Texte intégral
Monsieur le ministre dEtat, cher Alain Juppé,
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Commissaire général à linvestissement,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais dabord vous dire très sincèrement que cest pour moi un moment de plaisir de passer cette matinée à Bordeaux, guidé par son maire. Les Bordelais aiment et respectent Alain Juppé, et moi, je veux dire devant lui et devant vous que je suis heureux de pouvoir le compter au sein de mon Gouvernement.
Face aux évolutions du monde, face à ses ruptures géopolitiques, la voix de la France est portée par un grand ministre dont lexpérience et la fermeté de caractère constituent un atout inestimable.
Cest peu de dire quAlain Juppé a transformé Bordeaux.
Le miroir deau, les quais de la Garonne en témoignent, comme les nombreux échos qui saluent le dynamisme de cette métropole du Sud-Ouest.
Cette chambre de commerce et dindustrie est à limage de votre ville. Son cadre est ancien, avec ses traditions, avec ses usages, avec ses beautés architecturales.
Mais son avenir se crée chaque jour. Et cet avenir, cest vous qui linventez ; vous, les chefs dentreprise, les chercheurs, les acteurs privés et publics.
De lentreprise Saft, que jai visitée ce matin, à cette chambre de commerce et dindustrie, je rencontre partout ce même désir de réussir qui contredit le jugement des pessimistes qui peignent notre pays de façon toujours sombre.
Oui, la France comme lensemble des pays européens connaît des difficultés. Oui, la crise que nous connaissons est rude, mais nous allons nous en sortir dès lors que nous restons déterminés et lucides sur les conditions de notre redressement.
Partout en France, je vois des ouvriers fiers de leur travail, je vois des ingénieurs soucieux de défendre leur industrie, je vois des chercheurs qui ont en eux le goût de la conquête intellectuelle.
Tous, vous uvrez pour la réussite française : le succès que rencontrera sa production ; la reconnaissance de ses avancées scientifiques et technologiques ; la compétitivité de son économie, qui doit bien se réinventer sans cesse.
En un mot, vous êtes les artisans de la croissance française que nous devons aller chercher.
Je veux saluer les avancées prometteuses de Dassault, dont les Rafale se fabriquent non loin dici, et qui a su porter un projet industriel aujourdhui reconnu en Inde.
Depuis 2007, le président de la République a décidé de concentrer tous nos efforts sur la recherche et sur linnovation.
Nous avons investi dans lintelligence comme jamais un gouvernement ne lavait fait avant nous.
Nos efforts ont dabord porté sur les établissements universitaires.
Nous avons voulu donner aux universités les moyens de concevoir pour elles-mêmes une plus grande ambition scientifique, et les moyens dacquérir une meilleure visibilité internationale, dans cette concurrence des savoirs, enseignés et découverts.
Grâce à la loi daoût 2007, nos universités sont aujourdhui autonomes.
Cela signifie quelles sont désormais libres de bâtir leur projet détablissement, avec une stratégie pédagogique, avec des programmes de formation, mais aussi avec la possibilité de recruter leurs enseignants. Cela veut dire en un mot que les universités françaises ont finalement les mêmes droits, les mêmes libertés que toutes les grandes universités du monde, alors quelles en avaient été privées pendant une trop longue période.
Pour accroître la portée de leurs projets, les universités peuvent désormais sassocier à des partenaires : des laboratoires, des entreprises, françaises ou étrangères.
Elles peuvent fusionner pour atteindre une taille critique et multiplier leurs chances de succès, comme cela sest fait à Strasbourg, à Marseille ou encore en Lorraine.
Elles peuvent enfin faire le choix dune politique de site, avec la création de pôles de recherche et denseignement supérieur, et de nouvelles formules juridiques dassociation, comme les fondations ou les établissements publics de coopération scientifique.
Cette réforme des universités, qui était un préalable absolument indispensable à la modernisation de notre pays, au soutien à linnovation et à la recherche, sest accompagnée dune opération de très grande ampleur de modernisation de limmobilier universitaire.
Nous avons décidé de consacrer 5 milliards à lOpération Campus, une opération destinée à développer des campus dexcellence rassemblant sur un même site enseignement supérieur, recherche, innovation et entreprenariat.
Nous avons sélectionné dix projets et nous lavons fait de la manière la plus rigoureuse et la plus objective qui soit, en nous confiant totalement à lavis dun jury international.
