Texte intégral
Mesdames et Messieurs, avant, Monsieur le président, de vous remercier pour votre accueil, je voudrais me réjouir de laccord qui est intervenu cette nuit entre les créanciers privés grecs et le Gouvernement de ce pays. Petit à petit, semaine après semaine, nous mettons en place le plan qui est en train de sécuriser la zone euro. Ce plan si décrié, ce plan dont beaucoup avaient prédit quil ne réussirait pas et qui est luvre de lengagement du président de la République française et de la chancelière allemande, ce plan a déjà permis, dans un premier temps, de faire baisser les attaques spéculatives sur la monnaie européenne, il a permis de faire baisser, de façon spectaculaire, les taux dintérêt auxquels nous empruntons puisquaujourd'hui, la France emprunte à dix ans à 2,7 ou 2,8 %, ce qui est un taux que nous navons jamais, quasiment jamais connu dans notre histoire. LItalie, qui empruntait encore, il y a quelques semaines, à 7 % est passée hier en dessous de 4,6 %. Et ces banquiers, sur lesquels on na jamais de mots assez durs, ont accepté de renoncer à 83 % de leurs créances en Grèce, soit plus de cent trois ou cent quatre milliards deuros.
Je ne pense pas que ce sujet soit totalement décalé par rapport à la visite que nous venons faire et par rapport aux propos que je vais tenir. Ça signifie que la zone euro se redresse petit à petit, ça ne veut pas dire que tout est réglé. Ça veut dire aussi quil faut croire dans le projet européen et il faut avoir le courage de mettre en place des solutions qui sont parfois des solutions difficiles, qui sont des solutions obtenues après de longs compromis mais qui sont en train de démontrer au monde entier que lEurope, la zone euro sont solidaires, quelles résisteront et que nous ne nous laisserons pas bousculer.
Alors, il y a quelques jours, je visitais, sur le plateau de Saclay, des sites de recherche et développement dentreprises et des centres de recherche scientifique et jétais particulièrement impressionné par, au fond, la profession de foi en lavenir que représente cette cohabitation sur un même lieu de cette recherche privée, de cette recherche appliquée et des centres de recherche académiques. Eh bien en visitant cet après-midi votre site de recherche et développement, cest, au fond, le même esprit dinnovation que je viens de retrouver, une innovation dédiée au progrès de lindustrie française.
Ce que jai vu ce matin dans votre structure familiale montre quil ny a pas de modèle écrit pour linnovation, que linnovation, cest avant tout un état desprit et une dynamique. Vos succès prouvent aussi quaucun secteur nen est exclu de cette démarche. On entend parfois dire que certaines filières industrielles nauraient plus leur place dans notre pays parce quelles seraient trop « traditionnelles » et quelles devraient, au fond, être laissées aux pays émergents. Je ne crois pas à ces généralités, je crois, au contraire, que votre entreprise est la meilleure preuve quil existe, dans les filières traditionnelles, des pôles dinnovation, des segments où nous sommes compétitifs, grâce à un savoir-faire spécifique.
Ce savoir-faire, il faut, comme vous le faites ici, le renforcer, il faut le renouveler. Ses succès, votre entreprise les doit à une idée géniale, celle de Louis VICAT, jeune diplômé de lÉCOLE POLYTECHNIQUE et des PONTS ET CHAUSSÉES, qui a révélé au monde le principe de la chaux et du ciment artificiels. Mais une idée géniale surgie en 1812 ne suffit pas à faire une entreprise dynamique en 2012, il a fallu de la persévérance, il a fallu une vision pour bâtir cette réussite et vous pouvez en être fiers. Et je voudrais saluer tous ceux et toutes celles qui contribuent chaque jour à ce succès par leur travail.
Aujourd'hui, pour défendre notre industrie, nous avons, au fond, deux défis à relever. Dabord, lindustrie française doit se remettre des coups que la crise lui a portés. Nous sommes sur la bonne voie puisque sur lannée 2011, pour la deuxième année consécutive, la production industrielle globale est en hausse dans notre pays. Cest une bonne nouvelle, même si nous sommes toujours à un niveau inférieur à celui que nous avions connu avant la crise.
Mais au-delà de la conjoncture, chacun le comprend bien, lindustrie connaît une évolution structurelle que nous allons devoir inverser et que nous devrons inverser grâce à des réformes profondes, grâce à des mesures fortes. Je pense, évidemment, aux quatre millions de salariés de lindustrie en lan 2000 qui ne sont plus, aujourd'hui, dans notre pays, que 3,3 millions. Les causes de ces difficultés, vous les connaissez, ce sont les mouvements dexternalisation, cest la recherche de gains de productivité qui ne passe pas toujours pas notre territoire parce que notre compétitivité nest pas maximale, et ce sont les délocalisations.
Évidemment, cette évolution, qui est une évolution engagée depuis longtemps, a été accélérée par la crise de 2008. Au plus fort de cette crise, nous nutilisions, en France, quune faible partie de nos capacités de production, un peu moins de 70 %. Et, concrètement, quand les capacités de production tournent en dessous de 70 %, ça veut dire quon réduit dabord le recours à lintérim puis ensuite, quon est amené à mettre en cause lemploi lui-même.
