Texte intégral
Mes chers amis, une campagne est achevée, une autre campagne commence. La campagne du premier tour, nous lavons faite à un contre neuf. La campagne du premier tour, nous lavons faite contre un système médiatique absolument déchaîné. La campagne du premier tour, nous lavons faite contre les pronostiqueurs, contre les observateurs et contre tous ceux qui auraient tellement aimé décider à votre place. Merci pour la réponse que vous leur avez adressée en direct !
La campagne du premier tour, nous lavons faite contre la caricature, contre le mensonge, aucun président navait jamais subi un tel matraquage. De fait, ils nont reculé devant rien, ils nont hésité devant aucun mauvais coup, devant aucune manipulation. On nous a dit équité, il ny avait pas déquité. Où était léquité à un contre neuf avec 10 % du temps de parole ? En plus, on aurait voulu quon dise merci et quon sexcuse davoir nos idées, nos valeurs et vous, votre candidat !
On nous a dit égalité, mais où est légalité quand il ny a pas dimpartialité ? Parfois, je regardais dautres candidats, invités dans les mêmes émissions, je me demandais étaient-ce les mêmes émissions, étaient-ce les mêmes personnes qui interviewaient ? Je veux dire quils étaient tellement plus aimables avec moi ! Et que personne ne le prenne en mauvaise part, je le dis avec le sourire, mais je le dis quand même, quand ce manque dimpartialité est le plus grand sur les chaînes financées par largent du contribuable, je voudrais rappeler quil y a des contribuables qui ne sont pas de gauche, qui ne sont pas dextrême gauche et qui ont le droit dêtre respectés dans leurs idées, dans leurs valeurs et pour leur candidat.
Malgré tout, malgré la mauvaise foi, malgré les mensonges, malgré les coups tordus, nous navons pas été balayés, comme on nous lavait promis, nous avons tenu à la surprise générale. Mieux que ça, ils disaient que la campagne nintéressait pas, ils lavaient décidé et ils prédisaient que les Français niraient pas voter. Les Français sont allés voter à plus de 80 %, cest sans doute quil y a un civisme chez les Français quil ny a pas chez les observateurs des Français.
Ils disaient les deux dernières semaines, avec un festival la dernière semaine et même encore, il faut bien le dire, entre 20h00 et 21h30, que nous allions nous effondrer. Leffondrement na pas eu lieu. Maintenant, ils disent que je suis le premier président qui nest pas en tête au premier tour. Ils oublient de rappeler que le dernier président sortant après cinq ans de cohabitation était, certes, arrivé en tête au premier tour avec moins de 20 % des voix. Les Français men ont accordé plus de 27 %. Merci ! Merci !
Alors, quand on voit le sort quon nous promettait, quand on voit ce qui sest passé dans toutes les démocraties touchées par la crise, le résultat dhier montre que les Français ont mesuré lenjeu historique de cette élection. Le résultat dhier montre que le second tour, nous pouvons, vous pouvez le regarder avec une grande confiance. Ils se sont trompés au premier, ils vont se tromper encore massivement pour le second ! Ah oui, parce quil faut que je vous dise quelque chose, ce nest pas eux qui décident, ce sont les Français qui vont décider ! Cette campagne qui commence, cest vous qui allez la mener, cest vous qui allez la conduire et cest vous qui allez décider !
Cest donc une nouvelle histoire qui va sécrire dans les deux semaines qui viennent. Elle va sécrire à partir de ce que les Français ont exprimé lors de ce premier tour. Je veux parler avec gravité aux Français qui ont exprimé leur malaise, qui vivent en silence les difficultés de leur vie quotidienne. Au fond, je veux madresser aux Français qui nen peuvent plus. Je veux leur dire que je les respecte, car, moi, je ne me permettrai pas de juger un Français dont je ne vis pas les souffrances. Quand on souffre, on a le droit de faire le choix que lon veut. Je nai pas à juger ce choix, je nai pas à donner de leçon de morale à ceux qui ont fait ce choix. Je naccepte pas que ceux qui habitent dans des quartiers où il ny a aucune souffrance et qui mettent les enfants, leurs enfants dans des écoles qui ne sont pas des écoles ghettos donnent des leçons de morale à ceux de nos compatriotes qui vivent dans des quartiers où la vie est impossible et qui mettent leurs enfants dans des écoles où la vie est si difficile !
Jai vu quon leur faisait le reproche davoir voté pour les extrêmes et notamment en faveur de la candidate du Front national. Moi, je ne leur reproche pas. Quel que soit le choix que vous avez fait, mes chers compatriotes, vous lavez fait pour des candidats qui avaient le droit de se présenter. Il ny a pas un choix qui est plus noble que dautres. Nous devons respecter le choix de tous les Français, y compris de ceux qui nont pas voté pour moi, cétait leur droit, je les respecte. Président de la République, je me sens le président de ceux qui ont voté pour moi et de ceux qui nont pas voté pour moi, cest ça un président de la République !
Jai vu que monsieur HOLLANDE parlait « au peuple de gauche », cest une différence entre nous, je parle « au peuple de France », pas à un contre lautre. Jai vu que, dès hier soir, il reprochait leur vote à ceux qui ont émis ce vote pour le Front national. Mais il y a des Français qui pensent que les choses ne peuvent pas continuer. Et de ces quatre années de crise terriblement dangereuse où tout a failli sécrouler, je tire la même leçon queux : Nous ne pouvons plus continuer ainsi. Nul ne peut imaginer ce quil nous a fallu defforts pour empêcher la catastrophe, ce quil nous a fallu defforts pour que léconomie mondiale ne seffondre pas, ce quil nous a fallu defforts pour que lEurope et leuro nimplosent pas, ce quil nous a fallu defforts pour que la France, à la différence de la Grèce, de lIrlande, de lEspagne, du Portugal ou de lIslande, ne soit pas emportée dans la tourmente. Ce quil nous a fallu defforts pour que les Français ne perdent pas leur épargne, si nous navions pas soutenu les banques, cest votre épargne qui aurait disparu, qui serait partie en fumée. A ceux qui mont reproché à lépoque dengager un plan de soutien pour les banques, je ne lai pas fait pour les banques, encore moins pour les banquiers. Je lai fait en pensant à tous ces épargnants qui ont travaillé dur et que je ne voulais pas quils fassent la queue, un jour, au guichet dune banque parce quils navaient plus confiance, parce que la ruine de leur banque, cétait la perte de votre épargne ! Aucun parmi vous na perdu son épargne !
Vous nimaginez pas ce quil a fallu defforts pour que le pouvoir dachat ne seffondre pas. Les bourses des étudiants nont pas été diminuées, à la différence de ce qui sest passé en Grande-Bretagne. Les pensions de retraite nont pas été diminuées, à la différence de ce qui sest passé en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Italie. Les allocations chômage nont pas été diminuées, à la différence de ce qui sest passé en Irlande. Vous nimaginez pas ce quil a fallu defforts pour contenir la hausse du chômage, qui, chez tant de nos voisins, a emporté toutes les digues, 220 % daugmentation du chômage chez nos amis Espagnols après sept années de gouvernement socialiste ! Le seul chef de gouvernement qui a reçu monsieur HOLLANDE, le seul chef de gouvernement dont monsieur HOLLANDE se revendiquait, cest monsieur ZAPATERO, pense-t-il la même chose aujourdhui quand on voit la situation très difficile dans laquelle se trouvent nos voisins Espagnols ? Est-ce le sort qui nous est promis ? Est-ce lexemple que nous devons suivre ?
Dimanche, les Français ont dit quaprès ces quatre années de crise qui ont rendu la vie plus difficile pour beaucoup dentre eux, ils voulaient reprendre leur destin en main. Dimanche, il y a des Français, beaucoup de Français qui ont dit : Nous ne supportons plus les spéculateurs, nous ne supportons plus les bureaucrates, nous ne supportons plus les corps intermédiaires qui veulent tout le temps décider à notre place. Mon devoir de président et de candidat, cest découter ce que disent les Français, pas de nier ce quils ont dit, découter les Français qui ont voté pour moi, mais découter aussi les Français qui ont porté leurs suffrages sur dautres candidats que moi. Cest cela la politique, cest cela la campagne électorale !
Au fond, moi, je vois ce vote comme un cri de souffrance, comme lexpression dune révolte, parfois même dune colère. Je naccepte pas quon caricature cette colère, cette souffrance et cette révolte. Elle est respectable parce quelle est sans calcul, de la part délecteurs qui se disent peut-être à tort, mais ils se le disent ainsi ! finalement, pour nous faire entendre, nous navons que ce choix et que ce vote. Je veux leur dire que nous les avons entendus et que notre façon de les respecter sera de leur répondre par des engagements précis.
Je métonne quau lieu de leur donner des leçons de morale à ces Français, ils ne comprennent pas, les autres membres de la classe politique et les autres candidats, que le message quils ont adressé, ces Français, ils ne lont pas adressé simplement à moi, ils lont adressé à toute la classe politique. Cest la classe politique tout entière qui doit lentendre. Je vais même vous dire, en employant une expression forte, ce message, cest un fait majeur dont nous devons mesurer la portée. Je vois bien que du côté de la gauche, on se bouche le nez, on regarde ces Français avec commisération, on ne comprend pas ce vote, on veut le nier, on voudrait même minterdire de parler à ces Français ! Moi, je dis non, il faut considérer cette expression comme un fait majeur, ne pas considérer que cest une anecdote.
Dautant plus que, de mon point de vue, ce sont tous les dirigeants politiques et pas simplement les Français, tous les dirigeants du continent européen et même du monde qui doivent entendre la montée partout dans le monde de ce que jappellerai « un vote de crise ». Je naime pas le mot « populiste », méprisant, comme si, dun côté, il y a les élites qui savent et, de lautre, il y a le peuple qui forcément ne sait pas. Bien sûr, cest un vote protestataire au sens de protestation, cest un vote de crise. Si nous ne changeons rien, si nous ne nous mettons pas daccord sur de nouvelles règles, nous risquons de refaire le chemin tragique des années 30, parce que les peuples ne supporteront plus les souffrances que leur infligent les désordres du monde. Voilà les conséquences et les conclusions que je tire du vote du premier tour des Français.
Je ne le prends pas à la légère ce vote, je ne le prends pas de loin. Dimanche, les Français se sont exprimés sur le fond. Quest-ce quils nous ont dit ? Quils ne veulent plus du monde, ils ne veulent plus du monde tel quil se construit depuis trente ans. Cest clair, cest lumineux. Ils ne refusent pas le monde, les Français, ils ne veulent plus du monde qui se construit depuis trente ans. Cest-à-dire quils ne veulent plus dune mondialisation sans règles. Les Français nous ont dit une chose très importante : Nous ne voulons plus être à la merci de ceux qui ne respectent rien, qui ne respectent aucun principe et aucune règle, ni en France, ni en Europe, ni dans le monde. Ils lont dit, nous devons en tenir compte ! Je prends ma part !
Ils nous ont dit quils ne veulent plus de frontières qui laissent tout passer et dune Europe passoire, ils nen veulent plus, y compris les plus Européens parmi nous ! Ils ne veulent plus, les Français qui se sont exprimés dimanche à 80 % je le rappelle aux observateurs quon les dépossède de leur mode de vie. Au fond, le message crucial, on est daccord, disent les Français, pour nous adapter au monde nouveau, mais nous voulons quon respecte notre mode de vie, car nous ne voulons pas changer notre mode de vie ! Cest le message que jai entendu ! Cest le message que je vais porter au deuxième tour de la campagne présidentielle et cest cette politique que je mettrai en uvre grâce à vous et avec votre confiance !
