Texte intégral
Mes chers amis, Je suis très heureux
Le public
On va gagner ! On va gagner !
Nicolas SARKOZY
Merci beaucoup Merci. Merci, merci !
Mes chers amis, cest un immense bonheur de vous retrouver. Je suis venu en Corse tant de fois, tant de fois comme ministre, comme candidat à la présidence de la République, comme chef de lÉtat, aujourdhui à nouveau comme candidat. Et puis je suis venu en Corse aussi parce que je noublie pas que deux de mes fils ont du sang corse ! Daccord, cest Sagone, cest Vico ! Mais bon Cest loin dAjaccio mais quand même !
Je suis venu en Corse, à chaque fois, avec beaucoup denthousiasme et beaucoup despoir. Jai veillé Jai voulu tisser avec lîle, ses habitants, un lien, un lien de fidélité et si vous le permettez, un lien daffection. Jaime la Corse, jaime les Corses et cest au nom de cette affection que ce soir je suis venu vous parler, vous parler de la Corse, vous parler des Corses, vous parler de la France, vous parler de la République. Je vais vous parler sans détour, je vais vous parler sans intermédiaire.
A quelques jours dun rendez-vous historique pour notre pays - historique je veux évoquer avec vous lavenir de la Corse au sein de notre République ; je veux vous parler des défis qua à relever la Corse parce que la Corse sinscrit dans un monde totalement nouveau, parce que la Corse que jaime, veut préserver son identité et son art de vivre, et parce que la Corse souhaite par-dessus tout que ses enfants sils le décident, puissent vivre, travailleur, grandir sur lîle quest la leur.
Je connais lhistoire de la Corse et je sais parfaitement que dans lhistoire de la Corse, le départ, le voyage est une des réalités et je veux que chaque jeune qui parte, le fasse pour une bonne raison, pas pour une mauvaise raison ; quil parte parce quil a envie de partir, pas quil parte de lîle parce que sur lîle on ne pourrait pas vivre, on ne pourrait pas travailler, on ne pourrait pas étudier ! Cette raison-là, je nen veux pas !
Jai mis du temps à comprendre la réalité corse, à mimprégner de cette réalité corse ; jai compris depuis bien longtemps que les Corses voulaient la solidarité mais étaient humiliés par lassistanat, les Corses étaient prêts à assumer leurs responsabilités mais quils voulaient quon leur fasse confiance.
Le Corse est ainsi, il est prêt à tout donner pour peu quil sente que de lautre côté, on le respecte. Il est prêt à assumer ses responsabilités, peut-être mieux quaucun autre citoyen de la République et pour peu quon lui fasse confiance. En Corse, cela marche ainsi. Il est prêt à parier sur le développement pour peu quil considère que lîle est traitée avec justice et avec équité car ici en Corse, moins quailleurs en France (sic), on ne supporte pas linjustice et cest pour cela que jai choisi de traiter les sujets les plus difficiles, qui attendaient depuis si longtemps : luniversité je sais très bien que quand jai commencé, cher Tony, à men occuper de cette université de Corte, ce nétait pas un sujet de consensus, cétait parfois un sujet de moquerie pour le continent et cétait parfois un sujet de division sur lîle jai voulu donner à luniversité les moyens davancer.
Je me suis saisi du dossier des agriculteurs parce que je sais parfaitement ce que pèse lagriculture, pas simplement dans votre économie mais dans votre identité ; quel est le rapport à la terre et à la tradition orale ici.
Jai voulu investir massivement en faveur du développement économique car combattre la violence ici sans investir dans le développement économique, cest ne pas comprendre que la Corse veut les deux choses, le pilier républicain, la paix et en même temps le développement.
Jai dit à nos compatriotes du continent que quand on décidait de rapprocher les détenus en Corse, cest parce que dans un Etat républicain, on punissait celui qui a fait une faute, pas la famille de celui qui a fauté. Jai été attaqué pour ça, jai été critiqué pour cela - je veux dire sur le continent, pas ici - parce que punir celui qui a fait un assassinat, qui a volé, qui na pas respecté les règles de la République, oui, mais imposer à sa femme, à ses enfants de prendre le billet, de traverser, daller sur le continent, je ne lai pas voulu.
Tout ceci paraît presque simple aujourdhui presque simple - mais ceux qui mont aidé dans ces démarches nest-ce-pas Camille, nest-ce pas Sauveur, nest-ce pas Ange ?! savent combien cétait long, cétait difficile et combien il ma fallu affronter des préjugés parfois séculaires qui auraient pu nous faire échouer. Je veux que vous compreniez une chose : tout ce que jai fait, je lassume, je ne lai pas fait par faiblesse. Je lai fait parce que jaime la Corse et parce que jai confiance dans la Corse. Parce que cétait une preuve de confiance !
Ces efforts, nous les avons effectués alors même que notre pays a dû faire face à des crises dune violence inouïe depuis quatre ans. Nous sommes passés tout près du gouffre. La France a été mise à lépreuve ; à lintérieur de la France, la Corse a été mise à lépreuve.
Nous avons résisté, vous avez tenu. La Corse aujourdhui produit davantage quil y a cinq ans et la Corse crée des emplois. Mais il est vrai que la Corse se cherche encore et que cest sans doute le destin de la Corse à travers cette histoire mêlée quest la vôtre, dans un monde qui change sans cesse. La Corse se demande comment rester elle-même et en même temps la Corse veut jeter toutes ses forces dans la bataille du monde nouveau.
Il y a une voie possible. Jai la conviction que pour la Corse, cest lexcellence.
La Corse a les moyens de lexcellence ; la Corse ne supporte pas la médiocrité parce que la Corse se mesure à son histoire.
Personne ne doit décider à la place de la Corse, certainement pas les prédateurs économiques ici, on nest pas dans un paradis qui se vend, ici rien nest à vendre, ici, on est dans un territoire de culture ici, on ne sabandonne pas à des marchands dillusions, à ceux qui voudraient parler à votre place et qui sont si peu convaincus de la force de leurs idées quils voudraient limposer par les armes, par les attentats, par les cagoules. Quand on met une cagoule, on est un lâche ! Sinon, on ne met pas de cagoule.
La Corse doit sappuyer sur un État qui sera son partenaire, respectant ce quelle est. Et je voudrais que vous me compreniez, moi je suis tellement heureux dêtre parmi vous. Bien sûr, certains de mes amis mont dit « mais tu vas parler de politique » ? Oui, je vais parler de la Corse. Je ne viens pas ici faire le « pinzutu » ou le touriste, prendre un brin de Méditerranée et retourner chez moi. Je viens en ayant réfléchi à ce que je vais vous dire et vous proposer. Ce nest pas un discours tout fait, jai réfléchi à ces questions. Et si vous me faites confiance, lÉtat sera votre partenaire volontaire et responsable. Il sera engagé encore plus fortement aux côtés des Corses.
Alors je vais vous dire un certain nombre de choses pour que le cap des cinq prochaines années soit fixé entre nous. Dabord et cest lexpression dune grande conviction - jamais lÉtat ne transigera tant que je serai Président de la République avec ceux qui se livrent à des violences criminelles, quels quen soient les auteurs, quelles quen soient les victimes.
Pas de pardon, pas de pitié. Ce qui sest passé dans les quinze derniers jours est intolérable : attentat contre la sous-préfecture de Corte, engin explosif au coeur dAjaccio, est-ce que les criminels qui font ça, savent quau moment où ils font exploser un engin, il peut y avoir un enfant corse, une femme corse, un innocent corse qui se trouve à ce moment-là et ce sont eux les assassins !
Les assassins doublement de la personne et de lidentité de la Corse ! Ils nont rien à voir avec la culture de la Corse ; ils sont étrangers à la société, à la culture quils prétendent incarner, ce sont des usurpateurs ! Ils nont rien : ni courage, ni culture. Ils sont totalement étrangers à ce qui fait lâme de la Corse. Les deux homicides près dAleria sont une honte pour ceux qui les ont perpétrés. Comme lassassinat dune femme lan dernier en Corse, cest ne rien comprendre à la place de la femme dans la société corse depuis des siècles que de pouvoir penser quon peut assassiner une femme en Corse, cest une honte ! Et ces gens prétendent parler au nom de la Corse ! Ils ne la connaissent pas, la Corse, ils la blasphèment ! Voilà la réalité.
