Déclaration de Mme Yamina Benguigui, ministre de la francophonie, sur le combat en faveur des droits de l'homme dans le monde, à Paris le 9 juillet 2012.

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Circonstance : Accueil de 120 jeunes du programme "Allons Enfants", à Paris le 9 juillet 2012

Texte intégral

Monsieur l'Ambassadeur des droits de l'Homme,
Monsieur l'Ambassadeur, Président de l'Institut français,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est avec beaucoup de plaisir que je vous reçois aujourd'hui dans les salons du palais des Affaires étrangères où le ministre Laurent Fabius vient de recevoir Aung San Suu Kyi, le prix Nobel de la paix qui nous a donné ce beau message «libérez-vous de la peur»....
Vous êtes ici à Paris pour vivre une expérience unique : faire l'apprentissage de la langue des droits de l'Homme.
Je suis très fière de voir que des jeunes du monde entier soient ainsi sensibilisés à une valeur commune : les droits de l'Homme
J'aimerais vous dire qu'avant d'être ministre, Bertrand Delanoë, le maire de Paris m'avait confié la mission de défendre les droits de l'Homme et la lutte contre les discriminations. J'ai eu l'immense honneur de créer la première délégation.
Ce combat restera pour moi un combat à vie.
J'aimerais énumérer quelques-uns des fléaux qui menacent encore les droits de l'Homme dans notre monde aujourd'hui.
La lutte contre la peine de mort qui a été abolie en France il y a trente ans, existe toujours dans 58 pays dans le monde. Comme l'écrivait Victor Hugo, farouche défenseur de l'abolition de la peine de mort, qu'il désignait comme «le signe spécial et éternel de la barbarie. Partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie règne. Partout où elle est abolie, la civilisation domine.». Au nom des droits de l'Homme, vous qui êtes l'avenir du monde, nous comptons sur vous pour prendre le relais
Faire valoir et respecter les droits des femmes : dans tous les pays où leurs droits sont bafoués, car il ne peut y avoir de véritable démocratie, les régressions sont légions, dont elles sont les premières victimes. Là aussi nous comptons sur vous
Lutter pour la paix dans le monde, et pour y parvenir, favoriser l'amitié entre les peuples, avec une langue commune, le français, qui facilite les échanges, la communication. À vous d'en être les messagers.
Lutter contre les discriminations, qui sont souvent issues de préjugés inconscients, hérités du colonialisme qui forment un apartheid insidieux sur les populations issues de l'immigration, lutter contre ces discriminations, c'est apprendre à changer de regard sur l'autre, c'est donner du sens à ces valeurs d'égalité pour tous, qui sont l'un des piliers de notre socle démocratique.
La lutte contre le racisme, la xénophobie, l'homophobie, est indissociable du respect des droits de l'Homme à pouvoir affirmer sa différence de peau, d'origine, ou son orientation sexuelle... Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui, plus de 80 États dans le monde continuent de pénaliser l'homosexualité et neuf d'entre eux situés en Afrique et en Asie la punissent encore de la peine de mort. Dans nos démocraties, ces droits à la différence ne sont pas toujours respectés et engendrent des attitudes et des comportements de rejet, d'exclusion, voire de crimes.
Ce que je souhaite aujourd'hui, c'est vous transmettre toute cette force qui est nécessaire pour parler en français, cette belle langue des droits de l'Homme et surtout pour agir. Car il ne suffit pas de s'indigner, il faut passer à l'action....
À nos amis du monde arabe, n'oubliez-pas les révolutions que vous avez menées, avec cet impératif sorti de milliers de bouches : Dégage !
À nos amis sénégalais et plus généralement aux peuples d'Afrique, rappelez-vous cette chanson qui a contribué à l'élection démocratique du président Macky Sall, ce rap engagé du collectif «Y'en a marre» qui disait : «Faut pas forcer».
Ce mots sont ceux d'une jeunesse qui a compris que la démocratie, les droits de l'Homme, la lutte contre les discriminations, l'égalité, ce ne sont pas que des valeurs ou des concepts, mais ce sont aussi des actes. Vous le verrez tout au long de ce séjour en allant à la rencontre d'acteurs engagés dans ces domaines.
À la fin de cette semaine, je pense que vous aurez à coeur en rentrant chez vous de poursuivre vos engagements, à votre niveau, soyez des ambassadeurs des droits de l'Homme et de la Francophonie. Allez-y, foncez, franchissez les barrières qui vous paraissent insurmontables car comme je le dis souvent : notre monde est traversé par un fleuve magnifique : la langue française, qui est cette langue du respect, de l'acceptation de l'autre, du partage et de la transmission des valeurs universelles, liberté, égalité, fraternité, solidarité.
En acceptant cette invitation, j'ai formulé une demande, pouvoir débattre avec vous. Ce temps est venu, je vous écoute. Ce sera forcément trop court et je veux vous dire que je reste à votre disposition, notamment grâce aux nouvelles technologies pour continuer à débattre, à confronter nos idées, à donner plus de sens à notre idéal commun, faire respecter les droits de l'Homme.
Ce que je veux vous dire aujourd'hui, c'est que vous êtes l'avenir du monde francophone, vous incarnez le lien que nous créons ensemble avec tous les pays du monde et pour tisser ce lien entre nous il n'y a pas de plus beau socle que celui qui nous anime, la défense des droits de l'Homme.
Pour conclure, je voudrais chaleureusement remercier toutes celles et tous ceux qui ont permis d'organiser cette semaine.
Merci à toutes et tous.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 juillet 2012