Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN Question directe : lAfghanistan, il y a huit jours, cétait vendredi dernier, quatre de nos soldats étaient tués en Afghanistan. Est-ce que la France va modifier son calendrier de retrait en Afghanistan ?
GERARD LONGUET La France appartient à une coalition, dans cette coalition la France va demander des précisions fortes. Nous avons depuis Lisbonne, cest à dire depuis novembre 2010 une certitude, cest que la coalition sarrêtera dopérer en Afghanistan en 2014. Nous avons deux ans devant nous pour organiser la transition totale comme nous lavons obtenue déjà en partie.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca veut dire que la France na pas arrêté sa position ?
GERARD LONGUET Juste pour terminer cette annonce de transition a modifié le terrain sur place et on voit bien que les Taliban, qui ne sont plus capables de chasser KARZAI, qui ne sont plus capables daffronter larmée nationale afghane, utilisent des méthodes nouvelles et nous devons tenir compte de ces méthodes nouvelles. Et ce que la France va dire à ses alliés et je le dirais début février à Bruxelles cest à dire : nous avons annoncé notre départ, il faut adapter notre dispositif à ce départ.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et donc la France ne modifiera pas son calendrier de retrait en Afghanistan ?
GERARD LONGUET La France est engagée dans une coalition et elle fait bouger la coalition.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais je vous pose la question vous ne mavez pas répondu
GERARD LONGUET Non, non, pour une raison très simple
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce quelle va modifier son calendrier ?
GERARD LONGUET Eh bien je vous dis très clairement « la France a une parole », elle est membre dune coalition, elle demande à cette coalition dévoluer mais elle est solidaire de la décision et de sa parole.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc elle ne modifiera pas son calendrier.
GERARD LONGUET Sauf, si elle obtient
JEAN-JACQUES BOURDIN Sauf si la coalition modifie son calendrier
GERARD LONGUET Vous avez compris.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon. Donc comme la coalition et les Américains ont répété quils ne modifieraient pas
GERARD LONGUET Bon, les Américains découvrent que lexercice du retrait, lexercice de la transition doit être préparé, ce que nous disons maintenant depuis six mois. Ils vont donc nous accompagner jen suis convaincu.
JEAN-JACQUES BOURDIN Quant on est actionnaire à 1% est-on en droit de prendre la parole ? Cest ce que disait le général DESPORTE. Vous avez lu cette déclaration.
GERARD LONGUET Oui, cest une provocation parce que premièrement nous avons 4000 hommes engagés en Afghanistan, nous sommes le troisième sur 100 000, nous sommes le troisième contributeur après les Etats-Unis, la Grande Bretagne au niveau de lAllemagne, au niveau des grandes nations européennes. Et juste un mot, je crois que les Européens regardent la France et quand la France prend une décision en Afghanistan y compris, les Européens nous suivent. Cest la raison pour laquelle le point de vue de la France au-delà de nos 4000 hommes est très important.
JEAN-JACQUES BOURDIN Aujourdhui donc le président de la République ne va pas dire sil modifiera son calendrier
GERARD LONGUET Le président va demander à monsieur KARZAI un certain nombre Constater à la fois que larmée afghane existe, quelle se bat, que les Afghans meurent au combat pour défendre leur République à nos côtés, à nos côtés, parce quil y a les morts français, mais il y a les morts Afghans qui nous accompagnent, et qui combattent avec nous mais nous avons à consolider cette armée et nous avons en particulier à faire en sorte que les officiers, les sous officiers, que nous formons nous Français, et qui sont Afghans, soient à nos côtés et pas dispersés ailleurs.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors Gérard LONGUET, jai des questions précises parce que je pense à nos soldats qui sont là bas, vous aussi, évidemment
GERARD LONGUET Dites .Nous y pensons tous et les Français pensent à leurs soldats, les soldats y sont sensibles.
JEAN-JACQUES BOURDIN Question : est-ce que les balles qui ont tué les soldats français il y a huit jours étaient des balles fournies par les alliés ?