Cest un point essentiel, dont je veux dire à quel point je suis fier davoir pu, quelles que soient les pressions qui se sont manifestées de part et dautre, défendre cette idée que, sagissant de la compétition mondiale en matière de recherche, en matière dinnovation, il y a une seule règle qui compte, il y a un seul juge de paix : cest lexcellence. Et nous pays a beaucoup souffert davoir pendant trop longtemps saupoudré les crédits en matière denseignement supérieur et de recherche, cédé à des pressions qui étaient des pressions politiques, qui étaient des pressions en termes daménagement du territoire, qui étaient par ailleurs compréhensibles, mais qui nous ont privé de cette concentration des moyens, sur les meilleures équipes, sur les meilleurs laboratoires, sur les meilleures universités pour que nous soyons en capacité de nous battre dans une compétition internationale, qui est une compétition internationale féroce. Et cest dautant plus nécessaire quand les crédits publics, ce qui est le cas aujourdhui, sont rares.
Vous le savez, lUniversité de Bordeaux a bénéficié de cette Opération Campus en se voyant attribuer une dotation en capital de 475 millions deuros.
Cette dotation vise à assurer la pérennité des structures immobilières qui résulteront de ce programme, et seront le fruit dun partenariat entre lUniversité, la Caisse des Dépôts, le Conseil régional, dont je veux souligner lengagement de son président, Alain Rousset.
Avec le programme des Investissements davenir, nous avons engagé une nouvelle étape en 2009 étape.
Alain Juppé vient den rappeler lorigine, un projet quil a accompagné à sa naissance à travers le rapport quil a élaboré avec Michel Rocard, à la demande du président de la République. Je vais marrêter un instant sur ce tandem improbable, Alain Juppé / Michel Rocard, pour dire que, au fond, la collaboration de ces deux personnalités démontre une chose : que le service de lintérêt général peut et doit dépasser les clivages partisans !
La démocratie, ca nest pas une guerre de tranchées. On peut sopposer sans se mépriser, on peut débattre sans sinvectiver et on peut travailler ensemble sans se déjuger.
Suivant les recommandations dAlain Juppé et de Michel Rocard, ce programme a été doté de 35 milliards deuros. Plus de 20 milliards sont consacrés à lenseignement supérieur, la recherche et la formation.
La manière dont nous avons conçu ce programme des Investissements davenir illustre le rôle que doit jouer lEtat désormais au soutien de la croissance.
Nous accompagnons les projets sur le long terme, en apportant des moyens en grande partie sous forme de capital ; cest une garantie de pérennité, cest une garantie de récurrence des ressources qui donne alors tout son sens au concept dautonomie des universités.
Nous effectuons un investissement, et non pas une subvention, cest-à-dire que lEtat anticipe des retombées, scientifiques, économiques, sociales, qui seront multipliées par limplication des acteurs privés qui se seront associés à cette dynamique.
Pour procéder à ces investissements, lEtat se fonde sur des critères objectifs, en amont pour la sélection, en aval pour lévaluation.
A la tête du Commissariat général à linvestissement, René Ricol est bien placé pour vous dire quil sagit là dun travail de professionnels, un travail fondé sur une méthode rigoureuse, dans laquelle nul parti pris, nulle considération qui soit étrangère à la gestion optimale de ces investissements ne peuvent interférer. Le ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche, Laurent Wauquiez, peut également en témoigner.
Ce sont des jurys internationaux qui examinent les projets et qui vont déceler les points forts que nous pourrons demain faire valoir dans la concurrence internationale.
Nous avons lancé de nombreux appels à projet depuis 2010, parfois en plusieurs vagues. Tous les résultats ne sont pas encore connus et des processus de sélection sont toujours en cours, mais on peut déjà mesurer le chemin qui a été parcouru.
Avant même les Initiatives dexcellence, lAquitaine a largement bénéficié des Investissements davenir, avec plus de 100 millions deuros pour le volet enseignement supérieur, recherche et formation.
Cinq projets de Laboratoires dexcellence ont été sélectionnés, ainsi que 6 projets déquipements dexcellence, touchant notamment au domaine des lasers, des neurosciences et des matériaux.
