Texte intégral
Je suis très heureuse de me trouver ici aujourdhui pour lancer avec vous le programme Phares « Par-delà le Handicap, Avancer et Réussir des Etudes Supérieures ».
Comment, par-delà le handicap, avancer et réussir des études supérieures ? Il sagit là dun enjeu majeur, surtout lorsque lon sait le faible niveau de formation des personnes handicapées et leurs difficultés à sinsérer professionnellement.
Avoir un emploi, ce nest pas seulement participer à la création de richesses dans son pays.
Avoir un emploi, cest avoir une place dans la société et se sentir utile pour soi-même comme pour les autres.
Nous le savons bien, la valeur travail est au cur de notre pacte social.
Et ne nous y trompons pas : les personnes en situation de handicap ne veulent pas être considérées comme des personnes assistées.
Ce quelles réclament, ce nest pas lAAH au niveau du SMIC !
Ce quelles revendiquent, et à juste titre, cest le droit de pouvoir travailler, comme vous, comme moi, comme chacun dentre nous.
A cet égard, nous avons dores et déjà fait des progrès significatifs :
Ainsi, le taux demploi dans le secteur privé devrait sétablir à 2,9 % en fin dannée, contre 2,3 % en 2006. Dans le secteur public, il approche les 5 %.
Le nombre des entreprises nemployant aucun travailleur handicapé a diminué de 93 % entre 2008 et 2010 et 49 % des entreprises dépassent déjà le taux de 6 %.
Pour autant, force est de le constater : ces progrès restent fragiles et constituent pour nous une puissante invitation à poursuivre nos efforts.
Sur ce chantier, le Gouvernement est plus que jamais mobilisé (I).
Lors de la conférence nationale du handicap qui sest tenue le 8 juin dernier, nous avons lancé un pacte pour lemploi de 3 000 places dans les entreprises adaptées. Nous avons également pris un certain nombre dautres mesures importantes :
* lintégration des jeunes handicapés comme public prioritaire des contrats dobjectifs et de moyens 2011-2015 relatifs à lapprentissage entre lEtat et les Conseils régionaux ;
* linclusion, dans les conventions dobjectifs du service public de lorientation, dune mission spécifique en matière dinsertion professionnelle auprès des jeunes handicapés.
Par ailleurs, nous voulons faciliter laccès des étudiants handicapés à la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), afin dencourager leur accueil en stage par les entreprises.
En la matière, lEtat se doit dêtre exemplaire. Cest pourquoi le 1er ministre a lancé par ailleurs un plan de recrutement de 7 000 travailleurs handicapés dici à 2013 dans la fonction publique dEtat.
Au-delà, nous le savons bien, ce nest pas lorsque les personnes handicapées arrivent sur le marché du travail quil faut sen préoccuper, cest bien en amont (II) !
A cet égard, jai déjà eu loccasion de le dire, mais je veux le répéter : lécole joue un rôle central.
Cest lécole qui ouvre lavenir aux enfants handicapés. Cest lécole qui leur permet une socialisation réussie et épanouissante. En un mot, cest lécole qui fait deux des enfants comme les autres.
Cest pourquoi le Président de la République a pris des engagements très forts lors de la conférence nationale du handicap pour quaucun enfant ne soit sans solution ou encore pour professionnaliser les auxiliaires de vie scolaire.
Là aussi, nous avons fait des progrès considérables : 214 600 enfants handicapés sont scolarisés cette année, ce qui représente 13 212 enfants de plus que lannée dernière.
Ces progrès, nous les devons à limplication exemplaire du ministère de lEducation nationale et cest avec beaucoup de chaleur que je veux saluer ses représentants ici présents.
A la rentrée 2011, ce sont 41 584 ETP qui sont affectés à laccompagnement des enfants handicapés, soit 10 000 de plus quen 2010 !
En 2012, le budget de lEducation nationale consacré aux enfants handicapés augmentera encore de 30 %. Il sélèvera ainsi à 450 millions deuros contre 350 millions deuros en 2011.
Pour relever les défis du handicap, au-delà de la nécessité pour lEtat dêtre exemplaire, cest la société civile dans son ensemble qui doit se mobiliser de manière durable (III).
