Texte intégral
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Q - Kofi Annan a rencontré hier à Damas Bachar Al-Assad. Vous vous rendez également ce soir à New York. Comment obtenir cette résolution qui permettrait de ramener une situation en Syrie pour que cessent les massacres et les combats ?
R - Je ne pense pas que nous obtiendrons cette résolution, malheureusement, parce que nous nous heurtons toujours à une position inflexible de la Russie.
Q - Mais Vladimir Poutine ne va-t-il pas changer maintenant quil est au Kremlin ? Ny a-t-il pas un signe dévolution ?
R - Je nen suis pas sûr. Je lespérais mais, pour linstant, je ne vois aucun signe. Nous verrons demain à New York.
Ce qui se passe en Syrie est pour moi une immense frustration. Dominique de Villepin qui connaît bien la politique étrangère et notamment cette région a dit récemment que cela lempêchait de dormir ; moi aussi, dune certaine manière, parce que malgré tous les efforts que nous déployons depuis des semaines, le massacre continue.
Après Homs, cest maintenant le tour dIdlib en Syrie.
Quessayons-nous de faire ? Quel était lobjectif de cette résolution ? Cétait daboutir à un cessez-le-feu, à une cessation des violences et à laccès, enfin, de laide humanitaire qui est aujourdhui refusé par le régime. Ce que nous ne pouvons pas accepter dans cette résolution, cest que lon mette exactement sur le même niveau le régime qui assassine ses citoyens et les insurgés qui tentent de se défendre.
Q - Pour vous, ny a-t-il pas dautres solutions que le départ de Bachar Al-Assad ?
R - Pour nous, il ny a aujourdhui pas dautres solutions que de mettre en uvre - et cest le deuxième point qui fait problème dans la résolution - le plan de règlement politique de la situation en Syrie qui a été présenté par la Ligue arabe et que nous soutenons.
Q - Mais il nen veut pas ! Il la répété à Kofi Annan quil revoit aujourdhui.
R - Ce nest pas parce quil nen veut pas quil faut renoncer. Nous souhaitons la mise en uvre de ce plan et nous ne céderons pas sur ce point parce que nous avons le soutien de 13 membres sur 15 au Conseil de sécurité, de 137 États membres à lAssemblée générale et de lensemble du groupe des Amis du peuple syrien qui se sont réunis à Tunis et qui se réuniront bientôt en Turquie.
Le deuxième point est le suivant : un plan de règlement politique qui prévoit, comme au Yémen, la mise à lécart du président actuel, la constitution dun gouvernement de coalition incluant lopposition et lorganisation délections libres.
Quel est lobjectif en Syrie ? Cest de permettre au peuple syrien de sortir de la dictature et daller vers la démocratie. Pour linstant, nous ny sommes pas et nous allons continuer nos efforts en ce sens.
Q - Pourquoi, les résistants ou ceux qui se battent sont-ils des démocrates ? Êtes-vous sûr de cela ? Pense-t-on aussi à ce qui se passera après ?
R - Jy pense, oui, bien sûr. Je sens bien ce que vous avez en tête et, sur la Libye, je nai aucun regret. Lorsque je suis allé à Tripoli, jai vu des gens qui me disaient merci parce quils pouvaient enfin sexprimer librement.
Q - Peut-être devriez-vous y retourner ?
R - Oui, peut-être, et je suis prêt à my rendre avec vous si vous le souhaitez.
Q - Jaccepte volontiers linvitation.
R - Je ne dis pas cela pour vous mais ceux qui nous critiquent auraient sans doute préféré que Kadhafi soit toujours au pouvoir.
Q - Oui mais en Libye, les droits de lHomme ne sont pas respectés. Il y a des exécutions sommaires et on devrait entendre la voix de la France pour protester contre ce qui se fait aujourdhui.
R - On lentend, Monsieur.
Q - Il y a des massacres secrets, une sorte de tyrannie qui est en train de simposer. Naturellement. Il fallait écarter Kadhafi, mais pourquoi se taire lorsque les droits de lHomme et de la Femme ne sont pas respectés en Libye ?
R - Mais, nous ne nous taisons pas et nous avons toujours dit que sil y avait des actes contraires aux droits de lHomme, nous les dénoncerions et que nous en poursuivrions les coupables.
Q - Et vous les dénoncez ce matin ?
R - Je les dénonçais hier, je le fais aujourdhui et je le ferai demain. Soyez très attentif à ce que nous déclarons.
Q - Je le suis. La question qui se pose au fond, cest pourquoi, deux poids et deux mesures sur la Libye et sur la Syrie ? Pourquoi nintervenons-nous pas en Syrie, pourquoi restons-nous dans le domaine de la sanction économique et diplomatique qui pour linstant ne fonctionne pas ?
