Texte intégral
Officiers, sous-officiers,
officiers mariniers, soldats,
Cest avec beaucoup démotion que je madresse à vous ce matin.
Il était presque huit heures en France, avant-hier, lorsque jai appris, par le chef détat-major des armées et par mon directeur de cabinet, quune attaque suicide venait demporter la vie de quatre de vos compagnons darmes, ainsi que celle de deux interprètes afghans, et de blesser cinq autres de vos camarades et plusieurs civils afghans, à quelques kilomètres dici.
Jai immédiatement pensé à Nijrab, à ceux dentre vous que javais rencontrés lors de ma première visite à la FOB, avec le Président de la République. Et je nai cessé de me demander si javais alors croisé le regard de ladjudant-chef Serrat, du Maréchal des logis-chef Prudhom, du Maréchal des logis Lumineau ou du Brigadier Marcillian. Jai pensé à eux. Jai pensé à vous, jai pensé aussi à vos camarades qui ont été blessés et auprès desquels je me suis rendu hier soir.
Jai pensé à vous parce que vous êtes engagés pour la France, dans lune des régions les plus difficiles dAfghanistan. Jai pensé bien sûr aux familles. A celles et ceux que les autorités civiles et militaires sont allées rencontrer, dès samedi, pour annoncer la mort dun mari, dun père, dun frère, dun fils. Jai pensé aussi à toutes vos familles qui, elles aussi, ont vécu des heures difficiles, dans lattente dune nouvelle. Et dans ces circonstances, je sais combien la solidarité cimente la communauté militaire, autour des familles autant que sur le théâtre, cest pourquoi le chef détat-major des armées et le chef détat-major de larmée de terre ont tenu à maccompagner ce matin.
Je voudrais vous dire aussi que lémotion a été grande en France. Le Président de la République ma immédiatement appelé après que nous ayons été prévenus et ma demandé de me rendre auprès de vous. Dès samedi après-midi, à lissue dune commémoration dun massacre perpétré à Tulle en juin 1944, pendant la seconde guerre mondiale, le Président de la République sest adressé solennellement à la nation, pour saluer la mémoire des victimes et pour vous apporter, à vous, son soutien. Et vous le savez, un hommage national sera rendu dans la cour des Invalides jeudi. Parce que, lorsquon sen prend à nos militaires, cest le cur de la nation qui est meurtri. Et jai été frappé de lensemble de lémotion que lon a pu constater en France : tous les matchs ont eu une minute de silence auparavant samedi, pour eux, pour vous. Il y a vraiment une considération, une solidarité qui sest manifestée.
Cest pourquoi je suis venu ici vous apporter un message de France. Dans cette épreuve tragique, comme dans le quotidien de vos missions, cest le pays tout entier qui est rassemblé autour de vous. Votre mission est difficile, vous le savez, nous le savons, votre engagement est exemplaire. La nation est fière de vous. Je dois vous dire que le ministre de la défense est impressionné par votre détermination et votre sang-froid.
Dans la province de Kapisa, dans les opérations de sécurisation que vous menez, opérations dans lesquelles le contact direct des populations est indispensable, vous uvrez toujours dans lintérêt de la France.
Vous faites preuve dun professionnalisme et dun courage dacier qui vous honorent, parce quils ne vous ont jamais fait défaut, comme ils nont pas fait défaut, samedi, aux soldats du 40ème régiment dartillerie de Suippes, du GIACM de Lyon, du 16ème bataillon de chasseurs de Bitche et du 13ème régiment du génie de Valdahon.
Nous avions deux objectifs ici, sur ce théâtre : garantir à lAfghanistan sa souveraineté par la création de forces de sécurité propres, et contenir Al Qaida. Quon se le dise, grâce à vous, grâce aux forces de la coalition, grâce au travail exemplaire que vous avez déjà accompli, ces deux objectifs sont en passe dêtre atteints. Jai eu loccasion de le dire au journal de 20 heures, le soir de lattaque suicide, et cest pourquoi, vous méritez le plus profond respect, et ce que je vous dis ici, je le fais au nom du Président de la République et du Gouvernement.
