Texte intégral
Bonjour, merci de venir dialoguer avec moi dans cette période particulièrement dense en événements de toutes sortes, domestiques et internationaux.
Je ne vais pas vous faire une déclaration préalable, je répondrai simplement à vos questions.
Monsieur le Président, merci beaucoup pour cette introduction. ( ) Je pense que la politique étrangère doit être un des éléments importants du choix que les peuples font lorsquils choisissent leurs dirigeants.
Vous avez rappelé mon attachement au combat pour un nouveau modèle de développement - appelons-le durable - et pour la cause écologique. ( ) Vous savez quil y a des rendez-vous importants, il y en a eu, il y en aura, notamment la Conférence de Rio+20.
Je ne reprendrai peut-être pas les thèmes que vous avez évoqués car ce serait un exposé introductif trop long, le Printemps arabe, lEurope, les relations avec les États-Unis, la Grande-Bretagne. Je dirai juste peut-être un mot sur ces deux derniers points pour aller vite.
Avec la Grande-Bretagne, nos relations sont très bonnes, les relations entre le président Sarkozy et le Premier ministre Cameron sont excellentes sur le plan personnel. Comme toujours, nous avons des points daccord et nous avons des divergences. Si nous étions daccord sur tout, nous vivrions dans un monde idéal et ce nest pas parce que nous avons des divergences que nos relations ne sont pas bonnes. Elles sont bonnes et assises sur un socle solide.
Nous avons fait ensemble lopération de Libye, cela a créé entre nous un lien très fort bien sûr. Nous avons signé - cétait avant que je narrive ici - le Traité de Lancaster House qui est vraiment le socle dune coopération en matière de défense extrêmement fructueuse. Et le dernier sommet franco-britannique qui sest tenu à Paris a montré que lon progressait dans la mise en uvre de ce traité. Nous avons une même approche sur bien des sujets, sur lattitude à avoir vis-à-vis de lIran, sur la crise en Syrie, sur le Proche-Orient, bref, il y a une grande convergence de vues.
Et puis, il y a des divergences, sur lEurope en particulier. Ce nest pas nouveau, cela existe depuis que le projet européen a été lancé. La Grande-Bretagne ne sest pas associée au Traité à Vingt-Cinq, nous respectons bien sûr ces choix et nous parlons très librement de toutes ces questions.
Enfin, le dialogue entre nous est tout à fait constructif et positif.
Même chose avec les États-Unis, lentente entre le président Obama et le président Sarkozy est bonne, javais pu en juger pendant toutes les réunions de lannée dernier, au G8 et au G20, y compris à Cannes le mois dernier. Les contacts sont extrêmement fréquents et, là encore, comme toujours, nous avons des points daccord et nous avons des points de divergences qui peuvent exister. Je ne mattarderai pas trop longtemps sur les convergences, on les voit bien : la crise iranienne, la crise syrienne, et sur un certain nombre de sujets de ce type.
En revanche, nous pouvons avoir des divergences dapproche, je pense en particulier à la façon de relancer les négociations entre Palestiniens et Israéliens pour sortir de limpasse actuelle du processus de paix au Proche-Orient. Nous ne sommes pas exactement sur la même ligne. Là encore, cest une situation qui nest pas nouvelle et une situation qui est tout à fait normale. Je pourrai répondre à des questions plus précises sur tel ou tel aspect de ces relations bilatérales.
Je vous laisse maintenant le soin daborder les sujets qui vous paraissent prioritaires.
Q - Où en est-on à présent dans le dialogue avec lIran ? Dialogue-t-on entre les six pays car il y a beaucoup de spéculations ? Y aura-t-il une réunion le 14 avril et où ?
R - Vous savez, concernant lactualité immédiate, quel jour, quel endroit, nous verrons. Ce nest pas lessentiel. Il y a des discussions qui sont en cours, la date des 13-14 avril est fixée. En revanche, sur le lieu, il y a encore des discussions. Je comprends que cela vous intéresse, cest votre métier dêtre dans lactualité immédiate, mais nous trouverons bien un point de chute.
Pour en revenir aux fondamentaux, de quoi sagit-il ? Cest que lacquisition par lIran de larme atomique serait une catastrophe qui mettrait en cause non seulement la stabilité de la région mais la paix du monde. Il faut dabord être daccord sur ce principe. LIran en faisant cela violerait ses engagements internationaux puisquil est signataire du Traité de non-prolifération, il violerait toute une série de résolutions du Conseil de sécurité ou de lAIEA. Nous faisons donc tout pour convaincre lIran de renoncer à ce programme nucléaire militaire qui entraînerait bien sûr des ripostes ailleurs et dautres pays ne manqueraient pas de se lancer dans la même aventure.
On nous dit souvent que nous avons une politique de deux poids - deux mesures, quIsraël a apparemment larme atomique et que nous navons pas réagi négativement. Je voudrais dire que lon ne peut pas tout comparer, je nai pas observé quIsraël se proposait déradiquer de la carte du monde lIran. Quand on entend M. Ahmadinejad, qui pourtant navait pas tout à fait conscience de cela, qui est considéré maintenant comme un leader modéré en Iran et qui se propose de rayer Israël de la carte, on ne peut donc pas mettre exactement les deux situations sur le même plan. Donc, pas darme atomique pour lIran.
Le deuxième élément est que nous avons la conviction que lIran est en train de se doter de larme atomique et la façon dont le régime se contorsionne pour refuser un véritable dialogue en transparence, la façon dont les derniers inspecteurs de lAIEA se sont vus interdire certains sites montre que lIran ne coopère pas et a donc quelque chose à cacher. On nenrichit pas de luranium à 20 % pour faire de la recherche médicale. Il y a quelque chose qui pose problème, nous avons la conviction que ce programme avance.
Comment le stopper ? Nous avons mis en uvre, avec nos partenaires du 3+3, une stratégie de double voie en disant à lIran que nous sommes prêts à tout moment à engager le dialogue sans précondition. Il nest pas question dexiger au préalable la suspension des sanctions ou je ne sais quoi dautre. On se met autour de la table et on discute du programme nucléaire. Il y a eu une petite avancée de la part de lIran dans la dernière lettre qui a été envoyée à Mme Ashton puisque lon y dit très clairement que lIran est prêt à parler du nucléaire
On va se mettre autour de la table et cest ce que nous sommes en train de préparer pour le 13 et le 14 avril dans un lieu à déterminer. La France est davis, et tiendra fermement cette position, que cette discussion ne doit pas commencer par un geste douverture unilatéral des Six, ce nest pas en position de faiblesse quon entame une négociation, cest à lIran de faire des gestes. Puis, après, on verra, en fonction de sa bonne volonté et de sa réelle coopération.
Pour arriver à ce résultat - et cest le deuxième aspect -, nous pensons quil faut des sanctions fortes de façon à faire céder le régime iranien. La France a été, de ce point de vue, parmi les Vingt-Sept et ainsi que dans ses relations avec les États-Unis et dautres pays, tout à fait en pointe pour adopter des sanctions extrêmement fortes, sans précédent comme lavait dit le président de la République. Nous avons obtenu gain de cause au sein de lUnion européenne puisque lembargo sur le pétrole et sur les transactions de la Banque centrale iranienne a été décidé et est en train de se mettre en place.