R - Jai un peu de mal à comprendre ces critiques. Si je suis votre raisonnement, on a eu tort de faire ce que nous avons fait en Libye puisquaujourdhui cela crée un vide.
Q - Non, ce ne sont pas des critiques, ce sont des questions. Pardon mais il y a longtemps que lon aurait dû se débarrasser du dictateur Kadhafi mais pas pour le remplacer par une autre dictature.
R - La Libye nest pas une dictature aujourdhui. Il y a un gouvernement qui est en train de préparer des élections et je ne peux pas laisser dire que le président libyen et le chef du gouvernement sont des dictateurs. Il y a des comportements inacceptables qui sont des violations des droits de lHomme et nous les condamnons comme les dirigeants libyens les condamnent. On ne peut pas mettre M. Jalil sur le même plan que M. Kadhafi ; pas de confusion entre les deux.
Jen reviens à la Syrie : pourquoi une intervention nest-t-elle pas possible ?
Dabord pour une première raison tout à fait claire qui est juridique et que je répète inlassablement depuis des mois, cest quil est exclu, pour nous, de nous engager dans une intervention militaire si nous navons pas le feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies.
Q - Et cela ne pourrait pas se faire sous une autre forme de mandat ?
R - Vous le savez aussi bien que moi : aujourdhui, la Chine et la Russie opposent leur veto. Cest une première raison qui je crois est très simple.
La deuxième raison, cest que nous avons face à nous une opposition qui nest absolument pas structurée comme létait le Conseil national de transition ; elle est divisée. Au sein de lopposition, certains demandent une intervention militaire, dautres la récusent.
La troisième raison est que le risque de guerre civile en cas dintervention extérieure en Syrie est maximum. Vous le savez, il y a dans ce pays différentes communautés, alaouites, sunnites, chrétiens, kurdes et tous ne sont pas sur la même ligne. Voilà pourquoi même la Ligue arabe, aujourdhui, dans son discours officiel ne demande pas une intervention militaire.
Q - Pouvez-vous savoir pourquoi les Russes protègent à ce point et encore aujourdhui Bachar Al-Assad ?
R - Oui, il y a un certain nombre de raisons que nous avons parfaitement analysées.
La première, cest quils nont jamais véritablement accepté lintervention qui a été la nôtre en Libye et, dune certaine manière, ils veulent nous faire payer lintervention libyenne en Syrie.
La deuxième, cest que la Russie a toujours eu des intérêts majeurs en Syrie. Cest - ou cétait - sa tête de pont dans le monde arabe, notamment avec des marchés darmements extrêmement importants.
La troisième, cest que la Russie craint la contagion islamiste sur son propre territoire.
La dernière raison, cest quaujourdhui le discours qui a été tenu pendant la campagne présidentielle est un discours très nationaliste et que toute concession vis-à-vis de lOccident aurait été interprétée comme un signe de faiblesse.
Q - Si Bachar Al-Assad devait quitter le pouvoir pour permettre une solution à cette crise, la France lui accorderait-elle, à lui et à son épouse, lasile politique ?
R - Nous avons demandé que soient réunis les éléments de preuve et, dailleurs, lambassadeur de France pour les droits de lHomme est en train dy travailler. Il faut connaître les éléments qui permettraient de traduire les dirigeants syriens et notamment le président syrien devant la Cour pénale internationale.
Je lai demandé officiellement devant le Conseil des droits de lHomme à Genève.
Q - Mais pour lasile politique ?
R - Cest ma réponse, Monsieur.
Q - Vous avez parlé de la Libye. Benghazi est toujours opposée, - cest une tradition - à Tripoli. Benghazi veut lautonomie de la Cyrénaïque Faut-il accepter que la Libye soit découpée en morceaux en acceptant une solution fédérale ?eux qui ont contribué à la libération de la Libye ont-ils leur mot à dire dans ce domaine ?
R - Non, nous navons pas à voter à la place des Libyens si cest ce que vous voulez me faire dire.
Q - Non mais vous devez avoir un peu dinfluence auprès de ceux que vous avez placé au pouvoir !
R - Bien sûr que nous sommes très vigilants sur le respect des droits de lHomme et dun certain nombre de principes mais cest aux Libyens de choisir leur avenir. Ce nest pas à la France ni à la coalition internationale. Néanmoins, nous avons toujours dit que nous étions très attachés à lintégrité territoriale de la Libye et que le séparatisme en Libye serait une très mauvaise chose.
Vous me parlez de lautonomie de la Cyrénaïque, cest une autre affaire. Quau sein de la Libye de demain, il y ait éventuellement des régimes dautonomie, cest une décision qui appartient aux Libyens. Ce que je voudrais surtout dire, cest quil faut cesser de pointer du doigt ces gens qui essaient de sortir de 40 ans de dictature. Comment pouvait-on imaginer quaprès 40 ans dune dictature très dure, tout dun coup, les choses soient parfaitement stabilisées et que la situation en Libye soit une situation à langlo-saxonne ou à leuropéenne, avec une démocratie apaisée ?
