Entretien de M. Edouard Courtial, secrétaire d'Etat aux Français de l'étranger, sur le site "Lepetitjournal.com" du 25 avril 2012, sur le vote des Français de l'étranger lors du premier tour de l'élection présidentielle.

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Média : Lepetitjournal.com

Texte intégral

Q - Le taux de participation des Français établis hors de France est en baisse malgré les efforts du ministère, quel est votre sentiment sur cette participation ?
R - S’agissant du taux de participation, il est effectivement de 39,08% alors qu’il était de 40,3% au premier tour de l’élection présidentielle de 2007. On constate donc un léger fléchissement du même ordre qu’au niveau national. Nous aurions évidemment voulu qu’il soit supérieur au vu de tous les efforts déployés depuis le lancement du processus de préparation de ces élections et de mes appels à la participation lors de mes déplacements. Mais, il faut aussi souligner que nous avons un nombre d’électeurs nettement plus important en 2012 qu’en 2007 ! N’oublions pas qu’au total, 407 804 Français ont pris part au vote à l’étranger : ils n’ont jamais été si nombreux !
Q - De nombreux incidents semblent avoir émaillé ce premier tour (réception tardive des professions de foi, problème d’inscription sur les listes électorales consulaires (LEC), temps nécessaire pour aller voter dans certains bureaux de vote,…). Quels sont les problèmes dont vos services ont eu connaissance ?
R - D’abord, tous les incidents qui ont été rapportés se produisent aussi en France. Mais personne ne les mentionne. Dans certains bureaux de vote, il est vrai, il y a eu attente en raison du nombre d’électeurs et… de la participation. Et pourtant, nous avons multiplié les bureaux: une hausse de plus de 33% pour un nombre total de 786 bureaux. Vous voyez, on dit que la participation a été médiocre et qu’il y a eu attente dans des bureaux de vote … c’est donc qu’il y a affluence. Il est normal, en fonction de l’heure de la journée, qu’il y ait des «embouteillages». On en rencontre aussi en France. Mais je vous donne l’assurance que nous allons y porter remède en examinant toutes les situations et en créant, là où c’est utile, de nouveaux bureaux de vote qui fonctionneront dès le 2ème tour.
Au sujet de la réception tardive des professions de foi qui a pu être constatée : tous les courriers comportant les professions de foi ont été envoyés depuis la France puisque ces documents sont imprimés en France. C’est le dispositif le plus simple. Il faut nous en remettre au fonctionnement de la poste locale : il peut y avoir, ici ou là, parfois dans le même pays, des retards dans l’acheminement de ce matériel électoral. On ne peut pas garantir que tout le monde recevra le même jour, à la même heure, les professions de foi. Il faut savoir également qu’elles sont accessibles sur le site de la Commission Nationale de Contrôle de la Campagne électorale en vue de l’Élection présidentielle. Malgré la distance, malgré les décalages horaires, malgré certains retards dans l’acheminement du courrier, l’information était néanmoins accessible.
Au sujet des problèmes d’inscription sur les LEC, il faut être précis : il peut y avoir des Français qui s’aperçoivent le moment venu qu’ils n’ont pas été inscrits sur les LEC. Nous préparons ces élections depuis 2010. À plusieurs reprises, les Français enregistrés auprès des postes consulaires ont reçu une information par courrier ou par mail sur la préparation des échéances électorales. Ils baignent tous, depuis 2010, dans une information globale et quotidienne sur la préparation de cette élection. Il se peut que certains aient été distraits, n’aient pas bien lu les courriers qui leur ont été envoyés, n’aient pas répondu aux sollicitations des postes consulaires, ou bien aient laissé passé la date de réponse. Cela arrive fréquemment et c’est humain. Mais cela ne représente qu’un nombre infime de personnes.
Q - Des expatriés de retour en France ont également eu des difficultés pour voter. Pourquoi ?
R - Évidemment ! Quand un Français inscrit sur une liste électorale consulaire à l’étranger, revient en France sans penser à informer le poste consulaire qu’il quitte la circonscription et sans effectuer toutes les formalités de départ, simples au demeurant, et de désinscription sur la LEC, lorsqu’il arrive en France, il continue à figurer sur la liste électorale de sa commune avec la mention : «vote à l’étranger». Donc, s’il n’a pas pris la précaution à la fois d’informer le poste consulaire et sa mairie - d’ailleurs la même opération se fait à l’aide du même formulaire - son droit de vote est neutralisé.
Néanmoins, de la même manière que pour les élections de 2007, une procédure particulière a été mise en place, pour permettre à ces électeurs de signaler cette situation. Les mairies ont eu la possibilité de demander au ministère des Affaires étrangères et européennes de bien vérifier si l’intéressé était toujours inscrit sur les LEC pour l’autoriser à voter en France. Naturellement cette procédure est un peu délicate parce qu’il faut s’assurer que l’électeur ne sera pas en mesure de voter deux fois.
Il faut, j’insiste, que l’électeur prenne toutes les précautions pour vérifier sa situation à la veille d’un scrutin.
Q - Que compte mettre en place le ministère pour pallier ces problèmes pour le second tour et dans l’optique des prochaines législatives ?
R - Toutes les personnes qui ont été confrontées à cette situation au premier tour ont pu remettre de l’ordre dans leur situation comme je viens de vous l’expliquer. Si ce n’est pas encore fait, elles peuvent encore le faire avant le 2ème tour en s’adressant à leur mairie.
En ce qui concerne les élections législatives, tous ceux dont le cas aura été réglé pour l’élection du président de la République ne seront pas confrontés aux mêmes désagréments puisque la possibilité de voter en France ou à l’étranger pour la première élection vaut également pour la deuxième.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 mai 2012