Ils nous ont dit cest trop facile de dire je suis Européen, je nécoute pas cela ! ils nous ont dit nous ne voulons plus dune Europe qui ne nous protège pas et qui en même temps nous accable de règlements et de normes dont on ne sait que faire. Protégez-nous davantage et laissez-nous tranquilles davantage, voilà ce quils nous ont dit, les Français ! Ça nenlève rien, Maurice, Philippe, Hervé, Claude, à lattachement que nous devons avoir à lEurope ! Mais ils nous ont dit on en a assez, nous croyons dans lEurope autant que vous, ne nous faites pas la leçon, mais nous voulons dune Europe qui nous protège et non pas qui nous accable, matin, midi et soir, de normes et de règles dont on ne comprend même pas la signification !
Par-dessus tout, je pense, ils nous ont dit on ne supporte plus quon parle à notre place. On ne supporte plus quon décide à notre place. Mais regardez la claque quils ont envoyée à tout le monde ! Alors quon leur rebattait les oreilles sur cette campagne qui nintéressait personne, ils ont choisi, les Français, librement, parce que cest le choix de la liberté daller voter en masse, stupéfiant tous les observateurs qui, à force dobserver, ne voient plus rien ! Au fond, ils nous ont dit : Rendez-nous la maîtrise de nos vies. Ce qui signifie : Permettez-nous de vivre de notre travail. Voilà la première revendication des Français.
Alors, jai pris ma part de ce message, je ne suis pas quelquun qui ne regarde pas les choses à fond, jécoute parce quune élection nest anecdotique. Quand les Français décident de voter, cest quils ont un message bien précis à nous adresser. Ce message, non seulement jai lintention de lentendre, mais den tenir compte. Je sais que tout ce que nous avons fait na pas épargné toutes les souffrances. Mais combien ces souffrances auraient été grandes si tout ce que nous avons accompli ne lavait pas été ? Je vous demande dy réfléchir. Après tant dénergie mise dans le présent, je veux mettre la même énergie dans lavenir. Il y a encore beaucoup à faire je le sais pour que la vie quotidienne change, et ce nest pas le moindre des défis de cette campagne, parler à la fois de votre vie quotidienne et fixer en même temps une perspective. Je dois penser à la perspective, au long terme, à lobjectif, à la direction, on dirait même à la vision de la France dans lEurope et de la France dans le monde. Mais je dois aussi veiller à ne pas être déconnecté de la vie quotidienne. Mon rôle, cest de parler des deux, de linfiniment petit et de linfiniment grand, pas lun sans lautre, les deux !
Alors, je suis conscient que bien des ruptures sont nécessaires, Dieu quon ma fait le procès davoir employé le mot rupture en 2007 ! Et pourtant, combien je sentais que le monde ancien était en train de mourir, que le monde nouveau narrivait pas à naître et quil fallait des ruptures ! Cest pour cela quaprès avoir posé la question de la moralisation de la finance dans le déni, le scepticisme le plus complet, je pense profondément que lon ne peut pas confier le sort du monde au seul appât du gain et de la sp??culation et pour tout dire, jen ai plus quassez que quelques individus bafouent les idées qui sont les nôtres avec des comportements qui sont intolérables, inacceptables et profondément inappropriés, pour ne pas dire injustes, injustes !
Je crois à la réussite, je crois au talent, je crois au succès. Mais il y a des gens qui se comportent avec une arrogance et une absence de distance complètes par rapport aux règles qui sont les nôtres. Je veux poser la question des frontières dans la mondialisation, quand jai posé le mot frontière, ça a été un concert de protestations, mais enfin, de quoi parle-t-on ? Moi, je pense que dans un monde où il ny a pas de frontières, cest tous nos équilibres sociaux, culturels, économiques qui seront mis en danger, mais aussi votre vie quotidienne. Parce que la frontière sert à protéger et que si nous regardons le monde tel quil est du 21ème siècle les grands pays qui réussissent sont les pays qui ont cru à la nation et qui ont décidé de faire respecter cette identité nationale. Viendrait-il à lidée des Chinois de ne pas défendre la Chine, des Brésiliens de ne pas défendre le Brésil ? Quant aux Etats-Unis dAmérique, il suffit dy aller et de voir sur une maison sur deux le drapeau américain pour comprendre que, ici, on aime son pays ! Nous aussi, nous le ferons !
Oui, les Français, comme tous les peuples du monde, les Français, comme tous les peuples du monde, ont besoin dêtre protégés. Le mot protection nest pas un gros mot, ce nest pas un mot honteux. Si on a choisi de construire lEurope avec nos voisins, cest pour être plus forts, pas pour être plus faibles. Si on a choisi de sengager dans les idées qui sont les nôtres, cest parce que, ensemble, cette communauté nationale française, à nulle autre pareille, on sest dit quà 65 millions de Français, on serait plus forts pour protéger nos familles que si chacun restait dans son coin à penser à son seul intérêt ! Parce quil y a quelque chose de plus grand que nous qui sappelle notre patrie, qui sappelle la France !
La question de la nation, la question des frontières, nation et frontière sont deux questions inséparables qui doivent être au cur du débat public, au cur de la politique. On a cru quon pouvait faire de la politique sans parler de la nation et sans parler des frontières, cest une erreur ! Parce que dans un monde aussi dur que celui dans lequel nous vivons, nul ne peut sen sortir seul. Nous avons tous, qui que nous soyons, besoin de la solidarité nationale. Nous avons tous, qui que nous soyons, besoin de nous appuyer les uns sur les autres. Tous, qui que nous soyons, besoin dunir nos forces et dunir notre intelligence. Cest cela une communauté nationale, cest cela une nation.
Dans la mondialisation, ce sont les nations qui réussissent, parce quelles portent au fond une volonté collective qui nous rend plus forts. La nation, cest une volonté de vivre ensemble, cest lexpression dune volonté collective qui nest pas faite que de laddition des volontés individuelles. Cest toutes les volontés individuelles plus la volonté collective. Pourquoi ce nest pas simplement la volonté individuelle ? Parce que la nation, cest une volonté collective du présent, mais qui remonte loin dans le passé. Parce que dans la volonté collective de la nation, il y a le souvenir de ce quont fait pour la nation vos parents, vos grands-parents, nos ancêtres, tous ceux qui ont bâti ces paysages dans cette région extraordinaire de France ! Nous ne sommes pas une page blanche ! Il ny a pas que la volonté collective de 65 millions de Français, il y a le souvenir de tous ceux qui nous ont précédés, que nous aimons encore dans notre cur, que nous navons pas oubliés, qui ont façonné nos paysages, qui ont façonné nos villages, qui ont construit nos villes, qui ont bâti nos cathédrales ! Cest cela une volonté collective nationale !
Dans la mondialisation, pour être ouverts, comme cest la tradition de la France, il ne faut pas avoir peur des autres. Pour ne pas avoir peur des autres, il faut être forts. Cest toujours la haine de soi qui pousse à la peur des autres et à la haine des autres. Quand on naime pas son pays, quand on ne respecte pas sa patrie, on déteste les autres. Parce que quand on ne saime pas soi-même, on a la haine pour les autres.
Alors, la priorité, bien sûr, cher Michel, cest que lEurope change et lEuropéen que je suis en prend lengagement solennel devant les Français. Que lEurope change pour quelle cesse dêtre perçue comme une menace et quelle soit vécue, au contraire, comme une protection. Je mengage, si lon navance pas dans cette voie, à mettre chacun en face de ses responsabilités. LEurope doit défendre ses intérêts et ses frontières. Parce que lEurope ne peut pas défendre moins ses intérêts que les autres. Si lEurope ne le fait pas, la France le fera de façon unilatérale à la place de lEurope. Parce que la France veut retrouver la maîtrise de son destin.
Donc, je le dis et cest un engagement que je prends, conclusion que je tire de ce quont dit les Français, lEurope ouverte à tous les vents, cest fini. LEurope qui ne défend pas ses frontières, cest fini. LEurope qui ne maîtrise pas ses flux migratoires, cest fini. LEurope qui ouvre ses marchés sans contrepartie et qui ne défend pas ses entreprises et ses agriculteurs, cest fini ! Jirai, mes chers compatriotes, cher Bruno, jusquau bout, jirai jusquau bout et je veux men expliquer devant vous jirai jusquau bout parce que nous sommes face à une responsabilité historique. Parce que si nous ne changeons pas, il ny aura plus dEurope et il ny aura plus douverture du monde. Parce quà ce moment-là, chacun se repliera sur soi-même. Sans doute, il faut le reconnaître, avons-nous trop cédé depuis des décennies à la technocratie et à la diplomatie.
Javais été frappé, le mot stabilité était employé dans les années 80 et 90 comme un concept de notre politique étrangère. Au nom de la stabilité, on a laissé pendant des décennies 80 millions dEuropéens bien tranquillement derrière le Mur de la honte, le Mur de Berlin. Au nom de la stabilité, on considérait quau fond lUnion soviétique, cétait mieux que lincertitude de la résurgence des nations. Au nom de la stabilité, certains avant moi pensaient quil valait mieux deux Allemagne et non une seule. Au nom de la stabilité, nous avons discuté avec des gens qui, dans leur pays, étaient des dictateurs, alors que ce nétait pas conforme aux valeurs de la République française.
Sans doute, la volonté politique, la responsabilité politique ne se sont-elles pas suffisamment affirmées. Souvent, on me fait le procès de trop de volontarisme, de vouloir mengager sur tout ! Si vous saviez comme je pense, après le vote des Français, que jaurais dû encore mengager plus fortement et faire preuve encore de plus de volonté ! Si vous saviez, au fond de moi, ce que je pense de tous ces commentaires, quand je vois toutes ces souffrances, toutes ces attentes, au fond, ce besoin damour, dintérêt, de protection ! Je me dis on na pas le droit de renoncer, pas une minute, pas sur un seul dossier ! Au fond, quest-ce quils nous demandent les Français ? Ils sont lucides, ils sont intelligents, ils ne nous demandent pas de réussir sur tout, mais quau moins, on donne le sentiment : 1) De comprendre leurs souffrances ; 2) De se donner du mal pour essayer de les résoudre !
Je ne connais pas un Français qui mait dit : Le problème avec vous, dans les cinq dernières années, cest que vous vous êtes trop occupé de nous, que vous avez mis trop dardeur à régler un dossier ! Moi, je pense que, au contraire, ils pensent que jaurais dû moccuper de tous les dossiers avec plus dardeur, mettre encore plus de volonté, essayer encore davantage, ne renoncer jamais, ne reculer jamais, voilà la différence entre ce que pense le peuple de France et ce que pensent les élites de France !
Alors, le problème, cest que la volonté politique, la responsabilité politique sont revenues pendant la crise pour faire face à une situation dramatique. Au fond, on navait pas le choix, parce que la technocratie ou la diplomatie, quand les balles ont commencé à siffler aux oreilles des pays du monde entier, oh, ils ne nous ont pas contesté la prise de pouvoir ! La technocratie, cest pourtant calme, quand il y a la crise, quand tout menace de seffondrer, il ny a pas de problème, le pouvoir est revenu aux politiques sans quon combatte.
