Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Si jai tenu à rendre visite ici à Lyon, à cet Institut des ressources industrielles qui a fêté lannée dernière ses 50 ans et qui a été, à lépoque de sa conception, un véritable pionnier dans lapprentissage industriel, cest parce que la formation professionnelle doit être un des piliers de notre politique de lutte contre le chômage et en particulier de nos efforts de lutte contre le chômage des jeunes.
Dans votre secteur - la métallurgie on peut voir ici et nous lavons vu dans la visite que nous venons deffectuer, toute la diversité des niveaux de qualification et des perspectives qui sont offertes par la formation initiale et par la formation continue. Jai dailleurs à cur de rappeler que cest Philippe SEGUIN qui en 1987 a été à linitiative de la loi qui a élargi le champ dapplication de lapprentissage à tous les diplômes professionnels, du CAP jusquau diplôme dingénieur et cest le même Philippe SEGUIN qui a relevé la limite dâge pour lentrée en apprentissage à 25 ans au lieu de 20.
Dailleurs, la revalorisation des filières professionnelles a toujours été lune de ses convictions et lun de ses chevaux de bataille. Elle est une constante de laction de notre Gouvernement, parce quil est absurde de considérer quil y aurait dans lenseignement scolaire et supérieur des parcours qui seraient plus nobles que dautres.
Parce quensuite, pour endiguer le chômage il est essentiel de favoriser tout ce qui peut permettre de mieux faire converger loffre et la demande sur le marché de lemploi.
Enfin, parce que nous avons besoin pour relancer la compétitivité de notre économie, pour relancer notre production industrielle dans un contexte de compétition extrêmement difficile, nous avons besoin de transmettre et de développer des savoir-faire. Que ce soit des savoir-faire anciens possédés par les hommes et les femmes dans les entreprises, ou des savoir-faire nouveaux, qui font la richesse de nos métiers.
Cest dans cet esprit que nous avons agi depuis cinq ans, sur tous les fronts : la réforme professionnelle au lycée ; la réforme de luniversité dont nous avons veillé à ce que les missions comprennent désormais lorientation et linsertion professionnelle ; la réforme de lalternance ; la réforme de la formation continue.
Au lycée, vous le savez, la réforme de la voie professionnelle a été engagée dès septembre 2007 ; elle a été appliquée à la rentrée suivante. Le passage au baccalauréat professionnel qui a fait couler beaucoup dencre ce passage en trois ans met fin à une différence de statut entre la voie générale et la voie professionnelle qui navait pas de raison dêtre. Cest ensuite une réforme qui élève le niveau de qualification de la filière, qui élève donc son attractivité et cest une réforme qui, comme toujours après bien des critiques et bien des difficultés se traduit déjà mais cette fois-ci dans le silence général par une augmentation des effectifs des bacheliers professionnels et des lycéens qui sengagent dans cette voie.
Dans les universités nous avons créé des bureaux daide pour établir des passerelles entre les étudiants et le monde professionnel, pour faciliter la recherche de stages et la recherche des emplois. Les taux dinsertion professionnelle des différentes formations des différentes universités sont rendus publics, afin que chacun puisse quand il sengage, savoir où il met les pieds.
Des formations visant à la professionnalisation des parcours ont été ouvertes et elles se sont multipliées. Les licences professionnelles accueillent chaque année un peu plus de 40.000 étudiants. Lalternance sest considérablement développée dans lenseignement supérieur, où le nombre dapprentis a doublé en dix ans : 53 000 en 2001, plus de 110 000 aujourdhui. Et le champ des diplômes concernés par cet apprentissage sest également beaucoup étendu, avec lapparition de formations en lettres, langues, en sciences humaines, qui vont améliorer les débouchés professionnels de très nombreux étudiants.
Tout cela témoigne des changements qui sont en train de redynamiser notre système. Nous avons misé sur lalternance.
Nous avons misé sur lalternance parce que 80% des jeunes qui sont en alternance trouvent un emploi dans lannée qui suit leur formation. Ce qui signifie dailleurs que vous êtes un peu au-dessus de ce résultat, ici, dans cet établissement. Et vous savez que nous nous sommes fixés un objectif qui est de porter à 800.000 le nombre des apprentis dans notre système.
Cela passe si on veut réussir cet objectif qui est très ambitieux, dabord par la valorisation de cette voie. Valoriser cette voie, cest un effort permanent pour mettre fin aux préjugés. Tous ces préjugés qui ont pendant très longtemps désigné lapprentissage comme une sorte de second choix dans les parcours scolaires.
Je sais que cest un discours quon répète inlassablement depuis des années, mais il faut justement le répéter pour quon ne le perde pas de vue. Et puis ensuite il faut démontrer quil ne sagit pas dune seconde voie et tous les jeunes que jai croisés tout à lheure, en sont lillustration. Lalternance, cest une voie dexcellence. Cest une voie où on peut acquérir des savoir-faire techniques de très haut niveau.
Et nos voisins allemands lont compris depuis longtemps.
Le rôle central que joue lapprentissage dans leur système éducatif est un des facteurs parmi dautres qui explique la compétitivité de lindustrie allemande.
Cela passe ensuite par la mobilisation des entreprises.
Il faut que les entreprises sengagent, il faut quelles jouent le rôle qui doit être le leur et quelles accompagnent le développement de lalternance. Et cest aussi à nous de les inciter à le faire.
Cest la raison pour laquelle nous avons mis en place lan dernier, pour toutes les entreprises de moins de 250 salariés, une aide spécifique pour toute embauche supplémentaire dun jeune sous contrat dapprentissage ou sous contrat de professionnalisation. Cest une aide qui a donné lieu à plus de 40.000 demandes et devant son succès, nous avons décidé de la prolonger jusquen juin 2012.
Cela passe enfin par une offre de formation de qualité qui soit parfaitement adaptée aux besoins des territoires. Et de ce point de vue, la contractualisation avec les régions est un point absolument essentiel et un chantier très important. Désormais, tous les contrats dobjectifs et de moyens concernant lapprentissage dont Nadine MORANO a la responsabilité, ont été signés. Il sagit de contrats qui portent sur la période 2011 2015. Au travers de ces contrats lEtat consacrera 1,75 milliard au développement de lappareil de formation, à parité avec les régions qui se sont engagées sur des montants similaires.
