Texte intégral
Q - Georges Papandréou pourrait renoncer à son referendum et son opposition décide de soutenir le plan de sauvegarde. Tout est donc réglé ?
R - Mercredi, le président de la République, la chancelière allemande, les représentants des institutions européennes et Mme Lagarde ont lancé un appel à lunité nationale en Grèce. Cet appel a été entendu et lobjectif est atteint. Ce qui nous inquiétait cétait que la mise en uvre de ces décisions, absolument indispensables pour la stabilisation de la zone euro, ne soit retardée jusquà un possible referendum. Apparemment le calendrier a été modifié. Je nai pas de jugement à porter sur le choix des forces politiques grecques. La seule chose qui nous importait cest que les engagements que suppose lappartenance à la zone euro soient tenus et de ce point de vue là, le langage très ferme tenu avant-hier par la France et lAllemagne a été entendu.
Q - Ce revirement est-il le fruit de la pression franco-allemande ?
R - Le message a été très clair : lEurope ne pourrait pas verser la sixième tranche daide à la Grèce de 8 milliards deuros si la mise en uvre des décisions du 27 octobre était suspendue. Cest peut-être un élément qui a pesé dans la balance.
Q - Cet épisode laissera-t-il des traces au sein de lUnion européenne ?
R - Je pense que nous allons surmonter cette épreuve. Mais dire que tout est réglé pour autant, certainement pas. Il faut aussi que lensemble de la zone euro accélère les décisions des 26 et 27 octobre. Et que nous mettions un coup daccélérateur au Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Q - Pour éviter le risque de contagion à dautres pays comme lItalie ou lEspagne ?
R - Exactement. Ce risque existe mais nous sommes décidés à dresser des pare-feux pour éviter cet effet de contagion. Cela passe notamment par un effet de levier important du FESF de façon à ce que lon puisse dissuader tous ceux qui douteraient de la stabilité de la zone euro et de notre détermination à la défendre.
Q - Que répondez-vous à ceux qui pensent quil aurait mieux valu laisser les Grecs sortir de la zone euro ?
R - Nous avons tout fait pour éviter que la Grèce ne sorte pas. Pour une raison morale, dabord, car nous sommes solidaires les uns des autres. Ensuite car nous pensons que cela aurait été une très mauvaise chose pour la Grèce et son peuple dont nous comprenons les difficultés. Enfin cest notre propre intérêt car nos banques ont accepté deffacer 50 % de leurs créances sur la Grèce et que si celle-ci fait défaut, cela sera 100 %...
Q - La réforme du système monétaire international est un des objectifs de ce G20. Le FMI doit-il, comme le suggère Barack Obama, jouer un rôle de soutien plus important ?
R - Nous soutenons lidée daccroître la surveillance du FMI sur les différents pays et de lui donner des moyens supplémentaires en renforçant notamment les droits de tirage spéciaux. Nous travaillons pour que cela soit acté dans le communiqué final.
Q - La taxe sur les transactions financières a-t-elle des chances de voir le jour ?
R - Elle est sur la bonne voie. Nous avons consacré ce jeudi une séance de travail au développement. Nous avons entendu le rapport de Bill Gates qui a fait beaucoup de propositions très intéressantes. Il présente un panel de financements innovants : une taxe sur le tabac, sur les transports maritimes et une taxe sur les transactions financières en faveur de laquelle la France milite. Cette taxe peut être extrêmement utile : le rapport de la commission européenne a montré quon pouvait effectivement taxer les transactions entre les établissements financiers.
Q - Cest donc une bonne idée ?
R - Il faudra ensuite discuter de lutilisation des fonds. Un certain nombre de pays sont déterminés à aller de lavant : la France et lAllemagne, plusieurs autres européens à lexception de la Grande-Bretagne qui a toujours manifesté ses objections. Des pays comme le Brésil ou lArgentine ont pris clairement position pour cette taxe et le président des États-Unis a indiqué quil était ouvert à lidée quil y ait une contribution des établissements financiers à la résolution de la crise. On progresse.
