Texte intégral
Q - Comment avez-vous vécu cette terrible nouvelle, samedi ?
R - Jai été informé tôt samedi matin des événements qui venaient de survenir en Afghanistan. Jen ai ressenti une très profonde tristesse, dautant plus que, lors de mon passage à Nijrab le 25 mai dernier avec le président de la République, javais croisé certains des jeunes gens tués samedi. Je pense en ce moment à leurs familles mais également aux blessés à qui je rendrai visite aujourdhui ainsi quà tous leurs compagnons darmes qui sont frappés par le deuil. Lorsquon sen prend à des soldats, le ministre de la Défense se sent immédiatement concerné lui-même. Jai parlé avec le président de la République qui ma demandé de me rendre aujourdhui en Afghanistan.
Q - Au poste que vous occupez, vous êtes lun des mieux placés pour savoir que, tôt ou tard, vous auriez à subir cette épreuve
R - Je me suis préparé à un tel événement lorsque je me suis rendu sur place il y a deux semaines, en me disant que nous étions là-bas dans une situation de guerre, que nos soldats y remplissaient une mission de façon exemplaire, et en sachant quen effet, un jour, nous aurions peut-être à déplorer dautres morts et quil faudrait y faire face. Cest ce qua fait le président avec beaucoup de détermination hier mais cest aussi ce qui est demandé à la nation tout entière. Qui, dans ces circonstances, fait preuve dunité, de soutien et de respect à légard de ses soldats.
Q - Les militaires tués samedi ne sont pas morts au combat
R - Cest vrai, et cest très symbolique. Ils étaient en compagnie de 250 hommes dont des soldats afghans pour une mission à partir de notre base avancée de Nijrab et dont lobjectif était double : sécuriser un itinéraire routier, sur lequel ils ont dailleurs réussi à démanteler un engin explosif, et se rendre, comme ils le font régulièrement, au contact de la population. Leurs entretiens avec les anciens du village où ils se sont rendus devaient permettre didentifier des microprojets de développement dans la vallée de la Kapisa. Cest à ce moment précis quun terroriste kamikaze sest fait exploser parmi eux, tuant également des Afghans. Autrement dit, ce ne sont pas seulement les Français qui étaient visés mais leur travail sur place au service de la population locale.
Q - La dernière fois que des soldats français sont morts dans des circonstances similaires en juillet dernier, le président Sarkozy avait souhaité que ce genre de missions à lextérieur de nos bases devienne moins fréquent.
R - Oui, mais la difficulté, cest que, lorsquon a affaire à des agresseurs qui ne craignent pas pour leur vie, la prévention du risque est extrêmement difficile. Des mesures de sécurité avaient été prises lété dernier et lune des raisons de mon déplacement aujourdhui est de refaire un point sur les dispositifs prévus pour ce genre de sortie.
Q - Est-il prévu, en attendant, dannuler ou de reporter ce genre de patrouilles à lextérieur de nos bases ?
R - Notre mission continue jusquà la fin 2012 avec clarté et détermination afin que les Afghans puissent alors prendre leurs responsabilités sécuritaires et retrouver leur pleine souveraineté. Pour autant, il est impératif dêtre plus vigilant sur ces exigences de sécurité. Mais nous avons bien conscience de la difficulté. Il y a eu plusieurs dizaines dattentats de ce genre contre les forces de lOTAN. Depuis le début de lannée, on compte 125 morts dans les rangs des forces internationales. Cela demande à nos hommes du sang froid mais il ny a pas de risque zéro lorsquon est en guerre.
Q - Est-ce que cet attentat contre nos troupes risque de ralentir le retrait ordonné par le président afin que nos unités combattantes quittent lAfghanistan dici à la fin décembre 2012 ?
R - Ce retrait devait démarrer dès le mois prochain Sur le fond, non, le calendrier reste le même. Nos forces combattantes auront quitté la Kapisa avant la fin de lannée, mais ce retrait doit se faire dans des conditions de sécurité car cest le risque majeur, tant pour nos troupes que pour nos matériels dans la deuxième phase du retrait logistique au début de 2013.
Q - Vous ne craignez pas que les Français se disent que lon sen va parce que les conditions se dégradent et pour avoir le moins de pertes possibles ?