Et que dire de lincendie dune salle de prières à Ajaccio, qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques ? Les Corses ont été choqués par la violence de ces faits. Rien, absolument rien ne peut les justifier. Avec le ministre de lIntérieur, avec le ministre de la Justice que je remercie de mavoir accompagné, nous mettrons tout en oeuvre pour les retrouver et je prends le même engagement que javais pris devant vous, souvenez-vous, quand il sétait agi de retrouver lassassin dun préfet de la République, je vous avais dit que nous le retrouverions ; je vous dis que ceux qui ont commis ces actes, nous les arrêterons, nous les défèrerons à la justice et quils seront châtiés comme ils le méritent. Pas dimpunité sur le territoire de lîle.
Cest dautant plus inadmissible que depuis dix ans, des efforts considérables ont été mis en oeuvre pour lutter contre ce fléau de la violence. Je veux rafraîchir la mémoire de ceux qui sont venus récemment en Corse sous les palmiers, oubliant que la Corse, cest dabord la montagne : en 2002, à mon arrivée au ministère de lintérieur, jai trouvé une Corse minée par la violence qui avait connu 33 homicides et 22 tentatives au cours de la seule année 2001 ! 111 attentats au cours du premier semestre 2002 ! Cest la situation que jai trouvée.
Face à cette criminalité, qui avait parfois pignon sur rue, nous avons remobilisé les forces de sécurité, 1.300 interpellations ont été opérées depuis 2002. Le nombre dattentats a été divisé par quatre en dix ans - comprenez-moi, cest encore trop mais par quatre en dix ans. Et je veux rendre hommage au courage et au dévouement des forces de police et de gendarmerie qui ont fait un travail remarquable. Je veux vous dire une chose qui peut-être ne fera pas lunanimité mais lami que je suis, doit vous le dire : jai demandé un renforcement du contrôle des armes sur le territoire de lîle. La détention illégale darmes doit être systématiquement sanctionnée. Ce nest pas possible que cela continue ainsi. Il ny a pas à transiger avec ce principe. Naturellement que je ne veux pas réprimer une culture ou une tradition, mais enfin je ne mets pas dans la culture ou la tradition le culte des armes. Il sagit douvrir un autre chemin, car « la non violence est un courage plus grand que la violence ». Cette phrase « la non violence est un courage plus grand que la violence », a été prononcée il y a quelques jours par Jean-François BERNARDINI et jy souscris totalement.
Alors naturellement, la lutte contre la violence, ce nest pas ça qui suffira à préparer lavenir de la Corse. La première exigence, cest de poursuivre linvestissement en faveur des projets qui créent les richesses économiques et les emplois de demain sur lîle. En 2002, jai tenu à mettre en place le financement du programme exceptionnel dinvestissement dont je rappelle que le gouvernement de lépoque vous avait abandonné et quil ny avait pas un centime pour le PEI. Non seulement jai veillé à ce que ce financement soit disponible, mais je lai sanctuarisé chaque année sur une ligne spécifique budgétaire malgré un contexte budgétaire de plus en plus tendu. Leffort de lEtat sur lîle, cest 165 millions deuros par an ; 400 opérations ont déjà été financées dans le cadre du PEI. Alors jentends bien que pour tel ou tel élu, ce nétait pas le bon investissement, il y en avait dautres. Daccord, mais je préfère quon se divise et quon se dispute sur les ordres de priorité plutôt quon se dispute parce quici vous auriez le sentiment que lEtat se moque de vous et ne prévoit pas la mise à disposition dun financement quil vous avait promis.
Alors je sais bien que le rattrapage économique de la Corse nest pas terminé. Cest pourquoi je veillerai à la négociation dune nouvelle convention du PEI signée dès cette année, pour engager 400 millions deuros nouveaux dinvestissements sur le prochain quinquennat en Corse. Je nai pas lintention darrêter leffort dinvestissements en Corse.
Je vous annonce donc ce PEI, ces 400 millions deuros mais je demande que vous fixiez les futures programmations, les consultations ne doivent pas se dérouler seulement entre les services de lÉtat et les élus : il faut que lensemble des forces vives de la Corse y prennent toute leur part. Lobjectif, cest que ces emplois bénéficient dabord aux entreprises et aux salariés de Corse. Parce que bien souvent, vous me dites : cest bien, on crée des emplois mais ils font venir des gens et les emplois, ce nest pas pour nous. Et les entreprises me disent : oui mais il y a un problème de formation. Alors je propose que dans les cinq années qui viennent, on mette en place un plan de formation pour la Corse et pour la main-doeuvre et les salariés en Corse. Les investissements mais si on ninvestit pas aussi sur la main-doeuvre, on ny arrivera pas.
LUniversité de Corse : je voudrais rappeler que jai voulu 150 emplois denseignants et de chercheurs pour luniversité de Corse ; que le dispositif des licences professionnelles que jai mis en place, est extrêmement performant. Je crois aussi à lapprentissage. LÉtat a fait un effort sans précédent : les places en CFA seront doublées sur lîle merci cher Xavier dici à 2015 et cest primordial pour les jeunes de moins de 25 ans. Jai voulu retenir le projet de pôle méditerranéen de formation aux métiers du développement durable dans le bâtiment ; ce centre de formation dapprentis, opérationnel dans moins de deux ans, formera vos jeunes aux nouveaux métiers des énergies renouvelables et aux technologies chère Nathalie - de léco-construction. Ce pôle est lun des huit « investissements davenir » déjà retenus en Corse pour vos jeunes. Cest une possibilité davenir absolument extraordinaire !
Jai souhaité également que 10% de la dernière tranche du PEI, soit 40 millions deuros, soient consacrés à un programme exceptionnel de formation. Ca ne suffit pas dinvestir dans les infrastructures, dans les bâtiments, il faut investir dans les hommes. Alors au-delà du PEI, nous devons continuer à soutenir les initiatives qui produisent des résultats. Ainsi, alors que la zone franche sachevait, nous avons soutenu les entreprises grâce au crédit dimpôt pour investissement mis en place en 2003. Ce dispositif a déjà permis la création de trois mille emplois ; nous venons de décider de prolonger ce dispositif jusquen 2016.
Je veux parler avec vous du tourisme : 17% des emplois en Corse, le tourisme. Dans ce cadre, jai vu que les professionnels du tourisme ont proposé de créer un CDI pour les travailleurs saisonniers employés en Corse, moyennant un effort mutuel des employeurs et des pouvoirs publics. Moi je considère que cest une proposition intelligente car tout le monde sera gagnant : lemployeur parce quil va fidéliser son salarié, le salarié parce quil sera sécurisé par un CDI et les pouvoirs publics au sens large parce quils nont pas un CDI, ils vont venir sinscrire à lassurance-chômage. Je suis donc venu vous dire que je suis daccord sur le principe dun CDI pour les travailleurs saisonniers employés en Corse.
Je veux dire un mot de lapprovisionnement énergétique de lîle. Jen ai parlé ici il y a deux ans. La Corse doit pouvoir accéder à une énergie sûre et propre. Lobjectif est clair : le gaz naturel doit arriver, en 2018, dans les deux centrales thermiques de lîle à Lucciana, après la modernisation qui est en cours ; à Ajaccio, dans la future centrale. Pour cela, la France soutient le raccordement de la Corse au futur gazoduc franco-algérien. Mais le Galsi dépend de la volonté des partenaires algériens et italiens dont il faut bien dire quils tardent à concrétiser, malgré nos sollicitations régulières, leurs engagements.
Jai donc décidé je nai pas voulu mabriter derrière ça jai donc décidé de lancer un autre projet, pour alimenter la Corse en gaz naturel liquéfié, à partir dune barge qui sera installée au large de sa côte Est. Cette barge permettrait dalimenter les deux centrales, mais aussi les réseaux de distribution de Bastia et dAjaccio, grâce à la construction du gazoduc terrestre « Cyrénée ». Elle permettra aussi de se brancher sur le Galsi dès que celui-ci sera construit, puisque nous aurons déjà mis en place sa partie corse. Ce projet permettra dapprovisionner la Corse en gaz naturel de façon sécurisée dès 2018. Je dis à lensemble de mes compatriotes français quil ny a pas de raison que la Corse soit la seule région du monde où il y a des pannes délectricité parce que la Corse nest pas indépendante du point de vue de son énergie !
