Extraits d'un entretien de Mme Yamina Benguigui, ministre des Français de l'étranger et de la francophonie, avec LCI le 29 mai 2012, notamment sur le vote des Français de l'étranger à l'occasion des élections législatives.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

Q - Merci de nous réserver votre première interview en tant que ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères, chargée des Français de l’étranger et de la Francophonie. On va commencer par les Français de l’étranger. Pourquoi ? Parce qu’ils votent depuis une semaine maintenant. Ils sont un peu plus d’un million et ils élisent pour la première fois onze députés qui siègeront à l’Assemblée nationale. Ils le font via Internet, jusqu’à midi aujourd’hui. Ensuite, ils se déplaceront traditionnellement dans les consulats. Est-ce que vous avez…
R - Les 2 et 3 juin, oui…
Q - Voilà. Le 2 juin pour l’Amérique du Nord et puis après, le 3 juin, pour le reste du monde…
R - Et le 3 juin, voilà.
Q - Est-ce que vous avez déjà un taux de participation ?
R - Depuis le 23 mai, on a eu dans les premières heures à peu près 45.000 votants. Pour Internet, cela se termine aujourd’hui à midi et les estimations donnent environ 120.000 votants.
Q - Cela ne fait pas un très gros taux de participation. On sait que pour la présidentielle, les Français de l’étranger avaient voté à 50 % en gros…
R - Oui…
Q - C’est un peu «loin des yeux, loin du cœur» en quelque sorte ?
R - Justement, c’est pour cela que le vote par Internet va impulser une autre dimension pour aller voter, parce que les urnes sont parfois très éloignées. Il faut imaginer, par exemple, le Groenland, le Canada, ou même les aux États-Unis, où l’urne se trouve parfois à près de 800 kilomètres du lieu de résidence. Pour l’élection présidentielle, il n’y avait pas le vote électronique et il s’agit donc vraiment là d’une première. Il y a dans l’idée que le vote électronique sera l’avenir pour les Français vivant à l’étranger.
Q - Pour aller dans les coins les plus reculés, parce que, évidemment, il y a une circonscription, c’est la Belgique, les Pays-Bas…
R - …les plus reculés…
Q - …Là, c’est plus facile d’aller au consulat ou à l’ambassade…
R - D’aller au consulat…
Q - Ou au Canada…
R - Mais parfois, le consulat est vraiment très éloigné. Il s’agit donc d’impulser cette idée d’aller voter, même pour les expatriés pour qui la France est parfois très loin. C’est un peu revenir à cette idée de la Nation et leur dire qu’ils sont Français et, vraiment, que le vote est aussi possible pour eux.
Q - Vous le disiez, tous les Français de l’étranger auront voté après le 3 juin. Par contre, les résultats, eux, restent inconnus. Vous ne craignez pas des fuites ?
R - On espère qu’il n’y aura pas de fuites. Il est vrai que ce serait un raté s’il y en avait, mais je pense que tout le monde est assez conscient qu’il faut faire attention pour que cela marche. On est pionnier dans cette affaire et il faut mettre toutes les chances de notre côté pour que cette opération soit un succès.
(…)
Je suis vraiment la ministre de tous les Français et ma parole aujourd’hui est de leur dire qu’il faut voter. Voter, c’est exister, c’est quelque chose de très important. Il y a quelques années, j’ai travaillé sur cette notion de vote, de s’inscrire sur les listes électorales pour pouvoir voter. C’est essentiel de pouvoir voter. Donc, mon message aujourd’hui n’est pas du tout clivant, il est vraiment en direction de tous les Français, d’impulser le vote, même si on est très loin…
Q - Vous avez été un peu l’une des surprises, parmi les nominations du gouvernement Ayrault, vous êtes issue de la société civile. Que pensez-vous, avec votre profil, pouvoir apporter à l’action du gouvernement ?
R - C’est un ministère fabuleux. Je suis sous la tutelle du ministre des Affaires étrangères, je suis la ministre déléguée aux Français de l’étranger et à la Francophonie.
Quand on regarde un peu mon parcours, j’ai à près d’une vingtaine d’années d’expérience de cinéaste, mais cinéaste engagée. J’ai fait des films qui ont fait avancer des sujets sociétaux, comme les discriminations, comme «Le plafond de verre», comme «Mémoires d’immigrés», «Les femmes d’islam» ; en 92 il y avait un volet qui s’appelait «Le voile et la République». J’ai tourné dans le monde entier, j’ai été une de ces Françaises qui a été reconnue par les Françaises à l’étranger.
J’ai beaucoup participé à tous ces liens avec la Francophonie ; le cinéma en fait partie, la culture aussi. C’est une langue qui véhicule l’humanité. C’est très important de revenir aujourd’hui…
Je suis française de parents algériens. Je suis née ici, j’ai un amour pour la France. Je pense que je peux apporter cette nouvelle dimension dans la diplomatie française, qui vient de mon parcours. Dès que je suis arrivée, j’ai eu immédiatement des contacts, avec des chefs d’État africains ou du Maghreb. Je sens qu’il y a une sensibilité de cette Française un peu particulière.
(…).
source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 30 mai 2012