Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur les forces et les faibleses des filières industrielles en France et les mesures adoptées pour défendre l'industrie française, à l'Isle d'Abeau le 9 mars 2012.

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Circonstance : Visite du centre de recherche et développement du groupe Vicat à L'Isle d'Abeau (Isère), sur le thème de l'industrie en France, à l'Isle d'Abeau le 9 mars 2012

Texte intégral

Mesdames et Messieurs, avant, Monsieur le président, de vous remercier pour votre accueil, je voudrais me réjouir de l’accord qui est intervenu cette nuit entre les créanciers privés grecs et le Gouvernement de ce pays. Petit à petit, semaine après semaine, nous mettons en place le plan qui est en train de sécuriser la zone euro. Ce plan si décrié, ce plan dont beaucoup avaient prédit qu’il ne réussirait pas et qui est l’œuvre de l’engagement du président de la République française et de la chancelière allemande, ce plan a déjà permis, dans un premier temps, de faire baisser les attaques spéculatives sur la monnaie européenne, il a permis de faire baisser, de façon spectaculaire, les taux d’intérêt auxquels nous empruntons puisqu’aujourd'hui, la France emprunte à dix ans à 2,7 ou 2,8 %, ce qui est un taux que nous n’avons jamais, quasiment jamais connu dans notre histoire. L’Italie, qui empruntait encore, il y a quelques semaines, à 7 % est passée hier en dessous de 4,6 %. Et ces banquiers, sur lesquels on n’a jamais de mots assez durs, ont accepté de renoncer à 83 % de leurs créances en Grèce, soit plus de cent trois ou cent quatre milliards d’euros.
Je ne pense pas que ce sujet soit totalement décalé par rapport à la visite que nous venons faire et par rapport aux propos que je vais tenir. Ça signifie que la zone euro se redresse petit à petit, ça ne veut pas dire que tout est réglé. Ça veut dire aussi qu’il faut croire dans le projet européen et il faut avoir le courage de mettre en place des solutions qui sont parfois des solutions difficiles, qui sont des solutions obtenues après de longs compromis mais qui sont en train de démontrer au monde entier que l’Europe, la zone euro sont solidaires, qu’elles résisteront et que nous ne nous laisserons pas bousculer.
Alors, il y a quelques jours, je visitais, sur le plateau de Saclay, des sites de recherche et développement d’entreprises et des centres de recherche scientifique et j’étais particulièrement impressionné par, au fond, la profession de foi en l’avenir que représente cette cohabitation sur un même lieu de cette recherche privée, de cette recherche appliquée et des centres de recherche académiques. Eh bien en visitant cet après-midi votre site de recherche et développement, c’est, au fond, le même esprit d’innovation que je viens de retrouver, une innovation dédiée au progrès de l’industrie française.
Ce que j’ai vu ce matin dans votre structure familiale montre qu’il n’y a pas de modèle écrit pour l’innovation, que l’innovation, c’est avant tout un état d’esprit et une dynamique. Vos succès prouvent aussi qu’aucun secteur n’en est exclu de cette démarche. On entend parfois dire que certaines filières industrielles n’auraient plus leur place dans notre pays parce qu’elles seraient trop « traditionnelles » et qu’elles devraient, au fond, être laissées aux pays émergents. Je ne crois pas à ces généralités, je crois, au contraire, que votre entreprise est la meilleure preuve qu’il existe, dans les filières traditionnelles, des pôles d’innovation, des segments où nous sommes compétitifs, grâce à un savoir-faire spécifique.
Ce savoir-faire, il faut, comme vous le faites ici, le renforcer, il faut le renouveler. Ses succès, votre entreprise les doit à une idée géniale, celle de Louis VICAT, jeune diplômé de l’ÉCOLE POLYTECHNIQUE et des PONTS ET CHAUSSÉES, qui a révélé au monde le principe de la chaux et du ciment artificiels. Mais une idée géniale surgie en 1812 ne suffit pas à faire une entreprise dynamique en 2012, il a fallu de la persévérance, il a fallu une vision pour bâtir cette réussite et vous pouvez en être fiers. Et je voudrais saluer tous ceux et toutes celles qui contribuent chaque jour à ce succès par leur travail.