Aujourdhui, nous sommes presque revenus à notre taux de capacité de production habituel, aux alentours de 85 %. Et pour la première fois depuis dix ans, lemploi industriel sest stabilisé dans notre pays. Nous avons des handicaps, bien sûr. Il faut les regarder en face, il faut les traiter. Nous avons des défis à relever. Le premier, au fond, et le plus important, cest celui de la concurrence internationale. Et là encore, il ne faut pas nous faire dillusions sur la dureté des combats qui sont devant nous, mais nous devons repousser ce sentiment de faiblesse, ce sentiment dimpuissance, ce complexe dinfériorité que nous avons parfois et qui mine notre pays et qui nous rend aveugles sur nos propres forces et sur nos propres atouts.
Malgré les difficultés, la productivité horaire reste élevée en France, nous avons des travailleurs de qualité, nos personnels techniques ont reçu dexcellentes formations, nous possédons des entreprises qui sont des leaders mondiaux, nous avons, en France, une recherche de très haut niveau et notre pays continue dattirer les investissements étrangers. Dailleurs, jen profite pour vous annoncer que nous venons dapprendre ce matin même la décision du groupe Toray, du groupe japonais TORAY, dinvestir cent vingt millions deuros dans une unité, ce quon appelle une unité de production de précurseurs, à Lacq. Nous avions soutenu cette candidature avec beaucoup de force. Nous étions en compétition avec beaucoup dautres États européens. Et la décision récente de lÉtat de soutenir le projet de cluster Lacq Chimie 2030 à travers une aide de près de six millions deuros sur ce quon appelle les Investissements dAvenir a sans doute permis de débloquer cette décision dinvestissement qui montre que notre pays reste un pays qui est attractif aux investissements étrangers.
Mais voilà, malgré tous ces atouts, malgré notre potentiel, nous sommes encore ralentis, dans la compétition que nous devons livrer, par des faiblesses. Le niveau des charges et des règlements qui pèsent sur nos entreprises reste élevé. Laccès au financement doit être amélioré. Cest vrai que dans ce domaine, nous avons su limiter la casse pendant la crise, mais il y a encore des efforts à faire si nous voulons continuer à investir dans lindustrie. Certains dispositifs de formation sont inadaptés aux besoins réels des salariés et des entreprises industrielles. Et enfin, le monde de la recherche et celui de lindustrie ont encore des progrès à faire pour resserrer leurs liens.
Ce sont des questions sur lesquelles votre entreprise est confrontée en permanence. Lindustrie cimentière nécessite, en effet, des investissements lourds, mais vous avez parfaitement compris quon nattend pas la croissance comme une subvention quil faut aller chercher. Les thèmes de recherche que vous avez choisi de traiter ici sont au cur des problématiques actuelles, à commencer par lamélioration de lefficacité énergétique : celle des cimenteries dabord, celle des bâtiments ensuite, lutilisation des déchets au lieu des combustibles fossiles souvent importés et la mise au point de nouveaux ciments qui sont moins émetteurs de CO².
En investissant ainsi dans des activités de recherche de haut niveau, VICAT a su se positionner dans une économie qui est totalement mondialisée, elle a su améliorer la performance économique de ses usines et elle a su, en gardant ses centres de décision ici en France, aller chercher la croissance dans des pays émergents et je me réjouis davoir pu seconder vos projets il y a quelques années au Kazakhstan.
Quand jentends dire que la désindustrialisation de la France est une fatalité et quon pourrait, au fond, se passer dune industrie et se contenter des services, je dis que cest une grave erreur. Et avec le président de la République, nous nous y sommes toujours refusés parce quà nos yeux, une nation moderne est une nation qui produit, cest une nation qui innove et cest une nation qui invente. Une nation moderne, cest une nation qui a besoin de services, qui a besoin dagriculteurs, qui a besoin dingénieurs et qui a besoin douvriers.
Lindustrie cimentière, en France, ce sont, justement, cinq mille salariés environ, ce sont cinquante mille emplois directs. Une personne sur six travaille dans lindustrie et il y a, en France, un destin industriel que nous devons protéger et que nous devons encourager. Cest ce que nous avons essayé de faire avec la réforme de la taxe professionnelle qui a permis de réduire de cinq milliards deuros de manière nette la charge fiscale qui pèse sur les entreprises et avec un bénéfice plus important pour les entreprises industrielles que pour les services. Et je veux redire à nouveau que ceux qui critiquent cette réforme feraient bien, au fond, découter les besoins et les demandes qui sont ceux des entrepreneurs qui se battent, justement, pour continuer à produire en France.
Nous avons préservé les capacités de financement de lindustrie et donc les capacités dinvestissement des entreprises industrielles, notamment en sécurisant nos banques au plus fort de la crise, puis ensuite, en mettant en place la médiation du crédit qui a permis déviter beaucoup daccidents financiers.
Enfin, parce quil faut fédérer nos forces industrielles, nous nous sommes dotés des moyens de penser notre politique industrielle par filières et nous avons encouragé les acteurs à sorganiser. Cest notamment le rôle de la Conférence nationale de lindustrie qui a été créée en 2010 et de ses comités stratégiques de filières. Les entreprises, les organisations syndicales, les personnels qualifiés ont fait, je crois, un travail remarquable ensemble. Ils viennent de madresser un rapport qui expose très clairement les forces et les faiblesses des filières industrielles françaises et cest à partir de ce point de départ que nous allons orienter nos efforts.
