Texte intégral
Q - Bonjour M. Juppé, concernant la Syrie, la Russie, suivie par la Chine, sest opposée à un projet de résolution qui demandait une transition politique en Syrie en vue de négociations. Les massacres continuent dans ce pays. Quavez-vous envie de dire à MM. Medvedev et Poutine qui maintiennent leur veto ?
R - En paralysant le Conseil de sécurité par le veto russe suivit par la Chine, alors que treize pays sur quinze au Conseil de sécurité étaient prêts à approuver le projet de résolution, ils font peser sur les Nations unies et sur le Conseil de sécurité une sorte de tâche.
Parce que, ce qui se passe en Syrie est totalement inacceptable. Je le dis depuis des semaines et des semaines, les massacres continuent, jour après jour, on en est à plus de six mille morts, des enfants sont massacrés par centaines, il y a des milliers de prisonniers politiques, des réfugiés et le régime est décidé à poursuivre le bain de sang.
Cest la raison pour laquelle nous avons essayé de porter ce plan de la Ligue arabe qui, je crois était une initiative positive permettant de sortir de la crise par un plan de transition politique. Nous avons fait beaucoup de concessions, il faut bien dire les choses, pour que la résolution soit acceptable par la Russie. Nous avons dit - pas dutilisation de la force, pas dembargo sur les armes, pas de sanctions - et malgré cela, la Russie sest entêtée dans son refus. Je le regrette très profondément.
Q - Vous dites pas dutilisation de la force, mais beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi on nutiliserait pas la force en Syrie alors quon la fait en Libye.
R - Je comprends que lon se pose cette question même si parfois on nous a reproché dêtre intervenus en Libye, la situation est extrêmement différente. Dabord, la première raison, on vient de la voir, cest que lintervention en Libye a été autorisée par une résolution du Conseil de sécurité. Nous nallons pas faire usage de la force sur la scène mondiale si nous navons pas un mandat du Conseil de sécurité. Les conditions ne sont pas réunies.
De plus, le Conseil national de Transition en Libye était organisé, il était représentatif, il nous demandait dintervenir. Aujourdhui, ce nest pas le cas de lopposition en Syrie.
Enfin, la réalité libyenne était très différente de la réalité syrienne. En Libye, il y avait une unité, une homogénéité de ce peuple qui se battait pour sa liberté. Vous savez que la Syrie est divisée entre communautés, les alaouites, les chrétiens, les sunnites, les chiites, et le risque de guerre civile entre les communautés est maximum.
Q - Le ministre turc des Affaires étrangères a parlé de crimes contre lhumanité en Syrie. Utiliseriez-vous ce terme ?
R - Pardon, mais je lai déjà dit. Je lai dit même au Conseil de sécurité et ce nest pas simplement le ministre turc ou moi-même qui le dit, cest le Conseil des droits de lHomme des Nations unies qui a diligenté une enquête et qui a parlé de crimes contre lhumanité, de crimes de guerre.
Q - Le veto couvre un crime contre lhumanité ?
R - Cest la raison pour laquelle je pense que ce qui sest passé sera très lourd pour limage des Nations unies et pour leur rôle dans la paix et la sécurité du monde. Il ne faut pas croiser les bras, nous nallons pas laisser tomber les Syriens.
Q - Jai vu hier un communiqué de lÉlysée disant que la France proposait la création dun groupe des amis du peuple syrien. Avec qui et pour que faire ?
R - Avec tous ceux qui veulent aider le peuple syrien et je vous ai dit quau Conseil de sécurité, nous étions treize sur quinze. Il y a tous les pays de la Ligue arabe puisque cest la Ligue arabe qui a proposé ce plan de transition, prévoyant un transfert du pouvoir de Bachar Al-Assad qui aujourdhui est incapable et disqualifié pour continuer à exercer le pouvoir bien entendu. Mais aussi, tous les pays qui voudront se joindre à nous pour essayer dexercer une pression maximum sur la Syrie.
Q - Comment faire pression sur la Syrie ? On a limpression que cest absolument impossible de trouver une solution.
R - Non, ce nest pas impossible et je ne peux pas admettre que ce soit impossible. Nous allons continuer, dabord nous allons aider lopposition syrienne à se structurer, à sorganiser. Nous les recevons, nous allons essayer de les aider. Ensuite, lEurope va encore durcir les sanctions qui sont imposées au régime syrien et nous allons essayer de faire monter cette pression internationale. Il y a bien un moment où le régime sera obligé de constater quil est totalement isolé et quil ne peut pas continuer.
Q - Comment ce groupe va-t-il se manifester ?
R - Le président de la République prendra des initiatives je pense dans les prochains jours pour essayer de réunir tous ceux qui considèrent que la situation actuelle est absolument intolérable.
Jai utilisé des mots très forts, je pense que ce qui est en train de se passer aujourdhui est un véritable scandale ; cest un scandale de laisser ce dictateur continuer à massacrer sa population alors quil y avait là un début de solution dans linitiative de la Ligue arabe.
Q - Les Tunisiens demandent à tous les pays dexpulser les ambassadeurs syriens. Quen pensez-vous ?
R - Cest une question à laquelle nous allons réfléchir avec nos partenaires.
Q - Cest donc possible ?
R - Cest possible bien entendu. Il faut bien mesurer les conséquences parce que notre ambassade aujourdhui à Damas joue aussi un rôle humanitaire dans les contacts avec la population. Il faut bien mesurer qui une telle décision pénaliserait le plus.
Q - Un autre pays qui attire lattention, cest lÉgypte. Il y a un an, il y avait un gros espoir sur le printemps arabe et puis on a limpression que ce printemps est vraiment dans un hiver absolu. Larmée égyptienne détient toujours le pouvoir, elle est maintenant soupçonnée davoir organisé les massacres à Port Saïd. Là encore, comment peut-on agir ?
R - Je ne serai pas aussi pessimiste que vous. Dabord, bien sûr, ce massacre est épouvantable et je pense aux familles et aux blessés. Je nentrerai pas dans la question de savoir sil y a eu manipulation ou pas, jespère que des enquêtes seront faites en ce sens. Mais enfin, des élections ont eu lieu en Égypte, elles ont donné un résultat qui a permis de constituer un gouvernement. Il faut maintenant que le processus se poursuive, que les militaires transfèrent le pouvoir aux autorités civiles, que la Constitution soit élaborée quun Président soit élu. La feuille de route est tracée.
Q - Il faut la faire respecter ?
R - En effet, mais je crois quil y a une forte volonté. Il ny a pas de processus révolutionnaire qui se passe facilement et rapidement. Nous en avons fait aussi lexpérience chez nous, dans notre pays. Ce qui minquiète au moins autant que les tensions politiques aujourdhui, cest le risque deffondrement de léconomie égyptienne. Le tourisme joue un rôle très important dans cette économie et naturellement, il ny a plus de tourisme en Égypte.
Nous avons mis au point et cest également une proposition du président Sarkozy, dans le cadre du G8, ce que nous avons appelé le Partenariat de Deauville, pour aider précisément la Tunisie, le Maroc et surtout lÉgypte à faire face à leurs difficultés économiques. Il faut absolument que ce plan se mette en place le plus vite possible.
Q - Et cela ne peut fonctionner que dans le calme ?
