Texte intégral
Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Chers Compatriotes,
Je voudrais d’abord remercier l’Ambassadeur, Monsieur Thierry Mathou, de son accueil chaleureux et de l’excellente organisation de cette visite. Je voudrais solliciter votre équipe qui s’est mobilisée de façon très efficace. Je suis arrivé, comme vous le savez, hier soir et tout s’est parfaitement déroulé. Je quitterai Rangoon demain, à la première heure, pour aller à Naypyidaw pour rencontrer les autorités gouvernementales.
Je voudrais aussi vous dire combien je suis heureux d’être parmi vous ce soir, ici, à Rangoun, dans ce pays qui suscite en France fascination et émotion parce que, vous l’avez dit, il vit des moments historiques - le mot est je crois adapté en la circonstance. Depuis trop longtemps, la tragédie politique birmane empêchait toute visite d’un membre du gouvernement français. Aujourd’hui, je me réjouis d’être celui qui vient exprimer au peuple birman l’appui de la France à une transition porteuse d’espoir.
L’objectif de ma venue est d’abord d’offrir notre soutien à la Birmanie pour l’aider à construire un État démocratique, respectueux des libertés et des droits des minorités.
C’est dans cet esprit que j’encouragerai demain le président Thein Sein et son gouvernement à poursuivre dans la voie qu’ils ont ouverte, il y a quelques mois, en prenant les décisions qui permettront à la Birmanie de s’engager de manière irréversible dans le processus de réconciliation nationale et de retrouver pleinement la place qui doit être la sienne au sein de la communauté internationale. À cet égard, la récente libération de 651 prisonniers politiques, dont certaines personnalités de premier plan - que j’ai eu l’occasion de rencontrer, grâce à vous Monsieur l’Ambassadeur -, constitue un geste très significatif qui va à l’évidence dans le bon sens.
C’est aussi dans cet esprit que je réaffirmerai le soutien de la France à tous ceux qui oeuvrent depuis des années en faveur de la démocratie et des droits de l’Homme. C’est d’abord le cas de Daw Aung San Suu Kyi, à qui j’aurai l’honneur de remettre ce soir, au nom du président de la République, les insignes de commandeur de la Légion d’Honneur, au titre de son engagement en faveur des droits de l’Homme et de la démocratie.
Cette visite est également l’occasion pour moi de jeter les bases des relations qui se sont renforcées entre nos deux pays.
La France connaît et aime la Birmanie. Nos études birmanes sont parmi les meilleures au monde. L’Alliance française de Rangoun a fêté l’année dernière ses cinquante ans et l’Institut français de Birmanie s’est imposé comme un espace de création et d’interaction unique dans ce pays, au service de la liberté d’expression et de l’amitié franco-birmane.
Cette amitié s’appuie sur les nombreux Birmans qui ont eu l’occasion par le passé d’étudier dans notre pays. Elle s’appuie également sur les initiatives de notre ambassade, qui s’emploie depuis un an à réactiver ses multiples réseaux et à préparer l’avenir en encourageant les partenariats universitaires, médicaux et culturels. Je pense notamment au «Club France», récemment créé, qui a vocation à réunir tous les Birmans - médecins, infirmières, enseignants, prêtres, diplomates, militants des droits de l’Homme - francophones ou francophiles, qui participent au rayonnement de notre pays. Ils nous aideront à reconstruire demain une relation bilatérale riche et dense, que je souhaite voir normalisée le plus rapidement possible.
Cette relation devra reposer sur deux exigences :
L’engagement, d’abord - le moment venu, la France sera prête à recalibrer sa présence dans une Birmanie qui aura fait résolument le choix de la démocratie et des intérêts de sa population ;
La vigilance, ensuite - notre pays est bien placé pour savoir que la démocratie ne se construit pas en un jour. Le Printemps arabe, dans d’autres régions du monde, le confirme : ce processus peut connaître des à-coups et des retours en arrière. Nous serons très attentifs à ce que les aspirations du peuple birman soient pleinement prises en compte et nous tiendrons un langage de vérité, tant à nos partenaires qu’à nos interlocuteurs birmans.
Cette amitié renouvelée entre nos deux pays, vous en serez les premiers artisans. Je voudrais rendre hommage au travail remarquable que vous effectuez dans ce pays, où vous formez la première communauté européenne. Quelles que soient les raisons qui vous ont conduits en Birmanie, je sais que vous avez partagé ses souffrances et que vous épousez aujourd’hui ses espoirs.