Alors il reste le problème du fonctionnement transitoire de la nouvelle centrale de Lucciana, à partir de 2013, dans lattente de larrivée du gaz naturel. Deux choix étaient possibles : le fioul léger ou le fioul lourd. Avec la centrale moderne que nous construisons, ces deux combustibles permettent de respecter très largement les critères démissions. Mais javais demandé une concertation qui a été menée pendant plusieurs mois, parce que cest un sujet particulièrement important pour la vie quotidienne des Corses. La population, et les élus ont marqué leur préférence pour le fioul léger qui pollue moins latmosphère en dioxyde de soufre que le fioul lourd. Eh bien je vous lannonce : jai décidé de lalimentation de la centrale de Lucciana en fioul léger, à partir de la fin 2013.
Au total, mes chers amis, cest un investissement de plus de 500 millions deuros que jai décidé pour sécuriser lapprovisionnement énergétique de la Corse. Et vous comprenez bien que parce que je dis tout cela, il faut bien entendre la première partie sur la sécurité : ce nest pas lun ou lautre, cest les deux ; la loi de la République qui est respectée et le développement économique qui est engagé avec le soutien de lEtat.
La santé. Voilà un domaine essentiel où nous aidons lîle à ne plus dépendre de lextérieur. Beaucoup de décisions attendaient ici depuis des années, voire cher Xavier, depuis des décennies. Cest une action sans précédent, en lien avec tous les acteurs de terrain, qui a permis depuis 2010 de revaloriser de 5 à 8% le coefficient géographique qui sapplique au budget des établissements de santé sur lîle. Nous allons créer un établissement à Calvi, nous modernisons les services à Ajaccio, les réseaux de soins sur la plaine orientale, nous développons limagerie médicale dans toute la Corse. Pour la première fois, cest un vrai schéma régional de loffre de soins qui va être construit, à la fin de lannée 2012, parce que je ne veux plus quon soit obligé de prendre lavion ou le bateau pour aller se faire soigner. On ne peut pas dire aux Corses : ici cest la République mais la République nest pas capable de vous soigner !
Et la création par luniversité dune première année de médecine, que javais soutenue dès 2006, va exactement dans le même sens. Je souhaite que la première année, vous savez, qui est tellement décisive dans le cursus parce que le concours à la fin de la première année, cest quelque chose, ça permet de donner toute sa puissance à luniversité corse.
Il y a un enjeu auquel jattache une grande importance, cest que la Corse puisse vivre en paix avec son identité. En paix avec son identité. On nest pas en paix quand on renie son identité, on nest pas en paix quand on loublie et je voudrais répondre très directement à la question qui ma été posée sagissant de la reconnaissance de la spécificité historique et culturelle de la Corse. Jai longuement réfléchi à cette question, qui est difficile et ma conclusion intime et personnelle, cest que cest luniformité qui crée des tensions pour lunité de la République et que cest la reconnaissance des spécificités qui renforcent les liens de la République. Oui, lidentité corse existe au sein de la République française, pas à côté, pas contre, au sein de la République française.
La Corse qui a subi toutes sortes dinvasions, toutes sortes dinfluences, eh bien aucune de ces invasions, aucune de ces influences na jamais pu sy imposer. La Corse est française depuis 244 ans, dix générations. Mais doit-on pour autant oublier ce quelle a été auparavant ? Cela naurait aucun sens. La Corse a démontré, dans lhistoire, des qualités éminentes.
La Corse sest toujours révoltée contre larbitraire, ce qui a fait tous ses héros depuis Sampiero CORSO. Et elle a su avant les autres, la Corse, adhérer à des valeurs universelles, cest le génie de Pascal PAOLI. Elle a affronté ladversité, la Corse, avec un courage inouï. Et elle a payé un plus lourd tribut que les autres lors de la première guerre mondiale. Elle a donné, la Corse, une magnifique leçon de résistance, avec Fred SCAMARONI, Jean NICOLI et tant dautres, au point dêtre, par ses propres forces, la Corse, le premier département de France libéré à lautomne 1943, ce nest pas moi qui lai salué, cest le général de Gaulle qui la reconnu ! Eh bien je le dis : il y a une identité corse qui sera reconnue par la République française à lintérieur de la République française, qui na pas à avoir peur de lidentité de la Corse, qui doit au contraire en être fière. Voilà mon message aux Corses !
Alors cet héritage qui est le vôtre, il ne faut pas loublier. Oui bien sûr mais il y aurait bien dautres choses à dire, je nai pas oublié Je lai dit en venant à Ajaccio il y a deux ans : il est arrivé à lÉtat français de manquer dattention et peut-être de respect à la Corse, en certaines heures de son histoire Je lai dit, cest plus facile de refaire lhistoire, mais jai beaucoup réfléchi sur lhistoire récente de la Corse et quest-ce qui avait conduit à cet enchaînement de violence et dincompréhension et reconnaissons que ce nétait pas facile à interpréter et reconnaissons quil y a eu des erreurs qui ont fait quil a fallu tant de temps, cher Jacques DOMINATI, pour trouver lapaisement, tant de temps ! Mais lavenir ne nous attend pas ; il nous faut maintenant regarder ensemble dans la même direction. Lidentité de la Corse au sein de la France, à mes yeux, cest le moteur de notre action commune ; ce nest pas une question de discorde ; cela doit passer par des actes. Alors jai la conviction que la spécificité de la Corse tient notamment à sa langue, le corse. La langue corse est un patrimoine vivant et ce fut une grande erreur que donner le sentiment que la langue corse nétait défendue que pour ceux qui parlaient de lindépendance. Je ne veux pas leur faire le moindre cadeau à ceux-là ; cest pourquoi je dis : la langue corse est un patrimoine culturel dont nous navons pas à avoir peur ! Cest un patrimoine vivant et je ne veux pas laisser ce patrimoine à des gens dont le projet est de saboter derrière pour plaider pour une indépendance dont personne ne veut sur lîle.
Depuis dix ans, lÉducation nationale est très engagée dans lenseignement du corse, 113 professeurs sont certifiés, 180 sont habilités. Je souhaite que nous allions plus loin : lenseignement du corse doit être consacré par la création dune agrégation. Ce ne sera pas budgétivore mais cest un symbole sur lîle, ça compte. Aujourdhui, 80% des élèves suivent un enseignement de corse à lécole primaire, plus dun tiers dans le secondaire. LÉtat soutient également lusage du corse dans certaines émissions. Je dis une chose, cest que pour moi, le corse doit être encouragé, proposé à chaque fois que possible non pas à la place du français mais à côté parce quici quand on remonte au village et que les grands-parents parlent aux petits-enfants, quand ils parlent en langue corse, ce nest pas une défiance vis-à-vis de la Corse, au contraire, cest un souci dun enracinement culturelle, dune fidélité à une histoire ; ça na rien à voir avec la politique ; ça a tout à voir avec la tradition !
La seule limite que je fixe en tant que garant de lunité de la République : cest que le corse ne pourra jamais remplacer le français dans les textes officiels et aux guichets du service public. Jamais. Est-ce que je suis clair là aussi ?! Je reconnais limportance de la langue corse, importance familiale et de tradition mais aux guichets de la République, aux guichets du service public, on parle le français parce que le français, cest la langue de la République.
Je dirais dailleurs que je ne verrais que des avantages à ce que les enfants corses reçoivent un enseignement en plus de lhistoire de France, de lhistoire de la Corse : pour savoir qui lon est, pour savoir où lon va, il faut connaître doù lon vient et il est normal que les élèves scolarisés en Corse apprennent, en plus de lhistoire de France, lhistoire de lîle jajoute que lhistoire de lîle, cest aussi lhistoire de France.
Regardons la réalité telle quelle est, sans avoir peur des mots : la Corse de 2012 a plus de pouvoirs propres quil y a dix ans, car nous avons tenu tous les engagements du statut de 2002. Aucun objectif nouveau ne peut être fixé pour elle sans elle, et cest très bien ainsi. Elle a adopté des plans sur les grands dossiers qui la concernent : énergie, éducation, langue, environnement, tourisme, agriculture. Elle possède des ports, des aéroports, des routes, des forêts. Le plan daménagement et de développement durable de Corse, le Padduc, est le meilleur exemple de cette singularité juridique assumée. Je métais engagé il y a deux ans à modifier la loi, pour rendre le Padduc plus facile à élaborer, pour actualiser son contenu en tenant compte des prescriptions du Grenelle de lenvironnement. Cest chose faite avec la loi du 5 décembre 2011. Cest maintenant à la collectivité territoriale de Corse de réaliser ce plan tant attendu. Non seulement cest elle qui fixera les axes du développement, la localisation des infrastructures, mais le Padduc adopté par elle simposera aux permis de construire, là où il ny a pas de documents locaux durbanisme. Cest un exemple unique dans notre droit.
