle est à combien ?
 
NADINE MORANO Elle est de 3 points supérieurs à la nôtre, ils l’ont augmentée de 3 points.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais vous dites des bêtises, elle est de 19 points en Allemagne.
 
NADINE MORANO Oui, elle est de 19 points.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN La nôtre est à 19,6. Vous dites des bêtises Nadine MORANO, vous ne maîtrisez pas le sujet.
 
NADINE MORANO Non non, pardon… attendez…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Pardonnez-moi de vous le dire.
 
NADINE MORANO Monsieur BOURDIN, mais attendez…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Je suis désolé.
 
NADINE MORANO Attendez, monsieur BOURDIN, je vais vous dire, très concrètement, cette TVA et le coût du travail pèsent très lourdement chez nous en France, très lourdement. L’Allemagne a augmenté de 3 points sa TVA en…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, elle est à 19.
 
NADINE MORANO Ils l’ont augmentée de 3 points parce qu’elle était inférieure, c’est ça la réalité. Ils l’ont augmentée de 3 points.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN A quoi a servi l’argent en Allemagne.
 
NADINE MORANO Au désendettement de l’Etat et…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Deux tiers le désendettement de l’Etat.
 
NADINE MORANO Bien sûr, au désendettement de l’Etat, donc vous voyez, monsieur BOURDIN, pour être très précise, je maîtrise le sujet…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon.
 
NADINE MORANO Et par ailleurs, donc au désendettement de l’Etat, mais également à alléger le coût du travail, parce qu’on voit très bien que nous sommes dans une mondialisation des échanges et que nous devons rééquilibrer cette mondialisation des échanges en permettant de garder notre modèle de protection sociale en France, mais en trouvant un autre modèle de financement de notre protection sociale.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nadine MORANO, je vous écoute, l’objectif est de baisser…
 
NADINE MORANO Donc c’est un objectif, le coût du travail, pour permettre l’embauche dans notre pays.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN On est d’accord. Alors…
 
NADINE MORANO Et notre objectif n’est pas celui simplifié que vous résumez…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc 20, 30, 40 milliards, on ne sait pas, on attendra l’augmentation du taux de TVA.
 
NADINE MORANO Mais, monsieur BOURDIN, vous attendrez que le dispositif soit finalisé sur le basculement, et moi je préfère parler de…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors moi j’ai un côté, mais il me manque l’autre.
 
NADINE MORANO Ecoutez, je préfère parler, parce qu’on parle de TVA sociale, de TVA anti-délocalisation, je préfère parler de participation à la compétitivité de la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pourquoi vous ne voulez pas parler d’augmentation de la TVA ? Parce que c’est impopulaire, Nadine MORANO.
 
NADINE MORANO Mais ce n’est pas ça. Mais monsieur BOURDIN, si c’était impopulaire, est-ce que vous croyez qu’à 3 mois des élections présidentielles, on dirait « tiens, si on se suicidait électoralement », et qu’on annonçait aux Français « au fait, nous allons augmenter la TVA pour votre panier lorsque vous allez faire vos courses, et on ne va surtout pas faire en sorte de pouvoir relancer l’emploi dans notre pays. » C’est stupide. C’est simplement courageux de travailler jusqu’au bout et de trouver le meilleur dispositif.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Dans les tous cas, Nadine MORANO, si j’ai bien compris, je vais être… mais moi je veux des informations.
 
NADINE MORANO Mais je vous les donne.
 
 JEAN-JACQUES BOURDIN Nadine MORANO, alors j’ai compris, vous voulez baisser le coût du travail, on est d’accord…
 
NADINE MORANO Bien sûr, nous voulons opérer un basculement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors pour baisser le coût du travail il faut… alors basculement. Donc, vous augmentez, donc d’un côté vous baissez…
 
NADINE MORANO Charges patronales, charges salariales… vous voyez, d’accord ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN D’accord. Vous baissez le coût du travail, vous augmentez la TVA de l’autre, parce qu’il faut bien trouver de l’argent.
 
NADINE MORANO Oui, mais vous avez les charges patronales et les charges salariales, donc ce qui veut dire, il faut regarder comment nous allons articuler l’ensemble de ce dispositif…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui va payer d’ailleurs ? Si on augmente la TVA, qui va payer, tout le monde ? Les salariés, du privé, du public, les retraités, pour aider les entreprises.
 
NADINE MORANO Monsieur BOURDIN, vous voudriez que comme ça, avec une baguette magique, nous vous donnions un dispositif finalisé et fait. Ce dispositif est très complexe, est très compliqué, donc laissez-nous travailler, c’est vraiment important de le faire parce que notre objectif, c’est la première priorité de nos concitoyens, c’est l’emploi dans notre pays, c’est ce que nous voulons faire.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN On est d’accord.
 