R - Et oui et avec un gouvernement qui soit capable de répondre aux propositions que nous lui faisons. Ce nest pas le cas aujourd???hui mais il faut tenir bon.
Q - En Afghanistan, Nicolas Sarkozy a annoncé une accélération des modalités de retrait des soldats français qui seront plus nombreux à partir en 2013 quil nétait prévu au départ, même si un certain nombre resteront, comme prévu jusquen 2014. Les Américains semblent se caler dailleurs sur ce même rythme. Nest-ce pas la reconnaissance que, finalement, cette guerre on ne peut pas la gagner, que les Taliban vont sans doute reprendre le pouvoir avec lappui du Pakistan. Bref, que nous navons pas abouti politiquement au résultat que lon espérait. Finalement, ne serait-il pas mieux daccélérer encore le processus de retrait ?
R - Non. Je ne dresserai pas ce constat de faillite, nous sommes dans la stratégie que nous avions définie en novembre 2010 à Lisbonne.
Quavions-nous dit ? Que nous allions transférer progressivement la responsabilité dassurer la sécurité dans les différentes régions de lAfghanistan à larmée afghane. Cette armée nexistait pas vraiment et depuis plusieurs années, nous essayons de la former et nous y consacrons du temps et de lénergie. Cest parfois aussi risqué parce que cest dans un contexte extrêmement dangereux. Cest cela que nous sommes en train de continuer.
Nous avons commencé le retrait, je voudrais insister sur ce point. Les troupes françaises ont commencé à se retirer, il y a déjà quatre cents soldats qui sont rentrés en France et dici lannée 2012, il y en aura un millier supplémentaire.
Ce qui est très important, cest que nous avons obtenu, lorsque le président Karzaï, le président afghan est venu à Paris il y a quelques jours : nous avons obtenu que la dernière région dans laquelle se trouvent des forces de combat françaises, qui sappelle la Kapisa, celle où nous avons eu, hélas, beaucoup de victimes et encore récemment, que cette région soit transférée, à partir du mois de mars prochain à larmée afghane, tout au long de lannée 2012 et 2013. Cest cela qui a permis au président de la République de dire que le retrait des forces combattantes devrait être achevé à la fin de 2013. Nous garderons des troupes pour assurer la formation de larmée afghane.
Voilà le processus, je constate effectivement que les Américains sont prêts à se caler sur ce calendrier. Est-ce à dire que nous renonçons à nos objectifs ? Non, les discussions se déroulent aussi entre le gouvernement afghan et les Taliban. Vous savez sans doute quà Doha au Qatar, un bureau qui permet des contacts a été constitué. Nous continuons à travailler bien sûr avec les pays de la région. Lobjectif est toujours le même. Je pense quaccélérer encore serait alors non plus un retour en bon ordre, mais une retraite déshonorante pour larmée française.
Q - Dans un communiqué, vous avez évoqué les élections présidentielles au Sénégal qui doivent se dérouler le 26 février. Le président Wade veut se représenter, il a été autorisé par le Conseil constitutionnel sénégalais à se représenter alors que normalement, il ne pouvait effectuer que deux mandats. Aujourdhui, lopposition a organisé une manifestation pour exiger quil ne participe pas à lélection.
Nous les Français, peut-on donner des conseils à un pays que lon a autrefois colonisé ?
R - On nous a reproché pendant bien des années, cela sappelait paraît-il, la Françafrique, de nous mêler des élections dans les pays africains et de choisir les candidats. Ce temps est terminé. Cest aux Sénégalais de choisir leur futur président. Il y a une tradition démocratique là-bas au Sénégal, le président Wade en sait quelque chose dailleurs. Simplement, ce que nous disons, cest que ces élections doivent se faire de manière transparente et loyale. De ce point de vue, il faut que toutes les sensibilités puissent concourir. Il semble quil y ait problème puisquil y a des manifestations.
Q - Y compris avec le chanteur Youssoune Dour ?
R - Cest aux institutions sénégalaises den décider mais je pense que toutes les sensibilités doivent être représentées. Apparemment, cela ne se passe pas très bien puisquil y a des manifestations violentes dans les rues. Nous appelons au calme et, à partir de là, cest aux Sénégalais de choisir leur futur président. Jai dit aussi quil y a un moment où la relève de génération devait se faire, mais ce sont les Sénégalais qui doivent en décider.
Q - Ce nest pas un conseil de lancien colonisateur qui risque dêtre mal pris ?
R - Pas du tout, notre seul conseil est de dire : élections loyales et transparentes et cest aux Sénégalais de choisir.
Q - Un mot de lEurope car vous êtes aussi chargé de lEurope. ( ) Le Traité qui vient dêtre mis au point entre Européens. ( )
R - ( ) Vous avez sans doute observé que les marchés se sont calmés parce quils voient dune part que les principaux pays mettent en place des plans pour réduire leurs déficits budgétaires et que dautre part, ce qui a été inscrit dans ces traités puisquil y en a deux, est extrêmement important pour stabiliser les marchés. ( )
Q - La signature du président engage la France, cest incontestable mais justement, la question posée est de savoir sil y a une légitimité institutionnelle oui mais morale à engager son pays à si brève échéance dune élection présidentielle qui peut donner lieu à un vote des Français qui soit contraire à ces décision ?
R - Cest une question que lon nous objecte quoi que nous fassions. Jen arrive à la conclusion que six mois avant les élections, le gouvernement devrait se mettre au chômage. Eh bien non. Nous allons continuer à travailler et cela aurait été une très lourde responsabilité historique que de ne pas prendre des décisions à la fin du mois de janvier. Tout le monde attendait cette décision, y compris ces fameux marchés. ( )
Jajoute que lun de ces deux traités, le mécanisme européen de stabilité, très important, cinq cents milliards deuros pour servir de pare-feu en cas de nouvelle crise, celui-là sera signé et ratifié par le parlement français au mois de mars.
Q - Une dernière chose avant de passer à la deuxième partie de lémission, Mme Merkel va donner une interview conjointe avec le président de la République demain. On nous parle toujours de lexemple allemand. ( ) Ne croyez-vous pas que les Français en ont un peu assez dentendre toujours parler de lAllemagne, du modèle allemand et quils naient pas envie de se dire : «et nous alors, nest-on pas bon à quelque chose ?»
R - Il ny a pas davenir pour notre pays si lEurope «se casse la figure.» LEurope ne continuera à progresser que sil y a une étroite entente entre la France et lAllemagne. Cest le fond du problème, alors ne ramenons pas tout cela à des considérations électorales.
Q - Oui mais là, cest le modèle ?
R - Cest un modèle qui a ses faiblesses. En 2009 la récession en Allemagne a été plus forte que chez nous et dans les perspectives davenir, lAllemagne na pas que des atouts.
Q - On a limpression que le mot dordre, cest «copions lAllemagne».
R - Pas du tout. Dans vingt ou trente ans, la France aura plus dhabitants que lAllemagne car cette dernière est en déclin démographique. Tout nest pas aussi merveilleux de lautre côté du Rhin. La seule chose qui marque la différence, cest que lAllemagne a eu le courage de faire les réformes structurelles avant nous ( ). Elle a fait sa réforme des retraites avant nous, elle a fait sa réforme du marché du travail avant nous, ce qui la met aujourdhui dans une meilleure position que nous. Ne caricaturons pas non plus, la dette allemande est supérieure à 80 % de son PIB et la France doit être à 85 %.