Cest un peu comme ces grands dirigeants dentreprise qui expliquaient à longueur démission, cher Philippe, que lentreprise navait plus de nationalité. Vous vous souvenez de ce bobard ? Lentreprise monde. Lentreprise navait plus de nationalité. Elle était lentreprise du monde, elle était universelle. Mais quand le monde est rentré en crise, tous ces dirigeants dentreprise monde universelle, ils ont trouvé le chemin de la maison, personne ne sest trompé dadresse, ils ont tous su frapper à la bonne porte ! Celle où on pouvait tendre la main ! Quand il sagissait de partager les bénéfices avec les actionnaires, il fallait les laisser tranquilles et indépendants. Mais quand la crise a soufflé, on a chacun retrouvé son président et jai retrouvé les miens avec une vitesse stupéfiante ! Alors, cette volonté politique de la crise, il ne faudrait pas quune fois que le calme soit revenu, elle séteigne. Elle doit, au contraire, cette volonté politique, sexprimer plus fortement que jamais, pour éviter de nouvelles catastrophes.
Alors, après ce que les Français ont exprimé lors du premier tour, la campagne du second tour, je le dis, ne peut pas être la même que celle du premier. On ne peut pas faire comme si les Français navaient rien dit. Bien sûr, mes chers compatriotes, cest le même projet que je défendrai. Je nai à négocier avec personne. La présidentielle nest pas une affaire de négociation, de répartition de postes, de savoir qui fera quoi. Je le laisse aux autres. Je dis à mes amis : Ne vous occupez pas de ça, occupez-vous des Français et seulement des Français. Cest la même vision du monde que je défendrai, ce sont les mêmes valeurs. Mais je dois aller plus loin au deuxième tour pour répondre à lattente qui sest exprimée.
Au premier tour, les Français ne se sont pas prononcés sur les personnes, ils ont dit ce quils voulaient, une France forte qui les protège. Cest dans cette direction que jai voulu engager la France depuis cinq ans. Mais il faut aller plus loin pour que ce qui sera fait dans les cinq années qui viennent touche directement votre vie quotidienne et la vie quotidienne de ceux qui nen peuvent plus, de ceux qui ont limpression que, quels que soient leurs efforts, ils ne sen sortiront pas.
Je veux madresser à ceux dont on méprise la douleur, à tous ceux auxquels on ne donne jamais la parole, parce que, au fond, on ne veut pas entendre leurs plaintes. A tous ceux qui ne supportent plus le déni de souffrance dont ils se sentent victimes, à tous ceux qui en ont assez dentendre que linsécurité nest pas une réalité, que limmigration, ce nest pas un sujet. Le nombre dinsultes, dinjures que jai dû supporter parce que jai osé poser la question de limmigration, cest un scandale ! Cest un scandale. Les procès dintention, parce quon ose prononcer le mot, le mot lui-même serait coupable !
Je veux dire que le communautarisme, contester que ce soit une préoccupation des Français, cest ne rien comprendre à la France. La burqa sur le territoire de la République, ce nest pas anecdotique et si nous lavons interdite, cest parce que nous ne voulons pas transiger avec nos valeurs. Les délocalisations dans vos territoires, ce nest pas marginal, jen ai assez quon me dise que la désindustrialisation, ce nest pas la peine de se battre, avec tous les commentaires quon a eus parce que jai sauvé cinq à six entreprises ! On me dit cest la campagne électorale ! Et alors, il faut que jarrête de travailler ! Je ne prendrai pas la leçon, parce que nous avons sauvé des entreprises en campagne électorale, de la part de ceux qui laissaient tomber les entreprises hors campagne électorale.
Les retraites payées avec une semaine de retard, le 8 de chaque mois, alors que les loyers sont prélevés le 1er, je ne veux pas quon me dise que ce nest pas un sujet de la campagne électorale. Parce que, évidemment, quand on ne vit pas que de sa retraite, peu vous importe que lEtat fasse sa trésorerie sur votre dos ! Cest une injustice et je veux réparer cette injustice. Les artisans, les commerçants, les agriculteurs qui nen peuvent plus de laccumulation des normes, ce nest pas un problème ! Cest un problème et même un grave problème. Le travail qui rapporte moins que lassistanat, cest une véritable injustice et cette injustice, je dois y apporter une réponse.
Alors, oui, au premier tour, on ma reproché de vouloir parler au peuple de France, je vais aggraver mon cas, je veux parler aux petits, je veux parler aux sans grade, je veux parler aux ruraux qui ne veulent pas mourir, je veux parler aux travailleurs qui ne veulent pas que celui qui ne travaille pas gagne davantage que lui, je veux parler aux retraités, aux petits retraités, je veux parler à tous ceux dont lopinion ne compte pas ! Parce quils ne manifestent pas, parce quils ne protestent pas, parce quils ne cassent pas, mais quils ont le droit dêtre respectés et, nous, le devoir de leur répondre !
Je vais même être encore plus précis pour dire aux Français combien jai reçu leur message. Mettez-vous, mes chers amis, à la place de louvrier de 50 ans qui a toujours travaillé et dont lusine vient dêtre délocalisée, qui a lépouse qui na pas de travail, qui a deux ou trois enfants à finir délever et qui vit dans langoisse que son usine soit délocalisée à lautre bout du monde. Pour lui, le mot délocalisation, cest un cancer, cest une angoisse. Pour celui de lautre côté qui en parle, cest une possibilité à gagner des parts de marché. Moi, je veux parler aux deux, à celui qui croit dans le grand monde, mais aussi à celui qui a peur, alors quil ny ait pour rien, de perdre son emploi, parce que la réciprocité ne sappliquerait pas en Europe et parce que lEurope naurait pas la volonté de défendre les producteurs, les agriculteurs, les travailleurs et les entrepreneurs !
Moi, je ne dirais pas, et jai bien réfléchi à ça et jai bien réfléchi à ça, avec les convictions et lexpérience qui est la mienne, je ne dirais pas à cet homme : Faites des efforts de productivité. Je ne le dirais pas. Parce que faire des efforts de productivité, oui, mais quand on est respecté et quand on sait que dans son entreprise, on ne paiera pas quand ça va mal, mais quand ça va bien, on naura aucune part aux bénéfices qui auront été réalisés. Ça, je ne le dirais pas. Je ne le dirais pas. Parce que cest injuste.
Lautre jour, jétais aux FONDERIES DU POITOU, que nous avons sauvées, le précédent propriétaire a eu le culot de proposer aux salariés un chantage : Gagnez 25 % de moins et je reste. Je le dis, cest un scandale de parler comme ça à ceux qui sont vos collaborateurs. Jassume ce que je dis. Moi, je ne veux pas être assimilé à ceux qui sont capables de parler comme cela aux travailleurs, aux salariés dune entreprise. Parce quil ny a de richesse que dhommes. Dans une entreprise, on respecte ceux qui font marcher lentreprise !
Jai proposé un nouveau droit pour chacun, droit à la formation, quel que soit son âge, quelle que soit sa situation, quel que soit son passé, un droit à la formation. Parce que dans lidée que je me fais de notre société, chacun vaut quelque chose, chacun a une qualité, chacun a des talents à faire valoir. La formation, parce que la seule façon de vivre dignement, cest de vivre de son travail. Pas de vivre de lassistance, pas de vivre en tendant la main, pas dattendre chez soi la réponde au Curriculum Vitae qui ne vient jamais. Mais je le dis avec la même force, celui à qui nous allons donner une formation, il sera obligé daccepter loffre demploi correspondante à la formation que nous lui avons donnée.
Je veux parler à la famille surendettée parce quelle a affronté un accident de la vie, je veux votre attention sur ce sujet. Je sais dexpérience que la vie peut être cruelle, quil y a des moments où, qui que lon soit, on peut en avoir assez, on peut mettre un genou à terre. Cest la maladie, cest la délocalisation, cest pour tant de femmes qui vivent seules le divorce ou le veuvage, avec les enfants quil faut continuer à élever. Moi, je ne veux pas dire et je ne veux pas quon dise à une famille confrontée à un accident de la vie quelle est condamnée à ne jamais sen sortir. Je veux quon fasse la différence entre ceux qui ny sont pour rien, parce quon ny est pour rien dans la maladie, parce quon ny est pour rien dans la délocalisation, parce quon ny est pour rien lorsquon est une femme seule qui élève ses enfants avec un ex-mari qui ne paye pas sa pension alimentaire, je ne veux pas que cette femme, que cet homme soit fichu, quon dise quils nont plus de chance dans la vie. Ce ne sont pas les valeurs que je porte. Je veux quils puissent avoir un nouveau départ et je veux leur offrir la possibilité, comme pour une entreprise, de la faillite civile. Parce que ce quon a fait pour sauver les banques, il faut le faire pour les familles de bonne foi. Parce que, moi, je ne mets pas dans la même situation celui qui est de mauvaise foi, qui doit payer, qui doit régler ses dettes ! Nous devons combattre la fraude ! Et celui qui a mis un genou à terre tout simplement parce quil na pas eu de chance, parce que le destin sest acharné sur lui et quil a le droit à un nouveau départ !
Vous voyez la différence ! Eux, à gauche, ils parlent de la générosité comme dun concept qui sappliquerait dans nimporte quelle situation, à nimporte qui, nimporte comment, avec largent du contribuable ! Moi, je veux dire que je veux parler à chaque famille de France, regarder chaque problème, regarder chaque situation, tenir compte de chaque problème et dire à chacun : Vous aurez tous une nouvelle chance, parce que personne ne doit être condamné pour une faute quil na pas commise. Voilà ce que cest que la solidarité nationale par rapport à lassistanat national !
Pourquoi jai voulu la réforme des retraites et défendre, malgré toutes les difficultés, la nécessité dactualiser les retraites ? Je vous le dis, parce que je pense que quand on a travaillé toute sa vie et quon est retraité, on veut vivre décemment et que la chose la plus douloureuse, cest de se dire, après une vie de travail, quon va vivre aux dépens ou aux crochets de ses enfants. Voilà pourquoi jai voulu la réforme des retraites, pour que les 15,5 millions de retraités puissent se dire, peut-être que je ne peux pas aider mes enfants parce que jai une petite pension, mais au moins, je ne vivrai pas aux crochets de mes enfants, parce que je nai pas construit ma vie comme cela et pour cela ! Voilà pourquoi jai fait la réforme des retraites !
Je sais bien, je sais quil y a encore des injustices, je sais que la veuve dagriculteur qui a une pension de réversion dérisoire, alors quelle a travaillé, je dois lui apporter une réponse digne des valeurs que je défends. Je vois bien lagriculteur qui vit dans la hantise quun spéculateur, à lautre bout du monde, anéantisse le fruit de son travail. Je dois lui apporter une réponse pour lui dire comment nous allons le protéger. A tous ceux qui craignent dans lavenir de notre système de protection sociale, je veux dire que parce que nous avons pris les décisions courageuses au moment où il fallait les prendre, nous les avons protégés de ce que vivent dautres Européens aujourdhui. Imaginez ce que pense le fonctionnaire espagnol qui a vu son salaire diminuer de 10 % ! Je préfère que le fonctionnaire français men veuille parce que je nai pas remplacé un départ sur deux à la retraite, mais son pouvoir dachat, je lai garanti !