Grâce à cet effort national ce sont plus dun tiers dapprentis supplémentaires qui seront formés dici à 2015.
A cela il faut ajouter les 500 millions deuros que nous avions prévus dans le cadre du Programme dinvestissements davenir, piloté par René RICOL, pour appuyer une cinquantaine de projets innovants et en même temps, parce que cest essentiel pour la réussite de la formation en alternance, pour développer 15 000 places supplémentaires dhébergement.
A ce jour, 12 projets ont déjà été retenus.
Et je veux profiter de loccasion qui mest donnée ce soir, pour en annoncer de nouveaux.
En effet, nous avons décidé, après examen par le Commissariat général à lInvestissement, den retenir 5 supplémentaires : le centre de formation professionnelle des apprentis dAuteuil ; le dispositif de formation mobile aux métiers des travaux publics porté par lAFPA ; lInstitut international du parfum, de la cosmétique et de laromatique alimentaire de Versailles ; lUniversité régionale des métiers et de lartisanat du Languedoc-Roussillon et, bien sûr, le pôle des métiers et des technologies, ici même à Lyon.
Je veux ajouter que le projet porté ici au sein de lInstitut des ressources industrielles me paraît être une illustration parfaite de leffet de levier que peut jouer le programme dinvestissement davenir pour le développement de lalternance, puisque, en effet, ce projet prévoit la construction dun nouveau bâtiment qui va permettre de développer de nouvelles actions de formation dans des secteurs qui sont des secteurs connexes à celui de lindustrie. Il permettra aussi daccroître le nombre dingénieurs formés en alternance.
Mesdames et Messieurs,
Malgré le contexte difficile de lemploi, cette action à grande échelle sur lalternance produit des résultats.
En 2011, le nombre dentrées en alternance a augmenté de plus de 7% par rapport lannée précédente. Mais ça nest pas suffisant et ça nest pas encore à la hauteur des défis que notre pays doit relever, à la fois pour réduire le chômage et en même temps pour donner à notre industrie les capacités dont elle a besoin pour figurer honorablement et au premier rang dans la compétition internationale.
Il faut continuer à se mobiliser dans cette voie et la semaine dernière, lors du sommet que nous avons tenu avec le Président de la République, sur la crise, nous avons demandé quune discussion sengage avec les partenaires sociaux pour renforcer leur engagement dans la voie de lalternance.
Nous avons déjà avec la loi quon appelle la loi CHERPION porté de 3 à 4% lobjectif dalternants dans les effectifs des entreprises de plus de 250 salariés. Mais on est encore très loin davoir atteint cet objectif, puisque près de la moitié de ces entreprises de plus de 250 salariés compte moins de 1% dapprentis.
Ma conviction cest que les grandes entreprises doivent être exemplaires. Elles sont fondées à nous demander des efforts pour réduire le niveau des charges patronales, pour améliorer la formation, pour simplifier les formalités administratives. Mais en échange, elles doivent sengager beaucoup plus fort dans la formation en alternance. Je sais que nous vivons dans un pays où les choses étaient très cloisonnées, où au fond chacun se reposait sur les autres, sagissant de ces sujets.
Je pense que cest un temps qui est fini ; il y a désormais une responsabilité collective.
Les grandes entreprises se plaignent souvent de ne pas trouver les personnels qualifiés dont elles ont besoin et elles ont raison de se plaindre. Mais il ne suffit pas de se plaindre, il faut aussi quelles sengagent de façon plus résolue dans laccueil dapprentis. Tout cela nest pas insurmontable. Et jen veux pour preuve limplication de la branche de la métallurgie qui a pris un engagement paritaire de faire progresser le nombre de contrats en alternance pour atteindre 40.000 à la fin de cette année.
Outre le baccalauréat professionnel et lalternance, nous avons lancé le grand chantier de la réforme de la formation professionnelle continue.
Cétait une idée qui avait été initiée en 1971 et vous avez tout à lheure évoqué cette date, sagissant de votre Institut par Jacques CHABAN DELMAS qui avait à lépoque un conseiller sur ces sujets qui sappelait Jacques DELORS.
On était à la fin de ce quon a appelé les Trente Glorieuses. On était au moment où le problème du chômage commençait tout juste à frapper à la porte de notre société. Lobjectif de la réforme de 71, cétait de répondre aux aspirations individuelles des salariés, cétait de leur donner la possibilité de développer leur capital culturel et professionnel.
Ces ambitions nont pas changé.
Mais il nous appartient de les relancer.
Il nous appartient de les établir sur de nouvelles bases en remédiant aux lacunes dun système qui a été mis en place il y a maintenant un peu plus de quarante ans et dont les faiblesses sont connues. Ces faiblesses, je veux les évoquer à nouveau devant vous.
Cest dabord, un dispositif de collecte des fonds de la formation professionnelle continue qui est critiqué et qui est critiquable pour ses cloisonnements, pour son manque de transparence et pour ses coûts de gestion. Jai été à plusieurs reprises directement ou indirectement à lorigine de réformes de la formation professionnelle. Jai remarqué que, quand les partenaires sociaux sont unanimes sur une réforme de la formation professionnelle, en général ça ne règle pas la question du financement.
Un accompagnement insuffisant ensuite, face à un système complexe pour les personnes et les entreprises, notamment pour les plus petites qui ont du mal à construire des projets, qui ont du mal à se repérer dans loffre de formation.
Des inégalités daccès à la formation qui sont encore trop marquées, au détriment des salariés les moins qualifiés, des salariés les plus âgés, des salariés des plus petites entreprises ou des demandeurs demploi.
Des financements qui sont insuffisamment orientés vers ceux qui entrent sur le marché du travail.
Une qualité de loffre de formation qui est très diverses et qui est loin dêtre optimale.
Un système beaucoup trop compliqué, avec une gouvernance qui nest pas claire, avec un émiettement des responsabilités entre lEtat, les régions, les partenaires sociaux.
Et puis enfin un système dévaluation des résultats qui reste beaucoup trop limité au regard de limportance des moyens qui sont mobilisés globalement par la Nation sur ce sujet.
En effet, les sommes qui sont engagées par la collectivité dans la formation continue, tous financements confondus, ça représente 1,5% de la richesse nationale.