Et peut-être peut-on voir entre le durcissement des sanctions et le début douverture de lIran à la négociation - la dernière lettre qui a été adressée à Mme Ashton - un lien de cause à effet.
Nous allons donc continuer sur cette ligne, avec beaucoup de détermination. Je crois pouvoir dire que, parmi les Six, nous sommes daccord, avec - je parle très librement - un degré de détermination plus ou moins fort ; la France a un degré fort, dautres un peu moins fort.
Q - Auriez-vous la gentillesse de faire une sorte de contraste entre la position française et la position américaine ? Comme je les entends actuellement, la France est très claire, pour une application totale du Traité de non-prolifération et une suite à la lettre des recommandations du Conseil de sécurité, cest-à-dire zéro enrichissement.
En revanche, la semaine dernière, un personnage à Washington - un grand officier qui noccupe pas de poste dans lAdministration, mais il parle pour elle - disait, ce que nous savons tous ici un peu, que la position des États-Unis est de restreindre lenrichissement au-delà de 20 % mais en même temps, offrant à lIran la possibilité denrichir à 3,5 %. En même temps ce personnage disait que sur la durée des négociations, cela nallait pas durer le temps dune nuit. En disant cela, il confirmait lidée que M. Obama veut continuer dans ces négociations jusquau jour des élections aux États-Unis. Je nai pas entendu, dans les voyages récents aux États-Unis, une seule voix qui contredisait cette idée.
R - La position de la France, Cher Monsieur, je vous lai indiqué. Notre objectif est que lIran ne se dote pas de larme nucléaire. Je nentrerai pas dans la question de savoir si cest 20 %, 3,5 %. Si un certain degré denrichissement permet davoir des implications civiles, rien ne soppose à ce que lIran se dote effectivement dune énergie nucléaire à vocation civile. Après, il appartiendra aux négociateurs dentrer dans le détail des choses. Mais, pour moi, lobjectif est tout à fait clair.
Quelle est la stratégie américaine ? Cest aux Américains quil faut le demander. Jai bien conscience que tout ne va pas se régler les 13 et le 14 avril. La France ne demande pas une réunion, il y en aura dautres, il y aura un processus qui va sengager. Je ne suis pas obligé de me caler exactement sur le calendrier électoral américain dans ce processus. Cest la volonté américaine, nous verrons bien comment la négociation senclenche.
Il y a un élément dont on na absolument pas parlé, je nen ai pas parlé moi-même, cest quil y a une autre option bien sûr, cest loption militaire dIsraël. Vous allez me demander si jy crois ou si je ny crois pas, je nai pas délément pour répondre à cette question. Je sais que la question est examinée par le gouvernement israélien qui a encore des divergences dappréciations entre les différents responsables israéliens sur ce problème. Mais cette option existe et je pense quil faut tout faire pour léviter parce que si elle se déclenchait, je ne sais pas bien quelle pourrait être ensuite la riposte iranienne et la spirale qui pourrait nous conduire vers une situation tout à fait catastrophique.
Pour éviter cela, jen reviens à ce que jai dit : des sanctions fortes et une négociation forte avec lIran. Après, je ne vais pas vous faire ici le déroulement de la négociation avant quelle ne soit engagée. Nous verrons.
Q - Quelle est la différence entre la Syrie et la Libye dans les options de la mise en place de la politique française ? Où en est-on dans les négociations avec les Émirats pour le Rafale ?
R - Sur ce dernier point, la négociation continue.
Libye-Syrie, il y a un point commun dans lattitude de la France sur ces deux dossiers. Notre préoccupation est de permettre aux peuples de cette région et donc au peuple libyen et au peuple syrien de sexprimer librement, daccéder à la démocratie, de choisir eux-mêmes leurs dirigeants dans des élections libres et de bénéficier dun État de droit reconnaissant les droits de la personne humaine, les droits de lHomme ; les droits de la Femme, les droits des minorités, des minorités chrétiennes. Voilà lobjectif qui est le même en Libye et en Syrie.
Cela dit, les situations, elles, sont extrêmement différentes. Dabord, le contexte géopolitique. En Libye, nous avons obtenu un feu vert du Conseil de sécurité et donc nous sommes intervenus sous mandat international avec la résolution 1973 que vous connaissez bien, ce qui nest pas le cas en Syrie où les Russes et les Chinois se sont opposés à toute résolution de ce type permettant une intervention militaire.
Jajouterai une deuxième différence qui est que même si les conditions avaient été réunies pour avoir une résolution au Conseil de sécurité, je ne suis pas sûr quune intervention militaire du type de celle que nous avons menée en Libye aurait été possible parce que le peuple syrien nest pas le peuple libyen. Le peuple libyen nest pas marqué par ces différences de communautés que lon trouve en Syrie. 95 % des Libyens sont des sunnites malikites. Il y a, certes, des tendances séparatistes entre lest et louest, cest bien sûr compliqué mais cela na rien à voir avec la situation en Syrie où lon a des communautés qui sont prêtes à en découdre. Il y a les alaouites au pouvoir, des sunnites, des chiites, des chrétiens qui représentent plus de 10 % de la population, des kurdes et les risques de guerre civile, si nous entrons dans un processus militaire, sont est extrêmement élevé.
Voilà pourquoi il ny a pas eu en Syrie, une intervention du même type quen Libye, à linitiative de lOTAN.
Jajoute une dernière chose, cest quen Libye, à lorigine de lopération, les pays arabes soutenaient lintervention et cest même une résolution présentée par le Liban, la résolution 1973, qui a été présentée par le Conseil de sécurité.
Aujourdhui où en est-on ? Jai la conviction, je le disais tout à lheure, que le régime ne pourra pas se maintenir indéfiniment au pouvoir. Quand on a massacré 10.000 de ses citoyens, des centaines denfants, torturé des hommes et des femmes de tous âges, poursuivi jusque dans les hôpitaux des opposants ou des supposés tels pour les achever, cela se paie un jour ou lautre. On est dans un monde où cela ne peut pas indéfiniment continuer. Le problème est le délai et cest à cela que nous sommes aujourdhui confrontés. Nous avons soutenu le plan de la Ligue arabe, nous avons obtenu une résolution à lAssemblée générale votée par 137 États je crois, nous avons constitué le Groupe des amis de la Syrie qui, à Istanbul, a regroupé plus de 80 délégations et qui a exercé une pression très forte sur le régime. Nous soutenons la mission de Kofi Annan. Il y a donc tout un processus en cours de déroulement aujourdhui.
Peut-on être optimiste ? Je ne le suis pas parce que je pense que Bachar Al-Assad nous trompe. Il feint daccepter les demandes de Kofi Annan et notamment le plan en six points et dans le même temps, il continue dutiliser la force avec une bienveillante indifférence des pays qui le soutiennent. On peut sen sortir en fixant dabord une limite de temps à la mission de Kofi Annan.
Nous avons tous dit quen Syrie, il nétait pas question de laisser traîner des semaines et des semaines. La date butoir qui est, je crois, le 10 avril pour le régime syrien et dans les 48 heures, la cessation des hostilités pour tous ceux qui se défendent, plus laide humanitaire et un processus politique, car pour nous, cest absolument indissociable.
