Déclaration de M. Lionel Jospin, Premier ministre, sur les relations franco-roumaines, l'implantation d'entreprises françaises en Roumanie, la coopération culturelle et le soutien de la France à l'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne, Bucarest le 23 juillet 2001.

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Circonstance : Voyage officiel en Roumanie les 23 et 24 juillet 2001-réception de la communauté française le 23

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Messieurs les Présidents,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames, Messieurs,
Mes cher(e)s compatriotes,
Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui, au premier jour de la visite que j'effectue à Bucarest, en cette belle Résidence de France. La délégation qui m'accompagne et moi-même nous félicitons de rencontrer celles et ceux qui animent, avec dynamisme et conviction, la communauté française de Roumanie. Je salue également les hautes personnalités roumaines qui nous font l'honneur d'être parmi nous, ainsi que les Ambassadeurs en Roumanie des pays membres de l'Union européenne ou qui y sont candidats. Ce déplacement, que je souhaitais effectuer depuis longtemps, m'a déjà donné l'occasion de m'entretenir très cordialement il y a quelques instants avec le Premier ministre, M. Adrian NASTASE, qui nous honore de sa présence ici même. Demain, j'aurai l'honneur d'être reçu par le Président Ion ILIESCU, puis je rencontrerai des représentants des milieux d'affaires et de la société civile, pour faire avancer encore davantage le partenariat franco-roumain.
La force de ce partenariat repose largement sur le dynamisme de la communauté française de Roumanie.
Vous êtes ici près de 1.500 immatriculés, auxquels il faut ajouter les Français de passage dont nous accueillons certains aujourd'hui parmi nous. Les plus anciens d'entre vous vivent ici depuis près de dix ans. D'autres sont arrivés plus récemment et se sont établis hors de la capitale, notamment autour de Pitesti qui, depuis l'installation de Renault, est devenue notre plus grande implantation hors de Bucarest, à Timisoara, grâce à la présence d'Alcatel, ou encore à Cluj et Brasov. Cette présence plus importante représente un atout de taille pour la vitalité de notre communauté.
Cette vitalité est d'abord le fait des acteurs économiques. Grâce à eux, la France est présente au cur de la vie roumaine. Elle est le premier investisseur en Roumanie et y dispose d'un réseau dense d'entreprises de tailles diverses dans tous les secteurs économiques. Les petites et moyennes entreprises, davantage orientées vers le secteur des services, sont regroupées dans un réseau double constitué par la Chambre de commerce franco-roumaine et le club CFCE-ACTIM. Je me réjouis que nos entreprises puissent offrir aux étudiants roumains issus des filières francophones d'enseignement supérieur des débouchés intéressants et contribuent ainsi à assurer la promotion de nos méthodes de gestion.
Mes chers compatriotes, le dynamisme et la modernité de l'économie française vous aident dans votre action. En effet, avec une croissance égale ou supérieure à 3 % par an depuis trois ans, la France a joué un rôle moteur dans la zone euro et s'est placée en tête des économies les plus dynamiques du G7. Certes, le ralentissement américain touche la France comme le reste du monde, mais, grâce à une demande robuste, notre pays résiste mieux que ses grands voisins de la zone euro. En outre, les premiers signes d'amélioration de l'économie américaine, le mouvement de désinflation engagé en Europe et les baisses d'impôt décidées par mon Gouvernement et dont les effets se feront particulièrement sentir à partir de septembre prochain contribueront à raffermir la croissance.
Sa vitalité, la communauté française la doit également à celles et ceux qui font vivre son réseau culturel, pilier des échanges franco-roumains. Grâce à leur dévouement et à leur disponibilité, nos centres culturels de Timisoara, Iasi et Cluj, ainsi que les Alliances françaises de Brasov, Craiova, Constantsa, Ploiesti et Pitesti connaissent un grand succès. Notre coopération avec la Roumanie remplit pleinement les objectifs qui sont les siens, dans les domaines des échanges universitaires, de la diffusion du français, de la formation et de la recherche.
Certains d'entre vous s'investissent personnellement pour soutenir le redressement de la Roumanie. Je tiens à rendre hommage à ceux, présents ici ce soir, qui s'impliquent quotidiennement dans une coopération active et variée, ou dans un engagement associatif, notamment dans les domaines de l'accompagnement social ou du développement.
Le Gouvernement veille à aider ceux qui, dans leur vie d'expatriés, peuvent rencontrer certaines difficultés. J'ai été particulièrement attentif à ce que des solutions concrètes soient apportées aux questions prioritaires qui se posent aux Français résidant à l'étranger, qu'il s'agisse de la lutte contre l'exclusion -qui frappe malheureusement certains de nos compatriotes-, des problèmes liés au cumul des cotisations de retraite des fonctionnaires de l'Etat détachés à l'étranger, ou encore de la réforme de la Caisse des Français de l'étranger. Je me réjouis que l'accroissement du fonds d'action sociale de cette dernière, décidé l'année dernière, ait permis l'adhésion de près de 25.000 Français supplémentaires sans que l'équilibre de la Caisse n'en soit affecté.
Ici, à Bucarest, ceux d'entre vous qui ont des enfants s'interrogent sur l'avenir du lycée français, dont les locaux actuels sont trop exigus. Le Gouvernement est conscient de cette difficulté. Il a d'ores et déjà engagé les mesures nécessaires pour que cet établissement puisse continuer à remplir sa mission au sein de votre communauté.
Chers compatriotes,
Tous ensemble, vous contribuez à donner de la France l'image d'un pays européen moderne et dynamique qui peut renforcer chez les Roumains, le désir de nous rejoindre dans l'Union européenne.
Devant vous, je tiens à répéter une nouvelle fois le soutien de la France à la candidature roumaine.

