Lettre de M. Nicolas Sarkozy, candidat à l'élection présidentielle, adressée aux Calédoniens, sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, le 1er avril 2012.

Prononcé le 1er avril 2012

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Texte intégral

Mes chers compatriotes de Nouvelle-Calédonie,

J’ai souhaité m’adresser directement à vous, par l’intermédiaire de cette lettre, au moment où je sollicite auprès de tous les Français un second mandat de Président de la République.
Signe de mon attachement particulier à la Nouvelle-Calédonie et de la relation de confiance qui nous unit, j’ai tenu à venir à votre rencontre au mois d’août dernier. Je veux aujourd’hui partager avec vous ma vision d’une Nouvelle-Calédonie forte dans une France forte.
En 2007, vous avez été ici particulièrement nombreux à me faire confiance et je me suis attaché à respecter les engagements que j’avais pris devant vous.
C’était peut-être votre demande la plus forte : l’autorité de l’État a été restaurée, un État respecté, garant de l’ordre public, qui, par sa fermeté et sa capacité à être l’artisan d’un dialogue reconstruit, a permis le retour à la paix sociale.
J’ai souhaité également que l’Accord de Nouméa soit loyalement relancé sous l’impulsion du Comité des signataires, désormais présidé personnellement par le Premier Ministre.
Les transferts de compétences ont été préparés, en lien avec vos parlementaires, afin que la Nouvelle-Calédonie dispose des leviers et des moyens financiers et humains nécessaires à l’exercice de ses nouvelles responsabilités. J’ai été tout particulièrement attentif à ce que ces transferts, prévus dans l’Accord de Nouméa, se fassent sans que la qualité du service rendu aux Calédoniens ne soit réduite. Cela a été, et restera, ma préoccupation constante.
Les projets industriels ont été soutenus par l’État et sont devenus aujourd’hui une réalité qui conforte le nickel comme socle économique de votre territoire. Le projet d’usine de Koniambo est ainsi le symbole très concret du rééquilibrage économique prévu par l’Accord de Nouméa. J’ai pris aussi un engagement très clair : l’État gardera de façon certaine le contrôle du capital d’Eramet.
Enfin, j’ai souhaité, malgré les difficultés budgétaires que connaît notre pays, maintenir la participation financière de l’État pour accompagner la Nouvelle-Calédonie, les provinces et les communes, dans la réalisation de leurs actions prioritaires.
Depuis plus de vingt ans, vous avez su surmonter vos différences, vos divergences, voire vos oppositions en écartant définitivement la violence des événements. En construisant ce vivre ensemble entre toutes les communautés qui peuplent la Nouvelle-Calédonie, vous avez ainsi montré l’exemple. La France peut être fière de vous.
Mes chers compatriotes, vous le savez, la responsabilité du prochain Président de la République sera immense. Il lui reviendra de préparer, avec le Comité des signataires et le Congrès, la suite à donner à l’Accord de Nouméa. C’est donc une page décisive de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie qui va s’ouvrir.
Cette échéance, nous la préparons déjà avec vos parlementaires et les partenaires de l’Accord de Nouméa. Nous n’avons pas voulu l’attendre passivement. Des groupes de travail sont à l’oeuvre pour définir une stratégie industrielle, pour dresser le bilan de l’Accord et pour réfléchir à des solutions institutionnelles novatrices.
Dans cette démarche politique, j’ai toujours dit que rien ne sera imposé par l’État. C’est à vous, Calédoniens, de décider de votre destin. Si, le moment venu, les partenaires de l’Accord de Nouméa et vos élus souhaitent le faire évoluer et engager la Nouvelle-Calédonie dans des perspectives nouvelles au sein de la République, qu’ils sachent bien qu’ils pourront compter sur mon appui déterminé. C’est ce que je vous ai dit directement lors de mon discours de Païta. Je suis confiant sur notre capacité à réussir ensemble l’après-Accord de Nouméa.
Vous le savez, j’ai toujours été très clair sur ma préférence, qui va sans ambiguïté au maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France, parce que je suis intimement persuadé que c’est l’intérêt de tous les Calédoniens. Ensemble, nous avons inventé un modèle inédit dans lequel une Calédonie forte exerce ses larges compétences au sein d’une France suffisamment sûre d’elle-même pour permettre l’épanouissement de votre territoire. C’est parce que nous avons réussi à trouver cet équilibre inédit qu’il me paraît souhaitable de continuer à écrire notre avenir ensemble.
Certains, en Nouvelle-Calédonie, n’ont pas la même opinion que moi. Je la respecte, car je sais combien ces questions, qui touchent à l’identité profonde de tout un territoire, sont complexes. Je note toutefois avec intérêt qu’un nouvel état d’esprit, fondé sur le dialogue et le consensus, semble faire jour en Nouvelle-Calédonie. Cette démarche est incarnée par deux drapeaux qui flottent désormais côte à côte, ensemble, réunissant ainsi les deux légitimités de la Nouvelle-Calédonie. Ce dialogue plus apaisé se manifeste aussi par l’élection, à la tête du Congrès, d’un homme politique portant une sensibilité différente de celle du Président du Gouvernement. C’est sur ce chemin de la tolérance, du respect et du dialogue, que vous avez décidé d’emprunter depuis 1988, que se sont construits tous les grands succès de la Nouvelle-Calédonie.
Je sais que, pour certains d’entre vous, il existe une appréhension face aux échéances qui s’annoncent. Je veux leur dire que le chemin qui a été effectué ces dernières années crée aujourd’hui les conditions d’un échange apaisé entre tous les partenaires de l’Accord. Je veux aussi leur donner la plus forte des garanties : rien ne se fera sans que vous soyez consultés et que vous ayez donné votre accord. Je m’y engage aujourd’hui devant vous.
Je vous ai toujours dit la vérité. Vous savez que je respecte mes engagements et que je n’hésite pas à m’investir totalement à vos côtés lorsque c’est nécessaire. C’est ma manière de vous respecter et, pourquoi ne pas le dire, de vous aimer.
Vive la Nouvelle-Calédonie, Vive la République, et Vive la France !

Source http://www.lafranceforte.fr, le 19 avril 2012