Si ce calendrier est respecté, il faudra déployer très vite une mission dobservateurs des Nations unies, le Secrétaire général travaille en ce moment pour sassurer, là aussi, que lon ne nous trompe pas. Je pense que si nous parvenons à avoir 250 observateurs des Nations Unies sur le terrain, le libre accès des médias internationaux, laccès de laide humanitaire, les choses vont changer profondément.
Cest la raison pour laquelle Bachar freine des quatre fers car il se rend bien compte que cela va changer complètement léquilibre des forces. Si nous narrivons pas à cela dici le 10 avril, jai indiqué quil faudrait revenir au Conseil de sécurité et étudier toutes les options. Nous ne pourrons pas indéfiniment laisser ceux qui se battent pour la liberté se faire massacrer par le régime syrien.
La thèse selon laquelle ce régime est victime dattaques terroristes qui le déstabilisent ne tient pas la route cinq minutes. Linitiative de la répression, cest le régime qui en porte la responsabilité. Ensuite, face à cela, il y a des gens qui essaient de se défendre, on ne peut pas du tout les mettre sur le même plan.
Q - La France est-elle prête à fournir des armes à larmée libre syrienne ?
R - En létat, non, je vous lai dit. Il y a un embargo international sur les armes et la France respecte les embargos internationaux.
Q - Vous étiez à Istanbul le week-end dernier pour le dossier syrien et, au passage, vous êtes parti au Sénégal à Dakar pour discuter du problème du Mali entre autres. Jusquoù la France est-elle prête à aller au Mali ? Car la situation se dégrade sérieusement avec des violences, des viols, des villages des meurtres maintenant par les Touareg. Ceux-ci seraient infiltrés sérieusement par des extrémistes islamistes, lAQMI qui ont menacé plusieurs fois la France et qui ont mis certaines menaces à exécution. Jusquoù pouvez-vous aller quand tout le pays risque de basculer et aussi pour prévenir un effet domine dans la région ?
R - Vous disiez que jétais allé dIstanbul, à Dakar. Ma venue à Dakar avait un objectif à lorigine, cétait de participer à linvestiture du nouveau président du Sénégal, Macky Sall. Je voudrais en dire un mot car, quand on regarde la scène internationale, on se dit que partout il y a des cieux extrêmement encombrés par des de nuages lourds, mais il y a de temps en temps des petits morceaux de ciel bleu. Et ce qui sest passé au Sénégal est un morceau de ciel bleu. Voilà un pays qui a donné un magnifique exemple de maturité démocratique. Ce nest pas la première fois. Déjà quand M. Wade est arrivé au pouvoir, cétait dans le cadre délections démocratiques, là il y a eu des élections transparentes. Il y a eu quelques violences au départ mais les appels au calme ont été entendus. Il y a eu une forte participation, le résultat était absolument clair et le président Wade a immédiatement tirer la leçon de ces résultats en saluant la victoire de son concurrent et en se retirant du pouvoir.
Voilà un bel exemple qui montre que lAfrique aussi peut accueillir des régimes démocratiques. Nous allons maintenant aider le Sénégal qui doit relever bien des défis économiques et sociaux en particulier.
Un autre petit coin de ciel bleu, je le signale au passage, cest la victoire écrasante de la LND en Birmanie. Là aussi, il semble que lon progresse sur la voie de la démocratie et de la liberté.
Pour en revenir au Mali, la situation est extrêmement grave et elle est un risque de contagion sur les pays voisins. Je lai mesuré au cours de cette réunion de la CEDEAO présidée par le président Ouattara où plusieurs chefs dÉtat ont fait part de leur très grande inquiétude au Niger, en Mauritanie et cela va au-delà, jusquau Nigeria bien entendu.
Que sest-il passé au Mali ? Il y a des décennies que se pose dans la région sahélienne et en particulier au nord du Mali la question touareg. Voilà des populations dont le niveau de développement est très faible qui se sont rebellées à plusieurs reprises contre les pouvoirs des États dans lesquels ils se déplacent. Ceci a dailleurs donné lieu à des accords signés à Alger en 2006 qui prévoyaient le développement du nord Mali précisément pour essayer de réduire les occasions de conflits entre les Touaregs et Bamako. Malheureusement, ces accords nont pas été appliqués, nous avons mis en garde à de très nombreuses reprises les autorités de Bamako et le président Amadou Toumani Touré contre la dégradation de la situation. M. de Raincourt y est allé plusieurs fois. Jy suis moi-même allé plusieurs fois, jétais il y a un mois à Bamako où jai rencontré le président qui ma tenu un discours totalement lénifiant : «Tout va bien, la situation est sous contrôle, jai fait pour le nord des efforts considérables» et on a vu le résultat.
Il faut bien situer les responsabilités. À cette histoire ancienne sest ajoutée une histoire plus récente qui est le renforcement dAQMI du fait de ce qui sest passé en Libye et qui est incontestable. Il y a des gens qui sont arrivés de Libye au Sahel, il y a des armes surtout qui sont arrivées et ceci a renforcé lAQMI.
On assiste aujourdhui à une compétition au nord Mali entre un mouvement touareg qui na pas dautre objectif que lindépendance ou lautonomie du nord Mali, ce que lon appelle lAzawad cest le MNLA, le Mouvement de Libération de lAzawad qui vient de dire dailleurs quils arrêtaient leur offensive militaire, quils respectaient un cessez-le-feu parce quils avaient atteints leurs objectifs à savoir, contrôler le nord du Mali.
Il y a une deuxième tendance qui, elle, est infiltrée par AQMI, qui est une expression dAQMI, qui a un autre objectif qui est dinstaurer un régime islamiste sur lensemble du Mali et, au-delà, sur lensemble du Sahel.
Face à cette situation, que faut-il faire ?
Dabord, et là je dois dire que la réaction de lUnion africaine et de la CEDEAO a été immédiate et très claire, refuser daccepter le coup dÉtat et exiger le rétablissement de lordre constitutionnel au Mali. Cela pour les Africains, cest très important. Jai entendu les chefs dÉtat de la CEDEAO le dire : «Nous ne pouvons plus donner le spectacle à lAfrique de coups dÉtat qui renversent des régimes constitutionnels, il faut revenir à lordre constitutionnel car cest un symbole très fort.» Pour arriver à cela, il y a actuellement une mission de médiation qui est menée par le président du Burkina Faso M. Blaise Compaoré qui essaie de convaincre les mutins, la junte de quitter le pouvoir, de rétablir la Constitution, ce quils ont dailleurs accepté il y a quelques jours sans en tirer vraiment les conclusions et puis de désigner une personnalité. Si M. Amadou Toumani Touré se retire, ce peut être le président de lAssemblée nationale ou quelquun dautre qui, ensuite, enclenche le processus électoral et permet de désigner, dans des élections transparentes, un responsable légitime. Cest en cours et, sans être trop optimiste, je pense que M. Compaoré est en mesure dobtenir un résultat.
Deuxièmement, il y a laspect militaire. La CEDEAO a pris une position extrêmement forte et ferme en manifestant son intention de déployer sa force en attente. Ils ont deux bataillons qui représentent à peu près 3.000 hommes et leur idée serait de les déployer sur le terrain pour stopper lavance dAQMI et rétablir lordre constitutionnel.
Tout le monde a soutenu linitiative de la CEDEAO. Je lai dit, les Américains étaient aussi représentés au cours de ce Sommet à Dakar cest la raison pour laquelle nous avons fait voter au Conseil de sécurité une déclaration présidentielle pour soutenir lUnion africaine et la CEDEAO.
