Texte intégral
Madame le Ministre, Mme Marie-Arlette CARLOTTI,
Monsieur le Préfet de Région, M. Hugues PARANT,
Monsieur le Député, Conseiller municipal de Marseille et représentant le Sénateur-Maire de Marseille, M. Renaud MUSELIER, Monsieur le Président du Conseil Régional, M. Michel VAUZELLE, Monsieur le Président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, M. Eugène CASELLI, Monsieur le Président du Conseil représentatif des institutions juives de France, M. Richard PRASQUIER, Monsieur le Président du Conseil français du culte musulman, M. Mohamed MOUSSAOUI, Madame la Présidente du CRIF Marseille Provence, Mme Michèle TEBOUL, Monsieur le Pasteur, Président du Consistoire protestant de lArc Phocéen, Frédéric KELLER, Monsieur le Grand Rabbin de Marseille, Reouven OHANA, Monsieur lImam de Drancy, Hassen CHALGHOUMI, Mesdames, Messieurs,
Cest pour moi une joie et un honneur de me retrouver, ce soir, parmi vous, avec ma collègue Marie-Arlette CARLOTTI, au contact de la diversité et du dynamisme des institutions juives de Marseille et plus largement celles de Provence. Une communauté, des communautés que je connais bien depuis de nombreuses années, cest donc tout naturellement que jai répondu à votre invitation.
Il fallait, en effet, que nous nous rencontrions au plus vite car jai parfaitement conscience de linquiétude qui sest diffusée, depuis des années, au sein de la communauté juive de France. Cette inquiétude est légitime ; elle nest pas nourrie dirrationnel ! Des faits objectifs, autrement dit des actes antisémites avérés, font que les Juifs de France se sentent menacés dans leur quotidien, dans leurs pratiques, leur identité et leur croyance. Pour légitime que puisse être cette inquiétude, elle ne saurait cependant être irréversible. Aussi tenais-je, avant toute chose, à vous exprimer la détermination totale de la République à ce que les Juifs de France vivent pleinement leur spiritualité et leur appartenance culturelle.
La République doit être intraitable avec toute manifestation antisémite car, quand un Juif de France est attaqué pour ce quil est ou ce en quoi il croit, cest la République, elle même, dans son essence, qui est attaquée. Toute agression perpétrée à lendroit dune religion, contre un lieu de culte, contre une église, contre un temple, contre une mosquée ou une synagogue est une grave offense faite à la République et à ses valeurs.
La République doit alors répondre de la manière la plus ferme. Cette fermeté sert un objectif : celui dune France solidement installée sur ses fondements.
Lesprit qui anime le Président de la République et le Premier Ministre est celui de la confiance et de lapaisement. Car force est de constater que, depuis quelque temps, notre pays sest divisé. Des croyances, des appartenances, des cultures, des origines mêmes ont été renvoyées dos-à-dos. Ce nest pas cela la République !
La République, elle est nécessairement diverse. Elle est le fruit dune histoire longue qui a fait se rassembler des femmes et des hommes, au-delà de leurs origines, autour dun idéal commun.
Dans la République, tout le monde doit avoir sa place, aucune religion, aucune communauté, aucun groupe ne doit en être écarté. Les Français de confession musulmane nont pas à être stigmatisés. Ils sont la France et ils enrichissent, comme les autres, notre pacte républicain. Jen profite pour saluer Monsieur Mohamed MOUSSAOUI, un homme de sagesse et de dialogue.
Marseille, ville de brassage et de diversité, est à ce titre à limage de la France. Elle est plurielle et tolérante. Et cette tolérance est notre joyau commun. Il faut le préserver de toutes les forces de la division
Dans mes fonctions de ministre de lIntérieur, jentends aussi mettre en uvre la volonté du Président de la République. Et parmi ses volontés est celle de la lutte intraitable contre le racisme et lantisémitisme.