Parmi ces faiblesses notamment pointées par le rapport que je viens dévoquer, il y a le coût du travail, le coût du travail lié non pas aux salaires mais lié au poids des charges sociales qui se sont accumulées sur le travail. Alors même que la période électorale vous avez sans doute noté quon était en période électorale aurait pu nous inciter à linaction, aurait pu nous inciter à attendre, nous avons décidé, avec le président de la République, de nous attaquer sans attendre à cette question parce que la bataille qui est engagée, la bataille qui est engagée dans le cadre de la compétition internationale, elle, nattend pas. Et donc nous avons choisi délibérément daugmenter la TVA pour financer la baisse du coût du travail. Cest un choix stratégique pour notre industrie, cest un choix stratégique pour nos emplois, cest un choix qui nous permet, grosso modo, de baisser de 5,6 % le coût du travail sur les emplois industriels, cest-à-dire qui nous permet de nous mettre au niveau et même sans doute un peu mieux que le niveau de lindustrie allemande.
Cette réforme du financement de la protection sociale va concerner 80 % des salariés de lindustrie. Elle va permettre aux entreprises industrielles de réduire leurs coûts de production et donc de devenir plus compétitives pour gagner des parts de marché à lexport. Jentends souvent dire quau fond, 5,4 %, cest peu et ça ne nous permettra pas de concurrencer nos concurrents chinois. Dabord, ça nous permet de concurrencer nos partenaires européens, mais je pense que les chefs dentreprise qui sont ici ne me contrediront pas si je dis que, bien souvent, dans une compétition sur un marché, ça se joue à très peu de chose, ça se joue à 1, 2 ou 3 %, et cest là que se fait la différence. Et à chaque fois quon peut serrer les coûts du travail, on gagne en compétitivité et donc on gagne en capacité dexportation et en capacité sur les marchés internationaux.
La deuxième faiblesse de notre industrie, cest celle de son financement. Nous avons mis en place, depuis cinq ans, des outils de financement innovants. Je pense en particulier à OSEO plutôt pour les petites et moyennes entreprises et au Fonds stratégique qui, pour la première fois, permet à lÉtat dinvestir en capital dans des entreprises qui sont des entreprises en croissance et dont lavenir, au fond, est très dépendant des filières les plus innovantes dans notre pays. Nous allons poursuivre cet effort en mettant en place une banque de lindustrie qui sera dotée dun milliard deuros de fonds propres pour démarrer et qui nous permettra daccorder plus de douze milliards deuros de prêts bancaires aux entreprises industrielles.
Ces réformes sont indispensables mais, au fond, ces réformes, elles nous ramènent à une évidence : ce qui fera nos emplois de demain, cest linnovation. Une industrie sans innovation, cest une industrie qui est vouée, de toute façon, à disparaître. Cest la raison pour laquelle nous avons pris une décision stratégique il y a cinq ans très critiquée à lépoque, aujourd'hui plébiscitée quasiment par tout le monde, nous avons triplé le crédit impôt recherche et, de cette manière, nous avons placé notre pays au meilleur niveau dans les pays développés en matière de financement de la recherche.
Cette mesure a été décisive ; personne, dailleurs, ne la remet en cause aujourdhui, sauf pour dire quil faudrait la réserver aux seules petites et moyennes entreprises, ce qui est absurde parce que la dynamique industrielle, elle est tirée par les grands groupes comme par les plus petits. Et si on pouvait, un jour, dans notre pays, cesser dopposer les uns aux autres et cesser en particulier dopposer les grandes entreprises aux petites entreprises, on ferait un immense progrès car qui peut imaginer que les grandes entreprises sont un handicap pour la France ? Qui pourrait imaginer, qui peut dire que le fait davoir un certain nombre dentreprises qui sont des leaders mondiaux, qui sont des entreprises quon nous envie dans le monde entier, cest un handicap pour notre pays ? Et qui peut nier que ces grandes entreprises sont souvent les moteurs dun secteur industriel qui, lui-même, permet à des PME de se créer et de se développer ?
Ce sont près de cinq milliards deuros, à travers le crédit impôt recherche, qui sont restitués chaque année aux entreprises qui font de la recherche et du développement. Elles ont dailleurs su en profiter puisque le nombre de projets dimplantations de centres de recherche et de développement en France a triplé entre 2008 et 2010. Pour la même raison, nous avons cherché à rapprocher les entreprises, les universités, les laboratoires de recherche dans des pôles de compétitivité. Bref, nous avons créé, dans chaque région, des synergies pour lutter contre un mal français qui était le cloisonnement, au fond, le « chacun pour soi », le « chacun dans son coin ».
Miser sur linnovation française, lencourager, la récompenser, cest aussi lobjectif du programme dInvestissements dAvenir que nous avons lancé, et qui, chaque jour, irrigue des projets structurants. Vous savez, ce programme dInvestissements dAvenir dont la paternité est originale dans un pays comme le nôtre puisque cest un travail de deux anciens Premiers ministres (Michel ROCARD et Alain JUPPÉ) qui a permis den dessiner les contours. Nous le mettons en uvre et nous le mettons en uvre pour essayer dapporter une réponse à la question suivante : quels seront les secteurs innovants qui vont tirer lindustrie française demain ? Aujourd'hui, lindustrie française est en grande partie tirée par des secteurs qui ont été créés dans les années 1960 ou les années 1970. Je pense au nucléaire, je pense à lindustrie aéronautique, je pense au TGV. Toutes ces décisions qui ont été portées par lÉtat, qui ont été financées au départ par des fonds publics, qui, aujourd'hui, irriguent encore une grande partie de léconomie française mais qui doivent être, demain, remplacées ou en tout cas adossées à de nouvelles technologies.
