Entretien de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, dans le quotidien palestinien "Al Qods" du 23 janvier 2012, notamment sur l'aide française aux Territoires palestiniens.

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Média : Al Qods

Texte intégral

Q - Quel est le but de votre visite dans les Territoires palestiniens et quelle évaluation faites-vous des relations franco-palestiniennes ?
R - Pour moi, cette visite dans les Territoires palestiniens est importante. Elle coïncide avec les IIIèmes Assises de la coopération décentralisée franco-palestinienne, qui se tiennent à Hébron les 23 et 24 janvier et réunissent l’ensemble des collectivités locales françaises et palestiniennes engagées dans des actions de coopération.
Ces coopérations sont essentielles. Au total, 90 partenariats ont été établis entre nos deux pays au niveau local. Ces actions correspondent à un montant de près de deux millions d’euros par an. Cette réalité reflète la densité des relations franco-palestiniennes, qui ne sont pas seulement l’affaire des gouvernements mais qui concernent directement les populations et les sociétés civiles.
À cette occasion, je rencontrerai le Premier ministre Salam Fayyad, avec qui je signerai un accord de 10,5 millions d’euros pour le financement par la France d’un important projet dans le secteur de l’eau à Al Yamoun, près de Jénine. Je lui redirai toute la confiance que nous avons dans son action de renforcement des institutions du futur État palestinien, dans les circonstances difficiles que l’on connaît.
Q - Comment la France peut-elle aider à renforcer les relations avec les municipalités palestiniennes et quels sont les projets les plus importants financés par la France dans ce domaine ?
R - La coopération française poursuit trois priorités : l’aide dans le secteur de l’eau, le soutien au secteur privé et l’appui au développement municipal palestinien. Depuis 2007, la France a consacré aux collectivités locales palestiniennes plus de 15 millions d’euros et nous venons de signer le 21 décembre 2011 une nouvelle convention de 6 millions d’euros avec l’Autorité palestinienne pour financer un programme du fonds de développement municipal au profit des 134 municipalités palestiniennes de Cisjordanie et de Gaza. Elles ont un rôle majeur à jouer pour renforcer les capacités du futur État palestinien.
Nous co-finançons également de nombreux projets mis en œuvre par les collectivités locales françaises au profit de leurs partenaires palestiniennes. J’en citerai quelques exemples emblématiques : la mise en lumière du Palais d’Hisham à Jéricho par la Ville de Lyon, l’éclairage public de Bethléem par la Ville de Paris, la mise en place d’un Office du tourisme à Ramallah avec l’appui de la Ville de Bordeaux, l’établissement d’un schéma directeur de l’eau à Jéricho avec la Ville de Paris, qui développe également une coopération avec Ramallah dans le domaine culturel, etc. Mais il n’y a pas que les grandes villes françaises qui sont engagées. De nombreuses autres villes, villages et régions sont aussi impliqués.
Q - Pouvez-vous nous parler de l’aide fournie par la France à l’Autorité palestinienne pour la construction de l’État palestinien et quelle est l’importance du commerce entre les deux pays ?
R - Depuis la Conférence des donateurs pour l’État palestinien, organisée à Paris en décembre 2007, la France a consacré environ 260 millions d’euros aux Territoires palestiniens. Ceci, sous forme d’aide budgétaire ou de financement de projets. Cela a permis d’améliorer le quotidien de dizaines de milliers de Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est. De façon générale, la mobilisation des bailleurs internationaux favorise la croissance économique et améliore le niveau de vie de la population. Bien sûr, l’établissement de la paix reste la condition première de la croissance. C’est ce à quoi nous sommes inlassablement mobilisés.
Afin d’encourager les échanges bilatéraux et l’investissement, nous avons consenti en 2010 un don de 5 millions d’euros pour financer les entreprises privées palestiniennes. Le développement du secteur privé en Palestine est une condition impérative de la croissance et de la stabilité. Pour cela, nous avons soutenu de nombreux projets comme la zone industrielle de Bethléem, lancée en juin 2008 par les deux présidents Nicolas Sarkozy et Mahmoud Abbas, et sur laquelle quelques entreprises françaises ont commencé à s’installer.
Q - Quelle est la position de la France sur la situation politique actuelle et comment voit-elle la réconciliation palestinienne et les réunions d’Amman entre les parties palestinienne et israélienne ?
R - La France a salué les progrès enregistrés sur le dossier de la réconciliation lors des dernières réunions du Caire car nous considérons qu’aucun accord de paix, aucun État palestinien, ne sont envisageables tant que perdure la division interpalestinienne. C’est aussi la raison pour laquelle nous tenons à financer des projets dans la bande de Gaza comme la réhabilitation de l’hôpital Al Quds, partiellement détruit lors de l’opération militaire israélienne de 2008, ou la construction de la station d’assainissement de Beit Lahya, dans le nord de la bande de Gaza. Nous venons également de lancer le chantier de construction d’un nouveau centre culturel français à Gaza. Le centre actuel rencontre un grand succès auprès de la population gazaouie, en particulier des jeunes.
Nous appuyons parallèlement les efforts déployés par la Jordanie pour relancer les négociations de paix. Le statu quo n’est plus tenable. Nous avons réitéré notre appel à la partie israélienne à cesser les activités de colonisation qui, sur le terrain, sape les chances d’une solution basée sur deux États viables vivant cote à cote en toute sécurité.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 janvier 2012