Combattre lantisémitisme, cest nécessairement en connaître les formes et identifier les lieux où il prospère. Ce combat contre lantisémitisme doit être mené avec détermination.
Nous devons en être bien conscients : il y a dans notre pays, au côté de lantisémitisme que lon peut qualifier dhistorique ce qui ne le rend pas moins condamnable ! , un antisémitisme qui apparaît sous des formes nouvelles et se nourrit dune pensée islamiste radicale. Lhorreur de la tuerie de Toulouse et je veux saluer le Président du Consistoire de Toulouse, Monsieur Arié BENSEMHOUN ne nous a rien appris quant à lexistence de cet antisémitisme, elle en a été la traduction la plus immonde, la plus ignoble.
Il y a également un antisémitisme plus pernicieux, qui ne dit pas qui il est, et se cache derrière un antisionisme de façade.
En tant que ministre de lIntérieur, je naccepterai pas que viennent sur notre sol des soi-disant prédicateurs, des soi-disant théologiens qui prônent, que ce soit avec des mots durs ou des mots doux, la haine des Juifs. Il est temps pour les organisations qui les invitent de changer dattitude et de respecter les lois de la République. Cest en étant juste dans son diagnostic que la République pourra apporter des solutions efficaces. Je lai dit, je le répète : une politique de sécurité ne doit faire preuve daucun angélisme.
La France connaît des jours difficiles et doit faire face à un contexte budgétaire tendu. Pour autant, laction publique consiste à déterminer des objectifs dans le cadre contraint des ressources disponibles. La sécurité des Français fait partie des priorités qui ont été fixées. Et des choix ont donc été faits ! Nous ny dérogerons pas ! Marseille, qui souffre dans sa chair, ne sera pas oubliée. La France ne saurait tolérer quen son sein, la loi du plus fort surpasse les lois de la République. La série de meurtres et de règlements de compte que la ville connaît ne peut rester sans réponse. Je veux mettre un terme à ce cycle de violences inacceptable. Mais le travail sera long car je ne veux pas être dans une politique de la seule « réaction » ou du simple « réflexe »
Telles sont les conditions nécessaires pour que les fondements de notre République soient restaurés et quelle puisse avancer, sûre de ses valeurs, au premier rang desquelles figure la laïcité.
Une laïcité qui est un garant de sérénité et qui a permis au Judaïsme français dêtre parmi les plus actifs de la diaspora et à des communautés pleines de volonté de perpétuer des valeurs et travailler à leur transmission. Des valeurs notamment de tolérance, douverture, dentraide et de respect qui sont au cur de la pensée juive et également au centre de notre modèle républicain.
Notre pays, à travers son histoire, a pu préciser sa conception du terme « communauté ». Un terme qui, depuis quelque temps, il faut le reconnaître, sest éloigné de ce quil devrait signifier. Rappelons donc cette évidence : pour nous Français, une communauté doit nécessairement être une invitation à mettre en commun, à faire vivre pleinement une diversité au sein dun ensemble plus vaste qui lui donne tout son relief et toute sa cohérence. La communauté nest en rien le moyen dun repli sur soi ; elle est un regroupement qui doit nécessairement avoir pour fin louverture sur autrui.
Les Français juifs, expression quil faut préférer à celle de « Juifs de France » qui ne traduit peut-être pas assez la réalité et lintensité du lien qui unit les Juifs à la France, ont toujours apporté au pot commun de notre nation. Depuis la Révolution qui leur a ouvert les voies de lémancipation, les Français juifs ont magnifiquement et pleinement souscrit à lidéal de la République.
Cette symbiose entre la République et le Judaïsme français conduit fait remarquable ! à ce que, dans les synagogues, à chabbat et lors des offices des grandes fêtes, des prières sélèvent pour la France en demandant que celle-ci « vive heureuse et prospère, quelle soit forte et grande par lunion et la concorde et conserve son rang glorieux au sein des nations ». Ces prières demandent également que « la France, berceau des Droits de lHomme défende en tout lieu et en tout temps le droit et la liberté ».
