Texte intégral
Q - On va évidemment revenir sur le drame de Toulouse. Quest-ce qui domine chez vous, ce matin : lindignation, la colère ?
R - Un choc terrible, une profonde émotion, beaucoup dindignation, beaucoup de colère aussi. Jétais hier soir à Bordeaux, à la grande synagogue où il y avait plus dun millier de personnes, parce que la communauté juive bordelaise est directement affectée. Vous savez que lenseignant qui a été tué était dorigine bordelaise et beaucoup de jeunes juifs lycéens vont à Toulouse suivre des cours ; jai donc voulu exprimer ma compassion.
Et puis, nous nous sommes bien sûr immédiatement mobilisés. Le gouvernement a pris toutes les décisions, sous limpulsion du président de la République, pour que la traque de ce monstre soit immédiatement déclenchée.
Q - Mais ny a-t-il pas une certaine impuissance de la police face à un tueur aussi déterminé, aussi solitaire ?
R - Non, il ny a pas dimpuissance. Nous le trouverons et nous le traduirons en justice ; il sera puni. Il nest pas question de baisser les bras. Nous avons mobilisé, je le rappelle, toutes nos forces dans la région Midi-Pyrénées et même au-delà.
Q - Vous êtes le numéro deux du gouvernement, où en est lenquête ce matin ?
R - Je ne peux rien vous dire de plus que ce que vous savez ; lenquête est évidemment en cours. Là aussi, la justice est complètement mobilisée mais je ne veux pas donner de piste prématurée. Il semble quil y ait un lien étroit avec ce qui sest passé à Montauban - trois militaires assassinés. Toutes les pistes aujourdhui sont explorées.
Q - Peut-il y avoir un lien, peut-on limaginer, avec des conflits étrangers ? Au Proche-Orient, en Afghanistan ?
R - Je nen sais rien et je ne veux pas, compte tenu de mes fonctions, faire des spéculations à partir de rien.
On peut toujours donner des interprétations personnelles, mais je men tiens à lenquête et à ce que cette enquête établira, je lespère, le plus vite possible.
Q - Il y a aussi une émotion à létranger
R - Il y a une émotion universelle. Nous avons reçu des messages de soutien de partout : des amis européens, dIsraël, du secrétaire général des Nations unies, du président Obama. Cest un choc mondial parce quil sagit denfants, de petits enfants dans une école ; cest la limite extrême, au-delà de la limite de lhorreur.
Q - Cest la première fois que cela arrive en France
R - Cest en effet la première fois que cela arrive en France. Cest pour cela que cest un choc qui provoque ce réflexe dunité nationale, qui, je crois, est à lhonneur de notre pays, et de sa classe politique, si souvent vilipendée. Je crois que la classe politique a réagi avec beaucoup de dignité.
( )
Q - Je passe à un sujet très différent : la Syrie. Il y a aujourdhui une réunion importante à lONU. Quattendez-vous ?
R - Nous ne relâchons pas nos efforts parce que le drame qui se déroule en Syrie, depuis des mois et des mois, est là aussi inacceptable.
Nous avons préparé - je ne vais pas rentrer dans la technique diplomatique - une déclaration de la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies, avec un triple objectif : dabord, obtenir une cessation des violences, dès que possible, un cessez-le-feu ; ensuite, permettre laccès de laide humanitaire - je me bats sur ce point depuis longtemps ; enfin - et cest pour nous extrêmement important -, poursuivre le processus politique.
On ne peut pas confisquer laspiration démocratique du peuple syrien qui est à lorigine de tout ce qui se passe en Syrie. Alors, cest difficile, mais je sens que les Russes sont en train de bouger, un peu, parce quils se sentent profondément isolés. Je voudrais tout de même rappeler que la France, devant le blocage du Conseil de sécurité, a eu recours à lAssemblée générale des Nations unies, avec dautres, et que nous y avons obtenu 137 voix, cest-à-dire les deux tiers de la communauté internationale.
Nous avons aussi suggéré une réunion des Amis du peuple syrien. Une seconde réunion va se tenir bientôt en Turquie ; nous accentuons donc la pression. On peut dire : «cest de limpuissance» Non, cest beaucoup plus long que nous ne le souhaiterions. Le massacre continue mais nous allons, là aussi, maintenir cette pression et ne jamais renoncer.
Q - Faut-il armer les rebelles ?
R - Je ne le pense pas. Dailleurs, une grande partie de lopposition ne le souhaite pas et même sy oppose. Pourquoi ? Parce que si on fournit des armes lourdes aux rebelles, on amorce - ce qui est déjà amorcé, hélas - un processus de guerre civile. La société syrienne est profondément divisée entre communautés : les alaouites qui sont minoritaires mais qui ont le pouvoir les sunnites, mais aussi les chrétiens qui sont très inquiets pour leur avenir. Donc, si lon met des armes lourdes dans ce type de situation, le risque descalade est très élevé. Ce quil faut, cest le cessez-le-feu, laide humanitaire et le processus politique.
Q - Une intervention militaire est-elle exclue ?
R - Lintervention militaire ne pourrait avoir de sens que dans le cadre dun mandat des Nations unies. Nous nallons pas nous projeter sur le terrain, comme cela, proprio motu. Or, les conditions ne sont pas et ne seront pas réunies pour obtenir ce feu vert. Je le répète, les pays de la région eux-mêmes ne le souhaitent pas.
La Ligue arabe sest fortement investie dans ce conflit, cest dailleurs un point essentiel. Cest sur ce plan de la Ligue arabe que nous devons agir. Je vous rappelle que ce plan prévoit un processus de transition politique et non pas une intervention militaire.
