Texte intégral
Qu'avez-vous penesé de l'intervention de Jacques Chirac ?
L'engagement du président de la République va permettre, enfin, au quinquennat d'aboutir. Mais cette mini réforme n'épuise pas la question de la refonte de nos institutions. Pour entrer aujourd'hui dans la nouvelle économie, dans le nouveau monde, dans la nouvelle Europe, la France diot remettre en cause les institutions d'un Etat trop lourd, trop coûteux, trop centralisé, trop parisien, trop envahissant.
L'enjeu des prochaines années, ce n'est pas la durée des pouvoirs du président, c'est la redistribution des pouvoirs de l'Etat. Il va falloir faire preuve d'audace et d'imagination pour aller plus loin dans la décentralisation, réformer l'administration, renforcer le pouvoir législatif, à côté d'un vrai pouvoir judiciaire.
Malgré les filets de sécurité qu'il a placés tout au long de son intervention, le chef de l'Etat ne prend-il pas un gros risque politique en envisageant l'organisation d'un réfendum ?
J'aurais préféré qu'on laisse vivre la proposition de loi de Valéry Giscard d'Estaing, que j'avais d'ailleurs cosignée. En faisant du quinquennat une proposition conjointe du président de la République et du premier ministre, il est vrai que l'on prend le risque de voir détourner le référendum dans une sorte de "non" à la classe politique.
Si le référendum est un échec, quelles conclusions devra tirer le Président ?
Pour adopter le quinquennat, il faudra à l'évidence un référendum. Mais il est vrai que la durée du mandat présidentiel n'explique pas les blocages institutionnels de la société française, cette incapacité de l'Etat à exercer ses vraies missions -la sécurité ou la justice- et à engager les réformes essentielles, comme celle de l'administration, des retraites ou de l'éducation nationale. Nous avons une classe politique trop impregnée de l'Etat. Songez que la totalité des 33 ministres et secrétaires d'Etat du gouvernement Jospin est issue de la fonction publique ! Nos structures politiques font qu'il y a trop de pouvoir en haut et pas assez en bas. On fait trop confiance à l'Etat et pas assez aux Français.
Comment changer cette situation que les Français déplorent, tout en y étant attachés ?
La redistribution des pouvoirs sera à coup sûr le grand enjeu de 2002. L'éducation, le logement, l'aide sociale, la culture, l'environnement, ont vocation à être rendus aux régions et aux collectivités locales devenues vraiment autonomes et assurées d'avoir les moyens de cette autonomie par une profonde réforme de la fiscalité locale. Dans le même temps, il faut donner un vrai pouvoir de contrôle au Parlement, ramener la loi à la définirion des principes essentiels, permettre son adaptation réglementaire au niveau local, favoriser l'expérimentation, préférer chaque fois qu'on le peut le contrat à la loi, se doter d'un véritable pouvoir judiciaire. Il faut avoir l'audace de diminuer drastiquement le nombre de lois et de règlements afin de diminuer le poids des contraintes et des tutelles sur les citoyens et les entreprises.
Les Français sont-ils mûrs pour de tels bouleversements ?
Ils observent le monde et ils sentent bien d'instinct que ce sont là les réformes dont la France a besoin. Contrairement à la classe politique, les Français ont fait leur révolution culturelle. Même les fonctionnaires pensent, dans leur grande majorité, qu'il faut réformer leur retraite et récompenser davantage le mérite que l'ancienneté. Aujourd'hui, si nous sommes incapables de faire de réformes ce n'est pas parce qu'il n'y a pas assez de pouvoir au sommet mais parce que nos institutions centralisées rendent les réformes impossibles. C'est ce qu'à fini par constater Claude Allègre en disant que la seule solution était de décentraliser l'éducation nationale pour en permettre la réforme.
Pouvoir local, d'un côté, pouvoir européen de l'autre ce nouveau schéma ne mène-t-il pas à l'effacement du pouvoir national ?
Le XXème siècle a été tout particulièrement en France, le siècle de la confiance illimitée dans le politique et donc dans les Etats. Le nouveau monde doit avoir la politique plus modeste, ce qui n'est pas facile pour toute une génération politique qui a été élevée en France dans le culte de l'Etat. Mais redistribuer les pouvoirs vers les niveaux où ils sont le mieux exercés, ce n'est pas affaiblir l'Etat, c'est au contraire le renforcer en le recentrant sur l'essentiel.
François Mitterrand a dit qu'il serait le "dernier grand président de la Vème" ? Malgré la vanité du propos, n'y a-t-il pas une part de réalité : le pouvoir ne sera plus le même au 21ème siècle ?
Au-delà de la fanfaronnade, il est vrai que le président de la République, personnage omniscient et omnipotent, mystérieux et machiavélique, habité par une raison d'Etat le plaçant au-dessus de la justice et des lois, est aujourd'hui une figure du passé. Ce que l'on demande à un président de la république, c'est de comprendre le nouveau monde, de fixer quelques orientations simples et d'engager les grandes réformes qui permettront aux Français de prendre eux-mêmes leur destin en main.
Jacques Chirac correspond-il à ce portrait robot?
Ce portrait ne correspond aps bien entendu à une situation de cohabitation...
