Déclaration de M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie, sur le bilan énergétique de la France en 2000 : maîtrise de l'énergie, augmentation des prix du pétrole et du gaz, production nationale forte, meilleure efficacité énergétique, faible baisse de l'émission de CO2, croissance de la consommation d'énergie du résidentiel-tertiaire, Paris, le 26 avril 2001.

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Circonstance : Présentation à la presse de la situation énergétique de la France à Paris, le 26 avril 2001

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,

Comme chaque année, je suis heureux de vous retrouver pour la présentation de la situation énergétique de la France. Je brosserai devant vous un rapide tableau de bord de notre politique énergétique.

1) L'année 2000 est une année globalement satisfaisante du point de vue de la maîtrise de l'énergie.
La consommation d'énergie primaire n'a augmenté que de + 1,7 %, après correction climatique, soit sensiblement moins que le PIB dont la croissance a été de +3,2 %. Depuis trois ans, la demande d'énergie progresse à un rythme moyen inférieur d'au moins 1,4 point à celui du PIB. Il s'agit d'un fait notable par rapport aux années antérieures où l'évolution moyenne de ces deux indicateurs était similaire.

2) La flambée des prix du pétrole et du gaz.
L'année 2000 a connu une forte volatilité des prix du brut à un niveau élevé, de 22 à 33 dollars par baril, pour le Brent en moyenne mensuelle, avec une moyenne annuelle de 28,5 dollars par baril, soit une hausse de 60%. Ce niveau de prix contraste avec les faibles prix du brut deux ans plus tôt : le Brent ne cotait que 9,8 dollars en moyenne mensuelle. Le prix du gaz a suivi celui du pétrole, avec un décalage de quelques mois, soit une hausse de 75% en moyenne annuelle.

Il s'en est suivi deux conséquences immédiatement perceptibles :
a)un arrêt de la progression de la consommation d'énergie des transports, avec seulement
+ 0,2%, contre + 2,8% en 1999 ; ceci n'était plus arrivé depuis le deuxième choc pétrolier de 1979-1980 ;
b) une baisse sensible de la consommation primaire de pétrole, de - 0,9%, alors que depuis le contre-choc pétrolier de 1986, la tendance était à la hausse de plus de 1% par an.
Néanmoins, l'élasticité aux prix de la consommation de pétrole reste faible, puisqu'une augmentation des prix à la consommation de 22% en moyenne annuelle n'a conduit qu'à stabiliser la consommation des carburants !

3) Une production nationale dynamique.
Avec 126,0 Mtep, la production d'énergie primaire est en croissance de 2,1% et retrouve pratiquement son maximum historique atteint en 1996. La production de charbon, pétrole et gaz naturel a poursuivi sa décroissance. Par contre, le nucléaire atteint un niveau record, grâce à un bond de 5,3% sur un an, à 415,2 TWh, qui s'explique par la bonne marche des centrales du " palier N4 " et, dans une moindre mesure, des centrales de 1 300 MW.
La production d'électricité éolienne a doublé sur un an, avec 80 millions de KWh. Au total, la production d'énergies renouvelables s'élève à 28 Mtep, dont 16,2 Mtep d'hydraulique.
Grâce à une demande modérée, le taux d'indépendance énergétique remonte très légèrement au-dessus de 50%.
La production d'électricité thermique classique est estimée stable par rapport à 1999, avec 52 milliards de kWh.

4) Une efficacité énergétique qui continue de s'améliorer mais des émissions de CO2 qui ne faiblissent guère.
L'intensité énergétique primaire, c'est-à-dire le rapport entre la consommation totale d'énergie primaire corrigée du climat et le PIB exprimé en volume, continue de baisser, de - 1,4%, au même rythme qu'en 1999 et 1998. L'industrie a su faire des économies d'énergie qui se sont ajoutées aux économies d'échelle. La consommation d'énergie de l'industrie, n'a crû que de 0,5%.
Une autre évolution favorable est la baisse des émissions de CO2 dues à l'énergie, de - 0,3%, après - 0,4% en 1999. Les hauts niveaux de consommation de gaz et de pétrole, notamment pour la production d'électricité, expliquent qu'en première approximation les émissions de CO2 dépasseraient d'environ 3,6 millions de tonnes de carbone leur niveau de 1990. Je n'ose imaginer ce que serait la situation sans la production électronucléaire.

5) Une facture énergétique qui double.
La flambée des prix du pétrole s'est répercutée sur la facture énergétique de la France qui, avec 155,2 milliards de francs, est en hausse de 102%, après déjà une hausse de plus de 27% en 1999. En francs constants, il faut remonter aux années 1974-1985, pour retrouver des niveaux comparables ou supérieurs pour la facture énergétique.
Néanmoins, la croissance économique n'a pas été trop affectée en 2000 par la hausse de cette facture.

6) Sectoriellement, le résidentiel-tertiaire connaît la croissance la plus rapide.
Corrigée du climat, avec 3,4% de croissance, après + 1,9% en 1999, la consommation d'énergie du résidentiel-tertiaire évolue légèrement plus vite que le PIB. Cette accélération est particulièrement due à l'augmentation de la consommation du gaz et de l'électricité.
Dans les transports, on note le renforcement de la diésélisation du parc, avec 49% de parts de marché gagnées dans les immatriculations de véhicules particuliers neufs. Davantage équipées, mais avec un parc de voitures dont le vieillissement s'accentue, les Français ont cependant moins roulé, le kilométrage moyen baissant de 1,2% pour les voitures dans leur ensemble, c'est-à-dire essence et diesel. Au total, la consommation de gazole augmente de 1,4%, alors que celle de supercarburant baisse de 6%.

7) En conclusion
Je retiendrai de ce bilan deux aspects forts. D'abord les progrès que nous devons, et pouvons, encore faire en faveur des énergies propres. En effet, si l'année 2000 a été globalement satisfaisante du point de vue de l'efficacité énergétique et de la production d'électricité " propre ", nucléaire et énergies renouvelables, on peut encore constater que les émissions de CO2, bien qu'en baisse, demeurent à un niveau élevé. Ce bémol est renforcé par le fait que la flambée des prix du pétrole a masqué la croissance tendancielle des émissions dues aux transports qui sont susceptibles de redémarrer dès que les prix des carburants auront retrouvé des niveaux plus raisonnables.
Deuxième aspect : la force de notre politique d'indépendance énergétique, dont l'utilité et l'intérêt ont été encore plus visibles dans la période que nous avons traversée. Dans un monde de l'énergie en constante mutation, soumis à une forte volatilité des prix, ce bilan témoigne du double atout français : son parc nucléaire, qui bat des records de production, et le recours accru aux énergies renouvelables sur lequel, comme vous le savez, je me suis personnellement engagé.
Indépendance, équilibre, propreté : ce sont les clefs d'un développement énergétique maîtrisé pour la France.

(source http://www.industrie.gouv.fr, le 27 avril 2001)