Mais je pense que pour 1,5% de la richesse nationale, on devrait pouvoir atteindre des performances nettement plus élevées.
La réforme que nous avons engagée a commencé à apporter des réponses mais pas suffisantes.
En 2008, létat des lieux et les grands axes de cette réforme ont été largement discutés. Il y a eu une sorte de diagnostic partagé, notamment à loccasion des travaux du Conseil dorientation pour lemploi puis du groupe que nous avions mis en place, piloté par Pierre FERRACCI. Ce diagnostic a débouché en 2009 sur un accord unanime des partenaires sociaux et sur la loi du 24 novembre relative à lorientation et à la Formation professionnelle tout au long de la vie.
Jai la conviction que cest une bonne réforme qui a été votée. Que cest une réforme qui constitue une étape, une étape très importante dans la modernisation de notre système de formation. Et dailleurs depuis maintenant deux ans que cette réforme sapplique, beaucoup de choses ont été réalisées.
On a créé le Service Public de lOrientation qui est en train de se déployer grâce au travail remarquable de Jean-Robert PITTE que je veux saluer et qui est le délégué à linformation et à lorientation. Ce service doit permettre à chacun de disposer dune information qui soit actualisée, qui soit la plus pertinente possible sur les métiers, sur les formations qui y conduisent, et surtout sur les perspectives demploi dans ces secteurs et dans les territoires.
Ensuite, le droit individuel à la formation a désormais un cadre qui est beaucoup mieux défini et qui est beaucoup plus favorable aux salariés. La réforme des Organismes paritaires collecteurs agrées a également avancé puisque nous avons désormais un paysage qui est recomposé autour de vingt organismes collecteurs agréés.
Cela devrait permettre doffrir un bien meilleur service aux entreprises, notamment aux plus petites dentre elles, tout en introduisant plus de transparence et plus defficacité dans la gestion des fonds.
La création du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels a permis de réaffecter une partie des fonds vers les salariés peu qualifiés et vers les demandeurs demploi pour faciliter les transitions professionnelles. Depuis sa mise en place, laction de ce fonds a déjà permis dengager des formations pour environ 600.000 demandeurs demploi ou salariés. Cela représente un engagement cumulé qui dépasse 1,5 milliard deuros.
Enfin, en ce qui concerne la formation des demandeurs demploi, le déploiement de la Préparation opérationnelle à lemploi avance à très grands pas. Au 31 décembre 2011, près de 10.000 demandeurs demploi ont déjà bénéficié de ce nouveau dispositif issu de la loi du 24 novembre 2009.
Bref, ces réformes ont donné des résultats.
Et on peut dire que le premier bilan est encourageant.
Mais il ne nous permet pas encore datteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Il faut aller plus loin. Il faut notamment mettre en place des actions immédiates en faveur de la formation, ciblées en particulier sur les demandeurs demploi et notamment sur les demandeurs demploi de longue durée. Sur ceux qui sont au chômage depuis longtemps.
Nous avons annoncé à la suite du sommet sur la crise de la semaine dernière, une série de mesures qui vont être mises en place immédiatement.
Il y a dabord une première mesure très importante qui est le soutien à ce quon appelle lactivité partielle.
Notre objectif cest quune entreprise qui connait une phase de dégradation conjoncturelle, puisse garder ses compétences, puisse ne pas mettre un terme au contrat de travail.
Et pour cela il faut laider à passer un moment qui est un moment difficile. Cest un avantage pour les salariés qui ne perdent pas leur contrat de travail et qui sont rémunérés. Et cest aussi un avantage pour lentreprise qui elle, ne voit pas sen aller des savoir-faire dont elle a besoin, dont elle aura besoin lorsque lactivité reprendra.
Nous avons beaucoup utilisé ce système au moment de la crise de 2008-2009, mais au regard de lexpérience que nous avons, nous pensons quon peut faire mieux.
Et pour faire mieux nous avons identifié plusieurs sujets.
Il faut dabord simplifier le déclenchement de lactivité partielle. Il faut moins de bureaucratie ; il faut moins de formalités administratives ; dautorisations pour mettre en place ce dispositif.
Et puis ensuite naturellement il faut des moyens supplémentaires pour faire en sorte quun plus grand nombre dentreprises puisse recourir à lactivité partielle.
Les partenaires sociaux ont négocié sur ce sujet.
Nous avons avec eux des approches qui sont convergentes pour notamment supprimer les obstacles juridiques qui empêchent les salariés de se former pendant les heures non travaillées de lactivité partielle. Ce qui est absurde.
Il faut que pendant ces heures où les salariés ne travaillent pas ils puissent naturellement utiliser ce temps pour leur formation.
Enfin nous avons décidé de « réactiviter » les dispositifs quon appelle «former plutôt que licencier» par un abondement des crédits budgétaires pour accompagner les salariés et les entreprises dans les branches qui sont confrontées à des mutations économiques : 40 millions deuros sont dégagés pour permettre de nouvelles entrées dans ces dispositifs.
Et puis enfin nous allons débloquer une enveloppe de 150 millions deuros pour mieux former les demandeurs demploi et pour faciliter leur retour sur le marché du travail.
Pour cela nous avons décidé dagir dans deux directions.
Dabord, nous voulons que les chômeurs de très longue durée, c'est-à-dire ceux qui sont au chômage depuis plus de deux ans, bénéficient de façon systématique dune solution proposée par pôle Emploi, que ce soit une formation, un contrat aidé ou des prestations daccompagnement vers le retour à lemploi.
En particulier la mobilisation du dispositif de formation «compétences clés», axé sur lacquisition des savoirs de base et sur la lutte contre lillettrisme, devra être prioritaire.
Nous confortons ensuite leffort global pour la formation des demandeurs demploi par plusieurs mesures : la prorogation en 2012 du dispositif de rémunération de fin de formation qui permet de rémunérer des demandeurs demploi en formation longue et dont la durée excède leurs droits à lindemnisation du chômage ; cela représente environ 30.000 personnes.
Ensuite, le financement de 16.000 entrées en formation supplémentaires.
Et pour finir, lexpérimentation du contrat de sécurisation professionnelle pour les salariés en fin de CDD ou pour les salariés en mission dintérim et en contrat de chantier.
