Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle, notamment sur la crise économique et financière, la sécurité, l'immigration, la construction européenne et sur les interventions militaires françaises, à Nîmes le 29 mars 2012.

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Circonstance : Meeting à l'occasion de la campagne présidentielle, à Nimes (Gard) le 29 mars 2012

Texte intégral

Mes chers amis,
Quel bonheur de retrouver ce département, cette ville !
Monsieur le Maire, cher Jean-Paul, vous tous, vous savez, mes chers amis, durant ces cinq années de ce quinquennat, j’ai connu quatre années où nous avons eu à faire face à des crises sans précédent, des crises immenses, des crises que le monde, que l’Europe et que la France n’avaient pas connues sans doute depuis bien longtemps.
Crise économique depuis 1929, des situations aussi complexes et aussi difficiles depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Très tôt, très vite, à partir de la fin 2007, quelque chose s’est complètement déréglé dans le système international.
On en a vu les prémices dès août 2007 et nous avons dû affronter des crises d’une violence inouïe. Il a d’abord fallu comprendre ce qui se passait.
Je dois avouer que j’ai découvert des situations que je n’aurais imaginées : par exemple, des États qui n’arrivaient plus à financer leurs dettes, par exemple, des banques parmi les plus grandes du monde entier qui, du jour au lendemain, faisaient faillite, par exemple, une crise économique comme jamais on n’en avait connu puisque jamais on n’avait connu une crise qui touchait tous les secteurs de l’économie, toutes les régions du monde et tous les pays.
Il fallait comprendre la violence. Des banquiers centraux qui venaient voir les chefs d’État en leur disant : « On n’y arrive plus, l’argent ne circule plus. »
Des banques, je l’ai dit, une des cinq premières banques les plus importantes aux États-Unis, faillite du jour au lendemain.
Des centaines de milliers d’Américains, du jour au lendemain, mis dehors de chez eux, au chômage, habitant avec leur famille à l’hôtel ou dans des mobile-homes.
Je suis venu, à l’époque, à Toulon, et j’ai pris un engagement devant les Français : dans la crise, mon devoir de président de la République, c’est de vous protéger, et le premier engagement que j’ai pris, c’est que pas un seul Français ne perdra un seul centime de son épargne, parce que je n’aurais pas permis qu’une seule banque en France fasse faillite. Cet engagement a été tenu.
Je voudrais que vous réfléchissiez à ça, mes chers compatriotes, parce que l’actualité passe si vite.
Mais je voudrais que vous y réfléchissiez. Nous nous sommes retrouvés en 2008-2009 avec une crise de confiance généralisée. Si votre banque avait fait faillite, si vous aviez dû, chacun d’entre vous, aller faire la queue au guichet pour retirer vos économies, votre épargne – une vie de travail – parce que nous aurions laissé tout s’écrouler, qu’auriez-vous dit, qu’auriez-vous pensé, qu’auriez-vous souhaité ?
J’ai pris l’engagement que pas un d’entre vous ne perdrait un centime. Mais j’avais pris un autre engagement, qu’on sauverait notre système bancaire, parce que sauver notre système bancaire, c’était sauver vos économies et sauver votre épargne.
Que ça ne coûterait pas un centime au contribuable. Le plan de sauvetage que nous avons mis en oeuvre avec le Premier ministre et le gouvernement a rapporté 2,4 milliards d’intérêts au Trésor public français. Nous sommes le seul pays au monde où le plan de sauvetage des banques a rapporté de l’argent au Trésor public. Vous n’avez pas perdu un centime.
À l’époque, madame ROYAL – dont vous connaissez le sens de la nuance, la vision, la mesure et la compétence un petit peu approximative – avait dit, avec cette bonhommie qui la caractérise, : « Le président vous ment. »
Aujourd'hui, avec le recul, vous êtes en droit, vous, mes chers compatriotes, de dire qui a dit la vérité, qui a menti, qui a été à la hauteur de la situation, qui a menti, qui a fait face à ses responsabilités, qui a menti, qui a tenu dans la crise, qui a menti, qui a défendu la France et qui a menti ! Aujourd'hui, vous pouvez juger ! Maintenant, les faits ont parlé !
Quand ce cauchemar est passé, nous avons dû affronter une crise économique sans précédent. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le chômage a augmenté chez notre voisin espagnol dix ans. Et ici, dans cette région, on connaît bien ce pays voisin.
Ça fait dix ans qu’on parlait du miracle espagnol. L’Espagne, ami partenaire. L’Espagne a connu une augmentation du chômage de 200 %.
L’Italie a connu une augmentation du chômage de 37 %. La Grande-Bretagne a connu une augmentation du chômage de 67 %. Les États-Unis d’Amérique ont connu une augmentation du chômage de 150 %. À ma connaissance, je n’étais pas au gouvernement d’Espagne, de l’Italie, de la Grande-Bretagne et des États-Unis d’Amérique. À moins que je sois aussi responsable de cela. Qui était à la tête de l’Espagne ? Des socialistes. Qui était à la tête de la Grande-Bretagne ? Des socialistes. Si c’était la solution, pourquoi ne l’ont-ils pas trouvée ?
La France a connu 17 % d’augmentation du chômage. C’est trop. Mais la France est le pays d’Europe, avec l’Allemagne, qui a le mieux résisté à la crise. Et parce que je vous ai proposé des réformes difficiles, que j’ai tenu sans jamais reculer devant les manifestations et les protestations syndicales, pas un seul d’entre vous n’a vu son salaire baisser ! Pas un seul d’entre vous n’a vu sa pension de retraite baisser !