Aujourd'hui, pour défendre notre industrie, nous avons, au fond, deux défis à relever. D’abord, l’industrie française doit se remettre des coups que la crise lui a portés. Nous sommes sur la bonne voie puisque sur l’année 2011, pour la deuxième année consécutive, la production industrielle globale est en hausse dans notre pays. C’est une bonne nouvelle, même si nous sommes toujours à un niveau inférieur à celui que nous avions connu avant la crise.
Mais au-delà de la conjoncture, chacun le comprend bien, l’industrie connaît une évolution structurelle que nous allons devoir inverser et que nous devrons inverser grâce à des réformes profondes, grâce à des mesures fortes. Je pense, évidemment, aux quatre millions de salariés de l’industrie en l’an 2000 qui ne sont plus, aujourd'hui, dans notre pays, que 3,3 millions. Les causes de ces difficultés, vous les connaissez, ce sont les mouvements d’externalisation, c’est la recherche de gains de productivité qui ne passe pas toujours pas notre territoire parce que notre compétitivité n’est pas maximale, et ce sont les délocalisations.
Évidemment, cette évolution, qui est une évolution engagée depuis longtemps, a été accélérée par la crise de 2008. Au plus fort de cette crise, nous n’utilisions, en France, qu’une faible partie de nos capacités de production, un peu moins de 70 %. Et, concrètement, quand les capacités de production tournent en dessous de 70 %, ça veut dire qu’on réduit d’abord le recours à l’intérim puis ensuite, qu’on est amené à mettre en cause l’emploi lui-même.
Aujourd’hui, nous sommes presque revenus à notre taux de capacité de production habituel, aux alentours de 85 %. Et pour la première fois depuis dix ans, l’emploi industriel s’est stabilisé dans notre pays. Nous avons des handicaps, bien sûr. Il faut les regarder en face, il faut les traiter. Nous avons des défis à relever. Le premier, au fond, et le plus important, c’est celui de la concurrence internationale. Et là encore, il ne faut pas nous faire d’illusions sur la dureté des combats qui sont devant nous, mais nous devons repousser ce sentiment de faiblesse, ce sentiment d’impuissance, ce complexe d’infériorité que nous avons parfois et qui mine notre pays et qui nous rend aveugles sur nos propres forces et sur nos propres atouts.
Malgré les difficultés, la productivité horaire reste élevée en France, nous avons des travailleurs de qualité, nos personnels techniques ont reçu d’excellentes formations, nous possédons des entreprises qui sont des leaders mondiaux, nous avons, en France, une recherche de très haut niveau et notre pays continue d’attirer les investissements étrangers. D’ailleurs, j’en profite pour vous annoncer que nous venons d’apprendre ce matin même la décision du groupe Toray, du groupe japonais TORAY, d’investir cent vingt millions d’euros dans une unité, ce qu’on appelle une unité de production de précurseurs, à Lacq. Nous avions soutenu cette candidature avec beaucoup de force. Nous étions en compétition avec beaucoup d’autres États européens. Et la décision récente de l’État de soutenir le projet de cluster Lacq Chimie 2030 – à travers une aide de près de six millions d’euros sur ce qu’on appelle les Investissements d’Avenir – a sans doute permis de débloquer cette décision d’investissement qui montre que notre pays reste un pays qui est attractif aux investissements étrangers.