Q - On ne marche donc pas au pas allemand ?
R - Non, on marche à notre propre pas et dans les traités qui ont été signés, il y a beaucoup didées françaises. Il y a quelques idées allemandes et il y a des idées françaises. Nous nous sommes rapprochés les uns des autres.
Demain, la déclaration dont vous parlez va se tenir à loccasion du Conseil des ministres franco-allemand. Toute une série de ministres, moi-même avec mon homologue allemand, nous allons nous rencontrer pour prendre toute une série dinitiatives dans le domaine de la recherche, dans le domaine spatial et de la sécurité pour montrer que cette entente franco-allemande est extrêmement solide et cruciale pour notre avenir.
( )
Q - (À propos de la construction européenne)
R - En ce qui concerne la nécessité daller plus loin dans lintégration européenne, je vous rejoins totalement et ce sera vraisemblablement lun des acquis de cette crise. Nous sommes allés trop loin pour ne pas aller plus loin. La question de la souveraineté est une fausse question. Depuis le début de la construction européenne, nous avons accepté des délégations de souveraineté. La première de ces délégations a consisté à laisser gérer la Politique agricole commune par Bruxelles. La politique commerciale, lorsque nous négocions avec lOrganisation mondiale du commerce fait lobjet dun transfert de souveraineté. Il en faudra dautres et demain, au Conseil des ministres franco-allemand, nous allons progresser dans lélaboration dun impôt franco-allemand sur les sociétés qui sera harmonisé entre nos deux pays. Nous allons dans cette direction, cest long, cest difficile.
LEurope allemande, cest vraiment le slogan que jentends depuis des mois et qui ne correspond en rien à la réalité.
Ce qui me renforce dans ce sentiment, cest que jai assisté à lentretien entre Gerhard Schroeder et Nicolas Sarkozy et M. Schroeder nous a expliqué que ce nétait absolument pas son analyse et quil y avait même de bons esprits en Allemagne pour considérer que la France avait réussi à convaincre la chancelière de la nécessité dun gouvernement économique de la zone euro.
On a fait un pas de géant dans le dernier accord, ce qui sest passé le 9 décembre, cest que la chancelière et le président français, chacun faisant un pas en avant, sont arrivés à cet accord qui a permis la signature des deux Traités que vous connaissez. Les eurobonds, je suis pour, à la fin du processus, lorsque lon aura un vrai gouvernement économique et que lon aura assaini la situation de la zone euro, alors il faudra faire des eurobonds.
Pourquoi voulez-vous quaujourdhui lAllemagne accepte de mutualiser la dette grecque et de payer sa propre dette beaucoup plus chère quelle ne le fait aujourdhui.
Vous avez dit que la Banque centrale avait joué un rôle déterminant et je partage tout à fait votre point de vue. Cest en très grande partie grâce au résultat de la ténacité de Nicolas Sarkozy.
Q - (À propos des euro-obligations et dune possibilité dEurope fédérale)
R - Je vous ai dit quaujourdhui les conditions nétaient pas réunies pour que les pays de la zone euro tombent daccord pour créer des eurobonds. Vous avez dit que la Banque centrale a joué un rôle déterminant et je partage votre point de vue, cest en très grande partie le résultat de la ténacité de Nicolas Sarkozy. À Strasbourg la chancelière et le Président se sont mis daccord pour ne plus donner dinstructions à la Banque centrale, ni dans un sens, ni dans lautre.
Mme Merkel est tombée daccord pour dire quelle ne donnerait pas à la Banque centrale dinjonction de ne pas faire, le déclenchement de la Banque centrale cest le résultat dun accord franco-allemand, alors nous dire que nous sommes sur le siège arrière, jentends dire ça de façon polémique, ce nest pas la réalité, et enfin je terminerai par là, au dernier Conseil européen informel qui sest tenu à la fin du mois de janvier il y a eu un certain nombre de propositions de la France et de lAllemagne pour passer au troisième chapitre, au troisième étage, et là vous avez tout à fait raison je vous rejoins, qui est létage de la croissance, avec des mesures pour les PME, mobilisation de la Banque européenne dinvestissement accomplissement du Marché unique, mesures sur léducation et la formation des jeunes, donc nous avons aussi cette préoccupation.
Q - LEurope avance quand la France et lAllemagne avancent dun même pas et pour quelles avancent dun même pas il faut que lAllemagne et/ou la France fassent des propositions. La France depuis cinq ans, je dirais même depuis plus longtemps, ne fait plus de propositions, rien navance.
Il ny a aucune proposition nouvelle, tout le monde le sait aucune zone monétaire nexiste si elle na pas un gouvernement.
R - Quelles sont les propositions nouvelles faites par lAllemagne ? La discipline budgétaire. Quelle est la proposition nouvelle faite par la France ? Le gouvernement économique.
Q - Cest une coordination de politiques daustérité.
R - Pas du tout, le gouvernement économique va se réunir précisément pour mettre en uvre les propositions en faveur de la compétitivité et de la croissance avec les moyens que vous avez évoqué : les fonds qui sont aujourdhui inutilisés et peut être des fonds nouveaux. Nous allons mettre en place une taxe sur les transactions financières qui pourra peut être servir à ça.
Q - Cette taxe est française, elle nest pas européenne.
R - Vous savez très bien que ce nest pas vrai, la taxe sera à lorigine française et très rapidement elle sera européenne. Vous savez très bien que lAllemagne est daccord pour la taxe sur les transactions financières, la chancelière la dit, lItalie est daccord, lEspagne est daccord, la Commission a fait une proposition et la taxe sur les transactions financières se fera.
Q - Cest nouveau pour moi dapprendre que cette taxe sera affectée, au budget européen
R - Je nai pas dit ça, elle pourrait lêtre en partie, on verra, la question de laffectation nest pas réglée.
Q - pourtant vous avez dit que ça servirait à financer la croissance
R - Et cest une grande victoire française que davoir fait accepter la taxe sur les transactions financières. Le président de la République sest battu pour la taxe sur les transactions financières. Il est arrivé à obtenir laccord de lAllemagne.
Q - (journaliste) Êtes-vous optimiste sur la survie de leuro ?
Q - (J. Attali) La Banque centrale est seul à avoir fait son travail. Elle a sauvé leuro provisoirement ; si dans les six mois qui viennent il ny a pas véritablement une action européenne concertée, dabord franco-allemande pour mettre en place un budget fédéral, leuro disparaitra. Aucune zone monétaire nexiste sans pouvoir politique, ça nexiste pas dans lhistoire humaine.
Lorsque nous avons fait leuro, jétais un des premiers rédacteurs des prolégomènes du Traité de Maastricht. Nous savions bien que si leuro nétait pas accompagné dun ministre des Finances dans les dix ans à venir, leuro disparaitrait.
R - Pourquoi ne lavez-vous pas fait M. Attali, pourquoi le Traité de Maastricht a été totalement silencieux sur les mécanismes de la gouvernance de la zone euro, cest une grave lacune, on sen aperçoit aujourdhui dailleurs, cest ça qui manque.
Q - Les mécanismes que vous être en train de mettre en place ne font que répéter ce quil ya dans le Traité de Maastricht.