J’ai voulu, chaque année, qu’on indexe les retraites parce que je sais que les retraités ont des petites retraites. En Espagne, les retraites ont baissé de 15 %. En Irlande, les retraites ont baissé de 20 %. En Grèce, les retraites ont baissé de 25 %.
Partout, ils ont baissé les retraites, ils ont baissé les salaires. Parce que nous avons fait la réforme qu’aucun autre n’avait eu le courage de faire, nous avons pu préserver votre pouvoir d’achat. Ce n’était pas si facile, ce n’était pas tellement évident. Si c’était si facile, pourquoi les autres ne l’ont-ils pas réussi ?
C’est vrai, il y a eu la question de la réforme des retraites.
Dès 2010, j’ai dit aux Français qu’il fallait la faire, parce que sur quinze millions de retraités, les retraites n’étaient pas payées.
Pour 1,5 million d’entre eux, parce que la Sécurité sociale allait chercher à la banque un argent qu’elle n’avait pas, j’ai préféré affronter la mauvaise humeur des Français en leur disant : « vous gagnez un trimestre d’espérance de vie par an, vous devez cotiser plus longtemps. » J’ai refusé de baisser les retraites, refusé d’augmenter les impôts et j’ai dit aux Français : « il n’y a qu’une seule solution, si on vit plus longtemps, on doit travailler plus longtemps. » C’est la vérité, il n’y en a pas d’autres.
Monsieur HOLLANDE – qui parle tellement des retraites qu’on n’arrive pas à comprendre ce qu’il veut faire – a dit solennellement aux Français qu’il reviendrait à la retraite à 60 ans. Mensonge, mensonge et encore mensonge.
Les syndicats, pour les plus raisonnables, il fallait une réforme, mais pas celle-là et pas maintenant. Ce n’est jamais le moment et ce n’est jamais la bonne. Pour les autres, il n’en fallait pas.
Mais, moi, j’ai pensé à une chose, aux quinze millions de retraités qui veulent avoir la maîtrise de leur destin et qui ne voulaient pas vivre aux dépens de leurs enfants, j’ai voulu leur garantir leur retraite.
Mes chers amis,
Avec le recul, qui ici pourrait me dire que vous enviez le sort de la Grèce, que vous enviez le sort de l’Espagne ou le sort de l’Italie ? Et qui peut me reprocher d’avoir tout fait pour que dans cette crise inouïe de violence, l’Allemagne et la France continuent côte à côte, solidaires, à tenir l’Europe ?
Parce que la vision que j’ai de la France, c’est la première place, pas la dernière. Parce qu’il faut dire la vérité, si la Grèce se trouve dans cette situation, c’est parce que des gouvernements n’ont pas eu le courage de faire les réformes qu’il fallait faire au moment où il fallait les faire. Et quand on manque de courage, l’addition, ce sont les plus pauvres qui la payent après, plus fort et plus dur.
Voilà la vérité.
Et puis, on n’avait pas encore fini, il a fallu faire face à une crise inouïe, celle de l’euro. Je connais cette région, je sais très bien ce que vous pensez, quelle a été la nature de vos votes s’agissant de l’Europe. J’ai eu l’occasion souvent de venir parler ici, et je comprends les réticences des uns et des autres.
Moi, j’ai toujours été Européen, et jamais personne ne me fera jamais changer d’avis là-dessus parce que je considère que l’Europe, c’est le plus beau projet mis au service de la paix inventé par les hommes sur un continent où on s’était entredéchiré avec une barbarie et une sauvagerie inouïes au 20ème siècle. Jamais je ne laisserai ce patrimoine mettre en cause. Honte, honte à ceux qui ont essayé de défendre des sentiments de germanophobie. Ici, dans cette région, on sait parfaitement ce que je veux dire. Vos grands-parents, vos parents ont payé tellement cher l’opposition entre la France et l’Allemagne durant ce 20ème siècle si meurtrier. Le plus beau trésor qu’on nous a légué, c’est l’amitié entre la France et l’Allemagne, c’est la réconciliation. Cette amitié, cette réconciliation, c’est ça l’Europe !
Donc j’ai tout fait pour sauver l’Europe, j’y reviendrai. Parce que si l’euro avait explosé, l’Europe n’y aurait pas résisté. À ceux qui viennent vous dire qu’il suffisait de sortir de l’euro, des choses absurdes dans ma vie, j’en ai entendu, mais comme celle-là, jamais. Et je vais vous le démontrer d’une phrase.
La France a une dette lourde qu’elle doit rembourser en réduisant ses dépenses. Mais la France a une dette qui est libellée en euros. Si nous sortions de l’euro pour revenir au franc, nous devrions rembourser notre dette en monnaie forte avec une monnaie faible. Nous doublerions notre dette à la minute où nous ferions ce choix absurde, insensé et inconséquent. Il fallait donc sauver l’euro et sauver l’Europe, comme nous avons sauvé les banques.
Mes chers amis,
Si je vous dis ça, ce n’est pas par souci d’ego, ce n’est pas pour nier les souffrances qu’ont connues un certain nombre de Français avec ces crises, c’est pour vous dire que ces quatre dernières années ne furent pas des années faciles, que je me suis engagé de toutes mes forces, que j’ai essayé de donner tout à mon pays, à mes responsabilités, à mes fonctions. Je n’ai pas tout réussi mais j’ai tout donné pour vous protéger, pour essayer de faire en sorte que la France tienne bon, que la France reste debout, et qu’à partir de cela, on puisse repartir. Et je n’accepterai pas de prendre des leçons de la part de ceux qui nous ont laissé la facture d’une retraite à 60 ans qui n’était pas financée et des 35 heures qui ont démoli la compétitivité de l’économie française.