Cette expérimentation est étendue, là aussi en plein accord avec les partenaires sociaux. Elle devrait pouvoir bénéficier à 9.000 demandeurs demploi supplémentaires, dans quinze bassins prioritaires.
Toutes ces mesures vont être accompagnées dun renforcement des moyens du service public de lemploi.
Nous avons décidé de manière provisoire pour faire face à la crise que rencontre notre pays comme tous les autres pays européens en matière demploi, de recruter 1.000 salariés en contrat à durée déterminée pour renforcer les capacités de traitement de pôle emploi.
LEtat comme vous le voyez, engage dans un contexte économique par ailleurs très contraint et un contexte financier très contraint, beaucoup defforts dans cette bataille.
Je veux dire quil est essentiel que chacun assume les responsabilités qui sont les siennes.
Je me félicite que les partenaires sociaux aient indiqué leur volonté, au lendemain du sommet sur la crise, daugmenter les financements dédiés à la préparation opérationnelle à lemploi, à travers la mobilisation des branches, des OPCA et du Fonds de sécurisation des parcours professionnels.
Cette mobilisation doit permettre à plusieurs dizaines de milliers de demandeurs demploi de sengager dans une formation débouchant sur un emploi. Mais au-delà de ces mesures durgence, nous pensons quil faut encore avancer dans la voie des réformes et quil faut continuer à moderniser profondément notre système de formation professionnelle.
Et cest dans cette perspective quune mission de concertation avec lensemble des acteurs, et jai dit tout à lheure quils étaient très nombreux, a été confiée à Gérard LARCHER, qui maccompagne ce soir à Lyon et qui doit déboucher sur des propositions opérationnelles dans les deux mois qui viennent.
Nous voulons que ces propositions sarticulent autour de quatre objectifs :
* orienter de manière efficace la formation professionnelle vers ceux qui en ont le plus besoin, et je pense notamment aux demandeurs demploi.
* inciter les entreprises à mieux former leurs salariés en renforçant la place de la négociation collective.
* développer la formation professionnelle comme outil de promotion sociale, comme lavait pensé Jacques CHABAN-DELMAS lorsquil concevait ce projet.
* et puis enfin créer les conditions dune meilleure adéquation entre lenseignement professionnel et les réalités du monde économique, ce qui implique naturellement de renforcer le lien entre la formation initiale et la formation continue.
Je pense que ces objectifs sont des objectifs qui peuvent être très largement partagés au-delà de toutes divergences politiques.
Ensuite, jai la conviction que pour franchir une étape vraiment décisive dans ladaptation de notre système de formation, il faut dabord nous pencher sur la question de sa gouvernance.
Javais commandé au Conseil économique et Social Environnemental un rapport sur cette question.
Ce rapport souligne que la réforme de novembre 2009 a eu des effets positifs, mais il pointe encore des insuffisances, des insuffisances graves, en particulier le fait que la réforme nait pas permis de remédier à léclatement du système de formation professionnelle et au défaut de pilotage, du fait de cet éclatement au niveau régional.
Il y a beaucoup dacteurs, tout cela se traduit par moins de responsabilisation, une coordination insuffisante, au détriment de la lisibilité, au détriment de lefficacité de laction publique. Et en définitive, au bout du compte, cest lintérêt général qui est perdant.
Je voudrais citer un exemple de cet éclatement et des difficultés quil engendre : cest celui de pôle Emploi qui a pour mission daider à la réinsertion sur le marché du travail, notamment par la formation, mais qui en réalité, ne gère que 15% des entrées en formation de nos demandeurs demploi.
Or, lune des principales leçons que nous pouvons tirer de la crise, cest que la politique de lemploi et la politique de la formation ne peuvent pas être séparées.
Et au fond il faut, et ce sera les réflexions que va mener Gérard LARCHER, il faudrait que nous arrivions à un système dans lequel toute personne qui se trouve sans emploi se voit immédiatement proposer une formation et quà lissue de cette formation, naturellement, tout demandeur demploi ait lobligation daccepter un emploi correspondant à cette formation.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les réflexions que je voulais partager avec vous, ce soir.
Je veux vous dire que quelque soit le calendrier électoral, dans la violence de la crise qui sest abattue sur les pays de lUnion européenne, nous avons le devoir dagir et nous avons le devoir de réformer sans attendre.
La crise et la lutte contre le chômage nautorisent aucun attentisme. Avec le ralentissement de la croissance, les chiffres de lemploi pour le mois de décembre ne sont pas bons. En 2011, même si notre économie a continué à créer des emplois nets, le nombre de demandeurs demploi a augmenté de 150 000.
Eh bien, devant cette situation qui est partagée par tous les pays européens, certains ayant dailleurs des difficultés bien plus graves que les nôtres, il ne faut surtout pas baisser les bras, et surtout il ne faut jamais se dire quon a tout essayé ! Plus que jamais nos efforts doivent aller à linsertion des jeunes. Ils doivent aller à la reconversion des salariés qui sont menacés ou qui sont victimes de restructurations. Ils doivent aller à laccompagnement des demandeurs demploi.
Tous ces défis passent par une réforme profonde de la formation professionnelle.
Tous ces défis ne pourront être relevés que si la formation professionnelle fonctionne à plein, quelle soit un vrai vecteur dévolution professionnelle et sociale, qui colle aux besoins du marché du travail.
Nous sommes dans une société qui change à une vitesse qui saccélère en permanence.
On voit chaque jour des salariés désemparés parce que leur entreprise va fermer, parce que leur entreprise licencie, parce que leur métier a changé, parce que leur activité sest délocalisée.
Face à ces salariés, il faut naturellement de la considération, mais il faut surtout de laction et de lefficacité. Et cette action elle doit être de leur proposer des formations, de nouveaux métiers, qui en même temps redonnent de la force à lappareil de production français, dont nous avons bien vu quau fil de ces vingt dernières années, il a reculé face à la compétition internationale.
Eh bien lInstitut que je viens de visiter montre que tout cela est possible.
Et cétait pour moi aujourdhui un grand honneur et un grand plaisir que de saluer votre action qui est une action qui est encourageante pour la Nation toute entière.
