Texte intégral
Monsieur le vice-président, mesdames, messieurs les ministres, mesdames, messieurs. Je voudrais dabord remercier le vice-président de la Conférence nationale de lindustrie, Jean-François DEHECQ, vous remercier chaleureusement non seulement pour votre accueil mais aussi pour lengagement et la détermination qui est la vôtre pour faire vivre cette Conférence nationale de lindustrie et la rendre utile. Et vous avez su créer, je crois, un bon climat déchanges qui sest dans la franchise, de la lucidité et qui abordent toutes les questions qui concernent lavenir de lindustrie de notre pays. Donc cest un travail très important que je tiens particulièrement à saluer.
Cest donc mon premier rendez-vous avec vous, ça aurait pu être une simple prise de contact institutionnel entre le Premier ministre que je suis et les membres dun organisme qui est placé sous mon autorité. Cest un usage, à chaque changement de gouvernement on vient installer à nouveau. Mais comme je lai rappelé hier en concluant les travaux de la grande conférence sociale, le redressement de notre économie nécessite un nouvel élan collectif, une mobilisation générale, je lai dit dans ma déclaration de politique générale. Mais ce nest pas pour moi quune formule, je crois quil y a urgence à mobiliser en partant dun diagnostic, je lai dit, lucide, si possible partagé pour nous conduire à agir pertinemment, efficacement, durablement et en mobilisant toutes les forces qui peuvent concourir au redressement du pays et tout particulièrement de notre industrie. Cest donc un moment pour moi solennel mais pour vous aussi je pense puisque vous êtes venus là nombreux, attentifs et en même temps exigeants, jen suis conscient.
Nous sommes face à un grand défi et si vous êtes là cest parce que vous avez comme moi conscience que nous pouvons le relever, nous ne sommes pas des défaitistes, nous ne nous résignons pas, la France a des atouts mais quand même il faut chercher les réponses, les voies pour restaurer durablement la compétitivité et lexcellence de notre industrie. Cest dailleurs lobjet de la mission que jai confiée, je lai annoncé hier, à Louis GALLOIS, il est dailleurs présent à cette réunion, je len remercie. Je le remercie surtout davoir accepté toutes les missions que je lui ai confiées, il y en a plusieurs, puisque, comme vous le savez, il a aussi la responsabilité du Commissariat général à linvestissement placé sous lautorité du Premier ministre. Mais cest parce que ce défi est de taille que jai voulu vous rencontrer aujourdhui pour partager avec vous le projet que porte mon gouvernement et lambition pour lindustrie française et vous faire part de quelques attentes. Vous êtes un organe de concertation à la fois large et novateur et je souhaite que cette Conférence nationale de lindustrie et le ministre du Redressement productif propose quon lappelle dailleurs Conseil national de lindustrie, cest une bonne suggestion, en tout cas il doit désormais pleinement son rôle surtout dans la durée et comme force de conseils et de propositions.
Dailleurs, après plus de deux ans dexistence, et vous venez de le dire, cette conférence est aujourdhui un exemple de ce que devrait être chacun de ses comités, il en existe beaucoup, je suis actuellement en train den faire linventaire à Matignon, de conseils, de commissions pas toutes utiles, dont certaines ont vocation à disparaitre. Jai même proposé hier den supprimer plusieurs et de les regrouper dans un organisme conseil à prospective qui permettrait à tous les partenaires économiques et sociaux davoir un lieu de concertation, danalyse et daide aux choix et un peu sur le modèle du Conseil dorientation des retraites, ce qui nécessitera évidemment den supprimer plusieurs autres, mais avec vraiment une volonté davoir une connaissance précise, exacte de toutes les questions qui se posent à notre pays et surtout être capable de nous projeter dans lavenir et donc daider à faire les choix à la fois pour les décideurs publics en particulier le gouvernement mais aussi le monde économique mais aussi les partenaires sociaux.
Donc je voudrais à cet égard saluer linitiative de mon prédécesseur qui est à lorigine de cette Conférence nationale de lindustrie, je le répète, ma présence ici nest pas que formelle, cet organe interministériel, qui est dailleurs présidé par le Premier ministre officiellement, jy tiens particulièrement parce que la situation de notre pays lexige et nous ne réussirons pas si nous ne sommes pas capables dassocier aux réflexions, à la préparation des décisions lensemble du tissu entrepreneurial et industriel français avec le concours des ministres et tout particulièrement celui du Redressement productif mais aussi de votre concours, monsieur le président Jean-François DEHECQ. Et bien entendu avec la coordination nécessaire avec les autres ministres et particulièrement tous ceux qui sont présents ici et en premier lieu Pierre MOSCOVICI, ministre de lEconomie et des Finances.
Vous avez rappelé en quelques mots lessentiel de vos travaux, je considère que votre conférence est exemplaire parce que vous avez su mettre en place des forums de dialogue de très grande qualité qui sont surtout respectés par tous et qui sont animés aussi dun esprit collectif, on sent cet esprit collectif, et surtout constructif, un esprit positif. Vous êtes à la fois des chefs dentreprise, vous êtes aussi des responsables dorganisations syndicales, vous êtes aussi des représentants de la société civile et vous avez su dans ce cadre dépasser des postures mais aussi les rhétoriques habituelles pour mieux vous concentrer sur les enjeux fondamentaux. Ce nest pas toujours simple à faire mais vous lavez fait. Donc merci, merci monsieur le vice-président DEHECQ davoir su justement créer un climat et surtout permis à chacun de sexprimer et accepté aussi la diversité des situations et des opinions. Je pense ne particulier votre souci de donner la parole aux petites et moyennes entreprises qui sont souvent les plus affectées, les premières victimes de dégâts économiques ou de restructurations et qui se sentent souvent abandonnées et donc dailleurs quand il y a des restructurations on parle peu, on parle peu, on parle des plus grosses mais peu des petites et des moyennes, donc cette considération est essentielle. Cette qualité du dialogue est précieuse, elle est donc au cur de notre démarche et au cur du pacte productif que je veux promouvoir.
Mais vous êtes aussi exemplaire par lampleur du travail que vous avez accompli à partir des décisions menées à très vaste échelle et cela sur tout le territoire. Vous avez su structurer plusieurs milliers de contributions individuelles, cest dire lenvie de participer, lenvie de contribuer, lenvie de réussir. Et ça ne métonne pas, moi quand je me déplace sur le territoire national, une région à lautre, mais mon expérience personnelle men avait convaincu déjà depuis longtemps, quand je rencontre des chefs dentreprise, quand je rencontre des responsables de collectivités locales, quand je rencontre des syndicalistes, ils me disent « on a tous envie de participer, on a tous envie de réussir et de sortir en quelque sorte des sentiers battus, des postures et des positions que parfois à une échelle nationale on retrouve trop souvent et quà léchelle territoriale on retrouve beaucoup moins parce que lorsquil y a des projets proposés là les gens sont prêts à se mobiliser parce quils ont envie de réussir, ils ont surtout la capacité de réussir, lesprit dinvention, lesprit dentreprise, le goût de lavenir en quelque sorte. Et donc de ce point de vue aussi la conférence nationale est exemplaire par son approche novatrice et surtout réussie en termes de filières.