A la femme qui a peur de sortir de chez elle dans son quartier ou qui a peur au moment de prendre le métro, je nai pas de leçon de morale à lui donner, jai des réponses précises à lui apporter. Jaime vous raconter cette histoire, lautre jour, jétais dans une radio très, très aimable, où ils nont pas lhabitude de me recevoir, cest sans doute pour ça que ça les a un peu troublés. Il y avait un reportage qui était fait sur les militants de lUMP. Ils ont choisi une fédération absolument tout à fait au hasard, la fédération de la Seine-Saint-Denis. On voyait que la personne qui était interrogée, on voulait lui faire dire une bêtise, cétait une femme qui vivait en Seine-Saint-Denis et qui disait : « Jai peur, jai peur, jai peur et jai peur ! Je ne veux plus ! Jen ai assez ! » Le journaliste lui dit : « Mais enfin, madame, vous avez peur de qui ? » Elle a vu le piège, mais navait pas la possibilité de sen sortir, elle a dit : « Mais jai peur, jai peur ! » Alors, le journaliste insistait, pour vraiment quelle dise quelque chose et quon puisse me le resservir, pour naturellement que ce soit la démonstration de notre peu dhumanité, je rassure, jai un cur à gauche, à ma connaissance, il bat relativement à un rythme normal ! Cette femme qui nen pouvait plus, répond quelque chose de maladroit, mais je refuse quon lui en fasse elle dit : « Mais enfin, je vais vous dire une chose, ce nest pas les Portugais qui me font peur ! » Je ne suis pas engagé par les mots de cette femme, m-o-t-s, mais je suis engagé par la souffrance de cette femme. Si nous ne savons pas, nous, répondre à cette souffrance, il ne faudra pas sétonner que dans quelques mois dans quelques années, cette femme aille grossir les rangs des votes extrêmes ou de labstentionnisme ! Voilà la réalité telle quelle est, elle est là la réalité !
Souvenez-vous quand monsieur JOSPIN disait : « Vous navez pas peur à ceux qui prenaient le métro vous avez le sentiment davoir peur. » Ça change tout ! Vous allez chez le médecin : « Docteur, jai mal. » Il vous répond : « Non, non, non. Vous avez le sentiment davoir mal. » Nous ne pouvons pas traiter la souffrance de nos compatriotes avec tant de mépris, avec tant de suffisance, avec tant de dédain. Nous devons prendre en compte cette souffrance, y apporter des réponses précises, prendre des engagements formels, de façon à ce que toutes ces personnes, tous ces gens, tous ces Français reprennent confiance dans la République, dans la politique, dans la parole des politiques. Cest un enjeu absolument majeur qui vient bien au-delà et qui va bien au-delà de ce que je suis, de ma candidature ou de cette période.
Je voudrais dire quau fond, pour terminer, la question qui se pose pour nous, cest la civilisation dans laquelle nous voulons vivre, cest la société que nous voulons préparer à nos enfants, cest quelle France pour demain. Je voudrais dire dailleurs à mon contradicteur : Comment imaginez-vous sortir de la crise si vous niez la crise ? Comment voulez-vous faire une place pour la France dans le monde si vous niez la réalité du monde ? Je voyais quon allait dire, oh là, là, Nicolas SARKOZY va taper ! Je nai aucune raison. Je veux simplement dire ma vérité. Je veux dire aux Français : Comment sortir de la crise si on nie la crise ? Je veux dire aux Français : Comment inscrire la France dans le monde si on nie la réalité du monde ?
Ecoutons ce quon nous dit de lautre côté depuis le début de la campagne, écoutons ce quon a à faire et les alternatives proposées aux Français. La mienne, je vous propose un nouveau modèle pour la France, un nouveau modèle de croissance fondé sur le travail, leffort, le mérite, lautorité, la solidarité, la formation, linvestissement, linnovation. De lautre, on vous dit, vous pouvez dépenser, il ny a pas de crise. On peut embaucher des fonctionnaires, il ny a pas de problème de dépenses publiques. On peut continuer à augmenter les charges pesant sur le travail, il ny a pas de problème du coût du travail. Vous pouvez vous extraire de tout effort pour réduire le déficit, il ny a pas de déficit. Ne pensez pas à nos dettes, il ny a pas de dette. Ne pensez pas à la crise, il ny a pas de crise. Ne pensez pas à lEurope, il ny a pas dEurope. Quant aux Chinois, ny pensez pas, jarrive ! Ça va impressionner !
Mes chers compatriotes, japporterai des réponses précises, je prendrai des engagements précis. Mais je veux que ce deuxième tour et cette campagne se passent dans léquité, avec les règles républicaines et que chacun soit considéré et traité de la même façon. Au fond, je veux vous dire une chose, jai supporté les injures dun certain nombre de candidats et de candidates, mais je veux dire une chose, je naccepterai pas de prendre de leçons de morale de personne et certainement pas dune gauche qui voulait, avec enthousiasme, installer monsieur STRAUSS-KAHN à lElysée il y a quelques mois. Imaginez que cela fut nous ! Imaginez que cela fut nous ! Imaginez ! Imaginez ! Peu importe ! Peu importe ! Imaginez que ce soit nous ! Je veux vraiment débattre des idées, mais je dis une chose, pas vous, pas maintenant et pas ça.
Je veux bien parler de tous les sujets et jai vu quil y avait une volonté parfois de parler de largent. Mais ça fait si longtemps que les dirigeants du Parti socialiste préfèrent fréquenter les dîners en ville que les ouvriers ! Ce nest pas une raison pour leur pardonner tout ! Oh, ils ont le droit davoir des amis fortunés, surtout lorsquil sagit, avec ces amis fortunés, dacheter des journaux pour faire leur propagande ! Ça, ce nest pas gênant ! Oh, ils peuvent se rencontrer dans des restaurants de luxe, ça, ça noffusque personne ! Tenez-vous bien, ils peuvent même inviter dans leurs réunions publiques des exilés fiscaux et cela ne choque personne !
Voilà, mes chers amis, je voudrais vous dire que cette campagne doit être une campagne de vérité. Pour dire la vérité, il faut aussi accepter de parler aux Français des efforts quil y aura à faire et de ne pas sen tenir à la pensée unique. Je prends lexemple de la sécurité, je naccepte pas quon dise que la cause de la délinquance, cest la pauvreté. Je naccepte pas que lon puisse dire on est voyou parce que lon est pauvre. Parce que ceux qui disent ça ne savent pas que chez les pauvres, on éduque souvent mieux ses enfants que chez les plus riches. Parce que chez les pauvres, on a des principes, on a même parfois que cela. Chez les ouvriers, chez les travailleurs, on apprend la valeur du travail et du mérite. Chercher une excuse au voyou dans la pauvreté, cest mépriser tous les Français qui sont confrontés à la dureté de la vie, mais qui ont des principes, qui ont une morale, qui ont un sens de lhonneur, qui ne demandent quà pouvoir vivre de leur travail et transmettre leurs valeurs à leurs enfants. Voilà, mes chers amis !
Respecter, cher Marc, les plus pauvres, les respecter, cest ne pas se moquer deux, cest ne pas promettre nimporte quoi. Cest ne pas dire nimporte quoi. Cest de ne pas faire nimporte quoi pour gagner des voix. Lorsquon est prêt à vendre, à vendre, les ouvriers du nucléaire contre un accord avec les Verts, lorsquon est prêt à donner le droit de vote aux étrangers, lorsquon est prêt à régulariser massivement les sans-papiers, cest parce quon na pas le vote populaire et que lon drague le vote communautaire. Voilà la vérité ! Elle est là la vérité ! Elle est là !
Alors, je vois quon me reproche quelque chose de terrible, jai choisi de vous inviter à un très vaste rassemblement le 1er mai, le jour de la fête du travail. Parce quil me semble que nous tous, on a aussi le droit de parler du travail, de vanter le travail. Alors, jai vu que monsieur HOLLANDE nétait pas content, mais je ne savais pas que le 1er mai avait été privatisé par le Parti socialiste ! Tenez-vous bien, il nous est donc interdit de nous réunir le 1er mai ! Et nous navons pas le droit de parler du travail le 1er mai !
Alors, on me dit : Mais quest-ce que cest le vrai travail ? Je vais vous expliquer ce que cest que le vrai travail. Cest celui qui a construit toute sa vie sans demander rien à personne. Il sest levé très tôt le matin, couché très tard le soir, qui ne demande aucune félicitation, aucune décoration, rien. Cest celui qui a commencé tout en bas, qui sest hissé le plus haut possible et qui se dit je veux que mes enfants puissent vivre mieux que moi et commencer plus haut que moi. Le vrai travail, cest celui qui se dit, oh, je nai pas un gros patrimoine, mais le patrimoine que jai, jy tiens, parce quil représente tellement de sueurs, tellement de milliers, de milliers dheures de mon travail, tellement de peines, tellement de sacrifices, tellement de souffrances ! Ce patrimoine-là, on ne me le volera pas parce que cest le mien ! Cest celui de ma famille ! Jai trimé pour ce patrimoine-là et je nai pas lintention de mexcuser davoir construit cette vie ! Cest ça le vrai travail !
Le vrai travail, cest celui qui dit, toute ma vie, jai travaillé, jai payé mes cotisations, jai payé mes impôts, je nai pas fraudé, au moment de mourir, je veux laisser tout ce que jai construit à mes enfants, sans que lEtat vienne se servir en mes lieu et place ! Le vrai travail, cest celui de cet homme ou de cette femme qui a sacrifié tant de fois ses week-ends, tant de fois ses vacances, simplement parce quil avait un souci, simplement parce quil voulait faire le mieux possible ce quil avait à faire. Le vrai travail, cest celui qui a mis un genou à terre, qui a connu des problèmes, qui a connu léchec et qui, quand on a connu des problèmes et connu léchec, sest dit, cest dabord moi qui vais men sortir, je vais men sortir par mon effort, par mon mérite. Parce quau fond, ma souffrance, jai trop de fierté pour létaler devant les autres. Le vrai travail, cest celui qui est exposé à la concurrence, cest celui qui, sil ne va pas à son travail, il naura rien, sil ne se donne pas du mal, il naura rien, sil ny va pas lui-même, il naura rien. Cest celui qui connaît la crise, parce que quand il y a la crise, il est pénalisé, par le chômage partiel, par le carnet de commandes qui diminue. Le vrai travail, cest celui qui, malheureusement, nest pas protégé de toutes les crises, de toutes les difficultés. Jai envie que cette France qui travaille se rassemble à Paris le 1er mai et jai envie de lui parler de notre conception du travail !
Mes chers amis, je sais que pour vous, ça na pas été facile toute cette période. Je sais quil vous a fallu une foi inébranlable. Mais au fond, peuple de France, vous êtes indomptable, vous êtes indémoralisable, vous êtes ininfluençable. Je me disais, cest vrai, je les ai fait coucher tard dimanche soir ! Mais vous avez vu, entre 20h00 et minuit, comme les choses allaient pour nous ! Je veux vous dire une chose, cest pour vous que je fais tout ça. Cest parce que je vous sens derrière moi, cest parce que je vous sens indomptables, cest parce que je sais que vous êtes là, parce que je sais que vous navez pas peur, parce quil nous reste quinze jours, parce que durant ces quinze jours, on va aller à la conquête de la France, on va convaincre la France, on va parler à la France, on va sengager pour la France ! Oui, mes chers amis, oui, mes chers compatriotes, jai entendu votre message ! Vive la République ! Vive la France !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 24 avril 2012
La campagne du premier tour, nous lavons faite contre la caricature, contre le mensonge, aucun président navait jamais subi un tel matraquage. De fait, ils nont reculé devant rien, ils nont hésité devant aucun mauvais coup, devant aucune manipulation. On nous a dit équité, il ny avait pas déquité. Où était léquité à un contre neuf avec 10 % du temps de parole ? En plus, on aurait voulu quon dise merci et quon sexcuse davoir nos idées, nos valeurs et vous, votre candidat !