De même, pour répondre au sujet très sérieux de laugmentation du prix du foncier, lÉtat a créé un établissement public foncier comme je my étais engagé il y a deux ans. Le décret sera publié la semaine prochaine. Cet établissement sera cofinancé par lÉtat à hauteur de 15 millions deuros ; il sera un outil au service des collectivités et son conseil dadministration sera composé en majorité délus. Voilà ce que je voulais vous dire sur le sujet du foncier mais puisque nous sommes sur les questions les plus sensibles, je veux dire un mot sur le statut.
Est-ce que lavenir de la Corse passe par une évolution constitutionnelle de son statut ? Sur cette question, comme sur les autres, je souhaite que nous soyons pragmatiques, et prendre les choses dans lordre. Je propose que lon examine dabord, ensemble, ce qui peut être entrepris dans le cadre constitutionnel actuel. Si les élus de Corse me démontraient que le développement de la Corse était entravé pour des raisons constitutionnelles, alors nous en discuterions. Je ne veux pas fermer la porte, je ne veux par louvrir non plus. Pourquoi je ne veux pas la fermer ? Parce que je vous connais trop : même ceux qui nont pas envie de lemprunter, si je la fermais, frapperaient à la porte. Donc je dis : cette question est ouverte. Je ne prendrai pas linitiative. En 2003, je vous ai proposé un référendum ; vous avez apporté une réponse ; je ne prendrai pas linitiative. Je ne suis pas venu dire ici que je ferme la porte définitivement. Cest à vous de prendre vos responsabilités et je vous fais confiance. Alors dans le cadre constitutionnel actuel, faut-il faire évoluer lorganisation institutionnelle de la Corse ? Moi jattends les propositions de vos élus car je ne compte pas venir proposer de nouvelles institutions à la Corse, imaginées à Paris pour faire le bonheur des Corses sans les consulter ! Je ne le ferai pas. La loi a institué pour lensemble de la République le conseiller territorial. Ce nest pas le cas dans la collectivité qui est la vôtre. Cest à vous de nous faire des propositions.
La troisième question est celle de ladaptation des règles applicables en Corse. Là aussi je pense quil faut être pragmatique et je serai attentif à ce que vous me direz.
Avec la question des droits de succession, il me semble que la préoccupation exprimée par lassemblée de Corse doit être prise en compte : la sortie du régime de « larrêté Miot » était calée par la loi du 22 janvier 2002, sur la période prévue de reconstitution des titres de propriété. Javais moi-même fait créer le groupement dintérêt public pour la reconstitution des titres de propriété en Corse, le Girtec, en mars 2007. Cette mission est techniquement très difficile, jestime que le groupement a besoin dune période complémentaire de cinq années. Je propose donc que la loi prolonge le régime dexonération provisoire jusquen 2017. Et je suis tout à fait prêt à men expliquer : pour sortir du régime dérogatoire, il faut des titres de propriété. Or cest extrêmement compliqué. Ces titres de propriété, nous ne les avons pas ; je ne toucherai pas au régime dérogatoire tant que les titres de propriété nauront pas été établis de façon formelle.
Mes chers amis, jai voulu venir en Corse pour parler aux Corses de lîle ; cest ma façon de vous respecter. Je ne peux pas concevoir quon vienne en Corse simplement faire un petit tour, dire « il y a 300.000 habitants » - il y a quelques voix à récupérer, donc on va leur faire bonjour, on va traverser la Méditerranée et puis on va partir tranquille ! Ce nest pas ma conception des choses. Je pense que quand on vient en Corse, on vient avec des idées pour la Corse ! On vient avec des propositions pour la Corse ! On vient avec des convictions pour la Corse, sinon ce nest pas la peine de venir ! Sinon on vient pour exploiter la Corse, pour utiliser la Corse ! Pas pour parler à la Corse et aux Corses ! Et cest ça le lien que nous avons créé ça ne veut pas dire que nous avons toujours été daccord, jai eu bien des débats y compris avec mes propres amis mais jamais personne na mis en cause mon attachement pour lîle et pour les Corses ; jamais personne na mis en cause ma franchise dans la compréhension des problèmes et jamais personne ne ma pris en flagrant délit de mensonge sagissant de la Corse et des questions si difficiles que la Corse posait. Dailleurs vous mavez fait évoluer sur un certain nombre de sujets je pense notamment au rapprochement des détenus et je pense notamment à ma compréhension des langues régionales, je savais des choses par ce que javais vu et javais écouté. Je veux vous dire la même chose sur lavenir de notre pays : le choix que vous aurez à faire dans moins de dix jours au premier tour
(Acclamations du public)
Je veux quand même vous dire quelque chose : je voudrais tellement que vous le fassiez en considérant quil y a une seule chose qui compte, cest lavenir de notre pays et lidée que vous vous en faites. Je vous demande de faire abstraction de tous les votes choisir tout au long de vos vies. Vous devez voter et choisir pas en fonction du passé mais en fonction de lavenir, cest la seule chose qui doit compter. Je ne suis pas venu parler à la droite en Corse, au centre en Corse, je suis venu parler au peuple de France, sans aucune distinction. A ceux qui mont toujours accompagné comme à ceux qui mont toujours combattu, parce quun Président de la République, il est président de ceux qui ont voté pour lui et il est président aussi de ceux qui nont pas voté pour lui !
Cest notre différence. Cest la différence avec monsieur HOLLANDE ! Moi je ne parle pas à la droite ! Je suis désolé, la présidence de la République, ce nest pas parler au peuple de gauche, ce nest pas considérer quil est normal quon soit lotage de madame JOLY et de monsieur MELENCHON ! Le Président de la République, il doit être libre pour ne penser quà une seule chose : lintérêt de la nation. Nous avons connu des crises dune violence inouïe ; nous sommes dans un nouveau monde. Cest sans doute la première élection du 21e siècle. La France est à un tournant, lEurope est convalescente, la France est passée tout proche du gouffre. Pendant quatre ans, jai tout fait pour vous protéger, pour que nous résistions, pour que nous nous en sortions, pour que vos retraites soient garanties, pour que votre épargne soit protégée, pour que vos enfants ne soient pas au chômage ! La question qui se trouve posée aujourdhui : est-ce que nous tirons les leçons de la crise ou est-ce que nous nous laissons aller ?
Juste une chose pour que chacun comprenne bien les enjeux : il y a un pays considérable, fort, puissant, dirigé par un homme remarquable - Mariano JAROY - qui est lEspagne. LEspagne avait promis dêtre à 6% de ses déficits en 2011, lEspagne sest retrouvée à 8%. La France avait promis de se retrouver à 5,7% de déficit, la France était à 5,2. Eh bien la sanction est tombée tout de suite : la France emprunte pour financer sa dette à un taux deux fois moins cher que le taux qui est réservé aujourdhui à lEspagne. Ce nest pas une menace, ce nest pas une prédiction, cest une réalité. Cest une réalité. La réalité de ce monde. Bien sûr que nous devons pas être soumis aux marchés, bien sûr que nous ne devons pas être soumis aux agences de notation mais si on veut être libre de son destin, on rembourse ses dettes et on réduit ses déficits en diminuant ses dépenses. Si on ne le fait pas, on nest pas maître de son destin.
Mes chers amis, aujourdhui jai besoin de vous, jai besoin de votre soutien ; jai besoin de votre engagement, jai besoin de votre mobilisation, jai besoin de votre enthousiasme, jai besoin quau-delà de cette salle, partout, vous alliez convaincre pour dire : la majorité silencieuse ne veut pas quon lui vole cette élection, ne veut pas quon lui dicte ses choix.
Cest vous, cest nous qui ferons que le 6 mai, la France fera le choix de lavenir et refusera le choix du passé !
Vive la République !
Vive la France !