Q - Les Français sont inquiets. Pour les rassurer, vous leur dites «nous savons où nous allons et cest avec Nicolas Sarkozy» ?
R - Oui, nous savons où nous allons : stopper lendettement et réduire les déficits étape par étape pour retrouver léquilibre en 2016.
Q - Barack Obama a salué le leadership de Nicolas Sarkozy. Vous êtes daccord avec lui ?
R - Il nest pas le seul à saluer ce leadership. On voit bien que le président est à la manuvre, à la fois en Europe et au niveau mondial.
Q - La France préside le G20. Que restera-t-il de cette présidence ?
R - Des mesures précises : le renforcement du FMI, la taxe sur les transactions financières, des projets dinfrastructures prioritaires dans les pays en développement. Nous avons également amené les pays du G20 à accepter lidée dun socle social minimal que tout le monde doit respecter. Il y a un certain nombre de règles sociales qui sont adoptées par tout le monde. Cest une petite révolution. Au niveau agricole, citons également toutes les mesures pour soutenir la production.
Q - Cest assez inhabituel, vous êtes le seul ministre des Affaires étrangères du G20 présent à ce sommet. Quel rôle jouez-vous ?
R - Dabord, je suis ministre des Affaires étrangères et européennes. À Cannes, nous parlons beaucoup dEurope, il est normal que je sois associé à tout cela. Ensuite, le président souhaitait que je sois là pour prendre mon avis.
( )
Q - On a beaucoup dit que Nicolas Sarkozy avait abîmé limage de la France. Ça vous choque ?
R - Cest inexact. Cest radicalement faux. Dans le monde arabe par exemple. Aux États-Unis, la France est considérée comme un allié, certes qui défend ses intérêts, mais fidèle et sûr. En Europe, le leadership de Nicolas Sarkozy est incontestable.
( )
Q - Les Français sont-ils vraiment prêts à supporter un nouveau plan de rigueur ?
R - Certains pays européens sont obligés de prendre des mesures qui nont rien à voir avec celles qui ont été prises en France. Le gouvernement protège les citoyens et continuera de le faire. Personne ne pourra échapper à la nécessité de stopper la spirale du surendettement. Les Français peuvent le comprendre : cest ce qui se passe quand des ménages sont surendettés. Quand vous êtes surendettés, on ne vous prête plus. La France a son triple A et elle va le défendre, mais il est impératif que nous stoppions cette spirale. Nous nous sommes fixés une ligne très claire avec un objectif de retour à léquilibre en 2016. Dans la mesure où la croissance nest pas là et où nous avons dû revoir nos prévisions de 1,75 à 1 %, il faut compenser ce manque-à-gagner.
Q - Cela se traduira de quelle manière ?
R - Le gouvernement y travaille. Les décisions seront prises la semaine prochaine. Elles seront prises dans un grand souci de justice de façon à répartir les efforts équitablement pour quils ne soient pas supportés par les plus modestes.
Q - 10 000 missiles sol-air ont disparu des entrepôts de lOtan en Lybie. Avez-vous plus de détails ?
R - Non. Mais nous sommes très préoccupés. Nous savons que certaines armes chimiques sont sous contrôle mais dautres et notamment des missiles sol-air se sont évaporés en direction du Sahel. Cest une raison supplémentaire pour renforcer notre coopération dans cette région.
Q - Un mot sur les polémiques concernant la position de la France dans les printemps arabes ?
