Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, en réponse à une question sur le dossier nucléaire iranien, au Sénat le 23 février 2012.

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Circonstance : Questions d'actualité au Sénat, le 23 février 2012

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Madame la Sénatrice Leïla Aïchi,

Vous me demandez comment nous entendons prévenir le risque que fait peser sur la sécurité régionale le dossier nucléaire iranien, et plus généralement l’attitude de l’Iran au Proche et au Moyen-Orient.
Le président de la République a exprimé à maintes reprises notre position : la menace d’un Iran doté de l’arme nucléaire est tout simplement inacceptable.
Mais l’option militaire, à laquelle certains disent réfléchir dans la région, pourrait avoir des conséquences très graves. Nous devons donc tout faire pour éviter cette alternative catastrophique.
Notre stratégie est claire : renforcer considérablement la pression qui pèse sur les autorités iraniennes en leur montrant qu’elles conduisent leur pays dans une impasse totale.
À l’initiative de la France, les Européens ont décidé le 23 janvier de sanctions sans précédent à l’encontre de l’Iran : un embargo pétrolier et le gel des avoirs de la Banque centrale.
Les sanctions fortes adoptées par les États-Unis vont dans le même sens.
Nous sommes aussi mobilisés pour convaincre tous nos grands partenaires de suivre ce mouvement.
Nous appelons, en parallèle, l’Iran à s’engager enfin dans des discussions sérieuses, sans pré-condition, sur son programme nucléaire et de prendre toutes les mesures nécessaires afin de respecter ses obligations et de rassurer la communauté internationale sur ses intentions.

Les demandes faites par le Conseil de sécurité sont claires et faciles à mettre en œoeuvre :

  • suspendre les activités sensibles,
  • mettre en œuvre le protocole additionnel et autres moyens de vérification de l’AIEA,
  • répondre aux questions en suspens sur le programme nucléaire.

Si ces demandes sont appliquées par l’Iran, les sanctions seront suspendues et des négociations s’ouvriront. Les Six ont dit leur volonté d’une réelle coopération avec l’Iran, notamment sur le nucléaire civil, dans ce cadre.
Dans le domaine du désarmement nucléaire, Madame, nul ne peut douter de la volonté de la France. Nous comptons parmi les rares États à avoir pris des mesures de désarmement de nature irréversible. Nous avons notamment démantelé notre site d’essais nucléaires et nos installations de production de matières fissiles pour les armes.
Sur la scène internationale, nous sommes engagés en faveur du désarmement nucléaire, conformément aux objectifs du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Nous promouvons activement les priorités identifiées lors de la dernière Conférence d’examen du TNP, notamment l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et l’ouverture des négociations sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles pour les armes.
Nous travaillons également à renforcer le dialogue et la coopération sur les questions nucléaires entre États dotés, et nous les avons à cette fin invités à Paris pour une Conférence en juillet dernier.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 février 2012