Texte intégral
Un mot sur la raison de ma présence ici, à savoir la réunion dite du Pacte de Paris. Vous vous souvenez que cest une initiative que nous avions prise en 2003, que nos amis russes ont relayée. Cest une initiative utile, des progrès ont été réalisés mais une nouvelle impulsion politique était nécessaire, et cest lobjet de la réunion daujourdhui.
Je me réjouis donc que lensemble des participants ait pu se retrouver sur la même volonté de lutter contre ce fléau que constitue le trafic de drogue.
Un mot ensuite sur lIran. Mme Ashton a reçu de son interlocuteur iranien M. Jalili une réponse à sa lettre doctobre de lannée dernière, cette lettre a été mise en circulation. À nos yeux elle reste encore ambigüe, mais elle constitue vraisemblablement un début douverture de la part de lIran qui se dit prêt à parler de son programme nucléaire.
Nous aurons loccasion de tester la sincérité de lIran à loccasion de la mission des inspecteurs de lAgence internationale de lÉnergie atomique qui se rendra sur place le 20 et le 21 février prochains. Si lIran montre quil est vraiment disposé à discuter, à montrer à la fois ses sites et ses documents, je pense que les conditions pourraient être, à ce moment-là, réunies pour reprendre des discussions. Il était fait état dans lettre de M. Jalili dune procédure étape par étape : pour la France la première étape ne saurait être la levée des sanctions à titre de précondition. Il revient à lIran de faire le premier la démonstration de sa bonne volonté.
Enfin, le troisième sujet dont je voudrais vous parler, cest la Syrie bien sûr. Jai eu un long entretien avec Sergueï Lavrov ce matin. Nous avons constaté que nous étions en désaccord sur lanalyse de la situation. Pour moi les choses sont claires : cest un régime tyrannique, qui réprime un mouvement populaire daspiration à la liberté et à la démocratie.
La plupart des manifestants se battent à mains nues, certains groupes se sont armés, mais cest le résultat de lobstination de Bachar El Assad à refuser le dialogue, et on ne peut reprocher à personne de se défendre et de défendre les populations civiles.
Notre deuxième désaccord porte sur la résolution au Conseil de sécurité qui a fait lobjet dun veto russe : largument selon lequel on pourrait se retrouver dans une situation à la libyenne est un mauvais prétexte, et je lai redit à Sergueï Lavrov, car il est clairement indiqué dans cette résolution quil ny aura pas doption militaire.
Alors aujourdhui, où en sommes-nous ? Nous pouvons peut-être nous retrouver sur un objectif de très court terme qui est larrêt des massacres. Il faut tout faire pour que la violence cesse, et quune aide humanitaire importante soit apportée à la population syrienne, qui est dans une situation épouvantable. Jai rencontré à Paris, il y a 48 H, des ONG qui essaient de travailler en Syrie, et qui mont décrit des scènes horribles, à Homs ou ailleurs.
Nous sommes donc prêts à travailler à New York à un projet de résolution qui sinspirerait des propositions de la Ligue arabe : arrêt des violences, bien sûr, aide humanitaire aussi. Jai cru comprendre que lidée que javais lancée de «corridor humanitaire» nétait pas aussi inadaptée que cela. Jen ai reparlé avec le Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, qui est tout à fait prêt aussi à travailler dans cette perspective.
Mais, nous ne sommes pas naïfs, et pour nous, il nest pas question daccepter le statu quo politique en Syrie.
Cest la raison pour laquelle nous voulons continuer à travailler avec la Ligue arabe pour la mise en uvre de son plan de transition politique, dont les Russes ne contestent pas dailleurs, si jai bien compris, la logique, et qui consiste à transférer le pouvoir au vice-président syrien, à constituer un gouvernement de réconciliation nationale et à préparer des élections libres.
Il va de soi que la proposition de référendum qui vient dêtre faite par Bachar El Assad est une farce supplémentaire !. Comment peut-on proposer un référendum le 26 février alors quon continue à tirer au canon sur des populations innocentes dans certaines villes syriennes ?