GERARD LONGUET Cest en effet un acte terroriste
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que les balles étaient fournies par les alliés ?
GERARD LONGUET Cest un soldat qui avait revêtu taliban, sans doute manipulé par un réseau taliban venu du Pakistan, je le dis, lui-même venait du Pakistan, mais il avait revêtu luniforme afghan et comme cela est arrivé près dune vingtaine de fois en 2011 cétait une balle, une arme afghane américaine, en loccurrence.
JEAN-JACQUES BOURDIN Armes américaines et des balles fournies par les alliés
GERARD LONGUET Et des armes et des balles, si vous voulez Oui mais pas pour cela monsieur BOURDIN, vous le savez, et rappelez le.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous pose la question.
GERARD LONGUET Non, non, il ny a pas dambigüité
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous pose la question, pas dambigüité, alors cest clair. Je vais vous poser dautres questions
GERARD LONGUET Non mais je naccepte pas lidée non, je naccepte pas lidée
JEAN-JACQUES BOURDIN Laquelle ?
GERARD LONGUET Que ces balles aient été données par les alliés pour faire cela.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais pas pour faire cela, je vous pose la question simplement
GERARD LONGUET Vous me rassurez. Vous me rassurez.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous demandais simplement si les balles avaient été fournies par les alliés ?
GERARD LONGUET Pas pour cela, pour combattre
JEAN-JACQUES BOURDIN Evidemment, heureusement.
GERARD LONGUET Oui. Je voudrais Jean-Jacques BOURDIN que vous vous souveniez que larmée afghane
JEAN-JACQUES BOURDIN A aucun moment personne na pu pense que ces balles étaient fournies volontairement
GERARD LONGUET Alors il vaut mieux le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Heureusement que vous avez dit.
GERARD LONGUET Il vaut mieux le dire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Allez. Je vous pose dautres questions. Est-il vrai que les policiers et les soldats afghans sont de plus en plus nombreux à déserter larmée afghane ?
GERARD LONGUET Le taux dattrition c'est à dire le taux de déperdition est en effet de lordre de 20 à 25 %.
JEAN-JACQUES BOURDIN 32 %.
GERARD LONGUET Ca dépend des théâtres dopération. La troisième brigade avec laquelle nous travaillons le taux est de 22 % exactement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous aviez lu le rapport de lOTAN diffusé par le New York Times ?
GERARD LONGUET Jai lu tous les rapports de lOTAN y compris celui diffusé par le New York Times
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui a été caché pendant un certain temps.
GERARD LONGUET Non, ils ne sont pas cachés. Ce qui se passe pas pour le ministre en tous les cas.
JEAN-JACQUES BOURDIN Pas peut-être pour le ministre mais pour le grand public. Il a fallu que le New York Times sorte ce rapport, vous le savez bien.
GERARD LONGUET Il appartient à larmée américaine, il appartient à lOTAN de respecter ses règles intérieures.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-il vrai, Gérard LONGUET, que 9 soldats locaux sur 10 sont incapables de lire les instructions relatives à lusage dun fusil dassaut.
GERARD LONGUET Le taux dalphabétisation chez les soldats est en effet de Din-alphabétisation, les alphabètes, sont 70 %. Cest lAfghanistan millénaire dont nous héritons. Nous navons pas choisi les Afghanistan (sic), nous navons pas choisi les traditions médiévales et parfois obscurantistes, nous avons en revanche des officiers qui sont - pour ceux que nous formons, qui savent lire, écrire et comprendre, et des sous officiers dont le taux dalphabétisation est de lordre de 50 %. Mais vous voyez bien toute la difficulté ils nont pas leur permis de conduire, mais ils ont tous leur portable téléphonique et ils entrent dune certaine façon dans la modernité.
JEAN-JACQUES BOURDIN Quelles sont les ethnies majoritaires dans larmée afghane ?
GERARD LONGUET Les pachtounes. Dans larmée afghane absolument.
JEAN-JACQUES BOURDIN 4 % des soldats afghans sont pachtounes.