On nous a dit égalité, mais où est légalité quand il ny a pas dimpartialité ? Parfois, je regardais dautres candidats, invités dans les mêmes émissions, je me demandais étaient-ce les mêmes émissions, étaient-ce les mêmes personnes qui interviewaient ? Je veux dire quils étaient tellement plus aimables avec moi ! Et que personne ne le prenne en mauvaise part, je le dis avec le sourire, mais je le dis quand même, quand ce manque dimpartialité est le plus grand sur les chaînes financées par largent du contribuable, je voudrais rappeler quil y a des contribuables qui ne sont pas de gauche, qui ne sont pas dextrême gauche et qui ont le droit dêtre respectés dans leurs idées, dans leurs valeurs et pour leur candidat.
Malgré tout, malgré la mauvaise foi, malgré les mensonges, malgré les coups tordus, nous navons pas été balayés, comme on nous lavait promis, nous avons tenu à la surprise générale. Mieux que ça, ils disaient que la campagne nintéressait pas, ils lavaient décidé et ils prédisaient que les Français niraient pas voter. Les Français sont allés voter à plus de 80 %, cest sans doute quil y a un civisme chez les Français quil ny a pas chez les observateurs des Français.
Ils disaient les deux dernières semaines, avec un festival la dernière semaine et même encore, il faut bien le dire, entre 20h00 et 21h30, que nous allions nous effondrer. Leffondrement na pas eu lieu. Maintenant, ils disent que je suis le premier président qui nest pas en tête au premier tour. Ils oublient de rappeler que le dernier président sortant après cinq ans de cohabitation était, certes, arrivé en tête au premier tour avec moins de 20 % des voix. Les Français men ont accordé plus de 27 %. Merci ! Merci !
Alors, quand on voit le sort quon nous promettait, quand on voit ce qui sest passé dans toutes les démocraties touchées par la crise, le résultat dhier montre que les Français ont mesuré lenjeu historique de cette élection. Le résultat dhier montre que le second tour, nous pouvons, vous pouvez le regarder avec une grande confiance. Ils se sont trompés au premier, ils vont se tromper encore massivement pour le second ! Ah oui, parce quil faut que je vous dise quelque chose, ce nest pas eux qui décident, ce sont les Français qui vont décider ! Cette campagne qui commence, cest vous qui allez la mener, cest vous qui allez la conduire et cest vous qui allez décider !
Cest donc une nouvelle histoire qui va sécrire dans les deux semaines qui viennent. Elle va sécrire à partir de ce que les Français ont exprimé lors de ce premier tour. Je veux parler avec gravité aux Français qui ont exprimé leur malaise, qui vivent en silence les difficultés de leur vie quotidienne. Au fond, je veux madresser aux Français qui nen peuvent plus. Je veux leur dire que je les respecte, car, moi, je ne me permettrai pas de juger un Français dont je ne vis pas les souffrances. Quand on souffre, on a le droit de faire le choix que lon veut. Je nai pas à juger ce choix, je nai pas à donner de leçon de morale à ceux qui ont fait ce choix. Je naccepte pas que ceux qui habitent dans des quartiers où il ny a aucune souffrance et qui mettent les enfants, leurs enfants dans des écoles qui ne sont pas des écoles ghettos donnent des leçons de morale à ceux de nos compatriotes qui vivent dans des quartiers où la vie est impossible et qui mettent leurs enfants dans des écoles où la vie est si difficile !
Jai vu quon leur faisait le reproche davoir voté pour les extrêmes et notamment en faveur de la candidate du Front national. Moi, je ne leur reproche pas. Quel que soit le choix que vous avez fait, mes chers compatriotes, vous lavez fait pour des candidats qui avaient le droit de se présenter. Il ny a pas un choix qui est plus noble que dautres. Nous devons respecter le choix de tous les Français, y compris de ceux qui nont pas voté pour moi, cétait leur droit, je les respecte. Président de la République, je me sens le président de ceux qui ont voté pour moi et de ceux qui nont pas voté pour moi, cest ça un président de la République !
Jai vu que monsieur HOLLANDE parlait « au peuple de gauche », cest une différence entre nous, je parle « au peuple de France », pas à un contre lautre. Jai vu que, dès hier soir, il reprochait leur vote à ceux qui ont émis ce vote pour le Front national. Mais il y a des Français qui pensent que les choses ne peuvent pas continuer. Et de ces quatre années de crise terriblement dangereuse où tout a failli sécrouler, je tire la même leçon queux : Nous ne pouvons plus continuer ainsi. Nul ne peut imaginer ce quil nous a fallu defforts pour empêcher la catastrophe, ce quil nous a fallu defforts pour que léconomie mondiale ne seffondre pas, ce quil nous a fallu defforts pour que lEurope et leuro nimplosent pas, ce quil nous a fallu defforts pour que la France, à la différence de la Grèce, de lIrlande, de lEspagne, du Portugal ou de lIslande, ne soit pas emportée dans la tourmente. Ce quil nous a fallu defforts pour que les Français ne perdent pas leur épargne, si nous navions pas soutenu les banques, cest votre épargne qui aurait disparu, qui serait partie en fumée. A ceux qui mont reproché à lépoque dengager un plan de soutien pour les banques, je ne lai pas fait pour les banques, encore moins pour les banquiers. Je lai fait en pensant à tous ces épargnants qui ont travaillé dur et que je ne voulais pas quils fassent la queue, un jour, au guichet dune banque parce quils navaient plus confiance, parce que la ruine de leur banque, cétait la perte de votre épargne ! Aucun parmi vous na perdu son épargne !
Vous nimaginez pas ce quil a fallu defforts pour que le pouvoir dachat ne seffondre pas. Les bourses des étudiants nont pas été diminuées, à la différence de ce qui sest passé en Grande-Bretagne. Les pensions de retraite nont pas été diminuées, à la différence de ce qui sest passé en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Italie. Les allocations chômage nont pas été diminuées, à la différence de ce qui sest passé en Irlande. Vous nimaginez pas ce quil a fallu defforts pour contenir la hausse du chômage, qui, chez tant de nos voisins, a emporté toutes les digues, 220 % daugmentation du chômage chez nos amis Espagnols après sept années de gouvernement socialiste ! Le seul chef de gouvernement qui a reçu monsieur HOLLANDE, le seul chef de gouvernement dont monsieur HOLLANDE se revendiquait, cest monsieur ZAPATERO, pense-t-il la même chose aujourdhui quand on voit la situation très difficile dans laquelle se trouvent nos voisins Espagnols ? Est-ce le sort qui nous est promis ? Est-ce lexemple que nous devons suivre ?
Dimanche, les Français ont dit quaprès ces quatre années de crise qui ont rendu la vie plus difficile pour beaucoup dentre eux, ils voulaient reprendre leur destin en main. Dimanche, il y a des Français, beaucoup de Français qui ont dit : Nous ne supportons plus les spéculateurs, nous ne supportons plus les bureaucrates, nous ne supportons plus les corps intermédiaires qui veulent tout le temps décider à notre place. Mon devoir de président et de candidat, cest découter ce que disent les Français, pas de nier ce quils ont dit, découter les Français qui ont voté pour moi, mais découter aussi les Français qui ont porté leurs suffrages sur dautres candidats que moi. Cest cela la politique, cest cela la campagne électorale !
Au fond, moi, je vois ce vote comme un cri de souffrance, comme lexpression dune révolte, parfois même dune colère. Je naccepte pas quon caricature cette colère, cette souffrance et cette révolte. Elle est respectable parce quelle est sans calcul, de la part délecteurs qui se disent peut-être à tort, mais ils se le disent ainsi ! finalement, pour nous faire entendre, nous navons que ce choix et que ce vote. Je veux leur dire que nous les avons entendus et que notre façon de les respecter sera de leur répondre par des engagements précis.
Je métonne quau lieu de leur donner des leçons de morale à ces Français, ils ne comprennent pas, les autres membres de la classe politique et les autres candidats, que le message quils ont adressé, ces Français, ils ne lont pas adressé simplement à moi, ils lont adressé à toute la classe politique. Cest la classe politique tout entière qui doit lentendre. Je vais même vous dire, en employant une expression forte, ce message, cest un fait majeur dont nous devons mesurer la portée. Je vois bien que du côté de la gauche, on se bouche le nez, on regarde ces Français avec commisération, on ne comprend pas ce vote, on veut le nier, on voudrait même minterdire de parler à ces Français ! Moi, je dis non, il faut considérer cette expression comme un fait majeur, ne pas considérer que cest une anecdote.
Dautant plus que, de mon point de vue, ce sont tous les dirigeants politiques et pas simplement les Français, tous les dirigeants du continent européen et même du monde qui doivent entendre la montée partout dans le monde de ce que jappellerai « un vote de crise ». Je naime pas le mot « populiste », méprisant, comme si, dun côté, il y a les élites qui savent et, de lautre, il y a le peuple qui forcément ne sait pas. Bien sûr, cest un vote protestataire au sens de protestation, cest un vote de crise. Si nous ne changeons rien, si nous ne nous mettons pas daccord sur de nouvelles règles, nous risquons de refaire le chemin tragique des années 30, parce que les peuples ne supporteront plus les souffrances que leur infligent les désordres du monde. Voilà les conséquences et les conclusions que je tire du vote du premier tour des Français.
Je ne le prends pas à la légère ce vote, je ne le prends pas de loin. Dimanche, les Français se sont exprimés sur le fond. Quest-ce quils nous ont dit ? Quils ne veulent plus du monde, ils ne veulent plus du monde tel quil se construit depuis trente ans. Cest clair, cest lumineux. Ils ne refusent pas le monde, les Français, ils ne veulent plus du monde qui se construit depuis trente ans. Cest-à-dire quils ne veulent plus dune mondialisation sans règles. Les Français nous ont dit une chose très importante : Nous ne voulons plus être à la merci de ceux qui ne respectent rien, qui ne respectent aucun principe et aucune règle, ni en France, ni en Europe, ni dans le monde. Ils lont dit, nous devons en tenir compte ! Je prends ma part !
Ils nous ont dit quils ne veulent plus de frontières qui laissent tout passer et dune Europe passoire, ils nen veulent plus, y compris les plus Européens parmi nous ! Ils ne veulent plus, les Français qui se sont exprimés dimanche à 80 % je le rappelle aux observateurs quon les dépossède de leur mode de vie. Au fond, le message crucial, on est daccord, disent les Français, pour nous adapter au monde nouveau, mais nous voulons quon respecte notre mode de vie, car nous ne voulons pas changer notre mode de vie ! Cest le message que jai entendu ! Cest le message que je vais porter au deuxième tour de la campagne présidentielle et cest cette politique que je mettrai en uvre grâce à vous et avec votre confiance !