Et vive la Corse dans la République française !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 16 avril 2012
Le public
On va gagner ! On va gagner !
Nicolas SARKOZY
Merci beaucoup Merci. Merci, merci !
Mes chers amis, cest un immense bonheur de vous retrouver. Je suis venu en Corse tant de fois, tant de fois comme ministre, comme candidat à la présidence de la République, comme chef de lÉtat, aujourdhui à nouveau comme candidat. Et puis je suis venu en Corse aussi parce que je noublie pas que deux de mes fils ont du sang corse ! Daccord, cest Sagone, cest Vico ! Mais bon Cest loin dAjaccio mais quand même !
Je suis venu en Corse, à chaque fois, avec beaucoup denthousiasme et beaucoup despoir. Jai veillé Jai voulu tisser avec lîle, ses habitants, un lien, un lien de fidélité et si vous le permettez, un lien daffection. Jaime la Corse, jaime les Corses et cest au nom de cette affection que ce soir je suis venu vous parler, vous parler de la Corse, vous parler des Corses, vous parler de la France, vous parler de la République. Je vais vous parler sans détour, je vais vous parler sans intermédiaire.
A quelques jours dun rendez-vous historique pour notre pays - historique je veux évoquer avec vous lavenir de la Corse au sein de notre République ; je veux vous parler des défis qua à relever la Corse parce que la Corse sinscrit dans un monde totalement nouveau, parce que la Corse que jaime, veut préserver son identité et son art de vivre, et parce que la Corse souhaite par-dessus tout que ses enfants sils le décident, puissent vivre, travailleur, grandir sur lîle quest la leur.
Je connais lhistoire de la Corse et je sais parfaitement que dans lhistoire de la Corse, le départ, le voyage est une des réalités et je veux que chaque jeune qui parte, le fasse pour une bonne raison, pas pour une mauvaise raison ; quil parte parce quil a envie de partir, pas quil parte de lîle parce que sur lîle on ne pourrait pas vivre, on ne pourrait pas travailler, on ne pourrait pas étudier ! Cette raison-là, je nen veux pas !
Jai mis du temps à comprendre la réalité corse, à mimprégner de cette réalité corse ; jai compris depuis bien longtemps que les Corses voulaient la solidarité mais étaient humiliés par lassistanat, les Corses étaient prêts à assumer leurs responsabilités mais quils voulaient quon leur fasse confiance.
Le Corse est ainsi, il est prêt à tout donner pour peu quil sente que de lautre côté, on le respecte. Il est prêt à assumer ses responsabilités, peut-être mieux quaucun autre citoyen de la République et pour peu quon lui fasse confiance. En Corse, cela marche ainsi. Il est prêt à parier sur le développement pour peu quil considère que lîle est traitée avec justice et avec équité car ici en Corse, moins quailleurs en France (sic), on ne supporte pas linjustice et cest pour cela que jai choisi de traiter les sujets les plus difficiles, qui attendaient depuis si longtemps : luniversité je sais très bien que quand jai commencé, cher Tony, à men occuper de cette université de Corte, ce nétait pas un sujet de consensus, cétait parfois un sujet de moquerie pour le continent et cétait parfois un sujet de division sur lîle jai voulu donner à luniversité les moyens davancer.
Je me suis saisi du dossier des agriculteurs parce que je sais parfaitement ce que pèse lagriculture, pas simplement dans votre économie mais dans votre identité ; quel est le rapport à la terre et à la tradition orale ici.
Jai voulu investir massivement en faveur du développement économique car combattre la violence ici sans investir dans le développement économique, cest ne pas comprendre que la Corse veut les deux choses, le pilier républicain, la paix et en même temps le développement.
Jai dit à nos compatriotes du continent que quand on décidait de rapprocher les détenus en Corse, cest parce que dans un Etat républicain, on punissait celui qui a fait une faute, pas la famille de celui qui a fauté. Jai été attaqué pour ça, jai été critiqué pour cela - je veux dire sur le continent, pas ici - parce que punir celui qui a fait un assassinat, qui a volé, qui na pas respecté les règles de la République, oui, mais imposer à sa femme, à ses enfants de prendre le billet, de traverser, daller sur le continent, je ne lai pas voulu.
Tout ceci paraît presque simple aujourdhui presque simple - mais ceux qui mont aidé dans ces démarches nest-ce-pas Camille, nest-ce pas Sauveur, nest-ce pas Ange ?! savent combien cétait long, cétait difficile et combien il ma fallu affronter des préjugés parfois séculaires qui auraient pu nous faire échouer. Je veux que vous compreniez une chose : tout ce que jai fait, je lassume, je ne lai pas fait par faiblesse. Je lai fait parce que jaime la Corse et parce que jai confiance dans la Corse. Parce que cétait une preuve de confiance !
Ces efforts, nous les avons effectués alors même que notre pays a dû faire face à des crises dune violence inouïe depuis quatre ans. Nous sommes passés tout près du gouffre. La France a été mise à lépreuve ; à lintérieur de la France, la Corse a été mise à lépreuve.
Nous avons résisté, vous avez tenu. La Corse aujourdhui produit davantage quil y a cinq ans et la Corse crée des emplois. Mais il est vrai que la Corse se cherche encore et que cest sans doute le destin de la Corse à travers cette histoire mêlée quest la vôtre, dans un monde qui change sans cesse. La Corse se demande comment rester elle-même et en même temps la Corse veut jeter toutes ses forces dans la bataille du monde nouveau.
Il y a une voie possible. Jai la conviction que pour la Corse, cest lexcellence.
La Corse a les moyens de lexcellence ; la Corse ne supporte pas la médiocrité parce que la Corse se mesure à son histoire.
Personne ne doit décider à la place de la Corse, certainement pas les prédateurs économiques ici, on nest pas dans un paradis qui se vend, ici rien nest à vendre, ici, on est dans un territoire de culture ici, on ne sabandonne pas à des marchands dillusions, à ceux qui voudraient parler à votre place et qui sont si peu convaincus de la force de leurs idées quils voudraient limposer par les armes, par les attentats, par les cagoules. Quand on met une cagoule, on est un lâche ! Sinon, on ne met pas de cagoule.
La Corse doit sappuyer sur un État qui sera son partenaire, respectant ce quelle est. Et je voudrais que vous me compreniez, moi je suis tellement heureux dêtre parmi vous. Bien sûr, certains de mes amis mont dit « mais tu vas parler de politique » ? Oui, je vais parler de la Corse. Je ne viens pas ici faire le « pinzutu » ou le touriste, prendre un brin de Méditerranée et retourner chez moi. Je viens en ayant réfléchi à ce que je vais vous dire et vous proposer. Ce nest pas un discours tout fait, jai réfléchi à ces questions. Et si vous me faites confiance, lÉtat sera votre partenaire volontaire et responsable. Il sera engagé encore plus fortement aux côtés des Corses.
Alors je vais vous dire un certain nombre de choses pour que le cap des cinq prochaines années soit fixé entre nous. Dabord et cest lexpression dune grande conviction - jamais lÉtat ne transigera tant que je serai Président de la République avec ceux qui se livrent à des violences criminelles, quels quen soient les auteurs, quelles quen soient les victimes.
Pas de pardon, pas de pitié. Ce qui sest passé dans les quinze derniers jours est intolérable : attentat contre la sous-préfecture de Corte, engin explosif au coeur dAjaccio, est-ce que les criminels qui font ça, savent quau moment où ils font exploser un engin, il peut y avoir un enfant corse, une femme corse, un innocent corse qui se trouve à ce moment-là et ce sont eux les assassins !
Les assassins doublement de la personne et de lidentité de la Corse ! Ils nont rien à voir avec la culture de la Corse ; ils sont étrangers à la société, à la culture quils prétendent incarner, ce sont des usurpateurs ! Ils nont rien : ni courage, ni culture. Ils sont totalement étrangers à ce qui fait lâme de la Corse. Les deux homicides près dAleria sont une honte pour ceux qui les ont perpétrés. Comme lassassinat dune femme lan dernier en Corse, cest ne rien comprendre à la place de la femme dans la société corse depuis des siècles que de pouvoir penser quon peut assassiner une femme en Corse, cest une honte ! Et ces gens prétendent parler au nom de la Corse ! Ils ne la connaissent pas, la Corse, ils la blasphèment ! Voilà la réalité.
