Texte intégral
Je tiens tout dabord à remercier le professeur David Edwards, le fondateur du Laboratoire, ce lieu culturel inédit qui nous accueille, pour cet événement qui fera date.
Dès 2008, le ministère de la Culture et de la Communication sest efforcé de relancer les programmes en faveur de léducation artistique et culturelle, et de renforcer ses actions contre tous les phénomènes de désertification culturelle. À cet effet, plusieurs programmes ont été étendus ou amorcés, afin de favoriser la diversité des expressions culturelles et de renforcer laccès aux uvres dont ne bénéficient encore que très insuffisamment les populations dites « éloignées ». Il nous fallait en effet renforcer les nombreux programmes existants et éviter quils ne subissent des ajustements budgétaires. Il nous fallait aussi en créer de nouveaux, pour couvrir de nouveaux besoins, pour toucher aussi des modes dexpression émergents.
Dans le domaine essentiel de léducation artistique et culturelle, nous avons mené des avancées considérables avec lEducation nationale : en introduisant lhistoire des arts à lécole, en créant Ciné-lycées, en ouvrant de nouvelles perspectives sur les pratiques orchestrales à lécole, en rouvrant la réflexion sur les modes de transmission de la musique et les enseignements artistiques dans les conservatoires avec le rapport Lockwood, ou encore en soutenant des expériences innovantes en matière de pratique musicale hors temps scolaire sur lesquelles je me suis personnellement engagé comme le projet DEMOS.
Concernant plus particulièrement le monde urbain, jai tenu à donner une continuité aux appels à projets de « Dynamique espoir banlieue » ; jai veillé également à ce quun nombre significatif des conventions de coopération culturelle en cours délaboration avec les collectivités locales concernent les zones urbaines sensibles. Ces conventions permettent de donner aux politiques culturelles locales menées par mon Ministère et les collectivités territoriales une bien meilleure cohérence. Elles les inscrivent dans la durée. Nous avons également signé avec sept associations nationales de solidarité des conventions pluriannuelles dobjectifs.
Des formes spontanées de pratiques culturelles comme les pratiques amateurs ou les relations entre culture et monde du travail ont été enfin reconnues et aidées. Jaccorde aussi une grande attention à la visibilité et à la mise en valeur de la dimension culturelle du jeu vidéo, dont le potentiel dans les domaines qui nous intéressent aujourdhui sont considérables.
Nous avons également lancé des appels à projets innovants pour aider les institutions culturelles les plus modestes au même titre que les grands établissements publics à semparer des nouveaux moyens de transmission du savoir et de socialisation que représentent les outils numériques, qui forment un mode essentiel de communication et de compréhension du monde pour un nombre croissant de nos concitoyens.
Jai tenu à ce que toutes nos initiatives de démocratisation culturelle puissent être prises en compte dans tous nos territoires, dans nos régions, en Outre-mer, dans des plans de portée nationale : je pense au plan lecture, qui crée des « territoires-lecture » pour mieux coordonner et rendre plus efficaces nos actions prioritaires dans ce domaine ; à la modernisation des bibliothèques ; à la numérisation des salles de cinéma ; à laménagement des petits musées ; aux établissements denseignement agricole, aux actions en milieu carcéral ou hospitalier Aucun domaine na été négligé, à chaque fois en concertation avec les autres ministères concernés, et avec nos directions régionales des affaires culturelles comme opérateurs sur le terrain. Ce travail de concertation, je lai mené également pour lancer le projet de la Tour Médicis, qui sera une innovation majeure pour le Grand Paris de la culture.
Jai constaté les vertus de cette nouvelle dynamique encore récemment, en recevant dans mon ministère les acteurs de la mission « Vivre ensemble », dont les programmes commenceront bientôt à essaimer dans toute la France, comme ils le font déjà en Picardie.
Tout cela est le fruit des nombreux forums régionaux et du forum national sur la culture partagée en 2011, dont les préconisations ont abouti à la mise en place de politiques transversales et interministérielles, portées par le Secrétariat général de mon ministère et son service de la coordination des politiques culturelles et de l'innovation, et par nos directions régionales. Cette nouvelle dynamique, je lai appelée la « culture pour chacun » ou la « culture partagée ». Il sagissait de revoir en profondeur les fondamentaux de ce que ce ministère appelle, depuis pratiquement ses débuts, la démocratisation culturelle, car la société a changé, et nos initiatives doivent changer aussi. Nous sommes en train de le faire.
Parmi les changements détat desprit que cette dynamique implique, il y avait un chantier qui ma paru très vite prioritaire : créer les conditions pour que les initiatives de démocratisation culturelle puissent mieux profiter de toute lexpertise et du savoir-faire du monde économique et du mécénat. Laction publique, par ses procédures complexes, nest pas toujours en mesure de répondre à lurgence, à la fragilité, à lexpérimentation. Laction culturelle du monde économique dispose pour cela dune réactivité et dune souplesse qui constituent une complémentarité essentielle pour ce que nous devons entreprendre ensemble.
Le monde de lentreprise que vous représentez a en effet acquis une compétence, une rapidité de décision et un capital relationnel qui forment des atouts considérables pour la vie culturelle de notre pays.
Entre le monde de la culture et le monde associatif, il manquait un chaînon, une courroie de transmission capable de susciter ou de soutenir linnovation, de créer de la souplesse dans les initiatives de démocratisation culturelle, à linstar de ce qui sest fait dans dautres domaines de la Culture je pense notamment à la Fondation du Patrimoine, qui sest vite imposée, depuis 1996, comme un partenaire essentiel pour les acteurs du patrimoine, au plus près de nos territoires. Cest lobjectif du fonds INPACT pour la culture partagée, et cest sur cet exaltant projet que nous nous trouvons réunis aujourdhui. INPACT est cet acteur complémentaire, dégagé des pesanteurs des processus publics : il va devenir très vite indispensable.
Votre expertise, le travail collectif de vos fondations, de vos entreprises, lexpérience personnelle des philanthropes avisés que vous êtes seront au cur des nouvelles relations quINPACT va pouvoir construire entre la sphère publique et les réseaux des milieux économiques, quil sagisse des grands groupes comme des petites et moyennes entreprises. En constituant un réseau à la fois national et proche des structures locales, capable de mobiliser des acteurs de proximité dont les associations et les structures culturelles ont tant besoin, vous allez contribuer à faire émerger une nouvelle conception de laction culturelle, en amorçant de nouveaux projets, en soutenant des acteurs culturels et sociaux dont lénergie et la conviction au service de la médiation ont besoin de votre soutien. Je tiens à remercier les membres de mon équipe, notamment mon conseiller Francis Lacloche, qui a été appuyé sur ce dossier par Guillaume Pfister, ainsi que Robert Fohr, chef de la mission du mécénat, qui ont su innover et vous convaincre dentrer dans INPACT.
Grâce à vous tous, les passeurs de culture que vous allez soutenir pourront mieux prendre le risque de lexpérimentation. Grâce à vous, les projets les plus novateurs pourront se faire connaître et essaimer. Avec INPACT, les acteurs sociaux et culturels auront une nouvelle interlocutrice, une ambassadrice compétente pour leurs actions de médiation culturelle et déducation artistique : Laurence Drake, qui est amenée, je nen doute pas, à devenir très prochainement un acteur essentiel du mécénat. Ensemble, vous allez écrire une nouvelle page du mécénat culturel, qui sannonce enthousiasmante.
Source http://www.culturecommunication.gouv.fr, le 15 mars 2012