R - Dun côté on nous a reproché davoir trop tardé à défendre les printemps arabes et aujourdhui on nous reproche davoir pris des risques mal calculés en ouvrant la boîte de Pandore. Il ny a pas de révolutions qui se passent comme un long fleuve tranquille. Il va y avoir des difficultés, des extrémismes, mais il faut faire confiance. Il y a des interlocuteurs modérés avec qui nous pouvons dialoguer et pour qui lIslam nest pas incompatible avec la démocratie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2011
R - Mercredi, le président de la République, la chancelière allemande, les représentants des institutions européennes et Mme Lagarde ont lancé un appel à lunité nationale en Grèce. Cet appel a été entendu et lobjectif est atteint. Ce qui nous inquiétait cétait que la mise en uvre de ces décisions, absolument indispensables pour la stabilisation de la zone euro, ne soit retardée jusquà un possible referendum. Apparemment le calendrier a été modifié. Je nai pas de jugement à porter sur le choix des forces politiques grecques. La seule chose qui nous importait cest que les engagements que suppose lappartenance à la zone euro soient tenus et de ce point de vue là, le langage très ferme tenu avant-hier par la France et lAllemagne a été entendu.
Q - Ce revirement est-il le fruit de la pression franco-allemande ?
R - Le message a été très clair : lEurope ne pourrait pas verser la sixième tranche daide à la Grèce de 8 milliards deuros si la mise en uvre des décisions du 27 octobre était suspendue. Cest peut-être un élément qui a pesé dans la balance.
Q - Cet épisode laissera-t-il des traces au sein de lUnion européenne ?
R - Je pense que nous allons surmonter cette épreuve. Mais dire que tout est réglé pour autant, certainement pas. Il faut aussi que lensemble de la zone euro accélère les décisions des 26 et 27 octobre. Et que nous mettions un coup daccélérateur au Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Q - Pour éviter le risque de contagion à dautres pays comme lItalie ou lEspagne ?
R - Exactement. Ce risque existe mais nous sommes décidés à dresser des pare-feux pour éviter cet effet de contagion. Cela passe notamment par un effet de levier important du FESF de façon à ce que lon puisse dissuader tous ceux qui douteraient de la stabilité de la zone euro et de notre détermination à la défendre.
Q - Que répondez-vous à ceux qui pensent quil aurait mieux valu laisser les Grecs sortir de la zone euro ?
R - Nous avons tout fait pour éviter que la Grèce ne sorte pas. Pour une raison morale, dabord, car nous sommes solidaires les uns des autres. Ensuite car nous pensons que cela aurait été une très mauvaise chose pour la Grèce et son peuple dont nous comprenons les difficultés. Enfin cest notre propre intérêt car nos banques ont accepté deffacer 50 % de leurs créances sur la Grèce et que si celle-ci fait défaut, cela sera 100 %...
Q - La réforme du système monétaire international est un des objectifs de ce G20. Le FMI doit-il, comme le suggère Barack Obama, jouer un rôle de soutien plus important ?
R - Nous soutenons lidée daccroître la surveillance du FMI sur les différents pays et de lui donner des moyens supplémentaires en renforçant notamment les droits de tirage spéciaux. Nous travaillons pour que cela soit acté dans le communiqué final.
Q - La taxe sur les transactions financières a-t-elle des chances de voir le jour ?
R - Elle est sur la bonne voie. Nous avons consacré ce jeudi une séance de travail au développement. Nous avons entendu le rapport de Bill Gates qui a fait beaucoup de propositions très intéressantes. Il présente un panel de financements innovants : une taxe sur le tabac, sur les transports maritimes et une taxe sur les transactions financières en faveur de laquelle la France milite. Cette taxe peut être extrêmement utile : le rapport de la commission européenne a montré quon pouvait effectivement taxer les transactions entre les établissements financiers.
Q - Cest donc une bonne idée ?
R - Il faudra ensuite discuter de lutilisation des fonds. Un certain nombre de pays sont déterminés à aller de lavant : la France et lAllemagne, plusieurs autres européens à lexception de la Grande-Bretagne qui a toujours manifesté ses objections. Des pays comme le Brésil ou lArgentine ont pris clairement position pour cette taxe et le président des États-Unis a indiqué quil était ouvert à lidée quil y ait une contribution des établissements financiers à la résolution de la crise. On progresse.