Alors j’ai réfléchi beaucoup. Avant de présenter ma candidature, j’ai réfléchi.
Et si je me suis engagé, c’est parce que je crois dans le projet qui est le nôtre. Dans quelques semaines, vous allez avoir à faire un choix absolument historique, le choix d’une France forte qui existe et qui pèse !
Non, ça sera fait le 6 mai, pas avant. C’est un choix, je voudrais vous le dire, historique, parce que nous voulons cette France forte. Notre pays a des atouts, mais les valeurs qui sont les nôtres – le travail, le mérite, l’effort, la responsabilité, l’autorité –, ces valeurs, si nous ne les défendons pas, nous, si nous ne les incarnons pas, nous, ce ne sont pas les autres qui vont les incarner et les défendre. C’est cela qui est en jeu. Quelles valeurs voulons-nous ? Et c’est pour cela que cette campagne est tellement importante, mes chers amis.
Ça doit être une campagne de vérité. On voudrait nous empêcher de parler des sujets qui vous préoccupent car, au fond, dans cette campagne, il y a les sujets dont on a le droit de parler – ceux qui intéressent les élites, ceux qui intéressent ceux qui vont à la télévision avec un petit miroir dans lequel ils se regardent – et les sujets dont on n’a pas le droit de parler. Ce n’est pas bien de parler de ces sujets parce que soi-disant ça ne vous intéresse pas. Et ça, c’est intéressant. Alors, tous les soirs, je parle de sujets qui ne vous intéressent pas : la sécurité, l’immigration, la nouvelle Europe, l’autorité, l’excellence à l’école, ce sont des sujets qui, naturellement, n’intéressent pas les Français.
Moi, je pense que ça ne vous intéresse pas, ça vous passionne !
Alors regardez comme c’est intéressant. J’ai commencé la campagne en disant : « il y a un doute sur la parole publique générale, il y a un doute sur les engagements. Il faut regarder la situation en face.
Comment faire pour qu’ils nous croient ? » J’ai proposé que vous soyez les garants, vous, de mes engagements, en disant : « maintenant, si les corps intermédiaires bloquent, refusent, biaisent, eh bien, j’irai au référendum au peuple de France, je les interrogerai et je leur demanderai. » Que n’avais-je dit ! Je devenais, dans la minute, un dangereux populiste parce que, naturellement, ça ne se fait pas de demander son avis au peuple.
Mais si on ne le demande pas au peuple de France, à qui doit-on le demander ? Quant aux corps intermédiaires, ils peuvent être utiles. Certains sont utiles. Mais je n’accepte pas le blocage systématique, l’attitude profondément antidémocratique d’un certain nombre de corps intermédiaires qui empêchent toute réforme parce qu’ils ne pensent qu’à eux et non pas aux gens qu’ils devraient servir, protéger et défendre.
Je peux prendre des exemples.
Moi, j’estime que quand on parle de l’école de la République, c’est aux familles de France à donner leur opinion et pas simplement aux syndicats de l’Education nationale parce que l’Education ne leur appartient pas. J’accepte la discussion pour parler du statut des enseignants avec eux, mais l’école, c’est une question qui concerne toute la France.
J’étais, l’autre jour, à Nantes et, voyez-vous ça, j’ai pris le risque insensé de répondre à l’invitation du grand journal OUEST-FRANCE pour donner et répondre à des questions qu’on me posait. Ça n’a pas plu à la CGT qui, avec le souci démocratique de quelques permanents, a empêché la sortie de ce journal par le seul fait que le président de la République osait s’y exprimer sans leur avoir demandé leur avis. Je parlerai de ce que je veux, où je veux, quand je veux et ce ne sont pas les permanents de la CGT qui m’empêcheront de défendre la liberté de la presse dans notre pays !
L’autre jour, j’ai pris un engagement, celui de défendre les ouvriers de la sidérurgie, parce que je crois à l’avenir de la sidérurgie, parce que je ne laisserai pas tomber le site de Florange, parce que j’ai discuté pied à pied avec le propriétaire d’ARCELORMITTAL, que nous avons obtenu 17 millions d’euros d’investissements pour que les hauts-fourneaux repartent.
Et je n’accepte pas que quelques permanents de la CGT, dévoyant le rôle qui est le leur, nous aient envoyé des nervis pour casser le QG de ma campagne à Paris parce que ça ne leur plaît pas quand on tient un discours qui est différent du leur.
J’étais, l’autre jour, dans une centrale nucléaire à Saint-Laurent-des-Eaux parce que je crois à l’industrie nucléaire, que je veux la défendre. Et parce que ce n’est certainement pas au moment où le prix du pétrole et du gaz explose qu’il faut renoncer à cet avantage, que quelques permanents, là encore, confondant l’action syndicale et l’action politique, se livrent à de la politique politicienne, quand les syndicats font de la politique, le dialogue social n’existe plus dans notre pays ! Chacun à sa place, chacun dans son rôle pour faire fonctionner les institutions de la République !
Alors, oui, mes chers amis, j’ai proposé qu’il y ait un référendum s’agissant du droit à la formation professionnelle et de l’obligation ou non lorsqu’on est au chômage de prendre une offre d’emploi qui corresponde à la formation qui est la vôtre.
Si nos partenaires acceptent la discussion et jouent le jeu, alors nous irons ainsi. Mais moi, je pense que dans la société d’aujourd’hui, chacun a le droit à une formation professionnelle.