NADINE MORANO On sait très bien que les marges de manoeuvre sont étroites, sont compliquées, et que si nous n’avions pas mené les réformes de fond, avec la réforme des retraites – je vous rappelle qu’en 2012 c’était 35 milliards d’euros de déficit – nous l’avons fait, nous avons eu le courage de le faire. Le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, nous avons eu le courage de le faire. La réforme des régimes spéciaux de retraite, nous avons eu le courage de le faire. La réforme de la carte militaire…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais comment se fait-il qu’avec toutes ces réformes, nous ayons 1 million de chômeurs de plus ?
 
NADINE MORANO Nous avons eu le courage de le faire.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Je ne comprends pas très bien.
 
NADINE MORANO Mais parce que, monsieur BOURDIN, il ne vous a pas échappé que nous étions en période de crise économique et financière grave…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Tout le monde est en crise !
 
NADINE MORANO Comme personne ne l’a traversée.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Toute l’Europe est en crise.
 
NADINE MORANO Merci de le dire, toute l’Europe est en crise. Et vous constaterez, au regard des chiffres, que, en Espagne, en Grèce, c'est-à-dire dans les pays… le taux de chômage en Espagne a augmenté de 112%...
 
JEAN-JACQUES BOURDIN En Espagne, en Grèce, oui.
 
NADINE MORANO Le taux de chômage au niveau européen, en moyenne, a augmenté de 35%, en France de 31%, personne ne peut se satisfaire de ça. Le président de la République, lui-même, n’a pas nié les difficultés, n’a pas nié non plus les réformes à faire, mais je constate que les exécutifs de gauche, en Espagne et en Grèce, ont été battus au regard de la politique qu’ils ont menée. Et nous, nous avons eu le courage de faire des réformes de fond. Alors, c’est difficile de faire des réformes de fond, je vous l’accorde, on attendrait du président de la République qu’il dise « eh bien écoutez, non, là ça va être les élections, on ne fait rien, on met la poussière sous le tapis, on attendra qu’on soit réélu et on aura le courage de faire quelque chose, et parce que ce qui est le plus important c’est aller chercher les suffrages. » Eh bien moi je vous dis que le plus important c’est d’assumer son devoir au regard des Français. Et moi j’aimerai bien vous parler de ce que j’ai fait aussi.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais je vais, ne vous inquiétez pas Nadine MORANO.
 
NADINE MORANO Parce que je pense que beaucoup de Français s’intéressent à mon action.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nadine MORANO, je vais vous dire, ici c’est moi qui pose les questions, on est bien d’accord…
 
NADINE MORANO Oui, bien sûr, mais j’aimerai vous répondre sur les sujets qui intéressent les Français.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Eh bien je vous poserai des questions, ne vous inquiétez pas…
 
NADINE MORANO Je suis ministre en charge de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle, je crois que les Français attendent ça.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Sommet social le 18 janvier. J’ai vu les demandes des syndicats et notamment de la CFDT qui demande, qui réclame l’abandon de la défiscalisation des heures supplémentaires. Est-ce que le gouvernement est prêt à abandonner cette mesure ?
 
NADINE MORANO Non.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non ?
 
NADINE MORANO Non, non.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous n’abandonnerez pas ?
 
NADINE MORANO Non.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon ! Bon, la réponse est claire.
 
NADINE MORANO Parce que il y a eu six millions de Français qui ont fait des heures supplémentaires, qui font des heures supplémentaires dans notre pays. En moyenne, sur une année…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …même en période de fort chômage.
 
NADINE MORANO Au contraire, c’est…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …ah, au contraire.
 
NADINE MORANO Oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous pensez que c’est une bonne chose pour lutter contre le chômage.
 
NADINE MORANO Oui, parce que quand vous avez une entreprise qui a des carnets de commandes mais qui permettent juste à la limite d’avoir un peu plus d’heures mais pas d’embaucher quelqu’un, eh bien il vaut mieux permettre à l’entreprise de faire des heures supplémentaires défiscalisées parce que le salarié, et moyenne, en France, il y a eu 750 millions d’heures supplémentaires qui ont été faits depuis le début du quinquennat ; six millions de Français en ont bénéficié ; et il y a eu en moyenne – en moyenne – 400 € gain en pouvoir d’achat par an pour une personne qui a fait au cours de l’année des heures supplémentaires. Et donc, ça, ce dispositif n’est pas à remettre en cause. En revanche, il faut au cours de ce sommet social, je le dis, dresser vraiment ce diagnostic parce que vous savez il y a…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …non mais, le diagnostic…combien de millions de chômeurs ? 3, 4, 5, enfin tout dépend.
 
NADINE MORANO Trop ! Allez, trop !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Trop, bon.
 
NADINE MORANO Je vais vous dire…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …le diagnostic il est dressé, il est fait.
 