R - Nous ne les répétons pas, ils nont jamais été prévus, le gouvernement économique de la zone euro nétait pas prévu dans le Traité de Maastricht. Cest à cause de ces lacunes que nous en sommes là où nous en sommes aujourdhui.
Q - Les lacunes sont encore là vous ne faites que répéter ce qui est dit dans le Traité de Maastricht, rien de plus alors quil faut passer maintenant à létape fédérale.
R - Alors vous devriez vous en réjouir puisque vous en êtes lauteur. Quand vous me dites que seule la banque centrale a fait son travail, mais les États ont fait leur travail, la France est en train de faire son travail.
Q - Nous navons fait en termes diplomatiques aucune proposition pour accélérer lintégration européenne.
R - Nous avons obtenu la création dun Conseil européen de la zone euro avec un président du conseil de la zone euro, Mme Merkel sest ralliée à cette idée, elle a même été jusquà demander en période de crise une réunion mensuelle du Conseil européen.
Q - De quels moyens dispose t-il ? Il na aucun moyen.
R - Tout le monde considère que les résultats du 30 janvier à Bruxelles sont des bons résultats. ( )
Q - (journaliste) La France est un des pays au monde qui dépense le plus dargent pour entretenir ses forces de défense, notamment les forces nucléaires. Est-ce que ça vaut encore la peine dans le monde daujourdhui dentretenir ces forces nucléaires ? Et surtout, compte tenu des conditions budgétaires qui sont les nôtres, est-ce quon a les moyens de continuer à les entretenir ?
Q - (J. Attali) Allons-nous dans les cinq ans qui viennent nous donner les moyens de commencer le renouvellement des sous-marins nucléaires lanceurs dengins puisque cest au cours du prochain mandat que doit être décidé la mise en place des sous-marins qui ne rentreront en service quen 2030, mais si on ne le fait pas maintenant on ne les aura jamais.
Donc, je suis pour, je pense quil faut le faire, parce que je pense que les sous-marins lanceurs dengins sont une arme indétectable à long terme, mais enfin il faut savoir que le programme a coûté 15 milliards et que ces quinze milliards on pourrait les affecter à autre chose.
Certains disent quil faut uniquement la composante aérienne, je ne le crois pas. Je pense par ailleurs quil faut prendre acte du fait quon a fait une certaine erreur considérable aux cours des cinq dernières années, mais qui nétait pas une erreur politique, cest sans doute une erreur plus technique que politique, cest de ne pas nous doter de drones suffisamment. Nous navons pas de drones du tout, alors que cest vraiment larme fondamentale. Nous en avons acheté quelque uns, nous continuons à nous de doter très peu de ces armes, or cest sans doute un des choix majeurs. Allons-nous nous doter encore de larme nucléaire pour rester une grande puissance, allons-nous nous doter de drones au détriment de quels autres équipements et allons-nous continuer ce bouclier anti-missiles qui pour la France ne représente quune menace à sa propre capacité de dissuasion ?
R - Sur la première question, bien entendu tant pour moi que pour le président de la République, et le gouvernement tout entier, la dissuasion est un point absolument fondamental, non seulement pour la défense de nos intérêts vitaux mais aussi pour linfluence et le rayonnement de la France.
Donc, nous sommes tout à fait déterminés à faire en sorte non seulement quelle se maintienne mais se modernise. Je ne pense pas que lurgence absolue aujourdhui soit de lancer un nouveau programme de SNLE (le sous-marin nucléaire lanceur dengins), ils ont intégralement été renouvelés depuis 1997, nous en avons quatre qui sont modernes, il faudra bien sûr les renouveler le moment venu, mais ce nest pas une décision pour demain. Je vous donne mon sentiment. Et nous avons les moyens de le faire.
Je dis au passage aussi que nous avons complètement rénové notre défense nationale sur les fondements du Livre blanc qui a été publié, vous le savez, en 2008. Cest 54 000 postes pour la Défense nationale que nous sommes en train de supprimer avec 11 bases aériennes etc
Donc on fait un effort considérable qui nous permet de redimensionner notre force globale et donc de maintenir à létat de suffisance notre force de dissuasion. Deuxièmement, les drones oui, et vous savez très bien que nous avons signé avec le Royaume-Uni un traité à Lancaster House, en novembre 2010 et un des éléments de ce traité cest notamment la mise au point dun drone de nouvelle génération, dun drone de combat avec les Britanniques, nous en avons effectivement besoin, cest vrai quaujourdhui cest une carence. Troisièmement, sur le bouclier anti-missiles. ( )
Nous avons été acteurs puisque cest le président de la République qui a proposé à lensemble de nos partenaires, le gel des avoirs de la Banque centrale et lembargo pétrolier. Cest une idée française et jen ai la preuve puisquil y a une lettre du président de la République. Cette idée a donc été adoptée par les Vingt-sept, non sans mal mais nous lavons adoptée, les Américains et le congrès américain lont adoptée aussi. Comme vous le savez, nous avons des réticences japonaises et coréennes sur lembargo pétrolier.
Nous en sommes là. Ce sont des sanctions rudes, sans précédent. La voie de la négociation avec lIran est toujours ouverte. Est-ce de nature à éviter la conflagration ? Je lespère de tout cur et nous allons «mettre le paquet» pour faire respecter ces sanctions. Je ne crois pas pour ma part à limpact de cet embargo sur les prix du pétrole parce quil y a dautres pays qui sont prêts à faire monter leur production.
Q - Finalement, cest labsence de lEurope dans de grands projets dans le domaine de lénergie mais dans dautres également. Ny a-t-il pas finalement un moteur qui manque ?
R - Je ne vais pas revenir sur ce que jai dit sur lEurope. Elle est présente dans beaucoup dautres projets. Naturellement, je rejoins Jacques Attali, nous ne sommes pas suffisamment bons en ce qui concerne la politique énergétique européenne tout simplement parce quil faut quand même le signaler, nous avons des divergences fondamentales sur le mix énergétique du futur. LAllemagne vient de prendre une décision sur lénergie nucléaire qui nest pas la nôtre et qui nest pas celle dailleurs de beaucoup dautres pays européens. Il y a des divisions de fond.
Sur les grands axes qua tracés Jacques Attali, je suis évidemment daccord dabord sur les économies dénergie mais on passe son temps à faire cela ! À tous les niveaux.
Q - Il faut se donner les moyens de le financer.
R - Mais on le finance. Cest à tous les niveaux, y compris au niveau des villes, cest un sujet que je connais bien. Je crois que cest lun des éléments essentiels. On peut faire trente à trente-cinq pour cent déconomie dénergie.
De plus, il faut financer la recherche. Vous me parlez des eurobonds, puis-je vous parler du programme dinvestissement davenir ?
La France investit aujourdhui trente-cinq milliards dans la recherche et dans linnovation.
Q - Les eurobonds, cest un programme seulement à léchelle européenne.
R - Cest une conception des eurobonds qui na pas grand chose à voir avec celle que lon utilise. Ce nest pas pour financer la dette.