La mère de famille qui a choisi d’élever ses enfants, et puis un jour les enfants lui disent : « arrête la voiture à 200 mètres de l’école », je vois que d’autres ici ont vécu cette situation ! Vous savez, du jour au lendemain, on passe de la situation « tu viens me chercher » à la situation « ah… » Cette mère de famille qui consacre 15 ans de sa vie à s’être occupée de ses enfants et qui veut reprendre une activité professionnelle, elle n’a aucune chance si on ne lui donne pas, si la société ne lui donne pas les moyens de se remettre dans le coup, d’apprendre un nouveau métier, de se re-familiariser avec le monde professionnel. Je pense à cet homme ou à cette femme de 50, de 55 ans qui est licencié économique parce qu’il n’y a plus de boulot dans sa région, dans ce secteur, à quoi ça sert de lui demander d’envoyer 200, 300, 400, 500 curriculums vitae avec la même réponse, quand il y a une réponse. Il faut au contraire lui dire : ce n’est pas la peine de perdre votre confiance, parce que, quand au bout de plusieurs mois et de centaine de curriculums vitae, on n’a pas de réponse, ça ne sert à rien, il faut discuter tranquillement avec lui, lui apprendre un nouveau métier, lui donner une formation pour pouvoir repartir dans la vie, où ce jeune…
Nous n’avons pas tous des enfants qui sont faits pour faire bac+18, nous pouvons avoir des enfants qui ont une réussite magnifique pour peu qu’on trouve un secteur d’activité qui corresponde à ce qu’ils sont. Je souhaite un droit à la formation professionnelle quel que soit votre âge, quel que soit votre statut, quel que soit votre sexe, quelle que soit votre aventure de vie, quelles que soient les difficultés que vous avez connues.
Et désormais, on ne sera pas indemnisé pour le chômage, on sera rémunéré pour la formation qu’on devra suivre. On ne sera pas indemnisé pour attendre et déprimer chez soi, on sera rémunéré parce qu’on sera soit au travail, soit en formation ! Mais je dis deux choses avec ce droit nouveau, il faudra accepter la formation qualifiante qu’on vous propose, et à l’issue de la formation qualifiante, il faudra accepter l’offre d’emploi que l’on vous propose, pas de droits sans devoirs ! Et c’est vous qui trancherez, c’est vous qui déciderez !
Alors un autre sujet dont il ne fallait pas parler, j’ai voulu parler de l’ouverture de la France et de l’immigration, et j’ai voulu en parler pour une raison très simple, mes chers amis, parce que c’est un sujet très sérieux, c’est un sujet majeur, et que si nous, les républicains, nous n’en parlons pas, ce sont les autres qui en parleront et qui en parleront mal, qui en parleront comme des gens qui ont peur, qui en parleront comme des gens qui ont la haine au coeur.
Nous, nous sommes la France forte, on n’a pas peur, on est ouverts et on tend la main, on ne la ferme pas ! Ça, c’est le message de la France.
Oui, j’ai voulu en parler, j’ai voulu en parler parce que la tradition de la France est une tradition d’ouverture et que jamais je ne souhaiterai la fermeture. Je connais cette région, je sais bien dans cette région, que j’ai sillonnée, ce que veut dire le mot « ouverture ».
Mais j’ai voulu dire aussi que si notre tradition, c’est l’ouverture, il faut accepter de mettre les points sur les « i » et de reconnaitre qu’une immigration non maîtrisée, c’est un problème pour la République, pour l’intégration et pour nos comptes sociaux.
Et je conteste, et je conteste que ce que je viens de dire n’est pas profondément humain et profondément républicain, ce qui est inhumain, c’est nier les problèmes, ce qui est antirépublicain, c’est de ne pas considérer la réalité de la vie de nos concitoyens.
Il y a deux questions qui n’ont pas été résolues, la première, comment puis-je dire à vous, mes chers compatriotes, il faut faire des économies, il faut réduire nos dépenses, parce que c’est tout l’équilibre de notre système social qui est en cause, et dans le même temps, considérer qu’il pourrait durer, perdurer une immigration qui viendrait en France pour le seul motif de consommer nos prestations sociales qui sont les plus généreuses d’Europe.
C’est la vérité, c’est la vérité, et cette vérité-là, elle doit être entendue ! J’ajoute que comment pouvons-nous espérer que la République intègre, continue à intégrer si, alors même qu’elle n’a pas commencé le travail des générations qui viennent, elle est submergée par une vague incontrôlable et incontrôlée qui vient « emboliser » la totalité de notre système d’intégration. C’est la raison pour laquelle j’ai proposé pour les cinq années qui viennent de diviser par deux le nombre d’étrangers que nous accueillerons sur notre territoire.
Je veux qu’on me comprenne bien, je ne le fais pas en disant : « ayez peur », je ne le fais pas en disant : « détestez la différence », je ne le fais pas en disant : « restons entre nous », je le fais parce qu’il y a un problème d’équilibre de nos comptes sociaux et parce qu’il y a un problème de fonctionnement de notre système d’intégration, il faut choisir, il faut décider.
J’ajoute, mes chers amis, que le regroupement familial est un droit que je ne remettrai pas en cause, mais que les choses soient claires là, aussi, ça ne veut rien dire accueillir sa famille si on n’a pas un logement décent pour la recevoir. Ça ne veut rien dire accueillir sa famille si on n’a pas un salaire suffisant pour la faire vivre.
Et je poursuis, ça ne veut rien dire d’accueillir sa famille si celle-ci n’a pas pris la peine, avant d’entrer sur le territoire national, d’apprendre le français et de connaître les valeurs de la République ! Il y aura donc désormais un examen avant l’entrée sur le territoire.