Pour lindustrie, ces Investissements dAvenir, ça représente aujourd'hui dix-sept milliards deuros. On a mobilisé trois milliards pour la création de huit instituts de recherche technologique et de neuf instituts dexcellence en matière dénergies décarbonées. À travers des partenariats stratégiques publics-privés, ces structures vont venir renforcer les pôles de compétitivité. Et jen suis profondément convaincu, cest grâce au rapprochement des industriels, des acteurs de la recherche et de lenseignement supérieur que nous pourrons atteindre l'excellence dans des secteurs clés d'avenir.
Trois des huit instituts de recherche technologique vont voir leurs contrats signés dans les tout prochains jours en réalité, au début de la semaine prochaine dont deux dans votre région Nanoelec à Grenoble et BIOASTER à Lyon , enfin, lINSTITUT JULES VERNE à Nantes, que Laurent WAUQUIEZ vient dinaugurer.
Cette recherche de synergies est au cur de notre politique. Je crois quun des facteurs de succès du centre de recherche LOUIS VICAT, cest sa proximité avec des sites de production parce quelle permet de suivre les applications concrètes des fruits de la recherche. Eh bien cest ce que nous essayons de faire au niveau national, organiser des filières économiques qui soient les plus compétitives possibles au niveau mondial, qui rassemblent les énergies, physiquement, sur un même lieu parce que cest, au fond, la meilleure façon de faire fonctionner les choses.
Je sais que dans la recherche cimentière est concentrée, en tout cas la recherche privée, est concentrée pour les deux tiers ici en Nord-Isère. Vous avez donc toute votre part dans ce dynamisme et dans lintérêt que suscite le développement dentreprises de la construction durable. Votre entreprise a directement participé à la fondation du Pôle dExcellence Innovations constructives qui fédère un réseau dacteurs de la filière de construction. Je sais que le groupement dintérêt public LES GRANDS ATELIERS regroupe efficacement plusieurs établissements d'enseignement supérieur et de recherche, propose des formations initiales et des formations continues dans le domaine de la construction et je sais quil a déposé un projet de très grande qualité dans le cadre de lappel à projets des Initiatives d'Excellence en Formations innovantes sous forme dun « Atelier Matières à Construire ».
Ici encore, avec le soutien du Conseil régional que je veux saluer, le projet de plateforme, je ne sais pas si on lappelle, on dit ASTUS, uvre avec talent en faveur de linnovation, voilà. Toutes ces démarches sont la preuve de votre dynamisme, du dynamisme de cette région qui est bien connu et de lengagement de votre entreprise.
Mesdames et Messieurs, défendre lindustrie, cest un combat. Cest un combat parce quen la matière, rien nest jamais acquis et ce serait vous mentir que de dire que ce combat pourrait être gagné à chaque fois. La concurrence est extrêmement rude et elle le sera de plus en plus. Dans un monde qui compte aujourd'hui sept milliards dhabitants, nous sommes soixante et quelques millions, quatre cents millions dEuropéens, dans un monde qui comptera neuf milliards dhabitants dans très peu de temps, dont les besoins en termes de croissance, dénergie, de construction, de biens déquipement sont considérables. Et donc défendre lindustrie, cest dabord abaisser, autant quon le peut, les charges qui pèsent sur le travail, cest améliorer la formation. Et de ce point de vue-là, linitiative que nous avons proposée de faire en sorte que tous les demandeurs demploi sans exception se voient proposer une formation qualifiante formation qui débouche sur un véritable emploi , et quau fond, la période où certains, malheureusement, du fait des difficultés des entreprises, du fait des aléas de léconomie, sont sans emploi, puisse être utilisée pour améliorer ces qualifications ou, le cas échéant, changer de métier, je crois que cest une proposition qui permettrait des progrès considérables en matière de compétitivité dans notre pays.
Cest aussi partager équitablement les bénéfices du succès entre tous, cest mettre le paquet sur linnovation, cest exporter en gagnant sur nos concurrents quelques points de compétitivité, puis enfin, cest, au fond, être fier de produire en France et donc cest encourager lesprit dentreprendre.
La France doit être une terre daccueil. La France doit être une terre daccueil pour tous ceux qui ont des projets, pour tous ceux qui veulent réussir, pour tous ceux qui veulent investir. Et tous ceux-là, il faut les motiver, il faut les attirer, il faut les encourager plutôt que de les soupçonner ou de les sanctionner.
Bien sûr, il existe des patrons sans scrupules qui ne méritent aucune estime, mais il existe surtout des entrepreneurs audacieux, des entrepreneurs courageux, des entrepreneurs sincères, des entrepreneurs qui prennent des risques personnels, des ingénieurs, des techniciens, des ouvriers qui sont prêts à donner le meilleur de leurs compétences. Ce sont eux quil faut encourager, cest ce modèle de réussite quil faut proposer à notre jeunesse et, au fond, cest ce que je suis venu faire ici, cest-à-dire partager avec vous un message de confiance et un message de volonté. Je crois dans nos atouts, je crois dans la qualité des salariés français, je crois dans la valeur de notre patrimoine industriel. Nous sommes un vieux pays avec des traditions très anciennes, avec un savoir-faire, une culture, un état de lart dans bien des domaines quon nous envie dans le monde entier, mais en même temps, on ne peut pas rester simplement assis en attendant que le travail quont fait nos anciens nous permette de continuer à vivre aussi confortablement. Il faut nous battre, il faut accepter de changer, il faut accepter les réformes, il faut innover, il faut sans cesse être à la recherche des nouveautés et cest bien le travail que font les industriels qui réussissent. Il faut sans cesse mêler le travail et la recherche, la production et linnovation. Et cest de ce mariage permanent que naîtront les réussites industrielles de la France de demain qui permettra à nos enfants de travailler et qui permettra à notre pays de continuer à être lun des pays sur la planète où lon vit le mieux.