Cela prendra du temps, ce sera difficile bien entendu. Notre rôle, cest de les aider, et non pas de les condamner en permanence ; cest daider ceux qui veulent véritablement un processus démocratique. Cest ce que nous essayons de faire comme nous le faisons en Tunisie ou en Égypte.
En Égypte aussi, le processus a été différent, il ny a pas eu dintervention extérieure. On peut aussi se poser beaucoup de questions.
Q - En effet, on peut sinterroger sur les difficultés économiques en Égypte et même en Tunisie. On voit bien que cest la mort du tourisme, le chômage, la dévaluation de leur monnaie qui est en train de créer une situation dangereuse. Faut-il les aider selon vous ?
R - Absolument, il faut que ces transitions réussissent, cest notre intérêt absolu. Je ne veux pas parler à nouveau déquilibre géostratégique mais lEurope ne pourra être paisible si le sud de la Méditerranée ne lest pas et quil ne parvient pas à se développer ; on a parlé tout à lheure de limmigration.
Vous me demandez sil faut les aider ? Que faisons-nous ? La France a lancé - cela aussi fait partie de lune des belles réalisations du président Sarkozy - à Deauville, il y a un an, ce que lon a appelé le Partenariat de Deauville qui a promis entre 60 et 80 milliards de dollars aux pays en transition. Cela commence à fonctionner. On a déjà décaissé près de quatre milliards daide à ces pays.
Il faut simplement - et cest une possibilité que jai évoquée avec les Marocains et les Tunisiens - que ces pays sorganisent et quils formulent leur demande. On ne va pas ouvrir un compte en banque comme cela, il faut des projets ; nous sommes prêts à les aider.
Je veux aussi - et cest en bonne voie - relancer lUnion pour la Méditerranée qui est, là encore, une idée visionnaire du président de la République.
Q - Nêtes-vous pas préoccupé par ce qui se fait dans certains pays avec la montée dune forme dislamisation dure, les salafistes en Tunisie. Je regardais un caricaturiste tunisien qui dit : «Avant, sous Ben Ali, tout était interdit et maintenant, tout est péché».
R - Oui, sauf que maintenant il peut le dire ce caricaturiste ; cest une petite différence.
Q - Il peut encore le dire !
R - Il pourra toujours le dire. Je suis beaucoup moins pessimiste que vous. Je comprends très bien lanalyse que vous faites mais, pour ma part, jessaie dêtre positif et je fais confiance. Je me suis longtemps entretenu avec les responsables dEnnahda, le parti islamique en Tunisie.
Hier jai rencontré le parti de la Justice et du Droit. Pouvons-nous, nous Européens, nous Français, partir du principe que tout parti politique au sud de la Méditerranée qui se réfère à lislam est un parti avec lequel nous ne devons pas parler ?
Lislam en soi nest pas un danger ; il faut quand même se mettre cela dans la tête. Il y a une espèce dislamophobie latente, je ne parle pas évidement de ce qui se passe autour de cette table.
Q - Je lespère bien, sinon nous aurions protesté.
R - Cela ne me serait jamais venu à lidée, je vous assure, mais je regarde ce qui se passe dans la société française. Il y a une forme dislamophobie très préoccupante. LIslam en soi nest pas un problème. Le problème, ce sont les dérives extrémistes de lIslam à linstar des dérives extrémistes dautres religions. Alors, il faut que nous confortions ceux qui sont modérés, ceux qui acceptent par exemple les principes dégalité entre les hommes et les femmes.
Q - Comme à Rabat où vous avez vu Mohamed VI, par exemple, ce qui est en train de se faire au Maroc ?
R - Bien entendu. En Tunisie aussi, lors des dernières élections à la constituante, les listes électorales étaient des listes à parité. Il y avait un homme, une femme, un homme, une femme
Q - vous avez eu une analyse, vous, sur la Turquie. Vous pensez que cest effectivement une zone de stabilité avec laquelle il faut entretenir les relations. Or, en ce moment, Nicolas Sarkozy parle beaucoup avec les Arméniens vis-à-vis justement de tout ce qui concerne les lois sur les génocides. Est-ce que vous considérez quil ny a pas là un danger de mettre justement en péril ce que vous voulez, vous, poser avec la Turquie ?
R - Je crois quil ne faut pas tout mélanger. La loi concernant le génocide arménien, jai dit ce que jen pensais. Nous avons reconnu le génocide arménien. Je pense que la loi de pénalisation du déni de génocide nétait pas utile. Le Conseil constitutionnel, dailleurs, a pris une décision. Quand même, il faut se le rappeler, il y a une directive européenne là-dessus quil faut que nous transposions : il sagit-là dun premier problème.