Vous avez créé 12 comités stratégiques de filières, créer une liste des représentants de lensemble des acteurs concernés et notamment, je lai dit, les petites entreprises, et qui a permis de mettre en évidence les priorités propres à chacun et en particulier à chacun des secteurs et la nécessité absolue de disposer de filières structurées et solidaires. Ca cest, à mon avis, là quil y a aussi beaucoup de progrès à faire parce quon ne peut pas réussir si on ne joue pas collectif. Je le disais à propos de mon expérience territoriale, lorsque nous avons des résultats cest parce quau-delà des opinions, des histoires personnelles, des cheminements des uns et des autres, lorsquil y a un projet quon a su se battre ensemble pour le faire valoir et le mettre en uvre, alors on a des résultats et cest comme ça quon y arrivera. Mais il faut aussi des stratégies et il faut les avoir aussi par filières. Et quand on compare souvent, parce quon nous dit les exemples étrangers, moi je ne cherche pas des exemples, je ne dis pas quil faut importer un exemple ou un modèle mais malgré tout on peut quand même regarder comment les autres font et quand ils font bien sen inspirer. Et on prend souvent en exemple le modèle allemand, il nest pas le seul. Si on va en Autriche, si on va en République tchèque, peut-être aux Pays-Bas ou au Danemark, on va retrouver des choses similaires mais lAllemagne est sans doute par sa taille, par son histoire le pays le plus proche du nôtre et quand on regarde les acteurs savent être solidaires, solidaires dans leur pays, solidaires en Europe et solidaires aussi à léchelle internationale. Et ça ça donne des résultats, donc cest à nous aussi de veiller scrupuleusement à accompagner et non pas faire à leur place mais à accompagner à linternational en les associant aux efforts dinnovation, en instaurant des comportements vertueux, chaque filière, lensemble des acteurs.
Et donc vos travaux ont permis didentifier un certain nombre de freins à la compétitivité et ce travail est particulièrement riche et il doit inspirer notre politique industrielle parce que lheure de laction est désormais venue et je pense que nous pouvons si nous le voulons créer le sursaut collectif nécessaire avec une ambition qui est celle de mettre fin au décrochage réel de notre industrie et de retrouver durablement une place au premier rang de lindustrie mondiale. Je lai dit dans ma déclaration de politique générale, un pays sans industrie cest un pays sans avenir. Et malheureusement nous sommes face à une situation préoccupante, en 10 ans la part de lindustrie dans la richesse produite en France a diminué de 30%, celle de lemploi industriel dans lemploi total de 20%, 750 000 emplois industriels ont été perdus en 10 ans, cest considérable. Et cest vrai aussi que les derniers plans de restructuration annoncés ces derniers jours ou ces dernières semaines témoignent de cette tendance lourde et peuvent aussi conduire au découragement.
Sur ce plan, le gouvernement et notamment le ministre du Redressement productif mais aussi avec les autres ministres et encore une fois particulièrement celui de lEconomie et des Finances sont totalement mobilisés face à cette situation durgence économique et sociale. Là il sagit dune position défensive mais il faut lavoir à la fois à léchelle nationale sur des gros dossiers et vous les connaissez tous mais aussi à léchelle territoriale parce quil ne faut pas oublier les PME qui sont concernées par ces situations. Certaines peuvent être sans difficulté avec un effort bien entendu à une solidarité redressées, faut-il en avoir la volonté mais cest possible. Parfois, il faut faire preuve de créativité et dimagination, résister aux tendances lourdes, aux habitudes, et cest ce que nous faisons. La nomination dans chaque préfecture de région dun commissaire à lindustrialisation a pour but justement dêtre linterlocuteur permanent de tous les acteurs mais aussi avant même les futures lois de décentralisation de mobiliser les grandes collectivités territoriales, je pense en particulier aux régions qui font déjà beaucoup et qui sont prêtes à faire plus. Mais ça cest la position défensive avec toutes les différentes situations que je viens dévoquer, je ne vais pas les décrire davantage mais il y a des filières très touchées, je pense à la filière automobile, qui nécessiteront au-delà de lexamen de chaque situation une action globale, forte, rapide et durable, donc nous y travaillons, le ministre vous en parlera je pense aussi.
Mais, vous lavez compris, la volonté du gouvernement cest dinscrire cette action dans la durée sur une politique de long terme et pas seulement défensive mais offensive. Et donc cest vrai que cela va au-delà de la gestion au jour le jour dune situation dégradée et dont nous héritons mais je en suis pas là pour simplement dire cest lhéritage, nous sommes au pouvoir, nous sommes aux postes de responsabilités, donc nous avons le devoir de faire face, de résister, dagir, même si cette action, je ne le cache pas, est difficile. Cest donc maintenant quil faut aussi engager les réformes en profondeur pour donner à notre industrie les moyens de figurer durablement parmi les meilleures du monde. Et la France nest pas nimporte quel pays et elle doit avoir cette ambition en partant de nos atouts, jai décrit des choses qui ne marchent pas, des choses négatives mais il y a aussi beaucoup de choses qui marchent, beaucoup de capacités, beaucoup dintelligence, beaucoup de réussite aussi dont il faudrait parler pour entraîner les autres. Et donc parfois il faut changer un certain nombre de choses, remettre en cause certains politiques. Et cest vrai que nous avons besoin de formations dexcellence mais nous avons beaucoup de main-duvre très qualifiée, nous avons avec cette main-duvre qualifiée une bonne productivité, une main-duvre motivée, partons aussi de cette réalité même si malheureusement il y a encore trop de jeunes éloignés des métiers de lindustrie alors soit par léchec scolaire, soit par le manque dintérêt pour ces métiers et donc ça aussi cest un défi à relever. Mais le grand chantier de la reconstruction de notre système éducatif et qui passe dabord par un effort massif au niveau du début des cycles et en particulier le cycle primaire doit avoir aussi comme objectif dintéresser les jeunes aux métiers professionnels et de lindustrie et le faire dès le départ avec le souci de la transmission dune culture scientifique et technique qui fait aujourdhui défaut dans notre pays.
Et là encore je parle de ma propre expérience de maire que je ne suis plus, il faut respecter nos engagements en matière de cumul des mandats puis ça serait quand même très difficile de faire les deux. Mais jai lexpérience dun travail sur la culture scientifique et technique avec les écoles, les grandes écoles, un certain nombre dassociations et il y a des résultats. On voit changer les mentalités, on voit changer les habitudes, on voit dépasser les craintes et on voit dépasser les visions... image dÉpinal dune industrie qui se résumerait aux hauts-fourneaux ou aux grandes usines polluantes.
Alors, quand on montre les métiers daujourd'hui, ah ! Les jeunes se disent : mais cest bien, cest intéressant. Donc cest aussi un effort collectif que nous devons faire et ça passe dabord par lécole et aussi par la formation de nos maîtres qui verront (sic) enfin à nouveau pouvoir bénéficier, pardon, dune formation professionnelle digne de ce nom parce que cest quand même paradoxal que ceux qui ne sont plus formés, ce sont ceux qui sont chargés de former les autres.