Maintenant, la CEDEAO est-elle en mesure de passer à lacte ? Cest compliqué parce que le délai de déploiement de leurs forces en attente est long.
Nous avons donc dit que la France, ainsi que les États-Unis je pense, était prête à aider à ce déploiement. Non pas en envoyant un corps expéditionnaire au Sahel - il y a parfois des questions qui nous sont posées tout à fait surréalistes, la France ne va pas envoyer des troupes, je pense quon ne serait pas accueilli à bras ouverts, ni par lAlgérie ni par qui que ce soit -, en revanche, on est prêts, en termes de logistique, à aider. Nous le faisons depuis très longtemps.
Il faut bien voir aussi - et ce sera mon dernier point - que la réponse est dabord la réponse des États de la région. Cest bien gentil de se tourner toujours vers la France ou vers lOccident, cest aux États de la région de combattre AQMI. Il y en a qui le font. La Mauritanie le fait et elle a marqué des points. Nous ly aidons depuis très longtemps. Nous formons des forces de sécurité mauritaniennes pour quelles se battent. Le Niger, sous limpulsion du président Issoufou, le fait. Le Mali ne la pas fait et on a vu le résultat.
Nous souhaitons vraiment quil y ait une coopération régionale entre lAlgérie, les pays de la CEDEAO jusquau Nigeria, la Mauritanie, pour mettre au point une stratégie de lutte contre le péril terroriste dans cette région du Sahel.
Désolé, jai été un peu long mais je voulais remettre en perspective cette question du Mali qui est extrêmement préoccupante.
Q - Vous dites quil ny aura pas dintervention par la force mais si cette idée de coopération régionale ne fonctionne pas, cest une question sécuritaire qui préoccupe tout le monde ?
R - Toujours dans cette position que je comprends bien. Si ce que vous faites ne marche pas, que ferez-vous ? Je suis dans une disposition desprit différente, je pense que ce que nous sommes en train de faire va fonctionner.
( )
Q - Monsieur le Ministre, sur la question de lEurope et de la zone euro, pensez-vous que la crise est vraiment finie ou est-il possible que le (inaudible) est une sorte de narcotique pour le patient qui reste malade ? Quen pensez-vous ?
R - La crise nest pas finie, mais lEurope nest pas aussi malade quon veut bien le dire et dautres feraient bien de se soigner aussi, parce que lEurope nest pas le seul endroit où il y a des déficits.
La crise nest pas finie, bien évidemment, parce que certains pays sont encore dans des situations extrêmement fragiles : tout le monde a la Grèce en tête, lEspagne qui a beaucoup de mal, lItalie qui fait des réformes courageuses. La France nest pas dans la même situation mais, globalement, les choses progressent dans la bonne direction. Voilà, ce nest pas intégralement réglé et si on fait des bêtises, tout cela peut à nouveau se dégrader très vite.
Dans le blog dont je vous parlais, je parlais de «chemin de crête», nous sommes sur le chemin de crête et, sur le chemin de crête, il ne faut faire ni un pas à gauche, ni un pas à droite car on risque de chuter.
Mais je pense que les perspectives sont bonnes, je pense que maintenant le «pare-feu» du mécanisme européen de stabilité est à un bon niveau, avec 800 milliards deuros. Je pense que toutes les procédures qui se mettent en place, le «six pack», le semestre européen, le nouveau traité, tout cela va nous permettre de bien maîtriser la cohérence des politiques budgétaires entre les Vingt-Cinq. Il ny avait pas de gouvernement économique dans le Traité de Maastricht et cétait une faute tout à fait évidente. La Banque centrale joue son rôle sans quon lui donne dinjonctions, elle fait ce quelle a à faire et cest très bien comme ça. Il y a donc toute une série déléments qui me permettent de dire quon va dans la bonne direction.
Par ailleurs, notre environnement international nest pas mauvais. La création demplois aux États-Unis redémarre, les perspectives de croissance sont plutôt positives, les pays émergents vont continuer à croître. Et je ne serais pas surpris quau second semestre de cette année, la croissance en Europe redémarre un peu.
On nest pas sortis de la crise, mais cela va dans la bonne direction et il faut donc conforter ce que lon a fait. Et je ne pense pas que ce que lon est en train de faire soit un simple narcotique pour le malade. Je ne pense pas que les Grecs ressentent cela comme un narcotique, cest plutôt comme une potion extrêmement amère. Ils ont fait des bêtises, cest clair, il faut les rectifier, on les aide massivement mais il faut quils tiennent bon. Et de même pour les Espagnols. On va continuer sur cette ligne-là pour essayer de sen sortir.
Nous sommes, tous ensemble, la première puissance économique du monde. Nous sommes la deuxième ou troisième puissance commerciale. LEurope a une capacité de recherche et dinnovation tout à fait considérable. Elle a des ressources humaines de qualité, même si dans certains pays la démographie baisse - ce nest pas le cas en France, nous avons cet atout dune démographie positive -, nous avons des universités excellentes, nous avons des centres de recherche excellents, nous avons une capacité dinnovation excellente, lEurope a des atouts formidables.
Simplement, elle est confrontée à un déclin relatif. Ce qui se passe, cest que lEurope a été le centre du monde pendant deux siècles, on sétait habitué à cela, cétait très confortable. Nous ne sommes plus le centre du monde, cest cela qui est nouveau. Parce quil y a dautres pôles de puissances dans le monde. Il faut donc que nous nous adaptions à cette nouvelle configuration de la planète. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes condamnés à un déclin absolu. Il y a un réajustement et le réajustement se fera : je vous parlais de mon contact avec des industriels dans cette région de Savoie, il y en avait un qui avait une usine en Chine, il ma dit : «je suis en Chine depuis trois ou quatre ans, les salaires en Chine ont augmenté de 30 % en deux ou trois ans, au rythme de 15 % par an, et les charges sociales en Chine sont en train dexploser parce que les Chinois ont envie de retraites et de protection sociale».
Donc, le monde va se rééquilibrer petit à petit. Les pays émergents vont aussi avoir des conditions de production nouvelles. Vous allez me dire quil y en a dautres qui vont émerger à leur tour. Nous sommes dans un processus de transition qui fait que le monde change et que lEurope a toutes ses chances à lavenir.
Q - Sur la Birmanie. Pensez-vous que le temps est venu de lever les sanctions et que cest peut-être un petit peu tôt encore parce que le processus démocratique vient juste de commencer ?
R - Je pense bien évidemment quil faut faire un geste. Quand javais Aung San Suu Kyi il y a deux mois, avant les élections, on nous avait dit : attendons de voir si les élections se passent bien et après il faudra envoyer un signal.
Je crois quon peut dire que les élections se sont bien passées et je compte proposer à Bruxelles, à nos partenaires, de faire un geste pour un premier allègement des sanctions.
Parce que lon dit toujours que les sanctions ne servent à rien. Dans le cas de la Birmanie, la Birmanie sest rendue compte quà force dêtre isolée du monde extérieur, elle était dans les mains de la Chine et elle a cherché dautres partenaires. Et cest cela qui explique en grande partie lévolution du régime.
Q - Sur lIrlande. Comment devrait réagir lUnion européenne si les Irlandais disent «non» le 31 mai dans leur référendum sur le pacte fiscal ?