Cette France émancipatrice a fait venir les Juifs orientaux je le dis ici tout particulièrement à Marseille ; elle a fait venir les Juifs dEurope de lEst fuyant les persécutions ; elle a enfin été pour les Juifs dAfrique du Nord une patrie pour laquelle obtenir la naturalisation constituait une grande fierté.
Cette France pourtant, un jour, a trahi cette confiance et ce, de la manière la plus coupable. Le Camp des Milles qui sera accessible à lété 2012 sera à ce titre un lieu utile pour un devoir que devons accomplir avec ténacité et assiduité celui de la Mémoire et de léducation, en particulier des jeunes générations. La Shoah est une tâche indélébile de notre histoire. Le lien entre le Judaïsme et la France est bien connu. Il mapparaît cependant nécessaire de le rappeler, ce soir, pour bien prendre la mesure de lenjeu : si les communautés juives de France venaient à douter aujourdhui, après plus de deux siècles dintégration continue, ce serait un grand mal pour notre pays et lexpression dun terrible échec pour notre République.
Une République avec laquelle le CRIF entretient un lien dune intensité toute particulière. Né de la Résistance et au moment où la France nétait plus elle-même, le CRIF est lémanation de toutes les organisations juives qui ont mis en place les réseaux clandestins de lutte contre loccupant et ont apporté assistance aux Juifs menacés par les persécutions. Le CRIF a contribué à restaurer lâme et la dignité de notre pays, et à y faire renaître des valeurs et des principes essentiels.
Ce soir, je veux rendre hommage à la diversité des associations qui composent le CRIF Marseille-Provence et qui mènent des actions dans un champ très large couvrant les questions de culte, de culture, de savoir, déducation, de solidarité, ou encore de développement économique. Vous êtes les représentants dune communauté en mouvement, traversée par des divergences dopinion certes, quelle communauté ne lest pas ? mais qui se retrouve sur lessentiel : les valeurs du Judaïsme.
Le fait dêtre à la fois des Juifs en diaspora et également profondément attachés à la France, ne saurait empêcher que des liens particuliers vous unissent à Israël. La situation de Marseille, porte ouverte sur la Méditerranée, ne peut que vous alerter davantage sur ce qui se passe là-bas au Proche Orient.
Je veux ici le redire : lEtat dIsraël, foyer spirituel de tous les Juifs, existe et existera. Pour cela, la sécurité de lEtat hébreu doit être garantie. Il convient de rappeler cette règle essentielle : jamais la terreur ne peut servir la construction dune paix. Seules les voies de la négociation doivent être explorées afin daboutir enfin ! à lexistence dun Etat dIsraël aux frontières reconnues et vivant en paix au côté dun Etat palestinien démocratique et respecté.
La Méditerranée, lieu déchanges et de tant de brassages a besoin que la paix sinstalle complètement en son sein.
Dans cet espace méditerranéen, berceau de civilisation, la France a sa singularité qui repose essentiellement sur la place déterminante quelle a donnée au principe de laïcité.
Une laïcité qui doit être comprise non pas comme lignorance du fait religieux mais comme la reconnaissance des croyances et des spiritualités qui se rangent sous un idéal commun de respect, de tolérance et de citoyenneté. Cest cette hiérarchie qui est la condition première de notre vivre-ensemble. Aucune religion nest supérieure à lautre, toute spiritualité, qui est avant tout un chemin personnel vers des questions pour lesquelles la République na pas et ne doit pas avoir de réponse, doit être respectée mais aussi laissée à la sphère privée. Je serai lun des garants vigilants de cette séparation salutaire.
Laïcité et liberté de conscience sont des piliers de notre République. Aussi faut-il rappeler cette exigence de laïcité mais dire également combien la laïcité doit être exigeante. Jentends y veiller au quotidien.