Donc, vous voyez, il y a beaucoup de choses à changer là aussi mais aussi les infrastructures adaptées, modernisées, des services publics de qualité. Un service public de qualité contribue à lattractivité dun pays, contribue à lattractivité du territoire. Et puis, bien sûr, vous êtes les mieux placés pour le redire, un haut niveau de recherche et de développement avec lambition de soutenir des champions nationaux dans chaque filière.
Mais lEurope doit contribuer à cela. Et vous disiez, Monsieur le président : « Est-ce que lEurope existe ? » Des décisions importantes viennent dêtre prises au Conseil européen. Certains les trouveront insuffisantes mais elles vont dans la bonne direction parce que cest vrai quil y a de quoi être inquiet de voir la situation de certains pays européens et la manière dont, sommet après sommet, Conseil après Conseil, on prétend avoir solutionné et sans le faire vraiment la crise.
Là, les décisions qui ont été prises les 28 et 29 mai, je pense, même si elles sont encore insuffisantes, elles doivent être confirmées et Pierre MOSCOVICI était à la réunion de lEurogroupe lundi et il sait quil faut se battre là encore, mais le pacte de croissance et demploi qui a été adopté peut permettre de dégager des financements dinfrastructures stratégiques, soutenir des projets innovants, une politique commerciale fondée sur le principe de la réciprocité. Ce sont aussi les décisions qui ont été prises et le bénéfice actuel. Et donc il faut quon soit prêts. Il faut que les différents ministères et le Commissariat général à lInvestissement travaille darrache-pied sans tarder pour présenter des projets parce que sils sont financés aujourd'hui par la BANQUE PUBLIQUE DINVESTISSEMENT, avec leffet de levier que ça représente, les project bonds, bon, tout ça est en marche. Ne soyons pas les derniers à être présents.
La compétitivité est nécessaire, je lai dit, mais elle est nécessaire aussi pour créer davantage de richesse, faire reculer le chômage, améliorer les conditions de travail des salariés, faire progresser leur niveau de vie. Elle est donc nécessaire aussi pour pérenniser notre modèle social. Tout cela fait partie du grand pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi que le gouvernement propose au pays et vous propose dabord. Et je souhaite que lensemble des leviers de la compétitivité soit discuté et cela sans tabou, je lai dit aussi.
Certains dentre eux ont été évoqués lors de la Conférence sociale hier et ils vont faire lobjet dun agenda spécifique. Je pense à la question souvent évoquée, concernant lindustrie, du coût du travail et aux modalités de financement de notre protection sociale. Il est hors de question de faire reculer le niveau de protection sociale. La protection sociale (santé, retraite) est au cur même du pacte républicain et donc garantie pour le pays de sa pérennité, de son avenir et donc de la cohésion, jallais dire, nationale. Donc il ne sagit pas de laffaiblir. Simplement, il faut trouver les bonnes réponses.
La mission que jai confiée à Louis GALLOIS pour préparer les bases de ce pacte tiendra naturellement compte de vos travaux mais sinscrit aussi dans le prolongement direct de la démarche engagée au cours des deux derniers jours dans le cadre de cette grande Conférence sociale. Donc Louis GALLOIS participera à vos débats et, bien entendu, je pense que dès le mois doctobre, on aura déjà un certain nombre déclairages.
En tout cas, jai engagé, avec détermination, responsabilité, aussi, vous le savez, un vaste programme de redressement de nos comptes publics. Je souhaite que soit établi, en parallèle et avec la même volonté, un agenda de compétitivité qui orientera notre politique industrielle. Les thèmes que vous avez-vous-mêmes identifiés seront au cur de vos travaux et inspireront je le souhaite des propositions très concrètes, très opérationnelles. Je ne citerai que quelques exemples pour ne pas être long. Je pense que la France doit se doter dune avance compétitive dans le domaine des nouvelles technologies en sappuyant, là aussi, sur le Commissariat général à lInvestissement, sur les dispositifs européens je viens de les évoquer. Il faut encourager les entreprises qui innovent et nous favoriserons également lutilisation et la diffusion des nouvelles technologies dans le quotidien des entreprises.
Linnovation sera aussi au cur de la transition écologique et énergétique que mon gouvernement entend promouvoir. Nous voulons développer, là aussi, une croissance verte qui sera jen suis convaincu , pour les décennies à venir, lune des composantes majeures de notre redressement productif. Mais il faut sen donner les moyens. Et il y a aussi là une dimension européenne. Vous connaissez les engagements du président de la République en la matière. Jen dis juste un mot sans être long. Le président de la République sest engagé à développer ce quon appelle un mix énergétique. Dun côté, il y a limmense chantier de lefficacité énergétique : les économies dénergie mais aussi la sobriété, la, une manière différente de fonctionner. Ça cest sans doute le premier chantier. Cest vrai pour le logement, cest vrai pour les transports, cest vrai pour les entreprises. Chacun a sa part à y prendre, cest vrai, bon, pour les particuliers. Mais cest aussi le développement des énergies renouvelables où la France a pris des engagements mais il y a encore du retard de pris. En tout cas, là, il ne sagit pas davoir un yo-yo permanent, notamment des règles fiscales. On la vu avec les conséquences parfois dramatiques pour un certain nombre de secteurs économiques ou dentreprises. Donc il faut que les choses soient claires, stables et durables.
Et puis enfin lobjectif à lhorizon 2025 donc il faut du temps pour ça, pour réussir , cest de réduire la part de la production, la part du nucléaire dans la production délectricité de 75 à 50 %. Mais ce qui veut dire quil reste et quil doit rester une filière industrielle du nucléaire et pas seulement pour démanteler ou déconstruire, mais aussi parce que nous garderons durablement une part dindustrie nucléaire. Donc le savoir-faire français apprécié dailleurs à léchelle internationale sera préservé. Je tenais à vous le rappeler.
Quant aux conditions de financement des entreprises et dabord des PME, elles doivent être améliorées. Nous allons créer un véritable service public on peut le dire de financement et de mobilisation des financements de nos entreprises pour coordonner beaucoup mieux et plus efficacement ce qui existe déjà, amplifier les moyens, simplifier aussi et rendre plus efficace. Cest lobjet de la BANQUE PUBLIQUE DINVESTISSEMENT que prépare Pierre MOSCOVICI pour la fin de lannée. Dès lautomne, nous en aurons les éléments constitutifs parce quil y a urgence.
Là aussi, quand je rencontre les chefs dentreprise, ils me parlent de financement, ils me parlent de trésorerie, ils me parlent de toutes ces difficultés-là. Parfois, de grands dossiers mais aussi beaucoup de petits ! Mais les petits ne sont pas négligeables, ils créent une dynamique, ils créent du lien, ils créent de la force. Et puis là aussi, rien ne sera possible si cette démarche nouvelle reste centralisée. Et je ne veux pas ouvrir un débat, Monsieur DEHECQ (phon), sur qui est girondin ou qui est jacobin. On est un peu les deux parce que lÉtat, il est aussi le garant, le garant de légalité entre les citoyens, le garant de légalité entre les territoires. Donc cest son rôle et il ne doit pas avoir peur de continuer à le jouer pleinement et peut-être davantage et pas forcément soccuper de tout.