Mettez-vous à la place de ce gamin qui va dans notre école et qui voit sa femme (sic)… et qui voit sa mère cloîtrée à la maison ne parlant pas un mot de français, quelle image se fait-il de l’autorité de ses parents et de l’intégration de ses parents ? Mettez-vous à la place de cet adolescent allant au collège, ayant une mère incapable de comprendre le petit mot du professeur ou d’échanger avec le professeur. On ne rend pas service à ces familles et à l’intégration en accueillant sur notre territoire des gens qui n’ont pas appris avant à parler le français et à respecter les règles de la République.
Ah, il ne fallait pas en parler, eh bien, ça tombe mal, moi, j’ai décidé d’en parler, de prendre des engagements, et de vous dire : « voilà ce que nous ferons ».
Mais pendant que nous y sommes, les choses doivent être claires, nous sommes ouverts et nous n’avons pas peur, mais il y a quelque chose que nous ne voulons pas, nous voulons nous adapter au monde nouveau, mais nous ne voulons pas qu’on nous impose des idées qui ne sont pas les nôtres, des valeurs qui ne sont pas les nôtres, un mode de vie qui n’est pas le nôtre, cela nous ne le voulons pas !
Nous adapter au monde d’aujourd’hui, oui ! Nous faire imposer des idées qui ne sont pas les nôtres, non !
Alors ça se traduit par quoi ? Par des choses très simples, et c’est très curieux, lorsqu’en 2008, devant le Congrès de la République, j’ai indiqué que la burqa n’était pas la bienvenue sur le territoire de la République, parce que sur le territoire de la République, on n’accepte pas qu’une femme soit enfermée derrière une prison, fut-elle une prison de tissu ! La quasi-totalité du groupe socialiste s’est abstenue de participer au vote, sans doute avait-il des affaires plus urgentes à régler, à moins qu’il n’ait pas eu envie de prendre position.
Duplicité, mensonge, absence de courage, tartuffe !
Et quand madame AUBRY, maire de Lille, ose dire que dans sa ville, elle souhaite des horaires particuliers à la piscine pour les femmes et d’autres pour les hommes, nous, nous disons : « dans nos piscines municipales, les mêmes horaires pour les hommes et pour les femmes. Dans nos hôpitaux, les mêmes médecins pour les hommes et les femmes ! Et dans nos cantines scolaires, les mêmes menus pour les enfants de la République ! » Alors ce n’est pas la peine de demander l’inscription de la laïcité dans la Constitution, la République est laïque, et c’est mis dans l’article 1er. Ils auraient pu lire au moins le premier ! Remarquez, après cette belle bêtise, ils ont eu une idée, eh oui, je dois dire que celle-là, je n’y avais pas pensé. Ils ont dit : « eh bien, dans le fond, si on faisait la guerre au dictionnaire ».
Et là, attention, on a eu du lourd, comme disent les enfants ! « Supprimons le mot « race » et il n’y aura plus de racisme. Supprimons le mot « zone » et il n’y aura plus d’injustice ». Pendant qu’on y est, supprimons le mot « chômeur » et il n’y aura plus de chômage, « pauvreté », il n’y aura plus de pauvres !
Et ils veulent diriger la France ! Ça serait ridicule si ça n’était plus grave, parce que le mot « race », il n’est pas arrivé par hasard dans le préambule de la Constitution de 1946, c’est un texte sacré à mes yeux, et ici, dans cette région, qui a connu tant de résistants et tant de souffrances, le préambule, il a été écrit avec le sang, avec le sang des résistants, des fusillés, des déportés. Ils ont écrit le mot « race » parce qu’ayant vécu les horreurs de la Shoah et de la Seconde Guerre mondiale, ils ont dit : « plus jamais ça », donc nul ne doit être distingué selon sa race, eh bien, je le dis : modifier ce texte, c’est comme un blasphème à la mémoire de ceux qui ont écrit ce texte.
Alors il y a un autre sujet que j’ai eu grand tort d’évoquer, j’instrumentalise la sécurité. A-t-on entendu quelque chose de plus ridicule ? Notre pays a connu ces derniers jours une épreuve d’une violence inouïe, un assassin, un monstre, a tué des enfants parce que juifs, a tué des hommes parce que soldats. Il s’en est pris à deux institutions de la République, l’école et l’armée. Il s’en est pris à des juifs, il s’en est pris à des soldats, il voulait mettre la France à genoux. Cet homme n’a pas réussi parce que, comme toujours dans notre pays reclus de tant d’épreuves, quand l’épreuve est forte, le pays se rassemble.
Et vous, mes chers compatriotes, vous avez fait preuve d’une dignité exceptionnelle, vous avez refusé la colère, vous avez refusé la vengeance, vous avez refusé l’amalgame, vous avez simplement été des Français à la hauteur de la situation, la communauté nationale est restée unie, mais ce qui s’est passé nous interpelle tous.
D’abord, je veux dire que mettre en cause l’action des forces de police, qui ont été héroïques et efficaces, est indigne ! Le premier crime a eu lieu le 11 mars, le 21 mars, l’assassin était encerclé, il a fallu 10 jours !
Moi, j’ai connu l’époque où j’ai succédé à un ministre de l’Intérieur, un gouvernement incapable de mettre la main sur un tueur de préfet, tué à bout portant dans une rue d’Ajaccio ! Pas de leçons, pas de leçons ! J’ai tiré un certain nombre de conséquences de ce qui s’était passé en disant que, désormais, la consultation sur Internet de sites, faisant la propagation d’idées terroristes, serait considérée comme un délit, et que ceux qui iraient sur ces sites de façon régulière seront des délinquants avec rendez-vous à la prison, parce que c’est inacceptable sur le territoire de la République que l’on consulte de tels sites ! Le terrorisme, ce n’est pas la liberté d’expression, le terrorisme, ce n’est pas la liberté d’opinion, nous ne voulons pas de ces opinions, nous ne voulons pas de cette expression, et ceux qui sont sur notre sol ne doivent pas consulter des sites de cette nature.
