Texte intégral
Socrate disait : « Existe-t-il pour l'homme un bien plus précieux que la Santé ? ». Je crois bien que non. Cest ce qui explique ma présence ici, pour inaugurer ce congrès «Vivons en forme» en référence au programme de prévention de lobésité infantile, un sujet essentiel de santé publique.
Je remercie Sébastien Pietrasanta, Maire dAsnières-sur-Seine, de mavoir invité dans sa ville. Je sais que votre commune est très impliquée depuis 2004 en tant que ville-pilote dans le programme « Vivons en forme ».
Je remercie également madame la professeure Monique Romon, qui est à lorigine de ce programme avec « EPODE » en 2004, de mavoir invité à ce congrès qui a pour objectif de mieux comprendre les comportements en termes dalimentation et dactivité physique.
Je me félicite du nouveau partenariat avec le ministère de la Ville, qui sinscrit dans la durée. « Vivons en forme » a été mandaté par lAgence nationale de cohésion sociale pour légalité des chances afin de mettre en oeuvre lappel à projet « en forme dans les quartiers », pour inciter et soutenir les villes à sengager dans des démarches de santé de proximité favorable.
290 000 euros ont été versés aux 58 villes retenues pour le réaménagement des cours décole. Car léducation nutritionnelle doit se faire dabord à lécole. Cest donc un honneur pour moi dêtre là aujourdhui, pour saluer le travail accompli par tous les acteurs ici présents. Vos témoignages seront, jen suis sûr, très enrichissants.
Mesdames et messieurs, la prévention doit être au coeur de la politique de santé que je mène au service de nos quartiers populaires. Une action résolue en matière de nutrition est prioritaire. Nous le savons tous, le surpoids et lobésité connaissent une augmentation inquiétante, surtout dans nos quartiers. Au-delà des questions nutritionnelles, la santé est un domaine qui me tient à coeur. Car mon objectif premier est le retour de la République dans tous les quartiers populaires, pour que chacun bénéficie des mêmes droits et des mêmes chances. Et quest-ce que le retour de la République dans les quartiers ? Cest la présence dune médecine de proximité, ce sont des délais dattente raisonnables pour obtenir un rendez-vous au centre médico-psychologique ou chez le dentiste. Ce sont aussi des actions déducation pour la santé menées auprès des jeunes pour prévenir les grossesses précoces. Cest enfin laccompagnement de ceux qui en ont le plus besoin, dans leurs démarches douverture de droits.
Dans ce domaine, le rôle de laction publique est essentiel car dans le secteur de la santé, les inégalités sociales et territoriales sont criantes. Cest ce que vivent les habitants des quartiers populaires de la géographie prioritaire de la politique de la ville.
Vous le savez, on a plus de risques dêtre en surpoids si on habite lun de ces quartiers ! On a moins de chance de bénéficier dune action de prévention du VIH ! On est souvent victime de discrimination à laccès aux soins si on est bénéficiaire de la couverture maladie universelle (CMU) ! Or, les bénéficiaires de la CMU sont 2,4 fois plus nombreux dans les zones urbaines sensibles quailleurs.
Le rapport 2010 de lObservatoire National des Zones Urbaines Sensibles confirme que lon y compte 2 fois moins de médecins quailleurs. Le risque dêtre atteint de diabète est 3 à 8 fois plus élevé chez les personnes en situation de précarité que chez les non précaires. Enfin, un ouvrier a 6 ans despérance de vie de moins quun cadre et vous connaissez la suite. Ces inégalités de santé publique ne sont pas acceptables et me confortent dans ma conviction que nous devons agir en priorité en direction des habitants de ces quartiers. Je sais que vous partagez mon engagement pour un système de santé plus juste et plus équitable.
Ce que je voudrais dire aujourdhui, cest, quen plus de la recherche médicale et de lamélioration de laccès aux soins, au-delà des professionnels de la médecine, nous portons tous une responsabilité partagée pour la santé qui est un véritable enjeu de société.
Nous devons redoubler defforts pour investir davantage le champ de la prévention et de léducation pour la santé. Chacun peut atteindre ce bien-être, chacun peut être acteur de sa propre santé pour peu quon lui en donne les moyens, quon lui montre comment faire. Ma mission au sein du gouvernement est précisément de réduire les inégalités sociales et les écarts de développement entre les territoires.
Cest pourquoi, jai souhaité mettre en place une dynamique qui implique les pouvoirs publics, les associations, les collectivités territoriales mais aussi le monde de la recherche. Cest le sens des Maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) pour permettre, sur un territoire où la démographie médicale est insuffisante, le regroupement de professionnels de santé libéraux. Je pense aussi aux Contrats locaux de santé (CLS) pour développer des moyens dobservation, de coordination et de mobilisation des ressources sanitaires en articulation avec les CUCS. Le refus de soins mérite aussi notre attention. La Loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires votée en 2009 prévoit des sanctions.
Deux leviers existent aujourdhui pour renforcer la santé sur tous les territoires.
La contractualisation dabord :
Les CUCS expérimentaux possèdent un volet santé, comme la décidé le conseil interministériel des villes du 18 février 2011 présidé par le Premier ministre, François FILLON.
Les Ateliers Santé Ville ensuite.
Ils ont pour objet de faciliter la prévention, l'accès aux droits sociaux et l'offre de soins dans des quartiers où la problématique de l'accès aux soins est déterminante.
Les ateliers santé ville, en articulation avec les agences régionales de santé, créent une synergie entre élus, acteurs de la santé publique, de la politique de la ville et professionnels de santé libéraux.
Parce que je suis convaincu que la santé conditionne tous les actes de la vie et notamment dans les quartiers populaires, jai souhaité aller plus loin dans ce domaine. Depuis ma prise de fonction il y a un peu plus dun an, jai renforcé le budget et le programme dintervention de lACSé pour 2012.
Le CIV du 18 février 2011 a aussi décidé de prendre en compte certaines spécificités des quartiers prioritaires, comme cette prévalence de lobésité et de surpoids des jeunes. La quasi-totalité des 253 ateliers santé ville (ASV) contribue à y apporter des réponses locales.
Mesdames et messieurs, la prise de conscience collective de limportance de la santé et de la nutrition est aujourdhui acquise. Reste à offrir à tous la possibilité den tirer les bénéfices pratiques pour soi et sa famille. Cest ce qui nous réunit aujourdhui.
Je vous remercie.
Source http://www.ville.gouv.fr, le 8 février 2012