Et donc nous allons continuer à travailler à soutenir ce plan de la Ligue arabe, et ce sera lun des objectifs de la réunion du Groupe des amis du peuple syrien à Tunis, idée lancée par le président Sarkozy et que la Ligue arabe a faite sienne. Nous préparons cette réunion de Tunis avec nos partenaires pour envoyer un message fort de soutien, je le répète, à cette transition politique, en espérant que la pression sur ceux qui bloquent toute décision du Conseil de sécurité et sur le régime syrien lui-même pourra faire évoluer les choses. Voilà où nous en sommes sur ce que jhésite à qualifier de «dossier syrien», parce que cest dabord une tragédie humaine syrienne.
Q - Y a-t-il la possibilité denvisager que la France fasse cavalier seul en ce qui concerne laide humanitaire par exemple ?
R - Non, il nest pas question de faire cavalier seul. Nous essayons déjà daider les populations syriennes, et cest la raison pour laquelle nous navons pas fermé notre ambassade. Jai rappelé notre ambassadeur en consultation mais lambassade reste ouverte parce quelle est un point de contact pour les populations en difficulté. En revanche, il est clair que laide humanitaire ne peut se concevoir que dans un cadre multinational, et sous mandat des Nations unies. Cest la raison pour laquelle jai évoqué cette possible résolution. Nous y participerions bien sûr dans cette hypothèse-là.
Q - Lenvoi du vice-Premier ministre des Affaires étrangères, je crois chinois, est-ce que pour vous cest une manuvre dilatoire, ou bien est-ce que ça peut apporter peut-être une pression supplémentaire, ou un résultat ?
R - Toutes les pressions sont bienvenues, même si vous imaginez quil est difficile pour la France de considérer quun ministre chinois puisse exprimer sa position.
Ce à quoi nous sommes prêts en revanche, cest à la désignation dun envoyé spécial des Nations unies en liaison avec la Ligue arabe, qui pourrait jouer ce rôle dintermédiaire, et si M. Ban Ki-moon décidait de sorienter dans cette direction, nous le soutiendrons bien sûr.
Q - Sur le Pacte de Paris, comment est-ce que vous expliquez le fait quil ny ait pas encore eu davancées, et en quoi la déclaration de Vienne pourrait améliorer la situation ?
R - Il y eu des avancées. La production dopiacés en Afghanistan fluctue : il y a des périodes où elle a diminué, et aujourdhui elle est plutôt en croissance, le ministre afghan nous a expliqué que plusieurs régions étaient désormais «poppy free», je ne suis pas allé vérifier la liste exacte des provinces, mais il y a des progrès et il y a surtout une forte mobilisation internationale et en particulier une dynamique qui sest créée entre le Pakistan, lIran et lAfghanistan, ce qui nétait pas évident ; cest un combat de très longue durée.
Nulle part au monde nest-on arrivé à stopper ces trafics, qui mettent en cause des sommes faramineuses, du jour au lendemain, il faudra du temps, beaucoup de temps mais je pense que ce processus est tout à fait utile, et vous avez vu quil a rassemblé un grand nombre de responsables européens et extra-européens.
Q - Est-ce vous pensez que cest possible de ramener la Russie vers justement le Groupe des amis de la Syrie, de les associer dune manière ou dune autre ? Ce serait un point dancrage pour avancer.
R - Tout dépend de la Russie. Si la Russie est prête à soutenir activement la mise en uvre des plans de la Ligue arabe, ce qui constitue lobjectif de la réunion du Groupe des amis du peuple syrien, il ny a aucune raison de ne pas lassocier. Si la Russie est prête à travailler avec nous au Conseil de sécurité pour une résolution équilibrée sur laide humanitaire, elle est la bienvenue.
Q - Et-ce que cest quelque chose que vous avez abordé avec M. Lavrov ?
R - Oui, bien sûr, je crois même quil a expliqué tout à lheure dans son point de presse quil nétait pas hostile à participer à un tel travail, et M. Ban Ki-moon a indiqué quil devait rencontrer Sergueï Lavrov cet après-midi et quil lui en parlerait.