Source http://www.gouvernement.fr, le 26 janvier 2012
Si jai tenu à rendre visite ici à Lyon, à cet Institut des ressources industrielles qui a fêté lannée dernière ses 50 ans et qui a été, à lépoque de sa conception, un véritable pionnier dans lapprentissage industriel, cest parce que la formation professionnelle doit être un des piliers de notre politique de lutte contre le chômage et en particulier de nos efforts de lutte contre le chômage des jeunes.
Dans votre secteur - la métallurgie on peut voir ici et nous lavons vu dans la visite que nous venons deffectuer, toute la diversité des niveaux de qualification et des perspectives qui sont offertes par la formation initiale et par la formation continue. Jai dailleurs à cur de rappeler que cest Philippe SEGUIN qui en 1987 a été à linitiative de la loi qui a élargi le champ dapplication de lapprentissage à tous les diplômes professionnels, du CAP jusquau diplôme dingénieur et cest le même Philippe SEGUIN qui a relevé la limite dâge pour lentrée en apprentissage à 25 ans au lieu de 20.
Dailleurs, la revalorisation des filières professionnelles a toujours été lune de ses convictions et lun de ses chevaux de bataille. Elle est une constante de laction de notre Gouvernement, parce quil est absurde de considérer quil y aurait dans lenseignement scolaire et supérieur des parcours qui seraient plus nobles que dautres.
Parce quensuite, pour endiguer le chômage il est essentiel de favoriser tout ce qui peut permettre de mieux faire converger loffre et la demande sur le marché de lemploi.
Enfin, parce que nous avons besoin pour relancer la compétitivité de notre économie, pour relancer notre production industrielle dans un contexte de compétition extrêmement difficile, nous avons besoin de transmettre et de développer des savoir-faire. Que ce soit des savoir-faire anciens possédés par les hommes et les femmes dans les entreprises, ou des savoir-faire nouveaux, qui font la richesse de nos métiers.
Cest dans cet esprit que nous avons agi depuis cinq ans, sur tous les fronts : la réforme professionnelle au lycée ; la réforme de luniversité dont nous avons veillé à ce que les missions comprennent désormais lorientation et linsertion professionnelle ; la réforme de lalternance ; la réforme de la formation continue.
Au lycée, vous le savez, la réforme de la voie professionnelle a été engagée dès septembre 2007 ; elle a été appliquée à la rentrée suivante. Le passage au baccalauréat professionnel qui a fait couler beaucoup dencre ce passage en trois ans met fin à une différence de statut entre la voie générale et la voie professionnelle qui navait pas de raison dêtre. Cest ensuite une réforme qui élève le niveau de qualification de la filière, qui élève donc son attractivité et cest une réforme qui, comme toujours après bien des critiques et bien des difficultés se traduit déjà mais cette fois-ci dans le silence général par une augmentation des effectifs des bacheliers professionnels et des lycéens qui sengagent dans cette voie.
Dans les universités nous avons créé des bureaux daide pour établir des passerelles entre les étudiants et le monde professionnel, pour faciliter la recherche de stages et la recherche des emplois. Les taux dinsertion professionnelle des différentes formations des différentes universités sont rendus publics, afin que chacun puisse quand il sengage, savoir où il met les pieds.
Des formations visant à la professionnalisation des parcours ont été ouvertes et elles se sont multipliées. Les licences professionnelles accueillent chaque année un peu plus de 40.000 étudiants. Lalternance sest considérablement développée dans lenseignement supérieur, où le nombre dapprentis a doublé en dix ans : 53 000 en 2001, plus de 110 000 aujourdhui. Et le champ des diplômes concernés par cet apprentissage sest également beaucoup étendu, avec lapparition de formations en lettres, langues, en sciences humaines, qui vont améliorer les débouchés professionnels de très nombreux étudiants.
Tout cela témoigne des changements qui sont en train de redynamiser notre système. Nous avons misé sur lalternance.
Nous avons misé sur lalternance parce que 80% des jeunes qui sont en alternance trouvent un emploi dans lannée qui suit leur formation. Ce qui signifie dailleurs que vous êtes un peu au-dessus de ce résultat, ici, dans cet établissement. Et vous savez que nous nous sommes fixés un objectif qui est de porter à 800.000 le nombre des apprentis dans notre système.
Cela passe si on veut réussir cet objectif qui est très ambitieux, dabord par la valorisation de cette voie. Valoriser cette voie, cest un effort permanent pour mettre fin aux préjugés. Tous ces préjugés qui ont pendant très longtemps désigné lapprentissage comme une sorte de second choix dans les parcours scolaires.
Je sais que cest un discours quon répète inlassablement depuis des années, mais il faut justement le répéter pour quon ne le perde pas de vue. Et puis ensuite il faut démontrer quil ne sagit pas dune seconde voie et tous les jeunes que jai croisés tout à lheure, en sont lillustration. Lalternance, cest une voie dexcellence. Cest une voie où on peut acquérir des savoir-faire techniques de très haut niveau.
Et nos voisins allemands lont compris depuis longtemps.
Le rôle central que joue lapprentissage dans leur système éducatif est un des facteurs parmi dautres qui explique la compétitivité de lindustrie allemande.
Cela passe ensuite par la mobilisation des entreprises.
Il faut que les entreprises sengagent, il faut quelles jouent le rôle qui doit être le leur et quelles accompagnent le développement de lalternance. Et cest aussi à nous de les inciter à le faire.
Cest la raison pour laquelle nous avons mis en place lan dernier, pour toutes les entreprises de moins de 250 salariés, une aide spécifique pour toute embauche supplémentaire dun jeune sous contrat dapprentissage ou sous contrat de professionnalisation. Cest une aide qui a donné lieu à plus de 40.000 demandes et devant son succès, nous avons décidé de la prolonger jusquen juin 2012.
Cela passe enfin par une offre de formation de qualité qui soit parfaitement adaptée aux besoins des territoires. Et de ce point de vue, la contractualisation avec les régions est un point absolument essentiel et un chantier très important. Désormais, tous les contrats dobjectifs et de moyens concernant lapprentissage dont Nadine MORANO a la responsabilité, ont été signés. Il sagit de contrats qui portent sur la période 2011 2015. Au travers de ces contrats lEtat consacrera 1,75 milliard au développement de lappareil de formation, à parité avec les régions qui se sont engagées sur des montants similaires.