R - On verra.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 avril 2012
Je ne vais pas vous faire une déclaration préalable, je répondrai simplement à vos questions.
Monsieur le Président, merci beaucoup pour cette introduction. ( ) Je pense que la politique étrangère doit être un des éléments importants du choix que les peuples font lorsquils choisissent leurs dirigeants.
Vous avez rappelé mon attachement au combat pour un nouveau modèle de développement - appelons-le durable - et pour la cause écologique. ( ) Vous savez quil y a des rendez-vous importants, il y en a eu, il y en aura, notamment la Conférence de Rio+20.
Je ne reprendrai peut-être pas les thèmes que vous avez évoqués car ce serait un exposé introductif trop long, le Printemps arabe, lEurope, les relations avec les États-Unis, la Grande-Bretagne. Je dirai juste peut-être un mot sur ces deux derniers points pour aller vite.
Avec la Grande-Bretagne, nos relations sont très bonnes, les relations entre le président Sarkozy et le Premier ministre Cameron sont excellentes sur le plan personnel. Comme toujours, nous avons des points daccord et nous avons des divergences. Si nous étions daccord sur tout, nous vivrions dans un monde idéal et ce nest pas parce que nous avons des divergences que nos relations ne sont pas bonnes. Elles sont bonnes et assises sur un socle solide.
Nous avons fait ensemble lopération de Libye, cela a créé entre nous un lien très fort bien sûr. Nous avons signé - cétait avant que je narrive ici - le Traité de Lancaster House qui est vraiment le socle dune coopération en matière de défense extrêmement fructueuse. Et le dernier sommet franco-britannique qui sest tenu à Paris a montré que lon progressait dans la mise en uvre de ce traité. Nous avons une même approche sur bien des sujets, sur lattitude à avoir vis-à-vis de lIran, sur la crise en Syrie, sur le Proche-Orient, bref, il y a une grande convergence de vues.
Et puis, il y a des divergences, sur lEurope en particulier. Ce nest pas nouveau, cela existe depuis que le projet européen a été lancé. La Grande-Bretagne ne sest pas associée au Traité à Vingt-Cinq, nous respectons bien sûr ces choix et nous parlons très librement de toutes ces questions.
Enfin, le dialogue entre nous est tout à fait constructif et positif.
Même chose avec les États-Unis, lentente entre le président Obama et le président Sarkozy est bonne, javais pu en juger pendant toutes les réunions de lannée dernier, au G8 et au G20, y compris à Cannes le mois dernier. Les contacts sont extrêmement fréquents et, là encore, comme toujours, nous avons des points daccord et nous avons des points de divergences qui peuvent exister. Je ne mattarderai pas trop longtemps sur les convergences, on les voit bien : la crise iranienne, la crise syrienne, et sur un certain nombre de sujets de ce type.
En revanche, nous pouvons avoir des divergences dapproche, je pense en particulier à la façon de relancer les négociations entre Palestiniens et Israéliens pour sortir de limpasse actuelle du processus de paix au Proche-Orient. Nous ne sommes pas exactement sur la même ligne. Là encore, cest une situation qui nest pas nouvelle et une situation qui est tout à fait normale. Je pourrai répondre à des questions plus précises sur tel ou tel aspect de ces relations bilatérales.
Je vous laisse maintenant le soin daborder les sujets qui vous paraissent prioritaires.
Q - Où en est-on à présent dans le dialogue avec lIran ? Dialogue-t-on entre les six pays car il y a beaucoup de spéculations ? Y aura-t-il une réunion le 14 avril et où ?
R - Vous savez, concernant lactualité immédiate, quel jour, quel endroit, nous verrons. Ce nest pas lessentiel. Il y a des discussions qui sont en cours, la date des 13-14 avril est fixée. En revanche, sur le lieu, il y a encore des discussions. Je comprends que cela vous intéresse, cest votre métier dêtre dans lactualité immédiate, mais nous trouverons bien un point de chute.
Pour en revenir aux fondamentaux, de quoi sagit-il ? Cest que lacquisition par lIran de larme atomique serait une catastrophe qui mettrait en cause non seulement la stabilité de la région mais la paix du monde. Il faut dabord être daccord sur ce principe. LIran en faisant cela violerait ses engagements internationaux puisquil est signataire du Traité de non-prolifération, il violerait toute une série de résolutions du Conseil de sécurité ou de lAIEA. Nous faisons donc tout pour convaincre lIran de renoncer à ce programme nucléaire militaire qui entraînerait bien sûr des ripostes ailleurs et dautres pays ne manqueraient pas de se lancer dans la même aventure.
On nous dit souvent que nous avons une politique de deux poids - deux mesures, quIsraël a apparemment larme atomique et que nous navons pas réagi négativement. Je voudrais dire que lon ne peut pas tout comparer, je nai pas observé quIsraël se proposait déradiquer de la carte du monde lIran. Quand on entend M. Ahmadinejad, qui pourtant navait pas tout à fait conscience de cela, qui est considéré maintenant comme un leader modéré en Iran et qui se propose de rayer Israël de la carte, on ne peut donc pas mettre exactement les deux situations sur le même plan. Donc, pas darme atomique pour lIran.
Le deuxième élément est que nous avons la conviction que lIran est en train de se doter de larme atomique et la façon dont le régime se contorsionne pour refuser un véritable dialogue en transparence, la façon dont les derniers inspecteurs de lAIEA se sont vus interdire certains sites montre que lIran ne coopère pas et a donc quelque chose à cacher. On nenrichit pas de luranium à 20 % pour faire de la recherche médicale. Il y a quelque chose qui pose problème, nous avons la conviction que ce programme avance.
Comment le stopper ? Nous avons mis en uvre, avec nos partenaires du 3+3, une stratégie de double voie en disant à lIran que nous sommes prêts à tout moment à engager le dialogue sans précondition. Il nest pas question dexiger au préalable la suspension des sanctions ou je ne sais quoi dautre. On se met autour de la table et on discute du programme nucléaire. Il y a eu une petite avancée de la part de lIran dans la dernière lettre qui a été envoyée à Mme Ashton puisque lon y dit très clairement que lIran est prêt à parler du nucléaire
On va se mettre autour de la table et cest ce que nous sommes en train de préparer pour le 13 et le 14 avril dans un lieu à déterminer. La France est davis, et tiendra fermement cette position, que cette discussion ne doit pas commencer par un geste douverture unilatéral des Six, ce nest pas en position de faiblesse quon entame une négociation, cest à lIran de faire des gestes. Puis, après, on verra, en fonction de sa bonne volonté et de sa réelle coopération.
Pour arriver à ce résultat - et cest le deuxième aspect -, nous pensons quil faut des sanctions fortes de façon à faire céder le régime iranien. La France a été, de ce point de vue, parmi les Vingt-Sept et ainsi que dans ses relations avec les États-Unis et dautres pays, tout à fait en pointe pour adopter des sanctions extrêmement fortes, sans précédent comme lavait dit le président de la République. Nous avons obtenu gain de cause au sein de lUnion européenne puisque lembargo sur le pétrole et sur les transactions de la Banque centrale iranienne a été décidé et est en train de se mettre en place.
Et peut-être peut-on voir entre le durcissement des sanctions et le début douverture de lIran à la négociation - la dernière lettre qui a été adressée à Mme Ashton - un lien de cause à effet.