Sur les 6 Instituts hospitalo-universitaires sélectionnés au plan national, un, vous lavez rappelé, est bordelais, cest lIHU Lyric, consacré aux maladies cardiaques.
Léconomie de la connaissance ne se bâtit pas seulement sur la recherche et sur linnovation. La formation en est une dimension incontournable, comme la formation professionnelle en apprentissage, avec en Aquitaine, le projet "Aérocampus" de Latresne, cofinancé à hauteur de 5 millions deuros, et son internat dexcellence, qui bénéficiera dune aide d1 million deuros.
Bordeaux et lAquitaine sont également concernés par des appels à projets relatifs à lindustrie et aux PME, dans le domaine de lespace, avec le programme Swot dobservation de la terre mené par le Cnes et la Nasa.
Les Investissements davenir soutiennent également des pôles de compétitivité avec deux plates-formes dinnovation, lune relative à loptique et aux lasers, et lautre sur les systèmes autonomes aériens.
LAquitaine sest illustrée en étant le siège de 3 des 7 projets financés au niveau national au titre du programme daide à la structuration des filières stratégiques.
Enfin, pour le financement des entreprises, le programme a soutenu une centaine de projets de contrats de développement pour 47 millions deuros.
Mesdames et Messieurs,
Les Initiatives dexcellence, qui nous rassemblent aujourdhui, constituent un autre volet du programme des Investissements davenir.
Ces initiatives dexcellences visent à faire émerger sur notre territoire 5 à 10 pôles pluridisciplinaires d'excellence, de rang mondial. Elles permettront dattirer les meilleurs étudiants, les professeurs et les chercheurs les plus reconnus.
Ces initiatives représentent un budget national de 7,7 milliards deuros. Cette somme est considérable dans le contexte actuel, mais elle obéit parfaitement à la stratégie que nous avons choisie.
Dun côté, réduire les dépenses publiques pour assurer notre souveraineté financière, et vous savez que nous obtenons des résultats sur ce front, puisque notre déficit est tombé de plus de 7 % en 2010 à moins de 5,7 %, 5,3 % en 2011. Et en 2012, nous labaisserons à 4,5 %. A ce rythme, si nous demeurons rigoureux, nous aurons rétabli léquilibre de nos comptes publics en 2016. Cest une nécessité pour notre souveraineté, au fond pour notre indépendance nationale. Mais cest aussi une nécessité pour maintenir la crédibilité de la monnaie européenne. Et je veux dire que tout dérapage par rapport à ce calendrier, dun grand pays comme la France, constituerait une grave menace pour la crédibilité de la monnaie européenne et à travers la monnaie européenne, finalement, pour la pérennité du projet de civilisation européenne que nous conduisons, que nous conduisons avec nos partenaires.
Et de lautre côté, nous avons choisi de libérer linvestissement et la productivité française par le triplement du crédit impôt recherche, par la réforme de la taxe professionnelle, par la création du Fonds stratégique dinvestissement, par la réduction du coût du travail.
Et enfin, nous allons chercher la croissance en mettant le paquet sur les secteurs et sur les segments du futur.
Le projet porté par lUniversité de Bordeaux a été sélectionné dès la première vague, en même temps que Strasbourg et Paris Sciences et Lettres. Cette sélection a conduit le Gouvernement à lui attribuer un capital de 700 millions deuros, dont le rapport doit assurer jusquen 2020, voire au-delà, le financement des actions qui sont inscrites dans la convention que nous venons de signer.
Ces Initiatives dexcellence ont une vocation structurante et intégratrice, en associant les établissements d'enseignement supérieur, les universités, les écoles, en impliquant des organismes de recherche, et en suscitant des partenariats avec des entreprises.
Le jury a auditionné cette semaine les candidats de la deuxième vague, et je suis heureux de pouvoir annoncer que le Gouvernement vient den désigner les cinq lauréats.
Il sagit de :
L'Idex SUPER, cest le pôle Sorbonne Universités rassemblant lUniversité Panthéon-Assas, lUniversité Paris-Sorbonne, lUniversité Pierre et Marie Curie, le Muséum National dHistoire Naturelle, lINSEAD, lUniversité de Technologie de Compiègne
Le deuxième lauréat, cest LIdex Université Sorbonne Paris-Cité, rassemblant 4 universités - la Sorbonne Nouvelle, Paris Descartes, Paris Diderot, Paris 13 - lEHESP, lIPGP, lINALCO, Sciences Po Paris,
Le troisième lauréat, cest LIdex Paris-Saclay, porté par la Fondation de Coopération Scientifique du Campus Paris-Saclay
Le quatrième, cest lA-M IDEX, porté par le Pôle « Aix-Marseille Université
Enfin, le cinquième, cest :
Toulouse IDEX, porté par le Pôle Université de Toulouse.