R - Nous sommes dans une alliance. Nous avons pris des engagements et nous les respectons. Je rappelle que lensemble des forces de la coalition aura quitté lAfghanistan en 2014. La transition ne se fait pas sans risques de la même façon que la présence nétait pas sans risques. Aujourdhui, en assistant à la levée des corps de nos soldats morts en mission et en rendant visite aux blessés, je témoignerai de la solidarité de la nation à légard de nos troupes engagées dans cette mission, une mission accomplie avec beaucoup de courage.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2012
R - Jai été informé tôt samedi matin des événements qui venaient de survenir en Afghanistan. Jen ai ressenti une très profonde tristesse, dautant plus que, lors de mon passage à Nijrab le 25 mai dernier avec le président de la République, javais croisé certains des jeunes gens tués samedi. Je pense en ce moment à leurs familles mais également aux blessés à qui je rendrai visite aujourdhui ainsi quà tous leurs compagnons darmes qui sont frappés par le deuil. Lorsquon sen prend à des soldats, le ministre de la Défense se sent immédiatement concerné lui-même. Jai parlé avec le président de la République qui ma demandé de me rendre aujourdhui en Afghanistan.
Q - Au poste que vous occupez, vous êtes lun des mieux placés pour savoir que, tôt ou tard, vous auriez à subir cette épreuve
R - Je me suis préparé à un tel événement lorsque je me suis rendu sur place il y a deux semaines, en me disant que nous étions là-bas dans une situation de guerre, que nos soldats y remplissaient une mission de façon exemplaire, et en sachant quen effet, un jour, nous aurions peut-être à déplorer dautres morts et quil faudrait y faire face. Cest ce qua fait le président avec beaucoup de détermination hier mais cest aussi ce qui est demandé à la nation tout entière. Qui, dans ces circonstances, fait preuve dunité, de soutien et de respect à légard de ses soldats.
Q - Les militaires tués samedi ne sont pas morts au combat
R - Cest vrai, et cest très symbolique. Ils étaient en compagnie de 250 hommes dont des soldats afghans pour une mission à partir de notre base avancée de Nijrab et dont lobjectif était double : sécuriser un itinéraire routier, sur lequel ils ont dailleurs réussi à démanteler un engin explosif, et se rendre, comme ils le font régulièrement, au contact de la population. Leurs entretiens avec les anciens du village où ils se sont rendus devaient permettre didentifier des microprojets de développement dans la vallée de la Kapisa. Cest à ce moment précis quun terroriste kamikaze sest fait exploser parmi eux, tuant également des Afghans. Autrement dit, ce ne sont pas seulement les Français qui étaient visés mais leur travail sur place au service de la population locale.
Q - La dernière fois que des soldats français sont morts dans des circonstances similaires en juillet dernier, le président Sarkozy avait souhaité que ce genre de missions à lextérieur de nos bases devienne moins fréquent.
R - Oui, mais la difficulté, cest que, lorsquon a affaire à des agresseurs qui ne craignent pas pour leur vie, la prévention du risque est extrêmement difficile. Des mesures de sécurité avaient été prises lété dernier et lune des raisons de mon déplacement aujourdhui est de refaire un point sur les dispositifs prévus pour ce genre de sortie.
Q - Est-il prévu, en attendant, dannuler ou de reporter ce genre de patrouilles à lextérieur de nos bases ?
R - Notre mission continue jusquà la fin 2012 avec clarté et détermination afin que les Afghans puissent alors prendre leurs responsabilités sécuritaires et retrouver leur pleine souveraineté. Pour autant, il est impératif dêtre plus vigilant sur ces exigences de sécurité. Mais nous avons bien conscience de la difficulté. Il y a eu plusieurs dizaines dattentats de ce genre contre les forces de lOTAN. Depuis le début de lannée, on compte 125 morts dans les rangs des forces internationales. Cela demande à nos hommes du sang froid mais il ny a pas de risque zéro lorsquon est en guerre.
Q - Est-ce que cet attentat contre nos troupes risque de ralentir le retrait ordonné par le président afin que nos unités combattantes quittent lAfghanistan dici à la fin décembre 2012 ?
R - Ce retrait devait démarrer dès le mois prochain Sur le fond, non, le calendrier reste le même. Nos forces combattantes auront quitté la Kapisa avant la fin de lannée, mais ce retrait doit se faire dans des conditions de sécurité car cest le risque majeur, tant pour nos troupes que pour nos matériels dans la deuxième phase du retrait logistique au début de 2013.
Q - Vous ne craignez pas que les Français se disent que lon sen va parce que les conditions se dégradent et pour avoir le moins de pertes possibles ?
R - Nous sommes dans une alliance. Nous avons pris des engagements et nous les respectons. Je rappelle que lensemble des forces de la coalition aura quitté lAfghanistan en 2014. La transition ne se fait pas sans risques de la même façon que la présence nétait pas sans risques. Aujourdhui, en assistant à la levée des corps de nos soldats morts en mission et en rendant visite aux blessés, je témoignerai de la solidarité de la nation à légard de nos troupes engagées dans cette mission, une mission accomplie avec beaucoup de courage.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 juin 2012