Et bien sûr, il faut faire des grands projets de recherche. Quel est aujourdhui lun des programmes internationaux qui nest pas européen cest vrai, il est international puisque le Japon y participe. Le plus gigantesque, cest ITER qui sera peut-être lénergie de 2050 je veux bien le reconnaître, mais qui est un effort de recherche colossale de plusieurs dizaines de milliards de dollars.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2012
R - En paralysant le Conseil de sécurité par le veto russe suivit par la Chine, alors que treize pays sur quinze au Conseil de sécurité étaient prêts à approuver le projet de résolution, ils font peser sur les Nations unies et sur le Conseil de sécurité une sorte de tâche.
Parce que, ce qui se passe en Syrie est totalement inacceptable. Je le dis depuis des semaines et des semaines, les massacres continuent, jour après jour, on en est à plus de six mille morts, des enfants sont massacrés par centaines, il y a des milliers de prisonniers politiques, des réfugiés et le régime est décidé à poursuivre le bain de sang.
Cest la raison pour laquelle nous avons essayé de porter ce plan de la Ligue arabe qui, je crois était une initiative positive permettant de sortir de la crise par un plan de transition politique. Nous avons fait beaucoup de concessions, il faut bien dire les choses, pour que la résolution soit acceptable par la Russie. Nous avons dit - pas dutilisation de la force, pas dembargo sur les armes, pas de sanctions - et malgré cela, la Russie sest entêtée dans son refus. Je le regrette très profondément.
Q - Vous dites pas dutilisation de la force, mais beaucoup de gens ne comprennent pas pourquoi on nutiliserait pas la force en Syrie alors quon la fait en Libye.
R - Je comprends que lon se pose cette question même si parfois on nous a reproché dêtre intervenus en Libye, la situation est extrêmement différente. Dabord, la première raison, on vient de la voir, cest que lintervention en Libye a été autorisée par une résolution du Conseil de sécurité. Nous nallons pas faire usage de la force sur la scène mondiale si nous navons pas un mandat du Conseil de sécurité. Les conditions ne sont pas réunies.
De plus, le Conseil national de Transition en Libye était organisé, il était représentatif, il nous demandait dintervenir. Aujourdhui, ce nest pas le cas de lopposition en Syrie.
Enfin, la réalité libyenne était très différente de la réalité syrienne. En Libye, il y avait une unité, une homogénéité de ce peuple qui se battait pour sa liberté. Vous savez que la Syrie est divisée entre communautés, les alaouites, les chrétiens, les sunnites, les chiites, et le risque de guerre civile entre les communautés est maximum.
Q - Le ministre turc des Affaires étrangères a parlé de crimes contre lhumanité en Syrie. Utiliseriez-vous ce terme ?
R - Pardon, mais je lai déjà dit. Je lai dit même au Conseil de sécurité et ce nest pas simplement le ministre turc ou moi-même qui le dit, cest le Conseil des droits de lHomme des Nations unies qui a diligenté une enquête et qui a parlé de crimes contre lhumanité, de crimes de guerre.
Q - Le veto couvre un crime contre lhumanité ?
R - Cest la raison pour laquelle je pense que ce qui sest passé sera très lourd pour limage des Nations unies et pour leur rôle dans la paix et la sécurité du monde. Il ne faut pas croiser les bras, nous nallons pas laisser tomber les Syriens.
Q - Jai vu hier un communiqué de lÉlysée disant que la France proposait la création dun groupe des amis du peuple syrien. Avec qui et pour que faire ?
R - Avec tous ceux qui veulent aider le peuple syrien et je vous ai dit quau Conseil de sécurité, nous étions treize sur quinze. Il y a tous les pays de la Ligue arabe puisque cest la Ligue arabe qui a proposé ce plan de transition, prévoyant un transfert du pouvoir de Bachar Al-Assad qui aujourdhui est incapable et disqualifié pour continuer à exercer le pouvoir bien entendu. Mais aussi, tous les pays qui voudront se joindre à nous pour essayer dexercer une pression maximum sur la Syrie.
Q - Comment faire pression sur la Syrie ? On a limpression que cest absolument impossible de trouver une solution.
R - Non, ce nest pas impossible et je ne peux pas admettre que ce soit impossible. Nous allons continuer, dabord nous allons aider lopposition syrienne à se structurer, à sorganiser. Nous les recevons, nous allons essayer de les aider. Ensuite, lEurope va encore durcir les sanctions qui sont imposées au régime syrien et nous allons essayer de faire monter cette pression internationale. Il y a bien un moment où le régime sera obligé de constater quil est totalement isolé et quil ne peut pas continuer.
Q - Comment ce groupe va-t-il se manifester ?
R - Le président de la République prendra des initiatives je pense dans les prochains jours pour essayer de réunir tous ceux qui considèrent que la situation actuelle est absolument intolérable.
Jai utilisé des mots très forts, je pense que ce qui est en train de se passer aujourdhui est un véritable scandale ; cest un scandale de laisser ce dictateur continuer à massacrer sa population alors quil y avait là un début de solution dans linitiative de la Ligue arabe.
Q - Les Tunisiens demandent à tous les pays dexpulser les ambassadeurs syriens. Quen pensez-vous ?
R - Cest une question à laquelle nous allons réfléchir avec nos partenaires.
Q - Cest donc possible ?
R - Cest possible bien entendu. Il faut bien mesurer les conséquences parce que notre ambassade aujourdhui à Damas joue aussi un rôle humanitaire dans les contacts avec la population. Il faut bien mesurer qui une telle décision pénaliserait le plus.
Q - Un autre pays qui attire lattention, cest lÉgypte. Il y a un an, il y avait un gros espoir sur le printemps arabe et puis on a limpression que ce printemps est vraiment dans un hiver absolu. Larmée égyptienne détient toujours le pouvoir, elle est maintenant soupçonnée davoir organisé les massacres à Port Saïd. Là encore, comment peut-on agir ?
R - Je ne serai pas aussi pessimiste que vous. Dabord, bien sûr, ce massacre est épouvantable et je pense aux familles et aux blessés. Je nentrerai pas dans la question de savoir sil y a eu manipulation ou pas, jespère que des enquêtes seront faites en ce sens. Mais enfin, des élections ont eu lieu en Égypte, elles ont donné un résultat qui a permis de constituer un gouvernement. Il faut maintenant que le processus se poursuive, que les militaires transfèrent le pouvoir aux autorités civiles, que la Constitution soit élaborée quun Président soit élu. La feuille de route est tracée.
Q - Il faut la faire respecter ?
R - En effet, mais je crois quil y a une forte volonté. Il ny a pas de processus révolutionnaire qui se passe facilement et rapidement. Nous en avons fait aussi lexpérience chez nous, dans notre pays. Ce qui minquiète au moins autant que les tensions politiques aujourdhui, cest le risque deffondrement de léconomie égyptienne. Le tourisme joue un rôle très important dans cette économie et naturellement, il ny a plus de tourisme en Égypte.
Nous avons mis au point et cest également une proposition du président Sarkozy, dans le cadre du G8, ce que nous avons appelé le Partenariat de Deauville, pour aider précisément la Tunisie, le Maroc et surtout lÉgypte à faire face à leurs difficultés économiques. Il faut absolument que ce plan se mette en place le plus vite possible.
Q - Et cela ne peut fonctionner que dans le calme ?
R - Et oui et avec un gouvernement qui soit capable de répondre aux propositions que nous lui faisons. Ce nest pas le cas aujourd???hui mais il faut tenir bon.