Et que dire de lincendie dune salle de prières à Ajaccio, qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques ? Les Corses ont été choqués par la violence de ces faits. Rien, absolument rien ne peut les justifier. Avec le ministre de lIntérieur, avec le ministre de la Justice que je remercie de mavoir accompagné, nous mettrons tout en oeuvre pour les retrouver et je prends le même engagement que javais pris devant vous, souvenez-vous, quand il sétait agi de retrouver lassassin dun préfet de la République, je vous avais dit que nous le retrouverions ; je vous dis que ceux qui ont commis ces actes, nous les arrêterons, nous les défèrerons à la justice et quils seront châtiés comme ils le méritent. Pas dimpunité sur le territoire de lîle.
Cest dautant plus inadmissible que depuis dix ans, des efforts considérables ont été mis en oeuvre pour lutter contre ce fléau de la violence. Je veux rafraîchir la mémoire de ceux qui sont venus récemment en Corse sous les palmiers, oubliant que la Corse, cest dabord la montagne : en 2002, à mon arrivée au ministère de lintérieur, jai trouvé une Corse minée par la violence qui avait connu 33 homicides et 22 tentatives au cours de la seule année 2001 ! 111 attentats au cours du premier semestre 2002 ! Cest la situation que jai trouvée.
Face à cette criminalité, qui avait parfois pignon sur rue, nous avons remobilisé les forces de sécurité, 1.300 interpellations ont été opérées depuis 2002. Le nombre dattentats a été divisé par quatre en dix ans - comprenez-moi, cest encore trop mais par quatre en dix ans. Et je veux rendre hommage au courage et au dévouement des forces de police et de gendarmerie qui ont fait un travail remarquable. Je veux vous dire une chose qui peut-être ne fera pas lunanimité mais lami que je suis, doit vous le dire : jai demandé un renforcement du contrôle des armes sur le territoire de lîle. La détention illégale darmes doit être systématiquement sanctionnée. Ce nest pas possible que cela continue ainsi. Il ny a pas à transiger avec ce principe. Naturellement que je ne veux pas réprimer une culture ou une tradition, mais enfin je ne mets pas dans la culture ou la tradition le culte des armes. Il sagit douvrir un autre chemin, car « la non violence est un courage plus grand que la violence ». Cette phrase « la non violence est un courage plus grand que la violence », a été prononcée il y a quelques jours par Jean-François BERNARDINI et jy souscris totalement.
Alors naturellement, la lutte contre la violence, ce nest pas ça qui suffira à préparer lavenir de la Corse. La première exigence, cest de poursuivre linvestissement en faveur des projets qui créent les richesses économiques et les emplois de demain sur lîle. En 2002, jai tenu à mettre en place le financement du programme exceptionnel dinvestissement dont je rappelle que le gouvernement de lépoque vous avait abandonné et quil ny avait pas un centime pour le PEI. Non seulement jai veillé à ce que ce financement soit disponible, mais je lai sanctuarisé chaque année sur une ligne spécifique budgétaire malgré un contexte budgétaire de plus en plus tendu. Leffort de lEtat sur lîle, cest 165 millions deuros par an ; 400 opérations ont déjà été financées dans le cadre du PEI. Alors jentends bien que pour tel ou tel élu, ce nétait pas le bon investissement, il y en avait dautres. Daccord, mais je préfère quon se divise et quon se dispute sur les ordres de priorité plutôt quon se dispute parce quici vous auriez le sentiment que lEtat se moque de vous et ne prévoit pas la mise à disposition dun financement quil vous avait promis.
Alors je sais bien que le rattrapage économique de la Corse nest pas terminé. Cest pourquoi je veillerai à la négociation dune nouvelle convention du PEI signée dès cette année, pour engager 400 millions deuros nouveaux dinvestissements sur le prochain quinquennat en Corse. Je nai pas lintention darrêter leffort dinvestissements en Corse.
Je vous annonce donc ce PEI, ces 400 millions deuros mais je demande que vous fixiez les futures programmations, les consultations ne doivent pas se dérouler seulement entre les services de lÉtat et les élus : il faut que lensemble des forces vives de la Corse y prennent toute leur part. Lobjectif, cest que ces emplois bénéficient dabord aux entreprises et aux salariés de Corse. Parce que bien souvent, vous me dites : cest bien, on crée des emplois mais ils font venir des gens et les emplois, ce nest pas pour nous. Et les entreprises me disent : oui mais il y a un problème de formation. Alors je propose que dans les cinq années qui viennent, on mette en place un plan de formation pour la Corse et pour la main-doeuvre et les salariés en Corse. Les investissements mais si on ninvestit pas aussi sur la main-doeuvre, on ny arrivera pas.
LUniversité de Corse : je voudrais rappeler que jai voulu 150 emplois denseignants et de chercheurs pour luniversité de Corse ; que le dispositif des licences professionnelles que jai mis en place, est extrêmement performant. Je crois aussi à lapprentissage. LÉtat a fait un effort sans précédent : les places en CFA seront doublées sur lîle merci cher Xavier dici à 2015 et cest primordial pour les jeunes de moins de 25 ans. Jai voulu retenir le projet de pôle méditerranéen de formation aux métiers du développement durable dans le bâtiment ; ce centre de formation dapprentis, opérationnel dans moins de deux ans, formera vos jeunes aux nouveaux métiers des énergies renouvelables et aux technologies chère Nathalie - de léco-construction. Ce pôle est lun des huit « investissements davenir » déjà retenus en Corse pour vos jeunes. Cest une possibilité davenir absolument extraordinaire !
Jai souhaité également que 10% de la dernière tranche du PEI, soit 40 millions deuros, soient consacrés à un programme exceptionnel de formation. Ca ne suffit pas dinvestir dans les infrastructures, dans les bâtiments, il faut investir dans les hommes. Alors au-delà du PEI, nous devons continuer à soutenir les initiatives qui produisent des résultats. Ainsi, alors que la zone franche sachevait, nous avons soutenu les entreprises grâce au crédit dimpôt pour investissement mis en place en 2003. Ce dispositif a déjà permis la création de trois mille emplois ; nous venons de décider de prolonger ce dispositif jusquen 2016.
Je veux parler avec vous du tourisme : 17% des emplois en Corse, le tourisme. Dans ce cadre, jai vu que les professionnels du tourisme ont proposé de créer un CDI pour les travailleurs saisonniers employés en Corse, moyennant un effort mutuel des employeurs et des pouvoirs publics. Moi je considère que cest une proposition intelligente car tout le monde sera gagnant : lemployeur parce quil va fidéliser son salarié, le salarié parce quil sera sécurisé par un CDI et les pouvoirs publics au sens large parce quils nont pas un CDI, ils vont venir sinscrire à lassurance-chômage. Je suis donc venu vous dire que je suis daccord sur le principe dun CDI pour les travailleurs saisonniers employés en Corse.
Je veux dire un mot de lapprovisionnement énergétique de lîle. Jen ai parlé ici il y a deux ans. La Corse doit pouvoir accéder à une énergie sûre et propre. Lobjectif est clair : le gaz naturel doit arriver, en 2018, dans les deux centrales thermiques de lîle à Lucciana, après la modernisation qui est en cours ; à Ajaccio, dans la future centrale. Pour cela, la France soutient le raccordement de la Corse au futur gazoduc franco-algérien. Mais le Galsi dépend de la volonté des partenaires algériens et italiens dont il faut bien dire quils tardent à concrétiser, malgré nos sollicitations régulières, leurs engagements.
Jai donc décidé je nai pas voulu mabriter derrière ça jai donc décidé de lancer un autre projet, pour alimenter la Corse en gaz naturel liquéfié, à partir dune barge qui sera installée au large de sa côte Est. Cette barge permettrait dalimenter les deux centrales, mais aussi les réseaux de distribution de Bastia et dAjaccio, grâce à la construction du gazoduc terrestre « Cyrénée ». Elle permettra aussi de se brancher sur le Galsi dès que celui-ci sera construit, puisque nous aurons déjà mis en place sa partie corse. Ce projet permettra dapprovisionner la Corse en gaz naturel de façon sécurisée dès 2018. Je dis à lensemble de mes compatriotes français quil ny a pas de raison que la Corse soit la seule région du monde où il y a des pannes délectricité parce que la Corse nest pas indépendante du point de vue de son énergie !