Ils nous ont dit cest trop facile de dire je suis Européen, je nécoute pas cela ! ils nous ont dit nous ne voulons plus dune Europe qui ne nous protège pas et qui en même temps nous accable de règlements et de normes dont on ne sait que faire. Protégez-nous davantage et laissez-nous tranquilles davantage, voilà ce quils nous ont dit, les Français ! Ça nenlève rien, Maurice, Philippe, Hervé, Claude, à lattachement que nous devons avoir à lEurope ! Mais ils nous ont dit on en a assez, nous croyons dans lEurope autant que vous, ne nous faites pas la leçon, mais nous voulons dune Europe qui nous protège et non pas qui nous accable, matin, midi et soir, de normes et de règles dont on ne comprend même pas la signification !
Par-dessus tout, je pense, ils nous ont dit on ne supporte plus quon parle à notre place. On ne supporte plus quon décide à notre place. Mais regardez la claque quils ont envoyée à tout le monde ! Alors quon leur rebattait les oreilles sur cette campagne qui nintéressait personne, ils ont choisi, les Français, librement, parce que cest le choix de la liberté daller voter en masse, stupéfiant tous les observateurs qui, à force dobserver, ne voient plus rien ! Au fond, ils nous ont dit : Rendez-nous la maîtrise de nos vies. Ce qui signifie : Permettez-nous de vivre de notre travail. Voilà la première revendication des Français.
Alors, jai pris ma part de ce message, je ne suis pas quelquun qui ne regarde pas les choses à fond, jécoute parce quune élection nest anecdotique. Quand les Français décident de voter, cest quils ont un message bien précis à nous adresser. Ce message, non seulement jai lintention de lentendre, mais den tenir compte. Je sais que tout ce que nous avons fait na pas épargné toutes les souffrances. Mais combien ces souffrances auraient été grandes si tout ce que nous avons accompli ne lavait pas été ? Je vous demande dy réfléchir. Après tant dénergie mise dans le présent, je veux mettre la même énergie dans lavenir. Il y a encore beaucoup à faire je le sais pour que la vie quotidienne change, et ce nest pas le moindre des défis de cette campagne, parler à la fois de votre vie quotidienne et fixer en même temps une perspective. Je dois penser à la perspective, au long terme, à lobjectif, à la direction, on dirait même à la vision de la France dans lEurope et de la France dans le monde. Mais je dois aussi veiller à ne pas être déconnecté de la vie quotidienne. Mon rôle, cest de parler des deux, de linfiniment petit et de linfiniment grand, pas lun sans lautre, les deux !
Alors, je suis conscient que bien des ruptures sont nécessaires, Dieu quon ma fait le procès davoir employé le mot rupture en 2007 ! Et pourtant, combien je sentais que le monde ancien était en train de mourir, que le monde nouveau narrivait pas à naître et quil fallait des ruptures ! Cest pour cela quaprès avoir posé la question de la moralisation de la finance dans le déni, le scepticisme le plus complet, je pense profondément que lon ne peut pas confier le sort du monde au seul appât du gain et de la sp??culation et pour tout dire, jen ai plus quassez que quelques individus bafouent les idées qui sont les nôtres avec des comportements qui sont intolérables, inacceptables et profondément inappropriés, pour ne pas dire injustes, injustes !
Je crois à la réussite, je crois au talent, je crois au succès. Mais il y a des gens qui se comportent avec une arrogance et une absence de distance complètes par rapport aux règles qui sont les nôtres. Je veux poser la question des frontières dans la mondialisation, quand jai posé le mot frontière, ça a été un concert de protestations, mais enfin, de quoi parle-t-on ? Moi, je pense que dans un monde où il ny a pas de frontières, cest tous nos équilibres sociaux, culturels, économiques qui seront mis en danger, mais aussi votre vie quotidienne. Parce que la frontière sert à protéger et que si nous regardons le monde tel quil est du 21ème siècle les grands pays qui réussissent sont les pays qui ont cru à la nation et qui ont décidé de faire respecter cette identité nationale. Viendrait-il à lidée des Chinois de ne pas défendre la Chine, des Brésiliens de ne pas défendre le Brésil ? Quant aux Etats-Unis dAmérique, il suffit dy aller et de voir sur une maison sur deux le drapeau américain pour comprendre que, ici, on aime son pays ! Nous aussi, nous le ferons !
Oui, les Français, comme tous les peuples du monde, les Français, comme tous les peuples du monde, ont besoin dêtre protégés. Le mot protection nest pas un gros mot, ce nest pas un mot honteux. Si on a choisi de construire lEurope avec nos voisins, cest pour être plus forts, pas pour être plus faibles. Si on a choisi de sengager dans les idées qui sont les nôtres, cest parce que, ensemble, cette communauté nationale française, à nulle autre pareille, on sest dit quà 65 millions de Français, on serait plus forts pour protéger nos familles que si chacun restait dans son coin à penser à son seul intérêt ! Parce quil y a quelque chose de plus grand que nous qui sappelle notre patrie, qui sappelle la France !
La question de la nation, la question des frontières, nation et frontière sont deux questions inséparables qui doivent être au cur du débat public, au cur de la politique. On a cru quon pouvait faire de la politique sans parler de la nation et sans parler des frontières, cest une erreur ! Parce que dans un monde aussi dur que celui dans lequel nous vivons, nul ne peut sen sortir seul. Nous avons tous, qui que nous soyons, besoin de la solidarité nationale. Nous avons tous, qui que nous soyons, besoin de nous appuyer les uns sur les autres. Tous, qui que nous soyons, besoin dunir nos forces et dunir notre intelligence. Cest cela une communauté nationale, cest cela une nation.
Dans la mondialisation, ce sont les nations qui réussissent, parce quelles portent au fond une volonté collective qui nous rend plus forts. La nation, cest une volonté de vivre ensemble, cest lexpression dune volonté collective qui nest pas faite que de laddition des volontés individuelles. Cest toutes les volontés individuelles plus la volonté collective. Pourquoi ce nest pas simplement la volonté individuelle ? Parce que la nation, cest une volonté collective du présent, mais qui remonte loin dans le passé. Parce que dans la volonté collective de la nation, il y a le souvenir de ce quont fait pour la nation vos parents, vos grands-parents, nos ancêtres, tous ceux qui ont bâti ces paysages dans cette région extraordinaire de France ! Nous ne sommes pas une page blanche ! Il ny a pas que la volonté collective de 65 millions de Français, il y a le souvenir de tous ceux qui nous ont précédés, que nous aimons encore dans notre cur, que nous navons pas oubliés, qui ont façonné nos paysages, qui ont façonné nos villages, qui ont construit nos villes, qui ont bâti nos cathédrales ! Cest cela une volonté collective nationale !
Dans la mondialisation, pour être ouverts, comme cest la tradition de la France, il ne faut pas avoir peur des autres. Pour ne pas avoir peur des autres, il faut être forts. Cest toujours la haine de soi qui pousse à la peur des autres et à la haine des autres. Quand on naime pas son pays, quand on ne respecte pas sa patrie, on déteste les autres. Parce que quand on ne saime pas soi-même, on a la haine pour les autres.
Alors, la priorité, bien sûr, cher Michel, cest que lEurope change et lEuropéen que je suis en prend lengagement solennel devant les Français. Que lEurope change pour quelle cesse dêtre perçue comme une menace et quelle soit vécue, au contraire, comme une protection. Je mengage, si lon navance pas dans cette voie, à mettre chacun en face de ses responsabilités. LEurope doit défendre ses intérêts et ses frontières. Parce que lEurope ne peut pas défendre moins ses intérêts que les autres. Si lEurope ne le fait pas, la France le fera de façon unilatérale à la place de lEurope. Parce que la France veut retrouver la maîtrise de son destin.
Donc, je le dis et cest un engagement que je prends, conclusion que je tire de ce quont dit les Français, lEurope ouverte à tous les vents, cest fini. LEurope qui ne défend pas ses frontières, cest fini. LEurope qui ne maîtrise pas ses flux migratoires, cest fini. LEurope qui ouvre ses marchés sans contrepartie et qui ne défend pas ses entreprises et ses agriculteurs, cest fini ! Jirai, mes chers compatriotes, cher Bruno, jusquau bout, jirai jusquau bout et je veux men expliquer devant vous jirai jusquau bout parce que nous sommes face à une responsabilité historique. Parce que si nous ne changeons pas, il ny aura plus dEurope et il ny aura plus douverture du monde. Parce quà ce moment-là, chacun se repliera sur soi-même. Sans doute, il faut le reconnaître, avons-nous trop cédé depuis des décennies à la technocratie et à la diplomatie.
Javais été frappé, le mot stabilité était employé dans les années 80 et 90 comme un concept de notre politique étrangère. Au nom de la stabilité, on a laissé pendant des décennies 80 millions dEuropéens bien tranquillement derrière le Mur de la honte, le Mur de Berlin. Au nom de la stabilité, on considérait quau fond lUnion soviétique, cétait mieux que lincertitude de la résurgence des nations. Au nom de la stabilité, certains avant moi pensaient quil valait mieux deux Allemagne et non une seule. Au nom de la stabilité, nous avons discuté avec des gens qui, dans leur pays, étaient des dictateurs, alors que ce nétait pas conforme aux valeurs de la République française.
Sans doute, la volonté politique, la responsabilité politique ne se sont-elles pas suffisamment affirmées. Souvent, on me fait le procès de trop de volontarisme, de vouloir mengager sur tout ! Si vous saviez comme je pense, après le vote des Français, que jaurais dû encore mengager plus fortement et faire preuve encore de plus de volonté ! Si vous saviez, au fond de moi, ce que je pense de tous ces commentaires, quand je vois toutes ces souffrances, toutes ces attentes, au fond, ce besoin damour, dintérêt, de protection ! Je me dis on na pas le droit de renoncer, pas une minute, pas sur un seul dossier ! Au fond, quest-ce quils nous demandent les Français ? Ils sont lucides, ils sont intelligents, ils ne nous demandent pas de réussir sur tout, mais quau moins, on donne le sentiment : 1) De comprendre leurs souffrances ; 2) De se donner du mal pour essayer de les résoudre !
Je ne connais pas un Français qui mait dit : Le problème avec vous, dans les cinq dernières années, cest que vous vous êtes trop occupé de nous, que vous avez mis trop dardeur à régler un dossier ! Moi, je pense que, au contraire, ils pensent que jaurais dû moccuper de tous les dossiers avec plus dardeur, mettre encore plus de volonté, essayer encore davantage, ne renoncer jamais, ne reculer jamais, voilà la différence entre ce que pense le peuple de France et ce que pensent les élites de France !
Alors, le problème, cest que la volonté politique, la responsabilité politique sont revenues pendant la crise pour faire face à une situation dramatique. Au fond, on navait pas le choix, parce que la technocratie ou la diplomatie, quand les balles ont commencé à siffler aux oreilles des pays du monde entier, oh, ils ne nous ont pas contesté la prise de pouvoir ! La technocratie, cest pourtant calme, quand il y a la crise, quand tout menace de seffondrer, il ny a pas de problème, le pouvoir est revenu aux politiques sans quon combatte.