Votre mission continue. Lattaque de samedi ne change pas le sens de votre engagement. Vous en connaissez le risque. Je salue le sang-froid dont vous faites preuve, dont vous avez fait la preuve encore dans les circonstances les plus difficiles. Je veux dire ici, avec force, que votre sécurité est une priorité majeure. Il y a un calendrier, je lai dis au chef détat-major tout à lheure et il y a la sécurité. La sécurité prime sur le calendrier, quon le sache !
Je voulais aussi rappeler ce que le Président de la République a eu loccasion de vous dire ici. La situation a changé, la mutation se fait, les efforts qui ont été menés permettent de mettre en uvre la transition dans le district de Surobi et de commencer à le faire dans la province de Kapisa.
Je vais dailleurs mentretenir tout à lheure avec le Président Karzaï : au-delà de ces régions qui nous concernent, cest lensemble de lAfghanistan qui est concerné par le processus de transition. Le désengagement des forces de la coalition a déjà commencé et, en ce qui concerne la France, il se poursuivra sur le calendrier indiqué.
Mais, comme la annoncé le Président de la République, notre engagement en Afghanistan restera. Nous nallons pas abandonner la population afghane, nous allons transférer les responsabilités de sécurité aux Afghans eux-mêmes, dans le respect de leur souveraineté, car chaque pays a vocation à avoir sa souveraineté et son intégrité. Nous concentrerons nos actions sur la coopération telle quelle a été définie par le traité damitié franco-afghan, qui sera soumis à lAssemblée Nationale dans peu de temps, et nous allons concentrer nos efforts sur la coopération au-delà de 2014. Sur la formation, en y intégrant la formation militaire, sur lhôpital et sur laéroport, dont nous allons avoir la charge. Il sagit duvrer au développement de lAfghanistan et de fertiliser sur la durée laction que nous avons menée, que vous avez menée et vous continuez à mener ici.
Avant de vous rejoindre pour échanger avec vous, je voudrais pour terminer vous redire aux uns et aux autres, à vous tous, officiers, sous-officiers, caporaux chefs, officiers mariniers, caporaux et soldats du groupement tactique interarmes STEEL, et à vous tous, militaires de la Task Force Lafayette, je tiens à vous redire mon admiration et mon soutien total, en mon nom propre, au nom du Gouvernement, et au nom du Président de la République.
Vive la République, vive la France !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 juin 2012
officiers mariniers, soldats,
Cest avec beaucoup démotion que je madresse à vous ce matin.
Il était presque huit heures en France, avant-hier, lorsque jai appris, par le chef détat-major des armées et par mon directeur de cabinet, quune attaque suicide venait demporter la vie de quatre de vos compagnons darmes, ainsi que celle de deux interprètes afghans, et de blesser cinq autres de vos camarades et plusieurs civils afghans, à quelques kilomètres dici.
Jai immédiatement pensé à Nijrab, à ceux dentre vous que javais rencontrés lors de ma première visite à la FOB, avec le Président de la République. Et je nai cessé de me demander si javais alors croisé le regard de ladjudant-chef Serrat, du Maréchal des logis-chef Prudhom, du Maréchal des logis Lumineau ou du Brigadier Marcillian. Jai pensé à eux. Jai pensé à vous, jai pensé aussi à vos camarades qui ont été blessés et auprès desquels je me suis rendu hier soir.
Jai pensé à vous parce que vous êtes engagés pour la France, dans lune des régions les plus difficiles dAfghanistan. Jai pensé bien sûr aux familles. A celles et ceux que les autorités civiles et militaires sont allées rencontrer, dès samedi, pour annoncer la mort dun mari, dun père, dun frère, dun fils. Jai pensé aussi à toutes vos familles qui, elles aussi, ont vécu des heures difficiles, dans lattente dune nouvelle. Et dans ces circonstances, je sais combien la solidarité cimente la communauté militaire, autour des familles autant que sur le théâtre, cest pourquoi le chef détat-major des armées et le chef détat-major de larmée de terre ont tenu à maccompagner ce matin.
Je voudrais vous dire aussi que lémotion a été grande en France. Le Président de la République ma immédiatement appelé après que nous ayons été prévenus et ma demandé de me rendre auprès de vous. Dès samedi après-midi, à lissue dune commémoration dun massacre perpétré à Tulle en juin 1944, pendant la seconde guerre mondiale, le Président de la République sest adressé solennellement à la nation, pour saluer la mémoire des victimes et pour vous apporter, à vous, son soutien. Et vous le savez, un hommage national sera rendu dans la cour des Invalides jeudi. Parce que, lorsquon sen prend à nos militaires, cest le cur de la nation qui est meurtri. Et jai été frappé de lensemble de lémotion que lon a pu constater en France : tous les matchs ont eu une minute de silence auparavant samedi, pour eux, pour vous. Il y a vraiment une considération, une solidarité qui sest manifestée.