Cest pour ça que le gouvernement va engager un nouvel acte de la décentralisation en concevant que lÉtat doit se recentrer sur ses missions essentielles dabord stratégiques je lai dit tout à lheure , garant de légalité mais aussi acteur pour impulser. Mais la mise en uvre des politiques concrètes, pratiques, ça se fait sur le terrain. La France a des ressources, de lintelligence, des capacités humaines, dentreprises, de collectivités territoriales mais elles sont sur les territoires. Quand on se déplace en France et vous le savez comme moi , on voit que la France a changé toutes ces années. Elle a changé souvent parce quil y a eu des initiatives locales et territoriales. Alors certains pourront les contester, certains diront quelles sont coûteuses ou inutiles. Mais globalement, la France sest modernisée souvent par là.
Et mon expérience je ne veux pas vous le redire encore une autre fois, ce sera la dernière , cest que jai toujours trouvé, avec moi, sur des projets, des chefs dentreprise. Je pense à ceux des organisations professionnelles, ceux des Chambres de commerce et dindustrie, des Chambres de métiers qui, à chaque fois quil y avait un projet et quils étaient capables de sintéresser, pas seulement à leur métier mais aussi à leur environnement, aux questions de société et qui se battaient pour que ça marche et qui avaient, une fois le résultat acquis, que ce soit sur les territoires urbains ou les territoires ruraux, la fierté davoir accompli cela. Et je pense que le levier de la fierté, le levier, je dirais, de lambition collective et de lambition partagée, au-delà des sensibilités de chacun, cest un levier qui nous permettra de gagner et de réussir.
En tout cas, au cur, il y a les PME je lai dit , celles qui créent de lemploi et qui doivent donc bénéficier en priorité de nos choix et des soutiens que nous devrons apporter à travers notamment une politique fiscale plus favorable. Aussi permettre à nos PME daccéder à la commande publique et là, on sait que cest très difficile en Europe, en France. Et donc cest aussi une manière de favoriser leur croissance, leur développement et les soutenir vers lexportation et conquérir ainsi de nouvelles parts de marché.
Vous le soulignez vous-mêmes dans vos travaux et vous lavez redit, Monsieur DEHECQ (phon), lenvironnement réglementaire et administratif des entreprises est parfois très complexe et décourageant et donc je vous invite à faire des propositions. Je demande aussi aux membres du gouvernement concernés pour simplifier. Ce ne sera pas si facile que ça une fois quon la dit. Simplifier, tout le monde est daccord. Après, quand on va passer à lacte, on va bien trouver une bonne raison de garder telle ou telle réglementation et pas seulement celles qui sont issues des volontés des bureaux, des ministères. Parfois, ils en produisent un peu trop. Parfois, lorsque lÉtat est faible sur les territoires, il a tendance à créer de la norme pour affirmer son autorité. On sait ça mais il ny a pas que ça ! Il y a la société civile elle-même qui redemande des règles, qui demande une couche de plus.
Donc cest pour ça que ça ne peut se faire que si on accepte aussi le débat, la confrontation avec lobjectif principal et à voir après comment on sy prend. Ça ne viendra pas tout seul. Cest pour ça que la démarche, je dirais, de négociation, la démarche de dialogue, la démarche de concertation, quels que soient les sujets, elle est incontournable sinon on ne réussit rien. Le décret ne suffit pas, surtout dans cette matière.
En tout cas, cest vrai que certains secteurs souffrent dun excès de rigidité qui pèse aussi sur la croissance, qui pèse même sur le pouvoir dachat. Donc il faudra avancer avec pragmatisme. Notre stratégie industrielle doit permettre aussi la création dun nouvel écosystème qui sera favorable ainsi au développement de nos entreprises.
La contrepartie de cet engagement de lÉtat doit être claire. Je lai dit, il a pour bout de stimuler un sursaut collectif des entreprises elles-mêmes. Donc il est souhaitable que chaque filière se dote dune feuille de route qui soit très opérationnelle, très concrète, avec des engagements solidaires des entreprises entre elles, grands groupes et grands donneurs dordres et aussi les PME et les TPE et des partenaires sociaux qui doivent être autour de la table je pense au dialogue social territorial en tenant compte, bien sûr, des bassins demploi.
Le redressement productif je conclus sera laffaire de tous et ici, vous en êtes plus convaincus encore que quiconque. Mesdames, Messieurs, cest vrai, jai conscience que le chantier qui est devant nous est lourd mais il est crucial et il déterminera en grande partie lavenir de la France. Donc, moi, je vous donne un rendez-vous pour une conférence en grand format. Donc je reviendrai je lai dit, ce nest pas par politesse parce que ce rendez-vous est utile, il est indispensable.
Je termine pour vous dire que cette grand ambition de redressement dans la justice qui est celle du président de la République, jai évoqué des mesures durgence, mesures durgence par rapport aux restructurations industrielles, mesures durgence pour préparer la rentrée scolaire, mesures durgence pour contribuer à léquilibre de nos comptes publics je pense à la loi de finances rectificative de 2012 , mais ne pourra permettre ce redressement que si nous engageons des réformes de structure. Donc le pacte productif dont jai parlé en est une des composantes essentielles. La reconstruction de notre système éducatif également. Et il ne sagit pas de mettre uniquement des postes. Il faut mettre des moyens ! Tous les pays qui ont une éducation, un système éducatif performant ont mis les moyens ! Cest de linvestissement ! Jai parlé de la formation des maîtres mais cest aussi une réorganisation, cest un autre état desprit. Donc cest une réforme que nous engageons et cest pour ça que jai ouvert lautre jour, avec le ministre de lÉducation nationale, Vincent PEILLON, les, la concertation parce quil faudra, là aussi, bouger.
Lautre grande réforme, cest la réforme fiscale avec premier objectif, cest la justice parce quon ne peut pas demander aux Français un effort, alors quils savent quil faudra faire des efforts tout le monde sait quil y a des efforts à faire , sils ne sont pas convaincus que ces efforts sont justes. Et puis la réforme fiscale, elle a aussi le but dêtre efficace sur le plan économique et de prendre en compte aussi les dimensions essentielles de lécologie. Donc cest un vaste chantier qui ne fait que souvrir. Et donc là aussi on aura besoin de vos contributions. Et puis cest je lai dit la transition énergétique et le grand chantier de la réforme de lÉtat et de la décentralisation auquel je tiens particulièrement, non pas pour faire bien mais parce que cest la garantie de la réussite.