Cest un peu comme ces grands dirigeants dentreprise qui expliquaient à longueur démission, cher Philippe, que lentreprise navait plus de nationalité. Vous vous souvenez de ce bobard ? Lentreprise monde. Lentreprise navait plus de nationalité. Elle était lentreprise du monde, elle était universelle. Mais quand le monde est rentré en crise, tous ces dirigeants dentreprise monde universelle, ils ont trouvé le chemin de la maison, personne ne sest trompé dadresse, ils ont tous su frapper à la bonne porte ! Celle où on pouvait tendre la main ! Quand il sagissait de partager les bénéfices avec les actionnaires, il fallait les laisser tranquilles et indépendants. Mais quand la crise a soufflé, on a chacun retrouvé son président et jai retrouvé les miens avec une vitesse stupéfiante ! Alors, cette volonté politique de la crise, il ne faudrait pas quune fois que le calme soit revenu, elle séteigne. Elle doit, au contraire, cette volonté politique, sexprimer plus fortement que jamais, pour éviter de nouvelles catastrophes.
Alors, après ce que les Français ont exprimé lors du premier tour, la campagne du second tour, je le dis, ne peut pas être la même que celle du premier. On ne peut pas faire comme si les Français navaient rien dit. Bien sûr, mes chers compatriotes, cest le même projet que je défendrai. Je nai à négocier avec personne. La présidentielle nest pas une affaire de négociation, de répartition de postes, de savoir qui fera quoi. Je le laisse aux autres. Je dis à mes amis : Ne vous occupez pas de ça, occupez-vous des Français et seulement des Français. Cest la même vision du monde que je défendrai, ce sont les mêmes valeurs. Mais je dois aller plus loin au deuxième tour pour répondre à lattente qui sest exprimée.
Au premier tour, les Français ne se sont pas prononcés sur les personnes, ils ont dit ce quils voulaient, une France forte qui les protège. Cest dans cette direction que jai voulu engager la France depuis cinq ans. Mais il faut aller plus loin pour que ce qui sera fait dans les cinq années qui viennent touche directement votre vie quotidienne et la vie quotidienne de ceux qui nen peuvent plus, de ceux qui ont limpression que, quels que soient leurs efforts, ils ne sen sortiront pas.
Je veux madresser à ceux dont on méprise la douleur, à tous ceux auxquels on ne donne jamais la parole, parce que, au fond, on ne veut pas entendre leurs plaintes. A tous ceux qui ne supportent plus le déni de souffrance dont ils se sentent victimes, à tous ceux qui en ont assez dentendre que linsécurité nest pas une réalité, que limmigration, ce nest pas un sujet. Le nombre dinsultes, dinjures que jai dû supporter parce que jai osé poser la question de limmigration, cest un scandale ! Cest un scandale. Les procès dintention, parce quon ose prononcer le mot, le mot lui-même serait coupable !
Je veux dire que le communautarisme, contester que ce soit une préoccupation des Français, cest ne rien comprendre à la France. La burqa sur le territoire de la République, ce nest pas anecdotique et si nous lavons interdite, cest parce que nous ne voulons pas transiger avec nos valeurs. Les délocalisations dans vos territoires, ce nest pas marginal, jen ai assez quon me dise que la désindustrialisation, ce nest pas la peine de se battre, avec tous les commentaires quon a eus parce que jai sauvé cinq à six entreprises ! On me dit cest la campagne électorale ! Et alors, il faut que jarrête de travailler ! Je ne prendrai pas la leçon, parce que nous avons sauvé des entreprises en campagne électorale, de la part de ceux qui laissaient tomber les entreprises hors campagne électorale.
Les retraites payées avec une semaine de retard, le 8 de chaque mois, alors que les loyers sont prélevés le 1er, je ne veux pas quon me dise que ce nest pas un sujet de la campagne électorale. Parce que, évidemment, quand on ne vit pas que de sa retraite, peu vous importe que lEtat fasse sa trésorerie sur votre dos ! Cest une injustice et je veux réparer cette injustice. Les artisans, les commerçants, les agriculteurs qui nen peuvent plus de laccumulation des normes, ce nest pas un problème ! Cest un problème et même un grave problème. Le travail qui rapporte moins que lassistanat, cest une véritable injustice et cette injustice, je dois y apporter une réponse.
Alors, oui, au premier tour, on ma reproché de vouloir parler au peuple de France, je vais aggraver mon cas, je veux parler aux petits, je veux parler aux sans grade, je veux parler aux ruraux qui ne veulent pas mourir, je veux parler aux travailleurs qui ne veulent pas que celui qui ne travaille pas gagne davantage que lui, je veux parler aux retraités, aux petits retraités, je veux parler à tous ceux dont lopinion ne compte pas ! Parce quils ne manifestent pas, parce quils ne protestent pas, parce quils ne cassent pas, mais quils ont le droit dêtre respectés et, nous, le devoir de leur répondre !
Je vais même être encore plus précis pour dire aux Français combien jai reçu leur message. Mettez-vous, mes chers amis, à la place de louvrier de 50 ans qui a toujours travaillé et dont lusine vient dêtre délocalisée, qui a lépouse qui na pas de travail, qui a deux ou trois enfants à finir délever et qui vit dans langoisse que son usine soit délocalisée à lautre bout du monde. Pour lui, le mot délocalisation, cest un cancer, cest une angoisse. Pour celui de lautre côté qui en parle, cest une possibilité à gagner des parts de marché. Moi, je veux parler aux deux, à celui qui croit dans le grand monde, mais aussi à celui qui a peur, alors quil ny ait pour rien, de perdre son emploi, parce que la réciprocité ne sappliquerait pas en Europe et parce que lEurope naurait pas la volonté de défendre les producteurs, les agriculteurs, les travailleurs et les entrepreneurs !
Moi, je ne dirais pas, et jai bien réfléchi à ça et jai bien réfléchi à ça, avec les convictions et lexpérience qui est la mienne, je ne dirais pas à cet homme : Faites des efforts de productivité. Je ne le dirais pas. Parce que faire des efforts de productivité, oui, mais quand on est respecté et quand on sait que dans son entreprise, on ne paiera pas quand ça va mal, mais quand ça va bien, on naura aucune part aux bénéfices qui auront été réalisés. Ça, je ne le dirais pas. Je ne le dirais pas. Parce que cest injuste.
Lautre jour, jétais aux FONDERIES DU POITOU, que nous avons sauvées, le précédent propriétaire a eu le culot de proposer aux salariés un chantage : Gagnez 25 % de moins et je reste. Je le dis, cest un scandale de parler comme ça à ceux qui sont vos collaborateurs. Jassume ce que je dis. Moi, je ne veux pas être assimilé à ceux qui sont capables de parler comme cela aux travailleurs, aux salariés dune entreprise. Parce quil ny a de richesse que dhommes. Dans une entreprise, on respecte ceux qui font marcher lentreprise !
Jai proposé un nouveau droit pour chacun, droit à la formation, quel que soit son âge, quelle que soit sa situation, quel que soit son passé, un droit à la formation. Parce que dans lidée que je me fais de notre société, chacun vaut quelque chose, chacun a une qualité, chacun a des talents à faire valoir. La formation, parce que la seule façon de vivre dignement, cest de vivre de son travail. Pas de vivre de lassistance, pas de vivre en tendant la main, pas dattendre chez soi la réponde au Curriculum Vitae qui ne vient jamais. Mais je le dis avec la même force, celui à qui nous allons donner une formation, il sera obligé daccepter loffre demploi correspondante à la formation que nous lui avons donnée.
Je veux parler à la famille surendettée parce quelle a affronté un accident de la vie, je veux votre attention sur ce sujet. Je sais dexpérience que la vie peut être cruelle, quil y a des moments où, qui que lon soit, on peut en avoir assez, on peut mettre un genou à terre. Cest la maladie, cest la délocalisation, cest pour tant de femmes qui vivent seules le divorce ou le veuvage, avec les enfants quil faut continuer à élever. Moi, je ne veux pas dire et je ne veux pas quon dise à une famille confrontée à un accident de la vie quelle est condamnée à ne jamais sen sortir. Je veux quon fasse la différence entre ceux qui ny sont pour rien, parce quon ny est pour rien dans la maladie, parce quon ny est pour rien dans la délocalisation, parce quon ny est pour rien lorsquon est une femme seule qui élève ses enfants avec un ex-mari qui ne paye pas sa pension alimentaire, je ne veux pas que cette femme, que cet homme soit fichu, quon dise quils nont plus de chance dans la vie. Ce ne sont pas les valeurs que je porte. Je veux quils puissent avoir un nouveau départ et je veux leur offrir la possibilité, comme pour une entreprise, de la faillite civile. Parce que ce quon a fait pour sauver les banques, il faut le faire pour les familles de bonne foi. Parce que, moi, je ne mets pas dans la même situation celui qui est de mauvaise foi, qui doit payer, qui doit régler ses dettes ! Nous devons combattre la fraude ! Et celui qui a mis un genou à terre tout simplement parce quil na pas eu de chance, parce que le destin sest acharné sur lui et quil a le droit à un nouveau départ !
Vous voyez la différence ! Eux, à gauche, ils parlent de la générosité comme dun concept qui sappliquerait dans nimporte quelle situation, à nimporte qui, nimporte comment, avec largent du contribuable ! Moi, je veux dire que je veux parler à chaque famille de France, regarder chaque problème, regarder chaque situation, tenir compte de chaque problème et dire à chacun : Vous aurez tous une nouvelle chance, parce que personne ne doit être condamné pour une faute quil na pas commise. Voilà ce que cest que la solidarité nationale par rapport à lassistanat national !
Pourquoi jai voulu la réforme des retraites et défendre, malgré toutes les difficultés, la nécessité dactualiser les retraites ? Je vous le dis, parce que je pense que quand on a travaillé toute sa vie et quon est retraité, on veut vivre décemment et que la chose la plus douloureuse, cest de se dire, après une vie de travail, quon va vivre aux dépens ou aux crochets de ses enfants. Voilà pourquoi jai voulu la réforme des retraites, pour que les 15,5 millions de retraités puissent se dire, peut-être que je ne peux pas aider mes enfants parce que jai une petite pension, mais au moins, je ne vivrai pas aux crochets de mes enfants, parce que je nai pas construit ma vie comme cela et pour cela ! Voilà pourquoi jai fait la réforme des retraites !
Je sais bien, je sais quil y a encore des injustices, je sais que la veuve dagriculteur qui a une pension de réversion dérisoire, alors quelle a travaillé, je dois lui apporter une réponse digne des valeurs que je défends. Je vois bien lagriculteur qui vit dans la hantise quun spéculateur, à lautre bout du monde, anéantisse le fruit de son travail. Je dois lui apporter une réponse pour lui dire comment nous allons le protéger. A tous ceux qui craignent dans lavenir de notre système de protection sociale, je veux dire que parce que nous avons pris les décisions courageuses au moment où il fallait les prendre, nous les avons protégés de ce que vivent dautres Européens aujourdhui. Imaginez ce que pense le fonctionnaire espagnol qui a vu son salaire diminuer de 10 % ! Je préfère que le fonctionnaire français men veuille parce que je nai pas remplacé un départ sur deux à la retraite, mais son pouvoir dachat, je lai garanti !