Q - Vous a-t-il parlé dun envoyé spécial ?
R - Je ne sais pas, je dis ce que ma dit M. Ban Ki-moon.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 février 2012
Je me réjouis donc que lensemble des participants ait pu se retrouver sur la même volonté de lutter contre ce fléau que constitue le trafic de drogue.
Un mot ensuite sur lIran. Mme Ashton a reçu de son interlocuteur iranien M. Jalili une réponse à sa lettre doctobre de lannée dernière, cette lettre a été mise en circulation. À nos yeux elle reste encore ambigüe, mais elle constitue vraisemblablement un début douverture de la part de lIran qui se dit prêt à parler de son programme nucléaire.
Nous aurons loccasion de tester la sincérité de lIran à loccasion de la mission des inspecteurs de lAgence internationale de lÉnergie atomique qui se rendra sur place le 20 et le 21 février prochains. Si lIran montre quil est vraiment disposé à discuter, à montrer à la fois ses sites et ses documents, je pense que les conditions pourraient être, à ce moment-là, réunies pour reprendre des discussions. Il était fait état dans lettre de M. Jalili dune procédure étape par étape : pour la France la première étape ne saurait être la levée des sanctions à titre de précondition. Il revient à lIran de faire le premier la démonstration de sa bonne volonté.
Enfin, le troisième sujet dont je voudrais vous parler, cest la Syrie bien sûr. Jai eu un long entretien avec Sergueï Lavrov ce matin. Nous avons constaté que nous étions en désaccord sur lanalyse de la situation. Pour moi les choses sont claires : cest un régime tyrannique, qui réprime un mouvement populaire daspiration à la liberté et à la démocratie.
La plupart des manifestants se battent à mains nues, certains groupes se sont armés, mais cest le résultat de lobstination de Bachar El Assad à refuser le dialogue, et on ne peut reprocher à personne de se défendre et de défendre les populations civiles.
Notre deuxième désaccord porte sur la résolution au Conseil de sécurité qui a fait lobjet dun veto russe : largument selon lequel on pourrait se retrouver dans une situation à la libyenne est un mauvais prétexte, et je lai redit à Sergueï Lavrov, car il est clairement indiqué dans cette résolution quil ny aura pas doption militaire.
Alors aujourdhui, où en sommes-nous ? Nous pouvons peut-être nous retrouver sur un objectif de très court terme qui est larrêt des massacres. Il faut tout faire pour que la violence cesse, et quune aide humanitaire importante soit apportée à la population syrienne, qui est dans une situation épouvantable. Jai rencontré à Paris, il y a 48 H, des ONG qui essaient de travailler en Syrie, et qui mont décrit des scènes horribles, à Homs ou ailleurs.
Nous sommes donc prêts à travailler à New York à un projet de résolution qui sinspirerait des propositions de la Ligue arabe : arrêt des violences, bien sûr, aide humanitaire aussi. Jai cru comprendre que lidée que javais lancée de «corridor humanitaire» nétait pas aussi inadaptée que cela. Jen ai reparlé avec le Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, qui est tout à fait prêt aussi à travailler dans cette perspective.
Mais, nous ne sommes pas naïfs, et pour nous, il nest pas question daccepter le statu quo politique en Syrie.
Cest la raison pour laquelle nous voulons continuer à travailler avec la Ligue arabe pour la mise en uvre de son plan de transition politique, dont les Russes ne contestent pas dailleurs, si jai bien compris, la logique, et qui consiste à transférer le pouvoir au vice-président syrien, à constituer un gouvernement de réconciliation nationale et à préparer des élections libres.
Il va de soi que la proposition de référendum qui vient dêtre faite par Bachar El Assad est une farce supplémentaire !. Comment peut-on proposer un référendum le 26 février alors quon continue à tirer au canon sur des populations innocentes dans certaines villes syriennes ?