Alors je sais que deux dossiers étaient très proches de ces cinq-là : il s'agit du dossier Lyon Saint-Etienne et du dossier PNMU.
Je veux dire que nous respecterons strictement les règles que nous nous sommes fixé. Il y a des jurys qui prennent des décisions et nous nous contentons de mettre en uvre les décisions de ces jurys. C'est pour moi un aspect absolument fondamental de la réussite de ce programme. Mais, en même temps nous savons que ces projets sont des projets de grande qualité, et donc, je demande à Laurent Wauquiez et René Ricol de recevoir les responsables de ces projets pour voir avec eux comment sur d'autres lignes de crédit, les aider à mettre en uvre des projets qui sont des projets porteurs pour notre pays.
Je mesure lénergie déployée et lespoir placé dans cet appel à projets par lensemble de la communauté universitaire et de recherche.
Quel que soit le résultat, jai la conviction que les réflexions engagées par chaque équipe seront mises à profit pour adapter notre système. Lautonomie acquise par les universités leur permettra de tirer des bénéfices du bouillonnement didées qua provoqué le programme dInvestissement davenir.
Il doit être clair aussi que notre volonté de faire émerger quelques pôles de visibilité mondiale ne signifie pas que nous limitons notre ambition à ceux-là.
Avec Laurent Wauquiez, nous avons augmenté les budgets de fonctionnement de toutes les universités malgré les contraintes budgétaires.
Nous veillons, tout comme le Parlement dailleurs, à ce que les crédits exceptionnels qui sont attribués à travers les investissements d'avenir, ne viennent en aucun cas se substituer aux crédits budgétaires.
Cette action tournée vers lavenir sinscrit donc dans un temps long, un temps qui dépasse celui des soubresauts de la conjoncture et des cycles politiques.
Cest le temps de lEtat, cest le temps de lintérêt général, cest le temps des Français qui portent des projets.
Linvestissement de plus de 20 milliards deuros dans la recherche, dans linnovation et dans la formation représente un acte de confiance dans l'avenir de notre pays.
Je veux oser le mot de "confiance" parce que lheure nest pas au défaitisme et à la mélancolie.
La France a toujours été capable de grandeur la France a toujours été capable de grandes choses, mais jamais la tête basse, jamais les bras croisés, jamais en sillusionnant sur les conditions de son succès.
Nous sommes 65 millions d'habitants dans un monde qui compte aujourd'hui plus de 7 milliards d'êtres humains, c'est-à-dire que nous représentons à peine 1 % ! De la population mondiale- et pourtant notre nation est encore là, elle est encore debout, elle est encore considérée comme lune des premières puissances, elle est encore considérée comme lun des foyers de lintelligence, de la culture, et du progrès.
La France est une grande nation.
En quelques années, notre peuple a démontré quil ne craignait pas de se moderniser, et malgré les à-coups, il a révélé sa capacité à sadapter.
Sans paniquer, sans se démobiliser, le peuple français a su résister à lune des pires crises économiques et financières depuis un siècle.
Quant à nos résultats, ils démontrent que nous avons mieux résisté à la tempête que bien des pays européens.
Bien sûr ça a été difficile, bien sûr que ça nest pas fini, mais nous allons nous redresser!
Et pour cela, je veux dire que nous avons des forces économiques, nous avons des forces scientifiques, nous avons des forces technologiques, nous avons la République qui rassemble, qui éduque, qui protège, nous avons lEurope qui autour de nous se reprend progressivement, et puis nous avons un socle de réformes sur lequel nous pouvons nous appuyer.
Et puis enfin, nous avons le peuple français dont je veux saluer le courage et linventivité.
Voilà, cest cette confiance en lavenir et cest ce message de fierté nationale, que je voulais partager aujourd'hui avec vous à Bordeaux, une ville qui sait ce que fierté veut dire.