En revanche, sur la Turquie, le président de la République a toujours dit que cétait un grand pays qui jouait un rôle majeur dans la région, qui était un partenaire économique et culturel aussi très important pour la France et que nous souhaitons avoir les meilleures relations possibles avec la Turquie.
Q - On peut dire un mot de Florence Cassez ? Est-ce que vous avez bon espoir que les Mexicains la libèrent tout en respectant la règle dune justice indépendante au Mexique ?
R - Je pense beaucoup à Florence Cassez, qui a vécu un cauchemar depuis plus de cinq ans maintenant. Mais je ne veux pas, naturellement, par des déclarations intempestives, contrarier en quoi que ce soit le processus judiciaire
Q - Vous gardez le contact ?
R - Bien sûr, notre ambassade est en train de suivre la situation.
Q - Vous avez confiance en ce qui est en train de se passer ?
R - Quand on observe ce qua dit le rapporteur général, je crois quil y a des raisons davoir confiance mais, je le répète, je ne veux pas avoir lair dexercer des pressions sur la Cour suprême mexicaine.
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Q - Alain Juppé on vient dévoquer la situation en Syrie. Il y a quelques jours, une journaliste française est revenue de là-bas où elle a été blessée dans un bombardement. Certaines informations disent que des agents secrets auraient procédé à son exfiltration. Est-ce que vous le confirmez ?
R - Il y a eu deux pistes pour rapatrier nos compatriotes.
Dabord, nous avons essayé dobtenir du gouvernement syrien quil donne les assurances de sécurité nécessaires afin que la Croix-Rouge puisse entrer avec ses ambulances et évacuer nos blessés. Le gouvernement syrien na pas joué le jeu et na pas accepté en particulier, que notre ambassadeur en Syrie, soit présent à Homs pour rassurer nos journalistes. Cest la raison pour laquelle ils ont refusé de sengager dans cette voie et ce que lon appelle lArmée libre syrienne a organisé leur évacuation comme elle la fait dans dautres situations, à destination du Liban. Nous avons coopéré avec les autorités libanaises pour que cette évacuation se fasse dans les meilleures conditions possibles.
Q - Sur lIran, est-ce quil est vrai quHillary Clinton que vous voyez souvent et que vous allez encore revoir ce soir et demain à New York vous a confié lintention de B. Netanyahou, le Premier ministre dIsraël, de frapper bientôt les installations nucléaires militaires de lIran.
R - Non, Mme Clinton ne ma pas fait cette confidence. Nous avons dexcellentes relations, elle et moi, et nous suivons la situation avec beaucoup dattention et même dinquiétude parce que la crise iranienne est peut-être la crise la plus dangereuse, non seulement au Proche-Orient mais de façon plus générale pour léquilibre du monde. Nous ne pouvons pas accepter que lIran viole tous ses engagements internationaux en se dotant de larme nucléaire. Ce serait une spirale extraordinairement dangereuse dans toute la région.
Q - Pas seulement pour lexistence de lÉtat dIsraël ?
R - Concernant lexistence de lÉtat dIsraël, je voudrais quand même rappeler que le président Ahmadinejad, qui apparaît maintenant comme un modéré dans chacun de ses discours, sengage à rayer Israël de la carte ; cest un élément quil faut prendre en considération. Vous savez que la France, notamment le président de la République à New York lors de la dernière Assemblée générale, a dit que pour nous la sécurité dIsraël était un enjeu majeur et que nous serions au côté dIsraël si sa sécurité était mise en cause. Alors quest-ce quon peut faire ?
Q - Cela veut-il dire que larmée française irait soutenir larmée israélienne sil se passait quelque chose ?
R - Il y a dautres façons de manifester notre solidarité dans de telles situations ; ne faisons pas de scénario catastrophe. Il faut tout faire pour bloquer le processus qui conduit lIran à se doter de larme nucléaire.
LIran nous dit : «ce nest pas vrai, ce nest pas notre intention». Nous leur répondons : «prouvez-nous quil ny a pas de programme militaire nucléaire en Iran». Cest ce que les inspecteurs de lAgence internationale de lénergie atomique ont essayé de vérifier.
En réalité, lIran ne joue pas le jeu aujourdhui, même sil vient de se dire prêt à reprendre les négociations ; doù la mesure que nous avons prise pour éviter loption militaire, en plein accord avec nos alliés, avec les Allemands et les Britanniques, avec lensemble des Européens, avec aussi les Américains et les Russes, de prendre des sanctions très dures pour obliger lIran à revenir à la table des négociations. Pour linstant, lobjectif na pas été atteint mais comme je le disais, lIran a commencé à bouger un peu en proposant de revenir autour de la table des négociations. Nous allons continuer sur cette politique qui est cohérente et qui je lespère donnera des résultats.