Mais voilà, malgré tous ces atouts, malgré notre potentiel, nous sommes encore ralentis, dans la compétition que nous devons livrer, par des faiblesses. Le niveau des charges et des règlements qui pèsent sur nos entreprises reste élevé. L’accès au financement doit être amélioré. C’est vrai que dans ce domaine, nous avons su limiter la casse pendant la crise, mais il y a encore des efforts à faire si nous voulons continuer à investir dans l’industrie. Certains dispositifs de formation sont inadaptés aux besoins réels des salariés et des entreprises industrielles. Et enfin, le monde de la recherche et celui de l’industrie ont encore des progrès à faire pour resserrer leurs liens.
Ce sont des questions sur lesquelles votre entreprise est confrontée en permanence. L’industrie cimentière nécessite, en effet, des investissements lourds, mais vous avez parfaitement compris qu’on n’attend pas la croissance comme une subvention qu’il faut aller chercher. Les thèmes de recherche que vous avez choisi de traiter ici sont au cœur des problématiques actuelles, à commencer par l’amélioration de l’efficacité énergétique : celle des cimenteries d’abord, celle des bâtiments ensuite, l’utilisation des déchets au lieu des combustibles fossiles souvent importés et la mise au point de nouveaux ciments qui sont moins émetteurs de CO².
En investissant ainsi dans des activités de recherche de haut niveau, VICAT a su se positionner dans une économie qui est totalement mondialisée, elle a su améliorer la performance économique de ses usines et elle a su, en gardant ses centres de décision ici en France, aller chercher la croissance dans des pays émergents et je me réjouis d’avoir pu seconder vos projets il y a quelques années au Kazakhstan.
Quand j’entends dire que la désindustrialisation de la France est une fatalité et qu’on pourrait, au fond, se passer d’une industrie et se contenter des services, je dis que c’est une grave erreur. Et avec le président de la République, nous nous y sommes toujours refusés parce qu’à nos yeux, une nation moderne est une nation qui produit, c’est une nation qui innove et c’est une nation qui invente. Une nation moderne, c’est une nation qui a besoin de services, qui a besoin d’agriculteurs, qui a besoin d’ingénieurs et qui a besoin d’ouvriers.
L’industrie cimentière, en France, ce sont, justement, cinq mille salariés environ, ce sont cinquante mille emplois directs. Une personne sur six travaille dans l’industrie et il y a, en France, un destin industriel que nous devons protéger et que nous devons encourager. C’est ce que nous avons essayé de faire avec la réforme de la taxe professionnelle qui a permis de réduire de cinq milliards d’euros de manière nette la charge fiscale qui pèse sur les entreprises et avec un bénéfice plus important pour les entreprises industrielles que pour les services. Et je veux redire à nouveau que ceux qui critiquent cette réforme feraient bien, au fond, d’écouter les besoins et les demandes qui sont ceux des entrepreneurs qui se battent, justement, pour continuer à produire en France.
Nous avons préservé les capacités de financement de l’industrie et donc les capacités d’investissement des entreprises industrielles, notamment en sécurisant nos banques au plus fort de la crise, puis ensuite, en mettant en place la médiation du crédit qui a permis d’éviter beaucoup d’accidents financiers.
Enfin, parce qu’il faut fédérer nos forces industrielles, nous nous sommes dotés des moyens de penser notre politique industrielle par filières et nous avons encouragé les acteurs à s’organiser. C’est notamment le rôle de la Conférence nationale de l’industrie qui a été créée en 2010 et de ses comités stratégiques de filières. Les entreprises, les organisations syndicales, les personnels qualifiés ont fait, je crois, un travail remarquable ensemble. Ils viennent de m’adresser un rapport qui expose très clairement les forces et les faiblesses des filières industrielles françaises et c’est à partir de ce point de départ que nous allons orienter nos efforts.