Monsieur HOLLANDE a indiqué qu’il ne voterait pas les mesures que je proposais, c’est son droit. Ce qui est plus étrange, c’est qu’il a dit : « il n’y a pas besoin de lois nouvelles, les lois contre le terrorisme et pour la sécurité sont très bonnes et bien suffisantes ».
Le problème, c’est qu’il n’en a voté aucune de ces lois. Voilà donc un homme qui vous explique qu’on doit passer à autre chose, que la sécurité, ça ne vous intéresse pas, que les propositions du gouvernement pour renforcer votre sécurité, ce n’est pas pertinent, parce que l’arsenal législatif est excellent, et qu’il n’a voté aucune des lois, aucun des moyens, aucune des créations de fichiers que nous avons mis à la disposition de la police, de la gendarmerie et des services de renseignements.
Mensonge, duplicité, tartufferie, quand on fait campagne, on doit s’engager, on doit dire la vérité, on doit dire ce qu’on fera, pourquoi on le fait et pourquoi on ne le fait pas.
J’ajoute, pour que les choses soient très claires, que dans le festival des indignités auxquelles on a assisté, j’ai dit la mise en cause des services de police, je me demande d’ailleurs si le même François HOLLANDE qui annonçait, lorsqu’il se voyait élu, qu’il mettrait dehors de la Fonction publique tout magistrat, tout policier, tout préfet qui aurait eu le malheur d’être proche de nous. Après le succès de la police dans cette affaire douloureuse de Montauban et de Toulouse, est-ce qu’il faut toujours se séparer immédiatement de ceux qui ont si bien fait leur travail, au seul motif qu’ils sont proches du président de la République ?
Est-ce que c’est sa conception de la République ? Mais dans les indignités, le père du tueur, je veux le dire comme je le pense, c’est une grande erreur de lui donner aussi largement la parole dans les médias, il ne le mérite pas ! Il y a des indécences, il y a des indignités que nous ne voulons pas entendre en France, ne serait-ce que par respect pour la mémoire des victimes et par respect pour la douleur des familles, qui n’ont pas à supporter ce spectacle inadmissible d’un homme venu défendre ses idées sur nos médias, nous n’en voulons pas !
Le ministre de l’Intérieur, Claude GUEANT, auquel je tiens à rendre hommage, parce qu’il a fait honneur à ses responsabilités et qu’il est un grand serviteur de l’Etat, a décidé ce matin d’interdire la venue sur le territoire français de cinq personnes qui voulaient participer la semaine prochaine à un congrès. J’ai regardé de près ce qu’avaient dit ces personnes, ces personnes sont interdites de notre territoire pour le congrès où ils devaient participer et pour tous les autres, parce que ce qu’ils ont dit dans le passé les discrédite à tout jamais sur le territoire de la République française !
En tant que président de la République, je dois défendre chaque Français, et je veux dire à la France : « ne faites aucun amalgame, nos compatriotes musulmans ont été aussi victimes que n’importe lequel d’entre nous, ils n’y sont pour rien, et faire des amalgames, ça serait ajouter l’injustice à l’ignominie ; ne le faites pas !
Je vous le demande parce que ça serait profondément injuste, mais je dis aussi aux responsables du Culte musulman : « faites attention, n’invitez pas des gens sur notre territoire qui vous font beaucoup de mal et qui donnent une image de votre culture, de votre engagement, de votre religion qui n’a rien à voir avec ce qu’elle devrait être, ne les invitez pas ! Vous êtes, vous aussi, en charge de ce refus de l’amalgame ! »
J’ajoute que la police a eu parfaitement raison d’interdire une manifestation de femmes voilées en soutien à un terroriste qui s’est comporté comme un monstre. Notre discours doit être équilibré : refus de toute forme d’amalgame, respect pour l’identité de chacun, respect pour les pratiques et les croyances de chacun. Mais dans le cadre des valeurs de la République, ni plus, ni moins.
Enfin mes chers amis, j’ai voulu parler de l’Europe, je le disais en commençant mon propos, je suis Européen, mais l’Europe ne peut pas continuer comme s’il ne s’était rien passé.
Nous avons voulu l’Europe pour être plus forts, pas pour être moins forts. Nous avons voulu l’Europe pour protéger notre modèle social, pour protéger ce que j’appellerais une civilisation européenne, pas pour la voir démolir, mettre en cause ou affaiblir. Et dans cette Europe que nous voulons, il y a un mot qui n’est pas un grand mot, qui est le mot : « frontières ».
La France accepte d’exercer la souveraineté des frontières avec ses voisins à condition qu’on remplace les frontières de la France par les frontières de l’Europe ; si en Europe, il y a des gens qui ne défendent pas les frontières, alors la France n’accepte pas d’abaisser ses frontières. Ce que nous avons voulu, c’est être protégés, c’est être défendus, si nous voulons conduire la France vers l’avenir, si nous voulons que les Français fassent preuve d’audace, il faut qu’ils se sentent protégés, pas exposés.