Cest pourquoi je suis venu ici vous apporter un message de France. Dans cette épreuve tragique, comme dans le quotidien de vos missions, cest le pays tout entier qui est rassemblé autour de vous. Votre mission est difficile, vous le savez, nous le savons, votre engagement est exemplaire. La nation est fière de vous. Je dois vous dire que le ministre de la défense est impressionné par votre détermination et votre sang-froid.
Dans la province de Kapisa, dans les opérations de sécurisation que vous menez, opérations dans lesquelles le contact direct des populations est indispensable, vous uvrez toujours dans lintérêt de la France.
Vous faites preuve dun professionnalisme et dun courage dacier qui vous honorent, parce quils ne vous ont jamais fait défaut, comme ils nont pas fait défaut, samedi, aux soldats du 40ème régiment dartillerie de Suippes, du GIACM de Lyon, du 16ème bataillon de chasseurs de Bitche et du 13ème régiment du génie de Valdahon.
Nous avions deux objectifs ici, sur ce théâtre : garantir à lAfghanistan sa souveraineté par la création de forces de sécurité propres, et contenir Al Qaida. Quon se le dise, grâce à vous, grâce aux forces de la coalition, grâce au travail exemplaire que vous avez déjà accompli, ces deux objectifs sont en passe dêtre atteints. Jai eu loccasion de le dire au journal de 20 heures, le soir de lattaque suicide, et cest pourquoi, vous méritez le plus profond respect, et ce que je vous dis ici, je le fais au nom du Président de la République et du Gouvernement.
Votre mission continue. Lattaque de samedi ne change pas le sens de votre engagement. Vous en connaissez le risque. Je salue le sang-froid dont vous faites preuve, dont vous avez fait la preuve encore dans les circonstances les plus difficiles. Je veux dire ici, avec force, que votre sécurité est une priorité majeure. Il y a un calendrier, je lai dis au chef détat-major tout à lheure et il y a la sécurité. La sécurité prime sur le calendrier, quon le sache !
Je voulais aussi rappeler ce que le Président de la République a eu loccasion de vous dire ici. La situation a changé, la mutation se fait, les efforts qui ont été menés permettent de mettre en uvre la transition dans le district de Surobi et de commencer à le faire dans la province de Kapisa.
Je vais dailleurs mentretenir tout à lheure avec le Président Karzaï : au-delà de ces régions qui nous concernent, cest lensemble de lAfghanistan qui est concerné par le processus de transition. Le désengagement des forces de la coalition a déjà commencé et, en ce qui concerne la France, il se poursuivra sur le calendrier indiqué.
Mais, comme la annoncé le Président de la République, notre engagement en Afghanistan restera. Nous nallons pas abandonner la population afghane, nous allons transférer les responsabilités de sécurité aux Afghans eux-mêmes, dans le respect de leur souveraineté, car chaque pays a vocation à avoir sa souveraineté et son intégrité. Nous concentrerons nos actions sur la coopération telle quelle a été définie par le traité damitié franco-afghan, qui sera soumis à lAssemblée Nationale dans peu de temps, et nous allons concentrer nos efforts sur la coopération au-delà de 2014. Sur la formation, en y intégrant la formation militaire, sur lhôpital et sur laéroport, dont nous allons avoir la charge. Il sagit duvrer au développement de lAfghanistan et de fertiliser sur la durée laction que nous avons menée, que vous avez menée et vous continuez à mener ici.
Avant de vous rejoindre pour échanger avec vous, je voudrais pour terminer vous redire aux uns et aux autres, à vous tous, officiers, sous-officiers, caporaux chefs, officiers mariniers, caporaux et soldats du groupement tactique interarmes STEEL, et à vous tous, militaires de la Task Force Lafayette, je tiens à vous redire mon admiration et mon soutien total, en mon nom propre, au nom du Gouvernement, et au nom du Président de la République.
Vive la République, vive la France !
Source http://www.defense.gouv.fr, le 13 juin 2012