Q - En Afghanistan, Nicolas Sarkozy a annoncé une accélération des modalités de retrait des soldats français qui seront plus nombreux à partir en 2013 quil nétait prévu au départ, même si un certain nombre resteront, comme prévu jusquen 2014. Les Américains semblent se caler dailleurs sur ce même rythme. Nest-ce pas la reconnaissance que, finalement, cette guerre on ne peut pas la gagner, que les Taliban vont sans doute reprendre le pouvoir avec lappui du Pakistan. Bref, que nous navons pas abouti politiquement au résultat que lon espérait. Finalement, ne serait-il pas mieux daccélérer encore le processus de retrait ?
R - Non. Je ne dresserai pas ce constat de faillite, nous sommes dans la stratégie que nous avions définie en novembre 2010 à Lisbonne.
Quavions-nous dit ? Que nous allions transférer progressivement la responsabilité dassurer la sécurité dans les différentes régions de lAfghanistan à larmée afghane. Cette armée nexistait pas vraiment et depuis plusieurs années, nous essayons de la former et nous y consacrons du temps et de lénergie. Cest parfois aussi risqué parce que cest dans un contexte extrêmement dangereux. Cest cela que nous sommes en train de continuer.
Nous avons commencé le retrait, je voudrais insister sur ce point. Les troupes françaises ont commencé à se retirer, il y a déjà quatre cents soldats qui sont rentrés en France et dici lannée 2012, il y en aura un millier supplémentaire.
Ce qui est très important, cest que nous avons obtenu, lorsque le président Karzaï, le président afghan est venu à Paris il y a quelques jours : nous avons obtenu que la dernière région dans laquelle se trouvent des forces de combat françaises, qui sappelle la Kapisa, celle où nous avons eu, hélas, beaucoup de victimes et encore récemment, que cette région soit transférée, à partir du mois de mars prochain à larmée afghane, tout au long de lannée 2012 et 2013. Cest cela qui a permis au président de la République de dire que le retrait des forces combattantes devrait être achevé à la fin de 2013. Nous garderons des troupes pour assurer la formation de larmée afghane.
Voilà le processus, je constate effectivement que les Américains sont prêts à se caler sur ce calendrier. Est-ce à dire que nous renonçons à nos objectifs ? Non, les discussions se déroulent aussi entre le gouvernement afghan et les Taliban. Vous savez sans doute quà Doha au Qatar, un bureau qui permet des contacts a été constitué. Nous continuons à travailler bien sûr avec les pays de la région. Lobjectif est toujours le même. Je pense quaccélérer encore serait alors non plus un retour en bon ordre, mais une retraite déshonorante pour larmée française.
Q - Dans un communiqué, vous avez évoqué les élections présidentielles au Sénégal qui doivent se dérouler le 26 février. Le président Wade veut se représenter, il a été autorisé par le Conseil constitutionnel sénégalais à se représenter alors que normalement, il ne pouvait effectuer que deux mandats. Aujourdhui, lopposition a organisé une manifestation pour exiger quil ne participe pas à lélection.
Nous les Français, peut-on donner des conseils à un pays que lon a autrefois colonisé ?
R - On nous a reproché pendant bien des années, cela sappelait paraît-il, la Françafrique, de nous mêler des élections dans les pays africains et de choisir les candidats. Ce temps est terminé. Cest aux Sénégalais de choisir leur futur président. Il y a une tradition démocratique là-bas au Sénégal, le président Wade en sait quelque chose dailleurs. Simplement, ce que nous disons, cest que ces élections doivent se faire de manière transparente et loyale. De ce point de vue, il faut que toutes les sensibilités puissent concourir. Il semble quil y ait problème puisquil y a des manifestations.
Q - Y compris avec le chanteur Youssoune Dour ?
R - Cest aux institutions sénégalaises den décider mais je pense que toutes les sensibilités doivent être représentées. Apparemment, cela ne se passe pas très bien puisquil y a des manifestations violentes dans les rues. Nous appelons au calme et, à partir de là, cest aux Sénégalais de choisir leur futur président. Jai dit aussi quil y a un moment où la relève de génération devait se faire, mais ce sont les Sénégalais qui doivent en décider.
Q - Ce nest pas un conseil de lancien colonisateur qui risque dêtre mal pris ?
R - Pas du tout, notre seul conseil est de dire : élections loyales et transparentes et cest aux Sénégalais de choisir.
Q - Un mot de lEurope car vous êtes aussi chargé de lEurope. ( ) Le Traité qui vient dêtre mis au point entre Européens. ( )
R - ( ) Vous avez sans doute observé que les marchés se sont calmés parce quils voient dune part que les principaux pays mettent en place des plans pour réduire leurs déficits budgétaires et que dautre part, ce qui a été inscrit dans ces traités puisquil y en a deux, est extrêmement important pour stabiliser les marchés. ( )
Q - La signature du président engage la France, cest incontestable mais justement, la question posée est de savoir sil y a une légitimité institutionnelle oui mais morale à engager son pays à si brève échéance dune élection présidentielle qui peut donner lieu à un vote des Français qui soit contraire à ces décision ?
R - Cest une question que lon nous objecte quoi que nous fassions. Jen arrive à la conclusion que six mois avant les élections, le gouvernement devrait se mettre au chômage. Eh bien non. Nous allons continuer à travailler et cela aurait été une très lourde responsabilité historique que de ne pas prendre des décisions à la fin du mois de janvier. Tout le monde attendait cette décision, y compris ces fameux marchés. ( )
Jajoute que lun de ces deux traités, le mécanisme européen de stabilité, très important, cinq cents milliards deuros pour servir de pare-feu en cas de nouvelle crise, celui-là sera signé et ratifié par le parlement français au mois de mars.
Q - Une dernière chose avant de passer à la deuxième partie de lémission, Mme Merkel va donner une interview conjointe avec le président de la République demain. On nous parle toujours de lexemple allemand. ( ) Ne croyez-vous pas que les Français en ont un peu assez dentendre toujours parler de lAllemagne, du modèle allemand et quils naient pas envie de se dire : «et nous alors, nest-on pas bon à quelque chose ?»
R - Il ny a pas davenir pour notre pays si lEurope «se casse la figure.» LEurope ne continuera à progresser que sil y a une étroite entente entre la France et lAllemagne. Cest le fond du problème, alors ne ramenons pas tout cela à des considérations électorales.
Q - Oui mais là, cest le modèle ?
R - Cest un modèle qui a ses faiblesses. En 2009 la récession en Allemagne a été plus forte que chez nous et dans les perspectives davenir, lAllemagne na pas que des atouts.
Q - On a limpression que le mot dordre, cest «copions lAllemagne».
R - Pas du tout. Dans vingt ou trente ans, la France aura plus dhabitants que lAllemagne car cette dernière est en déclin démographique. Tout nest pas aussi merveilleux de lautre côté du Rhin. La seule chose qui marque la différence, cest que lAllemagne a eu le courage de faire les réformes structurelles avant nous ( ). Elle a fait sa réforme des retraites avant nous, elle a fait sa réforme du marché du travail avant nous, ce qui la met aujourdhui dans une meilleure position que nous. Ne caricaturons pas non plus, la dette allemande est supérieure à 80 % de son PIB et la France doit être à 85 %.