Parmi ces faiblesses notamment pointées par le rapport que je viens d’évoquer, il y a le coût du travail, le coût du travail lié non pas aux salaires mais lié au poids des charges sociales qui se sont accumulées sur le travail. Alors même que la période électorale – vous avez sans doute noté qu’on était en période électorale – aurait pu nous inciter à l’inaction, aurait pu nous inciter à attendre, nous avons décidé, avec le président de la République, de nous attaquer sans attendre à cette question parce que la bataille qui est engagée, la bataille qui est engagée dans le cadre de la compétition internationale, elle, n’attend pas. Et donc nous avons choisi délibérément d’augmenter la TVA pour financer la baisse du coût du travail. C’est un choix stratégique pour notre industrie, c’est un choix stratégique pour nos emplois, c’est un choix qui nous permet, grosso modo, de baisser de 5,6 % le coût du travail sur les emplois industriels, c’est-à-dire qui nous permet de nous mettre au niveau et même sans doute un peu mieux que le niveau de l’industrie allemande.
Cette réforme du financement de la protection sociale va concerner 80 % des salariés de l’industrie. Elle va permettre aux entreprises industrielles de réduire leurs coûts de production et donc de devenir plus compétitives pour gagner des parts de marché à l’export. J’entends souvent dire qu’au fond, 5,4 %, c’est peu et ça ne nous permettra pas de concurrencer nos concurrents chinois. D’abord, ça nous permet de concurrencer nos partenaires européens, mais je pense que les chefs d’entreprise qui sont ici ne me contrediront pas si je dis que, bien souvent, dans une compétition sur un marché, ça se joue à très peu de chose, ça se joue à 1, 2 ou 3 %, et c’est là que se fait la différence. Et à chaque fois qu’on peut serrer les coûts du travail, on gagne en compétitivité et donc on gagne en capacité d’exportation et en capacité sur les marchés internationaux.
La deuxième faiblesse de notre industrie, c’est celle de son financement. Nous avons mis en place, depuis cinq ans, des outils de financement innovants. Je pense en particulier à OSEO plutôt pour les petites et moyennes entreprises et au Fonds stratégique qui, pour la première fois, permet à l’État d’investir en capital dans des entreprises qui sont des entreprises en croissance et dont l’avenir, au fond, est très dépendant des filières les plus innovantes dans notre pays. Nous allons poursuivre cet effort en mettant en place une banque de l’industrie qui sera dotée d’un milliard d’euros de fonds propres pour démarrer et qui nous permettra d’accorder plus de douze milliards d’euros de prêts bancaires aux entreprises industrielles.
Ces réformes sont indispensables mais, au fond, ces réformes, elles nous ramènent à une évidence : ce qui fera nos emplois de demain, c’est l’innovation. Une industrie sans innovation, c’est une industrie qui est vouée, de toute façon, à disparaître. C’est la raison pour laquelle nous avons pris une décision stratégique il y a cinq ans très critiquée à l’époque, aujourd'hui plébiscitée quasiment par tout le monde, nous avons triplé le crédit impôt recherche et, de cette manière, nous avons placé notre pays au meilleur niveau dans les pays développés en matière de financement de la recherche.
Cette mesure a été décisive ; personne, d’ailleurs, ne la remet en cause aujourd’hui, sauf pour dire qu’il faudrait la réserver aux seules petites et moyennes entreprises, ce qui est absurde parce que la dynamique industrielle, elle est tirée par les grands groupes comme par les plus petits. Et si on pouvait, un jour, dans notre pays, cesser d’opposer les uns aux autres et cesser en particulier d’opposer les grandes entreprises aux petites entreprises, on ferait un immense progrès car qui peut imaginer que les grandes entreprises sont un handicap pour la France ? Qui pourrait imaginer, qui peut dire que le fait d’avoir un certain nombre d’entreprises qui sont des leaders mondiaux, qui sont des entreprises qu’on nous envie dans le monde entier, c’est un handicap pour notre pays ? Et qui peut nier que ces grandes entreprises sont souvent les moteurs d’un secteur industriel qui, lui-même, permet à des PME de se créer et de se développer ?