( ).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mars 2012
Q - Kofi Annan a rencontré hier à Damas Bachar Al-Assad. Vous vous rendez également ce soir à New York. Comment obtenir cette résolution qui permettrait de ramener une situation en Syrie pour que cessent les massacres et les combats ?
R - Je ne pense pas que nous obtiendrons cette résolution, malheureusement, parce que nous nous heurtons toujours à une position inflexible de la Russie.
Q - Mais Vladimir Poutine ne va-t-il pas changer maintenant quil est au Kremlin ? Ny a-t-il pas un signe dévolution ?
R - Je nen suis pas sûr. Je lespérais mais, pour linstant, je ne vois aucun signe. Nous verrons demain à New York.
Ce qui se passe en Syrie est pour moi une immense frustration. Dominique de Villepin qui connaît bien la politique étrangère et notamment cette région a dit récemment que cela lempêchait de dormir ; moi aussi, dune certaine manière, parce que malgré tous les efforts que nous déployons depuis des semaines, le massacre continue.
Après Homs, cest maintenant le tour dIdlib en Syrie.
Quessayons-nous de faire ? Quel était lobjectif de cette résolution ? Cétait daboutir à un cessez-le-feu, à une cessation des violences et à laccès, enfin, de laide humanitaire qui est aujourdhui refusé par le régime. Ce que nous ne pouvons pas accepter dans cette résolution, cest que lon mette exactement sur le même niveau le régime qui assassine ses citoyens et les insurgés qui tentent de se défendre.
Q - Pour vous, ny a-t-il pas dautres solutions que le départ de Bachar Al-Assad ?
R - Pour nous, il ny a aujourdhui pas dautres solutions que de mettre en uvre - et cest le deuxième point qui fait problème dans la résolution - le plan de règlement politique de la situation en Syrie qui a été présenté par la Ligue arabe et que nous soutenons.
Q - Mais il nen veut pas ! Il la répété à Kofi Annan quil revoit aujourdhui.
R - Ce nest pas parce quil nen veut pas quil faut renoncer. Nous souhaitons la mise en uvre de ce plan et nous ne céderons pas sur ce point parce que nous avons le soutien de 13 membres sur 15 au Conseil de sécurité, de 137 États membres à lAssemblée générale et de lensemble du groupe des Amis du peuple syrien qui se sont réunis à Tunis et qui se réuniront bientôt en Turquie.
Le deuxième point est le suivant : un plan de règlement politique qui prévoit, comme au Yémen, la mise à lécart du président actuel, la constitution dun gouvernement de coalition incluant lopposition et lorganisation délections libres.
Quel est lobjectif en Syrie ? Cest de permettre au peuple syrien de sortir de la dictature et daller vers la démocratie. Pour linstant, nous ny sommes pas et nous allons continuer nos efforts en ce sens.
Q - Pourquoi, les résistants ou ceux qui se battent sont-ils des démocrates ? Êtes-vous sûr de cela ? Pense-t-on aussi à ce qui se passera après ?
R - Jy pense, oui, bien sûr. Je sens bien ce que vous avez en tête et, sur la Libye, je nai aucun regret. Lorsque je suis allé à Tripoli, jai vu des gens qui me disaient merci parce quils pouvaient enfin sexprimer librement.
Q - Peut-être devriez-vous y retourner ?
R - Oui, peut-être, et je suis prêt à my rendre avec vous si vous le souhaitez.
Q - Jaccepte volontiers linvitation.
R - Je ne dis pas cela pour vous mais ceux qui nous critiquent auraient sans doute préféré que Kadhafi soit toujours au pouvoir.
Q - Oui mais en Libye, les droits de lHomme ne sont pas respectés. Il y a des exécutions sommaires et on devrait entendre la voix de la France pour protester contre ce qui se fait aujourdhui.
R - On lentend, Monsieur.
Q - Il y a des massacres secrets, une sorte de tyrannie qui est en train de simposer. Naturellement. Il fallait écarter Kadhafi, mais pourquoi se taire lorsque les droits de lHomme et de la Femme ne sont pas respectés en Libye ?
R - Mais, nous ne nous taisons pas et nous avons toujours dit que sil y avait des actes contraires aux droits de lHomme, nous les dénoncerions et que nous en poursuivrions les coupables.
Q - Et vous les dénoncez ce matin ?
R - Je les dénonçais hier, je le fais aujourdhui et je le ferai demain. Soyez très attentif à ce que nous déclarons.
Q - Je le suis. La question qui se pose au fond, cest pourquoi, deux poids et deux mesures sur la Libye et sur la Syrie ? Pourquoi nintervenons-nous pas en Syrie, pourquoi restons-nous dans le domaine de la sanction économique et diplomatique qui pour linstant ne fonctionne pas ?
R - Jai un peu de mal à comprendre ces critiques. Si je suis votre raisonnement, on a eu tort de faire ce que nous avons fait en Libye puisquaujourdhui cela crée un vide.