A la femme qui a peur de sortir de chez elle dans son quartier ou qui a peur au moment de prendre le métro, je nai pas de leçon de morale à lui donner, jai des réponses précises à lui apporter. Jaime vous raconter cette histoire, lautre jour, jétais dans une radio très, très aimable, où ils nont pas lhabitude de me recevoir, cest sans doute pour ça que ça les a un peu troublés. Il y avait un reportage qui était fait sur les militants de lUMP. Ils ont choisi une fédération absolument tout à fait au hasard, la fédération de la Seine-Saint-Denis. On voyait que la personne qui était interrogée, on voulait lui faire dire une bêtise, cétait une femme qui vivait en Seine-Saint-Denis et qui disait : « Jai peur, jai peur, jai peur et jai peur ! Je ne veux plus ! Jen ai assez ! » Le journaliste lui dit : « Mais enfin, madame, vous avez peur de qui ? » Elle a vu le piège, mais navait pas la possibilité de sen sortir, elle a dit : « Mais jai peur, jai peur ! » Alors, le journaliste insistait, pour vraiment quelle dise quelque chose et quon puisse me le resservir, pour naturellement que ce soit la démonstration de notre peu dhumanité, je rassure, jai un cur à gauche, à ma connaissance, il bat relativement à un rythme normal ! Cette femme qui nen pouvait plus, répond quelque chose de maladroit, mais je refuse quon lui en fasse elle dit : « Mais enfin, je vais vous dire une chose, ce nest pas les Portugais qui me font peur ! » Je ne suis pas engagé par les mots de cette femme, m-o-t-s, mais je suis engagé par la souffrance de cette femme. Si nous ne savons pas, nous, répondre à cette souffrance, il ne faudra pas sétonner que dans quelques mois dans quelques années, cette femme aille grossir les rangs des votes extrêmes ou de labstentionnisme ! Voilà la réalité telle quelle est, elle est là la réalité !
Souvenez-vous quand monsieur JOSPIN disait : « Vous navez pas peur à ceux qui prenaient le métro vous avez le sentiment davoir peur. » Ça change tout ! Vous allez chez le médecin : « Docteur, jai mal. » Il vous répond : « Non, non, non. Vous avez le sentiment davoir mal. » Nous ne pouvons pas traiter la souffrance de nos compatriotes avec tant de mépris, avec tant de suffisance, avec tant de dédain. Nous devons prendre en compte cette souffrance, y apporter des réponses précises, prendre des engagements formels, de façon à ce que toutes ces personnes, tous ces gens, tous ces Français reprennent confiance dans la République, dans la politique, dans la parole des politiques. Cest un enjeu absolument majeur qui vient bien au-delà et qui va bien au-delà de ce que je suis, de ma candidature ou de cette période.
Je voudrais dire quau fond, pour terminer, la question qui se pose pour nous, cest la civilisation dans laquelle nous voulons vivre, cest la société que nous voulons préparer à nos enfants, cest quelle France pour demain. Je voudrais dire dailleurs à mon contradicteur : Comment imaginez-vous sortir de la crise si vous niez la crise ? Comment voulez-vous faire une place pour la France dans le monde si vous niez la réalité du monde ? Je voyais quon allait dire, oh là, là, Nicolas SARKOZY va taper ! Je nai aucune raison. Je veux simplement dire ma vérité. Je veux dire aux Français : Comment sortir de la crise si on nie la crise ? Je veux dire aux Français : Comment inscrire la France dans le monde si on nie la réalité du monde ?
Ecoutons ce quon nous dit de lautre côté depuis le début de la campagne, écoutons ce quon a à faire et les alternatives proposées aux Français. La mienne, je vous propose un nouveau modèle pour la France, un nouveau modèle de croissance fondé sur le travail, leffort, le mérite, lautorité, la solidarité, la formation, linvestissement, linnovation. De lautre, on vous dit, vous pouvez dépenser, il ny a pas de crise. On peut embaucher des fonctionnaires, il ny a pas de problème de dépenses publiques. On peut continuer à augmenter les charges pesant sur le travail, il ny a pas de problème du coût du travail. Vous pouvez vous extraire de tout effort pour réduire le déficit, il ny a pas de déficit. Ne pensez pas à nos dettes, il ny a pas de dette. Ne pensez pas à la crise, il ny a pas de crise. Ne pensez pas à lEurope, il ny a pas dEurope. Quant aux Chinois, ny pensez pas, jarrive ! Ça va impressionner !
Mes chers compatriotes, japporterai des réponses précises, je prendrai des engagements précis. Mais je veux que ce deuxième tour et cette campagne se passent dans léquité, avec les règles républicaines et que chacun soit considéré et traité de la même façon. Au fond, je veux vous dire une chose, jai supporté les injures dun certain nombre de candidats et de candidates, mais je veux dire une chose, je naccepterai pas de prendre de leçons de morale de personne et certainement pas dune gauche qui voulait, avec enthousiasme, installer monsieur STRAUSS-KAHN à lElysée il y a quelques mois. Imaginez que cela fut nous ! Imaginez que cela fut nous ! Imaginez ! Imaginez ! Peu importe ! Peu importe ! Imaginez que ce soit nous ! Je veux vraiment débattre des idées, mais je dis une chose, pas vous, pas maintenant et pas ça.
Je veux bien parler de tous les sujets et jai vu quil y avait une volonté parfois de parler de largent. Mais ça fait si longtemps que les dirigeants du Parti socialiste préfèrent fréquenter les dîners en ville que les ouvriers ! Ce nest pas une raison pour leur pardonner tout ! Oh, ils ont le droit davoir des amis fortunés, surtout lorsquil sagit, avec ces amis fortunés, dacheter des journaux pour faire leur propagande ! Ça, ce nest pas gênant ! Oh, ils peuvent se rencontrer dans des restaurants de luxe, ça, ça noffusque personne ! Tenez-vous bien, ils peuvent même inviter dans leurs réunions publiques des exilés fiscaux et cela ne choque personne !
Voilà, mes chers amis, je voudrais vous dire que cette campagne doit être une campagne de vérité. Pour dire la vérité, il faut aussi accepter de parler aux Français des efforts quil y aura à faire et de ne pas sen tenir à la pensée unique. Je prends lexemple de la sécurité, je naccepte pas quon dise que la cause de la délinquance, cest la pauvreté. Je naccepte pas que lon puisse dire on est voyou parce que lon est pauvre. Parce que ceux qui disent ça ne savent pas que chez les pauvres, on éduque souvent mieux ses enfants que chez les plus riches. Parce que chez les pauvres, on a des principes, on a même parfois que cela. Chez les ouvriers, chez les travailleurs, on apprend la valeur du travail et du mérite. Chercher une excuse au voyou dans la pauvreté, cest mépriser tous les Français qui sont confrontés à la dureté de la vie, mais qui ont des principes, qui ont une morale, qui ont un sens de lhonneur, qui ne demandent quà pouvoir vivre de leur travail et transmettre leurs valeurs à leurs enfants. Voilà, mes chers amis !
Respecter, cher Marc, les plus pauvres, les respecter, cest ne pas se moquer deux, cest ne pas promettre nimporte quoi. Cest ne pas dire nimporte quoi. Cest de ne pas faire nimporte quoi pour gagner des voix. Lorsquon est prêt à vendre, à vendre, les ouvriers du nucléaire contre un accord avec les Verts, lorsquon est prêt à donner le droit de vote aux étrangers, lorsquon est prêt à régulariser massivement les sans-papiers, cest parce quon na pas le vote populaire et que lon drague le vote communautaire. Voilà la vérité ! Elle est là la vérité ! Elle est là !
Alors, je vois quon me reproche quelque chose de terrible, jai choisi de vous inviter à un très vaste rassemblement le 1er mai, le jour de la fête du travail. Parce quil me semble que nous tous, on a aussi le droit de parler du travail, de vanter le travail. Alors, jai vu que monsieur HOLLANDE nétait pas content, mais je ne savais pas que le 1er mai avait été privatisé par le Parti socialiste ! Tenez-vous bien, il nous est donc interdit de nous réunir le 1er mai ! Et nous navons pas le droit de parler du travail le 1er mai !
Alors, on me dit : Mais quest-ce que cest le vrai travail ? Je vais vous expliquer ce que cest que le vrai travail. Cest celui qui a construit toute sa vie sans demander rien à personne. Il sest levé très tôt le matin, couché très tard le soir, qui ne demande aucune félicitation, aucune décoration, rien. Cest celui qui a commencé tout en bas, qui sest hissé le plus haut possible et qui se dit je veux que mes enfants puissent vivre mieux que moi et commencer plus haut que moi. Le vrai travail, cest celui qui se dit, oh, je nai pas un gros patrimoine, mais le patrimoine que jai, jy tiens, parce quil représente tellement de sueurs, tellement de milliers, de milliers dheures de mon travail, tellement de peines, tellement de sacrifices, tellement de souffrances ! Ce patrimoine-là, on ne me le volera pas parce que cest le mien ! Cest celui de ma famille ! Jai trimé pour ce patrimoine-là et je nai pas lintention de mexcuser davoir construit cette vie ! Cest ça le vrai travail !
Le vrai travail, cest celui qui dit, toute ma vie, jai travaillé, jai payé mes cotisations, jai payé mes impôts, je nai pas fraudé, au moment de mourir, je veux laisser tout ce que jai construit à mes enfants, sans que lEtat vienne se servir en mes lieu et place ! Le vrai travail, cest celui de cet homme ou de cette femme qui a sacrifié tant de fois ses week-ends, tant de fois ses vacances, simplement parce quil avait un souci, simplement parce quil voulait faire le mieux possible ce quil avait à faire. Le vrai travail, cest celui qui a mis un genou à terre, qui a connu des problèmes, qui a connu léchec et qui, quand on a connu des problèmes et connu léchec, sest dit, cest dabord moi qui vais men sortir, je vais men sortir par mon effort, par mon mérite. Parce quau fond, ma souffrance, jai trop de fierté pour létaler devant les autres. Le vrai travail, cest celui qui est exposé à la concurrence, cest celui qui, sil ne va pas à son travail, il naura rien, sil ne se donne pas du mal, il naura rien, sil ny va pas lui-même, il naura rien. Cest celui qui connaît la crise, parce que quand il y a la crise, il est pénalisé, par le chômage partiel, par le carnet de commandes qui diminue. Le vrai travail, cest celui qui, malheureusement, nest pas protégé de toutes les crises, de toutes les difficultés. Jai envie que cette France qui travaille se rassemble à Paris le 1er mai et jai envie de lui parler de notre conception du travail !
Mes chers amis, je sais que pour vous, ça na pas été facile toute cette période. Je sais quil vous a fallu une foi inébranlable. Mais au fond, peuple de France, vous êtes indomptable, vous êtes indémoralisable, vous êtes ininfluençable. Je me disais, cest vrai, je les ai fait coucher tard dimanche soir ! Mais vous avez vu, entre 20h00 et minuit, comme les choses allaient pour nous ! Je veux vous dire une chose, cest pour vous que je fais tout ça. Cest parce que je vous sens derrière moi, cest parce que je vous sens indomptables, cest parce que je sais que vous êtes là, parce que je sais que vous navez pas peur, parce quil nous reste quinze jours, parce que durant ces quinze jours, on va aller à la conquête de la France, on va convaincre la France, on va parler à la France, on va sengager pour la France ! Oui, mes chers amis, oui, mes chers compatriotes, jai entendu votre message ! Vive la République ! Vive la France !
Source http://www.lafranceforte.fr, le 24 avril 2012