Voilà, Mesdames, Messieurs, Monsieur le vice-président, Mesdames, Messieurs les ministres, létat desprit qui est le mien, qui est celui de mon gouvernement qui est la conscience que nous avons aussi de la gravité, de la difficulté des problèmes mais aussi de la confiance que nous avons dans les capacités de la France que vous représentez à travers vos engagements respectifs, actions de tous les jours. Et encore une fois, je vous remercie de consacrer du temps, au-delà de vos obligations professionnelles, à cette réflexion et à ces travaux de proposition qui seront utiles non seulement à lindustrie mais utiles à la France. Je vous remercie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 12 juillet 2012
Cest donc mon premier rendez-vous avec vous, ça aurait pu être une simple prise de contact institutionnel entre le Premier ministre que je suis et les membres dun organisme qui est placé sous mon autorité. Cest un usage, à chaque changement de gouvernement on vient installer à nouveau. Mais comme je lai rappelé hier en concluant les travaux de la grande conférence sociale, le redressement de notre économie nécessite un nouvel élan collectif, une mobilisation générale, je lai dit dans ma déclaration de politique générale. Mais ce nest pas pour moi quune formule, je crois quil y a urgence à mobiliser en partant dun diagnostic, je lai dit, lucide, si possible partagé pour nous conduire à agir pertinemment, efficacement, durablement et en mobilisant toutes les forces qui peuvent concourir au redressement du pays et tout particulièrement de notre industrie. Cest donc un moment pour moi solennel mais pour vous aussi je pense puisque vous êtes venus là nombreux, attentifs et en même temps exigeants, jen suis conscient.
Nous sommes face à un grand défi et si vous êtes là cest parce que vous avez comme moi conscience que nous pouvons le relever, nous ne sommes pas des défaitistes, nous ne nous résignons pas, la France a des atouts mais quand même il faut chercher les réponses, les voies pour restaurer durablement la compétitivité et lexcellence de notre industrie. Cest dailleurs lobjet de la mission que jai confiée, je lai annoncé hier, à Louis GALLOIS, il est dailleurs présent à cette réunion, je len remercie. Je le remercie surtout davoir accepté toutes les missions que je lui ai confiées, il y en a plusieurs, puisque, comme vous le savez, il a aussi la responsabilité du Commissariat général à linvestissement placé sous lautorité du Premier ministre. Mais cest parce que ce défi est de taille que jai voulu vous rencontrer aujourdhui pour partager avec vous le projet que porte mon gouvernement et lambition pour lindustrie française et vous faire part de quelques attentes. Vous êtes un organe de concertation à la fois large et novateur et je souhaite que cette Conférence nationale de lindustrie et le ministre du Redressement productif propose quon lappelle dailleurs Conseil national de lindustrie, cest une bonne suggestion, en tout cas il doit désormais pleinement son rôle surtout dans la durée et comme force de conseils et de propositions.
Dailleurs, après plus de deux ans dexistence, et vous venez de le dire, cette conférence est aujourdhui un exemple de ce que devrait être chacun de ses comités, il en existe beaucoup, je suis actuellement en train den faire linventaire à Matignon, de conseils, de commissions pas toutes utiles, dont certaines ont vocation à disparaitre. Jai même proposé hier den supprimer plusieurs et de les regrouper dans un organisme conseil à prospective qui permettrait à tous les partenaires économiques et sociaux davoir un lieu de concertation, danalyse et daide aux choix et un peu sur le modèle du Conseil dorientation des retraites, ce qui nécessitera évidemment den supprimer plusieurs autres, mais avec vraiment une volonté davoir une connaissance précise, exacte de toutes les questions qui se posent à notre pays et surtout être capable de nous projeter dans lavenir et donc daider à faire les choix à la fois pour les décideurs publics en particulier le gouvernement mais aussi le monde économique mais aussi les partenaires sociaux.
Donc je voudrais à cet égard saluer linitiative de mon prédécesseur qui est à lorigine de cette Conférence nationale de lindustrie, je le répète, ma présence ici nest pas que formelle, cet organe interministériel, qui est dailleurs présidé par le Premier ministre officiellement, jy tiens particulièrement parce que la situation de notre pays lexige et nous ne réussirons pas si nous ne sommes pas capables dassocier aux réflexions, à la préparation des décisions lensemble du tissu entrepreneurial et industriel français avec le concours des ministres et tout particulièrement celui du Redressement productif mais aussi de votre concours, monsieur le président Jean-François DEHECQ. Et bien entendu avec la coordination nécessaire avec les autres ministres et particulièrement tous ceux qui sont présents ici et en premier lieu Pierre MOSCOVICI, ministre de lEconomie et des Finances.
Vous avez rappelé en quelques mots lessentiel de vos travaux, je considère que votre conférence est exemplaire parce que vous avez su mettre en place des forums de dialogue de très grande qualité qui sont surtout respectés par tous et qui sont animés aussi dun esprit collectif, on sent cet esprit collectif, et surtout constructif, un esprit positif. Vous êtes à la fois des chefs dentreprise, vous êtes aussi des responsables dorganisations syndicales, vous êtes aussi des représentants de la société civile et vous avez su dans ce cadre dépasser des postures mais aussi les rhétoriques habituelles pour mieux vous concentrer sur les enjeux fondamentaux. Ce nest pas toujours simple à faire mais vous lavez fait. Donc merci, merci monsieur le vice-président DEHECQ davoir su justement créer un climat et surtout permis à chacun de sexprimer et accepté aussi la diversité des situations et des opinions. Je pense ne particulier votre souci de donner la parole aux petites et moyennes entreprises qui sont souvent les plus affectées, les premières victimes de dégâts économiques ou de restructurations et qui se sentent souvent abandonnées et donc dailleurs quand il y a des restructurations on parle peu, on parle peu, on parle des plus grosses mais peu des petites et des moyennes, donc cette considération est essentielle. Cette qualité du dialogue est précieuse, elle est donc au cur de notre démarche et au cur du pacte productif que je veux promouvoir.
Mais vous êtes aussi exemplaire par lampleur du travail que vous avez accompli à partir des décisions menées à très vaste échelle et cela sur tout le territoire. Vous avez su structurer plusieurs milliers de contributions individuelles, cest dire lenvie de participer, lenvie de contribuer, lenvie de réussir. Et ça ne métonne pas, moi quand je me déplace sur le territoire national, une région à lautre, mais mon expérience personnelle men avait convaincu déjà depuis longtemps, quand je rencontre des chefs dentreprise, quand je rencontre des responsables de collectivités locales, quand je rencontre des syndicalistes, ils me disent « on a tous envie de participer, on a tous envie de réussir et de sortir en quelque sorte des sentiers battus, des postures et des positions que parfois à une échelle nationale on retrouve trop souvent et quà léchelle territoriale on retrouve beaucoup moins parce que lorsquil y a des projets proposés là les gens sont prêts à se mobiliser parce quils ont envie de réussir, ils ont surtout la capacité de réussir, lesprit dinvention, lesprit dentreprise, le goût de lavenir en quelque sorte. Et donc de ce point de vue aussi la conférence nationale est exemplaire par son approche novatrice et surtout réussie en termes de filières.