Source http://www.crif-marseilleprovence.org, le 25 mai 2012
Monsieur le Préfet de Région, M. Hugues PARANT,
Monsieur le Député, Conseiller municipal de Marseille et représentant le Sénateur-Maire de Marseille, M. Renaud MUSELIER, Monsieur le Président du Conseil Régional, M. Michel VAUZELLE, Monsieur le Président de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole, M. Eugène CASELLI, Monsieur le Président du Conseil représentatif des institutions juives de France, M. Richard PRASQUIER, Monsieur le Président du Conseil français du culte musulman, M. Mohamed MOUSSAOUI, Madame la Présidente du CRIF Marseille Provence, Mme Michèle TEBOUL, Monsieur le Pasteur, Président du Consistoire protestant de lArc Phocéen, Frédéric KELLER, Monsieur le Grand Rabbin de Marseille, Reouven OHANA, Monsieur lImam de Drancy, Hassen CHALGHOUMI, Mesdames, Messieurs,
Cest pour moi une joie et un honneur de me retrouver, ce soir, parmi vous, avec ma collègue Marie-Arlette CARLOTTI, au contact de la diversité et du dynamisme des institutions juives de Marseille et plus largement celles de Provence. Une communauté, des communautés que je connais bien depuis de nombreuses années, cest donc tout naturellement que jai répondu à votre invitation.
Il fallait, en effet, que nous nous rencontrions au plus vite car jai parfaitement conscience de linquiétude qui sest diffusée, depuis des années, au sein de la communauté juive de France. Cette inquiétude est légitime ; elle nest pas nourrie dirrationnel ! Des faits objectifs, autrement dit des actes antisémites avérés, font que les Juifs de France se sentent menacés dans leur quotidien, dans leurs pratiques, leur identité et leur croyance. Pour légitime que puisse être cette inquiétude, elle ne saurait cependant être irréversible. Aussi tenais-je, avant toute chose, à vous exprimer la détermination totale de la République à ce que les Juifs de France vivent pleinement leur spiritualité et leur appartenance culturelle.
La République doit être intraitable avec toute manifestation antisémite car, quand un Juif de France est attaqué pour ce quil est ou ce en quoi il croit, cest la République, elle même, dans son essence, qui est attaquée. Toute agression perpétrée à lendroit dune religion, contre un lieu de culte, contre une église, contre un temple, contre une mosquée ou une synagogue est une grave offense faite à la République et à ses valeurs.
La République doit alors répondre de la manière la plus ferme. Cette fermeté sert un objectif : celui dune France solidement installée sur ses fondements.
Lesprit qui anime le Président de la République et le Premier Ministre est celui de la confiance et de lapaisement. Car force est de constater que, depuis quelque temps, notre pays sest divisé. Des croyances, des appartenances, des cultures, des origines mêmes ont été renvoyées dos-à-dos. Ce nest pas cela la République !
La République, elle est nécessairement diverse. Elle est le fruit dune histoire longue qui a fait se rassembler des femmes et des hommes, au-delà de leurs origines, autour dun idéal commun.
Dans la République, tout le monde doit avoir sa place, aucune religion, aucune communauté, aucun groupe ne doit en être écarté. Les Français de confession musulmane nont pas à être stigmatisés. Ils sont la France et ils enrichissent, comme les autres, notre pacte républicain. Jen profite pour saluer Monsieur Mohamed MOUSSAOUI, un homme de sagesse et de dialogue.
Marseille, ville de brassage et de diversité, est à ce titre à limage de la France. Elle est plurielle et tolérante. Et cette tolérance est notre joyau commun. Il faut le préserver de toutes les forces de la division
Dans mes fonctions de ministre de lIntérieur, jentends aussi mettre en uvre la volonté du Président de la République. Et parmi ses volontés est celle de la lutte intraitable contre le racisme et lantisémitisme.
Combattre lantisémitisme, cest nécessairement en connaître les formes et identifier les lieux où il prospère. Ce combat contre lantisémitisme doit être mené avec détermination.