J’ai donc indiqué que si, sous un an, Schengen ne se réformait pas, c'est-à-dire que Schengen soit désormais géré par les politiques et non pas par les bureaucrates, que Schengen organise, à l’intérieur de l’espace, la convergence du droit des étrangers et des prestations sociales pour qu’il n’y ait pas de dumping des prestations sociales à l’intérieur de l’Europe, que Schengen prévoit la sanction pour un pays qui ne ferait pas respecter ses frontières mettant en danger tous les autres avec possibilité d’exclusion de ce pays. Si sous un an, ce n’est pas fait, alors la France suspendra l’application de Schengen.
Le choix est clair, le choix est sur la table, c’est à nos partenaires de décider avec nous. C’est l’Europe pour être plus forts, pas l’Europe pour être plus faibles. C’est l’Europe pour se défendre, parce que l’Europe passoire, c’est fini, nous n’en voulons plus !
J’ai proposé également de mettre fin à cette anomalie, l’Europe est le continent le plus ouvert du monde ; je crois à l’économie de marché, je crois au libre-échange, je crois à la concurrence, mais je ne peux plus accepter la concurrence déloyale et le refus de la réciprocité.
Tous les marchés publics européens sont ouverts, tous vous élus sont obligés de faire des appels d’offres mondiaux. Je n’accepte pas que puissent concourir dans nos appels d’offres publics des entreprises venant de pays qui n’ont ouvert aucun de leurs marchés publics aux entreprises européennes. Et je n’accepte pas qu’on impose à nos agriculteurs, à nos éleveurs, à nos paysans des règles tenant à la traçabilité, au bien-être de la condition animale, au respect de l’environnement, à la diminution des pesticides et que, dans le même temps, l’Europe continue à importer des produits venant de pays où on ne respecte aucune des règles qu’on impose à nos producteurs, à nos éleveurs, à nos agriculteurs, à nos paysans ; ce n’est pas la concurrence loyale, c’est la concurrence déloyale ! Nous n’en voulons plus, l’Europe passoire, c’est fini ! J’ai dit un an. Un an. Si dans un an, l’Europe ne s’est pas réformée sur la réciprocité, alors nous ferons ce que font les Etats-Unis d’Amérique, chaque fois qu’il y a un centime du contribuable qui est engagé dans un marché, nous veillerons à ne l’accorder qu’à une entreprise qui produit sur le territoire du continent européen.
Et il en va de même pour les petites et moyennes entreprises. Je parle-là, encore, sous le contrôle des élus.
Je pense que c’est une grave erreur de ne focaliser l’Europe que sur la seule question du consommateur. Car le jour où le consommateur est au chômage, qu’est-ce qu’il peut consommer ?
Le jour où les délocalisations ont ravagé nos industries et notre potentiel productif, où est-ce qu’on va trouver un travail ? Le jour où on est obsédé uniquement par le prix le plus bas et la qualité la plus basse, où il se trouve alors l’idéal humaniste de l’Europe ?
Le jour où plus aucun de nos enfants n’aura un travail, qu’est-ce qu’on ira expliquer sur notre idéal européen ? Je le dis, dans nos marchés publics, je souhaite que vos élus puissent réserver 20% du marché public aux PME, pour éviter que les grands groupes ne fassent tellement pression sur les prix, qu’ils tuent les PME, et le moment où il n’y a plus de petites et moyennes entreprises, comme par hasard, les prix se remettent spontanément à monter. C’est injuste. Je n’en veux pas !
Alors enfin, j’ai voulu parler d’un dernier sujet, sujet tabou sur lequel les socialistes aiment bien gloser, c’est le sujet de la justice. Je ne fuirai pas ce débat comme je ne fuirai aucun débat. Vous, mes chers compatriotes, vous n’aimez pas l’injustice, c’est vrai, et bien des choses vous ont choqué, et vous avez raison. J’y reviendrai. Mais je veux qu’on prenne le temps dans cette campagne, de dire qu’est-ce qui est juste et qu’est-ce qui est injuste. Est injuste la rémunération faramineuse dans le secteur de la finance. Mais est injuste aussi celui qui n’a jamais travaillé et jamais cotisé, qu’il gagne plus que celui qui a travaillé et ayant cotisé. Les deux sont injustes. La justice que nous voulons, c’est celle qui permet de vivre à chacun de son travail, de sa formation, de sa force. Pas celle qui fait des assistés, l’assistanat, le nivellement et l’égalitarisme. La France croit dans le talent, la France n’a pas peur de la réussite, la France veut sur son territoire des chefs d’entreprise qui créent des groupes importants, qui donnent de l’emploi et qui créent de la richesse. La France veut pour ses jeunes la possibilité de s’élever dans l’échelle sociale.
La France ne veut pas du nivellement, ne veut pas de l’égalitarisme. Parce que tous, dans nos vies, nous n’aurons pas le même salaire, nous n’aurons pas le même appartement, nous n’aurons pas la même vie. La France veut la reconnaissance de l’effort, du mérite et du travail. Voilà ce qui est juste.
Le débat sur la justice ; figurez-vous que j’entendais à la radio l’autre jour, très exactement hier, monsieur HOLLANDE qui m’interpellait.
D’ailleurs, je me demande bien ce qu’il ferait sans moi. Je dois à la fois faire mon programme et le sien. Enfin, je veux bien lui rendre service. Et voilà qu’hier matin, à la radio, je l’entends très en colère, je me dis : mon Dieu, qu’ai-je fait ? Sans doute, c’est moi. Il était très en colère à la suite de la rémunération d’un grand patron.