Vous avez créé 12 comités stratégiques de filières, créer une liste des représentants de lensemble des acteurs concernés et notamment, je lai dit, les petites entreprises, et qui a permis de mettre en évidence les priorités propres à chacun et en particulier à chacun des secteurs et la nécessité absolue de disposer de filières structurées et solidaires. Ca cest, à mon avis, là quil y a aussi beaucoup de progrès à faire parce quon ne peut pas réussir si on ne joue pas collectif. Je le disais à propos de mon expérience territoriale, lorsque nous avons des résultats cest parce quau-delà des opinions, des histoires personnelles, des cheminements des uns et des autres, lorsquil y a un projet quon a su se battre ensemble pour le faire valoir et le mettre en uvre, alors on a des résultats et cest comme ça quon y arrivera. Mais il faut aussi des stratégies et il faut les avoir aussi par filières. Et quand on compare souvent, parce quon nous dit les exemples étrangers, moi je ne cherche pas des exemples, je ne dis pas quil faut importer un exemple ou un modèle mais malgré tout on peut quand même regarder comment les autres font et quand ils font bien sen inspirer. Et on prend souvent en exemple le modèle allemand, il nest pas le seul. Si on va en Autriche, si on va en République tchèque, peut-être aux Pays-Bas ou au Danemark, on va retrouver des choses similaires mais lAllemagne est sans doute par sa taille, par son histoire le pays le plus proche du nôtre et quand on regarde les acteurs savent être solidaires, solidaires dans leur pays, solidaires en Europe et solidaires aussi à léchelle internationale. Et ça ça donne des résultats, donc cest à nous aussi de veiller scrupuleusement à accompagner et non pas faire à leur place mais à accompagner à linternational en les associant aux efforts dinnovation, en instaurant des comportements vertueux, chaque filière, lensemble des acteurs.
Et donc vos travaux ont permis didentifier un certain nombre de freins à la compétitivité et ce travail est particulièrement riche et il doit inspirer notre politique industrielle parce que lheure de laction est désormais venue et je pense que nous pouvons si nous le voulons créer le sursaut collectif nécessaire avec une ambition qui est celle de mettre fin au décrochage réel de notre industrie et de retrouver durablement une place au premier rang de lindustrie mondiale. Je lai dit dans ma déclaration de politique générale, un pays sans industrie cest un pays sans avenir. Et malheureusement nous sommes face à une situation préoccupante, en 10 ans la part de lindustrie dans la richesse produite en France a diminué de 30%, celle de lemploi industriel dans lemploi total de 20%, 750 000 emplois industriels ont été perdus en 10 ans, cest considérable. Et cest vrai aussi que les derniers plans de restructuration annoncés ces derniers jours ou ces dernières semaines témoignent de cette tendance lourde et peuvent aussi conduire au découragement.
Sur ce plan, le gouvernement et notamment le ministre du Redressement productif mais aussi avec les autres ministres et encore une fois particulièrement celui de lEconomie et des Finances sont totalement mobilisés face à cette situation durgence économique et sociale. Là il sagit dune position défensive mais il faut lavoir à la fois à léchelle nationale sur des gros dossiers et vous les connaissez tous mais aussi à léchelle territoriale parce quil ne faut pas oublier les PME qui sont concernées par ces situations. Certaines peuvent être sans difficulté avec un effort bien entendu à une solidarité redressées, faut-il en avoir la volonté mais cest possible. Parfois, il faut faire preuve de créativité et dimagination, résister aux tendances lourdes, aux habitudes, et cest ce que nous faisons. La nomination dans chaque préfecture de région dun commissaire à lindustrialisation a pour but justement dêtre linterlocuteur permanent de tous les acteurs mais aussi avant même les futures lois de décentralisation de mobiliser les grandes collectivités territoriales, je pense en particulier aux régions qui font déjà beaucoup et qui sont prêtes à faire plus. Mais ça cest la position défensive avec toutes les différentes situations que je viens dévoquer, je ne vais pas les décrire davantage mais il y a des filières très touchées, je pense à la filière automobile, qui nécessiteront au-delà de lexamen de chaque situation une action globale, forte, rapide et durable, donc nous y travaillons, le ministre vous en parlera je pense aussi.
Mais, vous lavez compris, la volonté du gouvernement cest dinscrire cette action dans la durée sur une politique de long terme et pas seulement défensive mais offensive. Et donc cest vrai que cela va au-delà de la gestion au jour le jour dune situation dégradée et dont nous héritons mais je en suis pas là pour simplement dire cest lhéritage, nous sommes au pouvoir, nous sommes aux postes de responsabilités, donc nous avons le devoir de faire face, de résister, dagir, même si cette action, je ne le cache pas, est difficile. Cest donc maintenant quil faut aussi engager les réformes en profondeur pour donner à notre industrie les moyens de figurer durablement parmi les meilleures du monde. Et la France nest pas nimporte quel pays et elle doit avoir cette ambition en partant de nos atouts, jai décrit des choses qui ne marchent pas, des choses négatives mais il y a aussi beaucoup de choses qui marchent, beaucoup de capacités, beaucoup dintelligence, beaucoup de réussite aussi dont il faudrait parler pour entraîner les autres. Et donc parfois il faut changer un certain nombre de choses, remettre en cause certains politiques. Et cest vrai que nous avons besoin de formations dexcellence mais nous avons beaucoup de main-duvre très qualifiée, nous avons avec cette main-duvre qualifiée une bonne productivité, une main-duvre motivée, partons aussi de cette réalité même si malheureusement il y a encore trop de jeunes éloignés des métiers de lindustrie alors soit par léchec scolaire, soit par le manque dintérêt pour ces métiers et donc ça aussi cest un défi à relever. Mais le grand chantier de la reconstruction de notre système éducatif et qui passe dabord par un effort massif au niveau du début des cycles et en particulier le cycle primaire doit avoir aussi comme objectif dintéresser les jeunes aux métiers professionnels et de lindustrie et le faire dès le départ avec le souci de la transmission dune culture scientifique et technique qui fait aujourdhui défaut dans notre pays.
Et là encore je parle de ma propre expérience de maire que je ne suis plus, il faut respecter nos engagements en matière de cumul des mandats puis ça serait quand même très difficile de faire les deux. Mais jai lexpérience dun travail sur la culture scientifique et technique avec les écoles, les grandes écoles, un certain nombre dassociations et il y a des résultats. On voit changer les mentalités, on voit changer les habitudes, on voit dépasser les craintes et on voit dépasser les visions... image dÉpinal dune industrie qui se résumerait aux hauts-fourneaux ou aux grandes usines polluantes.
Alors, quand on montre les métiers daujourd'hui, ah ! Les jeunes se disent : mais cest bien, cest intéressant. Donc cest aussi un effort collectif que nous devons faire et ça passe dabord par lécole et aussi par la formation de nos maîtres qui verront (sic) enfin à nouveau pouvoir bénéficier, pardon, dune formation professionnelle digne de ce nom parce que cest quand même paradoxal que ceux qui ne sont plus formés, ce sont ceux qui sont chargés de former les autres.
Donc, vous voyez, il y a beaucoup de choses à changer là aussi mais aussi les infrastructures adaptées, modernisées, des services publics de qualité. Un service public de qualité contribue à lattractivité dun pays, contribue à lattractivité du territoire. Et puis, bien sûr, vous êtes les mieux placés pour le redire, un haut niveau de recherche et de développement avec lambition de soutenir des champions nationaux dans chaque filière.