Je crois dailleurs quelle y est prête.
Pour sen convaincre, il nest quà observer, par exemple, le phénomène de société que constitue le film Intouchables, qui crève actuellement les écrans !
Mobiliser la société civile donc, à commencer par les entreprises et les grandes écoles.
Cest pour moi loccasion de rendre ici un hommage appuyé à leur engagement, en présence de leurs très nombreux représentants.
Ces entreprises et ces grandes écoles font ainsi la preuve éclatante, si besoin en était, que le handicap ninterdit pas la compétence et que les personnes handicapées sont une source de richesse pour lentreprise et ses équipes.
Faire appel aux personnes handicapées, ce nest pas un acte de charité ; cest un pari gagnant !
Alors, très concrètement, où en sommes-nous aujourdhui ? (IV)
Pour employer une image, je dirais que nous sommes au milieu du gué : les progrès existent et ils sont réels, mais il reste cependant encore du chemin à parcourir.
Alors, je le sais, daucuns ont pu exprimer des doutes ou des interrogations sur la pertinence de notre dispositif.
Dans ces conditions, faut-il renforcer les obligations des entreprises ?
Je ne le crois pas.
Je ne pense pas, en effet, que la contrainte soit la seule manière daméliorer lemploi des personnes handicapées.
Certes, elle a joué un rôle daiguillon et de catalyseur pour faire prendre conscience aux entreprises quelles devaient souvrir à la différence.
Mais nous ne pouvons pas nous contenter de cela.
Aujourdhui, nous devons poursuivre nos efforts dans deux directions principales.
Dabord, la formation des personnes handicapées.
Alors que les recettes de lAGEFIPH commencent à baisser et nous avons tout lieu de nous en réjouir, puisque cela traduit une implication grandissante des entreprises , nous devons faire preuve dinnovation pour optimiser et pérenniser les financements.
Lundi, lors du colloque douverture de la semaine pour lemploi, jai entendu un chef dentreprise proposer que lon mette en place un « 6 % formation », qui constituerait en quelque sorte le pendant à lobligation demploi de 6 % de travailleurs handicapés. Cela permettrait dinciter les financeurs de la formation à consacrer 6 % de leurs budgets pour la formation des personnes handicapées. Cest une idée intéressante que nous devons creuser.
Améliorer la formation des personnes handicapées, donc, mais aussi renforcer la communication pour faire évoluer les représentations du handicap et promouvoir une vision positive des personnes handicapées cest sans doute lune des raisons du film dont je vous parlais il y a un instant.
Là encore, je compte sur vous toutes et vous tous.
Car, jen suis convaincue depuis fort longtemps, quand les chefs dentreprises le disent aux chefs dentreprise, quand des étudiants le disent à des étudiants, cest beaucoup plus efficace !
Cette semaine pour lemploi des personnes handicapées contribue activement à faire évoluer les mentalités.
Le programme PHARES participe aussi de cet enjeu et jy suis extrêmement sensible.
Pour jouer tout son rôle, le Gouvernement a souhaité la mise en uvre :
* dune journée de sensibilisation dans les écoles, chaque 3 décembre ;
* le lancement du festival de longs métrages sur le handicap, à Saint Gilles Croix de vie, en mars prochain.
Jajoute que je lancerai le mois prochain une campagne de communication dans la presse pour promouvoir une vision positive sur le handicap.
Enfin, le député Jean-François Chossy me remettra début décembre ses propositions pour faire évoluer notre regard sur les personnes en situation de handicap.
Je crois que cest ainsi que nous avancerons, par la volonté de toutes et de tous.
Dautant que et je conclurai là-dessus , la politique du handicap nest pas une politique catégorielle.
Faire progresser les droits des personnes handicapées, cest faire progresser les droits de tous !
Une entreprise qui souvre à la différence, une entreprise qui met en place une organisation du travail permettant daccueillir un collaborateur handicapé, une entreprise qui raisonne en termes de « performance collective » et non seulement en termes de performance individuelle, cest une entreprise qui donne finalement sa place à chacun pour le bénéfice de tous !
Cest aussi à cette capacité de donner une place à chacun, précisément, ne loublions pas, que sapprécie le degré de civilisation dune société.
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 18 novembre 2011