Et naturellement, vous imaginez que c’était de ma faute. Je me suis donc intéressé à l’émission de monsieur HOLLANDE, et j’ai regardé de près les choses, la rémunération de ce grand patron est effectivement choquante, mais ce qui est encore plus choquant, Monsieur HOLLANDE, c’est que les actionnaires qui ont décidé de la rémunération de ce grand patron, ce sont vos amis, la gauche caviar, la gauche bo-bo, la gauche qui aime donner des leçons de morale et qui n’a aucune leçon à donner ! C’est celle-là ! Parce que les actionnaires de ce grand groupe, le soir, ils soutiennent monsieur HOLLANDE dans sa dénonciation de l’argent, de la finance et des hauts salaires, et dans la journée, dans le secret d’un conseil d’administration, ils votent des rémunérations faramineuses pour le président de la société dont ils sont propriétaires. Pas de leçon de morale, pas de mensonge, pas d’hypocrisie, pas de tartufferie, une nouvelle fois !
Voilà mes chers amis, je pourrais multiplier les exemples ; lorsque nous nous sommes portés au secours de ce pays frère qu’est la Côte d’Ivoire où il y avait un dictateur qui, pendant dix ans, a refusé de faire des élections, monsieur GBAGBO, membre de l’International socialiste, soutenu par le Parti socialiste jusqu’à la dernière minute. Je n’ai pas de leçons à recevoir de respect des Droits de l’Homme ou de démocratie ou d’entente avec l’Afrique de la part de ceux qui ont soutenu, jusqu'au dernier moment, monsieur GBAGBO dans sa dérive folle de dictateur.
Lorsque la France s’est portée au secours de la ville martyre de Benghazi, et que les avions à cocarde tricolore de notre Armée française, qui a été remarquable et dont vous pouvez légitimement être fiers, mes chers compatriotes, quand ils sont rentrés dans le ciel de Benghazi, j’ai pensé au scandale de Srebrenica où 8.000 musulmans avaient été massacrés sous le regard hagard de la communauté internationale immobile.
Et je me suis dit que nous, nous avions sauvé les habitants de Benghazi. Ce jour-là, je me suis dit : la France est fidèle à sa tradition, elle est fidèle à son histoire, elle défend les Droits de l’Homme et surtout, elle inflige un flagrant démenti à tous ces prophètes qui prophétisaient l’obsession d’un conflit entre l’Orient et l’Occident, et qu’en me rendant en Libye, j’ai vu les « merci la France », je me suis dit que la France avait été à la hauteur de ce message.
Mais permettez aussi de dire que la France a des alliés, que la France a une parole, que la France a des amis. Et parmi ses amis, la France a les Etats-Unis d’Amérique. Les Etats-Unis d’Amérique, nous pouvons ne pas être d’accord avec tout avec eux, mais ils sont venus nous aider lorsque nous en avions besoin. Et des jeunes qui n’avaient jamais mis les pieds en Europe reposent dans notre terre, parce qu’ils sont venus défendre la démocratie. Ils ont traversé l’Atlantique pour venir nous aider ; ils ont payé le prix du sang, jamais je ne pourrai oublier cela en tant que président de la République française.
J’ai voulu que nous reprenions toute notre place dans l’OTAN, aux côté des Etats-Unis d’Amérique. Parce que nous sommes des démocraties, parce que nous partageons les mêmes valeurs. Nous pouvons être concurrents, nous pouvons être en désaccord, mais nous partageons les mêmes valeurs. Nous nous sommes engagés, ce n’est pas moi qui ai envoyé l’Armée française en 2001 en Afghanistan, mais nous avons pris un engagement, nous avons donné notre parole. Vous savez, mes chers compatriotes, la parole de la France, c’est l’honneur de la France.
Renier sa parole, c’est renier son honneur.
Alors, nous partirons d’Afghanistan, mais nous partirons en accord avec nos alliés.
Nous partirons dans la dignité et dans l’honneur. Ne serait-ce que par respect pour ces jeunes soldats français qui ont fait leur travail.
Nous ne partirons pas comme des voleurs simplement parce qu’il faut gagner quelques voix ou parce qu’on n’a pas la force d’assumer le rôle qui doit être celui d’un président de la République. Ce rôle, c’est de prendre des décisions, et prendre des décisions, c’est difficile. Ce rôle, c’est de tenir. Ce rôle, c’est de savoir dire non. Si on ne sait pas prendre de décisions, si on ne sait pas dire non, si on n’est pas capable de tenir, alors il faut vraiment changer d’orientation professionnelle.
Mes chers amis, mes derniers mots seront pour vous. Je vais vous parler avec mon coeur. Il y a trois semaines, un peu plus de trois semaines d’ici au premier tour, cinq semaines d’ici au deuxième tour.
Vous êtes en train d’écrire la plus fantastique histoire de la vie politique française.
Vous êtes en train d’infliger un démenti extraordinaire à tous les pronostiqueurs, à tous les sondeurs,
à tous les médias, à tous ceux qui nous disaient : cette élection, elle est faite.
A tous ceux qui voulaient organiser une campagne électorale où on ne disait rien.
Où il ne se passait rien.
Vous êtes la majorité silencieuse qui en a plus qu’assez qu’on parle en votre nom !
Vous êtes la majorité silencieuse qui en a plus qu’assez d’entendre à longueur de journée des idées qui ne sont pas les vôtres, des propos dans lesquels vous ne vous reconnaissez pas.
Vous ne voulez pas qu’on vous vole cette élection.
Cette élection c’est la vôtre, peuple de France. Cette élection c’est vous qui allez la faire, peuple de France.
Cette élection c’est vous qui allez décider le 06 mai ; ne laissez personne décider à votre place !
Française, Français, j’ai besoin de vous, de votre mobilisation, de votre soutien, de votre aide, de votre engagement, ensemble nous allons construire la France forte !
Vive la République et Vive la France !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 10 avril 2012