Nous allons donc continuer sur cette ligne, avec beaucoup de détermination. Je crois pouvoir dire que, parmi les Six, nous sommes daccord, avec - je parle très librement - un degré de détermination plus ou moins fort ; la France a un degré fort, dautres un peu moins fort.
Q - Auriez-vous la gentillesse de faire une sorte de contraste entre la position française et la position américaine ? Comme je les entends actuellement, la France est très claire, pour une application totale du Traité de non-prolifération et une suite à la lettre des recommandations du Conseil de sécurité, cest-à-dire zéro enrichissement.
En revanche, la semaine dernière, un personnage à Washington - un grand officier qui noccupe pas de poste dans lAdministration, mais il parle pour elle - disait, ce que nous savons tous ici un peu, que la position des États-Unis est de restreindre lenrichissement au-delà de 20 % mais en même temps, offrant à lIran la possibilité denrichir à 3,5 %. En même temps ce personnage disait que sur la durée des négociations, cela nallait pas durer le temps dune nuit. En disant cela, il confirmait lidée que M. Obama veut continuer dans ces négociations jusquau jour des élections aux États-Unis. Je nai pas entendu, dans les voyages récents aux États-Unis, une seule voix qui contredisait cette idée.
R - La position de la France, Cher Monsieur, je vous lai indiqué. Notre objectif est que lIran ne se dote pas de larme nucléaire. Je nentrerai pas dans la question de savoir si cest 20 %, 3,5 %. Si un certain degré denrichissement permet davoir des implications civiles, rien ne soppose à ce que lIran se dote effectivement dune énergie nucléaire à vocation civile. Après, il appartiendra aux négociateurs dentrer dans le détail des choses. Mais, pour moi, lobjectif est tout à fait clair.
Quelle est la stratégie américaine ? Cest aux Américains quil faut le demander. Jai bien conscience que tout ne va pas se régler les 13 et le 14 avril. La France ne demande pas une réunion, il y en aura dautres, il y aura un processus qui va sengager. Je ne suis pas obligé de me caler exactement sur le calendrier électoral américain dans ce processus. Cest la volonté américaine, nous verrons bien comment la négociation senclenche.
Il y a un élément dont on na absolument pas parlé, je nen ai pas parlé moi-même, cest quil y a une autre option bien sûr, cest loption militaire dIsraël. Vous allez me demander si jy crois ou si je ny crois pas, je nai pas délément pour répondre à cette question. Je sais que la question est examinée par le gouvernement israélien qui a encore des divergences dappréciations entre les différents responsables israéliens sur ce problème. Mais cette option existe et je pense quil faut tout faire pour léviter parce que si elle se déclenchait, je ne sais pas bien quelle pourrait être ensuite la riposte iranienne et la spirale qui pourrait nous conduire vers une situation tout à fait catastrophique.
Pour éviter cela, jen reviens à ce que jai dit : des sanctions fortes et une négociation forte avec lIran. Après, je ne vais pas vous faire ici le déroulement de la négociation avant quelle ne soit engagée. Nous verrons.
Q - Quelle est la différence entre la Syrie et la Libye dans les options de la mise en place de la politique française ? Où en est-on dans les négociations avec les Émirats pour le Rafale ?
R - Sur ce dernier point, la négociation continue.
Libye-Syrie, il y a un point commun dans lattitude de la France sur ces deux dossiers. Notre préoccupation est de permettre aux peuples de cette région et donc au peuple libyen et au peuple syrien de sexprimer librement, daccéder à la démocratie, de choisir eux-mêmes leurs dirigeants dans des élections libres et de bénéficier dun État de droit reconnaissant les droits de la personne humaine, les droits de lHomme ; les droits de la Femme, les droits des minorités, des minorités chrétiennes. Voilà lobjectif qui est le même en Libye et en Syrie.
Cela dit, les situations, elles, sont extrêmement différentes. Dabord, le contexte géopolitique. En Libye, nous avons obtenu un feu vert du Conseil de sécurité et donc nous sommes intervenus sous mandat international avec la résolution 1973 que vous connaissez bien, ce qui nest pas le cas en Syrie où les Russes et les Chinois se sont opposés à toute résolution de ce type permettant une intervention militaire.
Jajouterai une deuxième différence qui est que même si les conditions avaient été réunies pour avoir une résolution au Conseil de sécurité, je ne suis pas sûr quune intervention militaire du type de celle que nous avons menée en Libye aurait été possible parce que le peuple syrien nest pas le peuple libyen. Le peuple libyen nest pas marqué par ces différences de communautés que lon trouve en Syrie. 95 % des Libyens sont des sunnites malikites. Il y a, certes, des tendances séparatistes entre lest et louest, cest bien sûr compliqué mais cela na rien à voir avec la situation en Syrie où lon a des communautés qui sont prêtes à en découdre. Il y a les alaouites au pouvoir, des sunnites, des chiites, des chrétiens qui représentent plus de 10 % de la population, des kurdes et les risques de guerre civile, si nous entrons dans un processus militaire, sont est extrêmement élevé.
Voilà pourquoi il ny a pas eu en Syrie, une intervention du même type quen Libye, à linitiative de lOTAN.
Jajoute une dernière chose, cest quen Libye, à lorigine de lopération, les pays arabes soutenaient lintervention et cest même une résolution présentée par le Liban, la résolution 1973, qui a été présentée par le Conseil de sécurité.
Aujourdhui où en est-on ? Jai la conviction, je le disais tout à lheure, que le régime ne pourra pas se maintenir indéfiniment au pouvoir. Quand on a massacré 10.000 de ses citoyens, des centaines denfants, torturé des hommes et des femmes de tous âges, poursuivi jusque dans les hôpitaux des opposants ou des supposés tels pour les achever, cela se paie un jour ou lautre. On est dans un monde où cela ne peut pas indéfiniment continuer. Le problème est le délai et cest à cela que nous sommes aujourdhui confrontés. Nous avons soutenu le plan de la Ligue arabe, nous avons obtenu une résolution à lAssemblée générale votée par 137 États je crois, nous avons constitué le Groupe des amis de la Syrie qui, à Istanbul, a regroupé plus de 80 délégations et qui a exercé une pression très forte sur le régime. Nous soutenons la mission de Kofi Annan. Il y a donc tout un processus en cours de déroulement aujourdhui.
Peut-on être optimiste ? Je ne le suis pas parce que je pense que Bachar Al-Assad nous trompe. Il feint daccepter les demandes de Kofi Annan et notamment le plan en six points et dans le même temps, il continue dutiliser la force avec une bienveillante indifférence des pays qui le soutiennent. On peut sen sortir en fixant dabord une limite de temps à la mission de Kofi Annan.
Nous avons tous dit quen Syrie, il nétait pas question de laisser traîner des semaines et des semaines. La date butoir qui est, je crois, le 10 avril pour le régime syrien et dans les 48 heures, la cessation des hostilités pour tous ceux qui se défendent, plus laide humanitaire et un processus politique, car pour nous, cest absolument indissociable.
Si ce calendrier est respecté, il faudra déployer très vite une mission dobservateurs des Nations unies, le Secrétaire général travaille en ce moment pour sassurer, là aussi, que lon ne nous trompe pas. Je pense que si nous parvenons à avoir 250 observateurs des Nations Unies sur le terrain, le libre accès des médias internationaux, laccès de laide humanitaire, les choses vont changer profondément.