GERARD LONGUET Cest totalement faux. Dans
JEAN-JACQUES BOURDIN 5 %.
GERARD LONGUET Cest totalement faux.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais Gérard LONGUET
GERARD LONGUET Cest totalement faux. Cest totalement faux
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous savez ce quon va faire
GERARD LONGUET Vous êtes le bienvenu en Afghanistan, vous êtes le bienvenu à Kaboul Jean-Jacques BOURDIN
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous savez ce quon va faire
GERARD LONGUET Et nous allons ensemble, avec le général NEZZAR, passer en revue les troupes de la troisième brigade avec laquelle nous travaillons.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais vous vous trompez.
GERARD LONGUET Je ne me trompe absolument pas. Le général NEZZAR est ouzbek, ses cadres sont..
JEAN-JACQUES BOURDIN Nous allons sur la place publique confronter nos points de vue. Vous dites que les Pachtounes sont majoritaires dans larmée afghane
GERARD LONGUET Je dis que les Pachtounes sont à proportion de leur population. 4 %.
JEAN-JACQUES BOURDIN Moi je vous dis non, les Pachtounes
GERARD LONGUET Vous avez dit 4 %.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mettons 5. Je vous dis non les Pachtounes ne sont pas majoritaires dans larmée afghane. Ce qui pose problème et je vais vous dire pourquoi
GERARD LONGUET En dessous de 40 % je vous présente mes excuses. Jean- Jacques BOURDIN, arrêtons nous. En dessous de 40 % de Pachtounes je vous présente mes excuses.
JEAN-JACQUES BOURDIN Eh bien ça me fera plaisir.
GERARD LONGUET Au-delà, cest vous qui les présentez.
JEAN-JACQUES BOURDIN Quelles sont les ethnies qui sont majoritaires alors ?
GERARD LONGUET Vous avez un encadrement tadjik important, vous avez des Ouzbek importants, vous avez réintroduit dans larmée ce qui nexistait pas avant, des Hazara, et vous avez des pachtounes
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui sont chiites
GERARD LONGUET Absolument. Mais bon Cest le creuset, et le creuset de la nation afghane aujourdhui cest en effet larmée parce que nous avons des régiments mixtes. Il ny a pas de régiment pachtoune, de régime tadjik, il y a un mélange, il y a une fusion, il y a un creuset à travers larmée afghane. Nous en parlons dexpérience puisque nous formons chaque année les officiers et les sous officiers
JEAN-JACQUES BOURDIN Je dis ça parce que larmée afghane
GERARD LONGUET . Et nous savons doù ils viennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous pose cette question tout simplement parce quune grande partie de lAfghanistan est pachtoune, vous le savez bien, et notamment toute la région de Kandahar
GERARD LONGUET Pas tout à fait la moitié, ou la moitié ; En tous les cas cest tout le sud.
JEAN-JACQUES BOURDIN Jai dit une grande partie
GERARD LONGUET Vous avez raison, cest tout le sud. Dont est originaire monsieur KARZAI, le président KARZAI.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, oui, et dont le frère était trafiquant on le sait.
GERARD LONGUET Personne nest responsable de sa famille.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui daccord. Mais enfin monsieur LONGUET, je vous dis ça parce que vous savez très bien que dans tout ce grand sud qui est lendroit le plus difficile à pacifier, vous le savez bien, il y a
GERARD LONGUET Et lest, tout ce qui est proche du Pakistan. Pourquoi ? Parce que vous savez bien que les Talibans sont soutenus par des réseaux installés au Pakistan.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais Gérard LONGUET, si je vous pose la question cest parce que là bas cette armée composée de Tadjik ou dHazara
GERARD LONGUET Et de Pachtounes.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et de Pachtounes, très peu
GERARD LONGUET Non
JEAN-JACQUES BOURDIN Est très mal reçue dans le sud de lAfghanistan, malheureusement. Et ça contribue à la difficulté et quil y a à pacifier cette région, vous le savez bien Gérard LONGUET
GERARD LONGUET Je vais être modeste, je sais de quoi je parle et je connais la Kapisa et la Surobi parce que la France y est impliquée.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous nêtes jamais allé à Kandahar ?