Et donc nous allons continuer à travailler à soutenir ce plan de la Ligue arabe, et ce sera lun des objectifs de la réunion du Groupe des amis du peuple syrien à Tunis, idée lancée par le président Sarkozy et que la Ligue arabe a faite sienne. Nous préparons cette réunion de Tunis avec nos partenaires pour envoyer un message fort de soutien, je le répète, à cette transition politique, en espérant que la pression sur ceux qui bloquent toute décision du Conseil de sécurité et sur le régime syrien lui-même pourra faire évoluer les choses. Voilà où nous en sommes sur ce que jhésite à qualifier de «dossier syrien», parce que cest dabord une tragédie humaine syrienne.
Q - Y a-t-il la possibilité denvisager que la France fasse cavalier seul en ce qui concerne laide humanitaire par exemple ?
R - Non, il nest pas question de faire cavalier seul. Nous essayons déjà daider les populations syriennes, et cest la raison pour laquelle nous navons pas fermé notre ambassade. Jai rappelé notre ambassadeur en consultation mais lambassade reste ouverte parce quelle est un point de contact pour les populations en difficulté. En revanche, il est clair que laide humanitaire ne peut se concevoir que dans un cadre multinational, et sous mandat des Nations unies. Cest la raison pour laquelle jai évoqué cette possible résolution. Nous y participerions bien sûr dans cette hypothèse-là.
Q - Lenvoi du vice-Premier ministre des Affaires étrangères, je crois chinois, est-ce que pour vous cest une manuvre dilatoire, ou bien est-ce que ça peut apporter peut-être une pression supplémentaire, ou un résultat ?
R - Toutes les pressions sont bienvenues, même si vous imaginez quil est difficile pour la France de considérer quun ministre chinois puisse exprimer sa position.
Ce à quoi nous sommes prêts en revanche, cest à la désignation dun envoyé spécial des Nations unies en liaison avec la Ligue arabe, qui pourrait jouer ce rôle dintermédiaire, et si M. Ban Ki-moon décidait de sorienter dans cette direction, nous le soutiendrons bien sûr.
Q - Sur le Pacte de Paris, comment est-ce que vous expliquez le fait quil ny ait pas encore eu davancées, et en quoi la déclaration de Vienne pourrait améliorer la situation ?
R - Il y eu des avancées. La production dopiacés en Afghanistan fluctue : il y a des périodes où elle a diminué, et aujourdhui elle est plutôt en croissance, le ministre afghan nous a expliqué que plusieurs régions étaient désormais «poppy free», je ne suis pas allé vérifier la liste exacte des provinces, mais il y a des progrès et il y a surtout une forte mobilisation internationale et en particulier une dynamique qui sest créée entre le Pakistan, lIran et lAfghanistan, ce qui nétait pas évident ; cest un combat de très longue durée.
Nulle part au monde nest-on arrivé à stopper ces trafics, qui mettent en cause des sommes faramineuses, du jour au lendemain, il faudra du temps, beaucoup de temps mais je pense que ce processus est tout à fait utile, et vous avez vu quil a rassemblé un grand nombre de responsables européens et extra-européens.
Q - Est-ce vous pensez que cest possible de ramener la Russie vers justement le Groupe des amis de la Syrie, de les associer dune manière ou dune autre ? Ce serait un point dancrage pour avancer.
R - Tout dépend de la Russie. Si la Russie est prête à soutenir activement la mise en uvre des plans de la Ligue arabe, ce qui constitue lobjectif de la réunion du Groupe des amis du peuple syrien, il ny a aucune raison de ne pas lassocier. Si la Russie est prête à travailler avec nous au Conseil de sécurité pour une résolution équilibrée sur laide humanitaire, elle est la bienvenue.
Q - Et-ce que cest quelque chose que vous avez abordé avec M. Lavrov ?
R - Oui, bien sûr, je crois même quil a expliqué tout à lheure dans son point de presse quil nétait pas hostile à participer à un tel travail, et M. Ban Ki-moon a indiqué quil devait rencontrer Sergueï Lavrov cet après-midi et quil lui en parlerait.
Q - Vous a-t-il parlé dun envoyé spécial ?
R - Je ne sais pas, je dis ce que ma dit M. Ban Ki-moon.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 février 2012