Source http://www.gouvernement.fr, le 6 février 2012
Monsieur le Ministre,
Monsieur le Commissaire général à linvestissement,
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais dabord vous dire très sincèrement que cest pour moi un moment de plaisir de passer cette matinée à Bordeaux, guidé par son maire. Les Bordelais aiment et respectent Alain Juppé, et moi, je veux dire devant lui et devant vous que je suis heureux de pouvoir le compter au sein de mon Gouvernement.
Face aux évolutions du monde, face à ses ruptures géopolitiques, la voix de la France est portée par un grand ministre dont lexpérience et la fermeté de caractère constituent un atout inestimable.
Cest peu de dire quAlain Juppé a transformé Bordeaux.
Le miroir deau, les quais de la Garonne en témoignent, comme les nombreux échos qui saluent le dynamisme de cette métropole du Sud-Ouest.
Cette chambre de commerce et dindustrie est à limage de votre ville. Son cadre est ancien, avec ses traditions, avec ses usages, avec ses beautés architecturales.
Mais son avenir se crée chaque jour. Et cet avenir, cest vous qui linventez ; vous, les chefs dentreprise, les chercheurs, les acteurs privés et publics.
De lentreprise Saft, que jai visitée ce matin, à cette chambre de commerce et dindustrie, je rencontre partout ce même désir de réussir qui contredit le jugement des pessimistes qui peignent notre pays de façon toujours sombre.
Oui, la France comme lensemble des pays européens connaît des difficultés. Oui, la crise que nous connaissons est rude, mais nous allons nous en sortir dès lors que nous restons déterminés et lucides sur les conditions de notre redressement.
Partout en France, je vois des ouvriers fiers de leur travail, je vois des ingénieurs soucieux de défendre leur industrie, je vois des chercheurs qui ont en eux le goût de la conquête intellectuelle.
Tous, vous uvrez pour la réussite française : le succès que rencontrera sa production ; la reconnaissance de ses avancées scientifiques et technologiques ; la compétitivité de son économie, qui doit bien se réinventer sans cesse.
En un mot, vous êtes les artisans de la croissance française que nous devons aller chercher.
Je veux saluer les avancées prometteuses de Dassault, dont les Rafale se fabriquent non loin dici, et qui a su porter un projet industriel aujourdhui reconnu en Inde.
Depuis 2007, le président de la République a décidé de concentrer tous nos efforts sur la recherche et sur linnovation.
Nous avons investi dans lintelligence comme jamais un gouvernement ne lavait fait avant nous.
Nos efforts ont dabord porté sur les établissements universitaires.
Nous avons voulu donner aux universités les moyens de concevoir pour elles-mêmes une plus grande ambition scientifique, et les moyens dacquérir une meilleure visibilité internationale, dans cette concurrence des savoirs, enseignés et découverts.
Grâce à la loi daoût 2007, nos universités sont aujourdhui autonomes.
Cela signifie quelles sont désormais libres de bâtir leur projet détablissement, avec une stratégie pédagogique, avec des programmes de formation, mais aussi avec la possibilité de recruter leurs enseignants. Cela veut dire en un mot que les universités françaises ont finalement les mêmes droits, les mêmes libertés que toutes les grandes universités du monde, alors quelles en avaient été privées pendant une trop longue période.
Pour accroître la portée de leurs projets, les universités peuvent désormais sassocier à des partenaires : des laboratoires, des entreprises, françaises ou étrangères.
Elles peuvent fusionner pour atteindre une taille critique et multiplier leurs chances de succès, comme cela sest fait à Strasbourg, à Marseille ou encore en Lorraine.
Elles peuvent enfin faire le choix dune politique de site, avec la création de pôles de recherche et denseignement supérieur, et de nouvelles formules juridiques dassociation, comme les fondations ou les établissements publics de coopération scientifique.
Cette réforme des universités, qui était un préalable absolument indispensable à la modernisation de notre pays, au soutien à linnovation et à la recherche, sest accompagnée dune opération de très grande ampleur de modernisation de limmobilier universitaire.
Nous avons décidé de consacrer 5 milliards à lOpération Campus, une opération destinée à développer des campus dexcellence rassemblant sur un même site enseignement supérieur, recherche, innovation et entreprenariat.
Nous avons sélectionné dix projets et nous lavons fait de la manière la plus rigoureuse et la plus objective qui soit, en nous confiant totalement à lavis dun jury international.