NADINE MORANO Non, ça c’est un constat.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non ? Oui, c’est un constat, oui.
 
NADINE MORANO Mais pourquoi est-ce que nous avons un chômage structurel, qui a été évidemment, bien évidemment augmenté à cause de la crise, comme dans l’ensemble des pays de l’Union, vous l’avez dit ? Nous avons un chômage structurel. Nous devons parler du diagnostic, nous devons mieux améliorer, et même si nous avons commencé évidemment à le faire, à travers la réforme que nous avons porté en 2009 et que je mets en oeuvre à l’heure actuelle, parce que vous savez…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …la réforme de 2009, on est en 2012.
 
NADINE MORANO …sur la formation professionnelle, mais elle est mise en oeuvre dans beaucoup de secteurs.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, alors on va parler…mais je voudrais, j’ai encore une question…
 
NADINE MORANO …ben voilà !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais ne vous inquiétez pas, mais ne soyez pas impatiente, Nadine MORANO.
 
NADINE MORANO Oui, oui, mais ça va vite le temps chez vous, monsieur BOURDIN.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ne soyez pas impatiente. Est-ce que vous allez au premier semestre multiplier les contrats aidés ?
 
NADINE MORANO Mais, ça, ça été budgété, on l’a annoncé.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, non, non, ça été budgété sur l’année.
 
NADINE MORANO Oui, oui, oui !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Sur l’année.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais on peut en fonction du calendrier multiplier les contrats aidés au premier semestre.
 
NADINE MORANO Non, non, non.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Pour faire baisser les chiffres du chômage.
 
NADINE MORANO Non, et puis d’abord ce n’est pas pour faire baisser les chiffres du chômage.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ben, c’est assez classique.
 
NADINE MORANO C’est un dispositif pour aider ceux qui sont le plus en difficulté sur ce sujet.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN On est d’accord, sauf qu’on peut les multiplier sur une période donnée.
 
NADINE MORANO Monsieur BOURDIN, non.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non !
 
NADINE MORANO Ce qui m’intéresse par exemple, et je le dis à vos auditeurs parce que nous avons mis en place un dispositif et qui relève d’un accord avec les partenaires sociaux sur la loi de 2009 qui s’appelle la POE, et je dis à vos auditeurs qui vous écoutent de bien vouloir se renseigner auprès de leur POLE EMPLOI, dont j’ai reçu d’ailleurs le nouveau directeur il y a peu de temps, la POE c’est la Préparation opérationnelle à l’emploi. C’est un module de formation de 400 h maximum. Vous avez une entreprise qui a besoin d’un profil pour son entreprise, et un demandeur d’emploi qui accepte cette formation d’un module maximum de formation de 400 h, avec à la clé un CDI ou un CDD de douze mois. Ce dispositif de la POE que nous avons lancé au mois de juin, après avoir mis en place ce dispositif, nous sommes là à 8 000 POE qui ont été faites. Nous attendons évidemment 10 000 POE. J’ai reçu le directeur, le nouveau directeur de POLE EMPLOI, nous devons évidemment engager une très grande dynamique dans beaucoup de régions sur ce dispositif de la Préparation opérationnelle à l’emploi qui fonctionne bien, qui peut être mono-financée, c’est-à-dire financée par le POLE EMPLOI.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais tant mieux, tant mieux.
 
NADINE MORANO Ou cofinancée, financée par les organismes paritaires collecteurs agréés des branches professionnelles. Donc, par exemple, si vous avez dans le secteur de la coiffure, disons-le, quelqu’un qui peut avoir besoin d’une formation et un chef d’entreprise qui recrute, il peut bénéficier à travers la branche professionnelle de l’organisme paritaire collecteur d’un financement pour cette formation.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, Nadine MORANO, l’apprentissage, allez…
 
NADINE MORANO Donc, voilà les dispositifs dont j’aimerais parler chez vous parce que c’est important pour vos auditeurs.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais, vous venez d’en parler de l’apprentissage.
 
NADINE MORANO  Et un autre dispositif, si vous me le permettez.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ben, allez-y, allez-y, allez-y !
 
NADINE MORANO Je l’ai lancé, pour aussi les Français c’est important, parce que le gros problème aussi au regard du chômage structurel et qui touche le chômage des jeunes, c’est l’orientation, et je sais que vous êtes très sensible sur ce sujet.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, oui ! NADINE MORANO J’ai lancé le Service public de l’orientation tout au long de la vie qui est aussi un élément de la loi de 2009 sur la formation professionnelle, qui est accessible, alors c’est en trois parties. Vous avez d’abord un service dématérialisé : www.orientation-pour-tous.fr. C’est un système dématérialisé qui permet quel que soit son âge, quel que soit son lieu géographique d’habitation, quel que soit son niveau de formation…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …de s’orienter.
 