GERARD LONGUET Je ne suis pas allé à Kandahar
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous nêtes jamais allé dans le sud.
GERARD LONGUET Parce que ce nest pas de la responsabilité de larmée française et permettez moi de vous dire que je reste auprès de mes hommes et là où ils interviennent.
JEAN-JACQUES BOURDIN Dernière question sur lAfghanistan, on va passer à autre chose, il est 8h43, mais est-il vrai que 69 % de la population na toujours pas accès à leau potable ?
GERARD LONGUET Sans doute.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-il vrai quun enfant sur cinq meurt avant lâge de 5 ans en Afghanistan ?
GERARD LONGUET Je ne le pense plus parce que nous avons fait, alors ça cest le travail de dix ans de coalition, un formidable travail de santé, avec les Afghans, avec les médecins afghans, avec les médecins que nous avons formés aussi dailleurs, et un travail dalphabétisation des enfants, de scolarisation des enfants et de scolarisation des jeunes filles. Mais permettez moi de vous dire que nous ne rattraperons pas avec les moyens dont on dispose en quelques années plusieurs siècles, allez, de traditionalisme fermé sur lui-même.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-il vrai que le ministre de lEconomie estime comme les femmes ne peuvent fréquenter ensemble luniversité ?
GERARD LONGUET Sil le pense cest une erreur de sa part mais nous ne sommes pas là pour remplacer les Afghans. Les Afghans ont leur vie, nous sommes là pour leur éviter dêtre divisés par une guerre civile animée de lextérieur.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca sera ma dernière question : faut-il dialoguer avec les Talibans ?
GERARD LONGUET Oui naturellement. Il faut dialoguer avec les gens de bonne volonté, et cest la raison
JEAN-JACQUES BOURDIN Les Américains le font au Qatar, vous confirmez ?
GERARD LONGUET Ce nest pas les Américains qui le font, ce sont tout le monde
JEAN-JACQUES BOURDIN Ce sont les alliés.
GERARD LONGUET Ce sont les alliés.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc nous négocions avec les Talibans ?
GERARD LONGUET Nous parlons avec ceux des Talibans qui acceptent de parler. Moi jai relu un
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc ça cest la première fois que je lentends, cest très bien. Pourquoi pas.
GERARD LONGUET Jai relu un texte formidable, c'est celui « La paix des braves » du général DE GAULLE. Si on lavait écouté, cétait à lautomne 60, je crois que beaucoup de choses auraient changé dans cette malheureuse terre dAlgérie de lépoque.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien, Gérard LONGUET est avec nous ce matin. Nous allons quitter lAfghanistan, et nous allons parler eh bien de politique.
GERARD LONGUET Par exemple.
JEAN-JACQUES BOURDIN De politique intérieure, de présidentielle. Gérard LONGUET, la présidentielle. Comment expliquez-vous que François HOLLANDE soit en tête dans les sondages ?
GERARD LONGUET Oh, il y a Il y a dans tous les pays européens confrontés à la crise une interrogation sur peut-on faire autrement. Il nest pas complètement anormal quaprès avoir gagné 95, 2002 et 2007 les Français la droite soit un petit peu
JEAN-JACQUES BOURDIN Il y a une aspiration au changement, Gérard LONGUET ?
GERARD LONGUET Il y a une interrogation sur une autre façon de conduire. Ce nest pas complètement anormal. Cest dailleurs le rôle des élections douvrir le débat. Si les élections nouvraient pas un débat, à quoi serviraient-elles ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Gérard LONGUET, la croissance opium de tous les candidats. Alors je ne vous entends pas je les entends tous me parler de croissance.
GERARD LONGUET En oubliant simplement les conditions de la croissance.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
GERARD LONGUET Les conditions de la croissance, et cest là où je pense très, très Vous savez, sur François HOLLANDE, moi jai regardé le débat hier
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
GERARD LONGUET Une partie seulement puisque javais une obligation professionnelle. Jai dabord trouvé que cétait deux hommes de qualité.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous parlez dAlain JUPPÉ et de François HOLLANDE, oui.