Source http://www.gouvernement.fr, le 12 mars 2012
Je ne pense pas que ce sujet soit totalement décalé par rapport à la visite que nous venons faire et par rapport aux propos que je vais tenir. Ça signifie que la zone euro se redresse petit à petit, ça ne veut pas dire que tout est réglé. Ça veut dire aussi quil faut croire dans le projet européen et il faut avoir le courage de mettre en place des solutions qui sont parfois des solutions difficiles, qui sont des solutions obtenues après de longs compromis mais qui sont en train de démontrer au monde entier que lEurope, la zone euro sont solidaires, quelles résisteront et que nous ne nous laisserons pas bousculer.
Alors, il y a quelques jours, je visitais, sur le plateau de Saclay, des sites de recherche et développement dentreprises et des centres de recherche scientifique et jétais particulièrement impressionné par, au fond, la profession de foi en lavenir que représente cette cohabitation sur un même lieu de cette recherche privée, de cette recherche appliquée et des centres de recherche académiques. Eh bien en visitant cet après-midi votre site de recherche et développement, cest, au fond, le même esprit dinnovation que je viens de retrouver, une innovation dédiée au progrès de lindustrie française.
Ce que jai vu ce matin dans votre structure familiale montre quil ny a pas de modèle écrit pour linnovation, que linnovation, cest avant tout un état desprit et une dynamique. Vos succès prouvent aussi quaucun secteur nen est exclu de cette démarche. On entend parfois dire que certaines filières industrielles nauraient plus leur place dans notre pays parce quelles seraient trop « traditionnelles » et quelles devraient, au fond, être laissées aux pays émergents. Je ne crois pas à ces généralités, je crois, au contraire, que votre entreprise est la meilleure preuve quil existe, dans les filières traditionnelles, des pôles dinnovation, des segments où nous sommes compétitifs, grâce à un savoir-faire spécifique.
Ce savoir-faire, il faut, comme vous le faites ici, le renforcer, il faut le renouveler. Ses succès, votre entreprise les doit à une idée géniale, celle de Louis VICAT, jeune diplômé de lÉCOLE POLYTECHNIQUE et des PONTS ET CHAUSSÉES, qui a révélé au monde le principe de la chaux et du ciment artificiels. Mais une idée géniale surgie en 1812 ne suffit pas à faire une entreprise dynamique en 2012, il a fallu de la persévérance, il a fallu une vision pour bâtir cette réussite et vous pouvez en être fiers. Et je voudrais saluer tous ceux et toutes celles qui contribuent chaque jour à ce succès par leur travail.
Aujourd'hui, pour défendre notre industrie, nous avons, au fond, deux défis à relever. Dabord, lindustrie française doit se remettre des coups que la crise lui a portés. Nous sommes sur la bonne voie puisque sur lannée 2011, pour la deuxième année consécutive, la production industrielle globale est en hausse dans notre pays. Cest une bonne nouvelle, même si nous sommes toujours à un niveau inférieur à celui que nous avions connu avant la crise.
Mais au-delà de la conjoncture, chacun le comprend bien, lindustrie connaît une évolution structurelle que nous allons devoir inverser et que nous devrons inverser grâce à des réformes profondes, grâce à des mesures fortes. Je pense, évidemment, aux quatre millions de salariés de lindustrie en lan 2000 qui ne sont plus, aujourd'hui, dans notre pays, que 3,3 millions. Les causes de ces difficultés, vous les connaissez, ce sont les mouvements dexternalisation, cest la recherche de gains de productivité qui ne passe pas toujours pas notre territoire parce que notre compétitivité nest pas maximale, et ce sont les délocalisations.
Évidemment, cette évolution, qui est une évolution engagée depuis longtemps, a été accélérée par la crise de 2008. Au plus fort de cette crise, nous nutilisions, en France, quune faible partie de nos capacités de production, un peu moins de 70 %. Et, concrètement, quand les capacités de production tournent en dessous de 70 %, ça veut dire quon réduit dabord le recours à lintérim puis ensuite, quon est amené à mettre en cause lemploi lui-même.
Aujourdhui, nous sommes presque revenus à notre taux de capacité de production habituel, aux alentours de 85 %. Et pour la première fois depuis dix ans, lemploi industriel sest stabilisé dans notre pays. Nous avons des handicaps, bien sûr. Il faut les regarder en face, il faut les traiter. Nous avons des défis à relever. Le premier, au fond, et le plus important, cest celui de la concurrence internationale. Et là encore, il ne faut pas nous faire dillusions sur la dureté des combats qui sont devant nous, mais nous devons repousser ce sentiment de faiblesse, ce sentiment dimpuissance, ce complexe dinfériorité que nous avons parfois et qui mine notre pays et qui nous rend aveugles sur nos propres forces et sur nos propres atouts.