Grâce à cet effort national ce sont plus dun tiers dapprentis supplémentaires qui seront formés dici à 2015.
A cela il faut ajouter les 500 millions deuros que nous avions prévus dans le cadre du Programme dinvestissements davenir, piloté par René RICOL, pour appuyer une cinquantaine de projets innovants et en même temps, parce que cest essentiel pour la réussite de la formation en alternance, pour développer 15 000 places supplémentaires dhébergement.
A ce jour, 12 projets ont déjà été retenus.
Et je veux profiter de loccasion qui mest donnée ce soir, pour en annoncer de nouveaux.
En effet, nous avons décidé, après examen par le Commissariat général à lInvestissement, den retenir 5 supplémentaires : le centre de formation professionnelle des apprentis dAuteuil ; le dispositif de formation mobile aux métiers des travaux publics porté par lAFPA ; lInstitut international du parfum, de la cosmétique et de laromatique alimentaire de Versailles ; lUniversité régionale des métiers et de lartisanat du Languedoc-Roussillon et, bien sûr, le pôle des métiers et des technologies, ici même à Lyon.
Je veux ajouter que le projet porté ici au sein de lInstitut des ressources industrielles me paraît être une illustration parfaite de leffet de levier que peut jouer le programme dinvestissement davenir pour le développement de lalternance, puisque, en effet, ce projet prévoit la construction dun nouveau bâtiment qui va permettre de développer de nouvelles actions de formation dans des secteurs qui sont des secteurs connexes à celui de lindustrie. Il permettra aussi daccroître le nombre dingénieurs formés en alternance.
Mesdames et Messieurs,
Malgré le contexte difficile de lemploi, cette action à grande échelle sur lalternance produit des résultats.
En 2011, le nombre dentrées en alternance a augmenté de plus de 7% par rapport lannée précédente. Mais ça nest pas suffisant et ça nest pas encore à la hauteur des défis que notre pays doit relever, à la fois pour réduire le chômage et en même temps pour donner à notre industrie les capacités dont elle a besoin pour figurer honorablement et au premier rang dans la compétition internationale.
Il faut continuer à se mobiliser dans cette voie et la semaine dernière, lors du sommet que nous avons tenu avec le Président de la République, sur la crise, nous avons demandé quune discussion sengage avec les partenaires sociaux pour renforcer leur engagement dans la voie de lalternance.
Nous avons déjà avec la loi quon appelle la loi CHERPION porté de 3 à 4% lobjectif dalternants dans les effectifs des entreprises de plus de 250 salariés. Mais on est encore très loin davoir atteint cet objectif, puisque près de la moitié de ces entreprises de plus de 250 salariés compte moins de 1% dapprentis.
Ma conviction cest que les grandes entreprises doivent être exemplaires. Elles sont fondées à nous demander des efforts pour réduire le niveau des charges patronales, pour améliorer la formation, pour simplifier les formalités administratives. Mais en échange, elles doivent sengager beaucoup plus fort dans la formation en alternance. Je sais que nous vivons dans un pays où les choses étaient très cloisonnées, où au fond chacun se reposait sur les autres, sagissant de ces sujets.
Je pense que cest un temps qui est fini ; il y a désormais une responsabilité collective.
Les grandes entreprises se plaignent souvent de ne pas trouver les personnels qualifiés dont elles ont besoin et elles ont raison de se plaindre. Mais il ne suffit pas de se plaindre, il faut aussi quelles sengagent de façon plus résolue dans laccueil dapprentis. Tout cela nest pas insurmontable. Et jen veux pour preuve limplication de la branche de la métallurgie qui a pris un engagement paritaire de faire progresser le nombre de contrats en alternance pour atteindre 40.000 à la fin de cette année.
Outre le baccalauréat professionnel et lalternance, nous avons lancé le grand chantier de la réforme de la formation professionnelle continue.
Cétait une idée qui avait été initiée en 1971 et vous avez tout à lheure évoqué cette date, sagissant de votre Institut par Jacques CHABAN DELMAS qui avait à lépoque un conseiller sur ces sujets qui sappelait Jacques DELORS.
On était à la fin de ce quon a appelé les Trente Glorieuses. On était au moment où le problème du chômage commençait tout juste à frapper à la porte de notre société. Lobjectif de la réforme de 71, cétait de répondre aux aspirations individuelles des salariés, cétait de leur donner la possibilité de développer leur capital culturel et professionnel.
Ces ambitions nont pas changé.
Mais il nous appartient de les relancer.
Il nous appartient de les établir sur de nouvelles bases en remédiant aux lacunes dun système qui a été mis en place il y a maintenant un peu plus de quarante ans et dont les faiblesses sont connues. Ces faiblesses, je veux les évoquer à nouveau devant vous.
Cest dabord, un dispositif de collecte des fonds de la formation professionnelle continue qui est critiqué et qui est critiquable pour ses cloisonnements, pour son manque de transparence et pour ses coûts de gestion. Jai été à plusieurs reprises directement ou indirectement à lorigine de réformes de la formation professionnelle. Jai remarqué que, quand les partenaires sociaux sont unanimes sur une réforme de la formation professionnelle, en général ça ne règle pas la question du financement.
Un accompagnement insuffisant ensuite, face à un système complexe pour les personnes et les entreprises, notamment pour les plus petites qui ont du mal à construire des projets, qui ont du mal à se repérer dans loffre de formation.
Des inégalités daccès à la formation qui sont encore trop marquées, au détriment des salariés les moins qualifiés, des salariés les plus âgés, des salariés des plus petites entreprises ou des demandeurs demploi.
Des financements qui sont insuffisamment orientés vers ceux qui entrent sur le marché du travail.
Une qualité de loffre de formation qui est très diverses et qui est loin dêtre optimale.
Un système beaucoup trop compliqué, avec une gouvernance qui nest pas claire, avec un émiettement des responsabilités entre lEtat, les régions, les partenaires sociaux.
Et puis enfin un système dévaluation des résultats qui reste beaucoup trop limité au regard de limportance des moyens qui sont mobilisés globalement par la Nation sur ce sujet.
En effet, les sommes qui sont engagées par la collectivité dans la formation continue, tous financements confondus, ça représente 1,5% de la richesse nationale.