GERARD LONGUET DAlain JUPPÉ et de François HOLLANDE, et cest plutôt une chance dans un pays davoir des hommes politiques de qualité. On critique assez facilement les hommes politiques : les deux ont oublié dêtre cons, ce qui est quand même un atout pour le pays. Jajoute quils ont débattu, c'est-à-dire ce nétait pas linjure, cétait un vrai débat avec pour moi une sorte de frustration cependant de la part de François
JEAN-JACQUES BOURDIN Laquelle ?
GERARD LONGUET Moi jaurais aimé dire à François HOLLANDE que profondément il se trompait dadversaire. La finance nest pas ladversaire de la France et nest pas ladversaire du développement, elle nest pas ladversaire de la croissance. Vous savez, dans toutes les familles il y a des brebis galeuses, mais la finance, linvestissement, cest exactement ce dont on a besoin.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous ne faites pas de différence entre la finance et linvestissement, Gérard LONGUET ?
GERARD LONGUET Ah non ! Non, non ! Parce que si vous voulez, cest un même ensemble : les gens qui collectent de lépargne pour investir, ça sappelle des financiers. Mais dans les financiers, il y en a qui sont très malins et très perso et il y en a qui sont de long terme et qui investissent sur la recherche, sur la conquête de marchés extérieurs, sur de nouvelles technologies ou tout simplement sur des infrastructures. Or, ce dont nous avons besoin dans notre pays pour lemploi parce que tout le monde est pour lemploi, oui, en oubliant deux choses. Cest que pour lemploi il faut : 1/ des financements car les machines-outils ça coûte cher, les études de marché ça coûte cher, la conquête de marchés extérieurs ça coûte cher ; il faut des capitaux, il faut des financements, article 1. Et deuxièmement, il faut un coût du travail qui soit compétitif et là, on nen a pas beaucoup parlé dans les deux cas.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors le coût du travail, oui. On nen a pas beaucoup parlé, un tout petit peu, de la fameuse TVA quon a appelée
GERARD LONGUET Un petit peu parlé du coût du travail. Mais sur le rôle du capital, si vous voulez. Moi je suis libéral ; en économie, le rôle du capital est indispensable. Aujourd'hui un emploi douvrier cest possible. Moi je vois chez moi, il y a des gens qui On embauche dans la mécanique fine par exemple pour laéronautique. Mais il faut 200, 300, 400 000 euros par emploi. C'est-à-dire dailleurs ce nest plus un tournevis : cest des machines-outils numériques, et louvrier cest un bac + 2 qui a au moins un BTS. Eh bien ça demande de largent en formation, ça demande de largent en outils et ça demande de largent en études de marché. Et on attaque la finance alors que justement on a besoin de la finance. On a besoin de la finance française et jajoute, on a besoin de la finance étrangère. On a besoin que les capitaux viennent plutôt chez nous quailleurs et on fait quoi ? On les fait fuir. Eh bien François HOLLANDE se trompe dadversaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous pensez que François HOLLANDE fait fuir les plus riches ? Il risque de faire fuir les plus riches ?
GERARD LONGUET Les riches, vous savez
JEAN-JACQUES BOURDIN Non mais je vous
GERARD LONGUET Jean-Jacques BOURDIN, les riches ils sorganisent, ils survivent. Ce nest pas Le problème des personnes ne mintéresse pas. Ce qui mintéresse, cest où met-on son argent pour le faire fructifier et on ne le mettra pas en France si on cogne sur tout ce qui rapporte un peu dargent.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, et si on augmente les impôts.
GERARD LONGUET Par exemple des grandes entreprises. On parle des grandes entreprises.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et des plus riches, quoi.
GERARD LONGUET Non mais ce nest pas les personnes !
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais non, mais attendez !
GERARD LONGUET Ce sont les entreprises qui créent les emplois.
JEAN-JACQUES BOURDIN Les entreprises, on est daccord.
