Déclaration de M. Michel Duffour, secrétaire d'Etat au patrimoine et à la décentralisation culturelle, sur le concept de paysage culturel, notamment dans le cadred e l'action de l'UNESCO en faveur du patrimoine mondial de l'humanité, Chaumont le 23 juin 2001.

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Circonstance : Inscription du Val de Loire au patrimoine mondial de l'humanité à Chaumont le 23 juin 2001

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Monsieur le Président du Comité du Patrimoine mondial,
Monsieur le Préfet,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs,
Je suis particulièrement heureux que nous puissions évoquer ensemble ici au Château de Chaumont, l'action remarquable de l'Unesco en faveur du patrimoine dans le monde. La récente inscription de la Vallée de la Loire au Patrimoine mondial de l'humanité, lors de la session du Comité qui s'est tenue en décembre 2000 en Australie, en est l'occasion.
Je dois d'entrée de jeu, vous en remercier, Mesdames et Messieurs les délégués, ainsi que notre ambassadeur permanent à l'Unesco. Sous l'impulsion de Monsieur Jean Musitelli, la France participe très activement à la mise en place d'une politique de solidarité patrimoniale, au sein du Comité du patrimoine mondial, notamment par un soutien sans faille à la " stratégie globale d'équilibre " que le comité s'efforce de faire appliquer sur la mise en uvre de la Convention du patrimoine mondial de 1972.
Cette stratégie repose sur le concept d'une représentation équilibrée du patrimoine mondial, à la fois en terme de diversité des biens culturels et naturels représentés et aussi, en terme de la représentativité des pays ayant des biens inscrits sur cette liste et de leur participation effective aux travaux du Comité. Actuellement, 60 % des biens inscrits sont concentrés dans les pays d'Europe de l'ouest.
La participation de la France à cette solidarité patrimoniale s'est traduite par différentes mesures et notamment par la présentation de sites de la catégorie des " paysages culturels ", représentatifs de certaines cultures, notamment en Afrique et en Asie.
En proposant l'inscription du Val de Loire, la France espère avoir contribué à faire avancer le travail sur les critères de ce nouveau concept de biens patrimoniaux, mis en place seulement depuis 1992.
Nous espérons vivement que cette visite en Val de Loire des délégués du Comité du Patrimoine mondial répondant à une invitation conjointe des instances régionales et locales, ainsi que des élus locaux, sont l'occasion de rencontres et d'échanges fructueux sur les préoccupations actuelles du Comité, en particulier sur ce concept de " paysage culturel ".
Elle permettra notamment d'aborder le thème si contesté de paysage évolutif, incluant des éléments de modernité propres au développement économique, en particulier dans le domaine de l'industrie. Pour nous en France, ce dossier qui fut présenté conjointement par les Ministères de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, et de la Culture et de la Communication, a constitué un exemple remarquable de l'unanimité qui peut se développer autour d'un thème porteur d'intérêt général entre les administrations centrales et territoriales, les élus des collectivités locales, les représentants associatifs, porte-paroles des populations locales.
La concertation s'est développée sur des éléments constitutifs forts :
- une forte identité culturelle du site, appropriée par l'ensemble de ses habitants est renforcée, dans certaines villes par l'appartenance au réseau des Villes d'Art et d'Histoire.
- L'existence d'une législation appropriée à ce type de patrimoine mixte, à la fois culturel et naturel, et qui prenne en compte les impératifs de protection, de gestion et de développement.
- Une volonté politique, toutes sensibilités confondues, qui s'est traduite sur ce site de la Loire, par la mise en place de nombreux organismes, soit au titre des protections dans les domaines de l'urbanisme et de l'environnement, soit au titre de son développement.
Que ce soit la mission interministérielle pour le Plan Loire grandeur nature, l'établissement public d'aménagement de la Loire (EPALA), le parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine, ou encore le Conservatoire régional des rives de la Loire et de ses affluents, tous concourent à la mise en uvre d'un développement économique concerté et durable de ce territoire.
L'Etat, au cours du Comité Interministériel d'Aménagement du Territoire du 23 juillet 1999 a renforcé la politique de mise en valeur du patrimoine naturel, paysager et culturel de ce site en dégageant d'importants crédits pour la poursuite de ce plan. Mis en place en 1994 il développe notamment par des actions de sensibilisation à l'environnement, des actions de formation et de communication, ainsi que de valorisation de ce patrimoine, mises en place par les ministères de la culture et du tourisme.
D'autre part, ce classement au patrimoine mondial va induire un dispositif exemplaire. Ainsi la mise en place d'un comité de pilotage, associant les personnes publiques concernées, sous la responsabilité d'un directeur de projet, placé auprès du préfet de la région Centre, coordonateur du bassin, aura des répercussions très positives tant sur le développement économique et social que sur la politique d'aménagement du territoire, d'un ensemble qui comprend deux régions, quatre départements et cent cinquante communes.
Ses premiers effets en sont déjà sensibles avec la mise en place d'un enseignement spécifique à la gestion des paysages culturels, par l'Université François Rabelais à Tours, enseignement qui suscitera des échanges internationaux et une exportation du savoir faire français dans le cadre de la coopération sur le patrimoine.
Cette action s'intègre aux objectifs de la convention de coopération, signée entre le gouvernement français et l'Unesco, en octobre 1997, sous l'impulsion du député-maire de Chinon, Yves Dauge, et portée en grande partie par le ministère de la Culture, en coopération avec l'Equipement, les Affaires Etrangères et l'Environnement. Cet accord nous permet de développer, en concertation étroite avec l'Unesco, des actions d'assistance, de formation et d'appui dans les domaines du patrimoine pour les pays demandeurs.
Au sein du Val de Loire, je voudrais dire un mot de ce château de Chaumont de type féodal avec ses pont-levis, donjon et courtines, aux façades intérieures de style Renaissance, retouché à tous les siècles et entièrement restauré au XIXe siècle par la famille de Broglie. C'est alors qu'est créé le parc d'agrément et le domaine forestier et agricole de 2500 hectares.
Le thème des parcs et jardins et du paysage est très important à Chaumont puisqu'une partie du parc du Château est concédée au Conservatoire International des Parcs et Jardins qui organise chaque année un festival des jardins, dont celui-ci est la dixième édition. Il faut noter, au passage, le rôle grandissant du réseau des correspondants " jardins " au sein des conservations régionales régionales des Monuments Historiques.
Nous portons à ce monument une attention toute particulière car, vous le savez, il connaît de sérieux problèmes en ce qui concerne la stabilité du coteau. Depuis une dizaine d'années des travaux de consolidation ont été réalisés.
Actuellement une étude est en cours pour de nouvelles interventions. Un projet global d'aménagement et d'accueil du public est également à l'étude, associant le Conseil régional du Centre, le Conseil général du Loir et Cher, la Commune, le Centre des Monuments Nationaux et le Conservatoire des Parc et jardins. En conclusion, je voudrais insister à nouveau sur le rôle fondamental de l'Unesco et de son Comité.
L'inscription d'un site sur la liste du patrimoine mondial qui favorise la fréquentation touristique des lieux, est avant tout vecteur de transmission aux générations futures des biens patrimoniaux culturels et naturels dont nous sommes responsables et qui concerne l'ensemble des régions du monde.
Encore une fois, je vous remercie pour votre action et de votre attention.
(Source http://www.culture.gouv.fr, le 27 juin 2001)