Malgré les difficultés, la productivité horaire reste élevée en France, nous avons des travailleurs de qualité, nos personnels techniques ont reçu dexcellentes formations, nous possédons des entreprises qui sont des leaders mondiaux, nous avons, en France, une recherche de très haut niveau et notre pays continue dattirer les investissements étrangers. Dailleurs, jen profite pour vous annoncer que nous venons dapprendre ce matin même la décision du groupe Toray, du groupe japonais TORAY, dinvestir cent vingt millions deuros dans une unité, ce quon appelle une unité de production de précurseurs, à Lacq. Nous avions soutenu cette candidature avec beaucoup de force. Nous étions en compétition avec beaucoup dautres États européens. Et la décision récente de lÉtat de soutenir le projet de cluster Lacq Chimie 2030 à travers une aide de près de six millions deuros sur ce quon appelle les Investissements dAvenir a sans doute permis de débloquer cette décision dinvestissement qui montre que notre pays reste un pays qui est attractif aux investissements étrangers.
Mais voilà, malgré tous ces atouts, malgré notre potentiel, nous sommes encore ralentis, dans la compétition que nous devons livrer, par des faiblesses. Le niveau des charges et des règlements qui pèsent sur nos entreprises reste élevé. Laccès au financement doit être amélioré. Cest vrai que dans ce domaine, nous avons su limiter la casse pendant la crise, mais il y a encore des efforts à faire si nous voulons continuer à investir dans lindustrie. Certains dispositifs de formation sont inadaptés aux besoins réels des salariés et des entreprises industrielles. Et enfin, le monde de la recherche et celui de lindustrie ont encore des progrès à faire pour resserrer leurs liens.
Ce sont des questions sur lesquelles votre entreprise est confrontée en permanence. Lindustrie cimentière nécessite, en effet, des investissements lourds, mais vous avez parfaitement compris quon nattend pas la croissance comme une subvention quil faut aller chercher. Les thèmes de recherche que vous avez choisi de traiter ici sont au cur des problématiques actuelles, à commencer par lamélioration de lefficacité énergétique : celle des cimenteries dabord, celle des bâtiments ensuite, lutilisation des déchets au lieu des combustibles fossiles souvent importés et la mise au point de nouveaux ciments qui sont moins émetteurs de CO².
En investissant ainsi dans des activités de recherche de haut niveau, VICAT a su se positionner dans une économie qui est totalement mondialisée, elle a su améliorer la performance économique de ses usines et elle a su, en gardant ses centres de décision ici en France, aller chercher la croissance dans des pays émergents et je me réjouis davoir pu seconder vos projets il y a quelques années au Kazakhstan.
Quand jentends dire que la désindustrialisation de la France est une fatalité et quon pourrait, au fond, se passer dune industrie et se contenter des services, je dis que cest une grave erreur. Et avec le président de la République, nous nous y sommes toujours refusés parce quà nos yeux, une nation moderne est une nation qui produit, cest une nation qui innove et cest une nation qui invente. Une nation moderne, cest une nation qui a besoin de services, qui a besoin dagriculteurs, qui a besoin dingénieurs et qui a besoin douvriers.
Lindustrie cimentière, en France, ce sont, justement, cinq mille salariés environ, ce sont cinquante mille emplois directs. Une personne sur six travaille dans lindustrie et il y a, en France, un destin industriel que nous devons protéger et que nous devons encourager. Cest ce que nous avons essayé de faire avec la réforme de la taxe professionnelle qui a permis de réduire de cinq milliards deuros de manière nette la charge fiscale qui pèse sur les entreprises et avec un bénéfice plus important pour les entreprises industrielles que pour les services. Et je veux redire à nouveau que ceux qui critiquent cette réforme feraient bien, au fond, découter les besoins et les demandes qui sont ceux des entrepreneurs qui se battent, justement, pour continuer à produire en France.
Nous avons préservé les capacités de financement de lindustrie et donc les capacités dinvestissement des entreprises industrielles, notamment en sécurisant nos banques au plus fort de la crise, puis ensuite, en mettant en place la médiation du crédit qui a permis déviter beaucoup daccidents financiers.
Enfin, parce quil faut fédérer nos forces industrielles, nous nous sommes dotés des moyens de penser notre politique industrielle par filières et nous avons encouragé les acteurs à sorganiser. Cest notamment le rôle de la Conférence nationale de lindustrie qui a été créée en 2010 et de ses comités stratégiques de filières. Les entreprises, les organisations syndicales, les personnels qualifiés ont fait, je crois, un travail remarquable ensemble. Ils viennent de madresser un rapport qui expose très clairement les forces et les faiblesses des filières industrielles françaises et cest à partir de ce point de départ que nous allons orienter nos efforts.
Parmi ces faiblesses notamment pointées par le rapport que je viens dévoquer, il y a le coût du travail, le coût du travail lié non pas aux salaires mais lié au poids des charges sociales qui se sont accumulées sur le travail. Alors même que la période électorale vous avez sans doute noté quon était en période électorale aurait pu nous inciter à linaction, aurait pu nous inciter à attendre, nous avons décidé, avec le président de la République, de nous attaquer sans attendre à cette question parce que la bataille qui est engagée, la bataille qui est engagée dans le cadre de la compétition internationale, elle, nattend pas. Et donc nous avons choisi délibérément daugmenter la TVA pour financer la baisse du coût du travail. Cest un choix stratégique pour notre industrie, cest un choix stratégique pour nos emplois, cest un choix qui nous permet, grosso modo, de baisser de 5,6 % le coût du travail sur les emplois industriels, cest-à-dire qui nous permet de nous mettre au niveau et même sans doute un peu mieux que le niveau de lindustrie allemande.