GERARD LONGUET Regardez, quand AIRBUS a un marché mondial
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais ce sont les personnes qui accumulent les richesses, pardon Gérard LONGUET.
GERARD LONGUET Quand AIRBUS a un marché mondial Oui, les personnes cest les actionnaires Qui est actionnaire dAIRBUS ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Je me fais lavocat du diable volontairement.
GERARD LONGUET Non mais cest pas des personnes. Bon daccord, il y a madame BETTENCOURT quelque part. Bon. Mais il y a surtout des dizaines
JEAN-JACQUES BOURDIN Il a fallu quil y ait un scandale pour quon saperçoive quelle avait de largent en Suisse, pardon.
GERARD LONGUET Des dizaines de millions dactionnaires français, étrangers, américains, qui se disent : « AIRBUS est une bonne boîte. » Si on cogne sur AIRBUS, que va faire AIRBUS ? Ils vont créer aux États-Unis, ils vont créer en Chine des emplois et ils ne les feront plus à Toulouse et cest exactement la question qui se pose.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais cest ce que fait RENAULT, pardon.
GERARD LONGUET Eh bien tant mieux !
JEAN-JACQUES BOURDIN Créer des emplois à létranger au loin.
GERARD LONGUET Mais cest bien ! Cest bien ! Mais les deux, les deux ! Parce que quand RENAULT crée des usines en Roumanie et en Russie
JEAN-JACQUES BOURDIN Et au Maroc.
GERARD LONGUET Et au Maroc, à Tanger, ce sont des ingénieurs qui les conçoivent à Paris et nous devenons alors, à partir de la France, à partir de ce centre de recherche dElancourt je crois pour RENAULT, nous devenons le cerveau dun réseau mondial. Moi ce que je propose à la France, moi ce que jaurais aimé entendre dire dans un débat comme ça, cest que la France peut, sur le terrain économique, gagner des batailles mondiales. La mondialisation, ce nest pas attendre des coups, ce nest pas se refermer : cest à partir de la France, utiliser nos atouts. Nos atouts
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors la TVA
GERARD LONGUET Attendez, pardonnez-moi, juste un mot.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, un mot. Allez !
GERARD LONGUET Nos atouts, ce nest pas les bas salaires. Nos atouts, cest lintelligence et lintelligence ça demande de largent parce quil faut la former et il faut lui donner de la trésorerie pour quelle travaille.
JEAN-JACQUES BOURDIN Gérard LONGUET, la TVA quon appellera sociale ou autre, peu importe.
GERARD LONGUET Emploi, on va lappeler emploi.
JEAN-JACQUES BOURDIN Emploi, allez : TVA emploi ! Deux points, ça vous va ou pas ?
GERARD LONGUET Je vais vous dire
JEAN-JACQUES BOURDIN Franchement, soyons francs.
GERARD LONGUET Oui. Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça vous va, deux points ?
GERARD LONGUET À condition que ce soit pour alléger la charge de travail.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous auriez aimé plus ?
GERARD LONGUET Je vais vous dire
JEAN-JACQUES BOURDIN Ou moins ?
GERARD LONGUET Non, parce quil ne faut pas casser la croi - il ne faut pas casser la conso.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc vous auriez aimé moins.
ERARD LONGUET Deux cest bien. Non, deux cest bien.
JEAN-JACQUES BOURDIN Uniquement pour les entreprises, baisse des charges : on est bien daccord ?
GERARD LONGUET Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Pas pour les salariés ?
GERARD LONGUET La vérité, cest quil faut élargir le revenu des salariés en élargissant le nombre demplois, et après les revenus monteront. Les revenus individuels monteront mais dabord les revenus collectifs.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors on va sengager, vous allez vous engager. Cest la dernière question. Est-ce que vous vous engagez à regretter les propos que vous avez tenus à lencontre de François HOLLANDE en le comparant au capitaine du Costa Concordia ?
GERARD LONGUET Je le regrette dautant plus que je ne lai pas comparé mais quil y avait maladresse de ma part, je le reconnais.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 30 janvier 2012