Alors il reste le problème du fonctionnement transitoire de la nouvelle centrale de Lucciana, à partir de 2013, dans lattente de larrivée du gaz naturel. Deux choix étaient possibles : le fioul léger ou le fioul lourd. Avec la centrale moderne que nous construisons, ces deux combustibles permettent de respecter très largement les critères démissions. Mais javais demandé une concertation qui a été menée pendant plusieurs mois, parce que cest un sujet particulièrement important pour la vie quotidienne des Corses. La population, et les élus ont marqué leur préférence pour le fioul léger qui pollue moins latmosphère en dioxyde de soufre que le fioul lourd. Eh bien je vous lannonce : jai décidé de lalimentation de la centrale de Lucciana en fioul léger, à partir de la fin 2013.
Au total, mes chers amis, cest un investissement de plus de 500 millions deuros que jai décidé pour sécuriser lapprovisionnement énergétique de la Corse. Et vous comprenez bien que parce que je dis tout cela, il faut bien entendre la première partie sur la sécurité : ce nest pas lun ou lautre, cest les deux ; la loi de la République qui est respectée et le développement économique qui est engagé avec le soutien de lEtat.
La santé. Voilà un domaine essentiel où nous aidons lîle à ne plus dépendre de lextérieur. Beaucoup de décisions attendaient ici depuis des années, voire cher Xavier, depuis des décennies. Cest une action sans précédent, en lien avec tous les acteurs de terrain, qui a permis depuis 2010 de revaloriser de 5 à 8% le coefficient géographique qui sapplique au budget des établissements de santé sur lîle. Nous allons créer un établissement à Calvi, nous modernisons les services à Ajaccio, les réseaux de soins sur la plaine orientale, nous développons limagerie médicale dans toute la Corse. Pour la première fois, cest un vrai schéma régional de loffre de soins qui va être construit, à la fin de lannée 2012, parce que je ne veux plus quon soit obligé de prendre lavion ou le bateau pour aller se faire soigner. On ne peut pas dire aux Corses : ici cest la République mais la République nest pas capable de vous soigner !
Et la création par luniversité dune première année de médecine, que javais soutenue dès 2006, va exactement dans le même sens. Je souhaite que la première année, vous savez, qui est tellement décisive dans le cursus parce que le concours à la fin de la première année, cest quelque chose, ça permet de donner toute sa puissance à luniversité corse.
Il y a un enjeu auquel jattache une grande importance, cest que la Corse puisse vivre en paix avec son identité. En paix avec son identité. On nest pas en paix quand on renie son identité, on nest pas en paix quand on loublie et je voudrais répondre très directement à la question qui ma été posée sagissant de la reconnaissance de la spécificité historique et culturelle de la Corse. Jai longuement réfléchi à cette question, qui est difficile et ma conclusion intime et personnelle, cest que cest luniformité qui crée des tensions pour lunité de la République et que cest la reconnaissance des spécificités qui renforcent les liens de la République. Oui, lidentité corse existe au sein de la République française, pas à côté, pas contre, au sein de la République française.
La Corse qui a subi toutes sortes dinvasions, toutes sortes dinfluences, eh bien aucune de ces invasions, aucune de ces influences na jamais pu sy imposer. La Corse est française depuis 244 ans, dix générations. Mais doit-on pour autant oublier ce quelle a été auparavant ? Cela naurait aucun sens. La Corse a démontré, dans lhistoire, des qualités éminentes.
La Corse sest toujours révoltée contre larbitraire, ce qui a fait tous ses héros depuis Sampiero CORSO. Et elle a su avant les autres, la Corse, adhérer à des valeurs universelles, cest le génie de Pascal PAOLI. Elle a affronté ladversité, la Corse, avec un courage inouï. Et elle a payé un plus lourd tribut que les autres lors de la première guerre mondiale. Elle a donné, la Corse, une magnifique leçon de résistance, avec Fred SCAMARONI, Jean NICOLI et tant dautres, au point dêtre, par ses propres forces, la Corse, le premier département de France libéré à lautomne 1943, ce nest pas moi qui lai salué, cest le général de Gaulle qui la reconnu ! Eh bien je le dis : il y a une identité corse qui sera reconnue par la République française à lintérieur de la République française, qui na pas à avoir peur de lidentité de la Corse, qui doit au contraire en être fière. Voilà mon message aux Corses !
Alors cet héritage qui est le vôtre, il ne faut pas loublier. Oui bien sûr mais il y aurait bien dautres choses à dire, je nai pas oublié Je lai dit en venant à Ajaccio il y a deux ans : il est arrivé à lÉtat français de manquer dattention et peut-être de respect à la Corse, en certaines heures de son histoire Je lai dit, cest plus facile de refaire lhistoire, mais jai beaucoup réfléchi sur lhistoire récente de la Corse et quest-ce qui avait conduit à cet enchaînement de violence et dincompréhension et reconnaissons que ce nétait pas facile à interpréter et reconnaissons quil y a eu des erreurs qui ont fait quil a fallu tant de temps, cher Jacques DOMINATI, pour trouver lapaisement, tant de temps ! Mais lavenir ne nous attend pas ; il nous faut maintenant regarder ensemble dans la même direction. Lidentité de la Corse au sein de la France, à mes yeux, cest le moteur de notre action commune ; ce nest pas une question de discorde ; cela doit passer par des actes. Alors jai la conviction que la spécificité de la Corse tient notamment à sa langue, le corse. La langue corse est un patrimoine vivant et ce fut une grande erreur que donner le sentiment que la langue corse nétait défendue que pour ceux qui parlaient de lindépendance. Je ne veux pas leur faire le moindre cadeau à ceux-là ; cest pourquoi je dis : la langue corse est un patrimoine culturel dont nous navons pas à avoir peur ! Cest un patrimoine vivant et je ne veux pas laisser ce patrimoine à des gens dont le projet est de saboter derrière pour plaider pour une indépendance dont personne ne veut sur lîle.
Depuis dix ans, lÉducation nationale est très engagée dans lenseignement du corse, 113 professeurs sont certifiés, 180 sont habilités. Je souhaite que nous allions plus loin : lenseignement du corse doit être consacré par la création dune agrégation. Ce ne sera pas budgétivore mais cest un symbole sur lîle, ça compte. Aujourdhui, 80% des élèves suivent un enseignement de corse à lécole primaire, plus dun tiers dans le secondaire. LÉtat soutient également lusage du corse dans certaines émissions. Je dis une chose, cest que pour moi, le corse doit être encouragé, proposé à chaque fois que possible non pas à la place du français mais à côté parce quici quand on remonte au village et que les grands-parents parlent aux petits-enfants, quand ils parlent en langue corse, ce nest pas une défiance vis-à-vis de la Corse, au contraire, cest un souci dun enracinement culturelle, dune fidélité à une histoire ; ça na rien à voir avec la politique ; ça a tout à voir avec la tradition !
La seule limite que je fixe en tant que garant de lunité de la République : cest que le corse ne pourra jamais remplacer le français dans les textes officiels et aux guichets du service public. Jamais. Est-ce que je suis clair là aussi ?! Je reconnais limportance de la langue corse, importance familiale et de tradition mais aux guichets de la République, aux guichets du service public, on parle le français parce que le français, cest la langue de la République.
Je dirais dailleurs que je ne verrais que des avantages à ce que les enfants corses reçoivent un enseignement en plus de lhistoire de France, de lhistoire de la Corse : pour savoir qui lon est, pour savoir où lon va, il faut connaître doù lon vient et il est normal que les élèves scolarisés en Corse apprennent, en plus de lhistoire de France, lhistoire de lîle jajoute que lhistoire de lîle, cest aussi lhistoire de France.
Regardons la réalité telle quelle est, sans avoir peur des mots : la Corse de 2012 a plus de pouvoirs propres quil y a dix ans, car nous avons tenu tous les engagements du statut de 2002. Aucun objectif nouveau ne peut être fixé pour elle sans elle, et cest très bien ainsi. Elle a adopté des plans sur les grands dossiers qui la concernent : énergie, éducation, langue, environnement, tourisme, agriculture. Elle possède des ports, des aéroports, des routes, des forêts. Le plan daménagement et de développement durable de Corse, le Padduc, est le meilleur exemple de cette singularité juridique assumée. Je métais engagé il y a deux ans à modifier la loi, pour rendre le Padduc plus facile à élaborer, pour actualiser son contenu en tenant compte des prescriptions du Grenelle de lenvironnement. Cest chose faite avec la loi du 5 décembre 2011. Cest maintenant à la collectivité territoriale de Corse de réaliser ce plan tant attendu. Non seulement cest elle qui fixera les axes du développement, la localisation des infrastructures, mais le Padduc adopté par elle simposera aux permis de construire, là où il ny a pas de documents locaux durbanisme. Cest un exemple unique dans notre droit.