Mais je pense que pour 1,5% de la richesse nationale, on devrait pouvoir atteindre des performances nettement plus élevées.
La réforme que nous avons engagée a commencé à apporter des réponses mais pas suffisantes.
En 2008, létat des lieux et les grands axes de cette réforme ont été largement discutés. Il y a eu une sorte de diagnostic partagé, notamment à loccasion des travaux du Conseil dorientation pour lemploi puis du groupe que nous avions mis en place, piloté par Pierre FERRACCI. Ce diagnostic a débouché en 2009 sur un accord unanime des partenaires sociaux et sur la loi du 24 novembre relative à lorientation et à la Formation professionnelle tout au long de la vie.
Jai la conviction que cest une bonne réforme qui a été votée. Que cest une réforme qui constitue une étape, une étape très importante dans la modernisation de notre système de formation. Et dailleurs depuis maintenant deux ans que cette réforme sapplique, beaucoup de choses ont été réalisées.
On a créé le Service Public de lOrientation qui est en train de se déployer grâce au travail remarquable de Jean-Robert PITTE que je veux saluer et qui est le délégué à linformation et à lorientation. Ce service doit permettre à chacun de disposer dune information qui soit actualisée, qui soit la plus pertinente possible sur les métiers, sur les formations qui y conduisent, et surtout sur les perspectives demploi dans ces secteurs et dans les territoires.
Ensuite, le droit individuel à la formation a désormais un cadre qui est beaucoup mieux défini et qui est beaucoup plus favorable aux salariés. La réforme des Organismes paritaires collecteurs agrées a également avancé puisque nous avons désormais un paysage qui est recomposé autour de vingt organismes collecteurs agréés.
Cela devrait permettre doffrir un bien meilleur service aux entreprises, notamment aux plus petites dentre elles, tout en introduisant plus de transparence et plus defficacité dans la gestion des fonds.
La création du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels a permis de réaffecter une partie des fonds vers les salariés peu qualifiés et vers les demandeurs demploi pour faciliter les transitions professionnelles. Depuis sa mise en place, laction de ce fonds a déjà permis dengager des formations pour environ 600.000 demandeurs demploi ou salariés. Cela représente un engagement cumulé qui dépasse 1,5 milliard deuros.
Enfin, en ce qui concerne la formation des demandeurs demploi, le déploiement de la Préparation opérationnelle à lemploi avance à très grands pas. Au 31 décembre 2011, près de 10.000 demandeurs demploi ont déjà bénéficié de ce nouveau dispositif issu de la loi du 24 novembre 2009.
Bref, ces réformes ont donné des résultats.
Et on peut dire que le premier bilan est encourageant.
Mais il ne nous permet pas encore datteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Il faut aller plus loin. Il faut notamment mettre en place des actions immédiates en faveur de la formation, ciblées en particulier sur les demandeurs demploi et notamment sur les demandeurs demploi de longue durée. Sur ceux qui sont au chômage depuis longtemps.
Nous avons annoncé à la suite du sommet sur la crise de la semaine dernière, une série de mesures qui vont être mises en place immédiatement.
Il y a dabord une première mesure très importante qui est le soutien à ce quon appelle lactivité partielle.
Notre objectif cest quune entreprise qui connait une phase de dégradation conjoncturelle, puisse garder ses compétences, puisse ne pas mettre un terme au contrat de travail.
Et pour cela il faut laider à passer un moment qui est un moment difficile. Cest un avantage pour les salariés qui ne perdent pas leur contrat de travail et qui sont rémunérés. Et cest aussi un avantage pour lentreprise qui elle, ne voit pas sen aller des savoir-faire dont elle a besoin, dont elle aura besoin lorsque lactivité reprendra.
Nous avons beaucoup utilisé ce système au moment de la crise de 2008-2009, mais au regard de lexpérience que nous avons, nous pensons quon peut faire mieux.
Et pour faire mieux nous avons identifié plusieurs sujets.
Il faut dabord simplifier le déclenchement de lactivité partielle. Il faut moins de bureaucratie ; il faut moins de formalités administratives ; dautorisations pour mettre en place ce dispositif.
Et puis ensuite naturellement il faut des moyens supplémentaires pour faire en sorte quun plus grand nombre dentreprises puisse recourir à lactivité partielle.
Les partenaires sociaux ont négocié sur ce sujet.
Nous avons avec eux des approches qui sont convergentes pour notamment supprimer les obstacles juridiques qui empêchent les salariés de se former pendant les heures non travaillées de lactivité partielle. Ce qui est absurde.
Il faut que pendant ces heures où les salariés ne travaillent pas ils puissent naturellement utiliser ce temps pour leur formation.
Enfin nous avons décidé de « réactiviter » les dispositifs quon appelle «former plutôt que licencier» par un abondement des crédits budgétaires pour accompagner les salariés et les entreprises dans les branches qui sont confrontées à des mutations économiques : 40 millions deuros sont dégagés pour permettre de nouvelles entrées dans ces dispositifs.
Et puis enfin nous allons débloquer une enveloppe de 150 millions deuros pour mieux former les demandeurs demploi et pour faciliter leur retour sur le marché du travail.
Pour cela nous avons décidé dagir dans deux directions.
Dabord, nous voulons que les chômeurs de très longue durée, c'est-à-dire ceux qui sont au chômage depuis plus de deux ans, bénéficient de façon systématique dune solution proposée par pôle Emploi, que ce soit une formation, un contrat aidé ou des prestations daccompagnement vers le retour à lemploi.
En particulier la mobilisation du dispositif de formation «compétences clés», axé sur lacquisition des savoirs de base et sur la lutte contre lillettrisme, devra être prioritaire.
Nous confortons ensuite leffort global pour la formation des demandeurs demploi par plusieurs mesures : la prorogation en 2012 du dispositif de rémunération de fin de formation qui permet de rémunérer des demandeurs demploi en formation longue et dont la durée excède leurs droits à lindemnisation du chômage ; cela représente environ 30.000 personnes.
Ensuite, le financement de 16.000 entrées en formation supplémentaires.
Et pour finir, lexpérimentation du contrat de sécurisation professionnelle pour les salariés en fin de CDD ou pour les salariés en mission dintérim et en contrat de chantier.