Q - Non, ce ne sont pas des critiques, ce sont des questions. Pardon mais il y a longtemps que lon aurait dû se débarrasser du dictateur Kadhafi mais pas pour le remplacer par une autre dictature.
R - La Libye nest pas une dictature aujourdhui. Il y a un gouvernement qui est en train de préparer des élections et je ne peux pas laisser dire que le président libyen et le chef du gouvernement sont des dictateurs. Il y a des comportements inacceptables qui sont des violations des droits de lHomme et nous les condamnons comme les dirigeants libyens les condamnent. On ne peut pas mettre M. Jalil sur le même plan que M. Kadhafi ; pas de confusion entre les deux.
Jen reviens à la Syrie : pourquoi une intervention nest-t-elle pas possible ?
Dabord pour une première raison tout à fait claire qui est juridique et que je répète inlassablement depuis des mois, cest quil est exclu, pour nous, de nous engager dans une intervention militaire si nous navons pas le feu vert du Conseil de sécurité des Nations unies.
Q - Et cela ne pourrait pas se faire sous une autre forme de mandat ?
R - Vous le savez aussi bien que moi : aujourdhui, la Chine et la Russie opposent leur veto. Cest une première raison qui je crois est très simple.
La deuxième raison, cest que nous avons face à nous une opposition qui nest absolument pas structurée comme létait le Conseil national de transition ; elle est divisée. Au sein de lopposition, certains demandent une intervention militaire, dautres la récusent.
La troisième raison est que le risque de guerre civile en cas dintervention extérieure en Syrie est maximum. Vous le savez, il y a dans ce pays différentes communautés, alaouites, sunnites, chrétiens, kurdes et tous ne sont pas sur la même ligne. Voilà pourquoi même la Ligue arabe, aujourdhui, dans son discours officiel ne demande pas une intervention militaire.
Q - Pouvez-vous savoir pourquoi les Russes protègent à ce point et encore aujourdhui Bachar Al-Assad ?
R - Oui, il y a un certain nombre de raisons que nous avons parfaitement analysées.
La première, cest quils nont jamais véritablement accepté lintervention qui a été la nôtre en Libye et, dune certaine manière, ils veulent nous faire payer lintervention libyenne en Syrie.
La deuxième, cest que la Russie a toujours eu des intérêts majeurs en Syrie. Cest - ou cétait - sa tête de pont dans le monde arabe, notamment avec des marchés darmements extrêmement importants.
La troisième, cest que la Russie craint la contagion islamiste sur son propre territoire.
La dernière raison, cest quaujourdhui le discours qui a été tenu pendant la campagne présidentielle est un discours très nationaliste et que toute concession vis-à-vis de lOccident aurait été interprétée comme un signe de faiblesse.
Q - Si Bachar Al-Assad devait quitter le pouvoir pour permettre une solution à cette crise, la France lui accorderait-elle, à lui et à son épouse, lasile politique ?
R - Nous avons demandé que soient réunis les éléments de preuve et, dailleurs, lambassadeur de France pour les droits de lHomme est en train dy travailler. Il faut connaître les éléments qui permettraient de traduire les dirigeants syriens et notamment le président syrien devant la Cour pénale internationale.
Je lai demandé officiellement devant le Conseil des droits de lHomme à Genève.
Q - Mais pour lasile politique ?
R - Cest ma réponse, Monsieur.
Q - Vous avez parlé de la Libye. Benghazi est toujours opposée, - cest une tradition - à Tripoli. Benghazi veut lautonomie de la Cyrénaïque Faut-il accepter que la Libye soit découpée en morceaux en acceptant une solution fédérale ?eux qui ont contribué à la libération de la Libye ont-ils leur mot à dire dans ce domaine ?
R - Non, nous navons pas à voter à la place des Libyens si cest ce que vous voulez me faire dire.
Q - Non mais vous devez avoir un peu dinfluence auprès de ceux que vous avez placé au pouvoir !
R - Bien sûr que nous sommes très vigilants sur le respect des droits de lHomme et dun certain nombre de principes mais cest aux Libyens de choisir leur avenir. Ce nest pas à la France ni à la coalition internationale. Néanmoins, nous avons toujours dit que nous étions très attachés à lintégrité territoriale de la Libye et que le séparatisme en Libye serait une très mauvaise chose.
Vous me parlez de lautonomie de la Cyrénaïque, cest une autre affaire. Quau sein de la Libye de demain, il y ait éventuellement des régimes dautonomie, cest une décision qui appartient aux Libyens. Ce que je voudrais surtout dire, cest quil faut cesser de pointer du doigt ces gens qui essaient de sortir de 40 ans de dictature. Comment pouvait-on imaginer quaprès 40 ans dune dictature très dure, tout dun coup, les choses soient parfaitement stabilisées et que la situation en Libye soit une situation à langlo-saxonne ou à leuropéenne, avec une démocratie apaisée ?