Ce sont près de cinq milliards d’euros, à travers le crédit impôt recherche, qui sont restitués chaque année aux entreprises qui font de la recherche et du développement. Elles ont d’ailleurs su en profiter puisque le nombre de projets d’implantations de centres de recherche et de développement en France a triplé entre 2008 et 2010. Pour la même raison, nous avons cherché à rapprocher les entreprises, les universités, les laboratoires de recherche dans des pôles de compétitivité. Bref, nous avons créé, dans chaque région, des synergies pour lutter contre un mal français qui était le cloisonnement, au fond, le « chacun pour soi », le « chacun dans son coin ».
Miser sur l’innovation française, l’encourager, la récompenser, c’est aussi l’objectif du programme d’Investissements d’Avenir que nous avons lancé, et qui, chaque jour, irrigue des projets structurants. Vous savez, ce programme d’Investissements d’Avenir dont la paternité est originale dans un pays comme le nôtre puisque c’est un travail de deux anciens Premiers ministres (Michel ROCARD et Alain JUPPÉ) qui a permis d’en dessiner les contours. Nous le mettons en œuvre et nous le mettons en œuvre pour essayer d’apporter une réponse à la question suivante : quels seront les secteurs innovants qui vont tirer l’industrie française demain ? Aujourd'hui, l’industrie française est en grande partie tirée par des secteurs qui ont été créés dans les années 1960 ou les années 1970. Je pense au nucléaire, je pense à l’industrie aéronautique, je pense au TGV. Toutes ces décisions qui ont été portées par l’État, qui ont été financées au départ par des fonds publics, qui, aujourd'hui, irriguent encore une grande partie de l’économie française mais qui doivent être, demain, remplacées ou en tout cas adossées à de nouvelles technologies.
Pour l’industrie, ces Investissements d’Avenir, ça représente aujourd'hui dix-sept milliards d’euros. On a mobilisé trois milliards pour la création de huit instituts de recherche technologique et de neuf instituts d’excellence en matière d’énergies décarbonées. À travers des partenariats stratégiques publics-privés, ces structures vont venir renforcer les pôles de compétitivité. Et j’en suis profondément convaincu, c’est grâce au rapprochement des industriels, des acteurs de la recherche et de l’enseignement supérieur que nous pourrons atteindre l'excellence dans des secteurs clés d'avenir.
Trois des huit instituts de recherche technologique vont voir leurs contrats signés dans les tout prochains jours – en réalité, au début de la semaine prochaine – dont deux dans votre région – Nanoelec à Grenoble et BIOASTER à Lyon –, enfin, l’INSTITUT JULES VERNE à Nantes, que Laurent WAUQUIEZ vient d’inaugurer.
Cette recherche de synergies est au cœur de notre politique. Je crois qu’un des facteurs de succès du centre de recherche LOUIS VICAT, c’est sa proximité avec des sites de production parce qu’elle permet de suivre les applications concrètes des fruits de la recherche. Eh bien c’est ce que nous essayons de faire au niveau national, organiser des filières économiques qui soient les plus compétitives possibles au niveau mondial, qui rassemblent les énergies, physiquement, sur un même lieu parce que c’est, au fond, la meilleure façon de faire fonctionner les choses.
Je sais que dans la recherche cimentière est concentrée, en tout cas la recherche privée, est concentrée pour les deux tiers ici en Nord-Isère. Vous avez donc toute votre part dans ce dynamisme et dans l’intérêt que suscite le développement d’entreprises de la construction durable. Votre entreprise a directement participé à la fondation du Pôle d’Excellence Innovations constructives qui fédère un réseau d’acteurs de la filière de construction. Je sais que le groupement d’intérêt public LES GRANDS ATELIERS regroupe efficacement plusieurs établissements d'enseignement supérieur et de recherche, propose des formations initiales et des formations continues dans le domaine de la construction et je sais qu’il a déposé un projet de très grande qualité dans le cadre de l’appel à projets des Initiatives d'Excellence en Formations innovantes sous forme d’un « Atelier Matières à Construire ».
