Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur la réforme de la politique agricole commune, à Paris le 27 février 2012.

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Circonstance : Salon international de l'agriculture, à la porte de Versailles, à Paris le 27 février 2012

Texte intégral

Mesdames et messieurs,
Cinquante ans de Politique Agricole Commune, c’est en réalité cinquante ans de progrès de l’agriculture européenne.
Il y a cinquante ans, la question qui était posée était celle de savoir si l’Europe serait capable de surmonter les défis de la compétition mondiale, de savoir si l’Europe serait capable de produire pour un monde dont la population augmente, et dont les besoins alimentaires sont en augmentation, c’était la question de savoir si, progressivement, l’Europe serait capable d’adapter ses modes de production aux contraintes environnementales.
Sur tous ces sujets, la Politique Agricole Commune a été source de progrès. Sur tous ces sujets, la Politique Agricole Commune a permis d’atteindre les objectifs qui avaient été fixés il y a cinquante ans.
Et c’est pour moi un grand honneur de célébrer, ici, dans ce qui est sans doute la plus grande manifestation agricole européenne, le Salon de l’agriculture, en compagnie du commissaire Ciolos qui fait un travail formidable et qui a une vraie sensibilité pour défendre les dossiers agricoles, j’ai envie de dire, en communauté de pensée très souvent avec les agriculteurs français, avec cette volonté de produire, cette volonté de moderniser mais, en même temps, cette volonté de conserver des traditions, de conserver des races qui pourraient être en voie de disparition, de conserver une diversité qui fait le charme et qui, au fond, est à l’origine des valeurs qui sont les valeurs européennes.
Alors, ce qu’il faut maintenant, c’est évidemment, permettre à cette Politique Agricole Commune de se renouveler. On a mené un combat très difficile pour faire en sorte que le budget de la Politique Agricole Commune soit sécurisé, je crois que nous y sommes parvenus, il y a désormais un accord très large pour que ce budget agricole soit maintenu. Ça n'a pas été facile, chacun sait qu'il y a certain nombre de pays en Europe qui ne partagent pas notre enthousiasme pour la Politique Agricole Commune qui auraient aimé qu'on la diminue, soit pour diminuer le Budget européen - c'est le cas de ceux qui veulent moins d'Europe -, soit pour faire autre chose à l'intérieur d'un Budget européen qui est contraint par la situation économique et financière qui est celle de l'Europe.
Nous nous sommes battus pour que la Politique Agricole Commune bénéficie des mêmes ressources. Et maintenant on va continuer à se battre pour que cette Politique Agricole commune change, qu'elle évolue, qu'elle tienne compte des nouveaux enjeux.
Il y a deux sujets qui pour nous Français sont très importants.
Le premier, c'est de continuer à développer des instruments de régulation ; il y a eu une époque ou il était à la mode de détruire tout les systèmes de régulation, on a vu que cela avait des résultats désastreux, donc, nous, nous voulons des instruments de régulation, c'est ce que nous avons notamment réclamé sur la question du lait.
Et deuxièmement, nous voulons que les droits à produire soient protégés parce que aujourd'hui la question ça n'est pas de produire moins, c'est de produire plus.
Et puis enfin, pour terminer, je voudrais dire que, d'une manière plus générale, en dépassant la question de la Politique Agricole Commune, dans le monde qui est le notre aujourd'hui compte-tenu de la compétition extrêmement rude à laquelle nous sommes soumis, et qui est une compétition qui est naturelle dans un monde qui compte de plus en plus d'habitants, et d'habitants qui aspirent au développement, la seule façon de défendre nos identités, de défendre nos terroirs, de défendre notre culture, de défendre nos valeurs, c'est une intégration européenne plus forte, parce que c'est cette intégration européenne qui nous permettra de défendre la civilisation européenne, et ça, c'est un combat auquel participe l'agriculture comme l'ensemble des secteurs de notre économie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 28 février 2012