Cest la raison pour laquelle Bachar freine des quatre fers car il se rend bien compte que cela va changer complètement léquilibre des forces. Si nous narrivons pas à cela dici le 10 avril, jai indiqué quil faudrait revenir au Conseil de sécurité et étudier toutes les options. Nous ne pourrons pas indéfiniment laisser ceux qui se battent pour la liberté se faire massacrer par le régime syrien.
La thèse selon laquelle ce régime est victime dattaques terroristes qui le déstabilisent ne tient pas la route cinq minutes. Linitiative de la répression, cest le régime qui en porte la responsabilité. Ensuite, face à cela, il y a des gens qui essaient de se défendre, on ne peut pas du tout les mettre sur le même plan.
Q - La France est-elle prête à fournir des armes à larmée libre syrienne ?
R - En létat, non, je vous lai dit. Il y a un embargo international sur les armes et la France respecte les embargos internationaux.
Q - Vous étiez à Istanbul le week-end dernier pour le dossier syrien et, au passage, vous êtes parti au Sénégal à Dakar pour discuter du problème du Mali entre autres. Jusquoù la France est-elle prête à aller au Mali ? Car la situation se dégrade sérieusement avec des violences, des viols, des villages des meurtres maintenant par les Touareg. Ceux-ci seraient infiltrés sérieusement par des extrémistes islamistes, lAQMI qui ont menacé plusieurs fois la France et qui ont mis certaines menaces à exécution. Jusquoù pouvez-vous aller quand tout le pays risque de basculer et aussi pour prévenir un effet domine dans la région ?
R - Vous disiez que jétais allé dIstanbul, à Dakar. Ma venue à Dakar avait un objectif à lorigine, cétait de participer à linvestiture du nouveau président du Sénégal, Macky Sall. Je voudrais en dire un mot car, quand on regarde la scène internationale, on se dit que partout il y a des cieux extrêmement encombrés par des de nuages lourds, mais il y a de temps en temps des petits morceaux de ciel bleu. Et ce qui sest passé au Sénégal est un morceau de ciel bleu. Voilà un pays qui a donné un magnifique exemple de maturité démocratique. Ce nest pas la première fois. Déjà quand M. Wade est arrivé au pouvoir, cétait dans le cadre délections démocratiques, là il y a eu des élections transparentes. Il y a eu quelques violences au départ mais les appels au calme ont été entendus. Il y a eu une forte participation, le résultat était absolument clair et le président Wade a immédiatement tirer la leçon de ces résultats en saluant la victoire de son concurrent et en se retirant du pouvoir.
Voilà un bel exemple qui montre que lAfrique aussi peut accueillir des régimes démocratiques. Nous allons maintenant aider le Sénégal qui doit relever bien des défis économiques et sociaux en particulier.
Un autre petit coin de ciel bleu, je le signale au passage, cest la victoire écrasante de la LND en Birmanie. Là aussi, il semble que lon progresse sur la voie de la démocratie et de la liberté.
Pour en revenir au Mali, la situation est extrêmement grave et elle est un risque de contagion sur les pays voisins. Je lai mesuré au cours de cette réunion de la CEDEAO présidée par le président Ouattara où plusieurs chefs dÉtat ont fait part de leur très grande inquiétude au Niger, en Mauritanie et cela va au-delà, jusquau Nigeria bien entendu.
Que sest-il passé au Mali ? Il y a des décennies que se pose dans la région sahélienne et en particulier au nord du Mali la question touareg. Voilà des populations dont le niveau de développement est très faible qui se sont rebellées à plusieurs reprises contre les pouvoirs des États dans lesquels ils se déplacent. Ceci a dailleurs donné lieu à des accords signés à Alger en 2006 qui prévoyaient le développement du nord Mali précisément pour essayer de réduire les occasions de conflits entre les Touaregs et Bamako. Malheureusement, ces accords nont pas été appliqués, nous avons mis en garde à de très nombreuses reprises les autorités de Bamako et le président Amadou Toumani Touré contre la dégradation de la situation. M. de Raincourt y est allé plusieurs fois. Jy suis moi-même allé plusieurs fois, jétais il y a un mois à Bamako où jai rencontré le président qui ma tenu un discours totalement lénifiant : «Tout va bien, la situation est sous contrôle, jai fait pour le nord des efforts considérables» et on a vu le résultat.
Il faut bien situer les responsabilités. À cette histoire ancienne sest ajoutée une histoire plus récente qui est le renforcement dAQMI du fait de ce qui sest passé en Libye et qui est incontestable. Il y a des gens qui sont arrivés de Libye au Sahel, il y a des armes surtout qui sont arrivées et ceci a renforcé lAQMI.
On assiste aujourdhui à une compétition au nord Mali entre un mouvement touareg qui na pas dautre objectif que lindépendance ou lautonomie du nord Mali, ce que lon appelle lAzawad cest le MNLA, le Mouvement de Libération de lAzawad qui vient de dire dailleurs quils arrêtaient leur offensive militaire, quils respectaient un cessez-le-feu parce quils avaient atteints leurs objectifs à savoir, contrôler le nord du Mali.
Il y a une deuxième tendance qui, elle, est infiltrée par AQMI, qui est une expression dAQMI, qui a un autre objectif qui est dinstaurer un régime islamiste sur lensemble du Mali et, au-delà, sur lensemble du Sahel.
Face à cette situation, que faut-il faire ?
Dabord, et là je dois dire que la réaction de lUnion africaine et de la CEDEAO a été immédiate et très claire, refuser daccepter le coup dÉtat et exiger le rétablissement de lordre constitutionnel au Mali. Cela pour les Africains, cest très important. Jai entendu les chefs dÉtat de la CEDEAO le dire : «Nous ne pouvons plus donner le spectacle à lAfrique de coups dÉtat qui renversent des régimes constitutionnels, il faut revenir à lordre constitutionnel car cest un symbole très fort.» Pour arriver à cela, il y a actuellement une mission de médiation qui est menée par le président du Burkina Faso M. Blaise Compaoré qui essaie de convaincre les mutins, la junte de quitter le pouvoir, de rétablir la Constitution, ce quils ont dailleurs accepté il y a quelques jours sans en tirer vraiment les conclusions et puis de désigner une personnalité. Si M. Amadou Toumani Touré se retire, ce peut être le président de lAssemblée nationale ou quelquun dautre qui, ensuite, enclenche le processus électoral et permet de désigner, dans des élections transparentes, un responsable légitime. Cest en cours et, sans être trop optimiste, je pense que M. Compaoré est en mesure dobtenir un résultat.
Deuxièmement, il y a laspect militaire. La CEDEAO a pris une position extrêmement forte et ferme en manifestant son intention de déployer sa force en attente. Ils ont deux bataillons qui représentent à peu près 3.000 hommes et leur idée serait de les déployer sur le terrain pour stopper lavance dAQMI et rétablir lordre constitutionnel.
Tout le monde a soutenu linitiative de la CEDEAO. Je lai dit, les Américains étaient aussi représentés au cours de ce Sommet à Dakar cest la raison pour laquelle nous avons fait voter au Conseil de sécurité une déclaration présidentielle pour soutenir lUnion africaine et la CEDEAO.