Mais lEurope doit contribuer à cela. Et vous disiez, Monsieur le président : « Est-ce que lEurope existe ? » Des décisions importantes viennent dêtre prises au Conseil européen. Certains les trouveront insuffisantes mais elles vont dans la bonne direction parce que cest vrai quil y a de quoi être inquiet de voir la situation de certains pays européens et la manière dont, sommet après sommet, Conseil après Conseil, on prétend avoir solutionné et sans le faire vraiment la crise.
Là, les décisions qui ont été prises les 28 et 29 mai, je pense, même si elles sont encore insuffisantes, elles doivent être confirmées et Pierre MOSCOVICI était à la réunion de lEurogroupe lundi et il sait quil faut se battre là encore, mais le pacte de croissance et demploi qui a été adopté peut permettre de dégager des financements dinfrastructures stratégiques, soutenir des projets innovants, une politique commerciale fondée sur le principe de la réciprocité. Ce sont aussi les décisions qui ont été prises et le bénéfice actuel. Et donc il faut quon soit prêts. Il faut que les différents ministères et le Commissariat général à lInvestissement travaille darrache-pied sans tarder pour présenter des projets parce que sils sont financés aujourd'hui par la BANQUE PUBLIQUE DINVESTISSEMENT, avec leffet de levier que ça représente, les project bonds, bon, tout ça est en marche. Ne soyons pas les derniers à être présents.
La compétitivité est nécessaire, je lai dit, mais elle est nécessaire aussi pour créer davantage de richesse, faire reculer le chômage, améliorer les conditions de travail des salariés, faire progresser leur niveau de vie. Elle est donc nécessaire aussi pour pérenniser notre modèle social. Tout cela fait partie du grand pacte national pour la croissance, la compétitivité et lemploi que le gouvernement propose au pays et vous propose dabord. Et je souhaite que lensemble des leviers de la compétitivité soit discuté et cela sans tabou, je lai dit aussi.
Certains dentre eux ont été évoqués lors de la Conférence sociale hier et ils vont faire lobjet dun agenda spécifique. Je pense à la question souvent évoquée, concernant lindustrie, du coût du travail et aux modalités de financement de notre protection sociale. Il est hors de question de faire reculer le niveau de protection sociale. La protection sociale (santé, retraite) est au cur même du pacte républicain et donc garantie pour le pays de sa pérennité, de son avenir et donc de la cohésion, jallais dire, nationale. Donc il ne sagit pas de laffaiblir. Simplement, il faut trouver les bonnes réponses.
La mission que jai confiée à Louis GALLOIS pour préparer les bases de ce pacte tiendra naturellement compte de vos travaux mais sinscrit aussi dans le prolongement direct de la démarche engagée au cours des deux derniers jours dans le cadre de cette grande Conférence sociale. Donc Louis GALLOIS participera à vos débats et, bien entendu, je pense que dès le mois doctobre, on aura déjà un certain nombre déclairages.
En tout cas, jai engagé, avec détermination, responsabilité, aussi, vous le savez, un vaste programme de redressement de nos comptes publics. Je souhaite que soit établi, en parallèle et avec la même volonté, un agenda de compétitivité qui orientera notre politique industrielle. Les thèmes que vous avez-vous-mêmes identifiés seront au cur de vos travaux et inspireront je le souhaite des propositions très concrètes, très opérationnelles. Je ne citerai que quelques exemples pour ne pas être long. Je pense que la France doit se doter dune avance compétitive dans le domaine des nouvelles technologies en sappuyant, là aussi, sur le Commissariat général à lInvestissement, sur les dispositifs européens je viens de les évoquer. Il faut encourager les entreprises qui innovent et nous favoriserons également lutilisation et la diffusion des nouvelles technologies dans le quotidien des entreprises.
Linnovation sera aussi au cur de la transition écologique et énergétique que mon gouvernement entend promouvoir. Nous voulons développer, là aussi, une croissance verte qui sera jen suis convaincu , pour les décennies à venir, lune des composantes majeures de notre redressement productif. Mais il faut sen donner les moyens. Et il y a aussi là une dimension européenne. Vous connaissez les engagements du président de la République en la matière. Jen dis juste un mot sans être long. Le président de la République sest engagé à développer ce quon appelle un mix énergétique. Dun côté, il y a limmense chantier de lefficacité énergétique : les économies dénergie mais aussi la sobriété, la, une manière différente de fonctionner. Ça cest sans doute le premier chantier. Cest vrai pour le logement, cest vrai pour les transports, cest vrai pour les entreprises. Chacun a sa part à y prendre, cest vrai, bon, pour les particuliers. Mais cest aussi le développement des énergies renouvelables où la France a pris des engagements mais il y a encore du retard de pris. En tout cas, là, il ne sagit pas davoir un yo-yo permanent, notamment des règles fiscales. On la vu avec les conséquences parfois dramatiques pour un certain nombre de secteurs économiques ou dentreprises. Donc il faut que les choses soient claires, stables et durables.
Et puis enfin lobjectif à lhorizon 2025 donc il faut du temps pour ça, pour réussir , cest de réduire la part de la production, la part du nucléaire dans la production délectricité de 75 à 50 %. Mais ce qui veut dire quil reste et quil doit rester une filière industrielle du nucléaire et pas seulement pour démanteler ou déconstruire, mais aussi parce que nous garderons durablement une part dindustrie nucléaire. Donc le savoir-faire français apprécié dailleurs à léchelle internationale sera préservé. Je tenais à vous le rappeler.
Quant aux conditions de financement des entreprises et dabord des PME, elles doivent être améliorées. Nous allons créer un véritable service public on peut le dire de financement et de mobilisation des financements de nos entreprises pour coordonner beaucoup mieux et plus efficacement ce qui existe déjà, amplifier les moyens, simplifier aussi et rendre plus efficace. Cest lobjet de la BANQUE PUBLIQUE DINVESTISSEMENT que prépare Pierre MOSCOVICI pour la fin de lannée. Dès lautomne, nous en aurons les éléments constitutifs parce quil y a urgence.
Là aussi, quand je rencontre les chefs dentreprise, ils me parlent de financement, ils me parlent de trésorerie, ils me parlent de toutes ces difficultés-là. Parfois, de grands dossiers mais aussi beaucoup de petits ! Mais les petits ne sont pas négligeables, ils créent une dynamique, ils créent du lien, ils créent de la force. Et puis là aussi, rien ne sera possible si cette démarche nouvelle reste centralisée. Et je ne veux pas ouvrir un débat, Monsieur DEHECQ (phon), sur qui est girondin ou qui est jacobin. On est un peu les deux parce que lÉtat, il est aussi le garant, le garant de légalité entre les citoyens, le garant de légalité entre les territoires. Donc cest son rôle et il ne doit pas avoir peur de continuer à le jouer pleinement et peut-être davantage et pas forcément soccuper de tout.