Cela prendra du temps, ce sera difficile bien entendu. Notre rôle, cest de les aider, et non pas de les condamner en permanence ; cest daider ceux qui veulent véritablement un processus démocratique. Cest ce que nous essayons de faire comme nous le faisons en Tunisie ou en Égypte.
En Égypte aussi, le processus a été différent, il ny a pas eu dintervention extérieure. On peut aussi se poser beaucoup de questions.
Q - En effet, on peut sinterroger sur les difficultés économiques en Égypte et même en Tunisie. On voit bien que cest la mort du tourisme, le chômage, la dévaluation de leur monnaie qui est en train de créer une situation dangereuse. Faut-il les aider selon vous ?
R - Absolument, il faut que ces transitions réussissent, cest notre intérêt absolu. Je ne veux pas parler à nouveau déquilibre géostratégique mais lEurope ne pourra être paisible si le sud de la Méditerranée ne lest pas et quil ne parvient pas à se développer ; on a parlé tout à lheure de limmigration.
Vous me demandez sil faut les aider ? Que faisons-nous ? La France a lancé - cela aussi fait partie de lune des belles réalisations du président Sarkozy - à Deauville, il y a un an, ce que lon a appelé le Partenariat de Deauville qui a promis entre 60 et 80 milliards de dollars aux pays en transition. Cela commence à fonctionner. On a déjà décaissé près de quatre milliards daide à ces pays.
Il faut simplement - et cest une possibilité que jai évoquée avec les Marocains et les Tunisiens - que ces pays sorganisent et quils formulent leur demande. On ne va pas ouvrir un compte en banque comme cela, il faut des projets ; nous sommes prêts à les aider.
Je veux aussi - et cest en bonne voie - relancer lUnion pour la Méditerranée qui est, là encore, une idée visionnaire du président de la République.
Q - Nêtes-vous pas préoccupé par ce qui se fait dans certains pays avec la montée dune forme dislamisation dure, les salafistes en Tunisie. Je regardais un caricaturiste tunisien qui dit : «Avant, sous Ben Ali, tout était interdit et maintenant, tout est péché».
R - Oui, sauf que maintenant il peut le dire ce caricaturiste ; cest une petite différence.
Q - Il peut encore le dire !
R - Il pourra toujours le dire. Je suis beaucoup moins pessimiste que vous. Je comprends très bien lanalyse que vous faites mais, pour ma part, jessaie dêtre positif et je fais confiance. Je me suis longtemps entretenu avec les responsables dEnnahda, le parti islamique en Tunisie.
Hier jai rencontré le parti de la Justice et du Droit. Pouvons-nous, nous Européens, nous Français, partir du principe que tout parti politique au sud de la Méditerranée qui se réfère à lislam est un parti avec lequel nous ne devons pas parler ?
Lislam en soi nest pas un danger ; il faut quand même se mettre cela dans la tête. Il y a une espèce dislamophobie latente, je ne parle pas évidement de ce qui se passe autour de cette table.
Q - Je lespère bien, sinon nous aurions protesté.
R - Cela ne me serait jamais venu à lidée, je vous assure, mais je regarde ce qui se passe dans la société française. Il y a une forme dislamophobie très préoccupante. LIslam en soi nest pas un problème. Le problème, ce sont les dérives extrémistes de lIslam à linstar des dérives extrémistes dautres religions. Alors, il faut que nous confortions ceux qui sont modérés, ceux qui acceptent par exemple les principes dégalité entre les hommes et les femmes.
Q - Comme à Rabat où vous avez vu Mohamed VI, par exemple, ce qui est en train de se faire au Maroc ?
R - Bien entendu. En Tunisie aussi, lors des dernières élections à la constituante, les listes électorales étaient des listes à parité. Il y avait un homme, une femme, un homme, une femme
Q - vous avez eu une analyse, vous, sur la Turquie. Vous pensez que cest effectivement une zone de stabilité avec laquelle il faut entretenir les relations. Or, en ce moment, Nicolas Sarkozy parle beaucoup avec les Arméniens vis-à-vis justement de tout ce qui concerne les lois sur les génocides. Est-ce que vous considérez quil ny a pas là un danger de mettre justement en péril ce que vous voulez, vous, poser avec la Turquie ?
R - Je crois quil ne faut pas tout mélanger. La loi concernant le génocide arménien, jai dit ce que jen pensais. Nous avons reconnu le génocide arménien. Je pense que la loi de pénalisation du déni de génocide nétait pas utile. Le Conseil constitutionnel, dailleurs, a pris une décision. Quand même, il faut se le rappeler, il y a une directive européenne là-dessus quil faut que nous transposions : il sagit-là dun premier problème.