( )source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 mars 2012
R - Un choc terrible, une profonde émotion, beaucoup dindignation, beaucoup de colère aussi. Jétais hier soir à Bordeaux, à la grande synagogue où il y avait plus dun millier de personnes, parce que la communauté juive bordelaise est directement affectée. Vous savez que lenseignant qui a été tué était dorigine bordelaise et beaucoup de jeunes juifs lycéens vont à Toulouse suivre des cours ; jai donc voulu exprimer ma compassion.
Et puis, nous nous sommes bien sûr immédiatement mobilisés. Le gouvernement a pris toutes les décisions, sous limpulsion du président de la République, pour que la traque de ce monstre soit immédiatement déclenchée.
Q - Mais ny a-t-il pas une certaine impuissance de la police face à un tueur aussi déterminé, aussi solitaire ?
R - Non, il ny a pas dimpuissance. Nous le trouverons et nous le traduirons en justice ; il sera puni. Il nest pas question de baisser les bras. Nous avons mobilisé, je le rappelle, toutes nos forces dans la région Midi-Pyrénées et même au-delà.
Q - Vous êtes le numéro deux du gouvernement, où en est lenquête ce matin ?
R - Je ne peux rien vous dire de plus que ce que vous savez ; lenquête est évidemment en cours. Là aussi, la justice est complètement mobilisée mais je ne veux pas donner de piste prématurée. Il semble quil y ait un lien étroit avec ce qui sest passé à Montauban - trois militaires assassinés. Toutes les pistes aujourdhui sont explorées.
Q - Peut-il y avoir un lien, peut-on limaginer, avec des conflits étrangers ? Au Proche-Orient, en Afghanistan ?
R - Je nen sais rien et je ne veux pas, compte tenu de mes fonctions, faire des spéculations à partir de rien.
On peut toujours donner des interprétations personnelles, mais je men tiens à lenquête et à ce que cette enquête établira, je lespère, le plus vite possible.
Q - Il y a aussi une émotion à létranger
R - Il y a une émotion universelle. Nous avons reçu des messages de soutien de partout : des amis européens, dIsraël, du secrétaire général des Nations unies, du président Obama. Cest un choc mondial parce quil sagit denfants, de petits enfants dans une école ; cest la limite extrême, au-delà de la limite de lhorreur.
Q - Cest la première fois que cela arrive en France
R - Cest en effet la première fois que cela arrive en France. Cest pour cela que cest un choc qui provoque ce réflexe dunité nationale, qui, je crois, est à lhonneur de notre pays, et de sa classe politique, si souvent vilipendée. Je crois que la classe politique a réagi avec beaucoup de dignité.
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Q - Je passe à un sujet très différent : la Syrie. Il y a aujourdhui une réunion importante à lONU. Quattendez-vous ?
R - Nous ne relâchons pas nos efforts parce que le drame qui se déroule en Syrie, depuis des mois et des mois, est là aussi inacceptable.
Nous avons préparé - je ne vais pas rentrer dans la technique diplomatique - une déclaration de la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies, avec un triple objectif : dabord, obtenir une cessation des violences, dès que possible, un cessez-le-feu ; ensuite, permettre laccès de laide humanitaire - je me bats sur ce point depuis longtemps ; enfin - et cest pour nous extrêmement important -, poursuivre le processus politique.
On ne peut pas confisquer laspiration démocratique du peuple syrien qui est à lorigine de tout ce qui se passe en Syrie. Alors, cest difficile, mais je sens que les Russes sont en train de bouger, un peu, parce quils se sentent profondément isolés. Je voudrais tout de même rappeler que la France, devant le blocage du Conseil de sécurité, a eu recours à lAssemblée générale des Nations unies, avec dautres, et que nous y avons obtenu 137 voix, cest-à-dire les deux tiers de la communauté internationale.
Nous avons aussi suggéré une réunion des Amis du peuple syrien. Une seconde réunion va se tenir bientôt en Turquie ; nous accentuons donc la pression. On peut dire : «cest de limpuissance» Non, cest beaucoup plus long que nous ne le souhaiterions. Le massacre continue mais nous allons, là aussi, maintenir cette pression et ne jamais renoncer.
Q - Faut-il armer les rebelles ?
R - Je ne le pense pas. Dailleurs, une grande partie de lopposition ne le souhaite pas et même sy oppose. Pourquoi ? Parce que si on fournit des armes lourdes aux rebelles, on amorce - ce qui est déjà amorcé, hélas - un processus de guerre civile. La société syrienne est profondément divisée entre communautés : les alaouites qui sont minoritaires mais qui ont le pouvoir les sunnites, mais aussi les chrétiens qui sont très inquiets pour leur avenir. Donc, si lon met des armes lourdes dans ce type de situation, le risque descalade est très élevé. Ce quil faut, cest le cessez-le-feu, laide humanitaire et le processus politique.
Q - Une intervention militaire est-elle exclue ?
R - Lintervention militaire ne pourrait avoir de sens que dans le cadre dun mandat des Nations unies. Nous nallons pas nous projeter sur le terrain, comme cela, proprio motu. Or, les conditions ne sont pas et ne seront pas réunies pour obtenir ce feu vert. Je le répète, les pays de la région eux-mêmes ne le souhaitent pas.
La Ligue arabe sest fortement investie dans ce conflit, cest dailleurs un point essentiel. Cest sur ce plan de la Ligue arabe que nous devons agir. Je vous rappelle que ce plan prévoit un processus de transition politique et non pas une intervention militaire.
( )source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 mars 2012