Ici encore, avec le soutien du Conseil régional que je veux saluer, le projet de plateforme, je ne sais pas si on l’appelle, on dit ASTUS, œuvre avec talent en faveur de l’innovation, voilà. Toutes ces démarches sont la preuve de votre dynamisme, du dynamisme de cette région qui est bien connu et de l’engagement de votre entreprise.
Mesdames et Messieurs, défendre l’industrie, c’est un combat. C’est un combat parce qu’en la matière, rien n’est jamais acquis et ce serait vous mentir que de dire que ce combat pourrait être gagné à chaque fois. La concurrence est extrêmement rude et elle le sera de plus en plus. Dans un monde qui compte aujourd'hui sept milliards d’habitants, nous sommes soixante et quelques millions, quatre cents millions d’Européens, dans un monde qui comptera neuf milliards d’habitants dans très peu de temps, dont les besoins en termes de croissance, d’énergie, de construction, de biens d’équipement sont considérables. Et donc défendre l’industrie, c’est d’abord abaisser, autant qu’on le peut, les charges qui pèsent sur le travail, c’est améliorer la formation. Et de ce point de vue-là, l’initiative que nous avons proposée de faire en sorte que tous les demandeurs d’emploi sans exception se voient proposer une formation qualifiante – formation qui débouche sur un véritable emploi –, et qu’au fond, la période où certains, malheureusement, du fait des difficultés des entreprises, du fait des aléas de l’économie, sont sans emploi, puisse être utilisée pour améliorer ces qualifications ou, le cas échéant, changer de métier, je crois que c’est une proposition qui permettrait des progrès considérables en matière de compétitivité dans notre pays.
C’est aussi partager équitablement les bénéfices du succès entre tous, c’est mettre le paquet sur l’innovation, c’est exporter en gagnant sur nos concurrents quelques points de compétitivité, puis enfin, c’est, au fond, être fier de produire en France et donc c’est encourager l’esprit d’entreprendre.
La France doit être une terre d’accueil. La France doit être une terre d’accueil pour tous ceux qui ont des projets, pour tous ceux qui veulent réussir, pour tous ceux qui veulent investir. Et tous ceux-là, il faut les motiver, il faut les attirer, il faut les encourager plutôt que de les soupçonner ou de les sanctionner.
Bien sûr, il existe des patrons sans scrupules qui ne méritent aucune estime, mais il existe surtout des entrepreneurs audacieux, des entrepreneurs courageux, des entrepreneurs sincères, des entrepreneurs qui prennent des risques personnels, des ingénieurs, des techniciens, des ouvriers qui sont prêts à donner le meilleur de leurs compétences. Ce sont eux qu’il faut encourager, c’est ce modèle de réussite qu’il faut proposer à notre jeunesse et, au fond, c’est ce que je suis venu faire ici, c’est-à-dire partager avec vous un message de confiance et un message de volonté. Je crois dans nos atouts, je crois dans la qualité des salariés français, je crois dans la valeur de notre patrimoine industriel. Nous sommes un vieux pays avec des traditions très anciennes, avec un savoir-faire, une culture, un état de l’art dans bien des domaines qu’on nous envie dans le monde entier, mais en même temps, on ne peut pas rester simplement assis en attendant que le travail qu’ont fait nos anciens nous permette de continuer à vivre aussi confortablement. Il faut nous battre, il faut accepter de changer, il faut accepter les réformes, il faut innover, il faut sans cesse être à la recherche des nouveautés et c’est bien le travail que font les industriels qui réussissent. Il faut sans cesse mêler le travail et la recherche, la production et l’innovation. Et c’est de ce mariage permanent que naîtront les réussites industrielles de la France de demain qui permettra à nos enfants de travailler et qui permettra à notre pays de continuer à être l’un des pays sur la planète où l’on vit le mieux.
Source http://www.gouvernement.fr, le 12 mars 2012