Q - On ne marche donc pas au pas allemand ?
R - Non, on marche à notre propre pas et dans les traités qui ont été signés, il y a beaucoup didées françaises. Il y a quelques idées allemandes et il y a des idées françaises. Nous nous sommes rapprochés les uns des autres.
Demain, la déclaration dont vous parlez va se tenir à loccasion du Conseil des ministres franco-allemand. Toute une série de ministres, moi-même avec mon homologue allemand, nous allons nous rencontrer pour prendre toute une série dinitiatives dans le domaine de la recherche, dans le domaine spatial et de la sécurité pour montrer que cette entente franco-allemande est extrêmement solide et cruciale pour notre avenir.
( )
Q - (À propos de la construction européenne)
R - En ce qui concerne la nécessité daller plus loin dans lintégration européenne, je vous rejoins totalement et ce sera vraisemblablement lun des acquis de cette crise. Nous sommes allés trop loin pour ne pas aller plus loin. La question de la souveraineté est une fausse question. Depuis le début de la construction européenne, nous avons accepté des délégations de souveraineté. La première de ces délégations a consisté à laisser gérer la Politique agricole commune par Bruxelles. La politique commerciale, lorsque nous négocions avec lOrganisation mondiale du commerce fait lobjet dun transfert de souveraineté. Il en faudra dautres et demain, au Conseil des ministres franco-allemand, nous allons progresser dans lélaboration dun impôt franco-allemand sur les sociétés qui sera harmonisé entre nos deux pays. Nous allons dans cette direction, cest long, cest difficile.
LEurope allemande, cest vraiment le slogan que jentends depuis des mois et qui ne correspond en rien à la réalité.
Ce qui me renforce dans ce sentiment, cest que jai assisté à lentretien entre Gerhard Schroeder et Nicolas Sarkozy et M. Schroeder nous a expliqué que ce nétait absolument pas son analyse et quil y avait même de bons esprits en Allemagne pour considérer que la France avait réussi à convaincre la chancelière de la nécessité dun gouvernement économique de la zone euro.
On a fait un pas de géant dans le dernier accord, ce qui sest passé le 9 décembre, cest que la chancelière et le président français, chacun faisant un pas en avant, sont arrivés à cet accord qui a permis la signature des deux Traités que vous connaissez. Les eurobonds, je suis pour, à la fin du processus, lorsque lon aura un vrai gouvernement économique et que lon aura assaini la situation de la zone euro, alors il faudra faire des eurobonds.
Pourquoi voulez-vous quaujourdhui lAllemagne accepte de mutualiser la dette grecque et de payer sa propre dette beaucoup plus chère quelle ne le fait aujourdhui.
Vous avez dit que la Banque centrale avait joué un rôle déterminant et je partage tout à fait votre point de vue. Cest en très grande partie grâce au résultat de la ténacité de Nicolas Sarkozy.
Q - (À propos des euro-obligations et dune possibilité dEurope fédérale)
R - Je vous ai dit quaujourdhui les conditions nétaient pas réunies pour que les pays de la zone euro tombent daccord pour créer des eurobonds. Vous avez dit que la Banque centrale a joué un rôle déterminant et je partage votre point de vue, cest en très grande partie le résultat de la ténacité de Nicolas Sarkozy. À Strasbourg la chancelière et le Président se sont mis daccord pour ne plus donner dinstructions à la Banque centrale, ni dans un sens, ni dans lautre.
Mme Merkel est tombée daccord pour dire quelle ne donnerait pas à la Banque centrale dinjonction de ne pas faire, le déclenchement de la Banque centrale cest le résultat dun accord franco-allemand, alors nous dire que nous sommes sur le siège arrière, jentends dire ça de façon polémique, ce nest pas la réalité, et enfin je terminerai par là, au dernier Conseil européen informel qui sest tenu à la fin du mois de janvier il y a eu un certain nombre de propositions de la France et de lAllemagne pour passer au troisième chapitre, au troisième étage, et là vous avez tout à fait raison je vous rejoins, qui est létage de la croissance, avec des mesures pour les PME, mobilisation de la Banque européenne dinvestissement accomplissement du Marché unique, mesures sur léducation et la formation des jeunes, donc nous avons aussi cette préoccupation.
Q - LEurope avance quand la France et lAllemagne avancent dun même pas et pour quelles avancent dun même pas il faut que lAllemagne et/ou la France fassent des propositions. La France depuis cinq ans, je dirais même depuis plus longtemps, ne fait plus de propositions, rien navance.
Il ny a aucune proposition nouvelle, tout le monde le sait aucune zone monétaire nexiste si elle na pas un gouvernement.
R - Quelles sont les propositions nouvelles faites par lAllemagne ? La discipline budgétaire. Quelle est la proposition nouvelle faite par la France ? Le gouvernement économique.
Q - Cest une coordination de politiques daustérité.
R - Pas du tout, le gouvernement économique va se réunir précisément pour mettre en uvre les propositions en faveur de la compétitivité et de la croissance avec les moyens que vous avez évoqué : les fonds qui sont aujourdhui inutilisés et peut être des fonds nouveaux. Nous allons mettre en place une taxe sur les transactions financières qui pourra peut être servir à ça.
Q - Cette taxe est française, elle nest pas européenne.
R - Vous savez très bien que ce nest pas vrai, la taxe sera à lorigine française et très rapidement elle sera européenne. Vous savez très bien que lAllemagne est daccord pour la taxe sur les transactions financières, la chancelière la dit, lItalie est daccord, lEspagne est daccord, la Commission a fait une proposition et la taxe sur les transactions financières se fera.
Q - Cest nouveau pour moi dapprendre que cette taxe sera affectée, au budget européen
R - Je nai pas dit ça, elle pourrait lêtre en partie, on verra, la question de laffectation nest pas réglée.
Q - pourtant vous avez dit que ça servirait à financer la croissance
R - Et cest une grande victoire française que davoir fait accepter la taxe sur les transactions financières. Le président de la République sest battu pour la taxe sur les transactions financières. Il est arrivé à obtenir laccord de lAllemagne.
Q - (journaliste) Êtes-vous optimiste sur la survie de leuro ?
Q - (J. Attali) La Banque centrale est seul à avoir fait son travail. Elle a sauvé leuro provisoirement ; si dans les six mois qui viennent il ny a pas véritablement une action européenne concertée, dabord franco-allemande pour mettre en place un budget fédéral, leuro disparaitra. Aucune zone monétaire nexiste sans pouvoir politique, ça nexiste pas dans lhistoire humaine.
Lorsque nous avons fait leuro, jétais un des premiers rédacteurs des prolégomènes du Traité de Maastricht. Nous savions bien que si leuro nétait pas accompagné dun ministre des Finances dans les dix ans à venir, leuro disparaitrait.
R - Pourquoi ne lavez-vous pas fait M. Attali, pourquoi le Traité de Maastricht a été totalement silencieux sur les mécanismes de la gouvernance de la zone euro, cest une grave lacune, on sen aperçoit aujourdhui dailleurs, cest ça qui manque.
Q - Les mécanismes que vous être en train de mettre en place ne font que répéter ce quil ya dans le Traité de Maastricht.
R - Nous ne les répétons pas, ils nont jamais été prévus, le gouvernement économique de la zone euro nétait pas prévu dans le Traité de Maastricht. Cest à cause de ces lacunes que nous en sommes là où nous en sommes aujourdhui.