Notre soutien est tout d'abord politique. Nous avons pesé de tout notre poids au Conseil européen de Luxembourg qui s'est tenu en décembre 1997 pour que la Roumanie figure dans la liste des pays candidats. Nous l'avons fait à nouveau lors du Conseil européen d'Helsinki, en décembre 1999, pour que soient ouvertes les négociations d'adhésion. Je me félicite également que la Présidence française ait permis de faire progresser le dossier de la Roumanie, avec l'ouverture de quatre nouveaux chapitres de négociation.

Notre Présidence a aussi permis d'avancer sur la question symbolique de la levée de l'obligation de visa de court séjour. En décembre 2000, nous avons obtenu une décision de principe en faveur de la suppression des visas pour la Roumanie. Sa mise en uvre doit maintenant être décidée par le Conseil européen. En outre, je note avec satisfaction que la Commission européenne vient de recommander aux pays membres la suppression des visas de court séjour pour la Roumanie à compter du 1er janvier 2002. Ceci suppose naturellement que le gouvernement roumain continue de renforcer les contrôles à ses frontières et de lutter contre l'immigration clandestine. Pour l'aider dans cette tâche, Daniel VAILLANT, ministre de l'Intérieur, présent aujourd'hui à mes côtés, a proposé à son homologue roumain l'expertise de la France.
Notre soutien est également opérationnel. Mon pays est aux côtés de la Roumanie dans la préparation de son adhésion. Le Gouvernement a attaché une importance toute particulière aux jumelages institutionnels dans le cadre du programme PHARE. La France est désormais partie prenante dans vingt-deux de ces jumelages, dont dix-neuf comme chef de file, et le premier partenaire de la Roumanie dans cette coopération qui s'étend à presque tous les domaines de l'activité publique : finance, agriculture, justice, affaires intérieures et sociales, environnement ou audiovisuel. J'ai proposé au Premier ministre, M. Adrian NASTASE, de renforcer encore davantage, s'il le souhaite, notre coopération dans le processus d'élargissement, notamment dans le domaine de la protection de l'enfance, une cause qui mobilise depuis plus de dix ans de nombreuses collectivités locales et organisations non-gouvernementales françaises. Il y a quelques instants, Pierre MOSCOVICI et son homologue () ont signé un programme franco-roumain de coopération couvrant tous les volets de cette question préoccupante, avec un accent particulier sur la prévention et la réinsertion dans les familles. Je m'en réjouis.
Mes cher(e) compatriotes,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens à vous remercier de représenter si bien la France et à vous témoigner ma confiance. Vous assurez ici en Roumanie le rayonnement de notre pays et défendez nos intérêts dans cette partie de l'Europe. Vous veillez également à ce que notre amitié deux fois centenaire avec le peuple roumain continue à vivre au rythme des transformations économiques et politiques, vous renouvelez sans cesse nos liens par une coopération serrée, et vous accompagnez ce pays ami sur le chemin de l'Europe. Rien de tout cela ne serait possible sans votre dévouement, votre compétence et votre cur.
(source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 25 juillet 2001)