Q - Les Français sont inquiets. Pour les rassurer, vous leur dites «nous savons où nous allons et cest avec Nicolas Sarkozy» ?
R - Oui, nous savons où nous allons : stopper lendettement et réduire les déficits étape par étape pour retrouver léquilibre en 2016.
Q - Barack Obama a salué le leadership de Nicolas Sarkozy. Vous êtes daccord avec lui ?
R - Il nest pas le seul à saluer ce leadership. On voit bien que le président est à la manuvre, à la fois en Europe et au niveau mondial.
Q - La France préside le G20. Que restera-t-il de cette présidence ?
R - Des mesures précises : le renforcement du FMI, la taxe sur les transactions financières, des projets dinfrastructures prioritaires dans les pays en développement. Nous avons également amené les pays du G20 à accepter lidée dun socle social minimal que tout le monde doit respecter. Il y a un certain nombre de règles sociales qui sont adoptées par tout le monde. Cest une petite révolution. Au niveau agricole, citons également toutes les mesures pour soutenir la production.
Q - Cest assez inhabituel, vous êtes le seul ministre des Affaires étrangères du G20 présent à ce sommet. Quel rôle jouez-vous ?
R - Dabord, je suis ministre des Affaires étrangères et européennes. À Cannes, nous parlons beaucoup dEurope, il est normal que je sois associé à tout cela. Ensuite, le président souhaitait que je sois là pour prendre mon avis.
( )
Q - On a beaucoup dit que Nicolas Sarkozy avait abîmé limage de la France. Ça vous choque ?
R - Cest inexact. Cest radicalement faux. Dans le monde arabe par exemple. Aux États-Unis, la France est considérée comme un allié, certes qui défend ses intérêts, mais fidèle et sûr. En Europe, le leadership de Nicolas Sarkozy est incontestable.
( )
Q - Les Français sont-ils vraiment prêts à supporter un nouveau plan de rigueur ?
R - Certains pays européens sont obligés de prendre des mesures qui nont rien à voir avec celles qui ont été prises en France. Le gouvernement protège les citoyens et continuera de le faire. Personne ne pourra échapper à la nécessité de stopper la spirale du surendettement. Les Français peuvent le comprendre : cest ce qui se passe quand des ménages sont surendettés. Quand vous êtes surendettés, on ne vous prête plus. La France a son triple A et elle va le défendre, mais il est impératif que nous stoppions cette spirale. Nous nous sommes fixés une ligne très claire avec un objectif de retour à léquilibre en 2016. Dans la mesure où la croissance nest pas là et où nous avons dû revoir nos prévisions de 1,75 à 1 %, il faut compenser ce manque-à-gagner.
Q - Cela se traduira de quelle manière ?
R - Le gouvernement y travaille. Les décisions seront prises la semaine prochaine. Elles seront prises dans un grand souci de justice de façon à répartir les efforts équitablement pour quils ne soient pas supportés par les plus modestes.
Q - 10 000 missiles sol-air ont disparu des entrepôts de lOtan en Lybie. Avez-vous plus de détails ?
R - Non. Mais nous sommes très préoccupés. Nous savons que certaines armes chimiques sont sous contrôle mais dautres et notamment des missiles sol-air se sont évaporés en direction du Sahel. Cest une raison supplémentaire pour renforcer notre coopération dans cette région.
Q - Un mot sur les polémiques concernant la position de la France dans les printemps arabes ?
R - Dun côté on nous a reproché davoir trop tardé à défendre les printemps arabes et aujourdhui on nous reproche davoir pris des risques mal calculés en ouvrant la boîte de Pandore. Il ny a pas de révolutions qui se passent comme un long fleuve tranquille. Il va y avoir des difficultés, des extrémismes, mais il faut faire confiance. Il y a des interlocuteurs modérés avec qui nous pouvons dialoguer et pour qui lIslam nest pas incompatible avec la démocratie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2011