Cette réforme du financement de la protection sociale va concerner 80 % des salariés de lindustrie. Elle va permettre aux entreprises industrielles de réduire leurs coûts de production et donc de devenir plus compétitives pour gagner des parts de marché à lexport. Jentends souvent dire quau fond, 5,4 %, cest peu et ça ne nous permettra pas de concurrencer nos concurrents chinois. Dabord, ça nous permet de concurrencer nos partenaires européens, mais je pense que les chefs dentreprise qui sont ici ne me contrediront pas si je dis que, bien souvent, dans une compétition sur un marché, ça se joue à très peu de chose, ça se joue à 1, 2 ou 3 %, et cest là que se fait la différence. Et à chaque fois quon peut serrer les coûts du travail, on gagne en compétitivité et donc on gagne en capacité dexportation et en capacité sur les marchés internationaux.
La deuxième faiblesse de notre industrie, cest celle de son financement. Nous avons mis en place, depuis cinq ans, des outils de financement innovants. Je pense en particulier à OSEO plutôt pour les petites et moyennes entreprises et au Fonds stratégique qui, pour la première fois, permet à lÉtat dinvestir en capital dans des entreprises qui sont des entreprises en croissance et dont lavenir, au fond, est très dépendant des filières les plus innovantes dans notre pays. Nous allons poursuivre cet effort en mettant en place une banque de lindustrie qui sera dotée dun milliard deuros de fonds propres pour démarrer et qui nous permettra daccorder plus de douze milliards deuros de prêts bancaires aux entreprises industrielles.
Ces réformes sont indispensables mais, au fond, ces réformes, elles nous ramènent à une évidence : ce qui fera nos emplois de demain, cest linnovation. Une industrie sans innovation, cest une industrie qui est vouée, de toute façon, à disparaître. Cest la raison pour laquelle nous avons pris une décision stratégique il y a cinq ans très critiquée à lépoque, aujourd'hui plébiscitée quasiment par tout le monde, nous avons triplé le crédit impôt recherche et, de cette manière, nous avons placé notre pays au meilleur niveau dans les pays développés en matière de financement de la recherche.
Cette mesure a été décisive ; personne, dailleurs, ne la remet en cause aujourdhui, sauf pour dire quil faudrait la réserver aux seules petites et moyennes entreprises, ce qui est absurde parce que la dynamique industrielle, elle est tirée par les grands groupes comme par les plus petits. Et si on pouvait, un jour, dans notre pays, cesser dopposer les uns aux autres et cesser en particulier dopposer les grandes entreprises aux petites entreprises, on ferait un immense progrès car qui peut imaginer que les grandes entreprises sont un handicap pour la France ? Qui pourrait imaginer, qui peut dire que le fait davoir un certain nombre dentreprises qui sont des leaders mondiaux, qui sont des entreprises quon nous envie dans le monde entier, cest un handicap pour notre pays ? Et qui peut nier que ces grandes entreprises sont souvent les moteurs dun secteur industriel qui, lui-même, permet à des PME de se créer et de se développer ?
Ce sont près de cinq milliards deuros, à travers le crédit impôt recherche, qui sont restitués chaque année aux entreprises qui font de la recherche et du développement. Elles ont dailleurs su en profiter puisque le nombre de projets dimplantations de centres de recherche et de développement en France a triplé entre 2008 et 2010. Pour la même raison, nous avons cherché à rapprocher les entreprises, les universités, les laboratoires de recherche dans des pôles de compétitivité. Bref, nous avons créé, dans chaque région, des synergies pour lutter contre un mal français qui était le cloisonnement, au fond, le « chacun pour soi », le « chacun dans son coin ».
Miser sur linnovation française, lencourager, la récompenser, cest aussi lobjectif du programme dInvestissements dAvenir que nous avons lancé, et qui, chaque jour, irrigue des projets structurants. Vous savez, ce programme dInvestissements dAvenir dont la paternité est originale dans un pays comme le nôtre puisque cest un travail de deux anciens Premiers ministres (Michel ROCARD et Alain JUPPÉ) qui a permis den dessiner les contours. Nous le mettons en uvre et nous le mettons en uvre pour essayer dapporter une réponse à la question suivante : quels seront les secteurs innovants qui vont tirer lindustrie française demain ? Aujourd'hui, lindustrie française est en grande partie tirée par des secteurs qui ont été créés dans les années 1960 ou les années 1970. Je pense au nucléaire, je pense à lindustrie aéronautique, je pense au TGV. Toutes ces décisions qui ont été portées par lÉtat, qui ont été financées au départ par des fonds publics, qui, aujourd'hui, irriguent encore une grande partie de léconomie française mais qui doivent être, demain, remplacées ou en tout cas adossées à de nouvelles technologies.
Pour lindustrie, ces Investissements dAvenir, ça représente aujourd'hui dix-sept milliards deuros. On a mobilisé trois milliards pour la création de huit instituts de recherche technologique et de neuf instituts dexcellence en matière dénergies décarbonées. À travers des partenariats stratégiques publics-privés, ces structures vont venir renforcer les pôles de compétitivité. Et jen suis profondément convaincu, cest grâce au rapprochement des industriels, des acteurs de la recherche et de lenseignement supérieur que nous pourrons atteindre l'excellence dans des secteurs clés d'avenir.