De même, pour répondre au sujet très sérieux de laugmentation du prix du foncier, lÉtat a créé un établissement public foncier comme je my étais engagé il y a deux ans. Le décret sera publié la semaine prochaine. Cet établissement sera cofinancé par lÉtat à hauteur de 15 millions deuros ; il sera un outil au service des collectivités et son conseil dadministration sera composé en majorité délus. Voilà ce que je voulais vous dire sur le sujet du foncier mais puisque nous sommes sur les questions les plus sensibles, je veux dire un mot sur le statut.
Est-ce que lavenir de la Corse passe par une évolution constitutionnelle de son statut ? Sur cette question, comme sur les autres, je souhaite que nous soyons pragmatiques, et prendre les choses dans lordre. Je propose que lon examine dabord, ensemble, ce qui peut être entrepris dans le cadre constitutionnel actuel. Si les élus de Corse me démontraient que le développement de la Corse était entravé pour des raisons constitutionnelles, alors nous en discuterions. Je ne veux pas fermer la porte, je ne veux par louvrir non plus. Pourquoi je ne veux pas la fermer ? Parce que je vous connais trop : même ceux qui nont pas envie de lemprunter, si je la fermais, frapperaient à la porte. Donc je dis : cette question est ouverte. Je ne prendrai pas linitiative. En 2003, je vous ai proposé un référendum ; vous avez apporté une réponse ; je ne prendrai pas linitiative. Je ne suis pas venu dire ici que je ferme la porte définitivement. Cest à vous de prendre vos responsabilités et je vous fais confiance. Alors dans le cadre constitutionnel actuel, faut-il faire évoluer lorganisation institutionnelle de la Corse ? Moi jattends les propositions de vos élus car je ne compte pas venir proposer de nouvelles institutions à la Corse, imaginées à Paris pour faire le bonheur des Corses sans les consulter ! Je ne le ferai pas. La loi a institué pour lensemble de la République le conseiller territorial. Ce nest pas le cas dans la collectivité qui est la vôtre. Cest à vous de nous faire des propositions.
La troisième question est celle de ladaptation des règles applicables en Corse. Là aussi je pense quil faut être pragmatique et je serai attentif à ce que vous me direz.
Avec la question des droits de succession, il me semble que la préoccupation exprimée par lassemblée de Corse doit être prise en compte : la sortie du régime de « larrêté Miot » était calée par la loi du 22 janvier 2002, sur la période prévue de reconstitution des titres de propriété. Javais moi-même fait créer le groupement dintérêt public pour la reconstitution des titres de propriété en Corse, le Girtec, en mars 2007. Cette mission est techniquement très difficile, jestime que le groupement a besoin dune période complémentaire de cinq années. Je propose donc que la loi prolonge le régime dexonération provisoire jusquen 2017. Et je suis tout à fait prêt à men expliquer : pour sortir du régime dérogatoire, il faut des titres de propriété. Or cest extrêmement compliqué. Ces titres de propriété, nous ne les avons pas ; je ne toucherai pas au régime dérogatoire tant que les titres de propriété nauront pas été établis de façon formelle.
Mes chers amis, jai voulu venir en Corse pour parler aux Corses de lîle ; cest ma façon de vous respecter. Je ne peux pas concevoir quon vienne en Corse simplement faire un petit tour, dire « il y a 300.000 habitants » - il y a quelques voix à récupérer, donc on va leur faire bonjour, on va traverser la Méditerranée et puis on va partir tranquille ! Ce nest pas ma conception des choses. Je pense que quand on vient en Corse, on vient avec des idées pour la Corse ! On vient avec des propositions pour la Corse ! On vient avec des convictions pour la Corse, sinon ce nest pas la peine de venir ! Sinon on vient pour exploiter la Corse, pour utiliser la Corse ! Pas pour parler à la Corse et aux Corses ! Et cest ça le lien que nous avons créé ça ne veut pas dire que nous avons toujours été daccord, jai eu bien des débats y compris avec mes propres amis mais jamais personne na mis en cause mon attachement pour lîle et pour les Corses ; jamais personne na mis en cause ma franchise dans la compréhension des problèmes et jamais personne ne ma pris en flagrant délit de mensonge sagissant de la Corse et des questions si difficiles que la Corse posait. Dailleurs vous mavez fait évoluer sur un certain nombre de sujets je pense notamment au rapprochement des détenus et je pense notamment à ma compréhension des langues régionales, je savais des choses par ce que javais vu et javais écouté. Je veux vous dire la même chose sur lavenir de notre pays : le choix que vous aurez à faire dans moins de dix jours au premier tour
(Acclamations du public)
Je veux quand même vous dire quelque chose : je voudrais tellement que vous le fassiez en considérant quil y a une seule chose qui compte, cest lavenir de notre pays et lidée que vous vous en faites. Je vous demande de faire abstraction de tous les votes choisir tout au long de vos vies. Vous devez voter et choisir pas en fonction du passé mais en fonction de lavenir, cest la seule chose qui doit compter. Je ne suis pas venu parler à la droite en Corse, au centre en Corse, je suis venu parler au peuple de France, sans aucune distinction. A ceux qui mont toujours accompagné comme à ceux qui mont toujours combattu, parce quun Président de la République, il est président de ceux qui ont voté pour lui et il est président aussi de ceux qui nont pas voté pour lui !
Cest notre différence. Cest la différence avec monsieur HOLLANDE ! Moi je ne parle pas à la droite ! Je suis désolé, la présidence de la République, ce nest pas parler au peuple de gauche, ce nest pas considérer quil est normal quon soit lotage de madame JOLY et de monsieur MELENCHON ! Le Président de la République, il doit être libre pour ne penser quà une seule chose : lintérêt de la nation. Nous avons connu des crises dune violence inouïe ; nous sommes dans un nouveau monde. Cest sans doute la première élection du 21e siècle. La France est à un tournant, lEurope est convalescente, la France est passée tout proche du gouffre. Pendant quatre ans, jai tout fait pour vous protéger, pour que nous résistions, pour que nous nous en sortions, pour que vos retraites soient garanties, pour que votre épargne soit protégée, pour que vos enfants ne soient pas au chômage ! La question qui se trouve posée aujourdhui : est-ce que nous tirons les leçons de la crise ou est-ce que nous nous laissons aller ?
Juste une chose pour que chacun comprenne bien les enjeux : il y a un pays considérable, fort, puissant, dirigé par un homme remarquable - Mariano JAROY - qui est lEspagne. LEspagne avait promis dêtre à 6% de ses déficits en 2011, lEspagne sest retrouvée à 8%. La France avait promis de se retrouver à 5,7% de déficit, la France était à 5,2. Eh bien la sanction est tombée tout de suite : la France emprunte pour financer sa dette à un taux deux fois moins cher que le taux qui est réservé aujourdhui à lEspagne. Ce nest pas une menace, ce nest pas une prédiction, cest une réalité. Cest une réalité. La réalité de ce monde. Bien sûr que nous devons pas être soumis aux marchés, bien sûr que nous ne devons pas être soumis aux agences de notation mais si on veut être libre de son destin, on rembourse ses dettes et on réduit ses déficits en diminuant ses dépenses. Si on ne le fait pas, on nest pas maître de son destin.
Mes chers amis, aujourdhui jai besoin de vous, jai besoin de votre soutien ; jai besoin de votre engagement, jai besoin de votre mobilisation, jai besoin de votre enthousiasme, jai besoin quau-delà de cette salle, partout, vous alliez convaincre pour dire : la majorité silencieuse ne veut pas quon lui vole cette élection, ne veut pas quon lui dicte ses choix.
Cest vous, cest nous qui ferons que le 6 mai, la France fera le choix de lavenir et refusera le choix du passé !
Vive la République !
Vive la France !
Et vive la Corse dans la République française !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 16 avril 2012