Maintenant, la CEDEAO est-elle en mesure de passer à lacte ? Cest compliqué parce que le délai de déploiement de leurs forces en attente est long.
Nous avons donc dit que la France, ainsi que les États-Unis je pense, était prête à aider à ce déploiement. Non pas en envoyant un corps expéditionnaire au Sahel - il y a parfois des questions qui nous sont posées tout à fait surréalistes, la France ne va pas envoyer des troupes, je pense quon ne serait pas accueilli à bras ouverts, ni par lAlgérie ni par qui que ce soit -, en revanche, on est prêts, en termes de logistique, à aider. Nous le faisons depuis très longtemps.
Il faut bien voir aussi - et ce sera mon dernier point - que la réponse est dabord la réponse des États de la région. Cest bien gentil de se tourner toujours vers la France ou vers lOccident, cest aux États de la région de combattre AQMI. Il y en a qui le font. La Mauritanie le fait et elle a marqué des points. Nous ly aidons depuis très longtemps. Nous formons des forces de sécurité mauritaniennes pour quelles se battent. Le Niger, sous limpulsion du président Issoufou, le fait. Le Mali ne la pas fait et on a vu le résultat.
Nous souhaitons vraiment quil y ait une coopération régionale entre lAlgérie, les pays de la CEDEAO jusquau Nigeria, la Mauritanie, pour mettre au point une stratégie de lutte contre le péril terroriste dans cette région du Sahel.
Désolé, jai été un peu long mais je voulais remettre en perspective cette question du Mali qui est extrêmement préoccupante.
Q - Vous dites quil ny aura pas dintervention par la force mais si cette idée de coopération régionale ne fonctionne pas, cest une question sécuritaire qui préoccupe tout le monde ?
R - Toujours dans cette position que je comprends bien. Si ce que vous faites ne marche pas, que ferez-vous ? Je suis dans une disposition desprit différente, je pense que ce que nous sommes en train de faire va fonctionner.
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Q - Monsieur le Ministre, sur la question de lEurope et de la zone euro, pensez-vous que la crise est vraiment finie ou est-il possible que le (inaudible) est une sorte de narcotique pour le patient qui reste malade ? Quen pensez-vous ?
R - La crise nest pas finie, mais lEurope nest pas aussi malade quon veut bien le dire et dautres feraient bien de se soigner aussi, parce que lEurope nest pas le seul endroit où il y a des déficits.
La crise nest pas finie, bien évidemment, parce que certains pays sont encore dans des situations extrêmement fragiles : tout le monde a la Grèce en tête, lEspagne qui a beaucoup de mal, lItalie qui fait des réformes courageuses. La France nest pas dans la même situation mais, globalement, les choses progressent dans la bonne direction. Voilà, ce nest pas intégralement réglé et si on fait des bêtises, tout cela peut à nouveau se dégrader très vite.
Dans le blog dont je vous parlais, je parlais de «chemin de crête», nous sommes sur le chemin de crête et, sur le chemin de crête, il ne faut faire ni un pas à gauche, ni un pas à droite car on risque de chuter.
Mais je pense que les perspectives sont bonnes, je pense que maintenant le «pare-feu» du mécanisme européen de stabilité est à un bon niveau, avec 800 milliards deuros. Je pense que toutes les procédures qui se mettent en place, le «six pack», le semestre européen, le nouveau traité, tout cela va nous permettre de bien maîtriser la cohérence des politiques budgétaires entre les Vingt-Cinq. Il ny avait pas de gouvernement économique dans le Traité de Maastricht et cétait une faute tout à fait évidente. La Banque centrale joue son rôle sans quon lui donne dinjonctions, elle fait ce quelle a à faire et cest très bien comme ça. Il y a donc toute une série déléments qui me permettent de dire quon va dans la bonne direction.
Par ailleurs, notre environnement international nest pas mauvais. La création demplois aux États-Unis redémarre, les perspectives de croissance sont plutôt positives, les pays émergents vont continuer à croître. Et je ne serais pas surpris quau second semestre de cette année, la croissance en Europe redémarre un peu.
On nest pas sortis de la crise, mais cela va dans la bonne direction et il faut donc conforter ce que lon a fait. Et je ne pense pas que ce que lon est en train de faire soit un simple narcotique pour le malade. Je ne pense pas que les Grecs ressentent cela comme un narcotique, cest plutôt comme une potion extrêmement amère. Ils ont fait des bêtises, cest clair, il faut les rectifier, on les aide massivement mais il faut quils tiennent bon. Et de même pour les Espagnols. On va continuer sur cette ligne-là pour essayer de sen sortir.
Nous sommes, tous ensemble, la première puissance économique du monde. Nous sommes la deuxième ou troisième puissance commerciale. LEurope a une capacité de recherche et dinnovation tout à fait considérable. Elle a des ressources humaines de qualité, même si dans certains pays la démographie baisse - ce nest pas le cas en France, nous avons cet atout dune démographie positive -, nous avons des universités excellentes, nous avons des centres de recherche excellents, nous avons une capacité dinnovation excellente, lEurope a des atouts formidables.
Simplement, elle est confrontée à un déclin relatif. Ce qui se passe, cest que lEurope a été le centre du monde pendant deux siècles, on sétait habitué à cela, cétait très confortable. Nous ne sommes plus le centre du monde, cest cela qui est nouveau. Parce quil y a dautres pôles de puissances dans le monde. Il faut donc que nous nous adaptions à cette nouvelle configuration de la planète. Ce qui ne veut pas dire que nous sommes condamnés à un déclin absolu. Il y a un réajustement et le réajustement se fera : je vous parlais de mon contact avec des industriels dans cette région de Savoie, il y en avait un qui avait une usine en Chine, il ma dit : «je suis en Chine depuis trois ou quatre ans, les salaires en Chine ont augmenté de 30 % en deux ou trois ans, au rythme de 15 % par an, et les charges sociales en Chine sont en train dexploser parce que les Chinois ont envie de retraites et de protection sociale».
Donc, le monde va se rééquilibrer petit à petit. Les pays émergents vont aussi avoir des conditions de production nouvelles. Vous allez me dire quil y en a dautres qui vont émerger à leur tour. Nous sommes dans un processus de transition qui fait que le monde change et que lEurope a toutes ses chances à lavenir.
Q - Sur la Birmanie. Pensez-vous que le temps est venu de lever les sanctions et que cest peut-être un petit peu tôt encore parce que le processus démocratique vient juste de commencer ?
R - Je pense bien évidemment quil faut faire un geste. Quand javais Aung San Suu Kyi il y a deux mois, avant les élections, on nous avait dit : attendons de voir si les élections se passent bien et après il faudra envoyer un signal.
Je crois quon peut dire que les élections se sont bien passées et je compte proposer à Bruxelles, à nos partenaires, de faire un geste pour un premier allègement des sanctions.
Parce que lon dit toujours que les sanctions ne servent à rien. Dans le cas de la Birmanie, la Birmanie sest rendue compte quà force dêtre isolée du monde extérieur, elle était dans les mains de la Chine et elle a cherché dautres partenaires. Et cest cela qui explique en grande partie lévolution du régime.
Q - Sur lIrlande. Comment devrait réagir lUnion européenne si les Irlandais disent «non» le 31 mai dans leur référendum sur le pacte fiscal ?
R - On verra.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 avril 2012