Trois des huit instituts de recherche technologique vont voir leurs contrats signés dans les tout prochains jours en réalité, au début de la semaine prochaine dont deux dans votre région Nanoelec à Grenoble et BIOASTER à Lyon , enfin, lINSTITUT JULES VERNE à Nantes, que Laurent WAUQUIEZ vient dinaugurer.
Cette recherche de synergies est au cur de notre politique. Je crois quun des facteurs de succès du centre de recherche LOUIS VICAT, cest sa proximité avec des sites de production parce quelle permet de suivre les applications concrètes des fruits de la recherche. Eh bien cest ce que nous essayons de faire au niveau national, organiser des filières économiques qui soient les plus compétitives possibles au niveau mondial, qui rassemblent les énergies, physiquement, sur un même lieu parce que cest, au fond, la meilleure façon de faire fonctionner les choses.
Je sais que dans la recherche cimentière est concentrée, en tout cas la recherche privée, est concentrée pour les deux tiers ici en Nord-Isère. Vous avez donc toute votre part dans ce dynamisme et dans lintérêt que suscite le développement dentreprises de la construction durable. Votre entreprise a directement participé à la fondation du Pôle dExcellence Innovations constructives qui fédère un réseau dacteurs de la filière de construction. Je sais que le groupement dintérêt public LES GRANDS ATELIERS regroupe efficacement plusieurs établissements d'enseignement supérieur et de recherche, propose des formations initiales et des formations continues dans le domaine de la construction et je sais quil a déposé un projet de très grande qualité dans le cadre de lappel à projets des Initiatives d'Excellence en Formations innovantes sous forme dun « Atelier Matières à Construire ».
Ici encore, avec le soutien du Conseil régional que je veux saluer, le projet de plateforme, je ne sais pas si on lappelle, on dit ASTUS, uvre avec talent en faveur de linnovation, voilà. Toutes ces démarches sont la preuve de votre dynamisme, du dynamisme de cette région qui est bien connu et de lengagement de votre entreprise.
Mesdames et Messieurs, défendre lindustrie, cest un combat. Cest un combat parce quen la matière, rien nest jamais acquis et ce serait vous mentir que de dire que ce combat pourrait être gagné à chaque fois. La concurrence est extrêmement rude et elle le sera de plus en plus. Dans un monde qui compte aujourd'hui sept milliards dhabitants, nous sommes soixante et quelques millions, quatre cents millions dEuropéens, dans un monde qui comptera neuf milliards dhabitants dans très peu de temps, dont les besoins en termes de croissance, dénergie, de construction, de biens déquipement sont considérables. Et donc défendre lindustrie, cest dabord abaisser, autant quon le peut, les charges qui pèsent sur le travail, cest améliorer la formation. Et de ce point de vue-là, linitiative que nous avons proposée de faire en sorte que tous les demandeurs demploi sans exception se voient proposer une formation qualifiante formation qui débouche sur un véritable emploi , et quau fond, la période où certains, malheureusement, du fait des difficultés des entreprises, du fait des aléas de léconomie, sont sans emploi, puisse être utilisée pour améliorer ces qualifications ou, le cas échéant, changer de métier, je crois que cest une proposition qui permettrait des progrès considérables en matière de compétitivité dans notre pays.
Cest aussi partager équitablement les bénéfices du succès entre tous, cest mettre le paquet sur linnovation, cest exporter en gagnant sur nos concurrents quelques points de compétitivité, puis enfin, cest, au fond, être fier de produire en France et donc cest encourager lesprit dentreprendre.
La France doit être une terre daccueil. La France doit être une terre daccueil pour tous ceux qui ont des projets, pour tous ceux qui veulent réussir, pour tous ceux qui veulent investir. Et tous ceux-là, il faut les motiver, il faut les attirer, il faut les encourager plutôt que de les soupçonner ou de les sanctionner.
Bien sûr, il existe des patrons sans scrupules qui ne méritent aucune estime, mais il existe surtout des entrepreneurs audacieux, des entrepreneurs courageux, des entrepreneurs sincères, des entrepreneurs qui prennent des risques personnels, des ingénieurs, des techniciens, des ouvriers qui sont prêts à donner le meilleur de leurs compétences. Ce sont eux quil faut encourager, cest ce modèle de réussite quil faut proposer à notre jeunesse et, au fond, cest ce que je suis venu faire ici, cest-à-dire partager avec vous un message de confiance et un message de volonté. Je crois dans nos atouts, je crois dans la qualité des salariés français, je crois dans la valeur de notre patrimoine industriel. Nous sommes un vieux pays avec des traditions très anciennes, avec un savoir-faire, une culture, un état de lart dans bien des domaines quon nous envie dans le monde entier, mais en même temps, on ne peut pas rester simplement assis en attendant que le travail quont fait nos anciens nous permette de continuer à vivre aussi confortablement. Il faut nous battre, il faut accepter de changer, il faut accepter les réformes, il faut innover, il faut sans cesse être à la recherche des nouveautés et cest bien le travail que font les industriels qui réussissent. Il faut sans cesse mêler le travail et la recherche, la production et linnovation. Et cest de ce mariage permanent que naîtront les réussites industrielles de la France de demain qui permettra à nos enfants de travailler et qui permettra à notre pays de continuer à être lun des pays sur la planète où lon vit le mieux.
Source http://www.gouvernement.fr, le 12 mars 2012