En revanche, sur la Turquie, le président de la République a toujours dit que cétait un grand pays qui jouait un rôle majeur dans la région, qui était un partenaire économique et culturel aussi très important pour la France et que nous souhaitons avoir les meilleures relations possibles avec la Turquie.
Q - On peut dire un mot de Florence Cassez ? Est-ce que vous avez bon espoir que les Mexicains la libèrent tout en respectant la règle dune justice indépendante au Mexique ?
R - Je pense beaucoup à Florence Cassez, qui a vécu un cauchemar depuis plus de cinq ans maintenant. Mais je ne veux pas, naturellement, par des déclarations intempestives, contrarier en quoi que ce soit le processus judiciaire
Q - Vous gardez le contact ?
R - Bien sûr, notre ambassade est en train de suivre la situation.
Q - Vous avez confiance en ce qui est en train de se passer ?
R - Quand on observe ce qua dit le rapporteur général, je crois quil y a des raisons davoir confiance mais, je le répète, je ne veux pas avoir lair dexercer des pressions sur la Cour suprême mexicaine.
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Q - Alain Juppé on vient dévoquer la situation en Syrie. Il y a quelques jours, une journaliste française est revenue de là-bas où elle a été blessée dans un bombardement. Certaines informations disent que des agents secrets auraient procédé à son exfiltration. Est-ce que vous le confirmez ?
R - Il y a eu deux pistes pour rapatrier nos compatriotes.
Dabord, nous avons essayé dobtenir du gouvernement syrien quil donne les assurances de sécurité nécessaires afin que la Croix-Rouge puisse entrer avec ses ambulances et évacuer nos blessés. Le gouvernement syrien na pas joué le jeu et na pas accepté en particulier, que notre ambassadeur en Syrie, soit présent à Homs pour rassurer nos journalistes. Cest la raison pour laquelle ils ont refusé de sengager dans cette voie et ce que lon appelle lArmée libre syrienne a organisé leur évacuation comme elle la fait dans dautres situations, à destination du Liban. Nous avons coopéré avec les autorités libanaises pour que cette évacuation se fasse dans les meilleures conditions possibles.
Q - Sur lIran, est-ce quil est vrai quHillary Clinton que vous voyez souvent et que vous allez encore revoir ce soir et demain à New York vous a confié lintention de B. Netanyahou, le Premier ministre dIsraël, de frapper bientôt les installations nucléaires militaires de lIran.
R - Non, Mme Clinton ne ma pas fait cette confidence. Nous avons dexcellentes relations, elle et moi, et nous suivons la situation avec beaucoup dattention et même dinquiétude parce que la crise iranienne est peut-être la crise la plus dangereuse, non seulement au Proche-Orient mais de façon plus générale pour léquilibre du monde. Nous ne pouvons pas accepter que lIran viole tous ses engagements internationaux en se dotant de larme nucléaire. Ce serait une spirale extraordinairement dangereuse dans toute la région.
Q - Pas seulement pour lexistence de lÉtat dIsraël ?
R - Concernant lexistence de lÉtat dIsraël, je voudrais quand même rappeler que le président Ahmadinejad, qui apparaît maintenant comme un modéré dans chacun de ses discours, sengage à rayer Israël de la carte ; cest un élément quil faut prendre en considération. Vous savez que la France, notamment le président de la République à New York lors de la dernière Assemblée générale, a dit que pour nous la sécurité dIsraël était un enjeu majeur et que nous serions au côté dIsraël si sa sécurité était mise en cause. Alors quest-ce quon peut faire ?
Q - Cela veut-il dire que larmée française irait soutenir larmée israélienne sil se passait quelque chose ?
R - Il y a dautres façons de manifester notre solidarité dans de telles situations ; ne faisons pas de scénario catastrophe. Il faut tout faire pour bloquer le processus qui conduit lIran à se doter de larme nucléaire.
LIran nous dit : «ce nest pas vrai, ce nest pas notre intention». Nous leur répondons : «prouvez-nous quil ny a pas de programme militaire nucléaire en Iran». Cest ce que les inspecteurs de lAgence internationale de lénergie atomique ont essayé de vérifier.
En réalité, lIran ne joue pas le jeu aujourdhui, même sil vient de se dire prêt à reprendre les négociations ; doù la mesure que nous avons prise pour éviter loption militaire, en plein accord avec nos alliés, avec les Allemands et les Britanniques, avec lensemble des Européens, avec aussi les Américains et les Russes, de prendre des sanctions très dures pour obliger lIran à revenir à la table des négociations. Pour linstant, lobjectif na pas été atteint mais comme je le disais, lIran a commencé à bouger un peu en proposant de revenir autour de la table des négociations. Nous allons continuer sur cette politique qui est cohérente et qui je lespère donnera des résultats.
( ).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 mars 2012