Cest un point essentiel, dont je veux dire à quel point je suis fier davoir pu, quelles que soient les pressions qui se sont manifestées de part et dautre, défendre cette idée que, sagissant de la compétition mondiale en matière de recherche, en matière dinnovation, il y a une seule règle qui compte, il y a un seul juge de paix : cest lexcellence. Et nous pays a beaucoup souffert davoir pendant trop longtemps saupoudré les crédits en matière denseignement supérieur et de recherche, cédé à des pressions qui étaient des pressions politiques, qui étaient des pressions en termes daménagement du territoire, qui étaient par ailleurs compréhensibles, mais qui nous ont privé de cette concentration des moyens, sur les meilleures équipes, sur les meilleurs laboratoires, sur les meilleures universités pour que nous soyons en capacité de nous battre dans une compétition internationale, qui est une compétition internationale féroce. Et cest dautant plus nécessaire quand les crédits publics, ce qui est le cas aujourdhui, sont rares.
Vous le savez, lUniversité de Bordeaux a bénéficié de cette Opération Campus en se voyant attribuer une dotation en capital de 475 millions deuros.
Cette dotation vise à assurer la pérennité des structures immobilières qui résulteront de ce programme, et seront le fruit dun partenariat entre lUniversité, la Caisse des Dépôts, le Conseil régional, dont je veux souligner lengagement de son président, Alain Rousset.
Avec le programme des Investissements davenir, nous avons engagé une nouvelle étape en 2009 étape.
Alain Juppé vient den rappeler lorigine, un projet quil a accompagné à sa naissance à travers le rapport quil a élaboré avec Michel Rocard, à la demande du président de la République. Je vais marrêter un instant sur ce tandem improbable, Alain Juppé / Michel Rocard, pour dire que, au fond, la collaboration de ces deux personnalités démontre une chose : que le service de lintérêt général peut et doit dépasser les clivages partisans !
La démocratie, ca nest pas une guerre de tranchées. On peut sopposer sans se mépriser, on peut débattre sans sinvectiver et on peut travailler ensemble sans se déjuger.
Suivant les recommandations dAlain Juppé et de Michel Rocard, ce programme a été doté de 35 milliards deuros. Plus de 20 milliards sont consacrés à lenseignement supérieur, la recherche et la formation.
La manière dont nous avons conçu ce programme des Investissements davenir illustre le rôle que doit jouer lEtat désormais au soutien de la croissance.
Nous accompagnons les projets sur le long terme, en apportant des moyens en grande partie sous forme de capital ; cest une garantie de pérennité, cest une garantie de récurrence des ressources qui donne alors tout son sens au concept dautonomie des universités.
Nous effectuons un investissement, et non pas une subvention, cest-à-dire que lEtat anticipe des retombées, scientifiques, économiques, sociales, qui seront multipliées par limplication des acteurs privés qui se seront associés à cette dynamique.
Pour procéder à ces investissements, lEtat se fonde sur des critères objectifs, en amont pour la sélection, en aval pour lévaluation.
A la tête du Commissariat général à linvestissement, René Ricol est bien placé pour vous dire quil sagit là dun travail de professionnels, un travail fondé sur une méthode rigoureuse, dans laquelle nul parti pris, nulle considération qui soit étrangère à la gestion optimale de ces investissements ne peuvent interférer. Le ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche, Laurent Wauquiez, peut également en témoigner.
Ce sont des jurys internationaux qui examinent les projets et qui vont déceler les points forts que nous pourrons demain faire valoir dans la concurrence internationale.
Nous avons lancé de nombreux appels à projet depuis 2010, parfois en plusieurs vagues. Tous les résultats ne sont pas encore connus et des processus de sélection sont toujours en cours, mais on peut déjà mesurer le chemin qui a été parcouru.
Avant même les Initiatives dexcellence, lAquitaine a largement bénéficié des Investissements davenir, avec plus de 100 millions deuros pour le volet enseignement supérieur, recherche et formation.
Cinq projets de Laboratoires dexcellence ont été sélectionnés, ainsi que 6 projets déquipements dexcellence, touchant notamment au domaine des lasers, des neurosciences et des matériaux.