Merci à vous, volontaires de l’action humanitaire, qui jouez un rôle essentiel auprès de la société civile birmane victime de catastrophes naturelles récurrentes. Nous voulons désormais contribuer au développement de la Birmanie sur le long terme, en mettant l’accent sur la santé et l’éducation, les droits de l’Homme et la protection de l’environnement. Sachez qu’en dépit d’un contexte budgétaire contraint, le gouvernement a décidé de tripler les moyens que le Quai d’Orsay consacre à la coopération franco-birmane et, à mon retour, j’engagerai également une réflexion sur la possibilité pour l’Agence française de Développement d’intervenir en Birmanie.
Merci également à vous, Français expatriés de longue date, qui travaillez souvent dans le secteur du tourisme. Vous contribuez largement au succès d’une destination que les Français sont de plus en plus nombreux à choisir chaque année, tant la culture et la beauté de ce pays sont uniques et l’accueil de son peuple chaleureux. Il me revient d’ailleurs que les Birmans ont conscience du goût prononcé de nos compatriotes pour leur pays et qu’ils développent des infrastructures particulières pour les accueillir. J’ai eu la chance cet après-midi de croiser des groupes de touristes français. J’ai pu constater à l’Institut culturel que beaucoup des gens qui étaient là pour apprendre le français, y compris un dimanche après-midi, le faisait parce qu’ils travaillent dans le secteur du tourisme, dans les agences de voyages, et qu’ils éprouvent le besoin de mieux connaître notre langue pour mieux accueillir les touristes.
Merci enfin à vous, membres de la communauté d’affaires, qui êtes confrontés à des contraintes que je n’ignore pas. Nous souhaitons les voir levées dès que les autorités birmanes nous mettront en mesure de le faire. Le potentiel de l’économie birmane est immense. Le peuple birman veut prendre toute sa part au développement de l’ASEAN. Le moment venu, nos entreprises auront toute leur place à prendre. Je les encourage à s’y préparer dès aujourd’hui. Le ministère des Affaires étrangères est à leur disposition pour leur faire part de l’analyse et des recommandations des autorités françaises sur les évolutions en cours.
Chers Compatriotes,
Les moments que vous êtes en train de vivre, ici, resteront je le pense gravés dans l’histoire de la démocratie comme l’espoir d’une nouvelle ère pour la Birmanie et son peuple. Il faut bien dire que par les temps qui courent, les bonnes nouvelles sur la surface de la planète ne sont pas très nombreuses. Accueillons celles-ci avec l’enthousiasme qui s’impose.
Dans cette phase cruciale, je sais pouvoir compter sur vous pour porter haut les valeurs chères à notre pays, au premier rang desquelles la liberté et la démocratie.
Je souhaite à la Birmanie de conduire avec succès la transition dans laquelle elle est engagée. J’exprime une nouvelle fois mon admiration à tous ceux qui ont lutté tant d’années pour qu’advienne ce moment. Devant vous, j’assure à nouveau la Birmanie et le peuple birman du soutien amical et chaleureux de la France. Je voudrais aussi, puisque nous sommes au mois de janvier, vous souhaiter une bonne année et souhaiter une bonne année pour la France. Tout ce qui vous lisez, au jour le jour, ne vous fait peut-être pas très chaud au cur. Il est vrai que nous sommes dans une période très difficile, que la zone euro est dans une période très difficile. Je pense que nous avons, face à ces défis, pris les bonnes décisions. Nous nous sommes engagés dans la remise en ordre de nos comptes publics qui est une exigence absolument incontournable, mais que nous n’oublions pas que seule la croissance nous permettra de sortir des difficultés actuelles. Or la France reste, je voudrais quand même le rappeler à ceux qui parfois en doutent, la cinquième puissance économique du monde. Elle a des atouts aujourd’hui tout à fait considérables, à commencer par une jeunesse formidable, beaucoup moins pessimiste en réalité que ce qu’on lit dans les enquêtes d’opinion et dans les sondages. C’est donc aussi un message de confiance et d’espoir dans la France que je voudrais partager avec vous en ce début d’année 2012. N’oubliez pas que vous allez devoir voter bientôt, au moment de l’élection présidentielle, mais aussi au moment des élections législatives. Pour la première fois vous allez désigner onze députés qui viendront soutenir les efforts de vos sénateurs. Là aussi, c’est quelque chose que je voulais mentionner avant de terminer.
Bonne année !
Vive l’amitié entre la France et la Birmanie !
Vive la République et vive la France !
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 janvier 2012