NADINE MORANO …de trouver toutes les informations dans les secteurs qui recrutent et dans les formations qu’il faut avoir. Il y a aussi, monsieur BOURDIN, deuxième élément sur ce sujet, le service téléphonique gratuit d’information et de conseil, le 08 11 70 39 39, que j’ai lancé le 6 décembre.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Dernier, oui.
 
NADINE MORANO Qui est à disposition des Français, de nos concitoyens qui écoutent.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, ben très bien.
 
NADINE MORANO Qui ont besoin d’orientation et de trouver.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Voilà une information utile.
 
NADINE MORANO Parce que, monsieur BOURDIN, une autre information…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …alors, moi…oui, terminez vite parce qu’il est 53.
 
NADINE MORANO Ben oui, c’est pour ça que c’est important. L’étude qui a été menée par POLE EMPLOI et le CREDOC sur les besoins en main d’oeuvre, 2011 : 1,6 million d’emplois en possibilité de création dans nos régions, détaillés secteur par secteur d’activité, avec des branches qui recrutent, des filières qui recrutent. C’est un dispositif qui nous démontre que le problème aussi de la France, à part le coût du travail, c’est la bonne mise en adéquation entre les besoins en main d’oeuvre des entreprises et la formation des demandeurs d’emploi. Donc, mon objectif pour ce sommet social c’est justement de travailler sur des outils qui permettront cette meilleure mise en adéquation parce que nous avons besoin à travers tous les secteurs qui recrutent, par exemple 60 000 dans les secteurs de la vente, 200 000 dans le secteur du médico-social, 80 000 dans le BTP, 30 000 dans le secteur maraîcher, horticulture, salariés et jardiniers, et évidemment dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration qui est un des secteurs des métiers en tension qui recrute. Alors, il faudra également, et je travaille avec l’Education nationale, parce que la réalité pour l’emploi des jeunes…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …l’Education nationale c’est extraordinaire, on supprime des emplois d’un côté et puis on forme de l’autre, c’est ça, non ?
 
NADINE MORANO Non mais c’est un…non, c’est un autre sujet.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, bon, alors, Nadine MORANO, on n’a plus le temps, il est 55. Vous êtes…
 
NADINE MORANO Voilà !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …pardon ?
 
NADINE MORANO Juste, merci, mais juste…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …vous n’avez pas parlé de ça ?
 
NADINE MORANO Si, si, mais juste une dernière information.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous avez même donné votre numéro de téléphone, et j’en suis très heureux, bon.
 
NADINE MORANO Oui, mais ce n’est pas le mien, c’est pour les Français, bon.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais oui, non mais je suis d’accord. NADINE MORANO Juste une dernière information parce que il faut aussi parler des choses qui vont bien dans notre pays. En un an, augmentation de 8,3 %, et encore nous n’avons pas les chiffres consolidés du mois de décembre d’augmentation du nombre de contrats d’alternants dans notre pays, c’est près de…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …bon, ben ça.
 
NADINE MORANO Si nous atteignons les 10 % à la fin du mois de décembre, c’est ce que j’espère au regard des chiffres qui vont nous remonter et des nombres de contrats signés dans les CFA et dans les entreprises…
 
 JEAN-JACQUES BOURDIN …eh bien, voilà une bonne nouvelle, ça fait du bien.
 
NADINE MORANO C’est près de 50 000 jeunes qui auront signé un contrat.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci.
 
 NADINE MORANO Et ça c’est important parce qu’en Allemagne ça marche et ça doit marcher en France.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien, Nadine MORANO, juste une… vous voulez toujours envoyer Rachida DATI à Chalon sur Saône ?
 
NADINE MORANO Non, ce n’est pas la question.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN J’ai entendu ça, non ?
 
NADINE MORANO Mais les élus de Chalon sur Saône ont demandé, puisque c’est sa région d’origine, au cours d’une commission…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …qu’elle aille là-bas, quoi, si je comprends bien !
 
NADINE MORANO Non, au cours d’une commission nationale d’investiture, mais vous savez quand vous voulez être député vous êtes d’abord député de la nation, élu dans une circonscription, être élu député de la nation. Beaucoup cherchent souvent à pouvoir lorsqu’ils veulent être députés à être rattachés à leur région d’origine, là où ils ont des attaches familiales, et c’est vrai que ce département, les élus au cours de cette commission nationale d’investiture…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …donc, qu’elle aille là-bas, quoi, si je comprends bien.
 
NADINE MORANO Mais non, personne ne force personne, mais ils ont appelé à ce qu’elle puisse venir si ça l’intéresse, voilà, point.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon, allez !
 
NADINE MORANO Personne ne force personne, nous sommes en démocratie, vous le savez, en France.
 
Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 24 janvier 2012