Cest pour ça que le gouvernement va engager un nouvel acte de la décentralisation en concevant que lÉtat doit se recentrer sur ses missions essentielles dabord stratégiques je lai dit tout à lheure , garant de légalité mais aussi acteur pour impulser. Mais la mise en uvre des politiques concrètes, pratiques, ça se fait sur le terrain. La France a des ressources, de lintelligence, des capacités humaines, dentreprises, de collectivités territoriales mais elles sont sur les territoires. Quand on se déplace en France et vous le savez comme moi , on voit que la France a changé toutes ces années. Elle a changé souvent parce quil y a eu des initiatives locales et territoriales. Alors certains pourront les contester, certains diront quelles sont coûteuses ou inutiles. Mais globalement, la France sest modernisée souvent par là.
Et mon expérience je ne veux pas vous le redire encore une autre fois, ce sera la dernière , cest que jai toujours trouvé, avec moi, sur des projets, des chefs dentreprise. Je pense à ceux des organisations professionnelles, ceux des Chambres de commerce et dindustrie, des Chambres de métiers qui, à chaque fois quil y avait un projet et quils étaient capables de sintéresser, pas seulement à leur métier mais aussi à leur environnement, aux questions de société et qui se battaient pour que ça marche et qui avaient, une fois le résultat acquis, que ce soit sur les territoires urbains ou les territoires ruraux, la fierté davoir accompli cela. Et je pense que le levier de la fierté, le levier, je dirais, de lambition collective et de lambition partagée, au-delà des sensibilités de chacun, cest un levier qui nous permettra de gagner et de réussir.
En tout cas, au cur, il y a les PME je lai dit , celles qui créent de lemploi et qui doivent donc bénéficier en priorité de nos choix et des soutiens que nous devrons apporter à travers notamment une politique fiscale plus favorable. Aussi permettre à nos PME daccéder à la commande publique et là, on sait que cest très difficile en Europe, en France. Et donc cest aussi une manière de favoriser leur croissance, leur développement et les soutenir vers lexportation et conquérir ainsi de nouvelles parts de marché.
Vous le soulignez vous-mêmes dans vos travaux et vous lavez redit, Monsieur DEHECQ (phon), lenvironnement réglementaire et administratif des entreprises est parfois très complexe et décourageant et donc je vous invite à faire des propositions. Je demande aussi aux membres du gouvernement concernés pour simplifier. Ce ne sera pas si facile que ça une fois quon la dit. Simplifier, tout le monde est daccord. Après, quand on va passer à lacte, on va bien trouver une bonne raison de garder telle ou telle réglementation et pas seulement celles qui sont issues des volontés des bureaux, des ministères. Parfois, ils en produisent un peu trop. Parfois, lorsque lÉtat est faible sur les territoires, il a tendance à créer de la norme pour affirmer son autorité. On sait ça mais il ny a pas que ça ! Il y a la société civile elle-même qui redemande des règles, qui demande une couche de plus.
Donc cest pour ça que ça ne peut se faire que si on accepte aussi le débat, la confrontation avec lobjectif principal et à voir après comment on sy prend. Ça ne viendra pas tout seul. Cest pour ça que la démarche, je dirais, de négociation, la démarche de dialogue, la démarche de concertation, quels que soient les sujets, elle est incontournable sinon on ne réussit rien. Le décret ne suffit pas, surtout dans cette matière.
En tout cas, cest vrai que certains secteurs souffrent dun excès de rigidité qui pèse aussi sur la croissance, qui pèse même sur le pouvoir dachat. Donc il faudra avancer avec pragmatisme. Notre stratégie industrielle doit permettre aussi la création dun nouvel écosystème qui sera favorable ainsi au développement de nos entreprises.
La contrepartie de cet engagement de lÉtat doit être claire. Je lai dit, il a pour bout de stimuler un sursaut collectif des entreprises elles-mêmes. Donc il est souhaitable que chaque filière se dote dune feuille de route qui soit très opérationnelle, très concrète, avec des engagements solidaires des entreprises entre elles, grands groupes et grands donneurs dordres et aussi les PME et les TPE et des partenaires sociaux qui doivent être autour de la table je pense au dialogue social territorial en tenant compte, bien sûr, des bassins demploi.
Le redressement productif je conclus sera laffaire de tous et ici, vous en êtes plus convaincus encore que quiconque. Mesdames, Messieurs, cest vrai, jai conscience que le chantier qui est devant nous est lourd mais il est crucial et il déterminera en grande partie lavenir de la France. Donc, moi, je vous donne un rendez-vous pour une conférence en grand format. Donc je reviendrai je lai dit, ce nest pas par politesse parce que ce rendez-vous est utile, il est indispensable.
Je termine pour vous dire que cette grand ambition de redressement dans la justice qui est celle du président de la République, jai évoqué des mesures durgence, mesures durgence par rapport aux restructurations industrielles, mesures durgence pour préparer la rentrée scolaire, mesures durgence pour contribuer à léquilibre de nos comptes publics je pense à la loi de finances rectificative de 2012 , mais ne pourra permettre ce redressement que si nous engageons des réformes de structure. Donc le pacte productif dont jai parlé en est une des composantes essentielles. La reconstruction de notre système éducatif également. Et il ne sagit pas de mettre uniquement des postes. Il faut mettre des moyens ! Tous les pays qui ont une éducation, un système éducatif performant ont mis les moyens ! Cest de linvestissement ! Jai parlé de la formation des maîtres mais cest aussi une réorganisation, cest un autre état desprit. Donc cest une réforme que nous engageons et cest pour ça que jai ouvert lautre jour, avec le ministre de lÉducation nationale, Vincent PEILLON, les, la concertation parce quil faudra, là aussi, bouger.
Lautre grande réforme, cest la réforme fiscale avec premier objectif, cest la justice parce quon ne peut pas demander aux Français un effort, alors quils savent quil faudra faire des efforts tout le monde sait quil y a des efforts à faire , sils ne sont pas convaincus que ces efforts sont justes. Et puis la réforme fiscale, elle a aussi le but dêtre efficace sur le plan économique et de prendre en compte aussi les dimensions essentielles de lécologie. Donc cest un vaste chantier qui ne fait que souvrir. Et donc là aussi on aura besoin de vos contributions. Et puis cest je lai dit la transition énergétique et le grand chantier de la réforme de lÉtat et de la décentralisation auquel je tiens particulièrement, non pas pour faire bien mais parce que cest la garantie de la réussite.
Voilà, Mesdames, Messieurs, Monsieur le vice-président, Mesdames, Messieurs les ministres, létat desprit qui est le mien, qui est celui de mon gouvernement qui est la conscience que nous avons aussi de la gravité, de la difficulté des problèmes mais aussi de la confiance que nous avons dans les capacités de la France que vous représentez à travers vos engagements respectifs, actions de tous les jours. Et encore une fois, je vous remercie de consacrer du temps, au-delà de vos obligations professionnelles, à cette réflexion et à ces travaux de proposition qui seront utiles non seulement à lindustrie mais utiles à la France. Je vous remercie.
Source http://www.gouvernement.fr, le 12 juillet 2012