Sur les 6 Instituts hospitalo-universitaires sélectionnés au plan national, un, vous lavez rappelé, est bordelais, cest lIHU Lyric, consacré aux maladies cardiaques.
Léconomie de la connaissance ne se bâtit pas seulement sur la recherche et sur linnovation. La formation en est une dimension incontournable, comme la formation professionnelle en apprentissage, avec en Aquitaine, le projet "Aérocampus" de Latresne, cofinancé à hauteur de 5 millions deuros, et son internat dexcellence, qui bénéficiera dune aide d1 million deuros.
Bordeaux et lAquitaine sont également concernés par des appels à projets relatifs à lindustrie et aux PME, dans le domaine de lespace, avec le programme Swot dobservation de la terre mené par le Cnes et la Nasa.
Les Investissements davenir soutiennent également des pôles de compétitivité avec deux plates-formes dinnovation, lune relative à loptique et aux lasers, et lautre sur les systèmes autonomes aériens.
LAquitaine sest illustrée en étant le siège de 3 des 7 projets financés au niveau national au titre du programme daide à la structuration des filières stratégiques.
Enfin, pour le financement des entreprises, le programme a soutenu une centaine de projets de contrats de développement pour 47 millions deuros.
Mesdames et Messieurs,
Les Initiatives dexcellence, qui nous rassemblent aujourdhui, constituent un autre volet du programme des Investissements davenir.
Ces initiatives dexcellences visent à faire émerger sur notre territoire 5 à 10 pôles pluridisciplinaires d'excellence, de rang mondial. Elles permettront dattirer les meilleurs étudiants, les professeurs et les chercheurs les plus reconnus.
Ces initiatives représentent un budget national de 7,7 milliards deuros. Cette somme est considérable dans le contexte actuel, mais elle obéit parfaitement à la stratégie que nous avons choisie.
Dun côté, réduire les dépenses publiques pour assurer notre souveraineté financière, et vous savez que nous obtenons des résultats sur ce front, puisque notre déficit est tombé de plus de 7 % en 2010 à moins de 5,7 %, 5,3 % en 2011. Et en 2012, nous labaisserons à 4,5 %. A ce rythme, si nous demeurons rigoureux, nous aurons rétabli léquilibre de nos comptes publics en 2016. Cest une nécessité pour notre souveraineté, au fond pour notre indépendance nationale. Mais cest aussi une nécessité pour maintenir la crédibilité de la monnaie européenne. Et je veux dire que tout dérapage par rapport à ce calendrier, dun grand pays comme la France, constituerait une grave menace pour la crédibilité de la monnaie européenne et à travers la monnaie européenne, finalement, pour la pérennité du projet de civilisation européenne que nous conduisons, que nous conduisons avec nos partenaires.
Et de lautre côté, nous avons choisi de libérer linvestissement et la productivité française par le triplement du crédit impôt recherche, par la réforme de la taxe professionnelle, par la création du Fonds stratégique dinvestissement, par la réduction du coût du travail.
Et enfin, nous allons chercher la croissance en mettant le paquet sur les secteurs et sur les segments du futur.
Le projet porté par lUniversité de Bordeaux a été sélectionné dès la première vague, en même temps que Strasbourg et Paris Sciences et Lettres. Cette sélection a conduit le Gouvernement à lui attribuer un capital de 700 millions deuros, dont le rapport doit assurer jusquen 2020, voire au-delà, le financement des actions qui sont inscrites dans la convention que nous venons de signer.
Ces Initiatives dexcellence ont une vocation structurante et intégratrice, en associant les établissements d'enseignement supérieur, les universités, les écoles, en impliquant des organismes de recherche, et en suscitant des partenariats avec des entreprises.
Le jury a auditionné cette semaine les candidats de la deuxième vague, et je suis heureux de pouvoir annoncer que le Gouvernement vient den désigner les cinq lauréats.
Il sagit de :
L'Idex SUPER, cest le pôle Sorbonne Universités rassemblant lUniversité Panthéon-Assas, lUniversité Paris-Sorbonne, lUniversité Pierre et Marie Curie, le Muséum National dHistoire Naturelle, lINSEAD, lUniversité de Technologie de Compiègne
Le deuxième lauréat, cest LIdex Université Sorbonne Paris-Cité, rassemblant 4 universités - la Sorbonne Nouvelle, Paris Descartes, Paris Diderot, Paris 13 - lEHESP, lIPGP, lINALCO, Sciences Po Paris,
Le troisième lauréat, cest LIdex Paris-Saclay, porté par la Fondation de Coopération Scientifique du Campus Paris-Saclay
Le quatrième, cest lA-M IDEX, porté par le Pôle « Aix-Marseille Université
Enfin, le cinquième, cest :
Toulouse IDEX, porté par le Pôle Université de Toulouse.