(source http://www.demlib.com, le 9 Juin 2000)
L'engagement du président de la République va permettre, enfin, au quinquennat d'aboutir. Mais cette mini réforme n'épuise pas la question de la refonte de nos institutions. Pour entrer aujourd'hui dans la nouvelle économie, dans le nouveau monde, dans la nouvelle Europe, la France diot remettre en cause les institutions d'un Etat trop lourd, trop coûteux, trop centralisé, trop parisien, trop envahissant.
L'enjeu des prochaines années, ce n'est pas la durée des pouvoirs du président, c'est la redistribution des pouvoirs de l'Etat. Il va falloir faire preuve d'audace et d'imagination pour aller plus loin dans la décentralisation, réformer l'administration, renforcer le pouvoir législatif, à côté d'un vrai pouvoir judiciaire.
Malgré les filets de sécurité qu'il a placés tout au long de son intervention, le chef de l'Etat ne prend-il pas un gros risque politique en envisageant l'organisation d'un réfendum ?
J'aurais préféré qu'on laisse vivre la proposition de loi de Valéry Giscard d'Estaing, que j'avais d'ailleurs cosignée. En faisant du quinquennat une proposition conjointe du président de la République et du premier ministre, il est vrai que l'on prend le risque de voir détourner le référendum dans une sorte de "non" à la classe politique.
Si le référendum est un échec, quelles conclusions devra tirer le Président ?
Pour adopter le quinquennat, il faudra à l'évidence un référendum. Mais il est vrai que la durée du mandat présidentiel n'explique pas les blocages institutionnels de la société française, cette incapacité de l'Etat à exercer ses vraies missions -la sécurité ou la justice- et à engager les réformes essentielles, comme celle de l'administration, des retraites ou de l'éducation nationale. Nous avons une classe politique trop impregnée de l'Etat. Songez que la totalité des 33 ministres et secrétaires d'Etat du gouvernement Jospin est issue de la fonction publique ! Nos structures politiques font qu'il y a trop de pouvoir en haut et pas assez en bas. On fait trop confiance à l'Etat et pas assez aux Français.
Comment changer cette situation que les Français déplorent, tout en y étant attachés ?
La redistribution des pouvoirs sera à coup sûr le grand enjeu de 2002. L'éducation, le logement, l'aide sociale, la culture, l'environnement, ont vocation à être rendus aux régions et aux collectivités locales devenues vraiment autonomes et assurées d'avoir les moyens de cette autonomie par une profonde réforme de la fiscalité locale. Dans le même temps, il faut donner un vrai pouvoir de contrôle au Parlement, ramener la loi à la définirion des principes essentiels, permettre son adaptation réglementaire au niveau local, favoriser l'expérimentation, préférer chaque fois qu'on le peut le contrat à la loi, se doter d'un véritable pouvoir judiciaire. Il faut avoir l'audace de diminuer drastiquement le nombre de lois et de règlements afin de diminuer le poids des contraintes et des tutelles sur les citoyens et les entreprises.
Les Français sont-ils mûrs pour de tels bouleversements ?
Ils observent le monde et ils sentent bien d'instinct que ce sont là les réformes dont la France a besoin. Contrairement à la classe politique, les Français ont fait leur révolution culturelle. Même les fonctionnaires pensent, dans leur grande majorité, qu'il faut réformer leur retraite et récompenser davantage le mérite que l'ancienneté. Aujourd'hui, si nous sommes incapables de faire de réformes ce n'est pas parce qu'il n'y a pas assez de pouvoir au sommet mais parce que nos institutions centralisées rendent les réformes impossibles. C'est ce qu'à fini par constater Claude Allègre en disant que la seule solution était de décentraliser l'éducation nationale pour en permettre la réforme.
Pouvoir local, d'un côté, pouvoir européen de l'autre ce nouveau schéma ne mène-t-il pas à l'effacement du pouvoir national ?
Le XXème siècle a été tout particulièrement en France, le siècle de la confiance illimitée dans le politique et donc dans les Etats. Le nouveau monde doit avoir la politique plus modeste, ce qui n'est pas facile pour toute une génération politique qui a été élevée en France dans le culte de l'Etat. Mais redistribuer les pouvoirs vers les niveaux où ils sont le mieux exercés, ce n'est pas affaiblir l'Etat, c'est au contraire le renforcer en le recentrant sur l'essentiel.
François Mitterrand a dit qu'il serait le "dernier grand président de la Vème" ? Malgré la vanité du propos, n'y a-t-il pas une part de réalité : le pouvoir ne sera plus le même au 21ème siècle ?
Au-delà de la fanfaronnade, il est vrai que le président de la République, personnage omniscient et omnipotent, mystérieux et machiavélique, habité par une raison d'Etat le plaçant au-dessus de la justice et des lois, est aujourd'hui une figure du passé. Ce que l'on demande à un président de la république, c'est de comprendre le nouveau monde, de fixer quelques orientations simples et d'engager les grandes réformes qui permettront aux Français de prendre eux-mêmes leur destin en main.
Jacques Chirac correspond-il à ce portrait robot?
Ce portrait ne correspond aps bien entendu à une situation de cohabitation...
(source http://www.demlib.com, le 9 Juin 2000)