Cette expérimentation est étendue, là aussi en plein accord avec les partenaires sociaux. Elle devrait pouvoir bénéficier à 9.000 demandeurs demploi supplémentaires, dans quinze bassins prioritaires.
Toutes ces mesures vont être accompagnées dun renforcement des moyens du service public de lemploi.
Nous avons décidé de manière provisoire pour faire face à la crise que rencontre notre pays comme tous les autres pays européens en matière demploi, de recruter 1.000 salariés en contrat à durée déterminée pour renforcer les capacités de traitement de pôle emploi.
LEtat comme vous le voyez, engage dans un contexte économique par ailleurs très contraint et un contexte financier très contraint, beaucoup defforts dans cette bataille.
Je veux dire quil est essentiel que chacun assume les responsabilités qui sont les siennes.
Je me félicite que les partenaires sociaux aient indiqué leur volonté, au lendemain du sommet sur la crise, daugmenter les financements dédiés à la préparation opérationnelle à lemploi, à travers la mobilisation des branches, des OPCA et du Fonds de sécurisation des parcours professionnels.
Cette mobilisation doit permettre à plusieurs dizaines de milliers de demandeurs demploi de sengager dans une formation débouchant sur un emploi. Mais au-delà de ces mesures durgence, nous pensons quil faut encore avancer dans la voie des réformes et quil faut continuer à moderniser profondément notre système de formation professionnelle.
Et cest dans cette perspective quune mission de concertation avec lensemble des acteurs, et jai dit tout à lheure quils étaient très nombreux, a été confiée à Gérard LARCHER, qui maccompagne ce soir à Lyon et qui doit déboucher sur des propositions opérationnelles dans les deux mois qui viennent.
Nous voulons que ces propositions sarticulent autour de quatre objectifs :
* orienter de manière efficace la formation professionnelle vers ceux qui en ont le plus besoin, et je pense notamment aux demandeurs demploi.
* inciter les entreprises à mieux former leurs salariés en renforçant la place de la négociation collective.
* développer la formation professionnelle comme outil de promotion sociale, comme lavait pensé Jacques CHABAN-DELMAS lorsquil concevait ce projet.
* et puis enfin créer les conditions dune meilleure adéquation entre lenseignement professionnel et les réalités du monde économique, ce qui implique naturellement de renforcer le lien entre la formation initiale et la formation continue.
Je pense que ces objectifs sont des objectifs qui peuvent être très largement partagés au-delà de toutes divergences politiques.
Ensuite, jai la conviction que pour franchir une étape vraiment décisive dans ladaptation de notre système de formation, il faut dabord nous pencher sur la question de sa gouvernance.
Javais commandé au Conseil économique et Social Environnemental un rapport sur cette question.
Ce rapport souligne que la réforme de novembre 2009 a eu des effets positifs, mais il pointe encore des insuffisances, des insuffisances graves, en particulier le fait que la réforme nait pas permis de remédier à léclatement du système de formation professionnelle et au défaut de pilotage, du fait de cet éclatement au niveau régional.
Il y a beaucoup dacteurs, tout cela se traduit par moins de responsabilisation, une coordination insuffisante, au détriment de la lisibilité, au détriment de lefficacité de laction publique. Et en définitive, au bout du compte, cest lintérêt général qui est perdant.
Je voudrais citer un exemple de cet éclatement et des difficultés quil engendre : cest celui de pôle Emploi qui a pour mission daider à la réinsertion sur le marché du travail, notamment par la formation, mais qui en réalité, ne gère que 15% des entrées en formation de nos demandeurs demploi.
Or, lune des principales leçons que nous pouvons tirer de la crise, cest que la politique de lemploi et la politique de la formation ne peuvent pas être séparées.
Et au fond il faut, et ce sera les réflexions que va mener Gérard LARCHER, il faudrait que nous arrivions à un système dans lequel toute personne qui se trouve sans emploi se voit immédiatement proposer une formation et quà lissue de cette formation, naturellement, tout demandeur demploi ait lobligation daccepter un emploi correspondant à cette formation.
Voilà, Mesdames et Messieurs, les réflexions que je voulais partager avec vous, ce soir.
Je veux vous dire que quelque soit le calendrier électoral, dans la violence de la crise qui sest abattue sur les pays de lUnion européenne, nous avons le devoir dagir et nous avons le devoir de réformer sans attendre.
La crise et la lutte contre le chômage nautorisent aucun attentisme. Avec le ralentissement de la croissance, les chiffres de lemploi pour le mois de décembre ne sont pas bons. En 2011, même si notre économie a continué à créer des emplois nets, le nombre de demandeurs demploi a augmenté de 150 000.
Eh bien, devant cette situation qui est partagée par tous les pays européens, certains ayant dailleurs des difficultés bien plus graves que les nôtres, il ne faut surtout pas baisser les bras, et surtout il ne faut jamais se dire quon a tout essayé ! Plus que jamais nos efforts doivent aller à linsertion des jeunes. Ils doivent aller à la reconversion des salariés qui sont menacés ou qui sont victimes de restructurations. Ils doivent aller à laccompagnement des demandeurs demploi.
Tous ces défis passent par une réforme profonde de la formation professionnelle.
Tous ces défis ne pourront être relevés que si la formation professionnelle fonctionne à plein, quelle soit un vrai vecteur dévolution professionnelle et sociale, qui colle aux besoins du marché du travail.
Nous sommes dans une société qui change à une vitesse qui saccélère en permanence.
On voit chaque jour des salariés désemparés parce que leur entreprise va fermer, parce que leur entreprise licencie, parce que leur métier a changé, parce que leur activité sest délocalisée.
Face à ces salariés, il faut naturellement de la considération, mais il faut surtout de laction et de lefficacité. Et cette action elle doit être de leur proposer des formations, de nouveaux métiers, qui en même temps redonnent de la force à lappareil de production français, dont nous avons bien vu quau fil de ces vingt dernières années, il a reculé face à la compétition internationale.
Eh bien lInstitut que je viens de visiter montre que tout cela est possible.
Et cétait pour moi aujourdhui un grand honneur et un grand plaisir que de saluer votre action qui est une action qui est encourageante pour la Nation toute entière.
Source http://www.gouvernement.fr, le 26 janvier 2012