Nous devons en être bien conscients : il y a dans notre pays, au côté de lantisémitisme que lon peut qualifier dhistorique ce qui ne le rend pas moins condamnable ! , un antisémitisme qui apparaît sous des formes nouvelles et se nourrit dune pensée islamiste radicale. Lhorreur de la tuerie de Toulouse et je veux saluer le Président du Consistoire de Toulouse, Monsieur Arié BENSEMHOUN ne nous a rien appris quant à lexistence de cet antisémitisme, elle en a été la traduction la plus immonde, la plus ignoble.
Il y a également un antisémitisme plus pernicieux, qui ne dit pas qui il est, et se cache derrière un antisionisme de façade.
En tant que ministre de lIntérieur, je naccepterai pas que viennent sur notre sol des soi-disant prédicateurs, des soi-disant théologiens qui prônent, que ce soit avec des mots durs ou des mots doux, la haine des Juifs. Il est temps pour les organisations qui les invitent de changer dattitude et de respecter les lois de la République. Cest en étant juste dans son diagnostic que la République pourra apporter des solutions efficaces. Je lai dit, je le répète : une politique de sécurité ne doit faire preuve daucun angélisme.
La France connaît des jours difficiles et doit faire face à un contexte budgétaire tendu. Pour autant, laction publique consiste à déterminer des objectifs dans le cadre contraint des ressources disponibles. La sécurité des Français fait partie des priorités qui ont été fixées. Et des choix ont donc été faits ! Nous ny dérogerons pas ! Marseille, qui souffre dans sa chair, ne sera pas oubliée. La France ne saurait tolérer quen son sein, la loi du plus fort surpasse les lois de la République. La série de meurtres et de règlements de compte que la ville connaît ne peut rester sans réponse. Je veux mettre un terme à ce cycle de violences inacceptable. Mais le travail sera long car je ne veux pas être dans une politique de la seule « réaction » ou du simple « réflexe »
Telles sont les conditions nécessaires pour que les fondements de notre République soient restaurés et quelle puisse avancer, sûre de ses valeurs, au premier rang desquelles figure la laïcité.
Une laïcité qui est un garant de sérénité et qui a permis au Judaïsme français dêtre parmi les plus actifs de la diaspora et à des communautés pleines de volonté de perpétuer des valeurs et travailler à leur transmission. Des valeurs notamment de tolérance, douverture, dentraide et de respect qui sont au cur de la pensée juive et également au centre de notre modèle républicain.
Notre pays, à travers son histoire, a pu préciser sa conception du terme « communauté ». Un terme qui, depuis quelque temps, il faut le reconnaître, sest éloigné de ce quil devrait signifier. Rappelons donc cette évidence : pour nous Français, une communauté doit nécessairement être une invitation à mettre en commun, à faire vivre pleinement une diversité au sein dun ensemble plus vaste qui lui donne tout son relief et toute sa cohérence. La communauté nest en rien le moyen dun repli sur soi ; elle est un regroupement qui doit nécessairement avoir pour fin louverture sur autrui.
Les Français juifs, expression quil faut préférer à celle de « Juifs de France » qui ne traduit peut-être pas assez la réalité et lintensité du lien qui unit les Juifs à la France, ont toujours apporté au pot commun de notre nation. Depuis la Révolution qui leur a ouvert les voies de lémancipation, les Français juifs ont magnifiquement et pleinement souscrit à lidéal de la République.
Cette symbiose entre la République et le Judaïsme français conduit fait remarquable ! à ce que, dans les synagogues, à chabbat et lors des offices des grandes fêtes, des prières sélèvent pour la France en demandant que celle-ci « vive heureuse et prospère, quelle soit forte et grande par lunion et la concorde et conserve son rang glorieux au sein des nations ». Ces prières demandent également que « la France, berceau des Droits de lHomme défende en tout lieu et en tout temps le droit et la liberté ».