Q - Les lacunes sont encore là vous ne faites que répéter ce qui est dit dans le Traité de Maastricht, rien de plus alors quil faut passer maintenant à létape fédérale.
R - Alors vous devriez vous en réjouir puisque vous en êtes lauteur. Quand vous me dites que seule la banque centrale a fait son travail, mais les États ont fait leur travail, la France est en train de faire son travail.
Q - Nous navons fait en termes diplomatiques aucune proposition pour accélérer lintégration européenne.
R - Nous avons obtenu la création dun Conseil européen de la zone euro avec un président du conseil de la zone euro, Mme Merkel sest ralliée à cette idée, elle a même été jusquà demander en période de crise une réunion mensuelle du Conseil européen.
Q - De quels moyens dispose t-il ? Il na aucun moyen.
R - Tout le monde considère que les résultats du 30 janvier à Bruxelles sont des bons résultats. ( )
Q - (journaliste) La France est un des pays au monde qui dépense le plus dargent pour entretenir ses forces de défense, notamment les forces nucléaires. Est-ce que ça vaut encore la peine dans le monde daujourdhui dentretenir ces forces nucléaires ? Et surtout, compte tenu des conditions budgétaires qui sont les nôtres, est-ce quon a les moyens de continuer à les entretenir ?
Q - (J. Attali) Allons-nous dans les cinq ans qui viennent nous donner les moyens de commencer le renouvellement des sous-marins nucléaires lanceurs dengins puisque cest au cours du prochain mandat que doit être décidé la mise en place des sous-marins qui ne rentreront en service quen 2030, mais si on ne le fait pas maintenant on ne les aura jamais.
Donc, je suis pour, je pense quil faut le faire, parce que je pense que les sous-marins lanceurs dengins sont une arme indétectable à long terme, mais enfin il faut savoir que le programme a coûté 15 milliards et que ces quinze milliards on pourrait les affecter à autre chose.
Certains disent quil faut uniquement la composante aérienne, je ne le crois pas. Je pense par ailleurs quil faut prendre acte du fait quon a fait une certaine erreur considérable aux cours des cinq dernières années, mais qui nétait pas une erreur politique, cest sans doute une erreur plus technique que politique, cest de ne pas nous doter de drones suffisamment. Nous navons pas de drones du tout, alors que cest vraiment larme fondamentale. Nous en avons acheté quelque uns, nous continuons à nous de doter très peu de ces armes, or cest sans doute un des choix majeurs. Allons-nous nous doter encore de larme nucléaire pour rester une grande puissance, allons-nous nous doter de drones au détriment de quels autres équipements et allons-nous continuer ce bouclier anti-missiles qui pour la France ne représente quune menace à sa propre capacité de dissuasion ?
R - Sur la première question, bien entendu tant pour moi que pour le président de la République, et le gouvernement tout entier, la dissuasion est un point absolument fondamental, non seulement pour la défense de nos intérêts vitaux mais aussi pour linfluence et le rayonnement de la France.
Donc, nous sommes tout à fait déterminés à faire en sorte non seulement quelle se maintienne mais se modernise. Je ne pense pas que lurgence absolue aujourdhui soit de lancer un nouveau programme de SNLE (le sous-marin nucléaire lanceur dengins), ils ont intégralement été renouvelés depuis 1997, nous en avons quatre qui sont modernes, il faudra bien sûr les renouveler le moment venu, mais ce nest pas une décision pour demain. Je vous donne mon sentiment. Et nous avons les moyens de le faire.
Je dis au passage aussi que nous avons complètement rénové notre défense nationale sur les fondements du Livre blanc qui a été publié, vous le savez, en 2008. Cest 54 000 postes pour la Défense nationale que nous sommes en train de supprimer avec 11 bases aériennes etc
Donc on fait un effort considérable qui nous permet de redimensionner notre force globale et donc de maintenir à létat de suffisance notre force de dissuasion. Deuxièmement, les drones oui, et vous savez très bien que nous avons signé avec le Royaume-Uni un traité à Lancaster House, en novembre 2010 et un des éléments de ce traité cest notamment la mise au point dun drone de nouvelle génération, dun drone de combat avec les Britanniques, nous en avons effectivement besoin, cest vrai quaujourdhui cest une carence. Troisièmement, sur le bouclier anti-missiles. ( )
Nous avons été acteurs puisque cest le président de la République qui a proposé à lensemble de nos partenaires, le gel des avoirs de la Banque centrale et lembargo pétrolier. Cest une idée française et jen ai la preuve puisquil y a une lettre du président de la République. Cette idée a donc été adoptée par les Vingt-sept, non sans mal mais nous lavons adoptée, les Américains et le congrès américain lont adoptée aussi. Comme vous le savez, nous avons des réticences japonaises et coréennes sur lembargo pétrolier.
Nous en sommes là. Ce sont des sanctions rudes, sans précédent. La voie de la négociation avec lIran est toujours ouverte. Est-ce de nature à éviter la conflagration ? Je lespère de tout cur et nous allons «mettre le paquet» pour faire respecter ces sanctions. Je ne crois pas pour ma part à limpact de cet embargo sur les prix du pétrole parce quil y a dautres pays qui sont prêts à faire monter leur production.
Q - Finalement, cest labsence de lEurope dans de grands projets dans le domaine de lénergie mais dans dautres également. Ny a-t-il pas finalement un moteur qui manque ?
R - Je ne vais pas revenir sur ce que jai dit sur lEurope. Elle est présente dans beaucoup dautres projets. Naturellement, je rejoins Jacques Attali, nous ne sommes pas suffisamment bons en ce qui concerne la politique énergétique européenne tout simplement parce quil faut quand même le signaler, nous avons des divergences fondamentales sur le mix énergétique du futur. LAllemagne vient de prendre une décision sur lénergie nucléaire qui nest pas la nôtre et qui nest pas celle dailleurs de beaucoup dautres pays européens. Il y a des divisions de fond.
Sur les grands axes qua tracés Jacques Attali, je suis évidemment daccord dabord sur les économies dénergie mais on passe son temps à faire cela ! À tous les niveaux.
Q - Il faut se donner les moyens de le financer.
R - Mais on le finance. Cest à tous les niveaux, y compris au niveau des villes, cest un sujet que je connais bien. Je crois que cest lun des éléments essentiels. On peut faire trente à trente-cinq pour cent déconomie dénergie.
De plus, il faut financer la recherche. Vous me parlez des eurobonds, puis-je vous parler du programme dinvestissement davenir ?
La France investit aujourdhui trente-cinq milliards dans la recherche et dans linnovation.
Q - Les eurobonds, cest un programme seulement à léchelle européenne.
R - Cest une conception des eurobonds qui na pas grand chose à voir avec celle que lon utilise. Ce nest pas pour financer la dette.
Et bien sûr, il faut faire des grands projets de recherche. Quel est aujourdhui lun des programmes internationaux qui nest pas européen cest vrai, il est international puisque le Japon y participe. Le plus gigantesque, cest ITER qui sera peut-être lénergie de 2050 je veux bien le reconnaître, mais qui est un effort de recherche colossale de plusieurs dizaines de milliards de dollars.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 9 février 2012