Alors je sais que deux dossiers étaient très proches de ces cinq-là : il s'agit du dossier Lyon Saint-Etienne et du dossier PNMU.
Je veux dire que nous respecterons strictement les règles que nous nous sommes fixé. Il y a des jurys qui prennent des décisions et nous nous contentons de mettre en uvre les décisions de ces jurys. C'est pour moi un aspect absolument fondamental de la réussite de ce programme. Mais, en même temps nous savons que ces projets sont des projets de grande qualité, et donc, je demande à Laurent Wauquiez et René Ricol de recevoir les responsables de ces projets pour voir avec eux comment sur d'autres lignes de crédit, les aider à mettre en uvre des projets qui sont des projets porteurs pour notre pays.
Je mesure lénergie déployée et lespoir placé dans cet appel à projets par lensemble de la communauté universitaire et de recherche.
Quel que soit le résultat, jai la conviction que les réflexions engagées par chaque équipe seront mises à profit pour adapter notre système. Lautonomie acquise par les universités leur permettra de tirer des bénéfices du bouillonnement didées qua provoqué le programme dInvestissement davenir.
Il doit être clair aussi que notre volonté de faire émerger quelques pôles de visibilité mondiale ne signifie pas que nous limitons notre ambition à ceux-là.
Avec Laurent Wauquiez, nous avons augmenté les budgets de fonctionnement de toutes les universités malgré les contraintes budgétaires.
Nous veillons, tout comme le Parlement dailleurs, à ce que les crédits exceptionnels qui sont attribués à travers les investissements d'avenir, ne viennent en aucun cas se substituer aux crédits budgétaires.
Cette action tournée vers lavenir sinscrit donc dans un temps long, un temps qui dépasse celui des soubresauts de la conjoncture et des cycles politiques.
Cest le temps de lEtat, cest le temps de lintérêt général, cest le temps des Français qui portent des projets.
Linvestissement de plus de 20 milliards deuros dans la recherche, dans linnovation et dans la formation représente un acte de confiance dans l'avenir de notre pays.
Je veux oser le mot de "confiance" parce que lheure nest pas au défaitisme et à la mélancolie.
La France a toujours été capable de grandeur la France a toujours été capable de grandes choses, mais jamais la tête basse, jamais les bras croisés, jamais en sillusionnant sur les conditions de son succès.
Nous sommes 65 millions d'habitants dans un monde qui compte aujourd'hui plus de 7 milliards d'êtres humains, c'est-à-dire que nous représentons à peine 1 % ! De la population mondiale- et pourtant notre nation est encore là, elle est encore debout, elle est encore considérée comme lune des premières puissances, elle est encore considérée comme lun des foyers de lintelligence, de la culture, et du progrès.
La France est une grande nation.
En quelques années, notre peuple a démontré quil ne craignait pas de se moderniser, et malgré les à-coups, il a révélé sa capacité à sadapter.
Sans paniquer, sans se démobiliser, le peuple français a su résister à lune des pires crises économiques et financières depuis un siècle.
Quant à nos résultats, ils démontrent que nous avons mieux résisté à la tempête que bien des pays européens.
Bien sûr ça a été difficile, bien sûr que ça nest pas fini, mais nous allons nous redresser!
Et pour cela, je veux dire que nous avons des forces économiques, nous avons des forces scientifiques, nous avons des forces technologiques, nous avons la République qui rassemble, qui éduque, qui protège, nous avons lEurope qui autour de nous se reprend progressivement, et puis nous avons un socle de réformes sur lequel nous pouvons nous appuyer.
Et puis enfin, nous avons le peuple français dont je veux saluer le courage et linventivité.
Voilà, cest cette confiance en lavenir et cest ce message de fierté nationale, que je voulais partager aujourd'hui avec vous à Bordeaux, une ville qui sait ce que fierté veut dire.
Source http://www.gouvernement.fr, le 6 février 2012