Cette France émancipatrice a fait venir les Juifs orientaux je le dis ici tout particulièrement à Marseille ; elle a fait venir les Juifs dEurope de lEst fuyant les persécutions ; elle a enfin été pour les Juifs dAfrique du Nord une patrie pour laquelle obtenir la naturalisation constituait une grande fierté.
Cette France pourtant, un jour, a trahi cette confiance et ce, de la manière la plus coupable. Le Camp des Milles qui sera accessible à lété 2012 sera à ce titre un lieu utile pour un devoir que devons accomplir avec ténacité et assiduité celui de la Mémoire et de léducation, en particulier des jeunes générations. La Shoah est une tâche indélébile de notre histoire. Le lien entre le Judaïsme et la France est bien connu. Il mapparaît cependant nécessaire de le rappeler, ce soir, pour bien prendre la mesure de lenjeu : si les communautés juives de France venaient à douter aujourdhui, après plus de deux siècles dintégration continue, ce serait un grand mal pour notre pays et lexpression dun terrible échec pour notre République.
Une République avec laquelle le CRIF entretient un lien dune intensité toute particulière. Né de la Résistance et au moment où la France nétait plus elle-même, le CRIF est lémanation de toutes les organisations juives qui ont mis en place les réseaux clandestins de lutte contre loccupant et ont apporté assistance aux Juifs menacés par les persécutions. Le CRIF a contribué à restaurer lâme et la dignité de notre pays, et à y faire renaître des valeurs et des principes essentiels.
Ce soir, je veux rendre hommage à la diversité des associations qui composent le CRIF Marseille-Provence et qui mènent des actions dans un champ très large couvrant les questions de culte, de culture, de savoir, déducation, de solidarité, ou encore de développement économique. Vous êtes les représentants dune communauté en mouvement, traversée par des divergences dopinion certes, quelle communauté ne lest pas ? mais qui se retrouve sur lessentiel : les valeurs du Judaïsme.
Le fait dêtre à la fois des Juifs en diaspora et également profondément attachés à la France, ne saurait empêcher que des liens particuliers vous unissent à Israël. La situation de Marseille, porte ouverte sur la Méditerranée, ne peut que vous alerter davantage sur ce qui se passe là-bas au Proche Orient.
Je veux ici le redire : lEtat dIsraël, foyer spirituel de tous les Juifs, existe et existera. Pour cela, la sécurité de lEtat hébreu doit être garantie. Il convient de rappeler cette règle essentielle : jamais la terreur ne peut servir la construction dune paix. Seules les voies de la négociation doivent être explorées afin daboutir enfin ! à lexistence dun Etat dIsraël aux frontières reconnues et vivant en paix au côté dun Etat palestinien démocratique et respecté.
La Méditerranée, lieu déchanges et de tant de brassages a besoin que la paix sinstalle complètement en son sein.
Dans cet espace méditerranéen, berceau de civilisation, la France a sa singularité qui repose essentiellement sur la place déterminante quelle a donnée au principe de laïcité.
Une laïcité qui doit être comprise non pas comme lignorance du fait religieux mais comme la reconnaissance des croyances et des spiritualités qui se rangent sous un idéal commun de respect, de tolérance et de citoyenneté. Cest cette hiérarchie qui est la condition première de notre vivre-ensemble. Aucune religion nest supérieure à lautre, toute spiritualité, qui est avant tout un chemin personnel vers des questions pour lesquelles la République na pas et ne doit pas avoir de réponse, doit être respectée mais aussi laissée à la sphère privée. Je serai lun des garants vigilants de cette séparation salutaire.
Laïcité et liberté de conscience sont des piliers de notre République. Aussi faut-il rappeler cette exigence de laïcité mais dire également combien la laïcité doit être exigeante. Jentends y veiller au quotidien.
Source http://www.crif-marseilleprovence.org, le 25 mai 2012